Voici la première fiction que je publie sur ce site. L'idée m'est venue grâce à mon amie princessedusahara (Emma), puis je me suis lancée dans l'écriture de ce One-shot qui, je l'espère, vous plaira. Tous les droits d'auteur reviennent bien évidemment à Suzanne Collins.
La jeune fille se contemplait dans la glace. Ses fougueuses mèches brunes avaient été tressées en deux nattes se mêlant dans un haut chignon, mettant en valeur sa nuque dénudée. Sa longue robe blanche offrait un superbe bustier, qui dévoilait la courbe de ses épaules et le creux de son cou, où venait se nicher la perle qu'il lui avait offerte. Gemme au cœur, geai moqueur. Son visage pâle gardait les reliques du passé, les jeux lui ayant laissé une cicatrice à la tempe. Sans compter les blessures du cœurs qui, elles, ne s'effaceraient jamais.
La douleur était toujours là, profonde, poignante. Mais les années avaient aussi laissé place à la joie et à la tendresse. Car en ce jour de mai, Katniss avait toutes les raisons d'être heureuse : elle allait épouser celui qu'elle aimait. Si Prim avait été là, qu'aurait-elle dit ? Elle n'aurait pu être plus ravie. Et pourtant, la jeune fille avait bien du mal à se réjouir du bonheur qui allait se produire. Elle aimait Peeta oh oui, Dieu qu'elle l'aimait ! Mais le temps avait aussi laissé place à l'incertitude, au doute. Leur relation était basée sur la souffrance, et Katniss avait eu beaucoup de mal à aimer de nouveau après la fin des jeux. Les vieux démons revenaient la hanter chaque nuit, la faisant plonger dans la peur et la dépression.
Peeta avait toujours été là pour elle. Il était l'épaule sur laquelle se poser. Lui aussi avait énormément souffert, et ils se soutenaient mutuellement dans leur malheur. Et puis, peu à peu, ils étaient parvenus à reconstruire, à se reconstruire. En réalité, tout se reconstruisait autour d'eux, l'économie entière en ébullition. La destruction des districts et la chute du capitole entraînèrent une réorganisation de Panem. De petites villes naquirent, la démocratie s'installa non sans difficultés. Le jeune couple habitait un petit appartement étroit dans la capitale, sans cesse sollicités par les médias. Tandis que Katniss s'occupait des orphelins blessés par la guerre, Peeta jouait à merveille son rôle de sauveur du pays, étudiant à mi-temps dans une prestigieuse école d'arts. Il était adulé par tous, et son emploi du temps s'en ressentait. Ses journées ne lui laissaient pas un instant de répit, et il décompensait le soir en faisant la fête jusqu'au bout de la nuit avec ses amis artistes. Ce que Katniss voyait d'un très mauvais œil. Plus d'une lui tournaient autour, attirées par sa célébrité et non pour sa personne. Et puis, il y avait les paradis artificiels. Qui lui permettaient de noyer son chagrin, d'oublier sa peine.
Un jour, la situation déborda. La goutte d'eau qui fit déborder le vase, ce fut ce soir où il rentra chez eux à une heure bien tardive, complètement ivre. Sa démarche était hésitante, et il empestait l'alcool. Il s'affala sur le canapé tandis qu'elle le fixait, d'un regard neutre.
- Allez, viens, balbultia-t-il en ôtant sa veste, faisant entrevoir une chemise qui laissait dépasser une trop grande partie de son torse selon elle. Cela faisait longtemps que... j'attendais ça.
Mais elle ne le fit pas, se contentant de répondre :
- Non.
Abasourdi, le jeune homme déclara :
- Comment ça, non ? Arrête de te prendre la tête. Tu en as autant envie que moi.
- C'est ce que tu crois, trancha-t-elle d'un ton sec. Pour qui me prends-tu, bon sang ? Je fais tout pour toi, tandis que tu vas te saouler et faire mumuse avec d'autres ?! Et tu penses que je vais revenir te chercher, et faire comme si de rien n'était ? Et bien si c'est le cas, tu te trompes. Tu... tu me dégoûtes. Dégage. Dégage !
Sa voix se brisa en ces derniers mots.
- Très bien. Si tu veux.
Il se leva en titubant et sortit en claquant la porte. Katniss se retrouva seule, dans tous les sens du terme. Les jours passèrent, sans aucune nouvelle de Peeta. Mais qu'avait-elle fait ? Les remords se mêlaient au doute, à l'inquiétude. Il était capable de tout pour elle, elle le savait si bien. Même de se mettre en danger. Les jours se transformèrent en semaines, les semaines en mois. Elle commençait à désespérer et à réaliser que, sans lui, elle n'était rien. Il ne passait pas un instant sans qu'elle pense à lui, qu'elle imagine son visage, sa voix, son parfum. Son absence causait une abysse dans son cœur.
Et puis, un beau jour du début de printemps, on sonna chez elle. Katniss fut surprise, car elle ne recevait que rarement des visites. Elle ouvrit la porte, et se retrouva nez à nez avec Peeta Mellark. Métamorphosé. Il avait soigneusement peigné ses boucles blondes, arborant un superbe costume qui mettait en valeur son corps athlétique et il tenait dans les mains un bouquet d'immortelles. Katniss, qui connaissait la signification de celles-ci, mourait d'envie de se jeter dans ses bras, mais son orgueil en prendrait un coup.
- Tu penses pouvoir me reconquérir comme ça ? demanda-t-elle en regardant les fleurs.
- Effectivement, je ne suis pas assez fou pour le prétendre. Aimer Katniss Everdeen était déjà un acte assez fou en soi. Fou, je ne sais pas si je le suis, mais stupide, certainement. Peut-être que les deux sont liés ? Alors, pour résumer, je suis stupide mais surtout fou à lier de toi, Katniss Everdeen. Et ça, rien ni personne ne pourra y remédier.
Et sur ces mots, elle l'embrassa. Passionnément, savourant le plaisir des retrouvailles.
- Je t'aime aussi, Peeta Mellark. Et rien ni personne n'y remédiera.
Le temps des réconciliations vint ensuite. Il lui expliqua qu'il s'était comporté de manière égoïste, qu'il regrettait ce qu'il avait fait, que plus jamais il ne recommencerait. Pour s'excuser, il l'invita un soir à un rendez-vous galant dans un lieu tenu secret. Il lui banda les yeux et la fit monter à l'arrière de son vélo qu'il enfourcha pour une balade mystère dans le capitole. Sous les regards étonnées des passants, Katniss riait au éclats, profitant de ce voyage invisible guidé par les odeurs, les sons... Le vent lui caressait les cheveux et, pour la première fois depuis longtemps, elle se sentait vivre. Sa perception se précisait peu à peu, l'air devenait plus frais, les voix se faisaient plus rares, l'agitation diminuait... Elle aurait pu s'en inquiéter, mais la présence du jeune homme suffisait à apaiser ses craintes. Leur escapade prit fin et elle descendit maladroitement. Quand il lui ôta le bandeau, elle poussa un petit cri de surprise. Devant elle se dressait une magnifique église de style ancien, aux vitraux rosacés et à l'architecture gothique. Ils se trouvaient sur une place déserte, sans aucune circulation. Bordée par des arbres, seule une fontaine à son centre rompait le silence nocturne. Katniss était émerveillée elle n'avait jamais vu de monuments datant de « l'Ancien Temps ». Elle ne savait même pas qu'il en restait au capitole. Ce petit bijoux de calme et de quiétude contrastait avec la ville tumultueuse, qui ne dormait jamais.
- C'est... Incroyable, lâcha Katniss
- Et pourtant bien vrai. Les gens ont peur de venir ici, et l'église a été abandonnée depuis bien longtemps. Cela doit leur rappeler la guerre. Moi, ça m'évoque plutôt la paix. Allons à l'intérieur.
Elle le suivit, et ils pénétrèrent dans le bâtiment. La hauteur du lieu lui coupa le souffle. Il était clair que rien n'avait été entretenu : les colonnes s'effritaient, des carreaux gisaient au sol. Ce qui avait du être autrefois un lieu de beauté et de prière s'était transformé en vestige sacré. Il régnait une atmosphère indescriptible. Quelqu'un – dont Katniss devina tout de suite l'identité – avait allumé des cierges et les avait disposés le long de l'autel. Ils remontèrent l'allée et Peeta lui invita à lever les yeux au dessus du chœur.
Katniss eut le souffle coupé. Il y avait peint une fresque représentant les deux amoureux en train de s'embrasser. Elle connaissait son talent, mais le réalisme de la scène était impressionnant. L'émotion la submergea et elle lui prit la main. Ils se tenaient là, côte à côte, silencieux. Puis Peeta s'agenouilla face à elle, sortant de sa poche un petit boîtier de velours qu'il ouvrit délicatement. Elle contenait un superbe anneau d'argent. Il se racla la gorge et déclara d'un ton solennel :
- Katniss Joyce Everdeen, voulez-vous m'épouser ?
L'heureuse élue éclata de rire et s'apprêta à répondre quand une voix les interpella :
- Tiens tiens, mais qui voilà ? Ne serait-ce pas les amants maudits ?
Ils se retournèrent en sursaut. Devant la porte se tenait un homme dont le visage ne leur était pas inconnu. Il s'agissait de Plutarch, dont Katniss s'était toujours méfié. L'homme s'avança et sortit un pistolet de son blouson, ce qui confirmait bien ses craintes. Peeta se plaça instinctivement elle.
- Oh, comme c'est mignon ! minauda-t-il en observant la scène. Roméo qui protège sa belle, voyez-vous ? Votre destin est tragique jusqu'au bout. Vous n'êtes pas armés, et vous n'avez pas d'issue. Votre disparition ne passera pas inaperçue, mais hélas, aucun témoin ne peut prendre votre défense. Vous n'échapperez pas deux fois à la mort, croyez-moi.
Il plaça son arme devant lui. Rien à faire : ils étaient pris au piège, comme des animaux en cage. Soudain, Peeta la prit par le bras et ils se mirent à courir. Le coup de feu détona. Le couple franchit une petite porte à gauche de l'orgue, et ils débouchèrent sur un labyrinthe de ruelles étroites et peu fréquentées. Ils eurent vite fait de se perdre dans ce dédale, guidés par leur instinct de survie. Leur respiration haletante et leurs pas apeurés faisaient écho au silence de marbre. Le tueur était à leur trousse. Tout à coup, Katniss plaqua le jeune homme dans l'encolure d'une porte, lui faisant signe de se taire. Ils entendirent la démarche de Plutarch se rapprocher, son souffle rauque se faisant proche. Puis il sembla s'arrêter et repartir dans la direction inverse. Ils avaient réussi. Ils l'avaient semé.
Toutefois, rien n'était gagné. Il restèrent là, longtemps, blottis l'un contre l'autre pour lutter contre le froid.
- Peeta... Je ne me sens pas bien ici, lâcha-t-elle dans un murmure. Je n'aime pas la ville, et dans celle-ci, je ne me sens jamais en sécurité. J'ai la sensation d'étouffer, d'être une proie permanente. Ce n'est pas lié à ce qui vient de se passer, cela aurait pu arriver ailleurs. Mais...
- Je comprend, fit-il. Il m'arrive de ressentir la même impression. J'ai envie de passer à autre chose. Demain, dès l'aube, nous prendrons le train.
Elle n'objecta pas, déposa un baiser sur sa joue mal rasée et s'endormit sur son épaule. Puis, quand les premiers rayons du jour apparurent, ils se mirent en route vers le centre-ville, en direction de la gare. C'était un bâtiment à l'architecture incroyable, terriblement moderne : une immense sphère de verre planant au dessus de tout. Ils y pénètrent par un ascenseur transparent, accédant dans un hall dont la hauteur sous plafond ne semblait jamais prendre fin. Des escalators suspendus longeaient les murs, permettant de se rendre dans les différents quais. Ils prirent leur ticket pour un petit village situé au bord de la mer, sur la côte ouest. Puis il passèrent les différents contrôles de sécurité et allèrent rejoindre le quai. Le train ne tarda pas. Ils prirent place à bord, et le trajet leur parut interminable, entre le bébé pleurant derrière et le vieil homme pestiférant à leur droite.
En arrivant, ils trouvèrent un petit bourg ravissant, aux maisons typiques. Une vieille commune de l'ancien district 4, épargnée par la guerre malgré sa modestie. Grâce à l'argent mis de côté, ils s'installèrent dans une ravissante petite maison au centre du village, dont la façade de briques se fondait à merveille dans le paysage balnéaire. Ils disposaient d'un adorable jardin, où Katniss fit pousser fruits et légumes. Peeta reprit la boulangerie locale, et ravit tous les habitants par ses délicieuses pâtisseries. Il consacrait son temps libre à la peinture. Tous deux se contentaient de leurs productions, leur alimentation essentiellement constituée de pain et de végétaux. De temps en temps, Katniss se rendait dans les bois pour chasser le lapin ou le daim. Annie et son fils n'habitaient pas loin, et ils venaient souvent rendre visite à leur filleul, qui grandissait de jour en jour. Leur vie prit un fil paisible, très simple, parsemée de petits plaisirs. Le coucher du soleil sur l'océan. Les pique-nique au bord de l'eau. Les balades en forêt. Les rares dîners au restaurant parsemés de champagne. Les dimanches matins ensoleillés à traîner sous la couette, juste tous les deux, sans contraintes, libres. L'amour. Bref, le bonheur.
Le bonheur, pensa-t-elle Voilà ce qu'elle vivait. Alors bon sang, pourquoi devait-elle toujours se compliquer les choses ? Un léger tambourinement sur la porte la tira de ses pensées. Un peu étonnée, elle alla ouvrir et se retrouva nez à nez avec sa mère.
- Maman ?
Habituellement peu soignée, celle-ci avait fait beaucoup d'efforts pour l'occasion. Elle portait une robe bleu, très sobre, faisant ressortir les iris pâles font ses filles avaient hérité. Elle avait coiffé ses cheveux qui, d'ordinaire blond terne, avaient été teints et resplendissaient. Son visage, d'ordinaire rongé par la tristesse et tiré par la fatigue, semblait apaisé, heureux. Oui, elle avait l'air heureuse, pour la première fois depuis la mort de son père.
- Ma chérie, fit-elle en lui caressant la joue. Désolée de t'interrompre dans ta préparation, mais il fallait absolument que je te parle. Avant la cérémonie. Je... Je voulais te dire pardon. Pardon de n'avoir pas été une bonne mère pour Prim et toi. J'aurais dû me montrer forte, veiller sur vous. J'ai été faible. Je m'en veux, de ne pas avoir pu vous offrir l'affection que vous méritiez. De vous avoir élevées dans la peur. J'avais si peur de vous perdre, que l'attachement était difficile. Et maintenant... J'ai du mal à réaliser que tout ça est fini. Je veux dire... Les jeux, la misère... Oh, je suis tellement heureuse pour toi ! Lâcha-t-elle dans un sanglot. Je voulais simplement te dire que... Je t'aime.
- Maman... répéta la jeune fille. Moi aussi, je t'aime.
Mère et fille se prirent dans les bras. Katniss était au bord des larmes. Quand elles desserrèrent leur étreinte, sa mère lui adressa un mince sourire :
- Va, je ne vais pas te faire perdre du temps... Je pense que c'est l'heure. Je vais rejoindre les invités.
Puis elle repartit sous le regard attendri de sa fille.
Quelques secondes après son départ, quelqu'un d'autre frappa à la porte. Il s'agissait de Posy, la jeune sœur de Gale qui, du haut se ses quinze ans, semblait toute désignée pour être sa demoiselle d'honneur. Elle portait une couronne de fleurs dans les cheveux, qui soulignait à merveille son visage empreint d'innocence et ses grands yeux gris, typiques de la Veine.
Quand ils avaient évoqué devant Effie l'idée de se marier, celle-ci avait décidé de tout prendre en main, pour le meilleur et pour le pire. Et autant dire qu'elle avait vu grand. Elle avait réservé comme lieu pour cet événement l'église où Peeta avait demandé sa petite amie en mariage. A vrai dire, elle convenait parfaitement à l'occasion. Jardin aménagé pour la fête, invitations par dizaine, robe de princesse, vaisselle de cristal, orchestre symphonique, repas somptueux et gâteau en pièce-montée : elle avait tout prévu, jusqu'au moindre détail. Mais Katniss se fichait bien de tout cela tout ce qui comptait pour elle, c'était l'amour de Peeta et rien d'autre.
- Tu te sens prête ? Demanda-t-elle avec douceur
- Je... je pense, répondit Katniss.
Celle-ci réajusta une dernière fois son voile, jeta un dernier coup d'œil au miroir et quitta sa loge en compagnie de l'adolescente. Elles longèrent le couloir et débouchèrent sur la place. La future mariée fut éblouie par la lumière du soleil, et mit quelques secondes avant de l'apercevoir. Lui. Il arborait fièrement un costume blanc qui le saillait à merveille, et son expression était sereine, émue. Elle s'approcha lentement de lui. Ils se jetèrent un bref regard : « tu es prête ? ». La question sous-entendue prenait ici un tout autre sens. Oui, elle pouvait désormais l'affirmer. Elle avait tant attendu ce moment.
Côte à côte, ils remontèrent l'allée qui menait au chœur de l'église. L'orgue se mit à résonner d'un son profond, qui emplit les hauts murs du monument. Les secondes qui suivirent furent hors du temps, le couple transporté à des années lumières de cela. Devant eux se tenaient Vic et Roxy, frères cadets de Gale et témoins du couple. L'ainé, la majorité atteinte, était métamorphosé : il dégageait désormais l'assurance d'un homme. Katniss jeta un regard à la foule qui remplissait les bancs de l'église. En plus de leurs amis actuels, ils étaient tous là. Madge et Gale étaient venus avec leur fille, une ravissante blondinette du nom de Clarisse, qui venait de naître. Les parents des deux tourtereaux les avaient accompagnés, et Katniss eût du mal à reconnaître ceux dont les années étaient passées par là. Annie et le petit Jack qui, du haut de ses huit ans, affichait un visage fier si semblable à celui de son père, les mêmes boucles blondes, les mêmes lèvres pulpeuses, le même air charmeur. Il avait cependant hérité des beaux yeux verts de sa mère. Delly et son petit ami, Josh, étaient aussi venus. Ils étaient parents de deux jumeau, une paire de petits monstres sur pattes malgré leurs airs d'anges dans leurs tenues de fête. Les anciens assistants des tributs du district douze avaient fait le chemin pour venir ici. Se détachaient de la masse la famille de Rue, et Katniss fût vraiment touchée par la venue. Après tout, elle ne leur devait rien, bien au contraire. Et puis, étaient présents tous les habitants de ce que fut le district douze, des camarades, des cousins éloignés, des collègues, des connaissances. Des anonymes, perdus de vue, mais qui avaient composé leur jeunesse.
Et, dans son plus beau costume, Haymitch Abernathy, officiant le rôle de curé. Sobre. Il prononça les mots suivants :
- Bien, hum... Que dois-je dire déjà ? Ah oui. Monsieur Peeta Mellark, voulez vous prendre pour épouse Mademoiselle Katniss Everdeen ici présente ?
Il planta son regard d'azur dans ses yeux clairs. Il avait le don de la faire chavirer.
- Oui, je le veux.
- Mademoiselle Katniss Everdeen, voulez vous prendre pour époux Peeta Mellark ici présent ?
Elle reprit son souffle et laissa tomber les mots qui suivirent, résonnant tels une promesse.
- Oui. Je le veux.
- Bien, fit Haymitch, si personne dans cette salle ne voit d'objection à cette union, bla bla bla, bref, je vous déclare unis par les liens sacrés du mariage, jusqu'à ce que la mort vous sépare. Vous pouvez embrasser la mariée.
Ils se passèrent les bagues au doigt. Pour ceux qui voyaient la scène, deux simples anneaux, en argent pour Katniss et en or pour Peeta. Pour eux, un symbole. Sur celui du jeune homme, il était gravé les mots « Réel ou pas réel ? ». Et sur celui de la jeune fille, « Réel ». De simples mots qui représentaient tant de choses à leurs yeux.
Puis il l'embrassa. Un baiser comme tant d'autres, mais dont elle se souviendrait tout sa vie. Tendre et fougueux, doux et passionné.
- Bon, ce n'est pas que, objecta Haymitch en observant le couple d'un air écœuré, mais j'ai bien envie d'aller picoler un peu, moi.
- Haymitch ! Le gronda Effie d'un air amusé. Bien, trêve de discours, je déclare la fête ouverte !
Et ce fut une fête mémorable. Le jardin à l'arrière de l'église avait été aménagé pour l'événement. Tout avait été décoré dans les moindres détails. Un buffet somptueux était offert aux convives, dressé sur d'immenses tables recouvertes de nappes blanches. Tout y était servi à volonté, et les meilleurs vins avaient été sélectionnés par Haymitch – fin connaisseur. Le soleil resplendissait et la douceur embaumait l'air de cette après-midi de juin. Les enfants couraient dans l'herbe, jouaient, s'arrosaient avec l'eau des fontaines pour se rafraîchir. Du côté des adultes, on mangeait, on buvait, on dansait. Le décalage générationnel, pourtant présent, ne gêna personne. Bien au contraire. La musique se mêlait aux éclats de voix. Beaucoup retrouvaient des amis perdus de vus, de vagues connaissances oubliées. Ce fut le moment de prendre des nouvelles. De rire, aussi. Peeta charmait tout les convives par son irrésistible sens de l'humour. Mais Katniss restait elle aussi au cœur de l'attention de chacun, éblouissante par sa beauté révélée. Elle reçut une foule de compliments, ce qui la fit rougir à plusieurs reprises.
En fin d'après-midi, les petits réclamèrent le gâteau. On sortit donc l'immense pièce-montée confectionnée par Peeta en personne. Incroyable. Une dizaine de couches, alternant le nacre et le poudré. Or rose et or blanc. Le tout recouvert d'un glaçage délicat orné de fruits des bois parfumés, tout juste cueillis en ce début d'été. Telle une statue sur son piédestal, une représentation des époux réalisée en sucre avait été déposée au sommet de la pâtisserie.
Malgré le coucher du soleil, la fête ne s'essoufflait pas, bien au contraire. Les jeunes parents quittèrent le lieu, ravis, avec leurs enfants dont les tenues onéreuses ne ressemblaient plus à quoi que ce soit. Les plus courageux restèrent pour la deuxième partie, moins familiale, plus festive. Leur cercle d'amis les plus proches. Les rires se firent plus forts encore, la musique s'intensifia.
Katniss cherchait désespérément Peeta quand une voix la fit sursauter :
- Mlle Everdeen, m'accordez-vous cette danse ?
C'était Rory, le frère de Gale. Très élégant dans sa chemise repassée et ses bottines de cuir, elle lui tendit sa main en riant. Et ils se mirent à danser. L'alcool aidant, le jeune homme n'était pas très doué pour ça ! Toutefois, il n'y avait aucun sous-entendu entre eux, même si Vic louchait sur le décolleté de sa partenaire, ce qui l'amusait plus qu'autre-chose. Elle revivait pleinement les seize ans dont la vie l'avait privée. A côté d'eux, la jolie Posy dansait avec un bel inconnu, sous le regard plus que protecteur de Vic.
Quand la musique prit fin, Katniss se détacha de Rory – qui semblait un peu déçu – et repartit à la recherche de son bien-aimé. Bon sang, où était-il ? C'était comme de chercher une aiguille dans une botte de foin tant la soirée regorgeait de monde ! Elle se frayait un chemin entre chacun. Elle finit par le trouver, près du bar, en pleine discussion avec un de ses anciens professeurs de l'école d'art. Discussion très technique, à en juger par les termes qu'ils employaient. Et un peu mouvementée.
- Peeta ?
Le jeune homme se retourna et l'interrogea du regard.
- Il faut que je te parle s'il te plaît. C'est vraiment important.
Il adressa quelques mots à son interlocuteur, et la rejoignit en soupirant :
- C'est vraiment important Katniss ? Parce que j'étais en train de conclure l'affaire du siècle ! Il voulait m'acheter un de mes tableaux, pour une somme...
- C'est vraiment super, Peeta. Mais... Allons nous isoler.
Ils se faufilèrent à travers la foule, suivant le pas déterminé de la jeune femme. Elle l'amena tout au fond du jardin, dont la hauteur permettait de voir en contrebas tout le Capitole illuminé dans la nuit. Une vue à couper le souffle. Leurs regards, après avoir caressé le paysage, finirent par se croiser et Katniss prit son courage à deux mains.
- Peeta... Je voulais te le dire depuis longtemps mais...
Ne trouvant pas les mots pour l'exprimer, elle prit doucement la main du jeune homme et la posa sur son ventre, très légèrement rebondi. Il comprit immédiatement la signification de ce geste et se laissa submerger par l'émotion.
- C'est... C'est le plus cadeau que tu aies pu me faire.
Et il l'embrassa.
Voilà ! J'espère que cette histoire vous a plu ! N'hésitez pas à poster une review, je suis ouverte aux compliments comme aux critiques (constructives bien sûr). Si jamais vous souhaitez que j'écrive d'autres OS, que vous avez des idées à me transmettre ou encore des questions à me poster, vous pouvez le faire par commentaire, j'y répondrai avec plaisir.
