Alors pour la "petite histoire", je me suis refait récemment la saga Pirates des Caraïbes et, par curiosité, j'ai fait un petit tour sur les fanfic, notamment celles concernant Jack et Elizabeth ^^
Je suis tombée sur un auteur (JessSwann^^) que j'ai bien apprécié, avec laquelle j'ai discuté un peu et qui m'a donné envie de me mettre à la rédaction d'un petit OS, écrit dont j'avais toujours nourri l'idée sans jamais m'y mettre^^
Le fait est que j'ai la sale manie, :( à mon grand regret dans un sens, d'entreprendre des fics sur des univers bien différents mais qui me plaisent tous et qui ont suscité une passion particulière en moi. Et au final je me retrouve avec plusieurs projets en cours à gérer... donc au départ je ne voulais pas me lancer dans une énième histoire mais j'ai évidemment cédé à la tentation, en me modérant malgré tout puisqu'il s'agit là d'un modeste petit OS, sans prétention, ébauche de cette relation qui m'a tant fait rêvé^^
J'espère qu'il vous plaira, et alors peut-être en ferais-je d'autres^^ Les reviews sont bien sûr toujours appréciées ^_^
"Offrez-moi cet horizon"
Elle se tenait debout face au précipice, celui-là même d'où plusieurs mois auparavant elle avait chutée malencontreusement. Ce jour fatidique, spécial entre nul autre. La main du Destin ayant guidé son chemin… jusqu'à lui.
Pourquoi était-elle venue ici ? Pourquoi accomplissait-elle ce rituel quasiment chaque jour depuis qu'elle était rentrée à Port Royal ?
Au soleil couchant, elle se postait ici et observait l'horizon, humant le parfum de l'océan. Cette enivrante odeur, cette vue vers l'immensité enténébrée, la clameur des corbeaux et la pâle lueur de l'astre nocturne. Ils tendaient leurs ailes vers elle, l'invitant, lui susurrant à l'oreille la douce mélodie aux sonorités si distinctes : l'appel de la Liberté.
Toutes ces ombres berçaient ses nuits depuis sa plus tendre enfance, mais elles résonnaient encore plus fortement ces derniers temps. Une irrésistible envie, un besoin inextinguible, une force indomptable l'attiraient un peu plus chaque soir vers les mystères de ce saphir à l'état brut et sauvage, ondulant sous la clarté de la lune.
Elle avait beau tenté de réprimer cette pulsion, rien n'y faisait. Elle avait toujours nourri cette fascination, aussi loin que remontaient ses souvenirs. Cette soif d'aventures et de liberté.
Toutes les mondanités et le quotidien de sa condition n'avaient toujours suscités en elle qu'ennui et mépris. Mais étant la fille unique du Gouverneur Swann, elle se devait d'honorer le rang de son père et de se conduire en jeune femme respectable. Elle jouait ce rôle à merveille, la plupart du temps. Mais au fond d'elle, elle se sentait prisonnière de ses futiles usages. Elle se sentait tel un oiseau en cage, une cage dorée peut-être mais la splendeur du clinquant perd de sa valeur derrière des barreaux. Le fait est qu'elle n'avait que faire de titres, de devises ou de nobles apparats. Elle ne désirait qu'une seule chose, ardemment. Et lui… il incarnait tout ces rêves, toutes ces espérances et ses élans qui la consumaient.
- Elizabeth ? Tu vas attraper froid à rester ainsi. Que fais-tu donc ici ?
Son père la ramena tristement à la réalité.
Après tout, il est vrai, que faisait-elle ? Pourquoi venait-elle ici ?
Toucher des yeux son rêve de liberté, en se demandant si un jour elle franchira enfin le pas ?
Ou espérait-elle apercevoir à nouveau des voiles noires déchiraient les nuages et ce sombre navire, au doux nom plein de promesses, transperçait le brouillard des flots pour l'enlever, l'arracher une fois encore et à jamais à cette vie morose et lui offrir des perspectives insoupçonnées ?
- J'arrive dans quelques instants, père.
Le Gouverneur n'en demanda pas davantage et se retira, connaissant les penchants fantasques de sa fille.
Elle frissonna légèrement, serrant un peu plus son chandail contre elle. Une brise glaciale s'élevait, venant du lointain.
Ses pensées s'envolèrent alors vers lui. Que pouvait-il bien faire ? Etait-il en quête d'une nouvelle chasse ? Aux confins de quelles eaux voguait-il ?
Elle soupira, ses vaines pensées ne servaient à rien et elle finit par retourner dans sa chambre.
Elle devait balayer cet homme, ce forban, de son esprit. Elle était désormais fiancée, Will étant quelqu'un de bien et qui plus est pirate à ses heures. De quoi la ravir en tout points. Et pourtant… pourquoi ne pouvait-elle s'empêcher de penser à Lui, pourquoi hantait-il ainsi son cœur ? Jack Sparrow…
Il était à l'opposé de tout ce qui la définissait, ou presque. Un être vulgaire, fourbe et méprisable. Et pourtant, forcé de reconnaitre qu'il lui avait sauvé la vie et bien plus encore.
Ce pirate avait réveillé en elle un côté troublant de sa personne, qu'elle savait existant et qu'elle avait pris soin à ne pas alimenter mais qu'elle n'imaginait pas en vérité si prononcé. Depuis cet aspect n'avait cessé de bouillonner en elle, ne réclamant qu'à s'épanouir enfin. Mais elle le retenait.
Elle avait concentré son attention sur Will, sur leurs fiançailles et leur avenir ensemble. Elle possédait tout pour être heureuse. Pourtant un vide l'étreignait le soir venu, lorsqu'elle se retrouvait seule dans son lit. Sa place n'était pas ainsi. Elle se sentait tellement poussée vers plus que tout cela. Au-delà du rivage, au-delà du connu...
Il fallait l'avouer, au fond d'elle, elle avait toujours escompté sur un coup du sort qui lui offre à nouveau cette sensation grisante, cette exaltation pressentie ce jour là, lorsque ce pirate l'avait extirpée des eaux.
Si bien que lorsque Lord Beckett fit irruption dans leurs vies, rasant leurs projets et les poussant à prendre les armes, elle s'était haie, haie d'éprouver cette joie mêlée à la révolte. Un mélange dont elle avait besoin au final, un évènement qui lui ouvrait toute la mesure de son potentiel et de sa véritable nature.
La main du Destin, toujours.
Elle avait fini par accoster sur le port dépravé de Tortuga, scène incontournable si l'on ose dire de tout pirates et autres boucaniers. L'un des rares bastions encore libres, et à quel prix !
Elizabeth était presque outrée de côtoyer la puanteur des lieux mêlée au chaos ambiant, grotesque amoncellement d'immondices et d'obscénités. L'alcool, la hargne et le stupre semblaient animés toutes âmes perdues qui mouillées sur cette île.
Elle ignora son dégout grandissant pour se concentrer sur sa tâche, à savoir retrouver le Capitaine Jack Sparrow. Elle avait suffisamment galéré pour parvenir à rejoindre ces côtés qu'il était hors de question de se laisser décourager par le tumulte de cette destination. Après tout, elle semblait bien partie elle aussi pour devenir un de ceux qui passaient par ici.
Elle fut soulagée de constater que Jack se trouvait bien sur ce port, à la recherche de matelots apparemment.
Elle le suivit alors jusqu'au quai.
- Capitaine Sparrow !
- Tu embarques avec nous, mon gars ? Bienvenue à bord !
- Je viens retrouver l'homme que j'aime.
Elle avait déclamée cette phrase pour attirer l'attention de Jack, mais ses mots sonnèrent étrangement lorsqu'elle les prononça, sans bien en comprendre la raison.
L'important c'est que cela fonctionna et le pirate stoppa sa marche, sans se donner pour autant la peine de se retourner.
- Tu m'envoi flatté mon gars, mais mon premier et unique amour est l'océan.
- Je parle de William Turner, Capitaine Sparrow.
Il se retourna enfin, l'air totalement surpris de découvrir Elizabeth, ici à Tortuga, et vêtue de la sorte.
- Elizabeth ?...
Il s'adressa à Gibbs, lui recommandant de cacher le rhum. Ce fut un sacrilège la première fois de la voir brûler tout ce précieux élixir, hors de question désormais de la laisser y toucher à nouveau sans bonne garde !
- Ces oripeaux ne vous flattent pas du tout. Porter une robe ou rien. Et il se trouve que je n'ai pas de robe dans ma cabine…
Evidemment, il savait pertinemment que cette technique d'approche ne fonctionnerait pas, mais ça ne coutait rien d'essayer. Et surtout il adorait semer le trouble chez ses interlocuteurs.
- Jack.
De toute évidence, elle n'était pas encline à la douce plaisanterie.
- Je sais que Will voulait vous retrouver, où est-il ?
Il lui expliqua alors, en tentant au mieux d'enrober la nouvelle, que Mr Turner s'était fait enrôlé malencontreusement (évidemment !) dans l'équipage de Davy Jones.
- Qui ? Davy Jones ?
Jack était au moins rassuré sur ce point, mieux valait en effet qu'elle en sache le moins possible sur cette histoire s'il voulait pouvoir se servir d'elle.
- Jack, tout ce que je veux c'est retrouver Will.
- Je sais… Vous en êtes sûre ? C'est bien ce que vous voulez le plus au monde ?
Il s'était rapproché d'elle et se tenait à quelques centimètres. Ses yeux noirs intenses posaient sur elle. Depuis tout ce temps, elle en avait presque oublié leurs profondeurs, soulignés de khôl qui les rendait encore plus hypnotisant. Elle se concentra sur leur conversation, tentant de faire taire les tambours qui s'étaient soudainement mis à battre dans sa poitrine.
- Bien sûr.
Ses lèvres prononcèrent sans retenue ses mots, pourtant elle sentait au fond de son regard une hésitation qu'elle s'en voulait de découvrir.
- Parce que je me disais que vous vouliez sauver Will plus que tout au monde.
- Et vous savez comment faire ?
- Eh bien, il y a un coffre. Un coffre d'origine et de taille inconnues.
- Qui contient le cœur battant de ce cher Davy Jones, compléta l'un des matelots qui passait sur le quai afin de transporter une des cargaisons pour le voyage à bord du Black Pearl. Son acolyte mimant le dit cœur sortant de sa poitrine et battre dans le creux de sa main.
Abasourdie par cette scène, Elizabeth s'apprêtait à demander de plus amples explications au Capitaine mais celui-ci avait tout de suite enchainé dans son discours.
- Et quiconque possède le cœur, possède le pouvoir de contraindre Davy Jones à faire tout ce qu'il ou elle souhaite, y compris sauvé ce brave William de son misérable destin.
- Vous ne le croyiez tout de même pas, j'espère ? Intervint Norrington, qu'elle avait retrouvé par hasard sur Tortuga il y a peu et qui par défaut rejoignait lui aussi l'équipage.
Le regard d'Elizabeth alterna entre Jack et Norrington. Le pirate avait délaissé son sourire espiègle pour lui offrir un regard des plus sérieux, brillant d'une lueur indescriptible. Cette lueur particulière, emplie de promesses et de merveilles.
- Comment on le trouvera ? Céda Elizabeth.
- Avec ça, mon compas.
Jack retira l'objet en question de sa ceinture, l'ouvrant et le refermant d'un air triomphant et énigmatique sous les yeux intrigués d'Elizabeth.
- Il est unique.
- Unique veut dire qu'il a perdu la boussole ! Maugréa Norrington.
- Tout à fait !
Elizabeth ne quittait pas du regard Jack, qui captivait littéralement son attention comme seul lui connait l'art et la manière de le faire. Rien ni personne n'avait autant suscité chez elle cette fascination. Elle n'adressa même aucune considération pour ce pauvre ex-commodore.
- Mais il indique quoi ?
Jack la fixa de ses yeux de jais.
- Il indique où se trouve…
Ces yeux qui s'abaissèrent l'espace d'un bref instant sur les lèvres délicates d'Elizabeth, tandis que le cœur de cette dernière ne cessait de s'accélérer.
… ce que vous désirez le plus au monde.
- Oh Jack.
Elle se mordit discrètement la lèvre, ne pouvant retenir l'euphorie qu'une telle révélation faisait naitre en elle. Si elle s'attendait à ça ! Il était vraiment plein de surprises et de promesses, comme elle l'avait toujours imaginé.
- Est-ce que vous êtes sérieux ?
- Absolument, trésor.
Il compléta sa manœuvre, prenant la main de la jeune femme puis l'autre afin d'y déposer son précieux compas.
- Et en fait, ce que vous voulez le plus au monde, c'est découvrir où est le coffre de Davy Jones, n'est-ce pas ?
- C'est sauver Will !
Elle se défendit un peu trop vite, peut-être pour se convaincre elle-même qu'il s'agissait là véritablement de ce qu'elle désirait le plus au monde. Car au fond, elle sentait que cette conviction n'était pas aussi inébranlable qu'elle aurait dû.
- Vous le sauverez en trouvant le coffre de Jones. Insista habilement Jack, avant d'ouvrir le compas et de s'élancer à l'écart pour laisser le sort agir.
La flèche tournoya avant d'indiquer une direction, que Jack s'empressa de communiquer à Gibbs.
- Nous avons un cap !
Puis il invita poliment Elizabeth à embarquer à bord de son bâtiment.
Un tourbillon de pensées et de sentiments contradictoires l'habitait tandis que son cœur tentait de calmer son embardée. Elle tenait fermement le compas de Jack entre ses mains. Puis elle s'accouda sur le pont du navire, scrutant l'horizon qui s'offrait désormais à elle. Une brise légère caressait son visage et le ciel déployait son manteau étoilé sur la surface de l'eau. Elle fixa de nouveau le compas, hésitante à retenter l'expérience.
Car au fond, qu'avait-elle désiré à ce moment là ? Retrouver ce fameux coffre certes, mais pour quelle raison ? Etait-ce pour retrouver Will, celui dont elle avait chaque jour depuis des années chérit l'idée qu'il la courtise et qu'ils soient ensemble ? Ou était-ce pour satisfaire Jack, celui que chaque nuit depuis des années elle avait rêvé de rencontrer et qui incarnait cette liberté à laquelle elle aspirait tant ?
