Titre : Sympathy For The Devil
Format : Fiction longue
Statut : EN COUS
Disclaimer: Je n'ai pas les droits de The Hunger Games de Suzanne Collins ni Sept Jours Pour Une Eternité, de Marc Lévy.
Ratings : T
Spoilers: AUCUN. UNIVERS ALTERNATIF
Genre : Romance/Fantastique/Drama/Aventure
Pairings : EVERLARK
Summary: POV 3ème personne Katniss/Peeta. Depuis l'aube des temps, Dieu et Satan s'affrontent pour le contrôle de la Terre. Satan a pris une longueur d'avance en envoyant la terrible et imprévisible Katniss Everdeen, qui sème joyeusement le chao sur son passage depuis plusieurs siècles. Dieu décide de jouer sa dernière carte en envoyant son meilleur élément pour tenter de la remettre sur le droit chemin : Peeta Mellark. Mais la limite entre le Bien et le Mal est-elle aussi franche qu'on le croit ?
Inspiré de Sept Jours Pour une Eternité, de Marc Lévy.
BO : Sympathy for the devil – The Rolling Stones
Highway to Hell -ACDC
Us against the world – Coldplay
Love like this – Kodaline
Explorers – MUSE
Piano Concerto No.23 In A Major, K 488 Adagio – Wolfgang Amadeus Mozart
Lucky – Radiohead
Don't get lost in Heaven- Gorillaz
Salvation – Scanners
Romeo had Juliet – Lou Reed
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Bonne lecture !
"L'amour, qui meut le soleil et les autres étoiles."
La Divine Comédie, Dante Alighieri.
1.
MISSION ANGELIQUE 72-32-32 S.L.A.E.
Katniss Everdeen inclina son livre et leva un œil paresseux vers l'horloge qui ornait son appartement. Il était bientôt minuit, il fallait qu'elle commence à se préparer. Avec un soupir, elle ferma le livre, le posa sur la table basse et se décolla du canapé où elle avait passé l'après-midi à lézarder. Elle passa dans sa salle de bain se rafraîchir, vérifia qu'elle avait bien les contrats sur elle, enfila ses chaussures et son blouson en cuir et sortit de chez elle. Elle s'enfonça dans la nuit d'un bon pas en direction du Croisement des Dilemmes, plus connu sous le nom de Croisement Maudit par la population de la petite ville de Panem.
Cette intersection, située au nord de la ville, avait acquis sa réputation à cause de faits étranges qui s'y déroulaient et qui effrayaient les habitants, au point de leur faire faire de larges détours afin d'éviter de l'emprunter en pleine nuit. De nombreuses rumeurs, toutes plus fantaisistes les unes que les autres, circulaient sur cette portion de route. On disait que des fantômes s'y traînaient, que les gens en disparaissaient sans laisser de trace, que l'on pouvait y entendre le bruit de la Mort.
Katniss remonta le col de sa veste pour lutter contre le froid et accéléra le pas. Elle ne pouvait arriver en retard encore une fois sans qu'il n'y ait de conséquences : elle était la seule en charge de l'état de Pennsylvanie, en plus de ses autres missions. Elle aperçut enfin au loin les grands arbres qui marquaient la limite du Croisement. Elle tâta la poche arrière de son jean pour vérifier la présence des contrats et se posta sous le lampadaire jaunâtre. Une brume blanche et humide flottait dans l'air et l'ampoule du réverbère clignotait en grésillant. Katniss se félicita un instant de l'atmosphère lugubre qui en résultait. Certains de ses clients devenaient trop à l'aise et un petit frisson ne leur ferait pas de mal pour leur rappeler qui commandait. Elle s'appuya contre le poteau et sortit son téléphone pour passer le temps.
Quelques minutes plus tard, elle entendit des pas mal assurés sur sa gauche. Elle rangea son portable et plaqua un sourire, petit mais qu'elle espérait avenant, sur son visage. Bientôt, elle distingua dans la nuit une silhouette moyenne mais large, ratatinée sur elle-même. C'était le profil type de ses clients. Un physique peu avantageux, voire repoussant, des yeux fuyants, des lèvres tremblotantes, des habits bon marché et une couche de transpiration sur leur front qui traduisait leur angoisse. L'homme s'arrêta et regarda nerveusement autour de lui. Il inspira plusieurs fois profondément. Il fit les cents pas, comme s'il hésitait sur la décision à prendre, puis tourna finalement les pieds pour rebrousser chemin. Katniss sauta sur l'occasion. Elle s'approcha à pas de loup de lui et susurra un « Salut ». L'homme sursauta nerveusement et pivota sur ses pieds, un air épouvanté sur le visage. Katniss leva les mains, comme pour montrer qu'elle venait en paix. L'homme sembla se détendre légèrement en voyant une jeune femme à l'apparence inoffensive devant lui.
-Tout va bien ? continua-t-elle doucement.
-Je … Je… Je… Oui, finit-il par éructer, à travers sa respiration saccadée.
-Ca n'a pas l'air d'aller, pourtant ? Vous avez l'air bien nerveux. Que faîtes-vous ici ? dit-elle, une expression de curiosité polie sur le visage.
-R… Rien. On m'avait parlé de cet endroit mais … Mais je pense que je me suis trompé.
Katniss se concentra un instant et laissa les effluves de peur que dégageait l'homme venir jusqu'à elle et s'enrouler sous son nez.
-Mmmh… fit-elle, en fermant à demi les yeux. Je sens… je sens beaucoup de peur. Et de l'espoir aussi. Qu'est-ce qui vous tracasse à ce point ?
Le regard de l'homme devint vitreux, comme s'il ne pouvait le détacher du visage de Katniss.
-Ma femme me trompe, marmonna-t-il. Avec mon patron.
Il écarquilla les yeux et plaqua une main sur sa bouche. Il était le client parfait pour elle.
-Je vois, dit-elle en tapotant son menton, feignant de réfléchir. Je peux vous aider, vous savez ?
L'homme laissa lentement retomber sa main le long de son flanc boudiné. Sa poitrine s'affaissa comme si tout l'air avait été expulsé de ses poumons. Ses sourcils s'arquèrent encore plus haut sur son front dégarni et luisant.
-Alors… Alors c'est vrai ce qu'on dit ? souffla-t-il.
-Ca se pourrait. Alors que voulez-vous ? Je peux exaucer vos vœux. Je peux vous aider et régler votre situation. Vous n'avez qu'à le dire.
L'homme resta un instant silencieux, un air épouvanté sur le visage qui se transforma petit à petit en une détermination belliqueuse, la paupière agitée par un tic nerveux.
-Je veux… je veux me venger d'elle, dit-il d'une voix tremblante mais ferme. Je veux devenir aussi riche et puissant que lui pour qu'elle revienne vers moi. C'est ça, que je veux !
-Très bien. C'est dans mes cordes, répondit Katniss doucement. Vous êtes sûr ? Vous savez dans quoi vous vous engagez ? ajouta-t-elle pour la forme et parce que c'était dans les protocoles.
L'homme hocha la tête avec ferveur. Katniss sortit un contrat de sa poche et attrapa un stylo dans sa veste en cuir. Elle les tendit à l'homme en lui expliquant où signer. Il plissa un instant les yeux pour tenter de déchiffrer les écritures minuscules sur le papier puis poussa un soupir résigné et finit par signer et parapher les différentes feuilles. Il lui tendit le contrat en détournant le regard. Katniss attrapa les pages, les plia en quatre et les rangea, après avoir jeté un coup d'œil au nom de l'homme.
-Eh bien, Simon, ce fut un plaisir d'avoir fait affaire avec vous. Demain votre vie aura changé.
Simon eut un sourire faible et attrapa la main qu'elle lui tendait. Un courant électrique traversa leur poignée de main et il sursauta, en frottant sa paume moite.
-On se revoit dans un an, dans ce cas, même heure, même endroit. Et tâchez de ne pas…oublier, ajouta-t-elle sur un ton presque léger. Ca se passe toujours mieux quand vous venez de votre propre accord. En tout cas, nous n'oublierons pas.
Simon grimaça et pâlit soudainement. Katniss craignit un moment qu'il ne s'évanouisse. Certains de ses clients perdaient parfois la tête et s'évanouissaient, s'arrachaient des poignées de cheveux ou se traînaient à ses pieds, dans l'espoir d'annuler la transaction. Katniss ressentait une pitié pathétique envers eux, mêlée d'un certain dégoût, et rentrait rapidement chez elle s'effondrer dans son lit, le corps courbaturé.
Heureusement, Simon recula précipitamment, manquant de trébucher, et détala dans la nuit, sans un regard en arrière et se dandinant sur ses jambes trop courtes. Katniss soupira de soulagement et jeta un coup d'œil à son téléphone. Il était temps de passer à sa seconde mission de cette soirée.
Elle avait prévenu Simon qu'il serait plus judicieux s'il décidait lui-même de venir au point de rendez-vous, dans un an, afin de faciliter les choses et un certain Brutus allait en faire l'amère expérience.
Exactement un an et une heure plus tôt, Brutus était arrivé au Croisement des Dilemmes. Katniss avait d'abord pensé qu'il s'était trompé de chemin, tant son pas était assuré et différent de ses clients habituels. Il avait survolé l'intersection de ses yeux perçants et s'était rapidement dirigé vers elle quand il l'avait aperçu. La jeune femme l'avait regardé approcher, un sourcil interrogateur levé.
-Je viens passer un contrat, lui avait-il dit sur un ton presqu'impérieux.
Si Katniss était parfois tentée de se montrer arrangeante, elle ne se gênerait pas pour ruiner la vie de cet homme arrogant. Brutus avait souhaité qu'une certaine Glimmer, fille du maire de Panem, se marie avec lui. Katniss avait exaucé son souhait : le lendemain même Glimmer poussait la porte du bureau de Brutus et ils se mariaient à peine quelques mois plus tard lors d'une somptueuse et fastueuse cérémonie à laquelle toute la ville avait été conviée. Brutus avait donc obtenu ce qu'il pensait souhaiter : la plastique parfaite de Glimmer à son bras pour parader en soirées mondaines et le carnet d'adresse de son influent père pour développer son cabinet d'avocat. Mais ce que Brutus n'avait pas prévu, c'est qu'il tomberait follement amoureux de Glimmer. Il ne pensait plus qu'à ses longs cheveux soyeux et blonds, à ses grands yeux bleus et à ses courbes rebondies. Il passait des heures à rêvasser, les yeux perdus dans le vide, mettant en péril sa carrière. Il perdait du poids, sa silhouette diminuant en même temps que sa superbe, à force de se consumer d'amour pour une jeune femme qui n'avait que faire de sa petite personne. Alors, en l'espace d'un an, Brutus s'était marié, avait atteint l'apogée de sa carrière puis avait perdu son travail, une vingtaine de kilos et enfin sa femme, qui s'était enfuie au bras de son coach personnel, ne supportant plus la vue de son corps ratatiné. Depuis, il vivotait des aides sociales et se perdait tous les soirs dans le bar le plus miteux de la ville, afin de descendre une dizaine de verres de mauvaise bière pas chère.
Katniss atteignit les abords de la ville et bifurqua en direction des quartiers mal famés de La Veine. Elle poussa la porte de La Plaque, qui tintinnabula sur son passage. Elle laissa ses yeux s'habituer un instant à l'atmosphère sombre et enfumée qui régnait à l'intérieur puis survola du regard les quelques clients attablés, certains occupés à jouer au poker et d'autres simplement recroquevillés sur leur verre, comme s'il s'agissait de leur bien le plus précieux. Certains des collègues de Katniss se réjouissaient de cette misère humaine, savourant les arômes de peur et de désespoir comme ils le feraient d'un bon vin, mais elle inspirait à la jeune femme tout au mieux de l'indifférence, voire un certain dégoût. Elle repéra enfin Brutus dans le coin gauche de la salle. Il était à moitié plongé dans l'obscurité et se cramponnait à sa bouteille sale. Quand elle traversa prestement la salle, le plancher rongé par les mites craqua sous ses pas. Elle se glissa en face de lui sur un tabouret et posa les coudes sur la table bancale. Il releva la tête doucement. Ses yeux vitreux et brouillés mirent un moment avant de se concentrer sur son visage. En une fraction de seconde, le sang quitta son visage cireux, ses pupilles se dilatèrent et il tenta précipitamment de se relever, en luttant contre son ivresse avancée. Le bras de Katniss jaillit, attrapa fermement le poignet décharné de Brutus et le stoppa en plein élan. Il s'effondra à moitié sur la table, renversant sa bouteille dont un filet jaunâtre s'échappa pour serpenter dans les rainures du bois.
-Allons, Brutus, commença-t-elle, sur un ton mesuré. Ca ne sert à rien. Nous vous trouverons, vous le savez. N'aggravez pas votre cas encore plus.
Il continua de la fixer avec une expression épouvantée sur le visage, entre deux mèches emmêlées qui pendouillaient sur son visage.
-Vous vous souvenez du marché que nous avons conclu il y a un an ?
Il hocha lentement la tête, ses ongles griffant le bois de la table.
-Eh bien, nous avons rempli notre part du contrat. Nous avons exaucé votre vœu. A vous de faire ce que vous avez promis en échange.
-Exaucé mon vœu ? croassa finalement Brutus, puis il éclata d'un rire éraillé. Vous avez ruiné ma vie !
-Ce n'est pas notre problème, continua Katniss implacablement, en haussant les épaules. C'est à vous de réfléchir aux conséquences. Nous avons exaucé votre vœu, que vous le reconnaissiez ou non, et maintenant nous venons réclamer notre dû.
Pour faire bonne mesure, elle appliqua une pression douloureuse sur un point sensible dans l'intérieur du poignet et il grimaça.
-Alors, Brutus, que décidez-vous ? demanda-t-elle sur un ton calme, la voix à peine plus haute qu'un chuchotis, consciente des regards qui commençaient à se tourner vers eux.
Les yeux de Brutus alternèrent un moment entre ceux de Katniss et la porte du bar. Ses épaules s'affaissèrent, résignées. Il hocha misérablement la tête, fuyant son regard.
-Très bien, vous avez pris la bonne décision. Vous avez ce qu'il faut ?
Brutus plongea une main dans la poche de sa veste et en ressortit une poignée de billets froissés. Katniss fit un signe de tête satisfait, repoussa bruyamment le tabouret en arrière et se leva, entraînant derrière elle le pauvre Brutus. Sous les regards curieux, l'étrange paire traversa le bar et disparut dans la nuit.
Katniss jeta un énième coup d'œil à son téléphone. Elle eut presque envie d'être agréable avec Brutus : il n'avait pas posé trop de problèmes et une fois sa mission accomplie, elle pourrait se réfugier sous sa couette et finir son livre. Il trébucha dans son dos et elle tira sur son bras d'un coup sec pour le remettre sur le droit chemin. Katniss avançait d'un pas vif sur le trottoir et les lampadaires grésillaient sur son chemin. Quelques minutes plus tard, elle s'arrêta devant un bâtiment décrépi, au 6, Crossing Street, dont la façade était masquée par un échafaudage grinçant sous la petite brise fraîche de la nuit. Elle souleva une des bâches qui masquaient l'entrée et se faufila dessous, traînant toujours Brutus par le bras. Le rez-de-chaussée du bâtiment était vide et plongé dans une quasi-obscurité. Leurs pas résonnaient contre le béton brut du sol. Elle se dirigea vers le mur du fond où luisait faiblement un bouton encastré dans le mur. La jeune femme appuya dessus et aussitôt, un pan du mur coulissa pour dévoiler une cabine d'ascenseur baignée dans une lumière jaune provenant d'un néon. Brutus laissa échapper un juron de surprise et elle l'entraîna à l'intérieur. Elle pianota le code sur le pavé numérique -43 55-, puis les portes se fermèrent dans un chuintement et elle s'appuya nonchalamment contre la paroi, en croisant les bras, tandis que la cabine entamait le long voyage qui les conduirait à destination.
Katniss jeta un coup d'œil à Brutus et remarqua que son visage avait verdi et qu'il semblait sur le point de rendre le contenu de son estomac. Un tic nerveux agitait sa lèvre supérieure et son font luisait de transpiration. Elle tâcha de prendre un air compatissant.
-Ca va bien se passer. Vous avez l'argent, il vous faudra simplement suivre les instructions. Après tout, vous avez pu profiter sur Terre, non ?
Il déglutit avec difficulté et garda les yeux rivés sur les portes. L'ascenseur s'arrêta avec un petit à-coup et Brutus tituba, instable sur ses jambes tremblantes. La paroi s'ouvrit à nouveau sur un grand hall, bien différent de celui qu'ils venaient de quitter.
Le sol était fait de marbre noir brillant et réfléchissait les silhouettes des personnes qui le traversaient d'un air pressé. De grandes colonnes sculptées soutenaient le haut plafond courbé, auquel étaient accrochés de longs filins d'acier retenant des lampes en forme de gerbes de flammes. Le brouhaha des pas et des conversations résonnaient dans l'air.
Brutus semblait figé sur place, ses yeux survolant frénétiquement le spectacle qui s'offrait sous ses yeux.
-Que… Je… balbutia-t-il.
-Vous vous attendiez à quoi ? soupira Katniss en passant devant lui pour lui montrer le chemin. Il ne faut pas écouter ce qu'on raconte dans les livres, les monstres à trois têtes, les fleuves de lave, les flammes… On sait vivre avec notre temps, vous savez ! ajouta-t-elle par-dessus son épaule.
Elle s'approcha de la rangée de portiques sur la gauche, Brutus avançant maladroitement derrière elle, et sortit son badge. Une petite lumière verte s'alluma et le tourniquet métallique s'effaça pour les laisser passer. Ils se dirigèrent vers un comptoir d'accueil portant la mention « Traversée du Styx », en grosses lettres rouges en plastique au-dessus du bureau.
-Salut Cashmere, dit Katniss sur un ton plat, en s'accoudant au comptoir. C'est pour une traversée.
La jeune femme ne portait pas vraiment la blonde dans son cœur. Cashmere avait cet air pincé des gens qui se sentaient supérieurs aux autres et estimaient leur travail d'être de la plus haute importance. Cashmere releva le visage, une expression pincée sur ses traits, et chaussa ses lunettes à la monture en écailles. Elle attrapa un bloc-notes et le consulta un instant.
-Brutus, c'est ça ? demanda-t-elle sur un ton méprisant.
Il hocha simplement la tête.
-Vous auriez dû être là il y a une heure et vingt-trois minutes, précisa sèchement Cashmere.
-On a eu un petit souci en chemin, intervint sobrement Katniss pour accélérer la discussion.
Cashmere lui jeta un regard mauvais puis reporta son attention sur Brutus en lui tendant une feuille de papier et un stylo.
-Remplissez ça. La prochaine fois, tâche de ne pas avoir de « souci en chemin », persifla-t-elle à l'encontre de Katniss. On ne peut pas se permettre de prendre du retard, ça chamboulerait toute l'organisation. Ca va me prendre plusieurs heures pour rectifier ça.
Katniss essaya tant bien que mal de feindre une expression désolée mais elle ne dut pas être bien convaincante car Cashmere leva un sourcil dédaigneux et se tourna vers leur client.
-Vous avez l'argent ?
-Oui, j'ai ce qu'il faut, marmonna Brutus.
-Très bien. Prenez la porte à droite et surtout attendez les instructions. Vous avez déjà causé assez de problème comme ça.
Angoissé, Brutus se tourna vers Katniss. Il dégageait tellement d'effluves de peur qu'elle fût sûre qu'on pouvait les sentir depuis l'autre bout du hall. Elle se risqua à tapoter son avant-bras :
-Bon, ce fut un plaisir, Brutus. Ca va bien se passer. A bientôt.
Elle le regarda s'éloigner à reculons et disparaître derrière la grande porte noire qui indiquait « File prioritaire ». Elle soupira et s'apprêta elle-même à tourner les talons quand une voix l'interrompit :
-Un seul, ce soir ? Tu n'es pas très en forme, Katniss !
Elle pivota pour découvrir Gale Hawthorne, chargé du comté de New York. Ses beaux traits arboraient une expression de suffisance amusée. Derrière lui, trois jeunes filles jetaient des regards terrifiées autour d'elle, cramponnées les unes aux autres. Katniss eut un petit sourire :
-Ne commence pas à te la ramener, Gale ! Je sais bien que tu es encore jaloux.
-Jaloux, moi ? Et de quoi ? fit Gale, un rire dans la voix.
-De tous mes faits d'armes, répondit-elle avec un sourire satisfait.
-C'est ça ! Accroche-toi bien à tes exploits car je suis sur le point de te dépasser très largement ! Une fois que j'aurais déposé ces trois-là, ajouta-t-il en montrant les trois jeunes filles d'un revers de la main. On va boire un verre ?
-Désolée, pas ce soir, Gale. Je suis trop crevée !
Elle commença à reculer en haussant les épaules quand il se moqua d'elle. Puis elle tourna les talons, traversa le hall au pas de course, en hochant la tête en guise de salut envers certains de ses collègues, puis s'engouffra dans l'ascenseur. Elle appuya la tête contre la paroi du fond et bâilla sans retenue, s'imaginant déjà sous ses couvertures.
Parfois, c'était vraiment épuisant d'être un Emissaire du Diable.
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Au même moment, quelques années-lumière en direction du ciel, un ascenseur s'ouvrit dans un léger ding. Peeta Mellark sortit de la cabine et se tourna vers la jeune femme apeurée, qui se terrait dans un des coins comme si elle voulait disparaître dans les plaques d'aluminium qui recouvraient les parois.
Ses grands yeux bleus étaient écarquillés, son visage pâle et ses cheveux blonds emmêlés. Son corps entier tremblait et ses mains étaient serrées contre son ventre, d'où s'échappait un filet de sang, maculant sa blouse claire. Elle semblait terrifiée et choquée.
-Allez, Madge, vous pouvez le faire. Venez avec moi, dit Peeta sur un ton doux et patient en tendant la main vers la jeune femme.
Madge sursauta et reporta son regard sur Peeta. Il pouvait y lire son égarement. Il soutint son regard sans faillir et elle finit par franchir les trois pas qui les séparaient, sans prendre sa main tendue. Mais ses jambes se dérobèrent sous elle et Peeta se précipita pour la rattraper. Il glissa son épaule sous son bras, hissa son poids sur ses pieds et se dirigea lentement vers un des fauteuils moelleux situés près des grandes fenêtres. Leurs pas furent étouffés par la moquette duveteuse et claire recouvrant le sol. L'atmosphère feutrée était complétée par une douce mélodie qui semblait venir de l'intérieur même des murs. Peeta installa confortablement Madge dans un fauteuil violet. Elle tourna la tête et se figea en apercevant l'étendue azure qui filait à perte de vue par la fenêtre, où de gros nuages blancs glissaient paresseusement. Une fois qu'il fut sûr qu'elle n'allait pas défaillir, Peeta recula et s'avança vers la vieille femme aux traits sereins qui trônaient derrière un comptoir en bois, au fond de la pièce.
-Salut Sae, fit-il avec un sourire.
-Ah Peeta, répondit-elle, en levant les yeux. Qui nous ramènes-tu aujourd'hui ?
-Madge Undersee, indiqua Peeta, en pointant son pouce par-dessus son épaule.
-Elle n'a pas l'air en très bon état …
-Non, grimaça-t-il. Elle a pris une balle dans l'abdomen pendant le braquage d'une supérette en essayant de désarmer le cambrioleur. Elle ne réalise pas encore, je pense … Elle croit toujours qu'elle va se réveiller.
-Je vois, fit Sae sur un ton compatissant. On règlera les formalités administratives plus tard, emmène-là d'abord aux Jardins du Rétablissement pour la remettre sur pied. Je t'appelle un chauffeur.
Sae ouvrit un des tiroirs des bureaux, en ressortit un tube doré et le glissa dans le tuyau qui pendait du plafond. Avec un bruit de succion, le tube monta à toute vitesse le long du conduit et disparut.
-N'oublie pas que tu as rendez-vous avec la Présidente Coin tout à l'heure. Et ça, c'est pour la Pesée, ajouta-t-elle en lui tendant un objet métallique, fin et long comme un stylo.
Peeta retourna vers Madge et s'accroupit pour se mettre à sa hauteur.
-Madge ? appela-t-il doucement et elle tourna des yeux absents vers lui. J'ai besoin de prendre une mesure avant de vous laisser tranquille. Ca ne fera pas mal du tout. Il faut juste poser l'extrémité contre la tempe. Vous pouvez le faire si vous voulez.
La jeune femme resta immobile, ses grands yeux bleus perdus dans des horreurs qu'il ne pouvait voir. En réprimant un soupir, il leva son bras avec précaution et effleura la tempe de Madge avec le Sondeur jusqu'à ce qu'un petit bip se fasse entendre. Il rendit la baguette métallique à Sae, qui la connecta à son ordinateur. Elle émit un sifflement.
-Eh bien, sûrement l'une des âmes les plus pures qui aient franchi le seuil de cet endroit. Elle pèse environ cent millions de fois moins que la Plume du Geai. Elle n'égale pas ta propre Pesée, cependant. Un milliard de fois plus légère que la Plume, un vrai record, ajouta Sae en lui faisant un clin d'œil entendu.
Peeta eut un sourire modeste et gêné. Leur échange fut interrompu par un bref coup de klaxon, signe que leur chauffeur venait d'arriver. Peeta salua Sae, reprit sa position sous l'épaule de Madge et ensemble, ils franchirent l'unique porte de sortie, dans le mur opposé. Ils émergèrent dans une petite rue pavée et ensoleillée. Une large voiture blanche les attendait, le chauffeur appuyé contre la portière passager. Avec l'aide du chauffeur, Peeta glissa Madge sur la banquette arrière, s'installa à l'avant et indiqua leur destination.
Quelques minutes plus tard, la voiture s'arrêta devant un large portail en fer forgé, à partir duquel on pouvait apercevoir les couleurs chatoyantes des fleurs qui jaillissaient du gazon. Peeta jeta un coup d'œil anxieux à Madge. La jeune femme fixait d'un air absent le sang qui continuait de couler de sa plaie. Peeta ouvrit la porte, s'approcha d'un des piliers et appuya sur un bouton doré incrusté dans la pierre. Aussitôt, une voix féminine et désincarnée, jaillissant de la pierre elle-même, retentit :
-Jardin des Soins Intensifs, que puis-je faire pour vous ?
-Ici l'Agent Peeta Mellark, je vous amène une nouvelle patiente.
-Nom et type de blessure ?
-Madge Undersee. Balle dans le ventre.
-Très bien. Un bracelet portant l'identification vous est envoyé. Nos services arrivent immédiatement.
La voix s'éteignit dans un chuintement et tout de suite après, un pan rocheux s'écarta, laissant glisser un bracelet doré, que Peeta attrapa au vol. Il fit le tour de la voiture et attacha doucement la chaîne autour du poignet de Madge. Lorsqu'il se releva, il aperçut deux infirmiers en blouse blanche ouvrir le portail et se diriger vers la jeune femme, en poussant une chaise roulante aux emblèmes de la Présidente Coin, une aile de geai moqueur. Avec douceur et fermeté, les infirmiers basculèrent Madge sur le fauteuil, tendirent un feuillet dactylographié à Peeta et refermèrent le portail derrière eux.
Peeta remonta dans la voiture et laissa le taxi le conduire au Jardin Royal, lieu de résidence et bureau de la Présidente Coin. Il salua le chauffeur d'un signe de tête, ferma la porte derrière lui et grimpa l'escalier de marbre rose, menant aux doubles portes massives du Palais. D'un blanc éclatant, les grands vitraux colorés reflétaient le soleil et les coupoles dorées se dressaient entre les nuages. Les grandes portes en bois clair s'ouvrirent silencieusement à son arrivée.
Peeta entra dans un grand hall pavé de dalles dorées, montra son badge à l'un des gardes, flanqués de chaque côté de l'entrée, et s'approcha du pupitre derrière lequel trônait Effie Trinkett, secrétaire du Palais.
-Bonjour, Effie, la salua-t-il poliment.
-Oh Peeta ! répondit-elle, en claquant ses mains l'une dans l'autre, avec un enthousiasme légèrement disproportionné. Que me vaut cette petite visite ?
-Je dois consigner une arrivée, puis j'ai rendez-vous avec la Présidente, annonça-t-il en lui rendant son sourire et en lui tendant son badge.
Effie passa la carte dans un lecteur puis la lui rendit et agita une main manucurée pour lui dire au revoir. Peeta monta le grand escalier à double révolution. Arrivé au premier étage, il passa son badge devant la première porte sur sa droite. Il s'accouda au comptoir du Bureau des Arrivées, discuta poliment avec les secrétaires en remplissant le formulaire d'entrée de Madge Undersee, puis referma derrière lui et entreprit de grimper les escaliers jusqu'au septième étage. Après avoir passé deux autres contrôles, il entra finalement dans la salle de réunion attenante au bureau de la Présidente.
Elle était déjà assise au bout de la longue table en chêne sombre, dos aux grandes fenêtres donnant sur l'infinité du ciel. A sa droite, trônait la silhouette bedonnante de Plutarch Heavensbee, le Premier Agent et bras droit de la Présidente Alma Coin. Celle-ci salua Peeta d'un hochement de tête et lui indiqua la chaise de gauche. Le jeune homme se glissa sur le fauteuil en velours rouge.
-Bonjour, Peeta, commença la Présidente, son ton sec et professionnel, comme à son habitude. Nous vous avons convié ici car nous avons une mission pour vous. Plutarch, si vous voulez bien.
Plutarch s'éclaircit la gorge et ouvrit le dossier cartonné devant lui.
-Je ne vous apprends rien, Peeta, en vous parlant du conflit entre notre Présidente et l'Empereur Snow. On ne sait même plus vraiment comment cela a commencé, ajouta-t-il dans un petit rire, et se reprit devant le regard froid de Coin. Quoiqu'il en soit… Il s'avère que Snow est en train de prendre une avance sur nous depuis plusieurs siècles. Nous avons enregistré une baisse dans nos Arrivées, alors que nos informateurs nous rendent compte d'une explosion des Traversées du Styx. La vérité est là et on ne peut la nier, la Terre et les Humains sont dans un piteux état et il ne se passe pas un jour sans guerre. Les Humains sont mauvais pour eux-mêmes par nature, mais ils sont bien aidés par les Emissaires de Snow. Ils sont disséminés aux quatre coins du monde et provoquent catastrophe sur catastrophe. Vous avez déjà eu affaire à eux, vous savez qu'ils sont difficiles à contrer, tant les Humains ont déjà ce fond propice au Mal en eux.
Il prit une inspiration et sortit une grande photo, représentant une jeune femme aux sourcils froncés, perdue dans une foule se pressant sur un trottoir. Même sur le papier glacé, Peeta pouvait saisir le gris éclatant de ses yeux.
-Je suppose que vous connaissez déjà Katniss Everdeen ?
Peeta hocha brièvement la tête.
-Everdeen est une pièce forte de l'échiquier de Snow. Pas la meilleure, mais elle reste tout de même très dangereuse. Les bombes atomiques, l'assassinat de Kennedy, celui de Lennon ou encore l'explosion de la fusée Apollo 13, c'est elle. Elle travaille efficacement, sans laisser de trace derrière elle, contrairement à certains de ses collègues qui se laissent un peu trop emporter par leur joie destructrice. Elle règne actuellement sur Panem. Une petite ville sans grande importance si ce n'est qu'elle est devenue depuis peu la ville la plus corrompue du monde, tant Everdeen met du cœur à l'ouvrage.
Peeta examina en silence le visage fin de Katniss Everdeen. Il avait, par le passé, croisé plusieurs Emissaires de Snow, afin de stopper leurs agissements et gagner une victoire décisive pour la Présidente Coin, mais il n'avait jamais eu l'occasion de rencontrer Katniss Everdeen. Il avait entendu parler d'elle pour les mêmes coups d'éclat que Plutarch venait de citer et avait du mal à réconcilier ces évènements aux conséquences tragiques avec la silhouette menue, à l'expression détachée, presqu'ennuyée, figée sur le papier brillant.
-Mettre en échec Everdeen et reconquérir Panem seraient un gros coup pour notre camp. Cela enverrait un message clair à Snow mais permettrait aussi de redorer notre image auprès des Humains. Tellement peu d'entre eux croient encore en nous qu'il devient urgent de faire quelque chose pour inverser la vapeur. C'est là que vous entrez en scène, Peeta.
-Vous êtes l'un de nos meilleurs Agents, si ce n'est le meilleur, reprit la Présidente. La pureté de votre âme n'a d'égal dans nos rangs et nous pensons que vous êtes la personne la plus adéquate pour réaliser cette mission. Vous devrez Surveiller, Limiter les agissements et Apaiser l'âme d'Everdeen, dans le cadre de la Mission Angélique 72-32-32 S.L.A.E. Votre contact ici sera Plutarch et moi-même seulement. Avez-vous des questions ?
-Le but de la mission est donc de convaincre Katniss Everdeen de rejoindre nos rangs ? demanda Peeta, dubitatif.
-Oui, confirma Plutarch. Nous voulons avoir Everdeen avec nous plutôt que contre nous. Ce sera le meilleur des avertissements pour Snow pour lui signaler que nous prenons réellement les choses en main.
-Si vous n'avez pas d'autres questions, je vous suggère de préparer vos affaires, vous descendez sur Terre ce soir, dit la Présidente Coin, sur un ton ferme, annonçant la fin de la discussion.
Peeta récupéra le dossier que lui tendit Plutarch, salua la Présidente et le Premier Agent et sortit de la pièce. Il passa au Bureau des Missions pour se faire enregistrer et dévala les escaliers pour sortir du Palais.
Peeta avait en effet l'âme la plus pure parmi les Agents de Coin, sa Pesée restant un record inégalée. Il aimait voir le Bon dans les gens et portait un regard bienveillant sur les Humains qui tentaient, tant bien que mal, de vivre leur petite vie bien éphémère. Peeta avait un bien trop bon fond pour soupçonner un instant que son propre camp pouvait lui cacher des secrets. Car si le dossier coincé sous son bras arborait la mention « M.A. 72-32-32 S.L.A.E », elle était enregistrée sous un tout autre nom dans les ordinateurs des Jardins : « Mission Angélique 72-32-32 L.A.S.E. », pour Limiter les agissements, Affaiblir et Supprimer Everdeen.
Peeta repassa par ses quartiers, fit ses valises, embrassa Sae puis emprunta à nouveau l'ascenseur et rentra le code de Panem dans le clavier numérique. La cabine entama la longue descente vers la Terre. En attendant le « ding dong » d'arrivée, il jeta un dernier coup d'œil à la photo de Katniss Everdeen puis la plia en quatre et la glissa dans sa poche arrière.
Les portes s'ouvrirent sur un hall désaffecté plongé dans l'obscurité. Il n'avait pas de montre sur lui mais il était clair que la population de Panem serait encore au pays des songes pour plusieurs heures. Il hissa son sac sur son dos et sortit dans l'air frais de la nuit, se dirigeant vers l'appartement qui lui était mis à disposition. Les rues étaient désertes, l'atmosphère pesante, et la brise froide le fit frissonner.
Quelques minutes plus tard, son sixième sens capta les ondes de choc d'une catastrophe, qui venait de se produire dans les environs. Il se figea, ferma un instant les yeux et se concentra pour déterminer l'épicentre des ondes. Une fois qu'il fut à peu près sûr, il se précipita au coin de la rue et continua de couper à travers les croisements jusqu'à percevoir, de loin, les premiers cris d'horreur. Il plissa les yeux, distinguant la silhouette d'une voiture encastrée dans un lampadaire et d'où s'échappaient des volutes de fumée sombre. Un attroupement commençait à se former et les fenêtres des bâtiments alentours commençaient à s'allumer dans la nuit. Peeta s'approcha du petit groupe et tapota gentiment l'épaule d'une jeune fille. Elle tourna ses yeux cerclés de maquillage vers lui.
-Que s'est-il passé ? demanda-t-il.
-On ne sait pas trop… La voiture a dérapé dans le virage et elle a tournoyé au milieu de la route avant de percuter le poteau, grimaça-t-elle.
-Quelqu'un a appelé les secours ?
-Oui, c'est la femme là-bas qui les a appelés, confirma la jeune fille, en pointant du doigt une femme brune, un téléphone serré dans la main.
Peeta pouvait déjà entendre les sirènes lancinantes des pompiers qui se rapprochaient. Il attendit le signal pour entrer en scène et quelques instants plus tard, il sentit les picotements habituels sur sa peau. Le monde ralentit subitement autour de lui, jusqu'à se figer complètement. Peeta jeta un coup d'œil rapide pour vérifier : la jeune fille à côté de lui était immobile, la bouche grande ouverte comme prise en pleine discussion. Il laissa alors tomber son sac et s'approcha de l'habitacle défoncé de la voiture, se penchant pour en examiner l'intérieur. Le conducteur était un homme d'une trentaine d'années. Il était enfoncé contre son siège, bloqué par son volant. Ses yeux étaient à moitié clos et du sang maculait son visage, là où les éclats de verre du pare-brise brisé l'avaient coupé. Il était en mauvais état, pensa sombrement Peeta.
-Salut, dit-il doucement, en secouant l'épaule de l'homme.
Il sursauta, gémit de douleur et leva le regard vers Peeta. Ses yeux s'écarquillèrent et il fit un mouvement pour s'extraire de la voiture, mais ses traits se tordirent de douleur.
-Du calme, vous allez vous faire mal, tenta de l'apaiser Peeta.
-Que… Que s'est-il passé ? demanda l'homme faiblement.
-Vous avez eu un accident. Apparemment vous avez perdu le contrôle de votre véhicule et vous avez fini votre course dans un réverbère. Ne bougez pas, le choc a dû causer beaucoup de dégâts internes.
-Est-ce que quelqu'un a appelé les secours ?
-Oui, ne vous inquiétez pas, ils sont en chemin. Mais d'abord j'ai à vous parler.
Les yeux de l'homme se fixèrent sur l'attroupement figé à quelques pas et revinrent rapidement sur Peeta.
-Qui êtes-vous ? Que se passe-t'il ? souffla-t-il, commençant à paniquer.
-Ecoutez… Quel est votre nom ? demanda Peeta avec patience.
-Th...Thresh… Que me voulez-vous ?
-Enchanté, Thresh, moi c'est Peeta. Je vais vous expliquer tout de suite ce qu'il se passe mais vous devez me promettre de vous calmer.
Peeta fixa Thresh jusqu'à ce qu'il hoche lentement la tête. Peeta s'appuya sur le flanc de la voiture.
-Je vais être honnête avec vous, Thresh, l'accident que vous avez eu a été très violent. Tellement violent…que vous ne vous en sortirez pas, finit-il doucement.
Les yeux de Thresh sortirent de leurs orbites et sa bouche s'ouvrit en un cri silencieux de désespoir. Peeta passa la main à travers le pare-brise éclaté et la posa sur le poignet de Thresh, pressant le point de pulsation à l'intérieur pour apaiser les battements de son cœur.
-Je ne peux rien faire pour ça, continua-t-il, son toujours mesuré et calme. En revanche, je peux vous aider pour l'après. Ce n'est pas parce que ça se finit sur Terre que vous disparaissez. Vous avez le choix, vous avez une chance de pouvoir continuer.
-Co… Comment ça ? C'est… c'est le Paradis ? Vous êtes un ange ? bégaya Thresh.
-Quelque chose comme ça, répondit Peeta en riant. En tout cas, vous pouvez choisir de rejoindre nos rangs et de revenir sur Terre pour changer les choses.
Thresh cligna plusieurs fois des paupières puis ses traits s'affaissèrent :
-Je ne sais pas trop si je mérite d'aller…d'aller là-haut, souffla-t-il abattu.
-Ne vous inquiétez pas, c'est nous qui allons juger de ça, le rassura Peeta en lui faisant un clin d'œil. Mais j'ai un bon feeling !
Le visage de Thresh s'éclaira légèrement puis prit un air interrogateur.
-Que dois-je faire ?
-Vous devez me faire une promesse. Elle fera office de contrat entre nous. Alors je reviendrais vous chercher dans quelques jours et je vous emmènerais aux Jardins d'Eden. Une simple promesse.
-Très … très bien, répondit Thresh, d'une voix mal assuré. Juste une promesse et après… ce sera bon ? J'irais au Paradis ?
-Vous aurez une chance d'accéder aux Jardins, confirma patiemment Peeta. Il vous suffit simplement de promettre.
-Je pr…
-Oh là, pas si vite !
Une troisième voix, féminine et sèche, retentit derrière Peeta. Surpris, Thresh leva la tête et Peeta se tourna.
Devant lui, les jambes campées dans ses bottes, les bras croisés sur la poitrine et sa tresse battant doucement sous le vent, se tenait Katniss Everdeen en personne, une expression dégoûtée sur le visage.
Salut salut ! Et oui, c'est moi, la meuf trop chiante qui publie 50 fictions en même temps !
Mais ce voyage-là est spécial...
D'une part, il ne risque pas forcément de plaire à tout le monde... Je m'excuse par avance à ceux dont ce ne serait pas la tasse de thé et je vous revoie à mes fictions plus..."conventionnelles", disons.
C'est un vrai défi que je me lance ici, en écrivant des chapitres bien plus longs. Si je garde ce rythme-là, la fiction devrait avoisiner les 200 pages ! Une montagne pour moi, mais je me sens prête à relever le défi ;-). J'espère que les chapitres ne vous sembleront pas trop longs ...
Enfin, elle me permet de revenir un peu aux origines, en mêlant aventure et fantastique. Deux genres que j'affectionne puisque j'ai été bercée par Harry Potter et que Queen JK Rowling est un vrai modèle pour moi !
Comme vous l'avez vu, le résumé est inspiré de "Sept Jours Pour Une Eternité" de Marc Lévy, que j'ai lu en diagonale i peu près 6 ans mais depuis je pense régulièrement à la trame de fond, car il faut avouer que l'idée de base est assez exceptionnelle !
Au cas où, je préviens, mais ce n'est pas du tout une fiction religieuse et j'ai construit ma propre mythologie en utilisant des éléments de toutes les religions monothéistes, de cultes égyptiens et antiques mais aussi en puisant dans la philosophie.
Voilà, sur cette note à peu près aussi longue que mon chapitre, je vous laisse et j'ai hâte (mais je suis aussi très nerveuse) d'avoir vos avis.
Des bises et à très vite,
Bergdorf.
