Quand la crevette lui annonce qu'elle a un polichinelle dans le tiroir, Gajeel manque faire une crise de panique – comment il est supposé gérer ça, hein ? Se retrouver responsable d'un marmot, rien que la perspective lui colle des sueurs froides – un marmot, c'est bruyant, c'est fragile, c'est compliqué.
Metallicana lui manque, même si avec le recul offert par plusieurs années de vie parmi les humains, le dragon n'était pas ce qui s'appelle un père exemplaire. Pas juste à cause de la différence entre espèces – forcément, un dragon aura une idée de l'éducation qui ne sera pas celle d'un humain. La personnalité de Metallicana en général, c'était vraiment pas le genre câlin, même pour un dragon.
Tout de même, le dragon avait élevé Gajeel et ça voulait dire de l'expérience. L'expérience, Gajeel n'en avait pas pour ça, pour se conduire en parent plutôt qu'en rejeton. Comment il est sensé s'y prendre, bon sang ?
Environ huit mois plus tard, il ne sait toujours pas, même alors que la crevette lui présente fièrement un petit paquet de couvertures, dans lequel est ficelé quelque chose de très rouge et plutôt rondelet, avec une touffe de cheveux bleus sur le haut du crâne.
« Alors, Gajeel ? Tu veux pas toucher Ana ? »
Il la connaît, la crevette, elle a beau encadrer ça comme une suggestion, c'est ni plus ni moins qu'un ordre. Alors il se résigne à recevoir le paquet dans les bras, et bon sang, il a jamais eu autant la frousse de sa vie. Même devant Acnologia, c'est dire.
Le paquet ne pèse pas lourd, pour un Chasseur de dragon. Et ça le regarde de ses yeux foncés, d'une couleur mal définie qui pourrait être brun ou violet, il ne sait pas. Comme si ça l'évaluait.
Il va se planter, il le sait. Souvent et en beauté, même. Et il reviendra toujours à la charge, parce qu'à Fairy Tail, on est si têtu que ça flanquerait des complexes à un bourrin.
Et peut-être, juste peut-être, qu'au bout du compte il ne sera pas un père si naze que ça.
