Cela fait peut-être deux ou trois ans que je n'avais plus écrit de fanfictions HarryPotterienne. La lecture du tome 6 m'a replongée dans tout ça et m'a donné envie de donner vie à l'un de mes personnages préférés, dans une perspective d'avenir plus ou moins proche. Soyez donc indulgents ! Les reviews et tous autres commentaires sont les très bienvenus !

Bonne lecture !

Luna Defectio (Eclipse de Lune)
Chapitre 1

Ciel d'aurore

Une plume crissait sur le papier, à la lueur vacillante d'une bougie, à l'autre coin de la pièce. Un souffle presque imperceptible, menaçant la flamme, et des soupirs un peu inquiétants. Cherchant à oublier la présence auprès d'elle, la jeune femme se recroquevilla doucement sous la couverture et ferma les yeux, retenant son souffle.

Lorsqu'elle se réveilla, ce matin-là, elle sentit que ce n'était pas un jour semblable aux autres. Dans l'odeur discrète du pain tiédi, dans les dessins que traçait la buée sur les carreaux de la chambre, dans le frisson qui la parcourut lorsqu'elle posa un pied sur le plancher. Quelque chose. Il se souvenait de voix d'autrefois, de plaisanteries d'adolescents même plus drôles, de quêtes un peu vaines pour des jours meilleurs. Des vers un peu bancals lui hantaient l'esprit. Il faisait froid.

- Tu es réveillée, ma chérie ? Demanda-t-on de l'autre bout de la pièce.

Elle ne répondit rien, contemplant les timides reflets de lumière de l'aurore. Faisant mine d'ignorer son mari, elle descendit doucement les escaliers, s'imprégnant des craquements rassurants des marches de bois. Rêveuse, elle marcha jusqu'à la cuisine, tâta des mains jusqu'à trouver sa baguette magique qui alluma aussitôt de petites sources de lumières tièdes aux quatre coins de la pièce. Epuisée, elle se laissa tomber sur une chaise et resta immobile quelques instants, en chemise de nuit, le regard vide.

Des bras l'enlacèrent, et une chevelure rousse vint se lover contre sa nuque.

- Loony, qu'est-ce qui ne va pas ?

L'intéressée haussa les épaules et murmura distraitement :

- Arrête de m'appeler comme ça s'il te plaît …

Elle avait à peine 20 ans. Elle s'était mariée tôt, parce qu'avec tout ce qui arrivait, les menaces, les décès, les combats, elle avait eu peur de mourir seule, sans jamais qu'un homme l'ai serrée contre lui. Elle s'était prise à aimer un peu à tort et à travers, un peu n'importe qui. Tant qu'on ne se moquait pas d'elle, de ses croyances, de ses utopies. Elle avait fini par se sentir bien avec lui, parce qu'il oubliait la plupart du temps ses crises de folie passagères.

- Tu es bien décidée à ne rien me dire ? Dit-il d'un ton déçu en s'écartant.

Luna se retourna et, se mordant la lèvre, finit par répondre en baissant les yeux :

- Oh tu sais, c'est un peu comme d'habitude. Je crois regretter des choses, alors que je ne sais pas si je saurais les perdre …

Il sourit.

- Toujours la même, tu sais …

- Je n'en suis pas si sûre.

- Toujours pas décidée à prendre mon nom ?

- Non, Luna Weasley, ça sonne pas vraiment bien à mon goût.

Il sourit doucement et d'un coup de baguette magique, amena une chaise à côté d'elle, ainsi qu' un petit déjeuner qui frémissait sur le buffet.

C'est alors que ses yeux se tournèrent vers la fenêtre où deux yeux globuleux semblaient la contempler. Machinalement, elle se leva et ouvrit sans précaution, recevant sur le visage la claque du froid matinal. Un hibou noirâtre déposa des revues un peu chiffonnées sur le rebord de la fenêtre et s'envola aussitôt sans demander son reste. Avec un soupir, la jeune femme les ramassa doucement et les contempla avec un léger sentiment de mélancolie au fond du cœur. Elle caressa les couvertures de papier glacé, un léger sourire au coin des lèvres. Des vestiges figés de ce à quoi elle s'appuyait avant, de ses rêves un peu trop décalés. Elle avait peut-être trop donné à des amis qui n'étaient que de passage, les avait suivis dans une vie qui n'était pas la sienne, peut-être …

- Tu lis encore ça ? Retentit la voix pleine d'incompréhensions de Ron Weasley qui se levait pour prendre les vieux numéros du Chicaneur des mains de sa femme.

- Parfois, oui, répondit-elle d'un ton rêveur. Ca me rappelle des choses …

Elle détourna les yeux lorsqu'il soupira en levant les yeux au ciel.

- Pas de nouvelles sinon ? fit-elle d'un ton désinvolte.

Et elle écouta Ron ouvrir la Gazette du Sorcier et lui faire la liste des décédés et disparus d'une voix monocorde.

…….

Ils sirotaient tous un verre de Biéraubeurre à la terrasse des Trois Balais, riant un peu, oubliant un instant qu'il fallait bientôt réfléchir à leur véritable avenir, pas celui des rêves inavoués et des suggestions légères. Elle les regardait tous, un à un, tout en ramassant les bouchons des bouteilles pour les fourrer dans sa poche. Petite Serdaigle perdue parmi des Griffondors aux rires trop francs.

Elle s'imaginait se lever soudain, déclarer qu'après la mort de son père, elle deviendrait rédactrice du Chicaneur et serait promise à un grand avenir dans le journalisme.

Au lieu de ça, elle était restée assise, les écoutant tranquillement, tripotant maladroitement ses breloques en ferraille qu'elle aimait tant. Elle avait eu peur …

……..

La main malheureuse, Luna jetait violemment dans la cheminée les anciennes Gazette du Sorcier découpées, déchiquetées en tout sens. C'était peut-être facile, trop, songeait-elle les yeux brillants, mais tant pis. Son quotidien commençait à lui échapper tandis que chaque jour se répétait sous la forme du jour suivant. Elle avait même failli vouloir des enfants. En ces temps de trouble …

- Luna, les invités sont là, lança Ron d'un ton enjoué depuis le couloir.

Elle leva la tête, essoufflée, repoussant une de ses longues mèches blondes qui lui tombaient devant le visage. D'anciens camarades de classe, toujours les mêmes, qui discuteraient des mêmes sujets graves avec des larmes cachées au fond du cœur.

- J'arrive …

Après avoir lancé une dernière poignée de journaux elle se releva, et contempla quelques instants son reflet dans le miroir. Après avoir arrangé un tant soit peu sa coiffure et le sombre au dessus de ses paupières, elle tira la langue à son image offusquée, et bondit vers les nouveaux venus.

……

- Et toi, Loony, qu'est-ce que tu vas faire après ta dernière année ?

Luna s'arrêta et se tourna vers Ron et ses amis, assis nonchalamment dans le parc.

- Oh … Je reprendrais peut-être le magazine de mon père …

-Le Chicaneur ? En es-tu sûre ? S'étonna Harry.

Elle haussa les épaules et répliqua :

- Les gens ont besoin d'un peu de folie pour tenir le coup, maintenant, ça fait du bien de lire autre chose que des comptes-rendus de crimes et de mort dans un journal. Un peu de rêve avec quelques théories certes fantaisistes … Ils en ont besoin … Surtout maintenant …

Ce dernier sourit.

- Oui, dans ce sens là, tu as sans doute raison.

Elle répondit à son sourire et fila vers le château.

………

Amère, elle n'osa participer aux au-revoir, aux accents toujours d'adieux, un peu anxieux, et très incertains. Elle restait dans le séjour, à regarder les photos de classe de ses dernières années à Poudlard, et les rapports des réunions. Une lutte s'organisait et curieusement, elle n'avait plus du tout envie d'y participer. Elle ressentait de plus en plus le désir de s'affacer doucement, s'éclipser, disparaître de cette frénésie, ne plus avoir à soutenir les regards trop adultes des jeunes gens. Plus avoir à supporter la véhémence qui les animait tous, et les faisait vivre.

Luna chantonnait doucement une chanson un peu louche qu'elle aimait bien auparavant. Au fond de sa gorge, une pointe d'angoisse et de doutes.

Le crépuscule gardait la goût sucré de l'aurore, l'espoir en moins …