Le héros de Konoha
Du haut de mon perchoir me parviennent les applaudissements et les exclamations de joie des habitants. Naruto Uzumaki, notre sauveur à tous, vient tout juste d'anéantir Pain. Le village acclame à présent celui qu'il a si longtemps mis à l'écart, cet enfant fauteur de troubles, bruyant et indiscipliné. Nous lui avons tous dissimulé la vérité pendant des années, moi y compris. En tant qu'ANBU, j'étais tenue au secret absolu et Dieu seul sait quelle aurait été ma punition si j'avais agi autrement ! Tant de fois, la tentation d'aller le voir, de lui dire qu'il n'était pas seul, qu'il ne l'était plus, de le serrer dans mes bras, avait failli l'emporter. Ce petit attirait comme jamais ma curiosité et ma compassion, je me voyais en lui sans pouvoir expliquer pourquoi. Je ne lui avais jamais réellement parlé, car j'étais effrayée à l'idée qu'une fois lancée, je serais incapable de m'arrêter. Que je lui déballerais tout, absolument tout.
Oui, c'était ce que j'étais, terrorisée. Morte de peur, de trouille. Rien ne m'était plus détestable que de trahir ce village qui m'avait tant offert. Arrivée à Konoha dans ma tendre enfance, je fus rapidement acceptée par mes pairs. Diplômée de l'académie à huit ans, chûnin à neuf, jônin à onze, je gravissais facilement les échelons. Trois ans plus tard, j'intégrais les rangs des prestigieux ANBU. C'est lors de cette période que je rencontrai Hayate. D'inconnu à ami, il devint mon amant peu après. Nous partagions tout ensemble, nous grandissions côte à côte. Nos premières caresses, nos premiers baisers, nos premières relations sexuelles, mon amour et moi franchissions chacune des étapes de notre vie du même pas.
Alors que je me croyais unie à lui pour la vie, le destin prit un détour cruel. Nous avions passé si peu de temps auprès de l'autre et déjà nous étions séparés ! Hayate périt aux mains de l'ennemi, sur le champ de bataille. À ce moment-là, mon cœur manqua un battement, mes jambes flanchèrent. Mes yeux se mouillèrent de larmes qui se mirent à couler en torrents sur mes joues d'ivoire. Je m'enflammai et jurai solennellement de venger mon compagnon. Cette promesse obsédante me hante encore aujourd'hui. Je n'ai jamais perdu l'espoir qu'un jour, je laverai l'honneur d'Hayate, même après ces longues années.
J'aurais pu mourir consumée par toute cette colère qui m'animait, si seulement quelqu'un ne m'avait pas porté secours. Je lui en serai toujours reconnaissante. Moi qui croyait cette sensation étrange disparue depuis si longtemps, je remarquai bien malgré moi que je m'étais trompée ! Chaque fois que je le regardais, lui, sa tignasse blonde et ses yeux si bleus, je m'y perdais. Je ne me reconnaissais plus, obnubilée par cette attirance irrésistible. Souvent, je me surprenais à scruter tous ses faits et gestes. Un jour, je l'avais même suivi ! Lorsque je le vis dans les bras de la belle Sakura, je fus envahie par une émotion tellement forte, tellement intense qu'elle me fit suffoquer. J'étais jalouse. Jalouse d'une pauvre gamine innocente, jalouse de sa proximité avec l'objet de mon désir. Je me sentais si pitoyable d'être devenue cette femme envieuse ! Il me fallut beaucoup de temps pour accepter la vérité. J'étais tombée follement et irrémédiablement amoureuse du héros de Konoha.
Désormais, je suis en paix avec mes sentiments.
Je ne me voilerai plus la face. Plus jamais.
Il est là-bas, adossé à un arbre, il a sans doute voulu s'éloigner un peu du brouhaha. Ce gamin est décidément toujours aussi mignon ! Doucement, je m'approche de lui. Avant qu'il ne puisse détecter ma présence, je retire mon masque qui s'écrase sur le sol et l'embrasse passionnément. Une chaleur bienfaisante s'immisce dans chaque parcelle de mon corps. Ça fait si longtemps que j'attends ce moment. Oui, si longtemps ! Et je ne laisserai définitivement pas passer cette chance...
