Disclaimer: Rien ne m'appartient
« Nous traversons nos ponts, quand nous arrivons à eux, et les brûlons derrière-nous. Il ne nous reste rien pour trouver le chemin parcouru, à part le souvenir d'une odeur de fumée et l'idée que peut-être cette fois-là, nos yeux ont pleuré. » Tom Stoppard
Un goût de cendre
Nous avons tous suivi cet homme jusqu'au fond de sa folie. Non content de l'encourager, aucun d'entre nous ne tenta à un seul instant de le stopper… ni nous, ni ses fils. Chaque elfe présent sur ces berges baignées de nuit est désormais coupable. Coupable de trahison, de meurtre, de destruction… nous avons tous perdu notre innocence et tellement plus.
Nos mains sont sales, encrassées de sang, le sang de nos frères. De ce liquide poisseux que nous avons fait couler sur les rivages blancs d'Alqualondë, si rouge… si pourpre… si écarlate sur ce fond incandescent que nous avons souillé à jamais.
Nos yeux sont secs, les larmes se sont taries d'elles-mêmes alors que l'on quittait nos femmes. Et nuls n'en a versé lorsque l'on a abandonné nos princes et le reste de notre peuple au-devant d'un enfer glacé pour suivre l'hériter.
Traîtres est le nom que l'on devrait aujourd'hui porter, car nous avons laissé à la rencontre d'une mort certaine plus de la moitié des nôtres. Assassins l'on est nommé, car par les lames de nos épées, bien des pacifistes marins sont tombés. Et tout ça pour quelques navires… Navires qui sous nos yeux maintenant vide, brûlent. A nouveau le rouge l'emporte sur le blanc, sombre rappel d'actes trop récents, trop douloureux. Et devant nous, se consument les traces de notre déloyauté envers les Valar, envers notre peuple, envers nos frères, envers nous-même.
L'incendie se propage et grandit, tel un feu de joie… hypocrite et fourbe. Même ce brasier se fout de nous, de notre folie furieuse qui nous mena ici, de cette fierté qui sera notre perte. Plus hautes s'élèvent encore les flammes et malgré moi, mes yeux se fixent sur le néant de la nuit, là où devrait être l'Helcaraxë, le Désert de glace. Si nos princes et notre peuple ont tenté la traversé, alors il n'est nul doute que cet éclat de haine ne passe guère inaperçu et leur rancune n'en sera que plus amer.
L'air devient insipide, et les cendres nous étouffent. C'est peut-être mieux ainsi, que l'on se prépare à respirer la poussière d'Angband. Les étoiles s'effacent peu à peu, elles se cachent derrière la noirceur de la fumée. Comme si on les effrayait, comme si de nous elles voulaient se détourner. Mais cela importe peu maintenant... cela n'importe plus.
Plus rien ne compte, car les vaisseaux se sont enflammés, comme l'esprit de Feänor, ils brûlent, ils flambent.
Plus rien ne compte, car désormais nous sommes maudits, à jamais seuls face au mal que l'on pourchasse.
Plus rien en compte, car de notre passé, il ne reste rien et que notre avenir n'est que vide et obscurité.
Plus rien n'importe, car nous ne sommes plus que futilité, juste quelques âmes fascinées par les flammes qui se mêlent aux vagues. Quelques âmes qui souhaiteraient juste pouvoir s'embraser et se libérer du poids de leurs actes. Quelques êtres qui ont au fond de leurs yeux d'amers regrets, au fond de leurs cœurs de tristes remords et au fond de leur gorges un éternel goût de cendres.
Hello les gens, un jour où j'avais du temps à tuer je me suis demandée ce qu'avaient ressenti ceux qui ont suivit Faënor (ceux qui me connaissent me disent souvent que je me pose beaucoup trop de question) et du coup, on arrive à ça. J'espère que ce texte vous aura plu et merci de l'avoir lu.
Lari
