Bonjour, bonsoir à toutes et à tous.

Cette idée de calendrier des Enfers m'a toqué comme ça. Alors je fais au gré de mes envies et retourne pour un temps chez Dèdès, alias « le sombre monarque » et toute sa clique.

Espérons que je tienne mon engagement à écrire un OS par jour jusqu'au 24, à voir…

Bonne lecture,

Peri.


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Muguet en hiver

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Luco résidait sur son île, isolé de tous. Depuis le début il se révélait différent des autres spectres, cela lui était bien utile lors de périodes comme les fins d'année…

Vivre aux Enfers auprès de ses semblables ressemblait à une mauvaise farce, de toute façon la Dryade n'avait pas l'esprit de partage. Seul un être comptait à ses yeux et celui-ci n'existait plus depuis longtemps.

Le guérisseur restait seul désormais parmi l'étendu de clochettes blanches embaumant le printemps. Le printemps, il ne l'aimait pas. Lui préférait l'hiver, les paysages voilés d'une couche épaisse de neige, blanche comme l'âme de son frère disparu. Les cristaux de glace pendus après la cime des arbres, les flocons tombant sans fin, parsemant la terre d'un nuage infini. Avec le blanc, toute chose était recouverte. Luco ne profitait plus de tout cela, perdu à jamais dans le temps figé d'une après-midi ensoleillée.


Il ne regrettait rien de sa nouvelle vie. Lugonis n'était plus, tout comme Alone et Pefko. L'actuel seigneur des Enfers lui permettait de ne pas se mélanger aux autres soldats et de peaufiner son art de guérison. Alors, isolé dans son champ de muguet, été comme hiver, Luco essayait de ne pas perdre le fil des saisons. Quand Noël approchait il commandait à ses douces plantes de se désintégrer en un immense manteau immaculé. Cela faisait presque illusion. Presque…

Début décembre, le spectre de la nature partait à la lisière d'une forêt. Exceptionnellement, des roses rouges dans ses mains. Jamais il n'utilisait ces fleurs, souvenirs trop amers. Délicatement, les corolles effleuraient ses paumes, les épines l'égratignaient sans dommage. Elles lui parlaient dans leur langage silencieux : « ne regrette rien » disaient-elles. Le brun avançait tranquillement, contournait le même chemin de terre pour déboucher sur une clairière. Là aussi, les clochettes ensevelissaient le sol.

Le spectre se recueillait sur une tombe inexistante, se remémorait les souvenirs d'enfance en compagnie de son aîné. Il passait sur leurs parcours différents par contre, trop douloureux. Puis, il s'agenouillait, amorti par les pétales liliaux, déposait les roses pourpres qui tachaient son lit nivéen. Pieu dans sa tristesse, il prononçait les mots, inlassablement les mêmes chaque année : « pardon de n'avoir pas su te guérir. Je regrette… ».

Il n'allait pas plus loin. C'était leur moment d'intimité, leur conversation qu'ils n'auront pas eu l'occasion d'avoir.