Titre : Chaînes d'un passé. Qui est la suite (et sûrement fin), de Sentiments Paradoxaux. (qui est la suite de Chassé-Croisé !)
Auteur : Atlantos. / Rating : T
Résumé : Le haut du sablier est bientôt vide, le Passé la rattrape. Il suffit parfois d'un événement pour faire tout ressurgir. Un violon de Stradivari, touché par magie des Hikari… Qui pourrait empêcher la marche du Destin ?
Disclamer : Light, les Hakura (Etzumy, Kohané, Erei et Ayato), les Reiss (Alexander, Umi), Maki Isegawa et quelques autres personnages (Comme les García) m'appartiennent. Les personnages de D.N. Angel sont à Yukiru Sugisaki.
Parinings : SatoshixOC (Comme certains s'en doutent ! XD), et peut-être d'autres... A voir durant la suite !
Désolée pour le retard ! J'ai (vraiment) beaucoup de projets de fic', dont certaines qui me demandent de la documentation, et je vais un peu dans tous les sens ! (Organisation, Atl' ! Or-ga-ni-sa-tion !) Et si l'on ajoute l'agenda bien rempli, les exams blancs et les épreuves anticipées du Bac... *s'écroule* I feel so tired today...
Mais j'espère que cette fic vous plaira !
Bonne Lecture !
Chapitre 1 : Nouvelle donne.
Une silhouette ailée fendit l'air frais de la nuit à une vitesse vertigineuse, puis ralentit, les ailes à l'horizontale, et se laissa planer, attendant de reprendre une vitesse de croisière à peu près normale. Elle réajusta le tableau enveloppé sous son bras et avisa les environs. Elle avait dû se diriger vers le centre ville de Tokyo, bondé de monde malgré l'heure tardive, comme d'habitude. Un gémissement lui parvint par dessus son dos. Ses ailes noires. En quelques battements, elle parvint à se poser sur le toit d'une des nombreuses tours qui perçaient le ciel. Dès que ses pieds touchèrent le sol, ses ailes se transformèrent en une créature noire qui s'affala littéralement sur son épaule, poussant un autre gémissement.
- Je suis désolée Wizu, fit son maître en passant une main sur son pelage sombre, il y a longtemps que je n'ai pas fait appel à ce pouvoir…
- Kyouuu… soupira-t-il en changeant de position sur l'épaule.
« Light, tu penses qu'on les a semés cette fois ? »
- J'en sais rien, Etzumy… Mais au plus loin que je vois, il n'y a pas d'hélicos…
Light fronça les sourcils et observa les alentours, attentive au moindre mouvement dans le ciel dégagé. Elle attendit quelques minutes, le temps que son démon récupère de la pointe de vitesse qu'elle avait du faire pour échapper à des policiers volant dans leurs boîtes de conserve. 400 km/h, ce n'était vraiment agréable pour Wizu. La dernière fois qu'elle avait utilisé la magie de l'air comme ça, c'était pour piquer un sprint jusqu'à la maison Niwa avec un Dark-gruyère dans les bras… Combien de temps cela faisait-il ? Noël, Jour de l'An et la rentrée des classes étaient passés (1)… 5 mois, environ… Et son hôte qui avait rajoutée une quinzième bougie à son gâteau d'anniversaire !
Laissant de côté sa contemplation du ciel, la voleuse baissa les yeux vers la masse de citadins qui grouillait au pied des bâtiments. Mais son regard s'arrêta à mi-chemin, à la fenêtre d'une tour voisine.
- Etzumy… Je crois avoir compris ce que Maki avait voulu dire par "Une opération de grande envergure"…
« Ah bon ? Comment ça ? »
A l'une des fenêtres de la tour était posté un homme, qui la fixait à l'aide de jumelles et qui parlait en même temps dans un téléphone. Même avec sa vision humaine doublée de cet appareil, à cette distance, il ne pouvait pas voir que Light l'avait repéré…
- Des flics postés un peu partout, je crois. En civils pour certains… Le Commissaire a dû vouloir me pousser vers là pour pouvoir me suivre et repérer ma tanière…
« Tu parles comme si on était en cavale… »
- Mais on est en cavale ! répliqua la voleuse avec un sourire amusé.
Pendant quelques secondes, Light regretta de ne pas avoir une vue plus aiguisée pour pouvoir suivre la conversation sur les lèvres… Mais bon, c'est vrai qu'en l'espace de 250 ans, elle s'était pas mal améliorée ! Regardant rapidement les autres fenêtres et, ne décelant pas d'autres policiers de ce côté, s'approcha du rebord du toit. Elle jeta un coup d'œil vers le bas pour aviser la distance et le temps de chute et ajusta correctement le tableau enveloppé dans un tissu noir sous son bras, histoire de ne pas le perdre en route. Puis, elle tapota sur Wizu et lui montra la descente d'un petit coup de tête. Celui-ci acquiesça vivement, se transforma en ailes noires et vint s'accrocher dans le dos de son maître.
« Light… Non… Pitié pas ça… » geignit son hôte.
- Et si Etzu ! Profite à fond de la descente ! sourit la voleuse en avançant son pied dans le vide.
Son autre pied lui donna l'impulsion nécessaire pour quitter le toit. Light tomba à pic, droite comme si elle était debout sur le sol, poussant un cri d'allégresse. Et son hôte devait se retenir de ne pas hurler à l'aide, même si personne ne l'entendrait.
Le sol se rapprocha rapidement. Light ouvrit ses ailes et stoppa net, à deux mètres du bitume, pour poser doucement les pieds au sol. Elle avisa l'arrière du dépôt où elle se trouvait, pendant que Wizu reprit sa forme animale et se percha sur l'épaule de son maître. Ainsi, il y avait des policiers en civil disséminés dans Tokyo ? La surface à couvrir était plutôt grande... Grande grande échelle, donc… La voleuse sortit une casquette de la poche de son long et fin manteau noir, et la vissa sur sa tête. Puisqu'elle ne pouvait pas rentrer par les airs sans se faire repérer, elle allait continuer à pied !
« On en a jusqu'à demain soir ! » protesta Etzumy, mais qui ne voyait pas d'autre solution.
- J'ai jamais dit que je ferai tout le chemin à pied ! riposta la brune avec un sourire tandis qu'elle quittait le dépôt. Je vais les semer dans la foule.
« Et si on nous hurle après ? »
- J'ai deux jambes, je peux courir !
Elle ajusta une nouvelle fois le tableau enveloppé sous son bras, puis se dirigea d'un pas rapide vers l'avenue illuminée fourmillante de piétons qu'elle avait vue du haut de son perchoir. Lorsqu'elle déboucha dans la rue, elle prit la direction de la maison des Hakura, la tête basse, l'allure rapide, restant toujours près des murs et se fondant en même temps dans la masse des pressés. Sous la visière de son couvre-chef, elle était attentive aux personnes qui l'entourait, ou qui venait dans sa direction. Au bout d'un moment, elle remarqua un homme qui semblait la suivre. Pour en être sûre, elle allongea l'allure et prit une rue parallèle un peu moins fréquentée, assurant sa prise sur l'œuvre d'art. Il la suivait toujours, et le mouvement vers son oreille confirma ses dires.
- On va voir si tu vas pouvoir me suivre !
Light s'élança, alors que le policier lui hurla de s'arrêter. Plus rapide qu'un humain normal, elle zigzagua entre les personnes devant elle, qui sentaient juste un courant d'air passer à côté d'eux.
Elle finit par ralentir l'allure au bout que d'une bonne dizaine de minutes. Elle commençait à s'essouffler… Remettant correctement sa casquette de sa main libre, elle regarda les environs. Avait-elle été assez loin ? Il y avait moins de monde, et personne ne semblait l'épier. Wizu, toujours perché sur l'épaule de son maître, gémit un peu. Il voulait rentrer, et la voleuse était du même avis. Mais quand il s'agissait de garder le secret sur son repère, elle était capable de continuer à les mener en bateau pendant toute la nuit.
Light emprunta peu à peu des rues de moins en moins peuplées, surveillant attentivement les alentours et ses arrières. Non, elle semblait les avoir semés… Encore une fois, elle se mit à courir, s'enfonçant dans les terres, alors qu'elle avait souvent l'habitude de s'enfuir par le port et de survoler la baie de Tokyo. Elle soupira. Pour une fois, elle avait envie de rentrer, pour se coucher. Son corps commençait à donner des signes de fatigue.
- Kyouuu…
- Oui Wizu, je crois qu'on peut y aller…
Son serviteur se transforma en ailes et vint s'accrocher dans le dos de la voleuse. Non sans jeter un dernier coup d'œil derrière elle, elle réajusta sa prise sur le tableau, ouvrit ses ailes et s'élança dans le ciel nocturne, où l'on ne voyait pas les étoiles à cause des lumières humaines…
xxx
Etzumy se trouvait devant un immense sablier, dont les grains s'échappaient doucement du premier compartiment. La jeune fille regarda autour d'elle. Rien d'autre, le néant absolu. Pourtant, elle se sentait oppressée, observée. Commençant à frissonner, elle croisa les avants-bras sur sa poitrine, se frictionna un peu les bras.
Soudain, Light apparut devant elle, l'air sérieuse et concentrée, prête à se battre. Elle sonda le noir autour d'elle d'un regard attentif, avant d'aviser le sablier avec une pointe d'appréhension.
- Light ? Où sommes-nous ?
La voleuse tourna la tête, se l'arrachant presque. Elle murmura le nom de son hôte d'une voix tremblante.
- Ne reste pas là ! lui ordonna-t-elle, décelant un mouvement en provenance du haut du sablier.
Une masse sombre s'enroula autour du sablier, descendit rapidement vers le sol. Etzumy s'approcha de la voleuse, juste au moment où cette masse noire difforme ondula à toute vitesse vers Light. Cette dernière poussa violemment son hôte en arrière, alors qu'elle se faisait prendre par ce dense nuage. Elle luttait pour se débarrasser de cette chose, en vain. Lorsqu'elle fut totalement recouverte, la masse se replia vers le sablier, entraînant la captive. Etzumy voyait tout, mais ne pouvait rien faire.
La voleuse se retrouva dans la partie basse du sablier, inconsciente, tandis que le nuage noir s'évaporait. Etzumy se précipita vers le sablier et regarda à l'intérieur. Light portait deux grandes ailes noires dans son dos, soigneusement repliée. La jeune Hakura frappa la vitre de ses poings, elle avait l'impression que le sable s'écoulait plus rapidement. Comme alertée par les coups, Light ouvrit les yeux, se redressa vivement et avisa d'un rapide coup d'œil où elle se trouvait. Cette fois, ce n'était pas une impression, le sable s'écoulait bien plus vite, manquant d'ensevelir immédiatement la prisonnière. Elle rejoignit la paroi de verre, posant ses deux mains là où étaient celles d'Etzumy. Elle frappa la paroi plusieurs fois, espérant peut-être la faire céder. Peine perdue. L'adolescente, de l'extérieur, assistait au spectacle avec impuissance. Light commençait à suffoquer. Elle aussi. Ses poings se crispèrent, frappant rageusement la paroi, si fine, et pourtant, d'une solidité meurtrière. Ses poumons ne se remplissaient plus. Elle leva son regard émeraude vers celui marron de Light. La peur, la frustration, c'est ce qu'elle y vit. La voleuse leva brusquement les yeux, hurla quelque chose. Etzumy se retourna, et eut juste le temps de voir cette masse sombre foncer sur elle.
Etzumy se réveilla en sursaut, se redressant brusquement, faisant valser Wizu un peu plus loin sur le lit par la même occasion. Elle se passa une main sur son visage. Ses cheveux blancs-argentés étaient collés à sa nuque et à son visage en sueur. Mais c'était quoi, ce rêve ? Elle sentait encore la pression sur ses poumons, si ce n'était qu'elle pouvait respirer librement.
Le démon noir s'approcha de la jeune Hakura, et se re-blottit contre elle, bien décidé à dormir encore un peu. Quelqu'un toqua à la porte, et ouvrit sans en avoir l'autorisation.
- Qu'est-ce que tu fais Etzumy ? Tu vas être en re…
Kohané Hakura, la grand-mère de la petite voleuse, stoppa sa phrase, la regarda avec inquiétude et s'approcha du lit. Elle s'y assit et posa sa main sur le front en sueur de sa petite-fille, la détaillant de ses yeux verts.
- Ça ne va pas ? Tu es toute pâle…
Etzumy ravala difficilement sa salive et sourit, essayant de la rassurer de sa voix un peu tremblante :
- C'est juste… un cauchemar. Rien de grave. Je vais aller prendre une douche, et ça ira mieux…
- Comment va Light ?
- Elle… Elle dort encore…
La jeune Hakura se leva et se dirigea vers la porte. Quand elle l'eut passée, Kohané observait le chevalet qui trônait dans un coin de la chambre, et des lettres venant d'Azumano sur le bureau avec une mine légèrement inquiète. Un cauchemar ?… Elle aussi ?…
xxx
Etzumy marchait la tête basse, en direction de l'arrêt de bus. Le rêve qu'elle avait fait cette nuit lui restait dans la tête, et elle n'arrivait pas à s'en défaire. La pression avait disparu, mais pas les images. Plongée dans ses pensées, elle entendit à peine Light l'avertir d'un "petit" détail :
« Bus droit devant ! »
La jeune Hakura leva brusquement la tête et avisa le bus scolaire à une trentaine de mètre devant elle. Le dernier des élèves venait d'entrer et il fermait ses portes. Plus qu'une seule solution…
- ATTENDEZ !
… et piquer un sprint ! Maki, une amie d'enfance et camarade de classe, l'avait aperçue depuis l'intérieur du véhicule et demanda de rouvrir les portes. Etzumy monta, présenta sa carte au chauffeur d'un mouvement habile et s'assit à coté de sa sauveuse, encore haletante :
- Merci… infiniment… Maki-chan…
- Sans moi, tu étais bonne pour faire le trajet jusqu'au collège en courant ! Et comme remerciement, tu vas m'écouter parler pendant touuuuuuuuuuuuuuut le trajet du vol de…
- Non Maki-chan ! Pas Light ! stoppa-t-elle immédiatement, manquant de s'étouffer parce qu'elle n'avait pas retrouvé son souffle.
Sa camarade, rousse aux yeux bleus, fit une moue triste, évidemment feinte. Mais la jeune Hakura, qui la connaissait depuis longtemps, fit "non" de la tête. La rousse haussa les épaules et se mit à chercher quelque chose dans son sac en attendant que la nouvelle arrivante reprenne son souffle. Intriguée, Etzumy lui demanda ce qu'elle faisait :
- Mon manuel d'allemand !
- Ah oui… Tu es interrogée aujourd'hui ?
- Nan, C'est le tour des H…
- Quoi ?
- Tu le savais pas ?
Etzumy se cala dans son siège, grognant un « C'est pas vrai, j'ai pas révisé… ! »
- Allez allez ! la secoua la rousse. Tu dois bien te souvenir de quelque chose ! Voyons… "chanter" !
- Eum… "sing, sang, sung" ?
- Nan ! C'est en anglais ça !
« "singen, sang, gesungen" Inculte ! »
- Euh... "singen, sang, gesungen" ?
- Ben voilà quand tu veux !
- Light, tu parles allemand ?
« Légèrement… T'as jamais capté que je parlais allemand quand j'utilisais la magie ? »
- Euh… Non.
« Je vois. » soupira Light, qui hésitait entre être inquiète et être vexée.
- Alors… "voler" ! dit Maki.
- Avec des ailes ou…, fit Etzumy, redoutant la réponse.
- Voler avec des ailes !
« L'un de mes préférés ! » fit Light, ravie de pouvoir interférer un peu quand la journée s'annonçait banale. « Alors, "fliegen, flag, geflogen" et le parfait et le plus-que-parfait avec "sein" ! »
Etzumy répéta. Tout le trajet se passa ainsi : Maki proposait des verbes, Light donnait les formes et Etzumy les répétait et les mémorisait.
- Tu as appris le bouquin ? demanda l'hôte, surprise.
« Non, pourquoi ? L'incantation "Vom schwarzen Engel, der die Zauberei beherrscht, versiegle ich dich hier und jetzt !" ne te dit rien ? »
- Et bien... Ce n'est pas quand tu scelles les œuvres sur place ?
« Ô Miracle ! Elle s'en souvient ! » railla Light, légèrement vexée.
xxx
Etzumy parcourait les couloirs du collège, tête baissée et remplie d'allemand. C'était à peine si elle pouvait aligner plus de trois mots en japonais. Plongée dans la révision de ses formes, elle tourna machinalement pour entrer dans la salle de cours… mais elle n'avait pas remarqué que la porte était fermée… Ce fut la collision…
« Joli coup ! » ria Light, qui n'avait pas juger utile de lui informer l'obstacle qui se trouvait sur sa route.
Maki, qui avait essayé de lui attraper le bras pour la stopper mais qui n'avait pas été assez rapide, lui demanda si ça allait. La petite voleuse aux yeux émeraudes lui répondit par un maladroit « Plus ou moins… », avec l'accent allemand en prime ! Les yeux fermés et une main sur son front, elle tâtonna à l'aide de son autre main libre pour trouver la poignée et ouvrir la porte. S'asseyant à sa place, qui était l'avant-dernière côté fenêtre, elle continua à réviser. Le professeur d'allemand arriva plusieurs minutes plus tard. Après avoir fait l'appel, il interrogea tous les élèves dont les noms de famille commençaient par la lettre H, plus quelques autres élèves comme il avait encore quelques minutes de moins sur le temps prévu. Pendant ce temps, Etzumy griffonnait sur son cahier. Étant interrogée la première, elle était libérée d'une grosse pression. Peu à peu, les traits s'affinaient, trois personnages prenaient forme. Lorsqu'elle eut fini, elle mit son crayon sur le cahier, posa ses coudes sur la table et son menton dans ses mains. C'était Dark, Light et Krad qui étaient sur le papier. Les deux porteurs des ailes noires étaient bras-dessus bras-dessous et faisaient le signe de la victoire à la dessinatrice. Ils avaient tous deux un grand sourire aux lèvres et semblaient vraiment heureux. Krad, lui, de ¾, leur tournait le dos mais les regardait l'aire de dire « Mais qu'est-ce que vous faîtes ? ». Tous portaient des habits de ville.
Quelqu'un toqua à la porte de la classe. Le professeur, énervé d'être interrompu dans une interrogation de leçon, lança un « Oui ! » sonore qui ne manqua pas d'effrayer l'élève interrogé. La porte s'ouvrit et dévoila le directeur du collège, lui aussi énervé d'être apostrophé de la sorte. Le professeur d'allemand, tâchant de masquer sa gêne, ordonna à la classe de se lever pour saluer le nouvel arrivant, ou plutôt, les nouveaux arrivants.
Le directeur entra, suivi du fameux nouvel élève. C'était un garçon, visiblement pas plus âgée que la moyenne de la classe, aux cheveux noirs légèrement en bataille, parsemés de mèches blondes et aux yeux bleus foncés. Il ne ressemblait pas vraiment un japonais, même si dans le fond, on pouvait le deviner.
- Je vous présente Alexander Reiss, il sera parmi vous jusqu'à la fin de l'année, et sûrement jusqu'à la fin du lycée. Comme son nom l'indique, il est originaire d'Allemagne. Je vous laisse donc faire connaissance.
Le directeur, content de son petit discours, donna une légère tape sur l'épaule du nouveau et sortit de la salle. Le professeur, qui avait été prévenu de l'arrivée d'un nouvel élément dans sa classe mais pas de l'heure où celui-ci devait arriver, lui demanda de se présenter à ces nouveaux camarades et tout ceci en allemand, bien sûr ! Et c'est ce que Alexander fit.
Joignant les mains derrière son dos, il leva légèrement les yeux au plafond comme si il essayait de trouver l'inspiration, et un peu de courage, pour commencer son petit descriptif. Il ouvrit la bouche et commença… Sauf que personne, pas même le professeur, ne comprenait quelque chose… Alexander se figea, voyant la tête que faisait ses nouveaux camarades. Cachant son sourire gêné derrière sa main, mimant une petite quinte de toux, il recommença. Mais un peu autrement…
- Je crois que je vais me présenter en japonais, ce sera mieux… !
Des exclamations de surprise montèrent dans la classe. Le nouveau parlait parfaitement japonais, et sans une trace d'accent allemand ! Maki, à droite d'Etzumy, se leva de sa chaise, prenant la parole, et demanda comment c'était possible.
- Il n'y a que mon père qui est Allemand, je suis d'ailleurs né en Allemagne. Ma mère est Japonaise, et j'ai pris l'habitude de parler les deux langues, sans ajouter d'accent allemand à mon japonais !
« Et je suppose que tu viens du Nord, puisque tu parles relativement vite ! » rit Light à l'intérieur.
Etzumy demanda à l'esprit qui l'habitait une petite explication.
« Je sais pas à quoi c'est dû, mais plus tu montes vers le Nord de l'Allemagne, plus les Allemands parlent vite ! »
- Et je suis né à Berlin !
« Nord-Est ! J'y étais presque ! » fit-elle comme s'il s'agissait d'un jeu.
Etzumy sourit à Light. Visiblement, elle était de bonne humeur !
- Bon…, fit le professeur, Reiss-san il y a une place derrière Hakura-san ! Installez-vous là-bas et reprenons le cours !
Alexander hocha la tête et alla s'installer derrière Etzumy, qui l'accueillit avec un sourire. Le cours d'allemand reprit son cours normal, sauf à l'exception de quelques élèves qui se retournaient de temps à autres pour vérifier si le nouveau ne s'était pas envolé. Car ledit nouveau ne parlait jamais. Il écoutait attentivement, prenait des notes, mais il n'élevait jamais un seul son. Et ce, jusqu'à la fin du cours…
La sonnerie retentit, marquant la fin tant attendue de la leçon. Notant rapidement les devoirs, Etzumy se leva, prit quelque chose dans son sac et quitta la classe derrière son professeur, demandant à Maki de veiller sur ses affaires durant son absence.
- Où va-t-elle ? demanda Alexander, toujours à sa place, dont la curiosité venait d'être piquée.
- A la boîte aux lettres, un peu plus bas dans la rue… Elle fait ça plusieurs fois dans le mois, mais j'ai toujours pas réussi à découvrir à qui elle les envoie !
- Tu es frustrée, on dirait… !
- Évidemment que je suis frustrée ! s'emporta Maki. Je suis une future journaliste et je n'arrive même pas à trouver le destinataire mystérieux des lettres de mon amie d'enfance !
- "Journaliste" ?
- Oui, ma mère est journaliste, et elle m'a refilée sa passion ! affirma-t-elle, fière.
Alexander sourit, puis replongea dans le livre de Mathématiques pour le cours suivant. La jeune Hakura revint plusieurs minutes plus tard, immédiatement attrapée par Maki qui essaya de lui exhorter le nom du destinataire. En vain, Etzumy réussit une parade pour la faire sortir de la salle. Soupirant un coup, elle s'assit à sa place, juste devant Alexander, et prit son agenda pour le feuilleter un peu.
- Excuse-moi, est-ce que tu pourrais me donner les devoirs pour les prochains jours ?
La jeune Hakura leva les yeux et tomba sur ceux bleus foncés d'Alexander. Elle lui sourit et lui donna son agenda, lui proposant de lui donner les quelques cours qui lui manquaient. L'Allemand fut ravi de ce raccourci qui ne l'obligerait pas à grappiller à droite et à gauche pour récupérer les cours. La petite voleuse lui passa les feuilles de Math pour qu'il commence dès maintenant, pendant les cinq petites minutes qu'il restait.
Pendant qu'il recopiait, Alexander releva une à deux fois la tête vers sa voisine de devant, et finit par remarquer quelque chose. Elle fredonnait. A voix basse, mais il avait l'ouïe assez fine pour l'entendre. Une belle mélodie, rythmée, fluide…
- Dis moi, Hakura-san…
Etzumy se retourna, s'arrachant à son dessin.
- Où as-tu entendu cette mélodie ?
Elle fronça les sourcils. Quelle mélodie ?
- Celle que tu fredonnais.
- Je fredonnais ? Je ne m'en rendais même pas compte…
Alexander sourit, amusé, puis replongea dans son recopiage, jusqu'à la sonnerie du cours suivant.
xxx
Alexander, de retour chez lui, monta directement dans sa chambre. Son père était resté en Allemagne et sa mère devait encore travailler. Il posa son sac à côté de son bureau et avisa le paquet de lettres sur le bureau. Depuis combien de temps était-il parti ? Une semaine ? Il lâcha un soupir, puis sourit. Ça lui faisait plaisir, vraiment plaisir ! Il prit sa chaise et s'assit, commençant à trier les enveloppes. Il retrouvait avec un délice non-caché l'écriture occidentale. Il en choisit une un peu plus lourde que les autres et l'ouvrit. Il y avait deux lettres, à l'intérieur. Les deux dans la langue espagnole. Passage de l'allemand au japonais, puis du japonais à l'espagnol… Et dire que cette gymnastique ne faisait que commencer ! Une photo se trouvait aussi à l'intérieur. Alexander et deux autres garçons. Le plus âgé, à sa droite sur la photo, la silhouette élancée, les cheveux châtains et yeux bleu-gris, Stéphane. A la gauche de l'Allemand se trouvait un adolescent de son âge, aux cheveux blonds qu'il avait sûrement dû coiffer ce jour-là à l'aide d'un pétard et aux yeux noisettes, Joseph. Tous les deux des García ! Alexander retourna la photo, prise dans un parc une belle journée d'été espagnol, et lut le petit mot que Stéphane, vu l'écriture, avait marqué : "En souvenir des jours sous le soleil espagnol !"
Une femme arriva derrière l'adolescent et posa ses mains sur ses épaules, le sortant de sa traduction. Alexander redressa la tête et la tourna vers la nouvelle arrivante. Une femme aux cheveux bleus nuit qui contrastaient avec ses yeux gris. Sa mère, Umi Reiss.
- Qu'est-ce que tu fais, Alex-chan ?
- Je suis à peine installé que je reçois déjà du courrier ! Et pas des moindres !
Umi avisa les lettres posées sur le bureau, puis sourit. Les amis d'Alexander n'avaient pas l'intention de se faire oublier, ni d'oublier celui qui était parti bien loin de son pays natal !… Posant son regard sur la lettre que tenait son fils, elle y reconnue la langue espagnole… Ainsi qu'une phrase qui montrait bien le caractère de celui qui l'avait écrite ! "Si t'as un problème, on arrive ! A pied s'il le faut ! C'est pas les Russes qui nous empêcheront de venir te filer un coup de main !" Non, ce n'était pas les Russes le problème, mais les requins qui se baladaient dans la vaste étendue d'eau entre le Japon et la Corée, nommée la Mer du Japon…
Alexander se replongea dans ses lettres, deux yeux gris l'observant. Ils remarquèrent le léger balancement de la tête du garçon, ainsi qu'un pied battant la mesure. La femme sourit, puis tendit l'oreille, attentive au moindre son. Elle finit par déceler un fredonnement venant de l'adolescent, une mélodie. Elle perdit son sourire, entre la surprise et la joie :
- D'où connais-tu cette mélodie ?
Alexander fronça les sourcils et réfléchit. Où l'avait-il entendu ? A… A l'école, non ? Une fille de son nouveau collège…
- Hakura, je crois… Oui ! Hakura-san l'avait fredonnée !
L'adulte fronça les sourcils à son tour, mais d'incompréhension.
- Hakura, dis-tu…
(1). Au Japon, la rentrée des classes à lieu en avril.
Voilà voilà ! Les nouveaux protagonistes sont là, et avec eux vont venir les nouveaux ennuis !
