Ïle Tenroujima.

Dernier jour de ma vie. Dernier jour d'une vie bien remplie. Enfin, je le pense. Après tout, qui peut juger de ce qu'on aime, de ce qu'on déteste ? Qui peut juger si notre vie a été rempli ou si elle est juste vide de sens, et qu'on avance sans fin ? C'est étrange. C'est face à la mort qu'on fait face à de telles idées, morbides ou colorées. Je regarde dans les yeux Acnalogia. Et je me dis que c'est malheureux. Malheureuse vie que j'ai menée.

Les couleurs ont-elles vraiment peint le tableau de ma vie, tissées dans la chair et le sang, les souvenirs, la mémoire, les larmes et la pluie ? J'ai l'impression qu'il est resté gris. Après tout, peut-être que le monde a raison, de vouloir se détruire, de s'autodétruire, dans une gerbe de sang ? Oui, c'était l'impression que j'avais, tandis que les fées volaient sous le souffle de douleur du monstre qui était devant nous. Le souffle peut nous toucher de plein fouet, je ne ressens rien d'autre que du bien-être. La mort peut-être. Ah, oui, la mort, la douce amie des mages noirs. N'avais-je pas été un de ces mages noirs qui n'avait aucun ami, aucun amour ? Ridicule humanité qui a fait de moi un homme simple, qui en veut que voir des choses simples.

Comme des yeux bruns, doux et chaleureux, d'une enfant destinée à être une grande mage S si on me laissait faire. Elle méritait d'être une Mage S, juste pour ses yeux bruns, pour sa force, parce qu'elle est une fée volant dans le ciel. Une fée, une fée, une fée... Ses mots roulent sur ma langue comme si c'était du miel sucré déposé sur mes lèvres directement par une abeille. Je suis une fée, à présent, moi aussi. Alors je serre la main de celui qui est à ma gauche, de celle qui est à ma droite. Je ferme les yeux. Je souris. Ah. Même si on ne peut attraper une fée, une fée peut vous attraper. C'est fou, comment des yeux bruns peuvent vous mettre en cage.

Je souhaite de tout mon cœur qu'on se retrouvera là-haut, au paradis.

Au revoir,

Cana. Que toutes mes pensées viennent à toi. Que toutes mes bonnes intentions t'entourent et te protègent de ce monstre que je n'ai pas vaincu. Alors que je suis un dragon d'acier, je suis incapable de te protéger. J'en suis désolé.

L'ile Tenroujima n'est plus.