Disclaimer : L'histoire est basée sur des personnages et des situations qui appartiennent et ont été créées par JK Rowling, par de nombreuses maisons d'édition incluant Bloomsbury Books, Scholastic Books, Raincoast Books, Warner Brothers et autres.

Auteure : serinamalfoy

Note de la traductrice : Bonjour tous et toutes! Ceci est une fic en trois parties, dont voici le premier volet. Les deux autres ne sont pas encore publiés, mais je les traduirai en temps et lieu si la première partie a un peu de succès. Cette fic est traduite de l'anglais, et c'est la première fois que je fais ça. J'espère que la traduction est assez fidèle. Enfin… lisez, c'est vraiment bon! Ah, aussi… Merci à ma super-bêta, Solly! C'est un ange de la vie, et même si elle aime pas tellement les slash, elle est très utile!

Dwindling Pieces

Première partie : Disintegration

C'est une main fraîche qui m'a réveillé ce matin, me tirant de mon assoupissement. C'est une main douce qui a repoussé mes cheveux de mon front et des lèvres pleines qui ont murmuré un « bon matin » à mon oreille. Tout cela me rappelait chacun des matins où j'étais réveillé par la personne qui m'aime.

Mais la voix soyeuse qui me dit « Je suis à toi » tous les matins brise tous les espoirs que ce soit celle de la personne que j'aime. Tu ne m'as jamais dit que tu étais à moi – non, j'étais à toi, et à toi seul.

En ouvrant mes yeux, finalement tiré de mon sommeil, des cheveux brun clair et des yeux d'un brun encore plus pâle envahirent mon champ de vision, et j'eus à résister à la tentation de fermer les yeux avec dégoût. Je me forçai à regarder la femme assise dans mon lit et lui offris un demi sourire, ayant peur qu'il ne se transformât en grimace si je l'étirais plus. Elle me sourit, me rappela que le déjeuner serait servi dans une heure, et qu'elle partirait après pour quelques heures avec notre fille.

J'avais presque réussi à lui faire se souvenir que c'était sa fille, et non pas la mienne. Ma fille n'aurait pas les yeux bruns ; gris comme les miens, oui ; verts comme les tiens, oui. Mais pas bruns, comme les siens.

Je m'assis, repoussant les draps qui m'entouraient, regardai par la fenêtre et lançai un regard furieux aux lumineux rayons du soleil matinal. Je sortis du lit pour me diriger vers la salle de bains, tout en me disant que le temps était complètement opposé à mon humeur.

Ma femme (elle préférait que je l'appelle de cette façon) s'était toujours plainte de ma salle de bains ; elle lui faisait penser à un vestiaire de Quidditch, avec ses nombreuses douches. Elle ne voyait vraiment pas l'utilité des multiples éviers et des miroirs qui étaient trop petits pour être utilisés convenablement. Elle ne comprenait pas non plus la signification de cette mise en scène, les casiers dans un coin, les bancs disposés un peu partout dans la pièce. Elle était vraiment ignorante pour ne pas se rendre compte que c'était un vestiaire de Quidditch ; la réplique exacte de celui à Poudlard. Mais, de toute façon, elle n'était jamais allée à Poudlard.

Dans la deuxième douche, laissant l'eau bouillante couler sur mon dos, je me rappelais la dernière nuit que nous avions passé ensemble. Nous étions là-bas, cachés dans les douches du vestiaire des Serpentards. Tu étais venu à moi dans la nuit, après que j'eus été voler. Tu m'avais rappelé que j'étais tien, me remplissant d'un désir intoxiquant.

Alors que j'étais là ce matin, je ne pouvais pas croire que je supportais cette torture, me rappelant la façon dont tu me caressais dans les douches il y a si longtemps. Les tuiles froides qui étaient contre mon dos et l'eau brûlante qui recouvrait mon visage me rappellent chaque effleurement dont la sensation persiste encore. Chaque goutte d'eau était ton doigt traçant un chemin dans mon dos, caressant chaque centimètre de ma peau.

Et puis sa voix perça le silence de cette torture que je m'infligeais en résonnant dans la pièce, m'appelant pour le petit déjeuner.

Quand ma femme et sa fille furent de retour au manoir, le soleil était déjà haut au-dessus des têtes, des nuages assombrissant l'atmosphère pesante. J'étais assis dans la salle à manger, absorbant lentement les plats que les elfes de maison m'avaient préparés, ignorant les piles de papiers qui m'entouraient. J'avais appelé au bureau pour signaler que je ne viendrais pas durant la fin de semaine, mais on avait tout de même insisté pour m'envoyer par hibou le travail le plus urgent. Procès, lettres de mes clients, une incroyable quantité de dossiers envoyés par le département de recherche ; tout cela était embrouillé dans mon esprit, et je relevais parfois la tête de mon assiette pour lancer à la pile un regard menaçant.

Des bruits de pas dont le claquement sec était étouffé par le tapis perse approchèrent, et je me trouvai confronté à des cheveux bruns et à un frais baiser sur ma joue. Avec un air qui se voulait le moins dégoûté possible, je regardai ma femme s'asseoir dans une chaise à côté de la mienne.

"Bon après-midi, mon chéri."

Je hochai la tête, puis pris le journal qu'elle me tendait: "'Après-midi, Wilone."

Elle me sourit doucement en me regardant ouvrir l'édition du jour de la Gazette du Sorcier. Wilone savait très bien qu'elle n'avait pas intérêt à m'interrompre dans ma lecture, et il était évident en voyant son air que ses précédentes expériences d'interruptions de ma lecture l'avaient marquée. Je scrutai chaque page, cherchant un nom. J'avais parcouru des yeux chaque mot de chaque article, presque soulagé du fait que je ne l'avais pas trouvé. J'allais plier le papier avec un air triomphant, quand je regardai une dernière fois et le vis. Dans le coin de la dernière page, en petits caractères, ils avaient osé écrire ton nom. Je grognai, le soulagement laissant place au mépris, et lançai le journal sur le mur.

Même après dix ans, ils ne pouvaient pas te laisser tranquille.

Wilone se leva soudainement, sa robe se déplaçant en plis fluides alors qu'elle s'approchait de ma chaise, mettant une main sur mon épaule. Je fus momentanément surpris qu'elle ne retourne pas à sa place. Elle devait penser que son geste était réconfortant, que de savoir qu'elle était là pour moi était apaisant. Je voulais ôter sa main de l'endroit où elle avait élu domicile, la chaleur de ce contact créait la sensation d'une invasion de fourmis sur ma peau, et la démangeaison était presque insupportable. Je voulais gratter mon épaule, déchirer la peau qu'elle contaminait.

Après de longs moments d'agonie, Wilone déclara qu'elle avait entendu sa fille pleurer, et je ne l'empêchai pas de me quitter. En quittant la salle à manger, elle arrêta tout de même pour prendre le journal et le déposa doucement sur le coin de la table. Il était trop loin pour que je le prenne, mais je pouvais encore le voir.

Je m'appuyai sur ma chaise, mes yeux braqués sur le papier. La façon dont le Ministère te mentionnait encore, dix ans après la défaite du Lord Noir, me fascinait. Tu étais leur héros, on entendait toujours parler de toi – tu avais été en première page, probablement pendant des mois, avec les nouvelles, l'excitation et le mystère qui entouraient ta victoire et qui étaient un sujet parfait pour les nouveaux articles qui paraissaient chaque jour. Mais quand les nouvelles devinrent plus vieilles, les gens voulaient entendre parler d'événements plus récents, et les éditeurs déplacèrent ton histoire à la deuxième page, puis la troisième, la quatrième, la cinquième, jusqu'à ce que les articles sur toi finissent par disparaître. Mais ils ne t'ont jamais oublié, ils devaient faire endurer leur folie aux lecteurs – ils te nommaient toujours au moins une fois.

Je voulais te voir disparaître peu à peu ; je me réveillais chaque matin pour être sûr que tu n'étais pas mentionné. Mais tu l'étais, et chaque jour je vivais dans l'agonie, souhaitant pouvoir éradiquer ton existence de ma vie. Mais chaque soir je m'endormais en rêvant à toi, et je m'éveillais chaque matin en pensant à toi.

Pendant dix ans, j'ai été tourmenté par ta disparition. Je t'ai cherché chaque jour après avoir quitté Poudlard, après que tu aies mis un terme à la guerre. Tu m'as abandonné et je t'ai cherché. J'ai toujours trouvé ironique le fait que c'était moi qui te cherchait, alors que ça aurait du être l'inverse.

Quel genre de propriétaire étais-tu, pour m'avoir abandonné de la sorte?

Je ne t'ai jamais trouvé, et après de nombreuses années, je ne pouvais même plus penser que tu étais encore en vie. Tes amis n'avaient pas eu de nouvelles de toi, et ils avaient abandonné leurs recherches. Ils se disaient que si tu voulais être retrouvé, tu le serais. Mais ça ne m'avait pas arrêté, et le Ministère continuait aussi ses recherches. Néanmoins, nous ne t'avons pas trouvé. Les années passaient, alors nous t'avons simplement abandonné, même si certains étaient satisfaits de vivre dans ton souvenir, et rabattaient complètement les oreilles de ceux qui souffraient de ton absence. Je devais tourner la page, parce que je ne pouvais pas supporter d'être seul. Pas après avoir été avec toi.

Je restai assis dans la salle à manger toute la matinée, le regard dans le vide, me posant des questions sur les choix et décisions passés qui avaient changé ma vie. Pourquoi avais-je marié Wilone ? Était-ce pour tenter de remplir un vide qui ne me quitterait jamais ? Peut-être que tu serais ici au Manoir, et pas elle, si tu n'avais jamais disparu.

Ma vie était-elle si atroce ?

Tout cela me troublait ; j'avais tout ce que je voulais, d'une excellente carrière à une femme aimante. Je ne l'aimais pas nécessairement en retour, ne me préoccupais pas de sa fille, mais elles étaient tout de même une partie de ma vie avec laquelle je croyais devoir rester. Elles faisaient partie de ma routine, et je détestais que ma routine soit brisée.

Les appels d'un elfe de maison me tirèrent brusquement hors de mes pensées, et je me dirigeai à contrecoeur vers le hall d'entrée. En arrivant, je fis un effort suprême pour ne pas lancer un regard chargé de dédain aux gens que je trouvai là, m'attendant.

Weasley, toujours aussi grand, se tourna vers moi quand je fus à leur hauteur. Sa femme, Hermione, à côté de lui, et lui tenait fermement le bras. Ça me rendait malade de voir ces deux-là ensemble. Je pouvais supporter la présence d'Hermione, avec qui je travaillais pratiquement chaque jour, mais Weasley était toujours le même être pauvre et borné que j'avais toujours connu.

Il lança une regard pesant à Hermione, qui s'était éloignée de lui pour me serrer dans ses bras. Bien que le geste me surprenne, je ne reculai pas. L'air dégoûté de Weasley fit que l'étreinte valut tout à fait la peine. J'avais de la difficulté à me souvenir que je ne détestais plus Hermione.

« Chéri, qui sont ces gens ? »

Je jurai intérieurement, puis me tournai pour voir ma femme qui était dans les escaliers. Les yeux de Wilone froncèrent dangereusement quand elle vit Hermione dans mes bras. Son air de dégoût ressemblait étrangement à celui de Weasley, alors je me détachai rapidement de l'étreinte d'Hermione.

« Wilone, voici Hermione Granger, chef du département de recherche à la firme. » Wilone acquiesça, en regardant les vêtements décontractés d'Hermione avec une moue dégoûtée.

Une toux étouffée me rappela la présence de l'autre personne dans la pièce.

« Ah, et voici Ronald Weasley, ancien pair à Poudlard, et mari d'Hermione. »

Wilone ne porta pas attention à Weasley. Si j'avais fait quelque chose de bien dans ma vie, c'était d'avoir su dompter ma femme. Elle différenciait les gens qui avaient de la classe de ceux d'origine modeste automatiquement, et agissait en conséquence.

« Que faites vous ici, Ms. Granger ? »

Hermione lança un regard caustique à Wilone, et je haussai les sourcils. Hermione n'avait jamais été hostile, mais il était évident qu'elle ne l'appréciait pas du tout. Peut-être était-ce parce qu'elle avait déjà rencontré ma femme, mais que cette dernière ne s'en rappelait visiblement pas. Je toussai discrètement, pour attirer son attention.

"Hermione, que fais-tu ici? Tu ne veux quand même pas que je te rende les dossiers que tu m'as envoyés ce matin ; tu m'aurais demandé de te les renvoyer par hibou. »

Hermione regarda Weasley. Il nous ignorait grossièrement, ma femme et moi-même, et je ne savais pas si je devais être heureux de voir qu'il n'appréciait pas Wilone, ou être insulté qu'il prétende que je n'étais pas là. Il regarda Hermione et hocha la tête avant de sortir.

Je me rendis compte que ma femme avait cessé de respirer quand Hermione s'approcha, la tête inclinée. Elle chuchota quelque chose à mon oreille, mais je ne pouvais pas entendre. J'eus à pencher la tête vers elle, et eus le souffle coupé en voyant ses yeux emplis de larmes. Elle répéta ce qu'elle venait de dire. Sa voix tremblait, envahie par l'émotion. Je reculai, incrédule. La tête baissée, elle acquiesça, puis répéta.

Tout ce qui m'était arrivé dans ma vie ne pouvait m'avoir préparé pour ce moment. Ça brisait complètement ma routine, cette routine que j'avais essayé de garder pour presque dix ans.

Tu avais été retrouvé, et on voulait que je vienne te voir.

Ce matin semble si loin alors que je suis ici, maintenant, derrière un mur de verre. La pièce est si lumineuse que c'en est aveuglant. Mais tout cela est artificiel, beaucoup trop blanc pour être vrai. Je me demande si la lumière c'est ça, le bonheur. La lumière qui entrait dans ma chambre, ce matin : c'était quelque chose que j'avais, mais que je ne voulais pas.

C'était pourtant vrai, mais ce n'était pas toi.

Quand nous nous asseyions près du lac, à Poudlard, tu m'as déjà dit que tout le monde est volage. Tu m'as dit que ce que les gens veulent, ils le désirent seulement jusqu'à ce que ce soit à eux.

Je t'ai demandé si tu étais comme les autres. Je t'ai demandé si tu me voulais, et je t'ai demandé si tu me voudrais encore quand tu m'aurais.

Tu t'es tourné vers moi et tu m'as souri, tu m'as offert ce sourire espiègle et malicieux.

« Mais Malfoy », tu me dis, prenant mon visage entre tes mains et en plantant tes yeux couleur émeraude dans les miens, « Je t'ai déjà. Mais je ne te veux pas, j'ai besoin de toi. »

Mais maintenant, sous ces lumières artificielles, ce manque de vie mélangé à l'illumination surréelle me rappelle que je suis plus vieux. Que même si je rêve à toi et que je te veux, je suis aussi inconstant que les gens autour de moi.

Mais si tu es supposé me rendre heureux, pourquoi ta vue me dégoûte-t-elle ?

Je regarde tous tes amis, qui sont venus voir dans quel état tu te trouvais. Pourquoi tous ces gens sont venus voir un lunatique à moitié fou, je n'en ai aucune idée. Mais ce sont tes amis, alors je ne suis pas étonné qu'ils soient là. Ils sont probablement venus pour te rassurer et pour que tu sentes que tu étais de retour chez toi. C'est inutile, car tu es incapable de nous comprendre. Tu verrais simplement à travers nous, et à la place tu verrais un monde que nous ne pourrons jamais comprendre.

Je vois un grand panier rempli de ce qui semblent être des gâteaux et des tartes, transporté par la mère de Weasley. Je roule des yeux ; ils sont seulement là pour se rassurer, car aucun d'eux ne veut croire ce qui leur a été dit.

Je regarde le reste des gens, et je ne suis pas surpris de trouver Weasley rongeant nerveusement ses ongles. Il se tourne quelques fois pour lancer un regard à sa sœur, extrêmement pâle, qui couvre sa bouche de sa petite main. Le fait qu'elle soit mortifiée par ton apparence ne m'étonne pas, car n'importe quelle personne saine d'esprit le serait. Hermione est à côté de moi, se mordant les lèvres, en signe d'appréhension. Elle n'a pas changé depuis dix dans ; ses cheveux sont encore crépus, elle n'est pas extrêmement attirante, même si depuis que je travaille avec elle j'ai su commencer à apprécier sa physionomie. On ne voit rien dans son regard ; elle contemple l'univers. Alors que je me tourne pour te regarder encore une fois, spécimen inconscient emprisonné derrière un mur de verre, je ne comprends pas comment elle ose te contempler. La simple vérité est déjà assez dure à supporter.

Je croise le regard d'Hermione, qui elle m'offre un demi sourire avant de continuer à te contempler.

« Draco, » l'entends-je murmurer, « On ne peut pas le laisser rester ici. »

J'acquiesce, incapable de bouger une autre partie de mon anatomie. Je suis son regard pour te voir, et ma gorge se serre encore plus. Ce qui était un jour un héros est maintenant le squelette d'un homme, désagrégé de partout, faible et brisé. Tu marmonnes pour toi-même, ta voix est basse et à peine audible. Ta tête est inclinée, et nous attendons tous que tu regardes vers nous, pour nous prouver avec tes yeux et ton visage que tu es réel. Mon estomac se noue alors que je te vois lever ta main pour te gratter, tes ongles sont noirs et croûtés de saleté. Tes cheveux longs tombent rigidement sur tes épaules, et je frissonne incontrôlablement alors que je vois quelque chose en sortir et ramper sur ton bras. J'ai la nausée et je dois me tourner pour reprendre mon équilibre.

Je ne me retourne pas avant d'avoir entendu la fille Weasley hurler et je sens qu'Hermione attrape mon épaule. C'est à son tour de devenir pâle comme la mort, et je l'aide à se diriger vers Weasley avant de retourner vers l'avant, pressant ma main sur le verre froid. Mais dès que j'y suis, je veux être aussi loin que c'est humainement possible.

Tes yeux sont vides, d'un vert si foncé qu'il ne peut pas exister. Ils sont perdus, cherchant dans la pièce, puis me regardant, comme si tu savais que je suis là. Tu ne devrais pas, car nous sommes derrière un miroir, mais encore tu me regardes. J'ai le souffle coupé alors que j'étudie les traits de ton visage, réalisant que c'est toi, et qu'il n'y a pas de place pour le doute. Ce sont tes yeux, peu importe à quel point ils sont ternes, et c'est ton nez, ta mâchoire, tes joues qui constituent ton visage, accentué par la peau qui est étirée sur ton crâne.

Même sur ton front, si je plisse des yeux et que je laisse aller mon imagination, je peux voir la mince ligne qui était autrefois ta cicatrice en forme d'éclair. Elle est difficile à voir, étant donné le fait qu'il y en a tellement d'autres qui couvrent ce qui était, il y a longtemps, une peau magnifique.

Je me hais de penser à cela.

Les docteurs entrèrent, portant des sarraus aussi blancs que la lumière nous éclairant. Tout le monde s'asseoit, sauf moi, qui s'appuie sur le mur de verre alors qu'ils s'adressent à nous. Ils nous disent qu'il n'y a aucun doute, la personne dans l'autre pièce, c'est toi ; je grogne. Nous le savions déjà, je crois. Ils continuent, nous disent que tu dois rester à l'hôpital, pas seulement pour ta sécurité, mais aussi pour la nôtre. Le vacarme des voix qui argumentent s'élève, mais je ne fais qu'observer, perdu dans mes pensées.

Hermione me regarde, et je sais qu'elle a un plan. Elle se lève, puis se dirige rapidement vers moi. Attrapant mon bras, elle se penche pour chuchoter rapidement à mon oreille.

« Draco, tu es le seul qui peut sortir Harry d'ici. Je m'y connais autant que toi en matière de justice, mais tu es le seul qui peut s'y risquer sans danger. Tu es le seul qui peut lui fournir tout ce dont il a besoin, et je suis sûre que tu vas le faire. » Hermione prend une grande respiration, et elle rougit alors qu'elle lance un regard à Weasley, qui s'approche.

« Tu es le seul qui a assez de ressources pour prendre soin de lui, Draco. Il va avoir besoin de supervision médicale ; il va devoir être constamment surveillé. » Elle recule quand Weasley attrape son bras, la tirant loin de moi. J'analyse ce qu'elle vient de dire. Mais, alors qu'elle lève les yeux avec espoir, je détourne mon regard, puis ferme les yeux. Je la sens hésiter, puis se retourner et suivre Weasley jusqu'à leurs sièges.

Je me demande si c'est ce que je veux. Je voulais la paix, et j'ai eu la possibilité de l'avoir pendant si longtemps. Mais ton souvenir, enfermé à l'arrière de ma tête, a débordé pour revenir dans ma vie et ne m'a jamais laissé tranquille. Maintenant, alors que tu es assis dans une pièce juste derrière moi, une chambre d'hôpital que tu ne quitteras peut-être jamais, je ne sais pas si je veux que tu restes avec moi.

"Qu'ai-je donc à perdre?" j'ouvre mes yeux et je vois qu'Hermione me regarde. « Quelle partie de ma nouvelle vie perdrais-je pour ravoir ce que je n'ai pas eu pendant si longtemps ? » Je passe la main dans mes cheveux en soupirant. « Je perdrais la routine, c'est certain. »

Hermione avait du lire sur mes lèvres, car ses yeux se sont emplis de tristesse. Alors qu'elle détournait le regard, ses épaules se sont affaissées, causant un contraste effarant avec la posture fière et droite qu'elle arbore habituellement. Je me retourne pour te regarder à travers la vitre.

Ta tête est à nouveau inclinée, mais dès ou mon regard se pose sur toi, tu relèves la tête. Tes yeux rencontrent les miens et, pour un instant, je me sens aspiré par le vide que je vois dans tes yeux. Je sens que ma poitrine se compresse, et le picotement de mes yeux me force à détourner le regard. Je frémis en réalisant que j'ai mal aux bras, que je me sens faible et que mes genoux ont de la difficulté à supporter mon poids. Je veux me laisser tomber par terre, là, me rouler en boule, et échapper à toutes les responsabilités que j'ai en ce monde.

Je veux te prendre dans me bras et tout oublier, mais je dois résister à mes désirs stupides. C'est incroyable à quel point tu as toujours eu cet effet sur moi, et même dans ta folie schizophrénique, avec ton air maladif, j'ai de la difficulté à résister à cet appel.

Je fais un pas vers l'avant, résistant à la tentation de me laisser tomber sur le sol pour y rester, et j'attends que le silence se fasse. Alors que tout le monde se tourne vers moi, je me redresse. Il n'y a aucun doute d'après ce que je vois dans les yeux d'Hermione, je suis redevenu l'image d'arrogance à laquelle tous sont habitués, demandant l'attention.

« Je vais fournir l'argent nécessaire pour les soins de Potter, » dis-je avec un air de défi, regardant tes amis tous rassemblés ici, « À la condition qu'il vienne habiter avec moi au Manoir. »

Je ne laisse pas place à l'argumentation alors que je recule, attendant leurs réactions.

Plusieurs ont le souffle coupé, j'entends des exclamations de surprise, et Weasley se lève en pointant un doigt accusateur vers moi. Hermione le force à se rasseoir alors qu'il esquisse un mouvement pour s'approcher de moi. Il fronce les sourcils, mais Hermione m'offre un sourire reconnaissant, effleurant mon bras alors qu'elle se tourne pour questionner les docteurs. Nous savons tous deux que les docteurs sont au courant du fait que nous pouvons convaincre n'importe qui de te laisser venir avec moi ; nous avons la réputation de prendre en main les problèmes quand nous en ressentons le besoin.

Ce n'est donc pas une surprise de voir les médecins se regarder, hésiter, puis acquiescer pour montrer leur consentement. Chacun leur tour, tes amis donnent leur permission, Weasley le dernier. J'entends Hermione lâcher un soupir de soulagement, la tête appuyée sur le mur de verre. Je me retourne pour lui parler, puis mords ma lèvre pour retenir un cri d'horreur. Hermione me regarde avec un air interrogateur, puis se retourne pour regarder ce qui m'a fait réagir de la sorte. Elle porte sa main à sa bouche avec surprise, et mord ses jointures en reculant.

Sans que nous nous en rendions compte, tu t'étais approché. Ton front crasseux est pressé sur le miroir, et tes yeux vides percent à travers ce qui devrait être ton reflet et fixent mes propres yeux. Tes lèvres bougent, mais il ne sort aucun son de ta bouche. Cette attirance revient, et je me sens commencer à approcher. Il n'y a aucun doute, tu as un effet magnétique sur mon corps.

Mais Hermione me retient, me tire loin de la surface de verre, et tes marmonnements deviennent de plus en plus rapides, tes lèvres bougent toujours plus vite. Tu commences à agiter la tête, et tu frappes du poing sur le miroir. Tes yeux ; ils sont grand ouverts et ils clignent tout en me reconnaissant. Le vert foncé qui les caractérise est envahi par une familière couleur émeraude.

Tu me vois.

Tout en te regardant essayer de défaire les sangles qui te retiennent sur ton lit, je me demande si je voulais vraiment te retrouver, si c'était pour te voir comme ça. Il y a une quantité innumérable de médecins, infirmiers et spécialistes de toutes sortes qui visitent le Manoir sur une base quotidienne, prenant des notes sur ton comportement, les battements de ton cœur, et un million d'autres choses qui ne devraient pas être importantes. J'ai décidé qu'aujourd'hui, je les mettrais tous dehors et que je poursuivrais le Ministère pour ne pas nous laisser droit à une vie privée. La fille de ma femme se met à hurler dès qu'elle voit quelqu'un portant un sarrau passer, et je ne peux rien faire si ce n'est serrer les dents pendant que Wilone essaie en vain de calmer la fillette.

Un médecin serre une dernière fois les sangles qui retiennent tes bras, et tu restes immobile alors que j'approche de toi. Je congédie le docteur, et je peux bien voir dans ses yeux qu'il savait déjà que je ne supporte pas la présence de spécialistes de la santé dans mon Manoir. Il quitte précipitamment la pièce, prenant de l'équipement avec lui, alors que je me penche vers toi.

"Tu devrais savoir" dis-je lentement, « que c'est l'heure pour toi de dormir. Après trois semaines, Potter, tu devrais reconnaître ton 'heure de sieste' quand elle arrive. »

Je ne sais pas pourquoi je persiste à essayer de te parler. Tu me regardes, tes yeux parcourant mon corps, puis tu regardes plus loin, d'un air distant, marmonnant des phrases inintelligibles. Je suis heureux que ton apparence se soit améliorée ; tes cheveux sont coupés, et je t'ai acheté de nouveaux vêtements. Je suis aussi heureux de ne pas être celui qui doit se battre avec toi pour te faire prendre ton bain. J'ai entendu dire que c'est toute une lutte ; on l'a fait pendant que j'étais au travail, essayant de garder ma vie aussi en ordre que possible.

Mais, encore une fois, c'est la fin de semaine, et je sors de la pièce qui te sert de chambre, fermant la porte derrière moi. Je m'appuie sur la porte, et je peux t'entendre recommencer à lutter contre les courroies qui te retiennent en place. Je soupire, puis commence à me diriger vers le salon. Il y a quelqu'un qui est supposé m'y attendre, et je ne peux pas la laisser patienter des heures.

Les trois semaines qui viennent de passer défilent dans ma tête alors que je descends les escaliers, pensant à toi. Quand j'étais à la maison, on me demandait constamment de venir dans ta chambre. J'aurais préféré de loin être dans mon bureau, travaillant sur des dossiers importants, mais les docteurs continuaient à m'appeler, disant que tu semblais te calmer quand j'étais à proximité. Je ne peux le nier, même si j'aurais préféré que ce soit une coïncidence ; tu es sage quand je suis là, même si tu n'écoutes pas ce qu'ils me disent de te dire.

Parfois tu me regardes, et tes yeux s'agrandissent comme ils l'ont fait la première fois que tu m'as vu, à l'hôpital. Mais chaque fois que tu m'as vu, tu regardes ailleurs, et chaque fois, je suis troublé. Peut-être que ce n'est pas moi que tu vois, mais quelque chose de l'autre monde dans lequel tu vis.

Pourtant, contre toutes mes pensées rationnelles, j'espère que tu te sens coupable. Je veux que tu saches que ma vie a été brisée quand tu m'as quitté, et que je trouve que tu mérites tout ce qui t'est arrivé. Je veux que tu voies dans mes yeux que j'ai été en colère contre toi tout ce temps.

Car, comment as-tu pu me dire « Tu es à moi » puis disparaître le lendemain ?

J'ouvre la porte du salon, non surpris de voir Hermione assise sur son sofa préféré. Elle mord sa lèvre inférieure, et tient dans ses mains une tasse de ce qui doit être du lait chaud, tout en regardant dans le vide.

Je me dis qu'elle doit penser à toi. Elle ne boit jamais de lait chaud, sauf quand elle pense à toi. C'est une habitude étrange qu'elle a, une qui a commencé il y a dix ans.

Je ferme doucement la porte, puis m'assieds dans la chaise berçante devant Hermione, faisant glisser sur le sol les piles de papier qui se trouvaient sur le fauteuil. Je m'installe confortablement, puis attends que la jeune femme remarque ma présence. Après un moment, elle finit par émerger de ses pensées, me sourit, puis prend une gorgée du liquide qui se trouve dans sa tasse avant de la déposer sur la table basse.

"Je pensais," Commence Hermione tout en cherchant une position plus confortable sur son siège.

« À Potter. », Finis-je, alors qu'elle fronce les sourcils.

"Son nom est Harry, Draco. Il n'y a personne ici pour t'entendre l'appeler par son nom. »

"Tu sais très bien que je ne peux pas l'appeler comme ça, Hermione. Il ne me laissait jamais l'appeler par son prénom quand nous étions ensemble. »

Les traits d'Hermione s'adoucissent, et elle se penche pour prendre ma main. Je dois étirer le bras, car la distance entre nos chaises est trop grande pour que son bras seul puisse la parcourir. Si j'avais su, il y a quelques années, que je serais maintenant proche d'Hermione, j'aurais changé d'attitude envers elle. Mais le fait de travailler ensemble a brisé mes préjugés et notre rivalité. Je crois qu'elle a toujours su et accepté que l'on finirait par s'entendre, même si ça m'a pris très longtemps à le comprendre.

« L'aimes-tu encore ? »

Mes yeux s'agrandissent, et je veux retirer ma main de la sienne, mais Hermione la retient fermement, cherchant mon regard. Je ne réponds pas, car je ne sais pas quoi dire ; je te voulais quand nous étions ensemble, et je me souviens avoir cru que je t'aimais, même si ce n'était peut-être que du désir. J'ai rêvé à toi toutes ces années, et maintenant, je me rappelle tout ce que j'ai ressenti il y a si longtemps quand je suis près de toi. Mais la colère, la douleur et la satisfaction de te voir souffrir sont puissantes et indéniables.

Et, même si j'étais sûr de t'aimer, que ferais-je avec Wilone ? C'est ma femme, et je suis légalement liée à elle. Il est évident que je la méprise, même si j'essaie de la traiter du mieux que je le peux. Je l'ai choyée, je lui ai donné tout ce qu'elle voulait, et même si sa compagnie n'était généralement la bienvenue, elle avait tout de même rempli ce vide quand j'en avais besoin. Que lui arriverait-il si elle savait que je t'aime ?

Je reste silencieux, et Hermione abandonne, murmurant ses excuses.

"Weasley ne le sait pas encore, hein?" je risque, incapable de la regarder dans les yeux.

Hermione hoche négativement la tête, lâchant ma main et s'appuyant une nouvelle fois sur les coussins.

« Je sais que tu ne voulais pas que nous sachions que Harry et toi entreteniez une liaison, et quand je l'ai appris, j'ai respecté votre souhait que Ron ne le sache pas. Mais tu sais que je me suis toujours sentie coupable, et avec Harry ici, je crois que Ron commence à avoir des soupçons. »

Je grogne, puis ferme mes yeux. « Tu veux dire que Weasley n'est pas aussi aveugle que je le croyais ? »

Je reçois un oreiller par la tête, et j'ouvre mes yeux pour regarder Hermione. Elle imite mon regard faussement outré, les mains sur les hanches.

"Tu l'as mérité. Tu ne devrais pas dire des choses pareilles à propos de Ron."

Je roule des yeux, et m'apprête à répliquer quand un cri suraigu transperce mes tympans. Hermione et moi nous tournons vers la porte, et je grogne alors que le cri continue, plus fort et plus désespéré. Hermione se tourne vers moi :

"Ça ne te dérange pas de laisser Rene pleurer comme ça ? »

Je hausse les épaules, secouant négativement la tête. « Ce n'est pas ma fille, c'est seulement un être nuisible."

Hermione me connaît assez bien pour ne pas répondre, mais je sais que mon manque de responsabilité la dégoûte. Elle n'a jamais aimé Wilone, mais elle m'a déjà fait voir son point de vue sur mon attitude par rapport à ma paternité.

Ça me rappelle quelque chose, et je suis impressionné par le fait que j'ose revenir sur le sujet maintenant.

« Hermione, » dis-je doucement, « pourquoi Weasley et toi n'avez-vous pas réessayé d'avoir des enfants ? »

Hermione avait toujours adoré Rene, et les enfants en général. Il est étonnant qu'à vingt-sept ans, elle et Weasley n'aient pas encore un seul enfant. Sans doute ont-ils essayé, mais après leur premier échec, ils n'ont jamais plus parlé d'avoir des enfants. C'est pourquoi j'hésitais à lui en parler ; Hermione est une personne plutôt émotive.

Alors que je la regarde, elle détourne les yeux, et je la sens distante. Son corps est complètement affaissé sur le sofa, et je peux voir qu'elle est exténuée. Je me sens coupable d'avoir prononcé ces derniers mots, et je m'apprête à changer de sujet quand elle répond.

"Quand on a perdu notre bébé à la naissance," commence-t-elle d'une voix rauque, « Ron a été terrifié. Après un court moment, j'ai voulu réessayer ; je voulais mon propre enfant, un que je pourrais élever et aimer. » Elle soupire d'un air pensif, puis pose sont regard sur moi.

"Mais Ron ne pouvait pas. Il a dit qu'il avait trop perdu durant sa vie, et qu'il ne voulait pas risquer de perdre quelqu'un à nouveau. Il avait perdu deux de ses frères durant la guerre ; il avait perdu son père à cause d'un accident au Ministère ; il avait perdu Harry à la fin de la guerre, et après avoir perdu notre premier enfant, il ne pouvait plus continuer. »

« Ron m'as dit que si on réessaie un jour, se sera quand il sera prêt. Je savais ce que ça voulait dire, et j'avais peur que ce moment n'arrive jamais. Mais il ce moment est venu, et je crois qu'il sera bientôt prêt à réessayer. »

Je reste bouche bée, ouvertement surpris de l'égoïsme de Weasley et de son manque d'égards pour sa femme.

"Tu veux dire," dis-je, essayant de cacher ma fureur, "qu'il ne voulait pas avoir d'enfant avant que l'on retrouve Potter ?"

Hermione acquiesce, cachant son visage dans ses mains.

"Il devait croire – non, tu devais croire – que Potter reviendrait."

Elle prend une grande respiration, les épaules affaissées.

« Est-ce que j'avais le choix ? »

Je me lève et arrive à son sofa en un seul pas, puis tombe sur mes genoux devant elle, prenant ses mains.

« Tu as toujours le choix ; toi entre tous devrait savoir ça, Hermione. »

Elle sourit faiblement, levant légèrement la tête pour me regarder.

« Même les gens intelligents, forts et confiants ont besoin de se faire rassurer, Draco. Toi entre tous devrais savoir ça. »

Je regarde ailleurs, et elle serre mes mains entre les siennes.

« Hey, » fit-elle pour attirer mon attention, « à propos de ce que j'ai dit tout à l'heure, et de ce que je viens de dire ; tu dois décider de ce que tu veux. Si tu aimes Harry, Draco, tu vas continuer comme cela. Je ne doute pas que tu vas le faire, mais j'ai besoin de savoir que tu vas prendre soin de lui. »

« Ma parole n'est pas assez bonne quand je ne la donne qu'une fois ? »

Hermione sourit et secoue la tête. « J'ai besoin de me faire rassurer. »

Je soupire. "Je vais prendre soin de lui, Hermione, mais pas parce que je l'aime. J'ai dit que je le ferais, et je ne reviendrai pas sur ma parole. »

Elle prend mon visage entre ses mains, et le tourne pour que je la regarde.

"Ce n'est pas grave d'être fâché, Draco," dit-elle. Je roule les yeux ; je ne suis pas un enfant, et je n'ai pas besoin qu'elle se prenne pour ma mère. Elle parle plus fort, attirant mon attention. « C'est correct d'être fâché, mais on ne sait pas ce qui est arrivé à Harry. On ne sait pas à quel point il a pu souffrir, et tu dois être là pour le supporter. » Elle repousse mes cheveux, même s'ils étaient déjà impeccablement placés.

"Même si tu ne crois pas nécessairement l'aimer, Draco, je sais qu'à un certain moment, il…"

Hermione laisse sa phrase en suspens, et ses yeux se ferment. Je n'ai pas besoin de la laisser continuer, et j'acquiesce en silence, songeant à la signification de ses paroles.

Je sens des lèvres sur mon front, puis vois Hermione qui me regarde. Si elle savait ce que tu ressentais pour moi avant, pourquoi m'as-tu abandonné de la sorte ?

Je lui offre le plus beau sourire que je suis en mesure d'offrir, même si je sais qu'il est petit et triste. Elle me sourit en retour, faisant le même effort que moi pour le même résultat. J'embrasse son front, et je suis infiniment reconnaissant d'avoir sa compagnie. Elle a été d'une telle aide pendant toutes ces années, que je suis heureux que tu lui aies parlé de notre relation avant de partir. Elle est venue me voir quand tu es disparu, ce matin-là, et elle ma dit tout ce qu'elle savait. Au début, je l'évitais, mais nous avons commencé à travailler à la même firme ; nous avons fini par faire équipe. Hermione m'a aidé pendant de longues années, autant sur le plan personnel que professionnel. Je déteste le fait de savoir que je ne serai jamais capable de lui rendre tout ce qu'elle a fait pour moi.

Alors que mes lèvres effleurent sa peau, la porte du salon s'ouvre. Je me tourne pour voir qui se tient dans le cadre de la porte, reculant légèrement à cause du cri qui recommence.

« Vous, » siffle Wilone, se précipitant vers nous et arrachant les mains d'Hermione des miennes. Elle tire Hermione hors de son divan, et la pousse vers la porte. Je me lève quand Hermione tombe par terre, et je serre le bras de ma femme avec fureur, la tournant pour qu'elle soit face à moi. Je sais qu'elle voit ma rage, si elle ne l'avait pas déjà par la pression plus que ferme que j'exerce sur son bras. Elle fronce les sourcils.

"Dis à Ms. Granger," Dit-elle d'une voix douce, à peine audible à cause des hurlements qui servaient de toile de fond, « de quitter notre maison, et ce immédiatement. »

C'est à mon tour de froncer les sourcils, et de me tourner vers Hermione alors que ma femme continue à parler rapidement.

"Et dis-lui d'emmener Mr. Potter avec elle. Je ne veux plus de ce fou dans notre maison, il fait peur à Rene et tu passes beaucoup trop de temps avec lui ; presque autant qu'avec cette femme. Elle est venue ici chaque jour depuis que tu as ramené Mr. Potter au Manoir, et je suis fatiguée de la voir. »

Mes yeux se plantent dans ceux de Wilone ; dans sa rage, ils ont foncé et sont maintenant d'une couleur boueuse. Je la regarde, puis décide que je n'ai plus besoin d'elle. Je la pousse et me dirige vers Hermione, l'aidant à se relever. Je me demande même si elle attendait que je l'aide.

Alors qu'Hermione termine de se redresser, j'entends Wilone grogner. Elle pointe un doigt accusateur vers moi, mais je l'ignore. Je me tourne vers la porte, entendant les cris s'approcher. Je me demande comment la fillette a su sortir de son lit d'enfant, si c'est là que ma femme l'avait laissée – elle ne serait pas assez stupide pour la laisser seule n'importe où. Cependant, le ton menaçant de Wilone me force à porter toute mon attention sur elle.

"J'ai supporté ton abus, chéri; je l'ai supporté pendant les cinq dernières années, et j'en ai assez. Tu m'as laissée dans le noir, et tu me forces à sortir pour ne pas avoir à me supporter chaque matin. »

Soudainement, j'ai l'impression qu'un clou émoussé s'enfonce dans ma gorge alors que j'essaie de former une phrase cohérente. Je ne comprends pas pourquoi son discours me surprend ; peut-être est-ce que je croyais qu'elle n'était pas intelligente pendant tout ce temps.

« Je sais exactement à quoi tu as joué toutes ces années. Tu ne m'as jamais aimé, et tu n'as jamais non plus aimé notre fille. Je ne sais même pas comment j'ai fait pour te convaincre d'avoir un enfant. Mais je me suis convaincue que, si je m'accrochais, un jour tu me verrais, et qu'un jour, tu me voudrais, à la place de simplement m'utiliser. »

Wilone ricane, me regardant avec dégoût. Les cris continuent, brisant le silence. « Mais j'ai vu comment tu le regardais ; c'est moi que tu devrais regarder de cette manière. Tu le contemples, tu vénères chaque centimètre de son être, le regardant durant des heures et des heures, comme si c'était une pièce de musée qui avait attiré l'attention d'un historien. »

"Mais il est fragile, et si tu le touches, tu sais qu'il va tomber en pièces, Est-ce que c'est ce que tu veux ? Veux-tu te pencher et remettre ensemble les fragments d'un homme brisé ? Parce que si c'est ce que tu veux, je te quitte ; je n'ai plus rien à faire avec toi. »

Je sens le doute s'insinuer en moi, me serrant l'estomac. Pourtant, ça devrait être un choix simple à faire. Ma femme est comme mon ombre, et elle me connaît dans chaque détail. Elle sait très bien que je hais briser la routine ; je sais qu'elle ne m'aurait pas présenté sa décision sans l'utiliser contre moi. Même si elle n'a jamais été élève à Poudlard, elle est une Serpentard, et rien d'autre.

Avec cette pensée, je vois la réponse, et je ris presque de moi-même pour avoir été si aveugle. C'est simple, et je la regarde d'un air neutre en avançant vers elle avec mes mains derrière mon dos. Les hurlements continuent, mais maintenant, Wilone sourit avec un air victorieux. Je sens qu'Hermione retient son souffle, mais je commence à parler avant qu'elle ait eu le temps d'ouvrir la bouche.

"Wilone, ne vois-tu pas à quel point cette décision est facile pour moi ? C'est un simple choix entre mon amour et ma compagne, et il est assez facile de savoir qui d'entre vous deux je vais choisir. »

"Ton amour," murmure Wilone.

"Mon amour, vois-tu, comprendrait pourquoi je le laisse, car il m'aime et veut ce qui est le mieux pour moi. Ma compagne, deviendrait dégoûtée, jalouse et me demanderait de me rappeler qui est important pour moi. »

Wilone perd son sourire, et je vois qu'elle est confuse.

« Et entre les deux options, je choisirais d'être avec la personne qui est la mieux préparée à me voir partir. »

Je m'approche d'elle, et me penche pour que mes lèvres soient à seulement quelques millimètres de son front.

« Et maintenant, » je murmure, alors que Wilone s'approche légèrement. Je recule avant qu'elle me touche, « Je te dis adieu. »

Le sourire victorieux de ma femme a disparu, remplacé par une affreuse grimace, et elle est blanche comme un drap. Je continue à me dire que c'est une décision évidente, mais je sens le doute s'insinuer de plus en plus profondément en moi, tordant mon estomac. Mon assurance a disparu aussi vite qu'elle était arrivée, et je dois me dire que je ne peux pas la laisser me manipuler plus longtemps, et qu'elle peut partir si elle n'aime pas ce que je fais. Mais je n'aime pas plus qu'elle ce que je suis en train de faire, et je crains déjà que mon choix ne soit pas le meilleur.

Elle sait qu'elle ne doit pas me supplier de la garder. Elle ne serait pas la bienvenue dans mes bras, elle ne l'a jamais été. Ses mains serrent le tissu de sa robe. Elle brise notre contact visuel et s'éloigne, se dirigeant vers la porte.

Je la vois s'arrêter, et je fronce les sourcils, me demandant pourquoi elle reste là. Je regarde Hermione, et je remarque que ses yeux sont grand ouverts, sa bouche entrouverte dans un air de surprise. Elle me lance un regard, et forme le mot « Rene » avec sa bouche. Je réalise que les cris se sont arrêtés – Rene devait s'être endormie pendant la dispute.

Je demande silencieusement à Hermione si elle sait ce qui est arrive, quand j'entends la porte du salon s'ouvrir, suivi du cri strident de Wilone. Le son est soudain et perce mes tympans. Je frissonne, me tournant pour voir ce qui se passe.

Je suis secoué, j'ai l'impression que l'on vient de me lancer un Doloris, ma peau semble se détacher de moi pour me laisser comme nu, laissant un million d'éclats de verre me couper. J'ai l'impression que quelque chose me mange de l'intérieur pour sortir de mon corps, arrachant douloureusement mon cœur de sa place et le déchirant en lambeaux avec ses incisives. De la lave commence à remplir ma tête et, quand j'essaie de bouger, j'ai l'impression qu'il y a du plomb accroché à mes doigts et mes pieds, me forçant à rester en place.

Tu es là, avec Rene dans tes bras. Elle dort, et ton visage saigne ; elle a dû se débattre et te griffer. Wilone te regarde, immobile, la bouche ouverte pour un cri resté pris dans sa gorge. Ses yeux sont exorbités par la peur, mais tu ne la vois pas. Tes bras serrent Rene si fort qu'elle ne doit même pas être capable de respirer, et je suis enragé ; tu ne voudrais pas être si près de cette fillette si tu savais qui elle est. Je te regarde baisser les yeux pour la contempler, je vois tes yeux s'éclairer, et je sens soudainement que tout ce qui est en moi explose.

Je commence à m'approcher de toi – tu n'es pas suppose regarder personne comme ça; tu n'es supposé voir personne sauf moi. Aucune fille ne devrait être regardée comme cela, spécialement pas une gâtée et impure comme Rene. Je veux l'arracher de tes bras, pour que tu me regardes, pour t'amener à me voir.

Mais Wilone réalise ce qui se passe, et elle te regarde avec un regard empli de haine. Elle voit que c'est sa fille dans tes bras, et te la reprend. Elle ne se retourne pas et sort précipitamment de la pièce, et la dernière chose que je vois est sa jupe qui flotte derrière elle dans le cadre de la porte.

Je te regarde, espérant que tu me voies, maintenant que Rene est partie. Hermione essaie de me retenir, mais je m'approche de toi, et je réalise que tu parcours la pièce des yeux, à la recherche de quelque chose. Rapidement tes yeux vagabondent vers la direction que Wilone et Rene avaient prise, et deviennent à nouveau foncés. Pourtant, ce n'est pas la même noirceur de confusion et d'aveuglement que celle qui couvrait tes yeux la première fois que je t'ai revu. C'est autre chose, et je frissonne car je connais très bien ce regard. C'est le même regard que m'a lancé mon père quand j'ai refusé de tuer un innocent ; c'était le même regard que m'a lancé ma mère quand j'ai tué mon père. C'est le regard que je t'aurais lancé si, dix ans auparavant, tu m'avais dit que tu partais. C'est le regard que tu lances maintenant à Rene, même si je ne comprends pas pourquoi.

C'est le regard de la trahison.

Je finis de serer les sangles, mon regard t'examinant alors que tu es immobile, étendu sur le lit. Je me demande pourquoi tu t'es laissé faire, pourquoi tu m'as laissé te transporter en haut. Pas que je voulais te porter ; j'aurais bien pu t'emmener à l'aide d'un mobilicorpus, mais Hermione a insisté, disant que la magie pouvait peser dans la balance. En d'autres mots, elle disait que tu serais devenu complètement fou. Mais tu l'es déjà.

Je regarde tes yeux glisser vers la fenêtre. Ils sont plus pâles qu'ils ne l'ont jamais été depuis ton arrivée au Manoir. Je me demande ce qui a apporté un tel changement. Tu ne marmonnes plus, et, même si je suis reconnaissant pour le silence, je ne comprends pas ce qui se passe. Et je déteste ne pas comprendre ce qui se passe.

Je déteste être seul à nouveau. D'accord, j'ai abandonné Wilone, mais être seul sans une autre moitié est quelque chose que j'ai essayé d'éviter. En m'asseyant dans la chaise près de ton lit, je secoue la tête avec dégoût. Tu m'as volé mon indépendance quand nous étions plus jeunes, me la prenant comme un mendiant prendrait du pain de mon panier pendant que je ne regarde pas. Saleté sans mérite. Mais, contrairement au mendiant, tu m'as pris quelque chose que je ne serai jamais capable de remplacer ; quelque chose que je ne veux pas essayer de remplacer.

Je suis confus, je passe ma main dans mes cheveux. Je ne suis pas supposé regretter le départ de Wilone. Je ne suis pas supposé me sentir perdu. J'ai l'impression qu'il y a un miroitement de sable au loin, un espoir soudain pour une terre sèche m'emplit, mais je me rends compte que c'est seulement le soleil qui fait miroiter l'océan qui m'entoure. Je veux laisser l'eau me laver et me noyer. J'ai besoin de me reposer, de me laisser flotter vers ma propre destruction.

Je me sens faible. Les Malfoy ne sont pas supposés se sentir faibles.

Je frotte mes yeux, essayant de fuir le mal de tête qui menace de venir me torturer. Je subis déjà assez de tortures, toi, à savoir, et je n'ai pas besoin d'avoir à en endurer plus.

J'ouvre mes yeux pour te voir fermer les tiens lentement. Ta poitrine se soulève et redescend lentement, à un rythme régulier. Dans la faible lumière qui brille à travers les fenêtres ouvertes, ton visage a une expression paisible, et tu sembles… réel. Tu es plus que réel, en fait ; on dirait que tu as été ici toutes ces années, comme si tu appartenais au monde que tu as laissé derrière.

Quand tu dors, tu es presque normal. C'est la première fois que je te vois dormir, et tu donnes l'impression d'être sain d'esprit, pendant que mon regard mémorise les détails de ton visage. J'avais oublié que tu avais un grain de beauté derrière l'oreille droite, mais maintenant je ma rappelle comment je m'asseyais derrière toi pour embrasser et lécher cet endroit, triomphant quand j'entendais un gémissement s'échapper de tes lèvres.

Mais je me tourmente en me rappelant tous ces sentiments ressentis à ton égard, alors j'essaie de bloquer le cours de mes pensées. Quand tu te retournes dans ton sommeil, exposant ta nuque, j'ai à nouveau l'impression que je me noie, et je me sens plus faible que jamais. Mes bras font mal comme au Ministère, le jour où on t'a trouvé, et je me sens glisser de mon siège. Je me retrouve à genoux à côté de ton lit.

Il n'y a personne d'autre ici, me dis-je. Personne ne va savoir, sauf moi, et même si tu te réveilles, tu ne comprendrais pas ce qui se passe. J'en ai besoin, je me rappelle, j'ai besoin d'une consolation, et si te toucher m'apporte quelque chose, j'ai une bonne raison.

Mes doigts se tendent pour effleurer ta peau, glissant au dessus de l'endroit que je désire tant toucher. Mais j'hésite, et quand j'entends un oiseau pousser son cri dehors, je bondis vers l'arrière, tombant sur le sol. Ma respiration est rapide, et j'essaie de la calmer en secouant la tête. Mes ongles s'enfoncent dans mes paumes. Que fais-je donc là, essayant de te toucher ? Il n'y a aucune raison pour laquelle j'aurais le droit de penser que je peux le faire, même si c'est seulement une innocente caresse sur la nuque.

J'entends la porte s'ouvrir, et je me maudis d'être surpris assis sur le plancher. Les Malfoy ne sont pas vus sur le plancher, et encore moins près de ton lit. Je devrais être debout, à une distance considérable, t'observant d'un air neutre. Je devrais peut-être même ricaner ; je ne devrais pas me sentir faible au point de vouloir te toucher.

Je ne devrais pas être ici du tout.

« Malfoy. »

Je grogne intérieurement, lançant un regard furieux par dessus mon épaule tout en me levant. Je ne me retourne pas pour lui faire face, dans la lumière qui diminue.

"Oui, Weasley?"

"Il va bien."

Je fronce les sourcils à cette déclaration et me retourne. Je ne suis pas surpris de voir qu'il est entré sans permission, et je le regarde d'un air désapprobateur. J'aurais pensé qu'il avait dit sa dernière phrase comme une question, pas comme une affirmation. Ça me frappe de le voir là, debout, plus pathétique que jamais.

"Je présume que tu parles de Potter, Weasley. Oui, il - »

Weasley grimace. « Ne me regarde pas comme ça, Malfoy. On dirait que tu penses trop, et ça te donne l'air constipé."

"Encore des remarques enfantines? Les choses ne changent pas tant que ça en dix ans, n'est-ce pas, Weasley? Ton immaturité en est un parfait exemple. »

Weasley ne bronche même pas, et je dois admirer sa maîtrise de soi alors qu'il prend plusieurs grandes respirations. Non, en fait, je ne l'admire pas ; j'anticipe son prochain coup. Il est silencieux pour quelques minutes, et j'ai l'intention de lui dire de quitter la pièce quand il commence à parler.

"Hermione veut savoir comment il a fait pour sortir d'ici."

"Si je dis 'il s'est détaché lui-même' ? »

« Improbable. »

« Ah… mais c'est pourtant la vérité. »

Weasley fronce les sourcils. « Il est… incapable de faire ça, Malfoy. »

Je me demande pourquoi il ne t'appelle pas par ton nom.

"Mais il l'a fait."

Il y a un silence. "Tu veux que je parte, et c'est pour ça que tu réponds de la sorte. »

« Quelle brillante déduction. »

"Je n'aime pas être ici, tu sais."

"Alors pourquoi es-tu venu?"

« Parce que… »

J'attends.

"J'ai quelque chose à te dire. »

J'attends encore.

« Malfoy, je te hais. »

Je roule des yeux "Merlin, c'est seulement ça ? Je croyais que tu allais me confier une horrible affaire avec ma femme. Ex-femme, en fait. »

Weasley se renfrogne, mais continue comme s'il ne m'avait pas entendu.

« Je te hais, mais tu es la seule personne qui peut m'aider. »

Je regarde Weasley avec un air interrogateur, inclinant la tête. Je me demande encore pourquoi il ne parle pas de toi en disant ton nom, mais n'ose pas formuler la question. Je ne sais pas à quoi il joue, et je veux être prêt à répliquer s'il le faut.

Mais il se tourne et ouvre la porte de la chambre, regardant derrière lui brièvement.

« Je sais que tu vas prendre soin de lui. »

Je croise les bras, ennuyé. « Je crois bien que c'est ce que j'ai dit que j'allais faire. »

Weasley a l'audace de secouer la tête. « Je me fiche de ce que tu nous a dit à tous, ou de ce que tu as dit à Hermione. Je ne t'aurais pas cru si je n'avais pas entendu ce que tu lui as dit. » Il regarde derrière mon épaule avec insistance et je résiste à la tentation de te contempler dans ton sommeil.

"Je ne vois pas de quoi tu parles, Weasley. »

Je veux lui arracher sa tête ; il semble simplement incapable d'arrêter de la secouer.

"Prends… prends seulement soin de lui, Malfoy."

Weasley sort et ferme la porte doucement, me laissant bouche bée. Je veux crier et lui rappeler que ce n'est pas mon travail. Je ne suis pas ton meilleur ami, et encore moins ta nounou. Je ne suis pas supposé de surveiller comme une gardienne surveille un nouveau-né, et je ne veux pas être pris avec toi. Je commence à me sentir faible à nouveau.

Le silence est mystérieux, maintenant. Je commence à me demander pourquoi Weasley est persuadé que je vais prendre soin de toi. Le ton de sa voix me mortifie ; il avait l'air persuadé que j'allais m'occuper de toi avec affection. Presque comme si il savait que nous avons déjà été ensemble. Mais je ne sais pas sur quoi il peut baser de telles hypothèses. Je n'irai pas chercher pour une évidence.

Je soupire. Je viens de passer une journée infernale, presque aussi pire que la journée de ton retour. Je ne sais pas comment tu as fait pour sortir de ton lit, mais à voir ta chambre quand je t'y ai ramené, la seule hypothèse plausible est que tu t'es simplement détaché et tu es sorti de la pièce. Mais c'est impossible, comme Weasley venait de le dire. Peut-être était-ce Rene qui t'avait détachée, mais elle était supposée être dans son lit.

Je m'effondre sur la chaise près de ton lit. Je ne veux plus avoir à penser. J'ai donné assez dans les dernières semaines, je ne veux pas avoir à donner ma santé mentale en plus. Je me sens épuisé et il n'y a rien au monde qui puisse possiblement me donner l'énergie de me lever pour sortir de ta chambre.

Il y a un bruit de froissement de draps, et je me dis que tu es inconfortable. Tu continues à bouger, et je commence à me sentir mal à l'aise ; tu étais silencieux, avant, et peut-être as-tu un problème. Peut-être devrais-je m'assurer que tu vas bien.

Mais ma tête est trop lourde pour être soulevée et je soupire encore une fois. J'espère que la lumière du jour va bientôt s'affaiblir et me laisser me reposer. Peut-être que le sommeil effacerait ma lassitude.

Les bruissements arrêtent je suis presque soulagée. Mais j'entends des pas, et je redresse la tête alors que mes yeux s'agrandissent avec surprise. Je veux reculer et disparaître pour que tu ne me voies pas. Tes yeux sont fixés sur les miens, et ils sont verts ; un vrai vert, comme de l'herbe et des émeraudes et de l'envie.

Tu fais quelques pas hésitants vers moi, et les draps se détachent de tes jambes. J'avais raison ; tu es capable d'une certaine façon de défaire les sangles qui te maintiennent sur ton lit. Si j'avais été capable de penser, je me serais rappelé de les barrer magiquement, mais il me semble qu'aujourd'hui, je suis incapable de réfléchir de façon sensée.

Je veux te parler, te dire de rester loin de moi, mais si je parle, tu ne vas pas entendre. Si je parle je peux te fâcher, et je ne veux pas d'un fou furieux en liberté dans ma maison.

Tu t'approches et j'agrippe les côtés de ma chaise. Pourquoi n'es-tu pas distrait comme toutes les autres fois avant ? Tu as été calme récemment, mais ça, ce n'est pas naturel, ce n'est pas juste. Tu es normal, comme si tu avais été vivant tout ce temps.

Je m'enfonce encore plus dans ma chaise. Pourquoi suis-je seul ? Pourquoi suis-je celui qui doit endurer ces tortures ? Pourquoi es-tu ici, et pourquoi es-tu si vivant?

Tu es maintenant debout devant moi. Pourquoi n'es-tu pas attaché dans le lit ? Encore une fois, je me sens désarmé et faible. De la même façon que quand nous étions plus jeune.

Tu étires ton bras. J'essaie de m'éloigner, mais tu avances lentement mais sûrement et je ne peux pas reculer plus.

Je mords ma lèvre et ferme les yeux. Je suis si faible ; mon père m'aurait tué s'il m'avait un jour vu comme cela.

Des doigts rugueux éraflent ma joue. Je tressaillis, et la souffrance est si intense que je crois saigner. Le contact continue dans mon cou, m'égratignant. C'est si douloureux d'être assis ici et de te laisser continuer. Tu ne devrais pas me toucher ; je ne t'en ai pas donné la permission. Mais tu n'entendrais pas mes avertissements, et tu n'entendrais pas mes supplications. Je veux que ça finisse.

Il y a un son, semblable à celui du gravier quand une voiture roule dessus. C'est aussi atroce que ta main sur mon visage, et je sens la douleur s'infiltrer en moi. Ma poitrine est brûlante et j'agonise. J'ouvre mes yeux pour voir une tache trouble de noir contre la lumière qui diminue.

Le son est encore là, et il me déchire. Je ne t'ai pas entendu parler depuis des années, je ne t'ai pas entendu dire ça depuis une éternité.

« À moi. »

Peut-être vais-je me permettre d'être faible, si tu le dis encore une fois.

Note de la traductrice : Mon dieu, je croyais pas que c'était si long de traduire une fic… enfin, j'ai trouvé ça très agréable! N'ayez pas peur de laisser une review, tant pour donner votre avis sur la traduction que sur l'histoire. -PleaForPeace