Etrange
Mélodie
Par
Eleawin
Disclaimer : Aucun des personnages ne m'appartient
Genre : humour, slash
Note : écrite pour la communauté LJ 7 liens, Etrange Mélodie se composera donc de 7 chapitres suivant les thèmes de la communauté.
1. Livre
Marcus poussa un soupir à fendre l'âme et laissa tomber sur la table le bouquin qu'il feuilletait, s'attirant le regard mauvais de Madame Pince. Il l'ignora et se redemanda pour la centième fois de l'heure pourquoi, bordel de merde, il restait sur sa chaise à s'ennuyer comme un rat mort. Lui, Marcus Flint, capitaine vénéré de l'équipe de Quidditch de Serpentard, glorieux membre de la Maison de Salazar, redoublant de son état, se trouvait dans une putain de bibliothèque, et saviez-vous pourquoi ? Non ?
Et bien lui non plus ! Il n'avait aucune raison valable de se trouver ici, dans cet endroit minable où il était obligé de jurer à voix basse, où il ne pouvait même pas bouger sur sa chaise sans s'attirer les regards noirs des autres élèves. Marcus Flint n'était pas du genre à fréquenter les bibliothèques. Ses notes étaient là pour le prouver.
Son problème – si problème il y avait – se situait deux tables plus loin, derrière une rangée d'encyclopédies aux pages jaunies. C'était quelque chose d'insignifiant, auquel Marcus ne pouvait offrir que son dédain et son mépris éternel, et c'était précisément pour ça que le Serpentard se triturait les méninges : puisqu'il savait qu'il perdait son temps si précieux, pourquoi, par Salazar, ne quittait-il pas cet endroit douteux pour aller, par exemple, rudoyer deux ou trois petits Gryffondors de première année ?
Il fronça des sourcils et s'accouda à la table, les yeux tournés vers le garçon penché sur son bouquin. Il prenait de temps en temps des notes sur un bout de parchemin, le front plissé de concentration. Cédric Diggory était le nouveau capitaine de l'équipe des Poufsouffles, c'était un fait. Il savait plutôt bien voler pour un Poufsouffle – insérez une note de mépris à cet endroit --, c'était un autre fait. Il était donc dangereux, même si les autres membres de son équipe étaient nuls à chier. Et maintenant qu'il y réfléchissait, c'était sans doute pour cette raison que Marcus avait passé ces deux dernières heures à l'observer. Etudier l'ennemi, vous comprenez.
Mais bon,
en deux heures, il n'avait pas appris grand-chose, hormis le fait
que les chaises de la bibliothèque étaient dures et que
les fauteuils moelleux de la salle commune verte et argent lui
manquaient. Et le fait que Cédric Diggory suçotait sa
plume quand il se sentait perplexe devant une notion inconnue de ce
gros bouquin à la couverture noire, dont Marcus ne pouvait pas
lire le titre mais dont il se fichait aussi royalement.
… comme
si ça allait lui servir dans un futur match de Quidditch.
Peuh.
Il fallait regarder les choses en face : il perdait clairement son temps. Ce n'était pas en regardant Monsieur Bellâtre Diggory réviser qu'il allait apprendre ses faiblesses. Il se tortilla sur sa chaise, récoltant à nouveau des regards noirs de trois filles Serdaigle en face de lui, ce qui le poussa à leur faire un geste très élégant du doigt. Ignorant leurs expressions choquées, il reporta à nouveau son attention sur le Poufsouffle qui n'avait pas relevé une seule fois sa tête de ses notes. Qu'est ce qu'il y avait de si intéressant dans un livre de cours, d'abord ?
Il passa
la demi-heure suivante à tenter de répondre à
cette question, à moitié affalé sur sa table.
Quand on regardait attentivement, Diggory avait des reflets un peu
blonds dans ses cheveux, selon la façon dont la lumière
se reflétait sur ses mèches sombres. Ces dernières
tombaient avec une sorte de perfection naturelle sur sa nuque, son
front et ses tempes, et Marcus se sentit inexplicablement jaloux. Il
voulait des cheveux comme ça lui aussi ! Il avait envie
de les toucher, d'apprécier leur texture sous ses doigts, et
puis de les ébouriffer dans tous les sens, parce que, par
Salazar, c'était tout bonnement injuste ! – et
Diggory devait avoir l'air bien les cheveux décoiffés
aussi.
Juste au moment où il formulait cette pensée, Cédric leva les yeux et croisa son regard. Marcus aurait voulu dire que le temps s'était arrêté, qu'ils avaient retenu leurs respirations, que leurs cœurs avaient battu la chamade dans leur poitrine, mais rien de tout cela. Deux secondes plus tard, Cédric s'était à nouveau plongé dans son livre, laissant un Marcus stupéfait et incroyablement vexé.
Ooh… Ca allait se payer. Nul n'ignorait Marcus Flint ! Dans un raclement de chaise peu discret qui lui attira le regard désapprobateur de Madame pince, il se leva et alla se planter devant l'insignifiant Poufsouffle.
Cédric leva la tête à son approche.
« Flint ? Besoin de quelque chose ? » demanda-t-il, l'air poli quoique vaguement surpris.
Marcus se sentit soudain très stupide. Il passa une main dans ses cheveux et fusilla le garçon des yeux, comme si tout était de sa faute. Cédric ne parut absolument pas impressionné.
« Je
veux ce livre, » grogna-t-il finalement, lâchant la
première chose qui lui passait par la tête.
« Quoi ? »
« Le
truc que tu lis. Je le veux. Maintenant. »
Joignant le geste à la parole, il tendit le bras pour attraper le bouquin, mais Cédric le mit farouchement hors de sa portée.
« J'en ai encore besoin ! » protesta l'élève de cinquième année, repoussant la main du Serpentard.
Marcus sentit une pointe de triomphe germer en lui. Pour que Cédric soit aussi peu enclin à lui passer le livre, c'est que son contenu devait être important, non ? Après tout, c'était un Poufsouffle, vous savez, ces personnes horriblement niaises, gentilles et serviables. Peut-être qu'il lisait un traité de stratégie sur le Quidditch et ne voulait pas que Marcus découvre leur prochaine tactique. Ou encore, il pouvait très bien s'agir d'un livre sur des potions et sort de beauté (ce qui expliquerait ses cheveux) et à ce moment, Marcus ne cracherait pas sur du matériel de blackmail, ah !
Pretty Diggory allait tout simplement se briser entre ses doigts.
Il se jeta en avant pour arracher le livre des mains du Poufsouffle, mais c'était sans compter les réflexes de ce dernier. Marcus apprit à ses dépends que Cédric n'était pas l'attrapeur de son équipe pour rien. La scène avait fait du bruit, et Madame Pince leur tomba dessus, folle de rage. Marcus l'ignora totalement pendant son sermon, comportant entre autre des menaces d'expulsion, mais Cédric rougit et marmonna de vagues excuses. Quand elle fut enfin partie, Marcus se laissa tomber sur une chaise en face de l'autre capitaine.
« Ta faute, » déclara-t-il tranquillement, ignorant le regard noir que Cédric lui dédiait – il commençait à en avoir l'habitude, ça ne devait être que le trente-quatrième de la journée (et encore la journée n'était pas finie.)
Cédric le regardait bizarrement à présent. Il y avait une lueur indéfinissable dans ces yeux gris, et ce n'était pas vraiment au goût de Marcus. Il se tortilla à nouveau sur sa chaise, ennuyé par la façon dont l'autre l'observait.
« Quoi ? » grogna-t-il. « J'ai un furoncle sur le nez ? »
Il était peut-être temps de quitter cet endroit sinistre et rentabiliser les précieuses minutes de sa vie, se dit Marcus. Assez gâché son après-midi comme ça. Soudain, Cédric lui dédia un petit sourire. Marcus déglutit, inexplicablement mal à l'aise. Il voulut briser le contact visuel et prendre un air dégagé, mais il se rendit compte qu'il était difficile de regarder ailleurs que dans les yeux qui lui faisaient face.
Cédric eut l'air de s'en rendre compte, et au plus grand choc de Marcus, une expression quelque peu machiavélique passa rapidement sur ses traits. Marcus secoua la tête, définitivement certain que l'air de la bibliothèque était mauvais pour lui. Il avait dû avoir une hallucination, on parlait de Cédric Gentil Diggory ! Comme pour confirmer ses pensées, Cédric lui tendit le livre qu'il avait si ardemment défendu quelques instants plus tôt et rassembla ses affaires.
« Finalement, je crois que j'ai assez bossé pour aujourd'hui, » dit-il, toujours souriant. « A plus tard, Flint. »
Leurs regards s'accrochèrent pour encore quelques secondes, et Marcus le regarda sortir de la bibliothèque, horriblement déçu. Il n'avait pas fini d'analyser la couleur exacte de ses prunelles, quelque part entre le gris perle et l'anthracite, délicatement constellées de vert quand elles prenaient la lumière. Fascinant...… et il allait tout de suite oublier ce qu'il venait de penser. Erk. Ce lieu avait vraiment une influence négative sur lui.
Machinalement, il ouvrit le bouquin que l'autre capitaine lui avait laissé. « Traité sur les tournesols d'Amérique du Sud » ? Mais qu'est ce que c'était que cette chose ? Diggory avait vraiment passé tout ce temps dessus ? Dégoûté, il allait laisser négligemment tomber le livre sur la table quand un bout de parchemin s'échappa de la couverture.
C'était le papier sur lequel Diggory avait passé les trois dernières heures à prendre des notes. Curieux, Marcus déplia la feuille pliée en quatre et jeta un œil à l'intérieur. Il haussa un épais sourcil sur son contenu. Tout ce qu'il pouvait voir, c'était des dessins. De vulgaires gribouillis à l'encre noire, représentant vaguement des petits bonhommes sans visage qui faisaient dieu il ne savait quoi dans un petit rectangle. Et c'était tout ce que l'autre avait fait pendant trois heures ? Par Salazar, il avait vraiment perdu son temps – un vrai Poufsouffle.
Mais c'était vraiment louche. Même lui ne serait pas resté tout ce temps à s'ennuyer sur sa chaise inconfortable s'il n'avait aucune raison pour ça. Il y avait forcément aiguille sous roche, et Marcus était bien déterminé à découvrir quoi. Une réalisation fit soudain jour dans cet esprit, et il se leva brusquement de sa chaise, la faisant tomber par terre. Il se frappa la paume du poing. Il le savait ! Voilà la raison pour laquelle Cédric agissait ainsi, pourquoi il lui lançait ces regards suspects et ces sourires en coin !
« Par Salazar, ce type est gay ! » s'écria-t-il, se sentant tout d'un coup très heureux.
Et le comble, c'était qu'il était amoureux de Marcus Flint ! Il ne résista pas quand Madame Pince l'attrapa par le col pour le jeter dehors.
