Un souffle glacial réveilla Harry. Il saisit sa baguette qui se trouvait sur sa petite table de chevet près du lit de camp temporairement déplié dans la chambre de Ron Wealsey, et la brandit devant lui d'un air menaçant, le halo blanchâtre qui s'était créé illuminant alors une chevelure brune. La silhouette plaça sa main devant son visage pour éviter d'être aveugler par la lumière opalescente et une voix douce surgit de l'ombre :
- Harry, Harry ! C'est moi, Hermione ! Baisse ta baguette, bon sang !
- Oh ! Excuse-moi Hermione, dit-il en haletant, la sueur maculant encore son visage.
- Encore un cauchemar ? Demanda l'interpellée qui s'asseyait sur le bord du lit.
- Oui, encore un. Depuis la bataille de Poudlard, je n'arrête pas... C'est comme si... En fait, c'est comme si il était encore là...
- Voldemort ? Enfin Harry, tu l'as vu de tes propres yeux : Il est mort, c'est fini, on l'a vaincu, ensemble.
- Que faîtes-vous debout à trois heures du matin, vous deux ? Questionna Ron, qui venait de se redresser dans son lit, sans doute réveillé par les murmures de ses camarades.
- Harry pense que Voldemort est encore en vie.
- Je n'ai jamais dit ça ! C'est juste que...
- Enfin, Harry, personne ne résiste à un Avada Kedavra ! Répondit le grand rouquin.
- Si, moi...
Hermione et Ron s'échangèrent un regard circonspect. A aucun moment ils n'avaient envisager que Vous-Savez-Qui revienne d'entre les morts, car, après tout, les horcruxes avaient tous été détruits,et par conséquent, absolument rien ne pouvait le ramener à la vie.

Le reste de la nuit se déroula normalement, malgré le fait que Harry ne trouva pas le sommeil. « Et si Voldemort avait trouvé le moyen d'éviter la mort ? songeait-il sans cesse. »

Au petit matin, Hermione dut secouer Ron pour qu'il se décide enfin à se lever. Harry préparait déjà sa valise ; Cet après-midi, il devrait s'entretenir avec Kingsley à propos de son tout nouveau travail. Hermione, quant à elle, voulait à tout prix suivre sa Septième Année à Poudlard, afin de passer ses examens.

Kingsley Shacklebolt, le Premier Ministre, offrait une place au sein du Bureau des Aurors pour tous les sorciers qui s'étaient battus au cours de la grande Bataille, même s'ils n'avaient pas tous passé leurs Aspics.
Concernant Ron, aujourd'hui, il envisageait d'aller voir son frère Fred, enterré dans le cimetière le plus proche. Hermione avait insisté pour l'accompagner, mais le grand rouquin avait refusé catégoriquement. La jeune femme sentait la tristesse noué la gorge de son compagnon.
Depuis la mort de son frère, Ron avait perdu son sens de l'humour légendaire; Il restait parfois des heures cloîtré seul, dans sa chambre. Elle remarquait une certaine prise de distance, et cela faisait plus d'un mois que ses lèvres n'avaient plus rencontrés les siennes. Cependant, elle ne pouvait pas le lui reprocher ; Pas après ce qui était arrivé.

Lors du déjeuner, Harry s'assit à côté de Ginny. La crinière rousse de cette dernière dansait sur ses épaules, chacun de ses cheveux transporté par la brise matinale. Le soleil éclairait les vastes plaines, réchauffant les terres parsemées de fleurs jaunâtres, et par un temps pareil, il était hors de question de mangé à l'intérieur. Harry replaça ses lunettes sur son nez, et en profita pour se masser le front. Sa cicatrice le brûlait encore, parfois. Sa petite amie referma sa main sur la sienne, et elle lui dressa un sourire que Harry lui rendit, mais la question sur la survie de Voldemort l'obnubilait.
Hermione fixait son assiette l'air pensive, ses mains plongées entre ses jambes croisées. Ron ne cessait de l'éviter. La bataille les avaient endurcies, changés, mais Ron demeurait le plus affecté, avec George, qui restait parfois des heures devant un miroir, comme s'il redoutait d'oublier le visage de son frère défunt. Tous pensait que la mort du Seigneur des Ténèbres serait source de fêtes, de joies, d'apaisement, mais la guerre avait entraînée de lourdes pertes ; Des amis, de la famille, des couples.

En début d'après midi, Arthur Weasley emmena Harry au Ministère de la Magie. Ginny et Hermione retournèrent à Poudlard, accompagnées par Molly. Quant à Ron, il alla s'asseoir en tailleur sur un parterre blanc, la pierre tombale d'ivoire devant lui le regardant.

« A mon fils, A ma moitié que j'ai perdu, A mon frère »

Pendant ce temps, une ombre difforme rampait discrètement vers lui. Le temps se couvrait et d'épais nuages gris se formaient pour laisser s'abattre une pluie torrentielle, l'eau ruisselant entre les pavés de la rue. S'il y avait eu une personne pour observer la scène qui se déroulait en cet instant, elle n'aurait sûrement pas compris pourquoi, au moment précis où les masses cotonneuses avaient masqué totalement le soleil, tout était revenue à la normale. La forme, qui s'était dangereusement approchée du jeune homme attristé, avait disparue.