Content warning : Y a des thèmes sexuels et du BDSM (rien de gore).
Et dans ce chapitre, y a de l'anglais. J'écrirais pas systématiquement certains dialogues en anglais mais là c'est comme ça qu'ils me sont venus.
Si y a besoin de traduire dites-le et je le ferai.


CHAP 1 : On dit qu'il ne faut jamais rencontrer ses idoles

C'était connu chez les patineurs : Victor Nikiforov aimait beaucoup sortir, même en période de compétitions, et il y buvait beaucoup. Tout le monde le savait aussi : il ne tenait pas vraiment l'alcool. Non seulement son esprit partait six cent kilomètres plus loin et il pouvait déblatérer les plus grandes conneries, mais l'alcool lui donnait aussi étrangement envie de se déshabiller -la chaleur, probablement- et de coucher avec qui voudrait. Les élèves de Yakov avaient l'habitude. Généralement ils essayaient de brader ses verres ou de le ramener chez lui avant que ça dérape et qu'il se fasse arrêter pour divers motifs -exhibitionnisme ou harcèlement sexuel, entre autre. Un scandale de ce genre tâcherait l'historique de Victor Nikiforov, déjà légende vivante à vingt-deux ans.

Ce soir-là n'échappait aucunement à la coutume. Or, les finalistes du grand-prix n'avaient pas encore pris leurs repères. Pour la plupart d'entre eux, c'était même la première fois qu'ils rencontraient ce côté de Victor. Quand il se mit à flirter lourdement avec la serveuse, ça n'alarma personne -au contraire, ça les fit rire. Quand il déboutonna sa chemise, personne ne l'arrêta, trop occupé à complimenter son torse. Et même quand il s'appuya contre Chris, posa sa tête sur son épaule et qu'il lui caressa la taille, personne ne le remarqua vraiment. Sauf Chris, bien entendu. Il n'avait pas pu ignorer les frissons qui se répandirent dans son corps au simple contact de Victor -et dire qu'il ne faisait que le toucher par-dessus son t-shirt.

Chris savait très bien ce qui se disait dans le milieu, pas besoin d'être russe pour avoir eu vent des ragots. Victor enchaînait les coups d'un soir ; Victor n'avait aucun cœur ; Victor était un manipulateur ; Victor n'était intéressé que par le sexe ; Victor brisait le cœur d'innocents tous les dimanches matin. Chris savait tout ça. Il se disait que dans tous ces discours, il y avait forcément de l'exagération, mais il était conscient de la part de vérité qui s'y trouvait aussi. Cependant, ça lui était bien égal. Que Victor le manipule, qu'il se serve de son corps juste pour une fois ; il ne lui dirait jamais non. Damn, il le supplierait pour ça.

Comme Chris ne bronchait pas Victor commença à accentuer ses mouvements, insistant sur les zones qui se crispaient à chaque fois qu'il les frôlait. Il s'était aussi mis à souffler dans son oreille. Cet idiot avait beau être saoul, il savait toujours y faire. Il était resté silencieux jusqu'à maintenant, attendant probablement le meilleur moment pour lui susurrer à l'oreille qu'il voulait le regarder jouir, maintenant. Chris se releva d'un coup. Victor perdit l'équilibre. A ce moment là, Chris n'était pas sûr que ça arriverait. Il ne doutait pas des paroles de Victor, il savait qu'actuellement, le russe aurait pris n'importe quoi et que si ce n'était pas lui, il irait trouver quelqu'un d'autre. Il n'avait juste jamais pensé que ce soir, ce serait lui. Que ce soit clair : Chris voulait que ce soit lui, mais il n'arrivait pas à imaginer un scénario dans lequel cela allait réellement avoir lieu. Leurs camarades avaient tourné la tête et réalisèrent enfin dans quel état lamentable se trouvait Victor.

« Les russes ne sont pas censés résister à l'alcool ? commenta un patineur.

-Et toi, t'es français, est-ce que tu manges de la baguette tous les jours ? riposta l'italien.

-Bah, en fait, oui.

-Ah. »

Cette conversation devenait beaucoup trop désinvolte pour Chris soudainement conscient qu'il se tenait toujours debout.

« Je vais y aller, et déposer Victor au passage. Après tout, demain c'est la finale, restons raisonnable. »

Le petit groupe approuva, aucun d'eux ne bougea pour autant.

Être debout s'avérait une tâche difficile pour Victor -à moins qu'il n'exagérait les choses- mais aussi pour Chris qui, maintenant qu'il s'agissait de marcher, se rendait compte qu'il avait lui aussi eu quelques verres de trop. Victor avait passé un bras autour des épaules de Chris qui le retenait par la taille et ils auraient pu avancer droit jusqu'à la sortie sans encombres en s'entre-aidant. Si seulement Victor arrêtait de lui chuchoter n'importe quoi à l'oreille. Le suisse essayait de ne pas y faire attention, son cerveau triant les mots trop obscènes afin qu'il puisse rester concentré. Au final, il ne captait pas grand chose. Si bien que lorsque Victor demanda à s'arrêter aux toilettes, ce fut la seule phrase que son cerveau laissa intacte et Chris cru à une requête tout à fait innocente. La seule chose qui l'alerta était qu'ils devaient faire demi-tour, puisque les toilettes étaient cachées au fond du bar.

Victor ne se lassait pas de parler, au point qu'il se tut uniquement lorsque Chris le relâcha. Chris s'appuya contre le mur juste à l'entrée, et attendit. Mais Victor ne bougeait pas. Il restait debout face à lui, ses cheveux emmêlés tombant sur son visage, les joues rougies par l'alcool et son index sur les lèvres. Et puis surtout, il avait ce sourire. Chris n'aurait pas eut besoin des longues divagations précédentes pour comprendre ses intentions. La situation ne semblait pas réelle, semblait prête à se dissoudre à chaque seconde, alors Chris pris soin d'immortaliser cette image dans son esprit, à défaut de pouvoir la photographier et l'encadrer dans sa chambre pour l'éternité.

« Don't you want to go back to the hotel ? » proposa-t-il.

Victor fit la moue. A côté du beau parleur de tout à l'heure, c'était étrange de le voir si silencieux. Mais il pouvait froncer les sourcils autant qu'il voulait, Chris ne ferait pas un geste avant d'être absolument certain que Victor ne se jouait pas de lui. Parce que tout ça, en soit, ce n'était pas grand chose. Peut-être bien que le russe s'amusait avec lui de la plus cruelle des façons, peut-être bien qu'il allait partir juste après l'avoir allumé.

En fait, Chris avait tellement du mal à y croire que lorsque Victor s'avança vers lui, il cru que c'était pour partir. Il se sentit stupide quand, au lieu de ça, Victor ouvrit les bras et les entoura autour de son cou. Et il l'embrassa. Il n'y allait pas par quatre chemins : il y invita aussitôt sa langue qui ne rencontra aucune résistance. C'était quelque chose de finalement être touché par celui qu'on admirait, celui qu'on rêvait de battre, celui qui avait alimenté la plupart de nos fantaisies de gosse. Mais Chris n'était pas du genre à s'arrêter sur ce détail, à méditer sur ce que cela signifiait et s'attarder sur les risques que ce ne soit jamais à la hauteur de son imagination -clairement, il s'en foutait. Victor Nikiforov avait sa langue dans sa bouche, c'était tout ce qui importait. Chris pouvait le sentir peser de tout son poids, et il l'incitait à se retenir encore plus, à se coller encore plus contre son corps. Or Victor retira un de ses bras. Encore une fois, comme s'il était un ado de quatorze ans incapable de se remettre de l'existence du sexe, il cru que Victor allait le laisser là. Puis il sentit sa main chercher le bord de son t-shirt pour caresser sa peau et comme dans un déclic, le doute s'enfuit définitivement de son esprit. Il n'avait plus peur que Victor s'évapore comme dans un rêve. Maintenant, il s'imaginait très bien le faire.

Chris osa séparer leurs lèvres. Il se laissa même quelques courtes secondes de répit, à haleter front contre front, à déglutir, à fixer les yeux bleus de son idole. Si Chris avait été un peu plus romantique -et un peu moins excité- il aurait certainement pris le temps d'apprécier le visage de Victor un peu plus longtemps. Il l'avait fixé tant de fois, innocemment, sur ses posters, à la télévision, depuis les gradins ; mais ça n'avait rien à voir. Jamais encore il ne l'avait vu essoufflé à cause de lui, avec sa salive à lui au bord des lèvres. Dommage, Victor n'avait plus ses longs cheveux depuis quelques années -Chris les adorait, la scène n'en aurait été que plus ravissante- mais ils restaient magnifiques. Chris se promit de s'occuper d'eux plus tard. En fait, il aurait bien promis la même chose à l'entièreté du corps de Victor, seulement il n'était pas sûr d'avoir le temps de s'y tenir. Il était bien obligé de faire des choix -il commencerait par la nuque. Il y plongea son visage, la couvrant de baisers alors qu'il se baissait pour mieux attraper Victor. Celui-ci comprit où il voulait en venir et l'aida d'un petit saut, puis l'entoura de ses jambes. Victor était plus léger que ce à quoi Chris s'attendait. D'ailleurs son corps semblait aussi plus fin, plus élancé que ce qu'il avait imaginé. Au contraire, ses fesses étaient beaucoup plus fermes et s'accordaient à merveille avec la paume de ses mains. Chris se demandait combien de temps ses bras pouvaient le porter, mais l'heure n'était pas aux expérimentations. Le but était de rendre cette soirée inoubliable, d'entacher le souvenir de tous ses amants précédents, et que Victor le supplie de recommencer.

En quelques pas Chris rejoint le plan de travail et déposa Victor entre deux lavabos. Petit à petit, il avait rendu ses baisers plus violents, caressant la peau du russe du bout des dents, testant ses réactions. Il pouvait le sentir se crisper et resserrer son étreinte : c'était bon signe. Il glissait le long de son col d'un côté à l'autre, laissant courir sa langue sur chaque parcelle de peau tandis qu'il s'enivrait de son parfum. Victor sentait clairement l'alcool, mais en s'attardant on pouvait remarquer comme l'alcool se mêlait à sa propre odeur, le rendant encore plus envoûtant. Chris aurait aimé étudier ce parfum, en reconnaître tous les éléments et en comprendre l'essence jusqu'à ne plus le confondre avec aucun autre, jusqu'à pouvoir le reproduire, jusqu'à le faire sien. Or Victor avait visiblement d'autres plans en tête -ce qui pouvait convenir à Chris ; posséder ou appartenir, peu lui importait. Victor l'attrapa par le menton pour l'obliger à relever la tête, à s'écarter de son torse et à le regarder dans les yeux. Il rapprocha leurs visages en le tenant toujours aussi fort, et puis il susurra quelques mots. En russe. Chris se rendait compte que cela était censé être ferme, sérieux -et terriblement excitant. Mais le visage de Victor ne suivait pas -il souriait bêtement- et puis en vérité, comme Chris ne pigeait rien au russe, il pouvait se rendre compte comme la voix de Victor tremblotait entre deux r roulés. C'était ridiculement adorable, et Chris ne pu s'empêcher de pouffer de rire. Évidemment, ce n'était pas la réaction que Victor attendait, et celui-ci leva un sourcil d'incompréhension.

« Tu sais que je bite que dalle à ta langue maternelle ? » expliqua Chris, en français.

Puis il libéra son visage de l'emprise de Victor pour l'embrasser tendrement -ce dom bourré était irrésistible. De sa main gauche, il rapprocha Victor de lui, tandis que de sa main droite, il le caressait le long de la colonne vertébrale, en montant petit à petit. Il se pencha à son oreille, et cette fois, il était celui qui y chuchotait n'importe quoi. Il pris soin de parler en anglais pour qu'ils se comprennent, et s'attarda sur chaque mot, les liant à ses caresses comme une musique muette.

« That's not how you do it. Don't worry, I'll show you. »

A la fin de sa phrase, il avait atteint la nuque de Victor et, en outre, ses cheveux. Il joua avec quelques mèches avant d'y plonger doucement sa main. Et tira. Victor poussa un cri étouffé. Bien que Chris s'était attendu à une telle réaction, il n'avait pas imaginé que ce serait aussi bon à entendre. Il se remit à l'embrasser, à pousser sa langue contre la sienne, à mordre ses lèvres, tandis que Victor recommença à le toucher, à tirer son t-shirt pour griffer son ventre, ses hanches, son dos. Pour sûr, quelques années plus tôt, Chris aurait donné beaucoup pour être touché par Victor avec tant d'ardeur et d'impatience. Un autre jour, à un autre endroit, il était toujours prêt pour ça. Mais aujourd'hui, ce n'était pas comme ça qu'il le voulait.

Ses mains troquèrent les cheveux argent pour la ceinture de Victor. Il en défit la boucle, puis tira un côté pour la retirer entièrement, en prenant son temps, parce qu'il savait que la lenteur était infernale. Il lui fallu beaucoup de volonté pour attraper les poignets de Victor et les écarter de son corps. Sans savoir s'il y aurait jamais une prochaine fois, Chris devait se faire violence pour ne pas laisser ces mains découvrir sa peau. A la place, il les guida derrière le dos de Victor, et les joint avec la ceinture, serrant juste assez pour qu'elles ne puissent pas glisser. Chris avait l'habitude, ce qui le rendait fort en multitâche ; il pouvait vérifier du bout des doigts que ça tenait sans risque pour la circulation sanguine, tout en mordillant avec attention le lobe de Victor jusqu'à le faire gémir. Pour sûr, ça valait largement de ne pas avoir les doigts de Victor sur lui.

Outre les couinements que Victor tentait de retenir, Chris sentait son souffle s'agiter et devinait à quel point il prenait sur lui pour ne pas crier tout de suite, pour ne pas risquer qu'on les entende. Ils avaient eu de la chance que les toilettes soient vides. Les probabilités n'étaient pas de leur côté, pas besoin d'être un expert pour le savoir. Mieux : depuis tout à l'heure, personne n'avait essayé de rentrer. Mais le fait était que leur chance finirait bien par tourner -surtout s'ils se mettaient à hurler. Quelqu'un pouvait très bien arriver, n'importe quand. Quelqu'un pouvait ouvrir la porte et alors les verrait à tous les coups. Il n'y avait aucun moyen de les manquer : en entrant les cabines étaient sur la droite, plus enfoncées ; tout de suite en face de la porte se trouvaient les lavabos, sur lesquels Victor était assis. Impossible de les manquer. Chris le savait, et ça lui plaisait.

« It's all about you, russian boy. » chuchota-t-il.

Et Victor frémit.

Alors Chris retira encore ses mains des mèches longues pour les assigner à une autre tâche. Il s'agissait de défaire bouton et braguette, et de libérer Victor qui se sentait clairement à l'étroit. Il les chargea ensuite de l'effleurer à travers son boxer, du bout des ongles -comme s'il avait besoin de ça. A ce niveau là, toute caresse n'était qu'accessoire et toute cette langueur un supplice. Ça amusait Chris qui n'essayait même pas de cacher ses sourires devant Victor qui se mordait les lèvres de plus en plus fort. Et Chris continuait ses lents mouvements de haut en bas, persistant à ne pas encore le toucher à même la peau, lui retenant la tête en arrière par une poignée de cheveux et préférant lui sucer le cou plutôt que la queue. Et Victor n'arrivait à retenir que deux cris sur trois, peinait à contenir sa voix et essayait de calmer ses hanches que l'impatience rendait folles. N'être même pas capable de se débattre, d'attraper Chris par le col et de l'obliger à s'occuper correctement de son entrejambe, était atroce. Il détestait ce rythme qu'on lui imposait et qui le rendait fou, il détestait être réduit à une telle faiblesse, pire encore il détestait adorer ça. Il ne l'aurait même pas voulu autrement.

Il semblait à Victor que Chris se jouait de lui. Qu'on ne se trompe pas : il était pour prendre leur temps et profiter au maximum, là n'était pas le soucis. Mais il avait atteint un point où il craignait que Chris continue son manège toute la nuit, sans jamais assumer ses responsabilités. Bien sûr, il appréciait -il adorait- la façon dont Chris touchait sa peau du bout des lèvres juste avant d'y enfoncer ses dents, comment il faisait courir sa langue jusqu'à ses tétons avant de les pincer et les frissons que provoquaient sa fine moustache quand elle le griffait. Évidemment, il appréciait -il adorait- avoir les mains dans le dos, attaché comme s'il n'existait que pour le plaisir de Chris alors qu'au contraire, tout ça n'était là que pour lui plaire. Puis il appréciait -il adorait- savoir qu'ils étaient toujours dans un lieu public en tant que personnalités publiques. Et qu'en conséquence, rien de ce jeu ne leur appartenait entièrement -n'importe qui pouvait le savoir, pouvait les voir. Mais bien qu'il adorait ça, il n'en pouvait plus d'attendre la suite.

« Please.. » murmura-t-il finalement entre deux souffles.

Il devait avoir l'air misérable, c'était plutôt embarrassant. Chris s'était aussitôt arrêté pour savourer ce visage suppliant, ce Victor Nikiforov dont il n'avait même pas osé rêver. Il souriait, trop fier d'avoir réussi à le faire céder. Il dû cependant prendre quelques instants pour se reprendre, c'est-à-dire pour retenir de jouir tout de suite. Il déglutit, espérant que Victor n'avait pas remarqué cette courte absence. Mais celui-ci peinait toujours à retrouver une respiration correcte, alors Chris retrouva son rictus.

« What ? I didn't hear well. »

Victor ferma les yeux et Chris savait qu'il le détestait. A raison, ceci-dit, puisqu'il avait très bien entendu. Pire, il savait même très bien ce que Victor voulait, il voulait simplement qu'il lui demande correctement.

« Please, répéta Victor plus fort, just do it.

-Do what ? »

Victor rougissait, haletait, comme un puceau qu'on touchait pour la première fois. Il resta silencieux longuement, souhaitant se faire attendre en guise de maigre vengeance. Seulement il n'osa même pas regarder Chris dans les yeux quand il répondit enfin -il acceptait sa défaite.

« Just suck me already. »

Chris sourit, et jugea que cette phrase, si distinctement articulée, amplifiée par la résonance de la pièce, valait bien qu'il obéisse. Victor laissa échapper un soupir de soulagement quand il s'agenouilla devant lui, et son gémissement venait du fond de sa gorge quand il sentit la langue de Chris le toucher -enfin.

Rester lent, doux, cruel ; Chris en avait fait sa règle. Il était plutôt satisfait des résultats qu'elle produisait. Il devait même retenir les cuisses de Victor écartées pour l'empêcher de bouger -il le voulait statique. S'il avait pu l'attacher entièrement, le bloquer de tout mouvement, il l'aurait fait. Mais ils étaient toujours dans des toilettes publiques et Chris ne se baladait pas avec ses cordes dans ses poches -bien qu'il commencerait peut-être à le faire, après ce soir, il voulait être prêt à tout. Il commençait par découvrir chaque parcelle de peau avec sa langue, ne pouvant s'empêcher de penser que si quelqu'un entrait maintenant, ça ne le dérangerait même pas. Il avait presque envie que quelqu'un rentre. Mieux : que ce soit un reporter et qu'il les photographie. Il voulait que cette soirée soit immortalisée dans les journaux. Il voulait que tout le monde sache que le temps d'une nuit, Victor Nikiforov était à sa merci.

Et vice-versa.

C'est pourquoi peu importait à quel point il avait le contrôle de la scène, Chris releva aussitôt la tête quand il prit Victor en bouche et que celui-ci l'interpella.

« Wait wait wait. Let...let's go to the hotel. »

Chris interrogea Victor du regard, un peu perdu. La première explication qui lui venait à l'esprit lui disait que c'était la fin, et alors il essaya d'ignorer la déception qui commençait à s'insinuer en lui. C'était stupide, la déception le mènerait à la colère et il n'avait pas à être énervé après Victor pour ça -s'il voulait arrêter, ils arrêteraient, voilà tout. Dès le départ, il avait eu conscience que c'était l'occasion d'une vie et qu'il devait savourer chaque seconde avant que ça ne se termine, puisque ça pouvait se terminer n'importe quand. Il pensait profondément que c'était pour maintenant. Mais une seconde explication, plus ambitieuse, moins probable, prenait de plus en plus de place dans son esprit. L'espoir lui soufflait que c'était autre chose, et que bientôt il se sentirait bête d'avoir cru que Victor en avait marre. Forcément, c'était juste pour un détail. Si Victor avait juste peur d'en mettre partout, Chris pouvait avaler, sans soucis. Si c'était autre chose, ça pouvait s'arranger aussi. Mais c'était plus qu'un détail : Victor voulait plus que ça.

« It's just.. it'll be better. » expliqua-t-il.

Chris en aurait soupiré de soulagement. Ce n'était qu'un changement de lieu, un interlude qui allait largement valoir le coup, il n'en doutait pas un instant. Il se releva et tâcha de rhabiller Victor, grossièrement. C'est-à-dire qu'il tenta de reboutonner sa chemise mais qu'aucun bouton n'était au bon endroit, qu'il remit la ceinture dans seulement deux des cinq passants et qu'il ne la serra même pas suffisamment. Il comptait sur le fait que personne ne ferait attention à eux, et puis il se fichait pas de mal de ce dont ils allaient avoir l'air, surtout. Puis il prit le temps de l'embrasser, avec tendresse cette fois. Et ils quittèrent la pièce.

Marcher n'était toujours pas évident pour eux, d'autant que cette fois, ils étaient saouls et si excités que ça leur faisait mal. En s'entre-aidant, ils auraient pu avancer droit jusqu'à la sortie sans encombres. En théorie. Mais slalomer dans la foule s'avérait une épreuve plutôt difficile. Après avoir perdu de vue Victor une fois, Chris l'attrapa par la main sans penser que ça compliquerait la tâche. Maintenant, au lieu de vaciller chacun de leur côté, ils emportaient l'autre et bousculaient des chaises, des tables et même des gens. Ils finirent par tracer leur chemin jusqu'à la porte qui s'ouvrait sur des promesses à briser et des inquiétudes, mais derrière laquelle ils ne voyaient que du plaisir et la violence de leurs prochains jeux.


Oui, je me lance dans une fic en plusieurs chapitres. Eh ouais.

J'annonce tout de suite qu'avec mes problèmes de santé, la régularité c'est pas trop mon truc. Mais j'ai beaucoup d'idées et je suis assez motivé donc je ferai du mieux que je peux.

(non, ce ne sera pas uniquement du smut.)

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- KartenK