Hermione Granger était très en colère. Cet idiot de Ronald Weasley avait encore fait des siennes. Avec le tact qui le caractérise tant, il avait insinué qu'elle n'avait rien de féminin en elle et que, de surcroît, aucun garçon ne pourrait s'intéresser à « un cerveau sur pattes et moralisatrice à tout va » !

Elle allait lui montrer à cet imbécile de rouquin ! Il est vrai qu'elle privilégie une tête bien faite, mais elle n'en reste pas moins une fille, avec les mêmes désirs que les autres.

C'est bouillant littéralement de rage, qu'elle marchait dans les couloirs de Poudlard, le plus loin possible de cet handicapé des relations humaines.

Aveuglée par la colère, Hermione ne vit pas son professeur de potions au milieu du couloir et le percuta violemment. Sous le choc, elle tomba en arrière, en plein sur les fesses.

-Mais c'est pas possible !!! cracha-t-elle. Il ne manquait plus que ça ! Mais qui est l'idiot qui…. ?

-L'idiot vous retire 50 points pour insulte envers un professeur et 50 autres pour traîner dans les couloirs durant les heures de cours ! lâcha une voix glaciale.

Hermione releva les yeux et blêmit. Pas lui ! Elle allait ouvrir la bouche pour rétorquer, quand il la devança :

-Et n'oublions pas, une semaine de retenue dans les cachots !

-Mais c'est injuste ! s'insurgea la Lionne.

-N'aggravez pas votre cas, Granger ! tonna Rogue.

La Griffondor baissa les yeux, rouge de colère. Ce n'était décidément pas son jour !

Sans même l'aider à ce relever, Rogue tourna les talons et se rendit dans ses cachots !

Hermione en avait assez, elle se redressa et couru, des larmes de rage glissant sur ses joues écarlates, pour se retrouver dans le parc de l'école. Elle s'effondra au pied d'un saule, au bord du lac noir.

C'est ainsi qu'elle rumina pendant des heures, crachant sur les garçons et leurs cerveaux de primates, déversant sa bile sur Rogue et son grand nez, fulminant contre elle-même. Il était temps qu'elle se ressaisisse et qu'elle montre de quoi elle était capable. Le seul problème, c'est qu'elle ne savait pas encore comment s'y prendre.

Elle ne sortit de ses sombres pensées que lorsqu'elle se rendit compte qu'il pleuvait à grosses gouttes. En observant ses vêtements, elle fut surprise de les voir totalement détrempés.

Elle se dirigea donc à grandes enjambées vers le château, afin de prendre un bon bain chaud. Il ne faudrait pas en plus qu'elle attrape une pneumonie !

Une fois dans la salle de bain des Préfets, elle remarqua tout de suite des vêtements soigneusement pliés sur une chaise et que la baignoire était pleine d'eau savonneuse.

Catastrophe ! Elle eut juste le temps de se cacher derrière un paravent, avant que le propriétaire des habits ne refasse surface.

Quelle ne fut pas sa surprise quand elle reconnut la chauve-souris des cachots en personne !

Elle ferma les yeux et reteint sa respiration, mais poussée par la curiosité, elle décida d'en profiter pour observer son professeur. Elle s'était souvent demandé s'il était toujours aussi austère, même quand il était seul.

Hermione eut un froncement de sourcils quand elle aperçut la Marque sur le bras gauche de Rogue. Elle était vraiment laide et la peau livide de l'espion ne faisait que renforcer son aspect macabre. De là, elle laissa son regard vagabonder sur le haut du corps de l'homme, la seule partie visible au-dessus de l'eau. La Lionne fut surprise, il n'était pas si mal fait de sa personne ! Ses éternelles robes noires cachaient en fait un corps entretenu, à la peau visiblement ferme et aux muscles saillants. Mais en y réfléchissant bien, elle dut admettre que s'était logique vu sa situation d'espion.

L'homme se retourna et elle put voir que ces années de lutte auprès de l'Ordre avaient laissé des traces. Il était couvert de cicatrices. Hermione se surprit à éprouver une certaine compassion envers le directeur des Serpentards.

Son regard fut alors attiré par une estafilade qui partait de son omoplate en passant par le cou, pour finir juste en dessous de la mâchoire, sur la carotide. Cela expliquait son col boutonné jusqu'en haut. Elle détailla alors le visage de Rogue d'un œil critique. En y regardant de plus près, il n'était pas si laid, sa mâchoire était carrée, son nez pas si grand et quand ses traits étaient détendus, comme à l'instant, il semblait un peu plus jeune.

Hermione se gifla mentalement. Quelle horreur ! Elle allait presque le trouver séduisant.

Finalement, Séverus Rogue se leva pour sortir de l'eau. La jeune femme ferma prestement les yeux, tentant de contrôler sa respiration. Elle ne devait pas faire de bruit, s'il la trouvait là, il la tuerait à coup sûr ! Ce qu'elle ne vit pas, c'est le sourire narquois de l'homme lorsqu'il sortit de la pièce en tournant la tête vers le paravent.

Hermione était troublée et en colère contre elle-même. Dans une heure elle devait se rendre à sa retenue et était extrêmement nerveuse. Rogue allait se rendre compte de quelque chose, elle en était persuadée. Elle ne pourrait jamais le regarder en face après ce qu'elle avait vu.

Harry se tourna vers elle comme s'il avait perçu la tension de son amie.

-Hey, Mione ! Quelque chose ne va pas ?

-Non, tout va bien ! lui-dit-elle en esquissant un faible sourire.

-Tu es toujours énervée à cause de Ron ou c'est ta retenue avec Rogue qui te met dans cet état ? demanda le brun, peu convaincu.

-Un peu des deux, je suppose ! soupira-t-elle.

Décidément, elle ne pouvait rien cacher à son ami. Elle lui fit un triste sourire et parti dans sa chambre, déposer son sac et se détendre avant la confrontation avec Rogue.

De son côté, le sombre professeur ruminait. Pourquoi n'avait-il rien dit ? Il avait sentit la présence de la Miss-je-sais-tout dans la salle de bain, il avait même perçu quelques-unes de ses pensées. C'était pourtant une bonne occasion de la clouer au pilori, alors pourquoi ?

Ce qui le troublait le plus, c'est qu'en temps normal il n'aimait pas se dévoiler, même pas avec Pompom quand elle le soigne après une mission éprouvante. Mais dans le bain, même en sachant qu'il était observé, il n'avait pas ressentit de malaise. Puis se rappelant les bribes de pensées de son élève, il dut admettre que la raison en était évidente : il n'avait perçut aucun dégoût chez la jeune femme. Ce serait-il sentit flatté ? Non, impossible ! C'est une gamine, horripilante de surcroît ! Et puis, il n'avait que faire de ce genre de distraction. Décidément, cette Griffondor avait le don de le mettre sur les nerfs, elle et ses deux idiots de toutous.

Il chassa toute pensée de Granger d'un geste de la main, s'installa à son bureau et entreprit de corriger les devoirs des cinquièmes années. Puis il se souvint : dans une heure, elle serait là pour sa retenue. Misère !