Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent toujours malheureusement pas. VENDSLESMOIJKROWLING ! Hm. Hm.

Que dire ? J'arrive jamais à faire une entrée correcte. Reprend les sept tomes d'Harry Potter, se passent un an après la fin de la guerre à l'école de Poudlard... Léger spoiler pour celles qui ne les auraient toujours pas lus (mais qu'est-ce que vous attendez pour le faire bon sang.) Et puis voilà, voilà... Bref.


Etat de la fiction : Terminée. 7 Chapitres.


Bonne lecture.


La mécanique du cœur.


Chapitre 1 : 1er jour.


Tic-tac.


This is why, my friends

I'm leaving for a better place

I'm sick and tired all of this

I made it sound better

But I can't see what we've made here

I'm giving up on this world to find another one

Just don't follow me if you're not sure

There's no way back when you leave the others

Khamsin & LeMarquis (ft Saavan) - Leaving.


9h.

« Tic-tac » faisait l'horloge, « gong » répondait son cœur. A moins qu'ils ne faisaient qu'un ? Il le sentait pomper son sang à une vitesse ahurissante. Il battait beaucoup plus vite que cette foutue horloge. Et pourtant, il n'était pas en train de courir après un mégalomane en puissance, il n'était pas en train de voler pour attraper un vif d'or, il n'était même pas en train de fuir une bande de dégénérées ambulantes qui n'en voulaient qu'à sa célébrité et son argent. Non… Il était assis, tranquillement devant le bureau de madame Pomfresh qui venait de lui annoncer une nouvelle. Il aurait pu dire la pire nouvelle de sa vie, mais en réfléchissant bien, pas vraiment. Il en avait eu des pires encore. Celle-là… elle était juste fataliste, mais ce n'était pas la pire.

Le retour de Voldemort c'était bien pire, la mort d'Albus Dumbledore, encore plus. Même celle de Severus Rogue était plus dramatique encore. Quand Ron les avait laissés tomber parce que l'Horcruxe l'avait aveuglé… Oui… Il trouvait cela pire. Il pourrait faire une liste non exhaustive des pires nouvelles qu'il avait eues. Celle de madame Pomfresh serait tout en bas de cette ladite liste. Et pourtant… Elle concernait sa vie. Ou plutôt, la fin de sa vie.

- Monsieur Potter… ?

Harry n'était pas là. Il était bien assis dans l'infirmerie, devant elle, mais dans sa tête, il était loin. Il regardait vaguement le mur derrière, cette horrible horloge qui continuait à faire tic-tac. Et il se demandait s'il elle faisait réellement ce bruit-là. Parce qu'après tout, c'était une horloge magique. Pas de mécanique, pas de bruit. Alors, c'était peut-être lui qui l'inventait. Son esprit lui jouait des tours, lui faisait entendre cette chose pour lui rappeler… que la fin était proche.

- Harry ? Demanda-t-elle encore plus doucement. Vous êtes avec moi ? J'aimerais tellement… Tellement faire plus… Vous allez partir à Saint Mangouste immédiatement. C'est le mieux.

- Non, chuchota-t-il. Je n'ai pas envie de passer le peu de temps qu'il me reste dans cet endroit. Ici, c'est bien.

Il se leva et l'infirmière en fit autant. Elle montrait des signes de fatigue et tant de tristesse dans ses yeux. Elle lui parut tellement plus vieille que d'habitude. Ces cheveux étaient complètement hirsutes. Elle avait travaillé sûrement des heures durant pour trouver une solution. D'une main tremblante, elle fouilla dans ses papiers désordonnés.

- J'ai des potions qui pourront vous aider à… supporter la douleur quand le moment sera venu.

Harry regarda la petite fiole qu'elle lui tendit. Il n'avait pas envie de la prendre, car chaque fois qu'il la verrait, il se rappellerait que le temps s'écoule trop vite. Que quand il devra la boire, il ne lui resterait plus que quelques minutes avant de partir. Mais le survivant la prit tout de même, avec un petit sourire.

- Votre réaction m'inquiète, monsieur Potter. Vous ne voulez réellement pas…

- J'aurais dû mourir il y a dix-huit ans. Murmura-t-il en regardant la fiole entre ses doigts. J'aurais dû mourir il y a sept ans. En fait, chaque fin d'année dans cette école, je crois que j'aurais dû mourir. Mais chaque fois, j'ai été sauvé… Parfois au dépend des personnes autour de moi. Je crois, que cette fois-ci, je n'ai pas l'intention de me battre. Personne, je dis bien personne, ne doit savoir. Personne ne doit prendre ma place. C'est mon tour de partir.

En relevant la tête, il tomba sur les yeux embués de Pompom Pomfresh et son visage choqué.

- Ne vous inquiétez pas. Je vais profiter du tant qu'il me reste et ensuite, je rejoindrais ma famille, mes amis et tous ceux qui sont morts pour moi et pour que cette guerre prennent fin. Je leur dirais… Qu'on a gagné, que Voldemort n'est plus et qu'ils ne sont pas morts en vain. Je leur dirais combien Poudlard et le reste du monde sorcier est devenu beau.

Il lui sourit, un sourire sincère et heureux alors que la vieille femme laissait couler une larme. Elle n'eut pleuré que deux fois dans sa vie. Quand Albus Dumbledore fut mort… et maintenant… Elle se mordit la lèvre et hocha la tête. Elle ne s'opposerait pas à sa requête. Elle le laisserait faire ce qu'il souhaitait. Elle savait qu'Albus n'aurait jamais accepté. Mais il n'était plus là pour les aider… De plus… Son patient le plus régulier ne pouvait plus être aidé.

- Quand vous sentirez que votre cœur commence à ralentir, il faudra le relancer. Courir est le plus simple. Mais il y a aussi le choc électrique, l'adrénaline, le sucre…

- J'ai compris. La coupa-t-il.

Cela se voyait qu'elle ne voulait pas qu'il parte. Comme si elle savait que quand il sortirait de là, il ne reviendrait plus. Ou alors sans vie. Mais Harry s'en ficha et fit demi-tour pour rejoindre l'entrée. Elle ne le retient pas, il la quitta.


9h30

Harry était couché par terre dans le parc, près du lac. Il profitait du soleil levant. Des premières chaleurs de Juin. Il respirait la bonne odeur de la pelouse toute neuve et des arbres en fleurs. L'espace d'un instant, il s'endormit, rêvant de tout et de rien. Presqu'un an s'était écoulé depuis la fin de Voldemort et il avait toujours un peu de mal à s'y faire. Revenir à Poudlard fut dur. Tout comme les cauchemars, les affreuses douleurs, les prises de tête dues à son caractère qui était devenu un peu froid. Il comprit maintenant que c'était son cœur qui était froid. Après tout, il était un peu comme une horloge cassée. Froid et sur le point de s'arrêter.

Ce serait beaucoup plus simple s'il décidait de le faire maintenant, comme cela il pourrait s'en aller sans avoir à dire au revoir.

Harry ouvrit grand les yeux. Dire au revoir… Oui. Il fallait qu'il fasse des choses. Prévoir… Prévoir quoi ? Un testament, une lettre pour ses amis. Mais il ne fallait surtout pas qu'il le sache avant la dernière heure. Comment faire tout cela… Le brun se farfouilla l'esprit. Comment faire cela sans demander de l'aide ? Si jamais il demandait à Hermione, elle le serait tout de suite que quelque chose n'allait pas. Il n'avait jamais appris, il ne savait pas. Peut-être devait-il s'éclipser pour aller au Ministère de la Magie. Ginny rapporterait tout à son frère. Il fallait qu'il se débarrasse d'elle. Harry se mordit la lèvre…

Et puis soudain, la réponse apparut d'elle-même. Il se redressa lentement et regarda au loin, l'élève de Serpentard debout devant le lac. Les mains dans les poches, il n'avait même pas revêtue sa longue robe de l'école. Il portait une chemise blanche et un pantalon de lin beige… Harry fronça les sourcils. Sur le moment, il se sentit complètement fou. Lui demander à lui ? Cela voudrait dire révéler son secret. Car il lui demanderait des explications. Mais…

Il vit sa tête se baisser vers le lac, il le regardait étrangement. Harry se leva d'un coup et marcha vers lui. Le tic-tac de l'horloge s'accentua, lui rappelant qu'il était toujours en vie et que plus il se rapprochait de lui, plus la mécanique de son cœur fonctionnait correctement. Il arriva enfin derrière lui mais s'arrêta brusquement. Il eut peur qu'un simple mot ou simple geste de sa part ne le fasse tomber dans l'eau. Il se mordit la lèvre, se demandant pourquoi il ne l'avait pas encore remarqué. Trop plongé dans ses pensées sûrement.

- Malfoy. Murmura-t-il enfin.

Le blond redressa soudainement la tête. Il eut un temps avant qu'il ne décide de se retourner. Il pencha la tête, le revisitant de la tête aux pieds. Qu'avait-il ? Pourquoi ne réagissait-il pas ? Le tic-tac incessant bourdonnait dans sa tête. Il ne put plus soutenir son regard et le posa sur le lac.

- Potter. Le salua-t-il. Que me vaut le déplaisir de te voir ?

Harry serra les dents. Il avait besoin de lui. Il ne devait pas répondre, il ne devait pas s'énerver.

- Je viens… pour que tu paies ta dette.

- Ma dette ?

Sa voix était froide et sombre, ses mots pires que des lames tranchantes. Il frappait Harry comme les aiguilles de son horloge cassée. Ils le piquaient encore et encore. Avant que le Serpentard ne le laisse s'expliquer, il se retourna tout à fait et posa une main sur sa hanche.

- D'accord. Mais après cela, tu disparais de ma vie.

- C'est faisable. Trancha Harry.

- Qu'est-ce que je dois faire ?

Le brun passa une main dans ses cheveux, désemparés. Il ne pensait pas qu'il accepterait aussi facilement. Il croyait qu'il pourrait discuter et se disputer un peu avant d'aborder le sujet. En vrai, il se rendit compte que de l'apprendre de quelqu'un d'autre, c'était plus facile que de le dire. Ou peut-être était-ce difficile de lui dire à lui ? Il allait mourir. Il fallait qu'il le dise. Il allait mourir. Pourquoi n'y arrivait-il pas ? Il se contenta de murmurer sans le regarder :

- Je dois faire un testament.

Il ne le voyait pas, mais il pouvait le sentir. Il était à la fois surpris mais suspicieux. Comme il l'imaginait, il ne tarda pas à lui demander pourquoi. Il aurait tout aussi bien lui dire de se mêler de ses affaires, mais il se laissa bercer par l'eau qui apaisait le bruit dans ses oreilles. De ses yeux fuyant, il bredouilla :

- Personne ne doit savoir…

- Combien de temps, Potter ?

Cette fois-ci, Harry le regarda dans les yeux. Sons visage était fermé et il avait l'air de ne pas plaisanter du tout. Tout comme il ne se moquait pas de lui. Il le regardait avec attention. Toute trace de mépris, de dégout ou de colère avait quitté son visage. Ce n'était plus Malfoy, l'ancien mangemort… C'était le même gamin insupportable qui avait tant besoin d'aide et que personne n'a assez fait attention pour secourir. C'était un jeune homme qui avait arrêté ses conneries d'adolescent en mal d'amour. Il était à la fois lui, et surtout quelqu'un d'autre. Quelque chose avait changé. Quelque chose qui l'avait amené ici, à cet instant précis, à regarder le lac de cette façon.

- Sept jours…

Il avait murmuré ses deux mots comme une trahison. C'était la vie qui le trahissait, un peu ses amis, un peu son amour, un peu la mort… Un peu tout ça. Et pourtant, Ron et Hermione n'y étaient pour rien, Ginny non plus et la mort… Elle ne venait que réclamer son dû. Quant à la vie… franchement, qui rêvait d'une vie comme celle qu'il avait eue ? Personne.

- C'est peu. Mais dis-moi…

Il se retourna vers le lac et le regarda encore.

- Pourquoi veux-tu faire un testament ? A qui vas-tu donner tout ce que tu possèdes ? Tes amis ? Ginny Weasley ? Ton filleul ? Une société caritative ? Dis-moi, Saint Potter, pourquoi ferais-tu ça ? Une fois que tu seras six pieds sous terre, qu'est-ce que tu en auras à foutre de ce qu'ils font avec ce qui t'appartient ?

Harry fronça les sourcils alors que son cœur fit encore une embardée. Il n'aura pas de baisse aujourd'hui, il le sentait bien. Tout ça à cause de lui… Ou grâce à lui, plutôt. Ce qu'il pouvait l'énerver des fois. Et puis la colère passa immédiatement quand il rencontra à nouveau le tenseur de son regard, une mécanique qu'il n'avait encore jamais rencontré. Quelqu'un chose d'ordinaire venait de devenir surréaliste en quelques secondes. Juste parce que c'était lui. Il se calma, analysa à nouveau. Puis il haussa les épaules.

- Est-ce que tu vas m'aider ? Oui ou non ?

- Je pourrais dire non, en fait. Tu mourras tout de même dans sept jours. Et je serais débarrassé de cette stupide dette.

- Je n'ai pas le temps de jouer, Malfoy, s'énerva-t-il encore.

- Le temps… Murmura le blond. Au contraire, c'est tout ce qu'il te reste. Tu as mal évalué. En fait, te connaissant, tu as encore agi de manière compulsive et en accord avec le blason de ta maison. Comme un lion en cage, tu n'as pas évalué du tout. Tu as regardé la mort et tu as sûrement souris et haussé les épaules en lui disant, « Attend, je fais mon testament, puis ensuite tu as le droit de me prendre. ». Ai-je raison ou tort ?

Harry écarquilla les yeux. C'était incroyable, comment le connaissait-il aussi bien ? Il avait touché en plein cœur et le brun avait cessé de respirer. S'il n'avait pas été devant lui, il aurait mis une main sur son cœur, cherchant son pouls. Le tic-tac s'était arrêté et une voix dans sa tête lui murmura de respirer, sinon, il mourrait. Harry papillonna des yeux avant de pouvoir respirer à nouveau correctement. Son souffle était erratique. Il se mordit la lèvre. Toute autre personne se serait dépêchée de voir s'il allait bien. Malfoy, quant à lui, se contenta de le regarder souffrir sans aucun sentiment apparent.

- Qu'est-ce que… tu veux dire par là ?

- Quelles sont tes priorités, Potter ? Continua-t-il comme si rien ne s'était passé. En sept jours tu peux en faire… Des dizaines de choses que tu t'es toujours interdit de faire, des aveux, des envies, tu peux visiter le monde… Tu peux vivre avant de mourir. Et toi tu restes là à parler avec un homme que tu détestes le plus au monde, et à penser à un stupide testament.

Harry se mordit la lèvre. Comment pouvait-il avoir autant raison ? Il visait tellement juste, qu'Harry trouva cela louche, comme s'il y avait déjà pensé. Puis, il laissa tomber pour se concentrer sur ses priorités… Il n'en avait clairement pas. Des envies particulières… Aucunes. Visiter le monde ? Pour quoi faire, les bâtiments étaient partout pareils, et surtout, il avait peur que son cœur ne tienne pas. Des aveux…

Oui, peut-être… Des aveux, il devait bien en avoir quelques-uns. Beaucoup pour lui, des choses qu'il n'a jamais voulu lui dire, des choses qu'il n'avait pas pensé, sauf à cet instant précis. Alors qu'il semblait si différent de d'habitude… Alors que pour la première fois, il le voyait autrement. Est-ce qu'il aurait le courage de lui dire ? Qu'avait-il à perdre ? De toute façon, il n'avait plus que sept jours. Et même s'il se moquait de lui, il n'aurait pas longtemps à le supporter. Encore moins s'il attendait encore. Oui… il serait la dernière personne qu'il verrait alors.

- Vendredi… On fait le testament vendredi.

Malfoy hocha la tête et partit, sans plus ni moins. Aurait-il dû le remercier ? Harry regarda le lac longuement. Il le remercierait plus tard. A contre cœur, il se retira aussi. Il avait des choses à dire, maintenant. Beaucoup de choses…


11h.

- Harry ? J'ai eu ton message, que se passe-t-il ?

Le brun, accoudé à la fenêtre, regardait tout Poudlard qui se dessinait devant lui. Il se rappelait les nombreuses fois où il venait ici, avec elle, pour passer du temps. Parfois, il se suspendait, des moments magiques qu'il espérait ne jamais être oublié. Surtout quand il ne serait plus là. Mais ce temps avait passé, depuis qu'il savait pour sa maladie, deux mois déjà, il venait ici seul, pour méditer… Et ces beaux moments étaient devenus tristes, froids et vides…

La rouquine s'approcha de lui et se posa à ses côtés. Il entendit son sac glisser de son épaule et tomber à terre. Elle le regarda longuement avant de sourire et de le suivre dans sa tristesse. Car oui, il était triste. Encore et toujours, au même endroit. C'était la deuxième fois qu'il la quittait. Ce serait la dernière.

Du coin de l'œil, il s'arrêta à chaque détail de son magnifique visage. Il aurait dû lui dire plus souvent, qu'il l'aimait, ce visage. Il se contenta de le penser fortement, maintenant il était trop tard. Elle soupira, s'assit sur le rebord et remonta son genou contre sa poitrine. Elle savait que quelque chose n'allait pas depuis des semaines. Elle sut que c'était la fin avant même qu'il ne lui dise. Pourtant, elle ne pleura pas, elle ne tenta pas de l'en empêcher. Elle ne lui dit rien, attendant sagement, sans faire de crise ou autre. Elle se dit même dans un sourire sans joie que c'était plutôt Ron qui le prendrait plus mal qu'elle.

- Qu'est-ce que je peux faire, murmura-t-elle alors tentant une dernière fois de le garder auprès d'elle.

- Rien du tout… Lui répondit-il. Tu ne peux rien faire.

- Ne sois pas si froid, s'il te plaît, demanda-t-elle tristement.

Elle ne voulait pas le retenir, mais elle ne souhaitait pas non plus le perdre pour toujours. Et c'est exactement ce qu'elle ressentait, à cet instant. Comme si son cœur avait été assiégé par de la glace.

- Désolé. S'excusa-t-il réellement. Je…

- Je sais, détourna-t-elle. Je le sais depuis longtemps. Je fais juste semblant parce que moi, j'éprouve toujours des sentiments pour toi. Je savais que ce ne serait que temporaire, qu'un jour tu craquerais. Mais… Enfin tu sais, derrière, j'avais toujours de l'espoir que cela te passerait. Que tu finirais par retrouver la joie de vivre… Avec moi.

- Désolé, chuchota-t-il encore.

- Non… Ne t'excuse pas, Harry.

Elle descendit de son perchoir pour récupérer son sac. Avant de faire tournoyer sa longue chevelure rousse.

- Et puis… Si jamais tu penses avoir fait une erreur, je t'attendrais.

- Ne m'attend pas.

La remarque la bloqua immédiatement. Son ton était sans appel. Elle perdit tout sourire se remplaçant uniquement de tristesse. Et puis petit à petit, la colère monta. Harry déglutit, il était peut-être allé trop loin. Et pourtant… il avait comme un poids sur les épaules qui s'envolait. Le tic-tac se fit moins oppressant contre son cou. Il se surprit à être… heureux.

- Tu pourrais au moins me regarder dans les yeux pour me dire cela.

Ses mains se crispèrent sur la paroi de pierre puis il soupira et se retourna. Il la vit, au bord des larmes. Quoi qu'on dise d'elle, Ginny avait toujours été très forte. Il ne pensait pas qu'elle craquerait aussi facilement. Devait-il ou pas en rajouter une couche ? Il fallait juste qu'elle ne l'aime plus. Ce serait plus facile pour elle une fois qu'il aurait disparu.

- Ecoute, je ne t'aime plus. Et je ne veux pas que tu m'attendes et espère pour rien. Je ne reviendrais pas.

- C'est quelqu'un d'autre ?

- Non. Oui… Enfin…

Il sourit bizarrement. Ce n'était pas drôle du tout, et pourtant, il avait comme quelque chose de mélancolique.

- Disons que cette personne sera la dernière que je côtoierai… Jusqu'à la fin de ma vie.

Elle eut l'air choquée. Ce n'était pas la meilleure chose à dire à une personne que l'on vient juste de quitter, mais pourtant, il n'arrivait pas à se dire qu'il avait tort. Et il trouvait cela drôle. Oui, la meilleure blague de tous les temps. Ginny serra les dents et se retourna d'un pas rageur.

- Grand bien te fasse, scanda-t-elle avant de le quitter.

C'était horrible, mais Harry se sentait tellement mieux, tellement libre. Il sourit lentement à nouveau et se tourna vers le coin sombre de la pièce.

- Ça ne sert à rien de te cacher, Malfoy. Tu sais que je peux te sentir.

Le blond sortit de l'ombre et s'appuya contre le mur. Il souriait lui aussi.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Je te regarde tomber bien bas, Potter. Dit-il alors qu'il ne pouvait se tarir de ce sourire satisfait. Elle avait raison sur un point, ton cœur est froid comme la pierre. C'est de la mort que tu parlais, n'est-ce pas ? Cette personne que tu suivras.

Le brun se mordit la lèvre. Encore touché. Décidément, il ne pouvait s'empêcher de viser juste. Ne serait-il pas juste en train de lire dans sa tête ? N'ayant jamais été bon en occlumencie, il ne pourrait malheureusement rien y faire. Harry haussa juste les épaules en guise de réponse.

- Qui est le prochain que tu vas faire souffrir ainsi ? Attention, Harry. Bientôt, le testament ne servira plus à rien si tu n'as plus aucun ami à qui donner tes biens.

- Arrête de me suivre… répondit sèchement le Griffondor.

- Non.

Harry se tourna vers lui et fronça les sourcils. Il le vit croiser les bras contre sa poitrine. Ses yeux gris le défiaient comme jamais. Quelque chose avait changé encore. Il avait l'air de s'amuser avec lui. Un Malfoy qui s'amuse avec Potter, on aura tout vu.

- Enfin… on verra bien si vendredi tu auras toujours envie de le faire, ce testament.

- Mon cœur n'est pas froid, avoua enfin le brun. Il ralentit… D'heure en heure, de minutes en minutes. Des fois, je l'entends qui fait tic-tac… comme une horloge rouillée. Ou je ne l'entends plus pendant quelques secondes et je me demande s'il va repartir, ou s'arrêter. Je suis malade, je vais mourir. Alors Malfoy, non, je ne tombe pas bien bas. Je les aide à faire le deuil tant que je le peux encore. De plus, qu'est-ce que ça peut te foutre ?

Le blond perdit son sourire. Il se redressa soudainement et s'approcha jusqu'à ce que son visage fut si près du sien que le cœur d'Harry commença à battre beaucoup trop vite. Il tenta de le cacher mais c'était peine perdu. Malfoy le fixa, longtemps, dans les yeux, comme si la distance entre eux ne le dérangeait pas.

- Tu te trompes encore, Potter. Car je l'entends aussi, la mécanique de ton cœur. Et elle me donne envie de danser.


17h.

Il s'assit devant lui sans même lui demander l'autorisation. Après son petit effet, Harry avait tout fait pour l'éviter. Tout comme il évitait tout le monde. Il soupira, le regarda un instant avant de retourner sur son bouquin. Sans qu'il ne le remarque réellement, il avait aussi regardé à droite et gauche pour être sûr que personne ne le voie avec lui.

- Qu'est-ce que tu lis ? « Comment se suicider de façon honorable ? »

- Malfoy, grinça-t-il. Je t'ai demandé de l'aide, pas de devenir ton ami. Va-t'en.

- Non. Je veux voir.

- Pardon ?

Harry fronça les sourcils sans comprendre. Le blond se contenta de faire tournoyer un petit bracelet en cuir beige autour de son poignet, le trouvant beaucoup plus fascinant que la tête atterrée du jeune homme.

- Qu'est-ce que tu veux voir, Malfoy ?

- Tout, je veux être à côté de toi quand tu perdras un à un tes amis, tout ça parce que tu ne veux pas m'écouter. Je veux te voir sombrer dans la folie.

Le Griffondor se retint pour ne pas sortir sa baguette et l'envoyer valser à travers la bibliothèque. Une colère sourde emplit son estomac, le broya lentement, et il eut beaucoup de mal à se calmer. Seul le tic-tac assourdissant de son cœur en miette l'obligea à faire preuve d'attention.

- Je croyais que tu avais changé, mais en fait, tu es toujours un parfait connard.

- Quelle vulgarité, Potter… De toute façon, ce n'est pas une requête. Tu me laisseras être présent à chaque fois, ou bien je raconte tout à tes amis que tu chéris tant.

- Tu ne ferais pas ça ! Chuchota le brun hargneusement.

- Et pourquoi donc ? Répondit le blond sur le même ton en se penchant sur la table. Après tout, je ne suis qu'un parfait connard, et nous ne sommes pas amis !

Malfoy eut un rictus victorieux en voyant que le brun ne pouvait pas rétorquer. Il se redressa et réajusta sa chemise. Harry haussa un sourcil. Pourquoi ne portait-il pas sa robe comme tout le monde ? Pourquoi était-il là, avec lui, au lieu d'être en cours ? Pourquoi voulait-il tout voir, tout savoir ? Depuis quand sa priorité était les siennes ? Il se leva soudainement et toisa le brun avant de murmurer :

- Alors ?

Il tourna la tête vers l'entrée de la bibliothèque et Harry fit de même. Ron y était, il le cherchait sûrement des yeux. Le brun eut un coup de chaud. Il ne devait pas le voir trainer avec son pire ennemi, sinon, c'était sûr qu'il se poserait des questions. Cependant, le blond ne sembla pas vouloir bouger d'un pouce à moins qu'il lui ait donné son accord. Se faisant, le brun hocha la tête. Malfoy sourit et partit se cacher derrière l'étagère emplie de livre. Juste à temps, car Ron finit par le repérer. Harry fit semblant de lire, même si les lettres sur les pages ne faisaient plus de mots assez cohérents pour qu'ils les comprennent. Le rouquin se posa juste devant, avec la même délicatesse que Malfoy avant lui. Le brun leva rapidement les yeux. Sa gestuelle prouvait qu'il n'était pas du tout venu pour lire quoi que ce soit. Harry, qui n'avait décidément plus l'occasion de suivre ce qui était écrit, referma le bouquin d'un coup sec.

- Ecoute, si tu es venu pour…

- Harry ! Le détrompa-t-il. Tu sais, le bon côté du fait de sortir avec une intello, c'est qu'on finit par réfléchir avant de parler. Et j'ai bien réfléchi. J'ai eu le temps vu que Ginny est venue me voir directement après que tu l'aies quitté… Encore. Et je ne vais rien te dire.

Harry haussa un sourcil, sans comprendre. Il n'allait rien lui dire. Etrange.

- Je suis juste venu te dire que je ne vais rien te dire !

Il lui sourit et le brun ne put s'empêcher d'en faire autant. Mais pas pour ce qu'il venait de dire. Uniquement parce qu'il venait de donner tort à Malfoy.

- Ce qu'il se passe entre ma sœur et toi ne me regarde pas. Bon, c'est vrai que j'étais certain que tu me ferais une ribambelle de nièces et neveux mais… Tant pis. Ce n'est pas pour ça que je ne serais pas parrain, n'est-ce pas ?

Le bonheur d'Harry ne dura pas, il se renfrogna, alors que les mots de son meilleur ami se répercutaient. Il n'aurait jamais d'enfants, il n'avait pas d'avenir après tout. Il serra le livre qu'il avait toujours entre les mains, une tristesse incommensurable se répandit dans son corps, jusque son cœur. Il n'aurait pas d'enfant et lui le narguait d'un futur impossible. Il n'était pas au courant… Il ne savait pas. Harry tendit l'oreille, pas de tic-tac cette fois. Il n'entendait rien, son cœur s'était arrêté. Il fallait qu'il respire.

- Harry, est-ce que ça va ?

Il ne pouvait pas répondre, il n'avait plus de souffle. Il attendit. Une seconde, deux secondes. Et puis, comme par enchantement, son horloge repartit. Il venait de perdre quelques secondes, mais il était toujours en vie. Il prit une grande inspiration, cela lui fit un peu mal. Quelques picotements, il ne sut pourquoi, mais il savait que ce ne serait pas les derniers et qu'ils seront de plus en plus douloureux.

- Ça va… C'est juste… que… ça me rend un peu triste de savoir que je n'aurais pas d'enfants…

- Pourquoi ?

Harry écarquilla les yeux. Mince, il venait de faire une bourde. Il balbutia quelques mots sans suite avant que le roux n'écarquille les yeux avant de se lever lentement.

- D'accord… Je vois… Hm… Je vais y aller…

- Non, attend Ron, ce n'est pas ce que tu crois.

- Non, non, t'inquiète. On se voit tout à l'heure.

Il lui fit un semblant de sourire avant qu'il ne le quitte. Harry posa le crâne sur la table et soupira. Qu'est-ce qu'il avait cru ? Il espéra de tout cœur que son meilleur ami n'avait pas trouvé qu'il était malade. Le rire de Malfoy s'étendit en se fichant des autres qui pourraient l'entendre. Il s'affala de nouveau sur la chaise et Harry finit par maudire celle-ci.

- Alors là, bien joué ! Franchement, je n'aurais pas fait mieux.

- De quoi tu parles ? Marmonna Harry, au bord du gouffre.

- Quoi de mieux pour faire fuir un ami que de lui annoncer clairement que tu es gay ?

- QUOI !?

Le brun se redressa d'un bon et écarquilla les yeux. N'importe quoi. Ron n'avait pas pu comprendre ça. Si ? Le sourire du blond qui faisait trois fois le tour de son visage lui prouvait que si apparemment.

- Eh bien franchement, moi c'est ce que j'aurais pensé après qu'un homme comme toi lâche une fille comme la femelle Weasley et annonce clairement qu'il ne pourrait pas avoir d'enfant. Ça ou le fait d'avoir été castré. Mais connaissant le cerveau lent et stupide de ton « ami » et la façon dont il a déguerpi, je crois qu'il a opté pour la première solution.

- Tu racontes n'importe quoi. Ron n'a pas pensé ça !

Etait-ce réellement lui qu'il essayait de convaincre. Il en doutait.

- Et pour avoir réagi aussi vite, je pense qu'il s'en doutait un peu. En tout cas, il s'est laissé porter par des on-dit, parce que cela n'aurait pas pu lui venir à l'esprit tout seul à notre jeune confiture écervelée, et tu viens de confirmer ce qu'il pensait !

- Tu vas te taire ! Hurla Harry en tapant du poing sur la table.

Il eut immédiatement les représailles de madame Pince qui siffla de contestation. Harry rougit et se rassit lentement. Il s'en voulut de s'être encore une fois laissé emporter. Il ne put s'empêcher de remarquer que tous les élèves le regardaient maintenant en chuchotant. Parlez donc, pensa-t-il, bientôt, il ne serait plus là pour les entendre.

- Potter, Potter, chantonna le blond en faisant encore une fois tourner son bracelet de cuir. J'entends la rythmique de ton cœur. Si toi, tu trouves ça effrayant, moi j'apprécies en chantant.

Harry haussa un sourcil.

- Tu es écœurant. Ça te fait tant triper que je meurs ? Est-ce une revanche pour ce que je t'ai fait autrefois ?

- Non ! Pas du tout… Mais je suis flatté que tu puisses croire que j'en ai quelque chose à faire que tu meurs ou que tu vives.

- Alors, lâche-moi ! Je t'ai dit que l'on se verrait vendredi !

- J'en doute, parions ta place au paradis que tu ne le feras pas.

- Si je ne t'avais pas écouté, je l'aurais déjà fait.

- Oui, mais tu m'as écouté. Car j'ai toujours raison.

Harry se leva et ramassa son sac. Il rangea ses affaires tranquillement. Il n'avait pas envie que cette journée se finisse, mais il voyait bien que la fin n'était plus très loin. Bientôt, il serait déjà demain, et demain, c'est un jour en moins avant que la fatalité ne le rattrape. Quand il eut finit, il regarda Malfoy intensément et ne sut exactement quoi dire. Devait-il l'envoyer au diable ? Laisser tomber son aide pour le testament afin qu'il ne l'importune pas ? Ou devait-il simplement lui dire « à plus tard » comme deux amis qui se respectent. Sauf qu'ils n'étaient pas amis et se respectaient encore moins. Malfoy arrêta de jouer avec son poignet et posa les avant bras sur la table. Il le fixa, sans rien dire, attendant sûrement une réplique cinglante ou une phrase dénuée d'intelligence. Finalement, Harry opta pour la facilité. Il fit demi-tour et le laissa là, sans rien dire du tout.


21h.

Harry était là, à nouveau, tout en haut de la tour d'Astronomie. Il s'était assis sur le rebord de la fenêtre et comme d'habitude, fixait un point invisible au-delà des frontières de Poudlard. Il aurait bien voulu partir, en vrai. Malfoy avait peut-être raison, il aurait dû aller faire le tour du monde, visiter d'autres pays, d'autres frontières. Ce n'était peut-être pas trop tard. Mais cela voudrait dire… Quitter tout le monde sans leur dire au revoir. Avait-il réellement l'intention de leur dire au revoir ? Non… Il comptait juste arriver à sept jours, et à l'aube du huitième, ne jamais se réveiller.

C'était mieux ainsi.

Le souffle erratique d'une personne le fit sursauter. Il se tourna vers la porte et fronça des sourcils.

- Par Merlin, mais jamais tu me lâches !

Malfoy se courba en se tenant les côtes.

- Nom de Dieu ! Articula-t-il. Il faudrait vraiment que Poudlard se recycle et construise des ascenseurs ! Et les moldus, hein ! Non, parce que les magiques me donnent la gerbe.

Le brun haussa un sourcils d'incompréhension.

- Je pensais que les Malfoy étaient allergiques avec tout ce qui touchait de près ou de loin à des choses moldues. Comment sais-tu que les moldus ont des ascenseurs ?

- Sache que je me cultive, cher Potter ! Mon prochain… travail… m'oblige un peu, à vrai dire.

- Ton travail ?

Malfoy reprit sa respiration d'une grande bouffée avant de refermer la porte. Il s'approcha ensuite et passa ses jambes à travers la fenêtre pour s'asseoir à ses côtés. Harry se mit légèrement à trembler quand il sentit son épaule frôler la sienne. Il n'aimait pas du tout la promiscuité que le Serpentard semblait vouloir instaurer entre eux.

- Tu n'as pas d'amis ou quoi ? Quelques première années à aller emmerder, je sais pas moi…

- Mais je suis très bien là. Je suis juste venu confirmer ce que je sais déjà. Mais l'entendre de ta bouche, c'est… jouissif.

Harry n'eut pas besoin de lui demander ce qu'il voulait dire par là. Il savait très bien ce qu'il était venu chercher. Le brun se replia un peu sur lui-même, honteux de ce qu'il allait dire, triste des propos qui ont été tenus.

- Il a dit que peu importe qui j'aimais, il serait toujours mon ami.

- Oui ! S'exclama le blond. J'avais raison. Il n'a pas tenu sa langue, c'est pour ça que tout le monde te regardait lors du dîner ?

- Non ! C'est… Il pensait que Ginny serait moins triste en l'apprenant… C'est elle qui a répandu… Cet affreux mensonge à tout le monde…

- Puis Granger Geignarde est arrivée, a mis le holà et tout le monde a accepté ton… différent. Typiquement Griffondorien !

- Ferme-là ! Marmonna Harry.

Il ne se l'avouerait jamais mais le blond avait totalement raison. Soudain, le regard de ce dernier devint un peu trop mélancolique. Il souriait à moitié, sûrement qu'il ne devait pas s'en apercevoir. Harry replaça ses lunettes sur son nez d'un doigt pour mieux voir. Malfoy n'était pas moche, surtout quand il n'avait pas sur son visage toute la laideur d'un homme colérique et narcissique. Peu importe se comportait-il aussi rustre et écœurant qu'auparavant, il était sûr qu'il y avait quelque chose qui avait changé. Il se donnait six jours pour le découvrir… Après tout, il n'en avait pas un de plus. Et le tic-tac incessant de son cœur, le lui rappelait que trop bien.


D'abord il y a le déni...


Bon, alors pour toutes celles qui auraient par mégarde ou par trop plein d'intelligence, découvert le sens de la fiction, pour toutes celles qui commencent à comprendre où je veux en venir... DONNEZ MOI DES COURS DE LEGILIMENCIE PARCE QUE LA, C'EST PAS POSSIBLE ! (Je ne parle pas du tout de toi, felinness... Hm. hm.)

Sinon, j'ai hésité entre trois titres différents : La mécanique du cœur (en référence au film de Mathias Malzieu et Stéphane Berla que j'ai adoré), Les priorités avant la mort ou Sept jours avant de mourir. Vous me direz si j'ai fait le bon choix.

A bientôt,

Personne ne l'a jamais connue.