Une irrésistible folie
Les larmes brûlent ma peau, parant mon épiderme d'une douloureuse parure de sel. Lacérations sur ma peau, qui déchirent ma chair, la réduisant en lambeaux sanguinolents, mon corps comme à nu sous les ombres de noir vêtues. Mes cris silencieux se perdent dans le néant, le monde demeure sourd à mes appels emplis de désespoir. Je suis seule, désespérément seule. Je ne suis rien de plus qu'une plaie humaine, incapable de me défendre face aux cruels tortionnaires, hilares de mon malheur. Hurlement de souffrance qui s'échappe de ma gorge, écorchée par mes plaintes, mon corps s'arquant devant la foudroyante douleur qui me ronge par vague. Effroi face aux masques macabres qui penchent leurs funestes figures vers moi, prisonnière de liens invisibles.
Tuez-moi... Ne me faîtes plus de mal...
Prière silencieuse qui n'atteindra jamais les oreilles de mes geôliers. Pleurs et cris qui redoublent lorsque l'un d'eux me vole ce que j'ai de plus cher... Hurlement lorsque mon corps se déchire de l'intérieur, torture cruelle qui me brise...
Rendez-moi cette innocence que je chérissais... Rendez-moi cette pureté que j'aimais tant...
Les rires gras m'assourdissent, remplissant l'atmosphère d'une hilarité perverse et morbide... Vice règne en maître...
Tuez-moi... Par pitié...
Mes plaintes se perdent dans l'air, cris d'une âme blessée et brisée... Je me recroqueville sur le sol gelé... La torture est achevée et mes tortionnaires se sont lassés. Ils ont usé et abusé de mon corps pour leur bon plaisir... À présent, c'est à une autre que moi de subir cet innommable jeu qui les amuse tant... Les larmes coulent sur mes joues, rivières brûlantes sur ma peau. Honte et douleur sont ancrées au fond de mon cœur, mon corps tremblant porte les marques de mon supplice infernal...
Assise sur le carrelage noir portant encore les traces de leur passage, je me balance d'avant en arrière, pendule humain saccagé et plaintif. Le temps passe, et je demeure nue sur le sol, mon sang chaud et vif s'échappant tel un serpent de mes plaies. Reptile sanguin évoquant sous mes yeux hagards, des sentiments au sombre apparat. La rage et la haine me tentent, sublimes poisons à la si douce et tendre attirance. Silencieusement, je me relève encore chancelante, et mon regard embué s'arrête sur le reflet que me renvoie le miroir trônant au centre de la pièce sombre. Je vois ce qu'ils m'ont fait subir, et dans mon être, quelque chose de fragile se brise. Je m'approche de mon reflet, poisseux de sang et d'une chose que je ne veux pas admettre. Mon reflet, une autre moi au regard perdu. Tendrement, j'effleure amoureusement ses lèvres froides, m'abandonnant à son étreinte de verre. Puis, je m'éloigne, subtilement, brisant mon imaginaire réconfort. La haine et la peine se sont emparées de moi, me plongeant dans une douce chaleur. Un sourire mutin apparaît sur les lèvres pâles et meurtries de mon reflet, avant de laisser échapper un rire glacial...
Ainsi, Bellatrix Black sombra dans la folie.
