Londres moldu, 16 juillet 2017
Une odeur parfaitement insoutenable imprégnait l'atmosphère. Un mélange particulièrement nauséabond de moisi et de friture. Hermione Granger haussa dangereusement son sourcil gauche, tout en fronçant le nez.
_ Monsieur Nicholson, est-ce une plaisanterie ?
L'homme tourna vers elle un regard surpris, qui semblait également empreint d'une légère inquiétude.
_ Miss, je ne suis pas sur de comprendre…
_ Je répète, est-ce une plaisanterie ?
_ Hermione …
Harry Potter passa son bras sous le sien, et le pressa brièvement afin d'intimer à son amie de garder son calme.
_ Comment osez-vous nous présenter un taudis pareil ? Je commence à sentir poindre une migraine rien qu'en ayant passé quelques minutes à respirer l'air écoeurant de cette pièce ! La moquette est miteuse, les fenêtres opaques de crasse, et le papier peint se décolle à vue d'œil ! Il y a un lambeau entier qui pend juste derrière cette verrière ! Proposer un bien pareil est totalement inadmissible. Je suis scandalisée, et le mot est faible.
_ Mais enfin, Miss, ce quartier de Londres, en cette période de l'année … Le marché est moins florissant, vous savez… Et puis, quelques travaux de rénovation, et une fois rafraîchi ce loft sera …
_ Toujours bien en deçà de ce que nous vous avions demandé, trancha Harry.
_ Je suis navrée, Monsieur Nicholson, mais c'est la troisième déception en l'espace de deux jours. Peut-être faites-vous de votre mieux, mais c'est hélas bien loin de suffire, et veuillez croire que nous le regrettons. Je préfère mettre un terme à notre collaboration. J'ignore ce que tu en penses, Harry, mais…
_ Je suis d'accord, confirma immédiatement le jeune homme. Nous allons nous passer de vos services. Vous n'avez, je crois, pas su cerner nos attentes.
Hermione ajusta son sac sur son épaule et, avec un dernier regard dégoûté pour le salon glauque dans lequel elle se trouvait, passa la porte d'entrée avec soulagement, en lançant un dernier « Au revoir » poli à Nicholson. Merlin lui en était témoin, revoir cet horrible agent immobilier était pourtant à l'heure actuelle la dernière de ses volontés. Harry et elle marchèrent jusqu'à se retrouver jusqu'au Chemin de Traverse, puis s'installèrent en terrasse chez Florian Fortarôme.
_ C'est une catastrophe, Harry, geignit la jeune fille. Nous n'allons jamais trouver quoi que ce soit de décent …
_ S'obstiner à prospecter dans le Londres moldu ne mènera nulle part, je te l'ai déjà dit, avança son ami. Là-bas, nous ne sommes que deux jeunes de 22 ans, et nos garanties sont bien faibles. Nos faux contrats moldus sont ridicules … assistante dentaire et mécanicien ! Tu parles d'une gloire.
_ Je n'allais pas nous inventer de faux postes d'ingénieur ou d'ambassadeur ! Produire de faux papiers est assez risqué comme ça.
_ Hermione, si tu acceptais que nous emménagions dans le Londres sorcier, nous serions en train de défaire nos cartons dans un palace à l'heure actuelle !
_ Je ne souhaite pas vivre dans un palace, Harry Potter, rétorqua sèchement Hermione.
_ Et moi non plus, Hermione. Comme toi, j'aspire à un maximum de discrétion. Mais sois réaliste. Ici, les gens savent qui nous sommes. Ils ont une confiance absolue en nous. Nous sommes les plus grands héros de guerre du pays.
_ Nous en avons déjà discuté … je refuse d'utiliser mon nom et mon statut pour obtenir quoi que ce soit. Je m'y refuse catégoriquement, Harry. Cette prime de mérite outrageuse qui nous a été versée d'office est déjà terriblement gênante. Je veux pouvoir, sur mon lit de mort, vanter mon intégrité et affirmer n'avoir jamais bénéficié du moindre passe-droit par le biais de mon statut de meilleure amie du Survivant.
_ Personne ne te parle d'abuser de notre position sociale. Je te l'assure. Je n'ai pas l'intention de briguer de bien immobilier démesurément luxueux, ni de demander l'hébergement gratuit. Je veux juste un appartement agréable et confortable, à louer pour une somme raisonnable, comme n'importe quel jeune adulte s'élançant dans la vie active.
_ Et c'est ce que je veux également, soupira Hermione.
_ Alors calme toi un peu avec ton intégrité démesurée, et commençons nos recherches ici. Dans le monde sorcier.
Hermione demeura silencieuse, perdue dans ses pensées. Elle touilla le restant de glace fondue au fond de sa coupelle, réfléchissant à toute vitesse.
_ Tu as probablement raison, lâcha t-elle enfin. On devrait chercher ici.
_ A la bonne heure !
_ A qui pourrions nous nous adresser ? Tu sais, j'ai entendu dire que …
Une ombre au dessus d'eux, fortement parfumée au jasmin, vint leur masquer leur soleil, et par la même occasion interrompre leur conversation.
_ Tiens, tiens, ne serait-ce pas les deux superstars du monde sorcier, occupés à joyeusement s'enfiler de grosses cuillérées de cholestérol ?
_ Ma glace était bien moins grosse que celle d'Harry, plaida immédiatement Hermione.
_ Pansy ? Qu'est ce que tu fais là ? Je croyais que tu refaisais les murs de la chambre de Blaise, aujourd'hui ?
_ Je suis venue chercher des échantillons de tissu, répondit leur amie en s'asseyant sur la chaise qui était restée libre. On va sûrement rhabiller le contreplaqué de son dressing dans des teintes plus chaleureuses. Le gris, c'est élégant, mais franchement, comment se trouver bonne mine le matin en s'habillant dans un décor aussi glacial ? Non franchement, je vous le dis, c'est impossible, affirma t-elle en balayant du revers de la main toute objection.
_ Euh .. Oui… Ca semble évident, hasarda Harry.
_ Et vous alors ? De quoi discutiez vous ? Je vous embête ?
_ Pas le moins du monde, soupira Hermione en sortant une petite bouteille d'eau de son sac à main. Harry et moi faisons chou blanc dans notre recherche d'appart. On va commencer à chercher du côté sorcier, mais nous n'avons pas la moindre piste de départ…
_ Vous plaisantez n'est ce pas ? rétorqua Pansy, sourcils froncés.
_ Comment ça ?
_ Vous « n'avez pas la moindre piste de départ » ? Et Drago Malefoy, ça vous dit quelque chose ?!
Hermione et Harry échangèrent un regard stupéfait. Comment avaient-ils pu ne pas y penser ?
_ Venez boire un verre chez moi ce soir. On va régler votre petit problème, ajouta t-elle avec un clin d'œil entendu. Sur ce, mes chatons, je file ! La fantastique décoratrice d'intérieur que je suis a une coquette petite somme de gallions à extorquer à ce cher Blaise !
