Une faible lueur se frayait un chemin à travers mes paupières, responsable de mon éveil prématuré. Brumeuse, j'émis un faible grognement essayant de formuler une pensée concrète. Je me sentais tellement pesante, enfoncée dans le matelas qui empestait l'alcool et le tabac froid.

Rectification : c'était plutôt moi qui exhalait ce divin mélange odorant.

Recouvrant peu à peu mes sens, un énorme mal de crâne m'assaillie alors que je poussais un long soupir pour tenter de me désembourber. À mesure de mon éveil, une odeur familière se glissa jusqu'à mes narines. Curieuse, j'humais alors un peu mieux l'air pour mieux profiter des notes de ce parfum enivrant. Une odeur chaude, éthérée et musquée. Une odeur divinement fauve.

C'est lorsque l'être vivant près de moi émis un faible son rauque que son identité s'imposa à moi. La personne dormant profondément et calmement juste dans mon dos n'était d'autre que l'intrépide, le fougueux, l'explosif Bakugō Katsuki ; la fierté personnifiée.

Je me tendis de tout mon être un instant par réflexe avant de réaliser que c'était stupide. Katsuki pouvait paraître détestable de prime abord, mais il fallait seulement l'aborder avec l'angle adéquat.

Je pris enfin la peine d'ouvrir doucement mes paupières collées en les frottant doucement pour faire circuler un peu de larmes dans mes cornées desséchées.

Attendez, mais qu'est-ce que je fous dans le lit de cette bombe actuellement à retardement puisqu'elle dormait ?

En fronçant les sourcils je me relevais sur mes coudes, inquiète, afin d'inspecter le lieu où je me situais tout en tentant de me remémorer la soirée d'hier. Le sang qui cognait violemment dans mon crâne ne me facilitait pas la tâche, j'ai dû sacrément abuser.

Autour de moi se présentait une chambre ordonnée, remplie de divers objets qui ne me disait absolument rien. En y réfléchissant, je n'avais jamais vu celle de Katsuki puisqu'il s'était déjà retiré lorsqu'on avait fait notre concours de décoration tous ensemble. Je souriais en me disant que parfois il pouvait être sacrément associable contrairement à ce que son caractère explosif laissant imaginer.

N'étant pas encore suffisamment nette pour chercher plus loin, je me contentais de cette réponse : j'étais dans sa chambre. Je déglutis : merde ça m'arrange pas vraiment, j'ai pas envie d'être dans les parages lorsque cette dynamite ambulante va se réveiller un lendemain de cuite.

Ça risquait d'être épique.

Mon regard ne put s'empêcher de glisser doucement vers sa silhouette masculine endormie à mes côtés : c'était tellement tentant de l'observer à un moment de vulnérabilité pareil. Il dormait dos à moi, alors je dû me pencher légèrement jusqu'à presque l'effleurer. Sa tête reposait sur son bras replié, encadrée par sa touffe de cheveux blonds indisciplinés. La faible lumière du jour soulignait les traits de son visage pour une fois détendus. Les paupières closes sur ses iris rouge carmin remuaient légèrement. Sa bouche légèrement entrouverte laissait entrevoir ses dents subtilement affûtées qui lui servaient à son sourire, que je qualifierai exhaustivement de sociopathe.

Je n'avais jamais prêté attention à l'évidente douceur de sa peau et au galbe de ses lèvres. Un frisson parcouru ma poitrine : mais à quoi je pensais sérieusement ?

Malgré moi, je continuai mon inspection en glissant mes yeux le long de son cou. Son t-shirt noir à manches courtes découvrait légèrement le haut de ses clavicules et je devinais ses trapèzes musclés bien présents. Je dévorais ses biceps développés parcourus de fines veines, résultat de ses durs entraînements. Du moins, vu la maîtrise exceptionnelle de son alter je le supposais. Sa main libre accrochait la couverture comme pour la serrer contre lui. Je trouvais ça touchant et en même temps j'avais peur pour ma vie à l'idée que Katsuki ne me surprenne à le zyeuter.

Encore dans les brumes de l'alcool, j'osai approcher ma main de ses cheveux : vraiment ça m'intriguait de savoir comment il faisait tenir une pareil coupe même en dormant, ça tenait de l'exploit. Je réussis à les effleurer doucement en m'étonnant de leur souplesse et de leur épaisseur.

Soudain la respiration jusqu'alors régulière de l'intéressé se coupa. Je me figeai : merde, merde, et merde.

J'attendis quelques secondes la sentence mais rien n'arriva, sa respiration repris son cours.

J'expirai sans un bruit, soulagée. Bon, maintenant je ferais mieux de me tirer d'ici. Je n'avais aucune idée de ce que je fichais dans la chambre de ce cher Katsuki, mais j'aurais le loisir d'y réfléchir une fois dans la mienne hein, ça me paraît un meilleur plan de survie à mes yeux. D'autant que sa présence me rendait terriblement nerveuse, ce qui ne faisait aucuns sens : je lui avais bien tenu tête au Championnat de l'Académie alors qu'on se foutait sur la gueule, donc ce n'est pas au réveil qu'il allait me faire peur, si ?

Je me glissais délicatement hors du lit, parcourant rapidement l'espace pour vérifier que je ne laissais rien, je ne comptais pas faire demi-tour. Sur la pointe des pieds, je me dirigeais vers la porte. Une fois ma cible atteinte, j'entrepris de baisser la poignée qui grinça affreusement. Je tirais la porte vers moi, sentant déjà le vent de ma future liberté.

Sauf qu'au contraire la porte ne bougea pas. J'eu un petit rire nerveux : c'était fermé à clé ?

Je remuais la porte dans l'autre sens pour vérifier que ce n'était pas moi qui était gourde. Merde, merde, merde.

« Grmlph, p'tain c'est quoi ce bordel … »

Je sursautai en entendant ce timbre s'élever dans mon dos. Ça y est, j'étais fichue.