Avertissement :

Cette fanfiction est entièrement fondée sur ma passion honteuse et pas complètement assumée pour le charme désuet des elfes de Tolkien. Ils me rappellent mon moi adolescente, fan des chevaliers de la Table Ronde et des histoires d'amour courtois, où les dames sont toutes belles et gracieuses et les chevaliers bons et nobles (même si j'ai toujours trouvé Aragorn et Arwen un tout petit peu too much... l'histoire de Beren et Luthien par contre est trop belle!).

Cette fanfiction n'a donc pas d'autre vocation que de me livrer à ce petit plaisir de retomber un peu en enfance, quand les contes et les histoires étaient simples, où la créature moche et habillée de noir était le méchant et où le beau chevalier blanc aux cheveux d'or était le gentil.

Entre deux épisodes de Game of Thrones, on a bien le droit de rêvasser!

Je n'ai pas envie de passer longtemps sur cette fanfiction, d'autant plus que ma motivation se révèle souvent défaillante et que je ne m'attendais pas à écrire quoi que ce soit dans ce fandom (mon cerveau ne veut jamais travailler sur ce qu'il est censé faire T.T), donc cela devrait être des scènes courtes, qui n'auront pas forcément de rapport direct les unes avec les autres, mais qui ensemble formeront une histoire cohérente.

J'espère que vous aimerez ^^

oOo

Dire que la relation d'Erestor et Glorfindel avait mal commencé pourrait certainement être cité comme un exemple parfait d'euphémisme.

Glorfindel, par un miracle dû aux Valar, n'avait aucun a priori sur le conseiller en chef du seigneur Elrond. Il n'était pas elfe à prendre la mesure des gens en écoutant les rumeurs et n'avait donc demandé à personne qui était le sombre Erestor avant de le rencontrer. S'il l'avait fait, il aurait entendu exactement la même chose, peu importe l'elfe auquel il aurait posé ses questions : Erestor était intelligent, fin tacticien, rusé et subtile, mais aussi particulièrement sévère, froid et revêche. Il était exigeant et implacable et peu d'elfes trouvaient grâce à ses yeux, car il n'acceptait rien d'autre que la perfection.

Erestor intimidait la moitié des habitants d'Imladris et terrorisait l'autre.

Ces qualités comme ces défauts en faisait le meilleur conseiller d'Elrond et un gardien féroce d'Imladris, mais un piètre compagnon et un elfe que vous ne voulez certainement pas près de vous lors d'une fête ou d'un quelconque événement joyeux. On ne lui connaissait d'ailleurs pas d'amis ou de proches, si ce n'était le seigneur Elrond lui-même et l'intendant Lindir, avec lequel Erestor travaillait en étroite collaboration.

Une telle description aurait pu influencer Glorfindel pour le pire, mais comme il n'avait rien entendu de tout cela, il s'était présenté au Conseil d'Elrond sans aucun préjugé mais également sans les avertissements bien nécessaires à toute nouvelle introduction avec le conseiller très estimé d'Elrond. Aussi, lorsque le couperet lui tomba dessus, Glorfindel resta-t-il muet de stupeur et incapable de prendre la parole pour se défendre.

- Je ne suis pas sûr que le seigneur Glorfindel soit l'elfe le plus approprié pour le poste, avait dit Erestor d'une vois douce et grave après l'annonce du seigneur Elrond.

Les yeux de tous autour de la table s'étaient tournés sur le conseiller, exprimant une même perplexité.

- Je conviens que le seigneur Glorfindel est un guerrier exceptionnel. Sa légende parle pour lui. Mais un bon guerrier ne fait pas un bon meneur d'homme et un bon stratège et, pardonnez ma franchise, mais je ne suis pas sûr de faire confiance en un guerrier qui laisse sa vanité avoir raison de son bon sens et donne à son ennemi l'opportunité de le vaincre en le traînant littéralement par les cheveux.

La pique avait été acérée et s'était plantée profondément. Glorfindel n'avait pu que regarder Erestor sans rien dire, le visage figé et le corps raidi par l'attaque inattendue. Le conseiller avait laissé ses mots se ficher profondément dans les consciences alors que son regard noir et tranchant examinait attentivement le visage du seigneur Glorfindel.

- Seigneur Glorfindel ? Voulez-vous vous défendre ? avait demandé le seigneur Elrond, d'une voix douce après avoir jeté un regard sévère à son plus proche conseiller.

Glorfindel n'avait pas dit un mot. Au lieu de cela, il s'était levé, et Elrond se voyait déjà présenter des excuses à la place d'Erestor et implorer l'elfe aux cheveux d'or de se rasseoir quand Glorfindel avait empoigné ses cheveux d'une main et sa dague de l'autre. L'un des conseillers avait à peine eut le temps de crier un « Mon seigneur ! Non ! », avant que le tranchant de la lame ne fasse un bruit d'argent et que de longues mèches épaisses et bouclées ne tombent sur la table.

Le visage toujours aussi fermé, Glorfindel avait rengainé sa dague et s'était assis. L'ancien seigneur la maison de la Fleur d'or n'y était pas allé de main morte et ses boucles, qui dégringolaient il y a si peu de temps en cascades jusqu'à ses hanches, atteignaient à peine ses épaules désormais. Toute la tablée, à l'exception d'Erestor, regardaient les mèches impitoyablement tranchées avec horreur.

- Je maintiens mon conseil, Lord Elrond, reprit Erestor. Nous sommes peut-être en paix pour le moment, mais c'est une paix tellement fragile que les Valar ont trouvé nécessaire de nous envoyer de l'aide en les personnes du Seigneur Glorfindel et des Istari. L'ancien Royaume en Exil d'Arnor n'est plus. Ce qui en reste est divisé en trois royaumes désunis et querelleurs. L'Ennemi a été affaibli mais pas vaincu, et du sort du Fléau d'Isildur, nous n'avons aucune nouvelle. Cela fait à peine un an que le seigneur Glorfindel est revenu du pays d'Aman. La situation que je viens de vous décrire, il ne la connaît que par des récits. Ses connaissances ne sont que de secondes mains et il doit encore apprendre les dynamiques de ce Troisième Âge, qui n'a plus rien à voir avec le Premier. Songez que la Lothlorien et le Greenwood n'existaient pas à l'époque de l'apogée de Gondolin et que les Hommes n'étaient pas encore la force qu'ils sont aujourd'hui.

Les réflexions d'Erestor provoquèrent un nouveau silence, cette fois-ci plus méditatif.

- De plus, renchérit d'un ton sec le terrible conseiller, j'ai peur que le seigneur Glorfindel n'ait pas encore complètement guéri du chagrin causé par sa mort et la chute de Gondolin. Nous avons besoin d'un capitaine doté de sang froid et qui ne réagira pas à la première provocation avec pétulance et témérité.

Cette fois, la remarque causa un grand émoi autour de la table.

- Seigneur Erestor ! Comment pouvez-vous être aussi insensible ! s'écria Lindir en se levant vivement de sa chaise, scandalisé. Vous parlez bien légèrement de la douleur du seigneur Glorfindel ! Vous l'avez attaqué par surprise alors qu'il se croyait en compagnie d'alliés et d'amis ! C'est un mouvement indigne de vous !

- Peut-être l'est-il, concéda Erestor. Mais mon rôle est de concevoir ce qu'il y a de mieux pour la sécurité d'Imladris et de ses habitants, et je ne pense pas qu'en l'état des choses le seigneur Glorfindel soit le meilleur capitaine que l'on puisse trouver.

Lindir allait visiblement répondre avec véhémence mais Elrond, qui n'avait pas l'intention de laisser la tension monter au-delà des sommets qu'elle avait déjà atteints, intervint avant que le débat ne s'envenime davantage.

- J'ai entendu les arguments des uns et des autres. Je propose donc une solution intermédiaire. Handir, si cela vous conviens, je vous propose de garder vos fonctions de capitaine intérimaire. Seigneur Glorfindel, vous serez le chef de la garde et obéirez aux ordres de Handir, le temps d'apprendre sous sa supervision et de vous adapter à notre nouvelle époque. Vous le remplacerez quand vous serez prêt. Cela vous conviendrait-il ? demanda Elrond en balayant les membres du Conseil du regard.

- Cela me semble une disposition sage et raisonnable, mon seigneur, répondit Erestor en inclinant la tête.

Handir, si on devait en juger par la rougeur qui fleurit de ses joues jusqu'à la pointe de ses oreilles, était très émotionné à l'idée d'avoir le célèbre Tueur de Balrog sous son autorité :

- Mon... mon seigneur ! balbutia-t-il en se levant. Ce serait un honneur !

Et il s'inclina profondément devant le seigneur Elrond puis devant Glorfindel.

- Et vous seigneur Glorfindel ? s'enquit Elrond. Bien que toute cette discussion vous concerne en premier lieu je n'ai encore rien entendu de votre part.

Glorfindel releva les yeux des arabesques de la table dans lesquelles son regard s'était perdu. Son regard passa sur le visage légèrement inquiet du seigneur Elrond, sur les traits impassibles d'Erestor et sur les grands yeux pleins d'admiration de Handir.

- Mon seigneur, répondit l'intéressé d'une voix basse et musicale, je ferai selon ce que vous estimez être le plus sage. Car malgré le peu de temps que j'ai passé à Imladris et en votre présence, j'ai pu voir de première main les preuves de votre sagesse et m'en remet à elle. Cependant, je dois insister auprès de vous, capitaine Handir. Lorsque nous quitterons ce Conseil, vous serez mon supérieur et je devrai apprendre de votre expérience. Je ne suis plus le seigneur de la Maison de la Fleur d'Or ou le capitaine de Gondolin. Alors je vous demande de ne pas ménager.

Le petit discours sembla étonner Erestor, qui écarquilla très légèrement les yeux avant de revenir à son visage de marbre.

- Alors c'est entendu, conclut Elrond avec soulagement. Je pense qu'Erestor a souligné des points importants, même s'il aurait pu les évoquer avec plus de délicatesse. Je ne veux pas vous bousculer, seigneur Glorfindel, et je suis sûr que plusieurs années à vous habituer à ce nouvel âge et à forger de nouvelles relations ne peuvent pas vous faire du mal. Nous sommes en paix, aussi fragile et ténue qu'elle puisse paraître, nous pouvons nous permettre le luxe de profiter du temps qui nous est imparti pour le consacrer à la guérison.

Sur ces mots, le seigneur Elrond se leva et fit un signe de tête à l'assemblée, signifiant la fin du Conseil.

Glorfindel se leva, hésita quelques instants, puis quitta la salle en laissant derrière lui les mèches dorées de ses cheveux qui s'étalaient sur la table comme autant de cadavres. Le reste des conseillers et intendants d'Elrond partirent en évitant soigneusement de regarder les mèches éparses. Certains épargnèrent toutefois quelques regards de reproche pour Erestor, encore indignés de la rudesse du conseiller.

Elrond poussa un soupir de lassitude et rejoignit Lindir qui l'attendait près de la porte, laissant Erestor seul dans la salle du Conseil avec les cheveux d'or de Glorfindel.

oOo

Notes sur le titre: j'étais pas inspirée, et j'avais vraiment pas envie de me prendre la tête dessus pendant des heures (ce que je suis malheureusement tout à fait capable de faire), j'écoutais la chanson "Solringen" de Wardruna, et je trouvais que cela correspondait bien à cette histoire finalement ("solringen"=anneau/cercle du soleil, ou dans cette histoire: = l'auréole des cheveux de Glorfindel)