Année 1983. J'ai deux ans. Je suis au jardin d'enfant. C'est l'été. Tous les enfants joue dans l'herbe près des balançoires et du toboggan. Sauf moi. Je reste tapis dans mon coin, un petit livre à la main. Je ne sais pas exactement ce que je suis en train de lire. Si on peut appeler cela lire. Je parcoure plutôt les pages, regardant les images en essayant de les décrypter pour en comprendre le sens. Les autres ne me comprennent. Mais je suis comme eux. Juste seul. Ils n'essaient pas de venir vers moi mais cela me convient très bien. J'aime la solitude. De temps à autre, les surveillantes rentre voir si tout va bien et essaie toujours et encore de me faire sortir de ma tanière. Je crois qu'elles ne savent pas ce que je ressens. Elle ne comprennent à quel point je me sens responsable de l'état de ma mère et du départ de ma mère. Si seulement je n'étais là. Si seulement elle n'était malade. Mais c'est comme ça. La vie est injuste. Je regarde les autres enfants jouer dehors. Ils ont l'air heureux eux. Ils ne connaissent pas ce que je vis non plus. Ma tête est embrouillé. Je me replonge dans mon livre. C'est alors qu'un des autres enfants entre dans la pièce avec une assistante et se dirige vers les toilettes. Il y reste environ cinq minutes et ressort tout content. Il s'approche de moi et je fais semblant de ne pas le remarquer.

"- Salut, moi c'est Derek. Et toi, c'est comment ?"

Je suis surpris qu'un enfant ose enfin m'adresser la parole. Mais je suis heureux. Une amitié me tend enfin les bras. Je dois avouer que je l'avais remarquer depuis un bon moment celui là. Toujours tout seul comme moi. Mais lui, à mon contraire, il essayait de s'intégrer dans un groupe. Il se faisait toujours repousser. Je le pains vraiment. Finalement c'était beaucoup moins terrible pour moi. Je ne vais vers personne et personne ne vient vers moi. Sauf lui. Il avait l'air gentil. Il m'a tendu une main que j'ai saisi et il m'a tiré pour m'aider à me lever. J'avais les jambes tellement engourdie après être resté si longtemps assis que je manquais de retombé au sol. Et finalement, je lui réponds :

"-Moi c'est Spencer"