Bonjour !

Voilà une nouvelle histoire, écrite un peu comme ça... C'est un Harry Potter/Tom Jedusor (Tom Riddle en anglais, pour les catégories du site, et Harry Potter ne s'appelle pas vraiment Potter, mais bon). C'est un univers alternatif et j'ai arrangé la chronologie à ma sauce, mais on devrait être dans les années 40 ou 50, pendant que Tom Jedusor va à Poudlard et que Grindelwald terrorise l'Europe sous les traits de Johny Depp...

Harry Potter appartient à JK Rowling.

Chapitre un


« Hey, Jedusor ! Alors, préfet, pas vrai ? »

Le jeune homme se retourne lentement sur le quai de King's Cross et sourit avec nonchalance, une modestie étudiée sur le visage. Le pas de Cassius Lestrange se suspend pendant un instant alors qu'il se trouve dans la ligne de mire de ce sourire. Il se secoue mentalement. Cela fait pourtant quatre ans que Thomas Jedusor, orphelin prodige, partage son dortoir. Quatre ans que l'ange qui émerge de ses rideaux verts, déjà réveillé depuis longtemps, lui dit bonjour avant d'aller au petit-déjeuner. On dirait pourtant que deux mois sans le voir lui avait fait perdre l'habitude de sa présence, et Cassius se sent rapetisser, complètement submergé. Il va lui falloir un peu de temps pour retrouver son accoutumance et survivre aux mois à venir sans se ridiculiser. Et ce sourire... Il se souvient d'avoir contemplé, il y a longtemps, le portrait d'une femme qui portait la même expression. Des moldus se sont emparés du tableau, maintenant, et la magicienne s'amuse à ensorceler les foules ignorantes quelque part ailleurs.

L'autre n'a pourtant pas tellement changé pendant l'été, seulement grandit encore un peu. Des yeux toujours aussi profonds, brun presque bordeau, qui selon ses admiratrices reflètent une sensibilité cachée. (Foutaises, Cassius le sait bien. La seule chose qu'ils reflètent, ce sont les secrets du dernier grimoire de magie noire que Jedusor a dévoré.) Son visage est assombri par des boucles acajou qui ne font que souligner sa bouche pleine sur sa peu pâle. Si possible, Jedusor semble encore plus assuré, son charme plus acéré et dévastateur que jamais. Le connaissant, autant qu'il se laisse connaître tout du moins, sa puissance magique a certainement au moins doublée aussi. Comme toujours, il l'a entrainée et modelée sans baguette bien sûr, du fin fond de l'orphelina crasseux où Dumbledore le force à retourner. Slughorn comme Dumbledore vont sans aucun doute s'étouffer en le voyant revenir, quoique pas pour les mêmes raisons. Dire que la première fois qu'il était monté dans le Poudlard Express, Cassius ne l'avait même pas remarqué. Enfin, il peut s'estimer heureux de ne pas l'avoir insulté comme Perdita Parkinson. Celle-là a dû demander un transfert à Beauxbatons au beau milieu de leur deuxième année pour sauver ce qu'il restait de sa peau, alors que Jedusor prenait le pouvoir dans leur Maison.

A présent, sur le quai, Cassius s'avance vers leur prince. Il n'y a aucune chance que sa fraction d'hésitation soit passée inaperçue, mais, apparemment d'humeur magnanime, Jedusor se contente d'arquer un sourcil ébène parfaitement dessiné et ne fait pas d'autre commentaire. Cassius finit de s'approcher pour lui tendre la main. Un frisson lui parcourt l'échine au contact de son aura, et sa bouche s'assèche alors qu'il ne peut s'empêcher de détailler son visage. Pourtant, que Morgane lui soit témoin, il n'a d'yeux que pour Lucretia Black. Mais Thomas Jedusor a toujours été un cas à part. Cassius mettrait quiconque au défi de résister s'il proposait. Pas que le Serpentard de cinquième année le ferait jamais, et il déteste la minuscule part de lui-même qui se serre à sa lucidité.

« Félicitations, en tous cas.

- Merci.

- Il n'y a pas de quoi. C'est grâce à toi que je viens de gagner dix galions à Gaius Goyle, après tout. Je t'en redonnerai la moitié, bien entendu », s'empresse-t-il d'ajouter, en voyant la contrariété dans le pli des lèvres ourlées par un dieu perfectionniste, à l'idée qu'on parie sur sa personne. Un pli dangereux sur une bouche qui peut proférer des sorts très créatifs, comme Cassius a eu l'occasion de le voir. L'héritier de Serpentard est aussi implacable avec sa baguette que sans. Mais aujourd'hui, Jedusor le pardonne presque immédiatement. Il doit vraiment être de très bonne humeur. Lui-même se sent privilégié de l'avoir attrapé dans un moment comme cela.

« Ce n'est pas comme si c'était un pari risqué. A vrai dire, je suis étonné que tu ais trouvé des gens assez idiots pour soutenir le contraire.

Le jeune Lestrange se mord encore la langue. Pourquoi s'est-il engagé sur ce terrain ? Il est trop tard pour lui cacher la réponse malheureusement. Goyle va passer un mauvais quart d'heure. L'idiot était convaincu qu'on ne donnerait pas le poste de préfet de Serpentard à un Sang-mêlé, sans penser une minute que leur directeur de maison adorait littéralement Tom. Cassius n'avait pas pu se retenir de profiter de sa stupidité. Mais maintenant, il allait falloir le dire à Thomas. Personne n'avait envie de rappeler à Jedusor que la discrimination sur le sang était encore bien ancrée parmi eux.

- Tu sais comment est Gaius... Un peu trop ralenti d'esprit pour intégrer complètement que les choses ont changées... »

Les cils de Jedusor ne sont pas tout à fait assez épais pour dissimuler l'éclair vermillon qui traverse brusquement ses pupilles. Cassius frissonne, et la formule fétiche de son chef lui revient à l'esprit : « Le sang n'a pas d'importance, il n'y a que le pouvoir et ceux qui sont trop faibles pour s'en emparer. » Heureusement, Jedusor ne réagit pas plus que cela. Il tourne pensivement la tête et scrute sans les voir les alentours, mais ne poursuit pas la conversation. Lui-même n'ose pas demander ce qui se passe dans les volutes de l'esprit du brun, partagé entre une fascination réticente et une peur justifiée. L'expérience du dortoir lui a appris qu'il était impossible de tirer quoique ce soit de l'autre quand il décidait de se plonger dans ses pensées.

Au soulagement de Cassius, Tom décide de se mettre en route vers le train, tandis que d'autres de leurs camarades les rejoignent au fur à mesure.

Leur chemin est soudainement interrompu par un groupe de Griffondors, avec quelques Serdaigles ou Poufsoufles perdus en périphérie. Ils débordent d'enthousiasme, mais Merlin seul sait pourquoi.

Thomas veut bien croire qu'ils soient heureux de revenir à Poudlard, il est un des mieux placés pour comprendre, mais là c'est excessif. Eux n'ont pas passé l'été dans une ville en guerre. Il écoute plus attentivement pendant que les lions échangent des blagues et des recommandations. Ce sont surtout des élèves de cinquième, sixième ou septième année. Ils ont l'air d'accueillir quelqu'un, dont c'est apparemment la première année. Mais aucune petite sœur ou petit frère ne provoquerait autant de joie... Tom se rend compte que la cacophonie est apparemment au bénéfice d'un adolescent au centre de la cohue, encore caché au regard des Serpentards.

« Tu vas voir, Harry, les elfes font une tarte à la mélasse ! Merveilleuse, te dis-je. Même Maman n'arrive pas à faire concurrence ! » Elias Weasley accompagne sa déclaration d'une grande claque joviale dans le dos de l'inconnu. Harry, apparemment ? Sans attendre qu'il ait fini, Charlus Potter lui passe devant, lançant un bras autour des épaules de ce nouvel élève.

« Mais fait attention à ton régime, quand même, on a besoin que notre prochain attrapeur puisse décoller du sol !

- Calmez-vous, je ne suis même pas encore monté dans le train...Et il y a toujours les sélections, non ?

- Dis pas de bêtises, Harry, Minerva a déjà établi toutes ses nouvelles stratégies. Tiens, la voilà ! »

En apercevant sa camarade, la redoutable capitaine de Quidditch, au bout du quai, le préfet de Griffondor de septième année fait quelques pas vers elle sans lâcher sa proie, et Thomas peut enfin l'apercevoir. Ce « Harry » est un jeune homme fluet, courbé en avant sous la prise du bras de Potter. Il essaye de garder son équilibre tandis qu'il est entrainé vers l'avant, tout en empêchant des lunettes rondes de tomber en pouffant. Les traits fins laissent voir les fossettes de son sourire, alors qu'il semble supporter l'attention de son comité de réception de bon cœur. La maison Griffondor l'a déjà adopté, et Thomas veut bien croire que c'est là-bas qu'il atterrira. Il rit avec l'insouciance d'un Griffondor, et a l'air d'apprécier le bruit et l'agitation. Ses yeux sont recouverts par ses cheveux d'un noir profond, des mèches dans un désordre incroyable, aux reflets presque bleus sous le soleil de cette première matinée de septembre.

Tom est d'abord étonné de le voir si familier avec des dernières années, il lui semble à peine plus âgé que lui. Peut-être un petit frère, ou le cousin de l'un d'entre eux ? Mais déjà les autres ont repris leur chamailleries, et il devient évident qu'il sera dans la même classe que les septièmes années. Le Serpentard de cinquième année amasse les informations presque sans s'en rendre compte. Apparemment « Harry » vient d'atteindre sa majorité. De deux ans son aîné, donc. Il ne le paraît vraiment pas, à voir la manière dont il navigue dans le chaos que sa propre arrivée a causé. La joie le rajeunit. Thomas s'imagine que lui-même ressemble un vieillard aigri à côté.

Les autres Serpentards qui l'entourent se sont aussi arrêtés. Le spontané mais dévoué Cassius Lestrange a été rejoint par quelques élèves de leur maison. Les autres ne sont pas encore arrivés, mais Thomas sait qu'ils le chercheront dès qu'ils monteront dans le train. Toute la maison Serpentard passera avant qu'ils n'atteignent Poudlard lui faire ses salutations. Ceux qui sont déjà présents regardent en attendant le groupe qui s'agite devant eux avec un dédain qui masque leur curiosité.

Anémona Zabini, une cinquième année comme lui, toussote pour tenter de libérer le passage devant Tom. Mais son bruit poli et distingué est promptement étouffé et perdu dans la fumée de la gare. Les Griffondors ne l'ont certainement pas entendu. Pourtant, l'œil de tout ce cyclone de Rouges et Ors tourne soudainement la tête et les aperçoit, contre toute attente. Tom a à peine le temps de se faire la réflexion que ses yeux sont vert, légèrement en amandes, que son regard le quitte et voyage sur ses camarades. Le jeune homme adopte une moue contrite. Il se détourne et se dégage facilement de l'emprise de Charlus Potter, le tirant sur le côté et initiant sans effort le mouvement de toute la troupe.

« Je crois qu'on gêne, les gars. Je ne parle pas des demoiselles, bien sûr. »

Sa voix est plus rauque que ce à quoi Tom s'attendait, et lui donne un âge qui contraste avec son apparence. Il ne la hausse pas, en vérité il a parlé plutôt doucement, mais n'a aucune difficulté pour se faire entendre. Son ton est léger, et se teinte d'une galanterie amusée à la fin.

Thomas voit Anémona réprimer un sourire. Minerva McGonagall pouffe et lui donne une claque sur l'arrière de la tête, auquel il répond par une révérence parfaitement exécutée. Elle et Charlus prennent la relève avec la force de l'habitude et organisent l'ascension dans les wagons, lévitant des bagages et embrassant une dernière fois les plus petits avant de les renvoyer vers leurs parents avec des promesses d'écrire. Minerva l'a toujours bien aimé, et elle lui serre la main :

« Ah, Jedusor ! Désolés, on va vous laisser monter. Tiens, Harry, voilà Thomas Jedusor, apparemment le nouveau préfet de Serpentard, hein ? Félicitations ! »

« En cinquième année, comme James », indique Charlus. A côté, son petit frère James Potter lève les yeux au ciel et marmonne dans sa barbe inexistante au sujet de serpents coincés et prétentieux, avant de monter et de disparaitre à son tour. « N'écoute pas James, il est juste jaloux. Si tu te perds dans les donjons, Thomas est sans doute le seul Serpentard que tu peux suivre sans aucune crainte. Ne le prends pas pour toi, Lestrange », ajoute-t-il vivement en remarquant le regard qui lui est adressé.

« Enchanté, je suis Harry », répond simplement leur nouvel élève, et leur tend tour à tour la main. Il n'a pas bronché en entendant le nom tout à fait moldu de Tom. Il semble sincère. Cela dit, si c'est un Griffondor, ce n'est pas étonnant. Leur Maison a toujours aimé les Sangs-de-bourbe.

« J'imagine qu'on se croisera à Poudlard alors. Faites bon voyage ! »

Et aussi simplement que cela, le voilà parti. Thomas se dit qu'il a probablement fait ses adieux à ses parents avant, comme tout le monde, et qu'il est fils unique, puisqu'aucun enfant n'a couru vers lui pour un dernier au revoir. Il se tourne vers ses compagnons au cas où l'un d'entre eux aurait quelque chose à ajouter, mais rien ne vient. Il semble vraiment sortir de nulle part.

L'incident ne retient pas son attention plus longtemps. Il a atteint son but, le nouveau Griffondor le voit déjà comme un ami, si jamais il doit lui demander un service. Il verra dans le train si quelqu'un le connaît.


Voila voilà, dites-moi ce que vous en avez pensé ! A la prochaine !