Printemps : La vie est un couloir aux mille tournants.

Tes mains façonnaient la matière avec patience, presque avec tendresse. Non. Pas presque. Tu le fais vraiment avec une tendresse non dissimulée. Tout tes sentiments que tu voulais faire passer, tu les mettais dans ta création. Tu le sentais, tu ne ferais jamais rien d'aussi beau. Tout ton talent, tous les mots que tu n'avais pu dire, tu les transmettais à ta façon. Tu essayais de prouver que tu n'étais pas rien, que tu le faisais pour lui. Tu n'avais jamais su le lui montrer ton amour. Mais pouvait-on appeler ce sentiment amour ? Celui qui vous prenait au ventre, celui qui te faisais rêver, qui te retournait à l'endroit puis à l'envers sans jamais s'arrêter. Ce que tu ressentais.

La nuit tombait doucement derrière la fenêtre. C'était la fin de l'été. Et tu espérais, la fin de ces non-dits. Quitte à ce qu'il soit dégoûté, quitte à ce qu'il demande à ne plus jamais te voir, tu savais qu'il serait impressionné. Tu savais que malgré-lui il y repenserait. Regarderait ta création. Ton art. Ferait courir ses mains le long de sa structure de bois et d'argile. Tu avais tenu à intégrer son matériau favori dans ton chef-d'oeuvre, afin de lui faire plaisir.

Lui faire plaisir...

Toi qui n'avait jamais rien tenté dans ce sens. Qui se bornait à lui adresser un respect égal entre artistes, bien que ton point de vue différait du sien. Quel imbécile... Sa vision de l'art était erronée. Tss... Comment pouvait-on le juger d'une telle façon ? Mais rien n'était pire qu'Hidan. Le religieux prônait l'art du massacre, prétendant avec amusement que celui-ci était d'une immortalité éphémère. Pourquoi penser au Jashiniste ? Ses pensées auraient mieux due être consacrée à lui.

Les larmes coulaient doucement le long de tes joues. Tu te remémorais tous ces moments passés, ces moments si court d'une vie. Pourquoi la vie était-elle si courte, si fastidieuse ? Tu te rappelais d'une phrase qu'il avait sorti un jour dans un élan de philosophie.

" La vie est comme un couloir aux milles tournants. Chaque épreuve t'apporte un nouveau virage dans ta vie, lui redonnant goût, te faisant vivre comme jamais. Alors profite... Profite."

Comme il avait raison... Tu avais hâte de te présenter devant lui avec ton paquet cadeau dans les mains. Tes pensées qui te maintenaient terre à terre te juraient qu'il n'y toucherait jamais, qu'il ne déballerait même pas le cadeau. Sans même lui jeter un regard, le présent aurait disparu. Mais tu n'en voulais pas de ces pensées rationnelles. Tu voulais juste y croire... y croire.

Un microscopique sourire orna tes lèvres, chose n'étant plus arrivée depuis si longtemps. Depuis ce jour... Rien ne servait d'y penser, non non, cela ne mènerait à rien. Se concentrer sur sa création. Voilà qui était plus important.

Les larmes continuaient à se déverser sur ta peau pâle. Les gouttes de l'âme, comme les appelait-il. Comme les appelle-t-il. Tu souriais. Tu te rappelles de ce moment n'est-ce pas ? Ces instant où vous échangiez encore des sourires. De vagues phrases, mais qui te réchauffaient, qui te réchauffent le coeur. Tu poses une main dessus. Le contact sur ta peau te tire une grimace. Ces malformations... Tu te rappelles de sa peau à lui, étrangement douce. Ton coeur est froid, glacé. Inhumain. Tu sais pourquoi. Tu ne dois t'en prendre qu'à toi-même.

Tu essaye de continuer à malaxer cet argile. Qui n'est plus rien pour toi, si ce n'est pour te faire te souvenir de votre dispute. Tu délaisses cette matière pour effleurer la surface dure du bois. Ce qui t'arrache une nouvelle grimace.

Tout te le rappelle. Tu espères que cette offre te pardonnera à ses yeux.

" TU NE COMPRENDRAS JAMAIS RIEN A CE QUE PEUT SYMBOLISER L'ART HM !

- Comment puis-je juger ce qui n'est rien à mes yeux, si ce n'est que défaut ?

- Juger ce qui n'est rien... Apprendras-tu un jour à respecter le travail des autres hm ?"

Un ricanement amer avait envahi la pièce. A côté, les autres membres ne pipaient pas mot, habitués à ce genre de scènes entre eux deux. Ces scènes qui te déchiraient le coeur, qui te le brisaient, qui te l'arrachaient de la poitrine pour mieux le piétiner.

Ton coeur bat si vite. Des promesses et des promesses qui s'échangent silencieusement. Et qui ne sont pas respectées, évidemment. Tu t'acharnes sur la pièce de bois, taillant, sculptant sans t'arrêter.

Tu en as besoin. Tu sais que cette création sera ta dernière. La plus belle de toutes, le Chef-d'Oeuvre ultime. Comme la marionnette du Kazekage, comme le C4. Mais encore mieux. En une beauté fulgurante. Transcendante et éternelle.

Tu ne te souvenais pas de l'avoir vu dans un autre moment que fascinant. Une étoile... Un ange déchu, descendu sur Terre. Tu savais qu'il avait toujours été là pour toi, bien qu'il te le montrait d'une façon étrange. Il avait été là lorsque dans un moment de solitude, tu avais échappé à ce monde, à ces criminels que tu appréciais pourtant, à n'importe quel être vivant sauf lui. Les larmes avaient dévalées tes joues, comme maintenant, et tu les avais cachées. Tu avais tenté du moins car il s'était installé à tes côtés, étrangement silencieux. Il n'avait pas dit un mot et pourtant, il t'avait rassuré et réconforté comme personne d'autre ne l'avait fait avant lui. Qui l'aurait fait de toute manière ?

Tu as l'impression que le temps s'est arrêté. Tu prends ta tête entre tes mains, laissant un fin sourire briser cette carapace de tristesse quand tu entends Kakuzu hurler sur son partenaire. Quand ton oreille descelle le son des baisers entre Konan et le leader. Quand tu sais qu'en bas Itachi et Kisame sont confortablement installés dans la salle commune, l'un lisant un livre et l'autre fixant le premier tâchant d'être discret. Mais toi tu n'en as plus de coéquipier. Il est parti, te laissant seul, sa voix claironnant encore les mots précédant son départ.

"Tu sais que toi et moi on ne s'entendra..."

Tu n'avais pas compris la fin de sa phrase, et tu ne le saurais sans doute jamais. Sa présence s'était estompée avant même que tu n'en ais pris conscience.

Tu entends une porte claquer. Des cris. Tu ne sais plus si c'est tiré de ton inconscient ou du duo des Zombies qui s'énervent, une fois de plus. De toute façon, tu les retrouveras, un sourire aux lèvres, une cuillère ou n'importe quelle chose enfoncée dans la tête de l'argenté, et de nouvelles cicatrices sur le brun. Et toi, toi, tu regrettes. Tu aimerais être eux.

Tu es amoureux.

L'été : Peut-être que nos cerveaux sont entrés en contact ?

Les heures ont passées, lentement, mais sûrement. Lesquelles ont laissées place aux jours, aux semaines. Tu avances dans ton travail, tu sais que tu as encore du chemin à faire avant de pouvoir le juger terminé. Tes pensées sont entièrement dirigées vers lui. Tu fermes légèrement les yeux, tu veux t'imprégner de son odeur. Tu es resté exprès dans son ancien atelier, voulant lui ressembler. Mais tu sais que tu n'y arriveras jamais, tout simplement parce que tu es toi, parce que tu n'es pas lui. Parce que tu n'aurais jamais pu aimer quelqu'un comme toi. Ton caractère, le sien... Ils étaient si différent, si entre-croisés, si radieux mélangés, que tu en as la nausée.

Nostalgie.

La partie rêveuse de ton esprit s'imagine sa réaction lorsque tu lui présenteras ton présent. Un éclat dans ses yeux si beaux, un sourire, une étreinte peut-être.

La partie terre à terre te rappelle qu'il ne pourra jamais l'accepter. Que son visage en face de toi ne cillera pas d'un pouce.

Mais tu n'en as rien à faire de cette mauvaise partie. Tu veux te complaire dans tes rêves, tu veux pouvoir le serrer dans tes bras. Lui murmurer que tu l'aimes, que toi et lui ne feront plus jamais qu'un.

Mauvaise réponse. Voilà tes pensées plongées dans le vide, à la recherche du moindre souvenir de sa part avant qu'il ne parte. Il en vient un. Un qui te fait sourire, qui te ferait presque rire, s'il n'y avait pas ce trou dans ton coeur.

" Vous êtes l'un en face de l'autre, le même sourire inscrit sur le visage. Vous aviez décidé de faire les fous, vous aviez décidé de quitter ces manières sérieuses pour le temps d'une soirée.

O-Bon. La fête des morts.

Le temps d'un soir, se déguiser, se mettre dans la peau d'un autre. Faute d'idées vous aviez décidé, sans même se concerter, sans même avoir été mis au courant par l'autre, comble de l'ironie, de se changer en l'autre. Il était devenu toi. Tu étais devenu lui. Vous ne faisiez réellement plus qu'un. Une seule unité, mais deux âmes ; deux coeurs qui battent à l'unisson. Battaient.

L'un cachant ses mains dans ses poches et sa chevelure blonde sous une perruque, manipulant des pantins de bois toutes les secondes.

L'autre dessinant sur les dites mains, portant également une perruque, blonde celle-ci, et le visage ainsi que les mains couverts d'argiles.

Tu te rappelles encore de l'éclat de rire qu'avaient poussés Kisame et Hidan, tirant une grimace amusée à Kakuzu et à l'impassible Itachi. Konan et Pain vous avaient imités, se dardant l'un et l'autre d'un sourire. Mais dans votre cas, c'était un sourire complice. Une complicité rare, dure à établir. Mais qui t'avait fait avoir des papillons dans le ventre, te donnant l'étrange mais agréable impression d'avoir avalé des chenilles dans la matinée.

" - Alors, ton imagination n'opère plus à ce point que tu viens m'emprunter mes idées hm ?

La phrase avait été demandée sur un ton amusé, moqueur. Non agacé ou encore énervé, mais simplement joueur.

- Il faut croire que nous avons simplement eu la même idée. Peut-être nos cerveaux sont-ils entrés en contact ? Entre artistes on ne sait jamais...

La plaisanterie avait été lancée sur la même intonation, aucunement contrarié non plus.

Tu t'en souviens bien sûr... La soirée avait été fantastique. Et c'est à ce moment là, qu'en voyant l'ensemble des personnes présente, que tu t'étais dit, qu'en dépit de leur étrangeté, elles remplaçaient la famille que tu n'avais jamais eues. Le saké avait délié les langues, faisant naître des paris tous aussi douteux les uns que les autres. Mais tu t'en moquais. Tu t'en moquais car il était à tes côtés, car vous étiez assis dehors en regardant le feu d'artifice.

- L'art est décidément une explosion hm danna ? avait demandé le blond.

Danna... Ce mot restera à jamais gravé dans ta mémoire. Ou peut-être vaut-il mieux que tu l'oublies ? Mais tu ne veux pas. Oh non. Pourtant, tu sais que tu n'as pas le choix.

Un acquiescement amusé provenant du roux, n'ayant pas le courage de contredire son interlocuteur."

Et penché sur ton art, penché sur ce qui, tu n'en doutes pas, fera son bonheur, tu y repenses. Tu dois te sortir ces images de la tête. C'est du passé... Et le passé est derrière soi. Tourne la page t'étais-tu maintes fois ordonné. Tu le sais que tu feras une fois le cadeau offert. Tu te l'es juré cette fois-ci. Tu es obligé de respecter ton engagement. Pour lui. Ce n'est plus pour toi.

Tu le fais pour lui. Parce que tu ne veux pas le décevoir.

Parce qu'une dernière fois au moins, tu veux lui faire plaisir. Puis tu partiras. Triste, tu n'en doutes pas, mais le coeur léger. Pourtant tu n'es jamais allé le voir, pas une seule fois depuis son départ. Mais là, tu en as envie, tu veux lui offrir cet ultime création.

Tu veux lui dire les mots qui n'ont jamais franchi tes lèvres.

L'automne : C'est ta famille, pour aujourd'hui et demain à jamais.

Les semaines puis les mois qui passent n'ébranlent en aucune façon ta détermination. Tu mèneras ce projet à bien. C'est plus qu'une conviction, c'est de l'assurance.

Tu ne sais plus combien de temps cela fait que tu n'as,pas véritablement mangé, que tu n'as pas dormi. Ton excitation est à son apogée, tu sais que tu auras bientôt fini. Il ne manque que quelques modifications.

Tu ressens une fierté incommensurable envers ce que tu as fait, ce que tes mains ont créées. On appelle ça un artiste, et c'est comme ça que tu te sent, comme un créateur. Quelques coups résonnent sur la porte te dérangeant dans ton interminable travail, dans ton art suprême. Oui... C'est comme ça que tu le ressens : Un Art suprême. Le mélange de la destruction et de l'immortalité aboutit à l'Art. Avec un grand A, avec toutes les émotions que l'on peut être capable de faire ressentir. Tu te souviens des doigts qui courent le long de ta porte et tu lâches un "Entre" en murmurant.

La porte s'ouvre en grand, laissant apparaître l'ange de la mort, la maîtresse des Origamis, Konan. Elle vient souvent te voir, peut-être parce qu'elle t'apprécie ? Non. Sûrement pas, ça doit être pour lui. Ou pour ta création ? Tu n'en sais rien, et tu ne veux pas savoir. Elle apporte un vent de douceur qui te le rappelle et qui rafraîchit l'atelier. Ce doit être pour ça que tu l'aimes bien, que tu tolères sa présence ici.

- Tu devrais te reposer... Tu as tous le temps qu'il te faut devant toi pour terminer. Fais attention à toi, murmura la jeune femme avec un sourire rempli d'un mélange de compréhension, de pitié et peut-être aussi de tendresse.

Mais tu ne fais pas attention. Tu te concentres uniquement sur le fait qu'elle comprenne, car tu as besoin qu'on te soutiennes.

- Je ne peux pas... Je ne peux pas, j'ai besoin de... Le reste de ta phrase se perd. Tu sais ce que tu veux, les autres ne sont pas obligés de savoir. Tu peux tout garder pour toi, tu l'as déjà fait.

- S'il te plait, me supplie-t-elle avec lenteur. Descend au moins quelques minutes, tu ne perdras pas de temps... rajoute-t-elle dans l'espoir de me convaincre. Espoir qu'elle juge vain elle-même.

Cependant cette fois, tu te laisses tenter. Tu veux voir les autres ne serait-ce qu'un moment, pour juger comment ils vivent. Comment il s'en sont remis aussi. Tu veux les regarder... C'est ta famille. C'était ta famille, et ça le restera, pour aujourd'hui et pour demain.

Tu acquiesce d'un hochement de tête et te lèves lentement pour la suivre. Tu vacilles un peu sur tes jambes, cela fait longtemps que tu ne t'es pas levé de cette chaise. Kisame te montait tes repas, se sentant coupable. C'est lui qui n'a pas su le retenir, qui l'a laissé partir devant ses yeux. Et les tiens. Tu lui as pardonné pourtant, mais il se sent toujours redevable envers toi.

Tu t'avances prudemment vers la porte, avec ton coeur qui tambourine dans ton torse. Tu n'es pas sorti depuis au moins un bon mois. Si ce n'est plus. C'est pour ça que tu veux les revoir.

Konan te tiens le bras tandis que tu descendes les escaliers avec effort. Tu t'en veux d'être si faible. Tu sais que tu as énormément maigri, mais tu t'en moque. Tu n'as de pensées et d'actions qu'envers lui et ton oeuvre. Ce sont les seules choses qui méritent ton attention. Tout en descendant, tu te demandes comment tu as fait pour accorder si peu d'importance à ce que tu devenais. Un zombie.

Tu mériterais presque d'être accepté dans le duo Kakuzu/Hidan.

Un zombie, un immortel et un centenaire aux cinq coeurs. Quel trio d'enfer... Mais il n'était pas d'humeur à plaisanter. Il ne pouvait plus l'être. Pas quand son coeur lui donnait l'impression d'avoir été saisi et déchiré. Il esquissa un sourire à cette pensée en se fustigeant d'être devenu si fleur bleue.

Tu te retrouves quelques instants plus tard assis autour de la grande table. Les autres mangent, discutent, mais toi tu ne peux pas. Ta gorge est si serrée que tu ne peux rien avaler. Tu appréhendes tellement ce moment... Vos retrouvailles. La rencontre de toi et de lui, une nouvelle fois. Dans une nouvelle version. La voix dans ton crâne te susurre que ce n'est pas pareil, que ce ne sera pas comparable. Tu l'ignores, tu te noies dans ta folie.

- T.. Tu vas bien ?

La voix du célèbre Uchiwa te sors de tes pensées. Tu souris amèrement en te disant que le jour où tu le vois bégayer c'est sans lui. C'était une sorte de jeu entre vous, le premier qui surprendrait Mister Perfection à faire une erreur. Et quand ça arrive, il n'est pas là.

Tu te concentres de nouveau sur la voix d'Itachi, cherchant une réponse passable.

- Mmh, finis-tu par lâcher en un souffle.

La table se fige, les conversations se stoppant brutalement. Tu lâches tes couverts brutalement et t'enfonce la tête dans les bras. Tu ne veux pas voir la pitié dans leurs yeux, la compassion.

C'est quelque chose que tu ne peux pas supporter. Tu ne peux pas, non tu ne peux pas, être considéré comme une faible chose. Tu sais que tu l'es en ce moment, mais tu ne veux pas, non tu ne veux pas, qu'on te le rappelle. Toi qui a toujours voulu être fort, être considéré.

- Si tu t'voyais mon vieux... Reprends-toi en main, si tu veux pas qu'un coup de vent te fasse tomber, se moque Hidan avec suffisance.

En ce moment, tu t'en fiches de ta fierté, tu la laisse tomber. Tu lèves de grands yeux vers lui, toute la reconnaissance du monde dans tes prunelles. Quelqu'un qui ne te prendra jamais en pitié, quelqu'un qui te tournera en ridicule, c'est bien le religieux. Et il ne te plonge pas vers le bas, mais te force à remonter.

Mais cette fois, tu le feras seul.

L'hiver : Le visage ne cilla pas une seule seconde. Et pour cause...

Tu as enfin terminé.

Tu brûles d'impatience, mais tu trembles de frayeur. Le chaud, le froid, tout se mélange. Tu es enfiévré tandis que tu regardes les flocons tomber lentement par la fenêtre. Les montagnes se couvraient doucement de ce manteau blanc de givre et de neige. Toi-même scrute l'extérieur avec impatience. L'hiver est la meilleure saison pour le rencontrer, tu en es sûr. Voilà comment harmoniser d'autant plus ton concept de mélange entre le durable et les explosions. Tu sais que d'autres se préparent à fêter la naissance du Christ, que d'autres achètent leurs cadeaux de Noel, que l'intérieur est décoré d'un sapin. Les guirlandes, les boules, les bougies ornant fièrement leurs épines. Mais toi non. Tu sais qu'il déteste les fêtes.

Tu ne sais pas si la salle commune dispose d'un sapin. Tu n'es pas allé voir, même si tu en as étrangement envie. La curiosité ayant repris le dessus, tu te demandes si ce serait possible de passer voir. Sûrement...

Bien qu'Hidan déteste cette fête qui n'adore pas Jashin mais le Christ, bien qu'Itachi devient mélancolique et nostalgique en pensant à son frère cadet, bien que Kakuzu la juge trop chère, bien que Pain et Konan se remémorent Jiraya et leurs vieux souvenirs, bien que Zetsu ne sait même pas jusqu'à sa signification, bien qu'Orochimaru les ait quitté le soir même de la fête selon la rumeur, un sapin a toujours été planté.

Tu te plais à croire que c'est pour toi. Toi qui a toujours adoré la neige qui tombe, ouvrir les calendriers pour piocher le chocolat, l'odeur des sapins, jusqu'à même le froid, contrairement à ton ancien coéquipier.

Tu descends en silence, sur la pointe des pieds, pour aller vérifier. Un feu flamboyant mais d'une noirceur de jais brûle dans la cheminée, ce qui te fait sourire. Itachi hein ? Celui-ci confortablement installé dans son fauteuil, lève les yeux de son livre pour te fixer avec un étonnement palpable. Tu lui adresses un micro-sourire avant de lui informer que tu vas le voir. Enfin. Pour la première fois.

- C'est pour lui c'est ça ? s'enquit-il avec un semblant de douceur. On croirait voir Itachi Uchiwa, le frère aîné de Sasuke, et non le déserteur criminel. Tu veux que je viennes avec toi ? ajoute-t-il par politesse.

Tu refuses doucement. Tu lui offriras seul. Tu veux voir son visage seul. Et repartir seul.

- Wow mec ! Putain t'es enfin sorti ! J'peux voir alors ce chef d'oeuvre ? demande Hidan en s'approchant, le contour des lèvres maquillé en brun, signe d'un délit de chocolat.

Tu lui montres avec délicatesse, tandis qu'il s'extasie comme un gosse devant son cadeau d'anniversaire.

- Tu t'es gavé mec ! C'est fabuleux ! le flatte le jashiniste, en admiration, avant de prendre un ton plus grave. Je suis sûr qu'il va... adorer.

Tu le remercie avant de faire un signe de la main discret aux autres, qui admirent aussi l'oeuvre avant de te laisser, enfin, partir.

Tes chaussures crissent sur la neige, te gelant la plante des pieds, et imprimant tes pas dans la neige molle. Tu souris, te disant que l'Art sur lequel tu as travaillé toute l'année est enfin prêt. Tu vas le voir, tu vas lui offrir, et ça te remplit d'un bonheur incommensurable, bien que cette insupportable conscience te nargue en avançant le fait que ce ne sera pas pareil.

Les flocons tombent lentement autour de toi, formant comme une aura de neige et de glace. Cela te va parfaitement, bien que tu es originaire d'un pays tout à fait différent. Tu serres la sculpture contre toi, lui prodiguant un peu de chaleur. Rien ne sert de l'empaqueter. A quoi bon ? C'est une immortalité éphémère. Il prépare mentalement les signes à faire.

Tu pousses la barrière, la neige se faisant plus forte, ressemblant à une tempête. Cela servirait tes plans, une tempête de neige... Tu avances peu à peu, un pied avant l'autre, pas à pas. Tu es enfin devant, et puis tu le vois.

Tu fixe son visage si harmonieux, si impassible en cet instant et tu baisses la tête avant de tendre ton cadeau.

Il représente ce que tu as toujours voulu lui transmettre. Un homme en argile tenant par la main un autre fait en bois. Les deux sont peints, représentant, un homme blond sur un oiseau d'argile tenant par la main un roux aux côtés d'une marionnette. Les traits sont précis, parfaits. On dirait une photo en trois dimensions. On dirait un clone. Si ce n'est que ledit clone ferait une hauteur de 50 centimètres. Les mèches rousses balayent le visage pâle du deuxième, étrangement trop réaliste. Quant au premier, sa ressemblance ne peut être jugée qu'évidente. L'oeuvre est d'un réalisme parfait. Les traits sont finement taillés.

Et tu dis ce que tu as sur le coeur.

- Quand je t'ai vu la première fois, je me suis demandé qui était cet homme étrange caché dans une marionnette. J'ai appris que tu jugeais l'art une éternelle beauté, faîte à durer dans le temps, et qui ne se brise jamais. J'ai compris que tu avais peur de la mort. Peur de disparaître. Je t'ai jugé froid, trop impassible, trop sérieux aussi. Imparfait. Puis je t'ai réellement connu. Une personne sensible, qui portait un masque en permanence, une personne adorable. J'ai appris à t'aimer. Et je ne te lâcherais jamais, plus maintenant. Même dans ces conditions, je te le promet, je ne t'oublierais jamais. Jamais, il ne se passera une seule journée sans que je pense à toi. Je suis arrogant, impulsif, colérique, du moins je l'étais. Mais tu as su trouver la véritable personne derrière, tu as su briser ma carapace, et c'est aussi pour ça que, je peux te le dire. Je t'aime hm.

Les larmes dévalèrent le long de tes joues, tandis que tu les essuyais d'une main distraite avant rester droit. Tu posa le cadeau sur le sol gelé et tourna les talons, une seule pensée en tête.

"Je suis enfin allé le voir, je lui ai dit ce que je pensais. J'ai tiré un trait sur mon passé."

Et la pierre sur laquelle il avait posé son ultime oeuvre d'art explosa d'un coup suite à un enchaînement de gestes qui détruisit intégralement l'effigie de Deidara et de son oiseau, laissant la marionnette de Sasori et Sasori lui-même intact.

- L'art est une explosion hm... lanças-tu avant de t'éloigner, les larmes coulant toujours le long de tes pommettes.

Et si quelqu'un était revenu, si tu as tourné les talons pour revenir inspecter le reste de ton oeuvre, on aurait pu voir une sculpture de Sasori et de sa marionnette du Kazekage à côté d'une inscription sur le sol.

Ci-gît Sasori no Akasuna.

Décédé en mission avec Hoshigaki Kisame

La mort est la seule chose qui soit éternelle.*


Alors vous en avez pensé quoi ? Reviews please :D Je sais en général je n'insiste pas autant, mais vraiment s'il vous plait, dîtes moi vos avis même négatif, car c'est mon premier Os x)

Et vous pensiez que qui parlait au début ? :D

Rendons à César ce qui est à César, j'ai emprunté à la fiction " Les mots que je n'ai pas su te dire " les interlignes avec les saisons x)

* Sauf avec Edo-tensei x)