Bonjour tout le monde, je me présente Nemeseia, nouvelle sur ce fandom. Je vois très peu de yaoi français sur ce fandom et je trouve ça vraiment dommage. Alors je me décide enfin à sauter le pas et vous présente le premier chapitre de cette fiction. J'espère ainsi que cette nouvelle fiction vous plaira comme moi je prends plaisir à l'écrire.
Bonne lecture, n'hésitez pas à me laisser des review je ne mors pas ! :D
Sous les pétales de cerisiers
Semaine Une – Ses bonnes faveurs
L'après-midi semblait être bien avancée par la hauteur du soleil dans ce ciel principalement bleu, quelques imprudents coton blancs pointant le bout de leur nez par endroits lorsqu'il tournait la tête vers l'horizon du troisième étage où il avait trouvé refuge. Un peu plus bas en plein milieu de la cour qui composait son établissement scolaire, des abrutis couraient autour d'un terrain tracé par des lignes blanches. Ces abrutis en question se trouvaient être ses camarades de classe. Bien entendu, si lui ne courrait pas à leurs côtés ce n'était pas grâce à une dispense quelconque, ce ne serait pas drôle sinon. Courir sous cette chaleur, lui qui préférait la fraîcheur, l'hiver à l'été, il ne se voyait vraiment pas courir sous ce soleil.
Judal s'appuya contre les rebords de la fenêtre qu'il avait ouverte depuis son arrivé à cet étage, regardant sans vraiment d'enthousiasme ces abrutis courir les uns derrière les autres ou côtes à côtes tandis que leur professeur de sport sifflait sans cesse tout en leur ordonnant d'accélérer le rythme. Ce même professeur connut pour ses penchants pervers et qui n'avait de cesse de reluquer sous les jupes des filles, ou lançant alors des remarquent bien impudiques à qui voulait bien l'écouter. Certaines rumeurs circulaient comme quoi Sharrkan aurait choisi ce métier pour justement côtoyer de jeunes lycéennes et voir durant toutes ces journées de jolis uniformes. Heureusement pour lui, on ne pouvait pas dire qu'il était moche. Toutefois, les tendances perverses de Sharrkan faisaient fuir les dites lycéennes qui prenaient peur en voyant arriver à elles leur enseignant faisant des gestes bizarres avec ses mains et les appelant de façon inquiétante.
Un sourire vint déformer les traits de son visage lorsque ses yeux sanglants eurent le privilège de voir du début à la fin la chute d'un de ses camarades. La raison de la chute, Judal l'ignorait mais cela n'empêchait pas maintenant son éclat de rire sonore. A vrai dire, il n'avait jamais été discret et ne comptait pas le devenir un jour. Et puis sa réputation était déjà faite dans l'enceinte du lycée et lui convenait plutôt bien. Être un élève détesté et craint par les autres ne le dérangeait absolument pas. Il restait lui-même et ne suivait personne, gardant en tête ses propres idées et n'écoutant personne. Tout l'inverse de ces lycéens qui ressemblaient plus à des moutons qu'autre chose.
Dans un dernier ricanement railleur, Judal enfouit les mains dans les poches de son pantalon et tourna talon. A l'inverse de tous les autres étudiants, lui ne portait pratiquement jamais la veste qu'imposait l'uniforme de leur lycée et préférait nouer cette dernière autour de sa taille, vu qu'il était bien obligé de l'avoir en sa possession. Se faire coller ou renvoyer ne l'effrayait pas, lui qui aimait les ennuis, mais entendre crier pour une vulgaire histoire de vêtement était pathétique. En plus, pour davantage provoquer les professeurs et les surveillants, Judal s'amusait à déboutonner les premiers boutons de sa chemise blanche dont les manches étaient remontées au niveau de ses coudes.
La plupart des bons élèves étant en cours en ce début d'après-midi empêchèrent Judal de trouver une quelconque tête de turc pour s'amuser un peu avec elle avant de la jeter par-dessus bord et prendre une autre personne. Tous les couloirs où il posait le pied se trouvaient désert, à se demander si une âme vivait ici. Mentalement, Judal se mit à chanter une chanson qu'il improvisait lui-même, ayant apporté ses bras derrière sa tête alors qu'il marchait sans véritable but. Le jeune homme aurait très bien pu continuer à vagabonder dans les couloirs s'il n'avait pas entendu la démarche d'une autre personne tout proche de lui. Les couloirs se trouvant silencieux, le moindre bruit se voyait amplifié.
Un large sourire envahit le visage de Judal sans savoir pour l'instant qui pouvait être cette nouvelle personne et il remit ses bras le long de son corps tout en accourant vers la fin de son couloir pour rejoindre l'autre qui montrait le bout de son nez avec l'ouverture à sa droite. Lorsque finalement il eut franchi l'ouverture menant à un autre couloir, ses yeux sanglants s'agrandirent légèrement en apercevant le dos de ce qui paraissait être un enseignant en vue de son costar et de son allure, en plus de sa petite pochette tenue par sa main gauche. En reconnaissant ses longs cheveux violets qui gesticulaient gracieusement dans l'air à chacun des pas de leur propriétaire, Judal amplifia son sourire qui fit apparaître ses dents blanches.
« Eh ! Sinbad ! » Héla-t-il en marchant vite pour rejoindre le professeur en mathématique apprécié de tous.
L'interpelé marqua un temps d'arrêt avant de se retourner et voir son bras gauche attrapé par ceux de Judal qui le ramena contre son torse. Les yeux ambrés de l'enseignant observèrent de haut en bas son élève, stupéfiait de le voir dans ce couloir. Sinbad ne tarda pas à comprendre que Judal avait à nouveau sécher et soupira longuement alors que le jeune homme secouait dorénavant son bras dans tous les sens pour obtenir son attention.
« Hey, c'est quoi dans ta pochette ? Les copies pour notre prochain examen ? Dis, tu m'en montres un morceau ? »
Les questions de Judal s'enchaînèrent les unes après les autres dans un même souffle, faisant se demander à Sinbad s'il arrivait à ce lycéen de respirer par moment. Sinbad soupira plus longuement que la première fois, essayant de se défaire de l'emprise de Judal qui ne lâcha pas prise et garda son bras gauche contre son torse. Il le suivit même quand sa marche pour rejoindre la salle des professeurs reprit.
« Lâche-moi Judal… et appelle moi professeur, pas par mon prénom.
— Ennuyant ! » Se plaignit-il en lâchant finalement Sinbad.
Mais cela fut pour mieux revenir et après une pirouette qui fit valser sa longue natte autour de sa taille, Judal se mit face à Sinbad et le stoppa donc. Un sourire malveillant se trouvait étiré sur ses lèvres et avant qu'il ne l'ait remarqué, Sinbad vit sa pochette sombre entre les mains de Judal qui commençait à retirer les élastiques sur les côtés pour pouvoir l'ouvrir. Quand est-ce qu'il lui avait pris ?
« Alors-alors… Sur quoi on va être interrogés prochainement… »
Rapidement, Judal feuilleta dans les pages pendant que Sinbad trop abasourdit par la situation le regarda faire sans réagir. Il essayait encore de comprendre comment avait fait Judal pour lui chaparder sa pochette. Toute réflexion s'arrêta pourtant lorsqu'il entendit le plus jeune poussait un cri de réjouissance quand ses yeux tombèrent sur la prochaine interrogation qu'il avait programmée pour demain. Sinbad avait pour habitude de proposer à ses élèves des énoncés plutôt compliquées, poussant dans leurs connaissances et demandant à savoir utiliser parfaitement les formules pour pouvoir trouver le résultat juste. Il savait aussi que la plupart du temps, Judal dormait à ses cours ou ennuyait ses camarades en leur balançant des bouts de gommes ou les insultants pour simplement s'amuser.
« Ça suffit Judal. Ce ne serait pas équitable envers tes camarades si tu voyais en avance les problèmes posés.
— Oh allez Sinbad ! Tu sais bien que de toute façon, je m'en tirerais avec la moyenne. Donc un peu plus ou un peu moins… »
A cette réflexion, Sinbad dévisagea son élève qui maintenant marchait à nouveau à ses côtés en ayant porté ses bras derrière sa tête, amusé. Sinbad avait réussi à arracher des mains du plus jeune sa pochette qu'il tenait maintenant contre son torse, prêt à riposter dès la moindre nouvelle attaque. Il ne se fera pas prendre une deuxième fois !
Cependant, il y avait bien quelque chose que Sinbad ne comprenait pas. Comme dit un peu plus tôt, Judal ne fichait absolument rien à ses cours, à se demander même s'il écrivait quelque chose sur ses cahiers, et pourtant à chaque fois sans exception il s'en tirait avec des notes acceptables. Jamais il ne lui avait mis une sale note. Cela étonnerait aussi Sinbad que Judal passe ses après-midi à réviser et il avait beau regarder à la table de ce dernier, il ne semblait pas qu'il trichait. Peut-être que Judal était fort en mathématique, s'était-il donc affirmé lui-même. Pourtant, c'était partout pareil, dans n'importe quelle matière.
Sinbad était le professeur principal de la classe de Judal et pouvait demander sans problème les résultats de ce dernier auprès de ses collègues sans que cela soulève de questions. Il avait ainsi donc appris que malgré son attitude plus que mauvaise, Judal se trouvait être un élève avec de bons résultats. Tous les enseignants de Judal soutenaient fiévreusement l'idée que si le jeune homme s'investissait plus dans ses études qu'emmerder le monde, il aurait des notes excellentes. Quelques-uns avaient essayé d'en toucher deux mots avec le principal concerné et Sinbad se souvenait que celui-ci les avait formidablement renvoyé balader.
Sinbad en n'était donc venu à cette conclusion : Judal avait de grandes facilités qu'il préférait utiliser pour ennuyer son entourage plutôt que de lui en être profitable.
« Mais si tu veux, on peut fonctionner comme ça… »
D'une voix langoureuse ne signalant rien qui vaille, Judal se rapprocha dangereusement de lui. Sinbad fronça davantage ses sourcils lorsque la main du natté vint se poser délicatement sur sa joue pour suivre un instant les contours de son visage avant de venir poser son index sur ses lèvres et attraper de son autre main sa cravate, les rapprochant l'un de l'autre.
« Je connais un endroit où il n'y aura personne en ce moment… peut-être pourrions-nous y aller tous les deux, qu'en penses-tu Sinbad ? »
S'étant mis sur la pointe des pieds afin que leur visage soit proche, Judal put sentir sur ses joues le souffle court de Sinbad. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire, ravi d'avoir ce résultat chez son professeur. Grâce à son physique avantageux et sa personnalité agréable, Sinbad était devenu dès son arrivée entre ces murs la coqueluche de l'établissement. Les jupes des uniformes s'étaient vues raccourcies afin que les yeux ambrés du professeur puissent se balader sur les jambes de ces lycéennes en chaleur, plusieurs filles restaient après les cours pour engager la conversation avec lui et pas seulement sur son cours donné, et plusieurs le demandaient en tant que professeur particulier. Cela faisait énormément rire Judal.
« Des avances sexuelles… tu n'as rien d'autre ? Soupira-t-il pour seule réponse, exaspéré.
— Hm… disons que tu ne sais rien de ce que je peux te réserver mon petit Sinbad. »
La lueur lubrique qui défila dans ses yeux sanglants ne rassura aucunement Sinbad qui chercha à se défaire de l'emprise du plus jeune en reculant d'un pas. Mais c'était là bien mal connaître Judal qui après un mouvement de jambes réussit à le faire basculer contre les vitres donnant sur la cour et les camarades de classe de Judal qui s'apprêtaient à retourner dans les vestiaires. Sinbad ne put s'empêcher de laisser passer un cri de surprise et de douleur lorsque son dos rencontra violemment la fenêtre où il reposait maintenant. Les mains de Judal s'amusaient à défaire sa cravate qui pendit rapidement autour de son cou, partant maintenant défaire sa chemise tout en continuant à sourire tout en montrant ses dents. L'incrédulité de Sinbad empêcha ce dernier de réagir, bien trop interloqué par l'attitude de Judal qui n'avait jamais été si loin jusqu'à aujourd'hui. Avant, ce n'était que des paroles, des petites remarques perverses et des sous-entendues explicites, mais jamais Judal n'était passé aux actes.
« Mais peut-être qu'aller dans un endroit reculé ne te plaît pas, me montrer ne me dérange absolument pas aussi. Entre exhibitionnistes, on peut se comprendre, hein ? »
Mais alors que Judal partait pour embrasser Sinbad qui tout de même se reculait pour y échapper, la vitre réduisant pourtant ses espérances, une mallette vint rencontrer avec fureur le crâne de Judal qui se retourna aussitôt pour assassiner du regard celui qui venait de les déranger. Il marqua néanmoins un temps d'arrêt dans ses injures, une main posée sur l'endroit d'impact sur sa tête, quand il reconnut le conseiller d'orientation qu'engageait ce lycée. Un sourire difforme reprit possession de son visage pendant que Sinbad s'emparait des épaules de son ami pour l'éloigner de Judal et éviter un meurtre d'avoir lieu.
« Ja'Far, comment vas-tu mon vieux depuis hier ? S'amusa Judal en gardant son large sourire.
— Sinbad lâche-moi, grogna ce dernier en foudroyant du regard le violacé à la cravate défaite et à la chemise à moitié déboutonnée.
— Oh ? Le nain de jardin veut se fritter ? C'est étonnant ! J'suis sûr que même poing levé, tu m'atteins pas, haha ! »
L'éclat de rire de Judal s'accompagna de la sonnerie libérant les lycéens pour leur pause midi. Les couloirs commencèrent donc à se remplir petit à petit de monde et plusieurs s'arrêtèrent devant le spectacle qu'offraient les deux adultes et Judal, devinant bien par la présence du natté que ce n'était pas une conversation amicale qui était en train de s'échanger. Et même si c'était courant de voir Ja'Far s'énerver, il était très rare que Sinbad en vienne à le contenir pour lui éviter de commettre un meurtre. Normalement, c'était toujours des phrases assassines, des menaces qui n'auront jamais lieu, qui sortaient de la bouche du conseiller d'orientation aux cheveux blancs et aux quelques tâches de rousseurs. Et puis, voir en partie le torse de Sinbad expliquait un peu ce qui avait pu se passer.
« Ja'Far, laisse-le et partons manger. Il n'en vaut pas la peine. »
L'interpelé reporta son attention sur Sinbad qui le relâcha pour commencer à reboutonner sa chemise et remettre sa cravate pour arrêter le spectacle. Il fixa pourtant une dernière fois Judal qui avait croisé ses bras contre son torse et avait levé le menton pour se montrer supérieur à lui. Ce gamin était insupportable.
« Allons-y. »
Ne portant plus un seul regard sur Judal, Ja'Far se retourna pour sortir du lycée et manger à l'extérieur en compagnie de Sinbad et de leurs amis qui viendraient sûrement les rejoindre plus tard. Plus loin il sera de ce lycée, mieux il se portera. Sinbad ne tarda à le suivre, impatient de s'éloigner lui aussi de Judal. Ce fut sans compter sur la dernière intervention de ce dernier, balançant gaiement une feuille qu'il avait récupérée.
« Tu n'aurais pas oublié quelque chose, Sinbad chéri ?! »
Sinbad écarquilla les yeux en reconnaissant sa copie pour la prochaine interrogation qu'il avait prévue. Mais quand est-ce qui lui avait pris bon sang ? D'un pas rageur, il arracha la feuille des mains de Judal qui explosa d'un rire franc alors qu'il rejoignait Ja'Far qui se retenait de ne pas sauter à la gorge de ce lycéen prétentieux. Ils passèrent ensuite sous les portes d'entrée du lycée et disparurent parmi la foule. Les lycéens entourant Judal s'éparpillèrent ensuite à leur tour maintenant que l'animation était terminée.
Dans un dernier éclat de rire, Judal se retourna à son tour pour partir manger dans un endroit tranquille mais se vit obligé d'arrêter de marcher bien vite. Il s'entendit même déglutir quand en face de lui, la silhouette d'Hakuryuu trônait comme une armée de mille hommes prête à entrer en guerre. Les yeux vairons, de différents bleus de son cousin, le dévisageant comme s'il était devenu la Peste en personne le fit frissonner légèrement. Sur l'épaule droite d'Hakuryuu était accroché fièrement le bandeau du conseil des élèves dont il était le chef. Judal n'avait certes absolument pas peur de Ja'Far comme de Sinbad et bien d'autres enseignants, mais il devait bien avouer que mettre en colère Hakuryuu n'était pas une bonne idée. Et c'était pourtant ce qu'il avait réussi à faire là et bien d'autres fois aussi.
« Judal… Viens par-là. »
Bien entendu, ce n'était pas une proposition mais bel et bien un ordre prêt à éclater tel un coup de tonnerre s'il a la prétention de lui désobéir. Toutefois, après le moment d'appréhension en voyant Hakuryuu visiblement en colère, Judal sourit de toutes ses dents. Il fit ainsi volteface et s'éloigna d'Hakuryuu qui l'injuria violemment en décidant de passer à une autre étape. Sans ménagement, les fines mains du chef des élèves attrapèrent la longue natte de Judal qui gigotait naïvement de droite à gauche sans se soucier du danger.
Dans tout le troisième étage, on put entendre le cri de douleur de Judal qui maintenant se faisait traîner dans le couloir en ligne droite. Les mains apportées à ses cheveux toujours tenus fermement par Hakuryuu, le brun demandait à son cousin de bien vouloir le lâcher ou en tout cas cesser de tirer sur sa natte. A tous les coups, il allait devoir la refaire et bon dieu que ça prenait du temps. Mais Hakuryuu n'accéda pas à ses demandes et continua son chemin en ignorant les lycéens qu'il pouvait croiser et leurs questions, ces derniers continuant à regarder le célèbre Judal être traîné par le chef du conseil des élèves.
Finalement, une porte métallique claqua pour ensuite retentir dans tout l'escalier qu'ils avaient franchi pour maintenant se retrouver sur le toit. Hakuryuu relâcha enfin son emprise et laissa tomber Judal sur le bitume pour aller s'approcher seul des grillages montant haut dans le ciel pour éviter les suicides. Il attrapa entre ses doigts quelques mailles avant de soupirer d'agacement. Derrière lui, Hakuryuu entendait Judal râler à propos de sa natte défaite et dont il commençait à défaire les élastiques et laissait se répandre ses cheveux détachés autour de son dos et sur ses épaules.
« Quand cesseras-tu de te comporter comme un abruti, Judal ? » S'écria-t-il, énervé contre lui.
Judal porta ses yeux sanglants dans ceux vairons de son homologue qui le dévisagea à présent. Un sourire moqueur s'étira sur les lèvres du natté qui pensa un moment que son cousin était sûrement l'une des rares personnes à pouvoir lui tenir face plusieurs minutes d'affilées et ne pas avoir peur de se recevoir des coups, comme d'en redonner d'ailleurs. Judal ne saurait plus dire le nombre exact de fois où ils s'étaient battus tous les deux.
Un léger ricanement l'emporta et fut son unique intervention auprès d'Hakuryuu qui soupira avant de se retourner pour regarder à nouveau l'horizon. Hakuryuu se souvint bien malgré lui que les enfants qui faisaient le plus de tapages, qui riaient le plus bruyamment possible tout en étant exécrable au possible avec les autres, étaient aussi ceux qui cherchaient le plus à attirer l'attention sur leur personne. Et Judal ressemblait trait pour trait à ce genre de personnes détestées de tous.
…
A l'intérieur d'une petite brasserie où ils avaient l'habitude de se retrouver un midi par semaine, Sinbad et Ja'Far s'étaient vu rejoindre par leurs collègues et amis autour d'une table maintenant bien remplie. Et encore, tout le monde n'était pas encore là. Sharrkan avait pris place aux côtés de Yamuraiha, une enseignante en histoire tandis qu'à la droite de celle-ci se trouvait Masrur qui lui n'était que surveillant à la vie scolaire mais qui excellait à son travail. Leurs amis avaient bien vu l'état d'énervement avancé dont était victime Ja'Far et ils avaient bien sûr deviné la cause. Ce n'était pas la première fois que Ja'Far se trouvait dans un pareil état et la raison avait toujours été la même.
« Tu devrais en parler au proviseur, Sinbad. Faire des avances sexuelles à un professeur c'est interdit, rappela Yamuraiha en pointant le concerné avec le bout de ses baguettes en bois.
— Et les relations entre professeur et élève, en plus homosexuelles, sont encore plus interdites ! Reprit Sharrkan tout en s'empiffrant.
— Regardez qui dit ça, pesta la jeune femme aux longs cheveux bleus.
— Ben quoi ? C'est la vérité, s'offusqua aussitôt Sharrkan qui cessa de manger et fusilla du regard sa collègue.
— Pourtant toi ça te dérange pas de draguer des lycéennes, hein ? Tu crois que je te voie pas faire ? L'accusa Yamuraiha dont les tempes avaient doublé de volume.
— Justement, ce n'est que de la drague ! Je ne blesse personne à ce que je sache ! »
Une guerre de regards s'engagea entre les deux enseignants alors que leur front s'étaient rencontrés avec force dans l'objectif que l'un d'entre eux s'éloigne et renonce à poursuivre l'échange. Sur la même banquette rougeâtre qu'eux, Masrur continua tranquillement de manger son bol de riz sans commenter la situation. Seul Sinbad chercha à séparer ses deux amis alors que Ja'Far mangeait de son côté, les yeux clos et les gestes rapides montrant sa colère toujours au beau fixe. Ça allait prendre du temps avant qu'il se soit tout à fait calmé, Sinbad en avait conscience et ne comptait donc pas discuter pour l'instant avec celui-ci pour éviter d'envenimer davantage les choses.
Une fois que Sharrkan et Yamuraiha furent séparés et que ces deux-là reprirent leur repas, se tournant le dos, Sinbad soupira tout en se passant la main dans ses longs cheveux. Cela faisait combien de temps au juste que Judal s'était mis à se comporter de la sorte avec lui ? Un mois ? Peut-être deux ? Quoiqu'il en soit, il ne se voyait pas en parler avec son patron. Judal n'avait rien fait de mal en soit, pour lui ça ne devait être qu'un jeu. Un moyen de se distraire. Il n'était pas dangereux en soit. Et comme l'avait dit un peu plus tôt Sharrkan, ce n'était que de la drague, rien d'autre. Ce n'était pas important. Sauf peut-être un point : Ja'Far avait été blessé dans ses sentiments.
« Écoutez… Judal n'est pas un monstre et je ne pense pas qu'il mérite que j'aille le dénoncer au proviseur. Ce n'est qu'un jeu pour lui, rien d'autre. Ça lui passera, confia-t-il en reprenant à son tour son repas.
— Et si ça ne lui passe pas ? Rétorqua Yamuraiha, loin d'être rassurée par cette histoire et n'appréciant pas vraiment le comportement de Judal bien avant que celui-ci décide d'embêter Sinbad.
— Je le préviendrais que s'il n'arrête pas son manège, je sévirai. » Y répondit franchement Sinbad.
Mais un ricanement emporta Ja'Far à sa droite qui rouvrit à ce même instant ses yeux pour aller le regarder. Sinbad put ainsi lire à l'intérieur tous les reproches qu'il pouvait lui faire.
« Tu penses vraiment que je vais te croire ? Tu trouveras toujours une excuse à lui donner. Je te connais Sinbad, ne l'oublie pas, souffla-t-il méchamment.
— Je sais encore reconnaître quand Judal va trop loin, confia-t-il en élevant la voix.
— Et donc pour aujourd'hui, il n'est déjà pas allé trop loin à ton avis ? C'est quoi allé trop loin pour toi ? Qu'il t'attache quelque part et te viole ?! »
La voix claquante de Ja'Far remplit l'intégralité de la brasserie où ils se trouvaient tous et plusieurs personnes se tournèrent dans leur direction. Reprenant son souffle suite à son haussement excessif de ton, Ja'Far poussa ses couverts vers l'avant. Il n'avait plus faim. Sa gorge lui faisait mal et il ne pouvait rien avaler. Il sentait même ses yeux commencer à le brûler.
« Et merde ! » Grinça-t-il en se redressant.
Ja'Far contourna bien rapidement la table et prit le chemin de la sortie sous les appels de Sinbad qui cherchait à le retenir, mais il l'ignora superbement et envoya balader la porte pour se retrouver à l'extérieur. Mais alors que Yamuraiha dévisageait Sinbad et que Sharrkan lui conseillait de partir à sa poursuite, Sinbad regarda à travers la vitre la silhouette de Ja'Far s'éloigner. Ce fut quand la silhouette de ce dernier commença à disparaître que Sinbad se leva à son tour, s'excusant auprès de ses amis, et se mit à courir pour rattraper Ja'Far le plus rapidement possible.
La porte se refermant violemment après la sortie de Sinbad, Yamuraiha soupira tout en se massant les tempes.
« Il faut vraiment faire quelque chose, marmonna-t-elle en réfléchissant déjà à une solution.
— Oui, sinon ça va pas durer, soupira à son tour Sharrkan qui regardait un court instant son repas en comprenant qu'il n'avait plus faim à son tour.
— Coller Judal ne changera rien. Il dort pendant ses heures de colles. » Avoua Masrur qui parlait pour la première fois aujourd'hui.
Yamuraiha pesta davantage à l'adresse du lycéen alors que Sharrkan remarqua enfin que Judal avait séché ses heures de sport ce matin. Il allait être collé pour ça déjà.
Un peu plus loin, ayant rejoint le parc, Ja'Far fut obligé de s'arrêter après que la main de Sinbad ait attrapé la sienne. Malgré ses cris de protestations et ses ordres de le lâcher, sa voix déchirante montrant son état pathétique à Sinbad qui ne le voyait encore que de dos, ce dernier les ignora et le força à se retourner pour ensuite l'amener contre lui. Ja'Far attrapa alors rapidement la chemise du professeur en mathématique et ravala ses larmes du mieux possible. Sinbad quant à lui entoura de ses bras la taille de Ja'Far et demeura un instant silencieux, le temps que Ja'Far cesse de pleurer.
« Tu… tu ne te rends pas compte Sinbad. Sais-tu ce que cherche vraiment Judal ? Il veut te mettre dans son lit, pas autre chose. Et ce n'est pas le genre de personne qui abandonne facilement, crois-moi. Et plus tu feras attention à lui, plus tu chercheras à t'imposer face à lui, et plus il reviendra en force vers toi. Ignore-le, je t'en prie.
— Je l'ignorerai, je te le promets. » Souffla Sinbad contre son oreille.
Ja'Far resserra son emprise autour de la chemise du violacé et expira longuement pour que sa gorge lui fasse moins mal. Il se détestait en ce moment pour pleurer à cause de Judal. C'était tellement misérable. Mais il en avait assez. Ça faisait déjà trop longtemps pour lui que ce lycéen tournait autour de Sinbad. Il s'était quand même tu, n'avait rien dit à Sinbad et avait tout encaissé. Mais maintenant, il ne pouvait plus.
« J'ai peur Sinbad. Je ne veux pas te voir dans ses bras à nouveau, jamais ! Tu n'es pas à lui. »
Délicatement, Sinbad remonta sa main pour la poser derrière la tête de Ja'far et le rapprocher davantage contre lui. Autour d'eux plusieurs personnes se retournaient pour voir deux hommes en train de s'élancer, mais il s'en fichait éperdument. Se montrer ne le dérangeait pas pour le moins du monde. Et même si ce n'était pas tout à fait le cas pour Ja'Far, cette fois-ci était une exception.
Ils en avaient autant besoin l'un comme l'autre.
Enfin calmé, Ja'Far releva lentement son visage et Sinbad put ainsi voir les dernières larmes qui s'écoulaient des yeux du conseiller de l'école. Il passa sa main libre sous l'œil droit de Ja'Far qui ferma automatiquement ses paupières, se laissant faire. Celui-ci en profita pour savourer le doux contact. Ja'Far frissonna même de plaisir lorsque les lèvres de Sinbad se posèrent contre les siennes, se fichant pour une fois de la foule importante à cette heure dans le parc.
Ils ne se séparèrent que pour reprendre leur souffle, les rougeurs dont était victime Ja'Far faisant rire Sinbad qui passa sa main dans ses cheveux blancs pour le taquiner. Ils reprirent ensembles le chemin pour rejoindre les autres, leur main se joignant à celle de l'autre tout en continuant à ignorer l'avis que pouvait avoir ces inconnus sur eux. Et même si c'était évident que Ja'Far n'en avait pas l'habitude, qu'il était plutôt mal à l'aise avec ça, Sinbad sourit davantage. Ja'Far pouvait être tellement craquant quand il agissait de la sorte, contre ses principes et essayant de passer au-dessus de l'avis du monde sur leur histoire qui menait à deux depuis plusieurs mois maintenant. Le cap de leur un an n'était plus qu'une affaire de semaines maintenant.
…
Les cours étant recommencés depuis bientôt plusieurs heures, Judal se trouvait en ce moment en salle de cours à gigoter ses jambes sur sa table. Sa chaise se voyait retirer ses deux pieds de devants qui se trouvaient maintenant dans le vide puisqu'il se balançait aussi lui-même. Ce cours était l'un des plus ennuyants et il ne manquait pas de le faire savoir en le disant à voix haute, faisant se retourner ses camarades de classe dans sa direction ainsi que le regard mauvais de son professeur de japonais moderne. Mais Judal n'en fut absolument pas déstabilisé et continua à faire n'importe quoi dans ce cours juste pour s'occuper le temps que l'autre arrive. Le cours suivant allait être intéressant puisque c'était celui de mathématique, et donc celui de Sinbad. Son petit professeur d'amour préféré.
Hakuryuu ce midi lui avait tenu la morale, lui avait rappelé que les relations entre professeur et élève étaient interdites et sévèrement punies. Sinbad pouvait perdre son travail et lui être viré de l'école. Mais Judal s'en fichait royalement. Ce n'était pas d'une relation amoureuse qu'il voulait avec Sinbad, c'était juste le corps de ce dernier. Se serait mentir de dire que Sinbad était juste potable, qu'il se démarquait simplement des autres professeurs. Judal se pourléchait les lèvres dès que Sinbad entrait dans son périmètre. Il le lui fallait. Judal désirait s'emparer de ces lèvres, de ce corps tout entier et dans ses recoins les mieux préservés au monde. Il voulait tout de Sinbad. La plupart de ses rêves érotiques étaient d'ailleurs tournés sur l'enseignant. Et cela plaisait à Judal. Seulement, il comptait passer au-dessus du simple fantasme et vivre la réalité à cent pour cent. Il comptait bien avoir Sinbad dans son lit. Que Ja'Far, son amant, soit d'accord ou non.
La relation unissant le conseiller des élèves et le professeur de mathématiques était connue de tous, mais tout le monde évitait d'en parler. Les filles continuaient à coller Sinbad qui faisait semblant de ne pas comprendre leurs intentions perverses. Judal sourit en pensant au fait que c'était simplement avec lui que Ja'Far sortait de ses gongs. Etait-ce parce qu'il était un homme et avait donc ses chances ? Oui, peut-être, mais pas seulement. Judal en était sûr. Sinbad pourrait le rembarrer gentiment comme il le fait avec ces lycéennes, en toute délicatesse. Pourtant, il ne faisait rien de cela. Peut-être qu'il lui plaisait aussi. C'était tout à fait possible. Sinbad perdait ses moyens face à lui, quand il le collait contre son torse et commençait à le dévêtir, comme en ce début d'après-midi.
Lorsque la cloche annonçant la fin du cours retentit, Judal fit claquer bruyamment les pieds de devants de sa chaise et retira ses pieds de la table. Sa réaction fit à nouveau se retourner ses camarades de classe et il leur sortit son sourire le plus redoutable, le plus effrayant. Tous sans exception se retournèrent immédiatement et Judal en rit plus qu'autre chose. Ce n'était qu'une bande de froussards sans intérêt. D'ailleurs, Judal était exaspéré de ne trouver personne à son goût dans ce lycée hormis Sinbad. Aucun lycéen n'était potable. Y en avait quand même heureusement des pas mal, mais ils ne se révélaient pas spécialement bons au lit. Les séduire était un jeu d'enfant devenu bien trop rapidement laçant et Judal avait arrêté de conquérir ces déchets. Et les filles ne l'intéressaient absolument pas. Les entendre piailler l'horripilait et lui donnait des intentions de meurtres, c'était encore pire avec les gloussements loin d'être discrets. Cela ne le dérangeait pas de frapper une fille aussi, il n'était pas gentleman. D'ailleurs un jour, Hakuryuu avait dû l'arrêter avant qu'il ne frappe Kougyoku, une jeune lycéenne qui était aussi membre de leur famille. Cette dernière n'avait eu de cesse de le coller pendant une période, car elle n'avait pas d'amis et pensait l'être seulement avec lui. Ce qui était une grave erreur.
« Bonjour tout le monde. »
L'entrée de Sinbad dans la pièce fit étirer un large sourire sur le visage de Judal. Les choses amusantes allaient pouvoir commencer.
Sinbad déposa ses affaires sur son bureau et en ressortit ses cours préparés. Il fit tout de même l'appel avant de débuter quoique ce soit, continuant à regarder la liste d'élèves quand il appela Judal et que celui-ci dit comme les autres « présent ». Ne pas décrocher le regard du violacé irrita énormément Judal qui gronda plusieurs injures des plus inquiétantes, faisant frémir ceux qui l'entouraient et qui l'avaient malheureusement entendu.
« Bien alors aujourd'hui, je souhaiterai que vous me disiez les formules que vous n'avez pas comprises afin que vous ne soyez pas embêtés demain. » Confia-t-il en regardant ses élèves, tous, sauf le brun au bout de la salle, assis dans un coin.
Judal leva la main, mais ce n'était sûrement pas pour répondre à sa proposition et plutôt lancée une ânerie. Sinbad se retint donc de l'interroger, continuant ainsi à l'ignorer comme il l'avait promis à Ja'Far un peu plus tôt. Être une nouvelle fois ignoré par l'enseignant agaça encore plus Judal qui comprit à quoi il jouait. Judal n'eut pourtant pas le temps de concocter un plan qu'une main se leva et que les autres suivirent bien rapidement, soulageant de la sorte Sinbad. Il répondit soigneusement à chacune des questions en écrivant parfois au tableau et proposant ensuite des exercices. Ce n'était pas dans ses habitudes d'essayer de descendre ses élèves et c'était même plutôt l'inverse, il faisait tout pour les élever au plus haut niveau.
« Qui veut aller au tableau maintenant ? » Demanda-t-il tout en souriant pour encourager ses élèves, proposant sa craie pour résoudre le problème qu'il avait inscrit au tableau.
Il regretta énormément sa proposition lorsqu'il entendit la chaise de Judal racler le sol et voir ce dernier se redresser pour le rejoindre. Judal monta la petite estrade qui le séparait de Sinbad et attrapa rapidement la craie qu'il appuya ensuite contre le bureau sans toutefois tout de suite résoudre le problème. Ses yeux carmins se dirigèrent vers son professeur et d'un sourire malveillant, faisant davantage regretter Sinbad d'avoir posé cette question, un ricanement venu d'outre-tombe traversa les lèvres de Judal.
« Papa Ja'Far a fait la leçon au petit Sinbad en accusant l'horrible Judal, c'est ça ? Il l'a puni en lui interdisant d'adresser la parole à ce monstre qui devrait plutôt être viré que rester tranquillement derrière son bureau à ne rien faire ? Comme c'est triste… Souffla-t-il d'une très fausse voix attristée.
— Réponds au problème et repars à ta place. » Annonça Sinbad d'une voix neutre.
Un éclat de rire remplit la salle alors que Judal prenait en compte l'énoncé et réfléchit quelques secondes avant d'y répondre et reposer la craie, tapant dans ses mains afin d'en retirer les traces blanches laissées par la craie.
« Je préfère quand même le Sinbad érotique dans mes rêves… au moins lui me supplie de continuer. »
Certains étouffements se firent entendre, des messes basses loin d'être discrètes aussi, et Judal retourna à sa place fortement amusé. Il le fut davantage quand il croisa le regard énervé de Sinbad. Oui, il voulait ça. Qu'il lui porte de l'importance, qu'il le regarde même si c'est avec haine ou aversion. Il en avait tellement l'habitude que cela ne le dérangeait pas du moment que Sinbad le regardait. Ça lui suffisait pour l'instant.
Car rien n'est plus douloureux qu'être ignoré de tous.
