Salut lecteur ! Tu t'en fous sûrement mais le texte que tu vas lire n'a pas grand chose à voir avec celui que j'avais écrit en premier jet. Que j'ai retravaillé afin d'améliorer. Tâche réussie ! Et si la chanson t'intéresse, je pensais au cover de Kevin Staudt sur Never Too Late, originalement du p*tain de groupe Three Days Grace en l'écrivant. Bonne lecture, ouaip !
Il n'y avait pas de tonnerre mais il se faisait sourd, il n'y avait pas de pluie mais il courait par peur, il n'y avait pas de vent mais il refermait son corps sur lui-même.
Il n'y avait pas de tempête dans le ciel, cependant il cherchait un abri.
A la prière hâtive qu'il précipitait sur l'horizon, tellement préssée qu'il en trébucha, un chêne solitaire, au branchage immense et au feuillage étanche, répondit. Trônant sur la vallée comme un autel, tombé comme une auberge hasardeuse sur sa route. Il y courut avec d'autant plus d'empressement et de soulagement.
Le ciel était si dégagé qu'il laissait pour loisir au soleil de peser sur l'atmosphère à son bon vouloir.
L'ombre lui ferait le plus grand bien, tandis qu'il garderait cette lumière à portée de main.
Eve en serait ravie elle aussi, il en avait parfaitement conscience. Cet éclat est excellent pour le repos des plantes. La croissance de la vie. Même si Ludwig devinait aussi qu'ils ne se quitteraient pas d'une liane.
Rapidement, il progressait. La chaleur qu'il recevait dans le dos le poussait plus loin et plus vite, comme un réacteur ardent. Tandis que depuis la visière de sa casquette, il admirait l'aveuglement l'entourant devenir oubli sous l'arbre lointain. A mesure qu'il s'approchait, il sentait monter en lui un souffle apaisant qu'il lui tardait de relâcher.
Le tronc devint gros.
Les feuilles devinrent visibles.
Puis il atteignit son récif d'écorce et de calme.
Il s'accorda alors un temps de relâchement ; plia les genoux, s'appuya dessus des deux mains, et soupira avec force. Il sentit la transpiration lui glisser du front, lui tomber du nez en gouttelettes. Il se sentait satisfait comme un aventurier des grands espaces.
Puis il se redressa, les deux mains sur les hanches, et sourit à la pensée qui lui vint :
"J'ai gagné."
Son regard partit cheminer dans les rainures creuses, dures et irrégulières du bois, comme pour l'inspecter de bas en haut. A son sommet, de la couronne où partaient les branches, Ludwig scruta l'ombrage vert qui l'abriterait de la douceur frappante du soleil. L'arbre entier semblait mu par une irrésistible exaltation de sa sève, qui résistait à la chaleur, et battait comme son sang, son eau, en plein coeur de son écorce. Il pouvait presque la voir bouger.
Cet arbre respirait, l'adolescent s'en souvint lorsqu'il sentit une brise le franchir, un souffle sur son visage.
Et en entendant la plante vivre, il sut vérifier que le monde qu'il cherchait existait bel et bien ; tandis que celui qui le retrouvait constamment, puisque il contenait ses propres racines, même s'il les surplombait encore, ne pouvait franchir le pied de l'ombre qui l'entourait maintenant. Comme un mur. Ludwig tendit sa main vers la lumière qui le détruisait, mais l'interrompit à la frontière exacte séparant ce pays qu'il venait de quitter par la force de ses jambes et sa détermination, et celui-ci qu'il venait de rejoindre avec dans l'être entier la promesse de sérénité et de sécurité. La plante se faisait gardienne de ce monde et, désormais, de lui-même.
Il put alors s'affranchir de toute agitation, et se laissa tomber au pied de l'arbre, entre deux de ses racines qui s'enfonçaient dans la terre.
"Quel calme..."
Il lâcha ses sacs à côté de lui, déposa sa casquette de l'autre, se passant la main dans les cheveux, puis sans l'avoir oubliée un seul instant, chercha dans son sac la seule Poké Ball qu'il avait avec lui. L'objet rond rentrait parfaitement dans sa main ; il le lança en l'air après avoir appuyé sur le bouton.
La sphère retomba presque religieusement dans l'herbe, épousant la flore sans bruit, comme si la créature qu'elle contenait avait tout à fait conscience, à travers elle, de l'endroit sur lequel elle était sur le point de s'ouvrir.
Soudain l'objet s'ouvrit telles deux mâchoires qui se séparaient, juste avant qu'une forme encore blanche et scintillante n'en soit recrâchée grâcieusement en un cri strident, mais doux. Au contact de l'herbe, le pokémon se para de toutes ses couleurs ; elles le fondirent presque dans le paysage.
Ludwig n'avait rien rater de la scène qu'il consommait avec satisfaction, et une certaine hâte. Il fut d'autant plus rasasié quand sa camarade se retourna sur lui, les iris flamboyantes, la dent scintillante, et la queue frémissante.
"Coucou Eve !"
"Eeeeeeeeeeeeevr !"
Les deux s'acceuillirent à bras ouverts.
Son Lianaja ne tarda pas à quitter le radeau, pour partir naviguer au milieu des vagues. Son corps effilé comme une proue perçait l'herbe sur laquelle le vent dessinait des vagues. En pliant le dos de chaque brin sous son souffle, réveillé comme la rafale précédant la tempête.
Eve disparaissait presque entièrement sous les flots verts et agités où son corps sombrait. Un court instant, pendant la petite seconde où il crut la voir faire le pas de trop, Ludwig eut la crainte de voir son campagnon définitivement avalé par la houle qui les encerclait. Il était sur le point de l'appeler, mais son museau changea subitement de cap à huit heures, et bondit dans la flore comme Lianaja courait après quelque chose. Juste au devant de la limite qu'il venait de lui fixer à son insu.
Le jeune homme poussa un court souffle de soulagement, en s'abattant sur l'arbre. Mais ce sursaut, si ridicule soit-il, venait tout de même de rappeler à lui les craintes approximatives qui l'avait repoussé jusque dans ce monde. Et vivait à travers elles.
Il reconnut chacun des visages qui faisaient en lui ce besoin de s'isoler si subitement.
Tant de questions tristes ressurgirent.
Cependant il s'appliqua, presque inconsciemment, à réfléchir avec sérieux sur les plus grosses d'entre elles ; celles qui lui volaient autour de l'esprit comme des mouches.
Il se dit que justement son corps avait resssenti ce besoin de solitude par reflet de son esprit, qui désirait se débarasser de ses insectes bruyants qui l'empêchaient de regarder en avant.
Il imagina qu'il s'était langui de la présence toujours plus envahissante de l'aventure. Au point de ne plus désirer que le repos, ne serait-ce que pour un instant.
Il s'interrogea sur la rapidité de cet engourdissement ; qui l'avait saisi bien tôt dans son voyage.
Par le cheminement de sa réflexion, il se souvint de l'excitation passée. Celle qui l'avait secoué dans sa chambre, émerveillé des années entières sous ses rêve de voyage et de rencontres et de reconnaissance. Les récits d'autres dresseurs, les jouets et émissions qui en faisaient l'apologie, les chansons et les livres qui narraient tant de rebondissements...
Cela modelerait tant d'enfants, encore aujourd'hui !
Mais pourquoi avait-il pu être mis à l'écart aussi vite sitôt son périple commencé ?
Il était au bord du monde qu'il était venu désiré parcourir, essouflé, n'aspirant qu'au repos. Il espérait presque un retour aux sources qui l'avait entraîné, jadis, jusqu'à encore récemment.
Il partait à leur recherche dans son âme... Mais ne parvenait, d'après de simples souvenirs, qu'à leur donner des noms.
Jubilation.
Curiosité.
Simplicité.
Ce qu'il n'était plus.
Il cherchait. Cherchait sa place, ou un moyen de s'en construire une nouvelle.
Puis il fut distrait de son expéditon mentale. Par une envie inébranlable d'exprimer tout ce qu'il venait de mettre à jour. De le partager avec ceux en qui il est sûr de pouvoir faire confiance pour le comprendre.
Il appela Eve, après avoir sorti de son sac l'objte qui avait partagé une grosse part de son enfance ; une part qu'il ne regrettait pas de lui avoir cédé d'ailleurs.
Le pokémon reconnut bien vite, même de loin, l'instrument qui reposait sur ses genoux croisés. Et ne tarda pas à courir au travers des hautes herbes, les écartant, les piétinant. Tout comme lui, l'élégant Lianaja femelle ne prêtait plus attention à rien d'autre. Seulement au moment vers lequel elle se précipitait. Qu'ils attendaient, et qui s'attardait déjà le long des cordes.
Elle prit place, à ses côtés, s'assit, attendit en surveillant les mains de son maître et en battant l'air de la queue.
Ludwig n'arrêta pas de rire, lorsqu'elle arriva ainsi que lorsque ses grands yeux rouges se fixèrent sur l'instrument. Juste pour entendre sa voix, il demeura immobile.
"Vruuuuuuuuuh !
-Ahahah ! Oui d'accord."
Il se redressa, lui ainsi que sa guitare, et se râcla la gorge.
This world will never be,
What I expected.
And if I don't belong,
Who would have guessed it ?
I will not leave alone,
Everything that I own,
To make you feel like
It's not too late,
...
