Chapitre 1.

Peter arriva tôt au bureau ce lundi matin. Il avait passé un agréable weekend. Elisabeth et lui avaient profité du beau temps pour aller pique-niquer dans le parc.

Il entra donc dans son bureau avec un sourire radieux que, même le mauvais café dans sa tasse, ne pourrait effacer. Au moment de poser son pied sur la première marche menant à son bureau, il réalisa qu'il n'avait pas vu Neal assis derrière son écran.

Il devait être sorti pour acheter son habituel expresso du matin et Peter ne s'inquiéta pas. Il se plongea dans ses dossiers, attendant désespérément qu'une affaire intéressante se présente. Il rabrouait souvent Neal lorsqu'il se plaignait de s'ennuyer en lisant les dossiers mais il devait avouer qu'il préférait, lui aussi, un peu d'action.

En y réfléchissant bien, ils avaient eu leur lot d'action ces derniers temps. Et, pour être honnête, la plupart du temps, Neal était à l'origine de la résolution de leurs affaires. Ses pensées le ramenèrent à nouveau vers son partenaire, son ami. Neal avait su se faire une place dans l'équipe et dans son cœur.

A plusieurs reprises, au cours du weekend, il s'était demandé ce que le jeune homme pouvait bien faire. Il avait essayé de l'appeler pour l'inviter à partager leur pique-nique mais il était tombé sur sa boîte vocale. Il se refusait à analyser plus précisément les sentiments qu'il éprouvait quand il ne pouvait garder un œil sur son collègue. Il avait eu du mal à lui faire confiance et il avait passé certains dimanche après midi à suivre ses déplacements grâce à la puce présente dans son bracelet électronique.

Il essayait de se rassurer en se disant que c'était pour le bien de Neal. Le jeune homme avait tendance à attirer les ennuis. Mais ses sentiments avaient évolué. Il était encore méfiant et parfois suspicieux mais il était surtout inquiet. Il ne pouvait s'empêcher de veiller sur Neal, aussi bien lorsqu'ils travaillaient que lors des nombreuses soirées qu'ils passaient ensemble.

Après une heure de lecture, Peter décida de descendre vérifier si son partenaire était enfin arrivé. Il croisa Jones qui lui confirma son soupçon. Neal n'était pas arrivé, personne ne l'avait vu ce matin. Peter se saisit de son téléphone et composa de mémoire le numéro du jeune homme. La sonnerie retentit mais personne ne décrocha et au bout de quelques secondes, la voix de Neal résonna aux oreilles de Peter. Il connaissait bien le message enregistré de son ami. Il ne prit pas la peine de laisser un message.

Il essayait de se raisonner et de se persuader qu'il s'agissait tout simplement d'une panne de réveil. Il se dirigea vers son ordinateur sur lequel il entra le code lui permettant de localiser le bracelet électronique de Neal. Le signal émis par le bracelet provenait de l'appartement dans lequel il résidait depuis sa sortie de prison.

Peter poussa un profond soupir de soulagement et prit l'ascenseur pour descendre au parking. Il commença à préparer le discours qu'il servirait à son ami, feignant la colère. Il sentait qu'il y avait quelque chose d'anormal dans le retard de son ami mais il refusait de s'y attarder pour le moment.

Il sonna quelques minutes plus tard à la porte de la maison de June. L'employée de maison lui ouvrit la porte. Après les politesses d'usage, Peter monta les marches vers le studio qu'occupait Neal. Son cœur manqua un battement lorsqu'il réalisa que la porte était entrouverte.

Il sortit son arme et poussa doucement la porte, veillant à ne pas brouiller d'éventuelles empreintes. La scène de chaos qui l'accueillit lui coupa le souffle. L'appartement était sans dessus dessous. Les tableaux peints par le jeune homme étaient éparpillés et déchirés sur le sol de la pièce principale. La table renversée, les restes du repas de la veille étalés sur le sol.

Peter aperçut, au milieu de la pièce, le bracelet électronique que Neal portait. Il s'approcha et vit qu'il avait été enlevé grâce à une clé de manière à ne pas alerter les autorités. Peter finit d'inspecter l'appartement avant de rengainer son arme et de prendre son téléphone.

-Diana, j'ai besoin de vous à l'appartement de Neal.

L'inquiétude dans la voix de son patron empêcha la jeune femme de dire à voix haute le commentaire qui lui vint à l'esprit.

-Qu'est-ce qui ne va pas ?

-Son appartement a été retourné, son bracelet électronique enlevé.

-Tu penses qu'on l'a kidnappé ?

-Je ne vois pas d'autre explication. Je vais poursuivre mon inspection en attendant votre arrivée.

Peter raccrocha et regarda autour de lui.

-Où es-tu, Neal ?

Le silence de la pièce commençait à l'oppresser. Il sortit sur la terrasse mais ce qu'il y trouva lui serra un peu plus le cœur. Sur le sol, son regard fut attiré par une flaque de sang. En s'approchant, il vit que le sang avait commencé à coaguler. Neal avait probablement été attaqué la veille, en début de soirée. Ils avaient donc plusieurs heures de retard sur les agresseurs du jeune homme.

Peter refusait de penser au pire mais il ne pouvait contrôler le nœud qui se formait au creux de son estomac à l'idée que Neal puisse être gravement blessé…ou pire.

Il était perdu dans ses pensées et il n'entendit pas ses collègues arriver.

-Est-ce que… ?

Jones n'eut pas besoin de finir sa phrase. Tous comprirent, au son de sa voix, le sens de sa question.

-On va faire analyser ce sang mais je pense qu'il s'agit de celui de Neal. Vu l'état de l'appartement, il ne s'est pas laissé faire.

-L'équipe technique nous suit. Ils seront là dans quelques minutes. Une idée de qui a pu faire ça ?

Peter ne put retenir un ricanement.

-Tu sais aussi bien que moi que Neal ne s'est pas fait que des amis au cours des dernières années. Nous avons le choix. Mais je ne vois pas vraiment qui aurait pu user d'autant de violence pour l'enlever. Neal est capable de se sortir de situations très compliquées grâce à son charme mais là, c'est différent…

Peter ne termina pas sa phrase. Il avait du mal à formuler clairement ses pensées. Il y avait quelque chose qui clochait ici mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus.

Jones et lui firent à nouveau le tour de l'appartement tandis que Diana dirigeait les techniciens.

-Il y a eu une sacrée bagarre ici.

-Oui, Neal semble s'être vaillamment défendu.

Peter était pensif. Il se dirigea vers la cuisine et comprit ce qui l'avait choqué un peu plus tôt. Il y avait deux verres à vin dans l'évier. Il prit deux sachets dans lesquels il plaça les deux verres.

-Analysez les empreintes sur ces verres et cherchez des traces d'ADN.

Puis il se tourna vers Jones.

-Il faut qu'on épluche les relevés téléphoniques de Neal sur les dernières semaines. Il se pourrait qu'il ait été en contact avec ses agresseurs ou avec d'autres personnes susceptibles de nous mener à lui.

Jones acquiesça et quitta la pièce pour retourner au bureau afin de commencer les recherches. Peter se passa une main sur le visage en jetant un œil autour de lui. Les techniciens s'activaient, à la recherche de traces, d'indices pouvant les mettre sur la piste de leur collègue.

Après plusieurs heures de travail, Peter et Diana se décidèrent à quitter l'appartement et à rejoindre Jones. Les techniciens avaient relevé de nombreuses empreintes. Les analyses allaient prendre du temps et ils manquaient justement de temps.

Alors qu'il conduisait vers les bureaux du FBI, Peter se sentait impuissant et de nombreuses questions lui assaillaient l'esprit.

Qui avait enlevé Neal ? Pourquoi ? Il n'avait aucun début de piste. Neal avait croisé de nombreux escrocs durant les dernières années mais Peter n'en voyait aucun capable d'un kidnapping aussi violent. Neal détestait la violence. Peter avait souvent douté de son honnêteté mais il avait vite compris que Neal n'aurait jamais fait de mal à qui que ce soit.

-J'espère sincèrement qu'il s'agit d'une de ses habituelles affaires louches ou qu'on va le retrouver en charmante compagnie…

La voix de Diana avait ramené à la réalité et il sourit en l'entendant plaisanter. Il aurait aimer, lui aussi retrouver Neal en galante compagnie, même si cette idée provoquait, chez lui, un sentiment de jalousie qu'il refusa d'analyser pour le moment.

Arrivés au bureau, Jones les attendait devant la porte.

-Aucun appel suspect sur le portable de Neal. Son dernier coup de fil a été passé vers ton téléphone fixe, dimanche peu après midi.

Peter fronça les sourcils. Neal avait essayé de l'appeler alors qu'il était au parc avec Elisabeth. En rentrant, il n'y avait aucun message sur son répondeur. Ce n'était pas le genre de Neal d'appeler et de ne pas laisser de message.

Peter saisit la feuille que lui tendait Jones. Aucun des appels de Neal n'apparaissait suspect. Les seules personnes qu'il avait appelées ces dernières semaines étaient Mozzie, June, Elisabeth et lui-même. Mais s'il avait trempé dans une affaire douteuse, il n'aurait pas utilisé son téléphone personnel.

-Que donnent les analyses ?

-Pas grand chose pour le moment. Le sang est bien celui de Neal mais le légiste précise qu'il n'y a pas assez de sang pour que la blessure soit mortelle.

-A part s'il a continuer à se vider de son sang…

-On a envoyé des équipes ratisser le quartier. Ils n'ont rien trouvé pour le moment.

-Je n'y comprends rien…S'ils veulent obtenir quelque chose de lui, pourquoi l'agresser ? Peter n'attendait pas vraiment de réponse. Il avait besoin de dire à voix haute les pensées qui tournaient dans sa tête.

-Peut-être a-t-il fait une mauvaise rencontre ?

-A qui il aurait offert un verre de vin avant de se faire enlever ? J'en doute. A moins que son invité ait été la personne visée par l'enlèvement.

Peter laissa ses deux collègues pour passer un coup de fil. Il appréhendait cet appel mais Mozzie en saurait peut-être plus. L'homme décrocha dès la deuxième sonnerie.

-Monsieur l'Agent, quel plaisir de recevoir votre appel…

Peter savait que l'homme à lunettes jouait un rôle depuis leur première rencontre. Et Peter était immédiatement rentré dans son jeu et une affection certaine était née entre les deux hommes.

Mozzie savait que Peter veillait sur Neal et tenait à lui.

-Mozzie, Neal a des ennuis. Il a été agressé dans son appartement, son bracelet électronique a été désactivé et on ne sait pas où il est.

Le silence au bout du fil montrait l'inquiétude de leur ami commun.

-Mozzie, avez-vous une idée de qui aurait pu faire ça ? Est-ce que Neal vous a confié quelque chose ? C'est important. Je ne cherche pas à l'incriminer dans quoi que ce soit. Je veux juste le retrouver.

Après de longues secondes, Mozzie répondit d'une voix troublée par l'émotion.

-Neal ne m'a rien dit. A vrai dire, je ne l'ai pas vu depuis deux semaines. On s'est un peu querellé au sujet de ses choix professionnels…

Peter pouvait sentir l'angoisse dans la voix de son interlocuteur et une pointe de culpabilité.

-Pourriez-vous m'en dire un peu plus ? C'est important, Mozzie.

-Disons que j'ai proposé à Neal une affaire en or et il a refusé. Il a dit qu'il avait eu du mal à regagner votre confiance après l'affaire du trésor nazi et qu'il ne voulait prendre aucun risque.

Peter ne put retenir un sourire de fierté en entendant les propos de Mozzie. Il avait du se battre contre le petit homme et son influence, parfois néfaste, pendant des années et c'était la première fois qu'il avait l'impression d'avoir remporté une victoire. Celle-ci avait cependant un goût amer.

-Vous pensez que son enlèvement pourrait être lié à cette « affaire en or » ?

-Non, le projet a avorté après le refus de Neal et nous n'étions que deux à être au courant. Avez-vous des pistes ?

-Non. Pour l'instant rien de concret. Nous avons retrouvé deux verres de vin dans la cuisine. Neal voyait-il quelqu'un dont il vous aurez parlé ?

-Monsieur l'Agent, vous en savez probablement plus que moi de ce côté-là…

Peter avait le sentiment que Mozzie mourrait d'envie d'ajouter quelque chose.

-Mozzie, c'est le moment ou jamais d'être parfaitement honnête avec moi. La vie de Neal est en jeu. On a retrouvé du sang, son sang dans l'appartement…Pas en grande quantité mais suffisamment pour laisser penser que ses agresseurs n'hésiteront pas à lui faire du mal.

-Peter, Neal a toujours été très discret concernant ses sentiments les plus intimes. Il ne se confie pas facilement.

Peter était réellement inquiet. Mozzie ne l'avait jamais appelé par son prénom.

-Je sais Mozzie mais son comportement parle pour lui. Avec un peu de pratique, on peut deviner son état émotionnel en observant ses gestes, ses attitudes. Il ne paraissait pas nerveux ou inquiet ces derniers temps mais je le sentais plus distant, plus discret.

-J'ai le même sentiment. Quand j'ai essayé de le faire parler, il m'a seulement répondu que c'était compliqué.

-Qu'est-ce qui était compliqué ?

-Il n'a rien dit de plus.

Une nouvelle fois, Peter attendit la suite de la phrase.

-Mais…

-Ecoutez, Neal est mon ami et je ne veux pas trahir sa confiance.

-Mozzie, il a été agressé et enlevé et on n'a aucune piste. Je vous promets que ce que vous me direz restera entre nous.

-Ce n'est pas le problème.

-Je ne comprends pas ce qui vous fait hésiter. Neal est en danger.

Peter ne voulait pas se mettre en colère mais il n'avait pas pu se retenir de hausser le ton. Mozzie et ses secrets étaient vraiment le cadet de ses soucis aujourd'hui.

-Je sais, Peter. Neal ne m'a rien dit mais c'est quelque chose que je soupçonne depuis un certain temps et je pense que ça le tracassait de plus en plus ces derniers temps.

-De quoi parlez-vous ?

Peter essayait de retrouver son calme sachant très bien qu'une approche agressive ne marcherait pas avec Mozzie.

-Je pense que Neal avait de forts sentiments pour une personne et qu'il craignait que ces sentiments ne soient pas réciproque.

-Neal n'a pas été enlevé pour une histoire de cœur…

-Probablement pas…A part si quelqu'un d'autre a fait le même constat et cherche à en tirer profit.

Plus il parlait avec Mozzie, plus il sentait cette douleur lancinante à l'arrière de son crâne. Le petit homme lui faisait souvent cet effet là mais aujourd'hui c'était encore pire car l'inquiétude venait s'ajouter à l'agacement.

-Mozzie, arrêtez les énigmes par pitié. On perd du temps.

-Vous êtes sans doute un très bon agent mais vous êtes parfois aveugle.

Peter jura en silence avant de prendre une profonde inspiration. Il s'apprêtait à presser Mozzie de questions lorsqu'il vit celui-ci franchir la porte vitrée devant lui. Raccrochant son téléphone, il lui fit signe de le suivre dans son bureau. C'était la journée des nouveautés pour Mozzie. Une fois la porte du bureau refermée, Peter s'assit lourdement dans son fauteuil alors que Mozzie prenait place face à lui.

-Dites-moi tout, Mozzie…et sans prendre de détour.

-Très bien. Mais rappelez-vous que je n'ai aucune preuve, ni aucune certitude.

Peter hocha la tête et fit signe à l'homme face à lui de poursuivre. Mozzie était visiblement très mal à l'aise et Peter se demandait bien ce qu'il avait à lui dire.

-Neal a le cœur sur la main. Malgré la violence du milieu dans lequel il évolue, il a toujours était à part, pas comme les autres. Mais au fil des années, il a appris, parfois de manière violente, que ses sentiments pouvaient lui apporter de sérieux ennuis.

Peter pensa immédiatement à Kate et le désespoir dans lequel sa mort avait plongé Neal.

-Depuis, il se méfie. Il a du mal à accorder sa confiance et encore plus de mal à laisser ses sentiments s'exprimer.

-Mozzie, je ne vois toujours pas…

-Peter….Laissez-moi finir. Après la mort de Kate, il était dévasté mais il a réappris, petit à petit, à faire confiance à son cœur…

Peter était quelque peu surpris du discours de Mozzie mais il avait promis de l'écouter jusqu'au bout.

-J'ai déjà vu Neal tomber amoureux mais jamais il ne s'est autorisé à envisager une relation sérieuse. Son « activité professionnelle » ne lui permettait pas d'avoir d'attaches.

-Mais aujourd'hui c'est différent ?

Peter espérait entendre Mozzie répondre par l'affirmative. Il avait envie que Neal trouver une certaine stabilité et le fait qu'il envisage une relation sérieuse aurait été un bon signe.

-En effet, il est différent aujourd'hui à cause…ou grâce à vous…

Peter grimaça mais se félicita intérieurement d'avoir pu aider Neal à changer.

-Quel rapport avec son enlèvement ?

-Peut-être aucun. Mais, comme vous l'avez dit, tout peut être important. Neal ne voyait personne en ce moment…

-Je pensais que Sarah et lui ?

-Non, ils ne se voient plus depuis des mois. Elle s'est aussi rendue compte qu'il n'y avait pas de place pour elle dans le cœur de Neal. La place est déjà prise…

-Une autre femme ? Pourtant, il n'a passé aucun appel vers d'autres numéros que le mien, le vôtre ou celui de June…

Mozzie leva vers Peter un regard exaspéré.

-Exactement…l'univers de Neal tourne autour de vous…et uniquement de vous, Peter…

Il fallut quelques secondes à Peter pour comprendre ce que signifiaient les paroles de Mozzie. Quand la lumière se fit, il en resta muet de surprise.

-Vous voulez dire que Neal… ?

-Comme je vous l'ai dit, je n'ai aucune preuve. Neal a trop peur pour dire quoi que ce soit sur ses sentiments.

-Je n'aurais jamais imaginé.

-Peter, je ne sais pas quels sont vos sentiments pour Neal mais il est terrifié à l'idée de vous perdre, de perdre cette nouvelle vie qui s'offre à lui…et je ne parle pas seulement de la peur que vous le renvoyiez derrière les barreaux. Il a un profond respect pour vous, pour Elisabeth et, jamais, il ne prendrait le risque de perdre votre amitié en avouant ses sentiments.

Peter réfléchit quelques secondes. Il n'avait jamais vu aucun signe dans le comportement de Neal montrant qu'il pouvait avoir des sentiments ou éprouver une attirance pour lui. Il avait même pris ses distances dernièrement.

-Je ne sais pas si ça a un rapport avec son enlèvement mais si quelqu'un de mal intentionné a compris le lien qui l'unit à vous, il pourrait s'en servir.

-Merci, Mozzie. Je vous promets de garder le secret.

-Je peux vous poser une question personnelle, Monsieur l'Agent ?

-Allez-y.

Peter avait une idée du genre de question que Mozzie voulait lui poser mais son inquiétude grandit en voyant le sourire malicieux qui ornait le visage du petit homme.

-Je sais que vous êtes un homme marié et heureux en ménage mais j'ai aussi été souvent le témoin de vos échanges avec Neal. Il y a quelque chose de spécial entre vous…

-Et votre question ?

-Les sentiments que vous éprouvez pour Neal, est-ce seulement de l'amitié ?

Peter ouvrit la bouche pour répondre mais la sonnerie de son téléphone l'interrompit. Le numéro qui s'afficha lui était inconnu. Il décrocha. La voix au bout du fil était déformée, probablement par un de ces gadget qu'on trouvait dans les boutiques spécialisées.

-Agent Burke, nous avons votre protégé. Il ne lui sera fait aucun mal si vous faites exactement ce qu'on vous demande. Vous avez 24 heures pour libérer Ed Faran. Si vous n'obéissez pas votre cher partenaire vous sera renvoyé en pièces détachées.

-Je veux parler à Neal.

-24 heures…Nous vous recontacterons…

Peter raccrocha, encore sous le choc. Il se rendit compte qu'il avait encore le secret espoir que Neal s'était enfui en essayant de maquiller son départ. Mais il avait maintenant la confirmation qu'il s'agissait d'un enlèvement.

Et le nom mentionné par les ravisseurs ne le rassurait absolument pas. Ed Faran et sa bande avaient cambriolé cinq bijouteries avant que leur chef soit arrêté au cours d'un banal contrôle d'identité. Trois personnes avaient perdu la vie au cours de ces attaques et ces hommes n'étaient pas du genre à laisser des témoins derrière eux.

-Peter…Qu'est-ce qui se passe ?

Mozzie s'était levé et semblait sur le point de le secouer pour obtenir une réponse.

-Ils veulent qu'on libère leur chef sinon ils vont tuer Neal. Ils nous laissent 24 heures.

-Il suffit de faire ce qu'ils demandent…

Peter savait très bien que ça ne serait pas aussi simple. Non seulement, il ne pourrait probablement pas obtenir la libération d'un homme aussi dangereux mais il était peu probable qu'ils laissent Neal partir après avoir obtenu ce qu'ils voulaient. Leur seule chance était de les trouver avant le terme de l'ultimatum.

Peter prit sa tête à deux mains et prit quelques secondes pour reprendre le contrôle de ses émotions. Savoir Neal aux mains de ses brutes lui était insupportable. Il ferait tout son possible…Et même l'impossible pour le ramener sain et sauf.

Quand il releva les yeux, il vit que Mozzie l'observait attentivement.

-Je crois que j'ai la réponse à ma question…