Len Kagamine bâilla, les paupières encore lourdes de sommeil alors qu'il tendait le bras pour atteindre la table de chevet. Son téléphone sonnait.
« Il est quatre heures. Du matin. » marmonna-t-il, passant les doits dans ses cheveux en bâtaille, tout en regardant l'écran de son portable. Qui était assez assez tordu pour lui téléphoner à quatre heures du matin ?
En toute honnêteté, il en avait une petite idée. « Allô ? »
« Où es-tu et avec qui ? » demanda-t-elle, faisant fi des politesses. Il sourit. Ah, Meiko. Passionnée et toujours aussi sûre d'elle. Il aimait ça.
« Dans un lit. » éluda-t-il. « En train de dormir. Pourquoi, ma belle ? Je te manque ? »
« Evidemment, » murmura-t-elle et il sourit. Il enroula autour de son doigt de longs cheveux roses de Luka Megurine qui dormait paisiblement à côté de lui. « Je veux te voir, Len. »
« Puisque tu insistes, » bâilla-t-il à nouveau. « Pourquoi pas demain ? J'ai cours. »
« Demain, alors. » ronronna-t-elle, et elle raccrocha. Len reposa son portable, un sourire satisfait sur le visage. Près de lui, Luka remua ce qui attira son regard. Mais elle ne se réveilla pas.
Il se glissa hors du lit, enfila un pantalon et se mit à contempler la ville par la fenêtre. Les femmes. Elles finissaient toutes par lui déclarer un ''Je t'aime'' espérant ainsi qu'il leur ferait le plaisir de rester avec elles.
Toutefois, ces mots ne sortait jamais de sa bouche. Jamais il ne leur retournait cette déclaration. « Même si elles avaient la clé de mon cœur, elles seraient incapables de le contrôler. » murmura-t-il, posant les mains sur le verre glacé.
Qu'est-ce que l'amour ? Même maintenant, il n'en savait rien. Mais ça ne lui posait pas de problème, n'est-ce pas ? D'après ce qu'on en disait, c'était quelque chose qui blessait alors ça lui convenant très bien de vivre sans.
« … Il va falloir que j'aille en cours, » se souvint-il en s'éloignant de la fenêtre. Il sortit discrètement de la chambre, prenant soin de ne pas faire de bruit, sans même accorder un regard à Luka. Il ne doutait pas qu'il la reverrai.
Je ne veux pas aller en cours aujourd'hui. À dix-huit ans, il y avait un tas d'autres choses dont il préférait s'occuper. Rattraper son sommeil perdu, par exemple.
Sans oublier qu'il devait retrouver Teto après les cours. Il retint un soupir. Allait-il continuer encore longtemps ?
Ce n'était pas comme si il faisait tout pour que les femmes le désirent. Mais elles constituaient pour lui un moyen d'oublier. Tout ce qu'il voulait, c'était une une seule nuit à passer avec l'une d'elles et il ne leur laissait jamais l'espoir qu'il en proposerait davantage. Ou en voulait davantage. Elles le savaient et elles l'acceptaient.
Si elles se retrouvaient le cœur brisé, ce n'était pas de sa faute. Len n'arrivait jamais s'en sentir responsable – ce n'était pas comme si il ne les avait pas prévenues que ça se passerait de cette façon.
Elles aussi recherchaient quelqu'un pour passer la nuit et c'est pourquoi elles se tournaient vers Len Kagamine. Qu ce soit pour le plaisir ou l'amusement, Len satisfaisait leurs demandes. Et il faisait toujours en sorte qu'elles oublient tout le reste, même si ce n'était que pour un court instant.
Après avoir récupéré sa chemise sur le canapé de Luka, il sortit de chez elle au beau milieu de la nuit. Il devait se préparer pour aller en cours qu'il le voulut ou non.
Il devait reconnaître qu'il détestait avoir à rentrer chez lui. Il détestait avoir à se retrouver face à sa sœur jumelle, Rin Kagamine. Rien qu'en songeant à elle, il secoua vivement la tête, résolu à l'éloigner de ses pensées.
C'est ma sœur. Je ne peux pas penser à elle de cette façon. D'autant plus qu'elle sort avec Kaito.
Sa vie en était devenue parfois difficile à supporter. Ses lèvres se muèrent en un sourire.
Peut-être y aurait-il de quoi l'amuser au lycée. Rien ne pourrait être pire que d'avoir à affronter sa sœur bien-aimée.
Elle n'avait aucune idée des sentiments qu'il avait pour elle et il lui semblait qu'elle lui plantait une lame dans le cœur chaque fois qu'il la voyait avec Kaito Shion.
« Sors de ma tête, Rin. »
