Disclaimer : L'histoire est basée sur la série Once Upon a Time, les personnages sont ceux de Disney. Je ne possède pas non plus les lieux et marques cités.

Notes : Bonjour ! Je suis une newbie sur ce fandom, mais pas une newbie de FFnet. Cependant, ça fait juste une éternité que je n'ai rien posté. Tellement longtemps en fait que je trouve l'interface de gestion des histoires beaucoup plus complexe qu'avant. Bref, pour faire simple, j'ai quelques chapitres d'avance, ce qui vous assure au moins 8 chapitres, bien que je doive préciser que cette histoire promet d'être longue, très longue, sûrement découpée en plusieurs arcs d'ailleurs. L'action prend place quelques temps après le retour de nos héros de Neverland, et ayant commencé ma rédaction bien avant la mid-season, la fin de notre cher Peter Pan ne sera pas la même que celle dans la série. Il ne sera même pas le Big Vilain de cette fic ! Mon histoire est centrée sur Hook (oui, pas Crochet, ça sonne mieux en VO !) et contient possiblement des spoilers, donc soyez prudents :) Est-il nécessaire d'ajouter que les reviews sont grandement appréciées, même les critiques négatives, tant qu'elles sont constructives. Sur ce, je vous souhaite à tous une très bonne lecture !


Les premiers rayons du soleil percèrent à travers les rideaux de la cabine du capitaine. Comme tout bon marin, Killian 'Hook' Jones se levait à l'aube pour faire le tour de son bâtiment et s'assurer que tout était en ordre. N'ayant plus d'équipage, il n'avait donc pas à vérifier que tout le monde était sur le pont, prêt à entendre ses commandements. Cela avait de positif qu'il en avait des responsabilités en moins, mais en retour, il devait effectuer lui-même toutes les tâches d'entretien et de maintenance du Jolly Roger. Puis surtout, il se sentait incroyablement seul sans sa famille, à bord de cet immense navire.

Pendant un temps, il avait nourri l'espoir que peut-être il n'y vivrait plus seul, mais finalement, Emma avait fait son choix. A leur retour de Neverland, il y a près de deux semaines, elle leur avait demandé du temps à Baelfire et lui. La Sauveuse voulait se consacrer à son fils, tenter d'établir de bonnes relations avec Régina, avec qui elle avait décidé d'instaurer un système de garde alternée plus équitable – après tout, la Méchante Reine s'était prouvée digne de confiance en les aidant envers et contre tout lors de l'expédition pour secourir le petit Henry. Une étrange amitié semblait être alors née entre les deux femmes. Hook savait que la Sauveuse profiterait également de ce délai de tranquillité pour faire le point sur ses sentiments amoureux. Lorsqu'Emma avait demandé aux deux hommes de ne pas la mettre sous pression, Hook avait respecté sa volonté. Après tout, au contact de la jeune femme, il avait réappris à être cet homme d'honneur dont son frère avait été si fier. Et puis, Emma avait été juste avec ses deux prétendants, leur accordant chacun son attention et des occasions de lui montrer leurs sentiments.

Finalement, il y a trois jours de ça, elle avait pris sa décision. Elle était claire et sans appel : malgré l'affection indéniable qu'elle éprouvait pour le capitaine, elle n'aimait que Baelfire. En même temps, pouvait-il lui en vouloir ? Il était son premier amour, ainsi que le père de son enfant. Malgré cette tristesse lancinante qui submergeait son cœur depuis, Killian ne parvenait même pas à avoir de la rancune pour son rival, puisqu'il était avant tout son ami.

En arrivant sur le pont principal de son bateau, une tasse de thé bien noir à la main, le capitaine fit sa ronde habituelle, vérifiant l'état général de proue à la poupe. Cette routine avait au moins le mérite de lui vider l'esprit. Une fois terminé, il prit le temps de jeter un coup d'œil à l'horizon, observant en silence le soleil qui continuait son ascension à l'Est. Peut-être devait-il partir ? Visiter ce nouveau monde, parcourir les mers ? C'était plutôt tentant considérant qu'il n'y avait plus rien pour lui à Storybrooke. Il avait perdu l'amour de sa vie une première fois et un trou s'était creusé dans son cœur à la mort de Milah. Un trou qu'il avait comblé par de la colère et une soif de vengeance contre le meurtrier de cette dernière. Puis il avait rencontré Emma. Sa force, son courage, sa détermination forçaient l'admiration et il s'était laissé aller à aimer de nouveau, remplaçant ainsi sa rancœur par des sentiments plus positifs. Il avait cependant fait l'erreur de tomber amoureux d'une femme dont le cœur était déjà pris. S'il avait appris quelque chose de Rumplestiltskin, c'est bien qu'il y avait toujours un prix à payer : son malheur en amour était peut-être bien la rançon de ses pillages et de ses trahisons.

Hook finit sa tasse d'une traite, un sourire amer aux lèvres. Quitter Storybrooke était une idée qui le tentait décidément beaucoup. Il voulait fuir la douleur qu'il éprouvait chaque fois qu'il mettait un pied en ville pour se ravitailler, redoutant et espérant à la fois de croiser Emma au détour d'une rue ou encore au Diner de chez Granny. Cependant, il savait aussi que même de l'autre côté de la Terre, la solitude demeurerait. A quoi bon partir à l'aventure pour oublier sa déception amoureuse, si le simple fait de naviguer seul lui rappelait son échec et sa peine ?

- Ne me dis pas que tu comptes déjà nous quitter, lança une voix que le capitaine connaissait bien.

- Bonjour, Regina. Que me vaut l'honneur de ta charmante visite ?

Une visite dont il se serait bien passé. Il se retourna et découvrit Madame le maire, vêtue dans un de ses splendides tailleurs, qui se tenait de l'autre côté du pont, appuyée contre la rambarde avec nonchalance, comme si elle était chez elle.

- On te voit de moins en moins en ville et Emma s'inquiète un peu, expliqua-t-elle en haussant les épaules.

Ses mots bienveillants ne s'accordaient absolument pas avec son attitude hautaine et moqueuse. Peut-être avait-elle été la Méchante Reine pendant si longtemps qu'elle ne savait plus du tout comment agir de façon sincère et amicale.

- Et toi tu t'inquiètes parce qu'elle s'inquiète pour moi ? Adorable de ta part ! railla le pirate.

- Disons que je viens aux nouvelles de sa part. Elle est plutôt occupée ces derniers temps…

Cette fois, pour le coup, on pouvait entendre une petite touche de sympathie dans ses paroles. Quant à Emma, Hook n'imaginait que trop bien à quel point elle devait être 'occupée' avec Baelfire. Comme si elle avait deviné ses pensées, Regina ajouta :

- Elle est sheriff tu sais, et malgré notre spectaculaire évasion de Neverland, tout n'es pas fini. L'ombre de Pan rôde toujours. Mais oui, effectivement, elle tente de construire une relation solide avec Neal. Je ne peux pas lui reprocher de vouloir ce qu'il y a de mieux pour Henry.

- Je suis quand même surpris de te voir jouer la bonne amie avec elle. Surtout si on considère que jusque-là tu n'as eu de cesse de vouloir sa perte et celle de ses parents.

- Que veux-tu ? La famille c'est la famille.

La famille, songea Hook. Quelque chose qu'il n'avait plus. Il tourna le dos à la sorcière, fixant de nouveau l'horizon. A en juger par la hauteur de l'astre dans le ciel, il devait être huit heures environ. Le capitaine entendit le bruit des talons aiguilles de Regina résonner sur le plancher de son navire, et lorsqu'elle arriva à sa hauteur, elle dit :

- Si tu veux tant partir, alors pars. Mais si tu restes alors, par pitié, arrête de te lamenter. Te voir malade d'amour me donne envie de vomir.

- Parce que ta rage contre Blanche-Neige est la preuve que tu sais comment faire le deuil du grand amour, se moqua-t-il.

- Tu as connu le grand amour une fois avec Milah, et le fait que tu sois tombé amoureux d'Emma montre que tu es prêt à aimer encore. Emma ne t'était simplement pas destinée, et crois-moi, niveau destin je m'y connais.

- Et donc, qu'est-ce que tu me suggères ? la défia Hook.

- Et bien, j'ai peut-être une solution pour toi…

Le pirate adressa à la sorcière un regard suspicieux : quand elle prenait cet air mielleux, c'est qu'elle préparait encore une de ces fourberies dont elle avait le secret.

- N'essaye pas de me rouler avec tes tours de passe-passe, la prévint-il.

- Je n'essaye pas de te rouler, j'essaye de te donner un coup de pouce, lui assura Regina. Comme tu l'as si bien souligné, je sais ce que c'est que d'être le mal-aimé, et dans mon désespoir j'ai quelque fois essayé de trouver quelqu'un qui saurait m'apporter ce que je recherchais tant…

La sorcière avait bon mettre de la véhémence dans son discours, Hook ne pouvait s'empêcher d'accueillir chacun de ses mots avec méfiance.

- Qu'est-ce qui te laisse penser que je cherche cette même chose ? questionna-t-il, sceptique.

- Allons ? Tu veux me faire croire que tu ne souffres pas de ne pas être aimé ? Certes, c'est dégoulinant de mièvrerie, mais ça n'en est pas moins vrai et surtout, ça tient chaud l'hiver ! Il se trouve justement que je connais un moyen sûr et efficace à cent pourcents de trouver ton âme sœur, celle qui est faite pour toi.

Le capitaine observa un instant son invitée avec circonspection.

- Si c'est infaillible, alors pourquoi tu es toujours aussi seule ? demanda-t-il, narquois.

- J'ai essayé, répondit Regina avec rogue. Simplement, je n'ai pas pu aller jusqu'au bout.

Sa voix était pleine de regrets et son regard s'était fait lointain l'espace d'un bref instant, puis elle ajouta :

- Je ne t'oblige à rien, mais il ne faudra pas venir pleurer que tu es seul, alors qu'au final tu n'as juste pas le courage de passer à autre chose. On ne dirait pas, mais finalement c'est plutôt confortable de se vautrer dans sa peine.

- Pourquoi tu me proposes ton aide ? Rien n'est pourtant jamais gratuit avec toi.

- Je te l'ai dit ! Je sais ce que c'est que d'être le mal-aimé ! Et puis, je déteste avoir des dettes : je ne t'ai toujours pas remercié de nous avoir emmenés jusqu'à Neverland pour sauver Henry.

Sur ce, la sorcière tourna les talons et se mit sur le départ. Hook réfléchit un moment à ses paroles. Que risquait-il vraiment à essayer ? Se faire arnaquer par Regina ? Rien de nouveau. Trouver le bonheur ? Tu parles d'une punition. Tandis que s'il se bornait à ne rien tenter, il serait condamné à ressasser sa solitude et sa frustration, ne pouvant qu'imaginer le bonheur dont Emma jouissait. Il ne voulait vraiment pas continuer à se 'vautrer dans sa peine'. Il se tourna alors vers la mairesse, qui descendait le ponton d'amarrage.

- C'est quoi ce moyen si sûr et efficace ?

Ainsi interpellée, Regina se tourna vers lui, avec sur le visage l'expression satisfaite du prédateur qui vient de ferrer sa proie. A vous faire froid dans le dos !

Quelques heures plus tard, le capitaine Jones entrait dans le restaurant de Granny pour y retrouver Regina. Il était midi et l'établissement battait son plein. Aussi, lorsqu'il pénétra dans la salle, tous les convives s'interrompirent brièvement pour le dévisager : autant dire que la plupart lui tenaient encore rigueur de ses mauvaises actions passées, malgré l'aide qu'il avait apportée lorsqu'il avait fallu porter secours à Henry. Finalement, le silence ne dura pas et très vite tout le monde retourna à son assiette. Il repéra la Méchante Reine, assise à une table, qui tournait le dos à l'entrée. Et elle n'était pas seule ; à ses côtés, une invité surprise. Hook commanda une pression avant de les rejoindre. Il fut étonné de découvrir que l'inconnue n'était autre que la Fée Bleue, qui dans ce monde sans magie était considérée comme la Mère Supérieure.

- Bonjour mesdames, dit le pirate en prenant ses aises sur la banquette qui leur faisait face.

- Bonjour capitaine, répondit la fée, d'une voix incroyablement douce mais stricte.

- J'ai parlé de ton petit souci à la Mère Supérieure, et elle est d'accord pour t'aider, expliqua Regina, avant que Hook n'ait le temps de la questionner sur la présence de la marraine féérique.

- Madame le maire m'a parlé de votre situation un peu… délicate, et de votre détermination à trouver votre Happy Ending, dit celle-ci. Normalement, les fées préfèrent laisser les choses se faire naturellement mais, dans certains cas où il est évident que sans un coup de pouce magique, la situation restera inextricable, il est possible de faire une exception.

- Et donc, en quoi ça consiste exactement ? demanda Hook, curieux.

- La poussière de lutin à de nombreuses propriétés, accroître les pouvoirs magiques, faire voler… Mais elle sert aussi dans l'utilisation de certains sorts de révélation. Avec ce qu'il faut de poussière de lutin, je devrais pouvoir trouver votre âme sœur, exposa la fée.

- C'est aussi simple que ça, intervint Regina.

- Aussi simple, oui, approuva la Fée Bleue. Cependant, je ne le ferais que si vous êtes certain d'aller jusqu'au bout.

- Pourquoi ? s'enquit Hook. Si vous jetez votre sort de révélation et que finalement je change d'avis et préfère rester seul, ça n'aura pas d'incidence.

- Pour deux raisons : la première c'est que nous ne disposons pas d'une grande quantité de poussière de lutin pour l'instant, or nous redoutons une tentative d'incursion de Pan. Puisque notre tentative de l'enfermer dans la boîte de Pandore a échoué, nous devons rester vigilants. Chaque pincée de poussière de lutin nous est donc précieuse pour protéger Storybrooke. Je refuse de la gaspiller pour quelqu'un qui n'est pas sûr de lui, dit-elle avec fermeté. La seconde raison, c'est que la connaissance c'est comme le pouvoir, cela implique des responsabilités. Savoir qui est votre âme sœur vous rend responsable de votre destin, mais aussi du sien. Si vous faites marche arrière, vous la condamnez en connaissance de cause à ne jamais connaître le bonheur.

La fée accompagna ses derniers mots d'un regard entendu à l'attention de la reine, qui ne faisait plus tellement la fière. Hook fit le rapprochement avec ce que Regina lui avait laissé entendre ce matin, en lui racontant qu'elle n'avait pas pu aller jusqu'au bout. Ainsi donc, même elle avait une âme sœur qui l'attendait quelque part…

Granny lui apporta sa bière, et le capitaine en but quelques gorgées après l'avoir remerciée d'un sourire en coin. Il en profita pour peser un instant les paroles de la fée. Elle attendait de lui qu'il soit sûr de sa décision avant de l'aider, tandis que lui attendait qu'elle lui fasse la démonstration du sortilège avant de vraiment y croire. Enfin, il y croyait. Comment ne pas croire en la magie et en ses effets ? Simplement, il doutait de beaucoup de choses, y compris de lui-même.

- Pas de décision hâtive, lui assura la Fée Bleue avec bienveillance. Rien ne presse.

C'est ce moment que choisit Emma pour entrer dans le restaurant, accompagnée de Henry, et bien sûr de Baelfire. Le cœur de Hook se serra à la vue de la petite famille, qui fut accueillie chaleureusement par Granny, Ruby et l'ensemble de leurs clients.

Il aurait été inutile de leur part de faire comme s'ils n'avaient pas remarqué la présence de Hook. En effet, la salle n'était pas bien grande, ce n'était pas comme s'il passait inaperçu, avec son long manteau de cuir de noir, son sabre à la ceinture et sa dégaine de brigand. Puis avec Henry qui se précipitait déjà à leur table pour gratifier Regina d'une étreinte affectueuse, le couple aurait eu bien du mal à s'esquiver. Tandis qu'ils s'approchaient, le capitaine prit une profonde inspiration pour se donner une contenance.

- Salut Cap'taine ! lui lança le premier Henry, avec un large sourire aux lèvres.

Ce petit morveux était plutôt attachant, tout comme l'avait été Baelfire à son âge. Il était encore dans les bras de Regina, qui ne cachait son plaisir, et Hook songea distraitement que la voir ainsi, tendre et aimante avec un enfant, détruisait totalement son image de vilaine sorcière et de reine malfaisante.

- Salut gamin, répondit le pirate avec un clin d'œil complice, en vidant son verre d'une traite.

- Bonjour, lança à son tour Baelfire, à qui Hook répondit d'un simple hochement de tête.

- C'est une drôle de tablée qu'on a là, constata Emma.

A bien y regarder, c'est vrai que voir un pirate, une bonne fée et une vilaine sorcière assis autour d'une même table, ça avait de quoi surprendre. Ils formaient un trio très… éclectique.

- On prend un café entre bons amis, répondit Regina sur le ton de l'évidence en adressant un sourire complètement faux au sheriff.

Pas dupe, Emma fronça les sourcils, fixant tour-à-tour le pirate et la sorcière, ses yeux perçants les scrutant à la recherche du moindre indice laissant deviner leurs magouilles. Contre toute attente, c'est Baelfire qui prit leur défense.

- Je ne me fais pas de soucis, puisque notre bonne Fée Bleue veille au grain.

- Merci, Neal, répondit celle-ci.

- Bon, et bien merci pour la bière Regina. Passez une bonne journée ! lança soudain Hook en se levant.

- Quoi, parce que tu crois que je vais te l'offrir ? s'indigna la concernée. Où sont donc passées tes bonnes manières et ta galanterie ?

- Je suis un pirate, ma chère ! répliqua-t-il en levant les mains.

Être un pirate, ça excusait pas mal de choses, notamment le manque de bonnes manières. Pourtant, Hook faisait de gros efforts pour adopter un comportement de gentleman la plupart du temps. La plupart du temps seulement.

Sans s'attarder davantage, il quitta le restaurant sous les regards surpris et embêtés de Baelfire et Emma. Il avait besoin de réfléchir un peu à cette histoire d'âme sœur avant de prendre sa décision, puis surtout, il n'avait pas vraiment envie de prolonger sa petite conversation avec la Mère Supérieure et Madame le maire, alors qu'Emma profitait d'un bon déjeuner en famille juste à côté.

A peine avait-il fait quelques pas dehors qu'il fut rattrapé par la Sauveuse.

- J'ai l'impression que tu m'évites, je me trompe ? demanda-t-elle, un peu embarrassée malgré sa détermination à lancer une conversation.

Hook pinça les lèvres ; s'il était parti si promptement, c'était bien parce qu'il voulait éviter une confrontation. En même temps, bien que continuer son chemin et ignorer Emma lui paraissait une idée plutôt séduisante, il ne pouvait s'y résoudre. Il se retourna pour lui faire face, et lui offrit son plus séduisant sourire.

- Sheriff Swan ! Tu te fais des idées. Pourquoi éviterais-je ta charmante compagnie ?

- Donc j'imagine que si tu pars, ce n'est pas juste parce que je suis arrivée.

- Pas du tout, chérie, se défendit-il, espérant ses mensonges suffisamment convaincants pour tromper le don d'Emma.

Sa faculté à percer les menteries pouvait se montrer très pratique dans son métier de sheriff, mais aussi particulièrement dérangeante pour les menteurs compulsifs, ou encore les pirates. A en juger par l'expression dubitative qu'elle affichait, elle l'avait clairement percé à jour. Cependant, elle se garda bien de le dire, et il lui en fut reconnaissant. Au moins elle avait suffisamment de tact pour lui épargner les lamentations et les excuses.

- J'imagine qu'il te faut un peu de temps pour accepter la situation, alors… Enfin, si tu veux me parler…

- Ça ira, je te remercie de ta sollicitude, répondit-il un peu plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.

Hook poussa un soupir, agacé par sa propre attitude, avant de reprendre en y mettant les formes.

- Ecoute, Emma, j'accepte parfaitement la situation. Je t'ai dit que je me battrais pour toi, je l'ai fait, et Baelfire aussi. Maintenant que tu as choisi, j'ai trop de respect pour vous deux – et aussi trop d'amour-propre – pour m'accrocher à toi.

- Hook… souffla-t-elle, émue.

Elle chercha ses mots un instant, puis dit :

- Elle est là, quelque part, la personne qui saura te rendre ce que tu as à offrir. Dans tous les cas, sache que tu es quelqu'un que j'-

- Que tu aimes ? suggéra-t-il.

Mais vu le regard foudroyant qu'elle lui adressa, il se mit à rire.

- Je te taquine, chérie, détends-toi. J'ai bien compris où tu voulais en venir.

- Ce que je voulais dire, c'est que je t'aime beaucoup, vraiment. Mais pas comme j'aime Neal. Pas comme tu voudrais que je t'aime.

- Tu sais que ça n'aurait pas été pour Baelfire, je n'aurais eu aucun scrupule à t'arracher à lui. Je l'aurais joué sournoise, et tu aurais fini par céder.

- Je n'en doute pas une seconde. Mais tu es un homme d'honneur, et un ami loyal.

Emma lui sourit et tous deux s'observèrent un instant, échangeant un regard entendu. Puis l'attention du capitaine fut attirée par une silhouette à la fenêtre : Baelfire les observait. Il n'y avait ni méfiance, ni jalousie dans son attitude. S'il ne le connaissait pas mieux, Hook aurait juré que c'était de l'impatience. Il a si faim que ça ? songea-t-il, amusé. Un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres et il dit :

- Je crois que quelqu'un n'en peut plus d'attendre son déjeuner !

Interloquée, Emma suivit son regard, et ne put réprimer un sourire tendre en voyant son bien-aimé faire le piquer devant la baie vitrée. Elle lui fit signe de retourner s'asseoir avant de s'adresser à Hook.

- J'étais sincère tout à l'heure. C'est sûrement David et Mary-Margaret qui commencent à déteindre sur moi, mais je pense que tu as droit à ton Happy Ending. Donc ne renonce pas en si bon chemin.

Elle attendit un signe d'approbation de la part de Hook, qui acquiesça d'un hochement de tête, puis elle retourna auprès de sa famille.

- Tu es la deuxième personne à me dire ça aujourd'hui, marmonna-t-il pour lui-même en la regardant disparaître dans la salle du restaurant.

Sur le chemin du retour au Jolly Roger, le capitaine avait longuement réfléchi. Une opportunité s'offrait à lui, celle de trouver la personne idéale, son autre moitié, son âme sœur. Comme l'avait souligné la Fée Bleue, c'était un privilège mais aussi une responsabilité. S'il s'engageait sur cette voie il devait aller jusqu'au bout, et les responsabilités, ce n'était pas vraiment le lot des pirates. Pourtant, il devait admettre que croiser Emma aujourd'hui avait éveillé en lui un sentiment qu'il ne connaissait que trop bien : l'envie. Il voulait ce qu'elle avait avec Baelfire, mais ce n'était pas avec elle qu'il l'obtiendrait. Et maintenant qu'il était prêt à tourner la page sur son passé endeuillé, il éprouvait un vide en lui qu'il lui paraissait urgent de combler. Puis, il devait avouer aussi que passer ses journées dans l'amertume et le regret n'était pas pour lui plaire. D'autant que cette image de lui en train de se morfondre ne seyait guère à son charme naturel.

Hook se figea. Il avait pris sa décision, sans trop s'en rendre compte, comme si elle s'était imposée d'elle-même. Il jeta un coup d'œil alentour, pour constater qu'il se trouver à mi-chemin des quais. Il était encore temps pour lui de changer de direction et prendre la route du couvent des sœurs de Sainte Melissa.