Fic complètement différente de celles que j'ai eut l'habitude de faire auparavant,
et aussi un petit exercice d'écriture même s'il y a parfois quelques fautes de frappes
vu que je tape tout sur un coup de tête de manière instinctive et je m'en
excuse. Cette histoire traite de la romance de deux poètes français particulièrement
connus du 19ème siècle. C'est fait avec le point de vue de Rimbaud
et c'est la première fois que je tente une fiction à la première personne. Tout
cela est également inspiré du film Total Eclipse de Agnieszka Holland (oui pas
de E à la fin =P), je vais pourtant rajouter davantage d'éléments de la vie d'Arthur
qui ne sont pas évoqués dans le biopic, ainsi que des extraits de poésie. Si ne
vous ne connaissez rien de l'histoire de ces deux hommes, si par ma plume j'arrive
à vous faire découvrir cette romance atypique, ça serait un bien grand honneur.
Bien entendu, j'ai fait de légères adaptations tout en tentant tout de même de
coller à la réalité.
Yaoi certes, mais pas un gros truc dégueulasse, le fond
reste doux si j'ose dire.
Sur ce … Bonne lecture !
Londres, PV Arthur Rimbaud.
Il fait si sombre alors que nous ne sommes pas encore dix-huit heures, jamais je ne m'accoutumerais à Londres. Grisaille, pluie incessante, brume… Cela m'oppresse. Je n'ai pas la nostalgie de Charleville pour autant. A vrai dire je suis las, terriblement las, de cette vie, ces jours lents qui s'écoulent, ma flamme qui s'éteint alors que plus rien ne l'attise. Je me sens comme un cadavre jeté dans une eau poisseuse et glacée, mon poids s'enfonce peu à peu dans des abimes que je n'aurais jamais imaginé. A quoi bon poursuivre?… J'ai envie de revoir le soleil, qu'il me consume comme ce stupide Icare, m'achève. Près de l'astre brûlant j'aurais toujours un simulacre de bonheur. Enfin…
Je lui jette un regard vague qu'il ne remarque pas, trop occupé à écrire, à cracher son lyrisme éploré avec un insupportable air béat. Que fais-je encore ici ? J'étouffe, noyé peu à peu, au fur et à mesure que l'air me manque je comprends l'absurdité de ma situation. C'est un fracas brutal. J'ai besoin d'argent, offrir mon corps en pâture me semblait chose aisée, je ne suis pas du genre à ressasser sans cesse mes actions passées, à regretter, mais l'Enfer dans lequel je me suis ensevelit me semble sans issue. L'odeur d'alcool est lourde, de mauvais vin, une piquette infâme pour quelques pièces, un nectar de son point de vue, un nectar d'oubli. Les bouteilles vides joncent le sol, ainsi que des débris de verres. Je suis devenu violent, un enfant insatisfait, mes nerfs ne cessent de bouillir comme du fer que l'on bat à blanc. Alors je deviens serpent, je crache un venin immonde, un flot d'injures, je le ridiculise plus bas que terre, avec ce rire clair qui me caractérise. Tout cela me semble si naturel, plus le temps passe plus je l'émiette à la manière d'une feuille d'automne.
Il reste, c'est amusant, il devient fou au fur et a mesure que mon dégout ne cesse de croître. La pluie cogne contre les carreaux, notre misérable toit finira bien par lâcher un jour. Il fait froid, mais je ne bouge pas, paralysé sur le lit, le vide me semble d'un intérêt immense. J'entends sa plume gratter le papier, Paul m'agace, pourquoi lui ? Mes mots se flétrissent, je n'ai rien écris depuis plusieurs jours, hormis des élucubrations raturées. Que m'arrive t-il ? Doucement mes lèvres s'entrouvrent, des mots s'articulent, tranchants, ils tombent comme une pluie de balles. Il ne réagit pas beaucoup mais les larmes embrument une nouvelle fois son regard. C'est sidérant, il a une capacité rare de tout encaisser, à la manière d'une éponge, que ce soit mes insultes ou mes coups de reins. J'ai encore eut un rictus immonde. Je bouge un peu, me relève. Je cogne ma pipe contre le sol afin d'extirper les résidus de tabac froid, et cherche mon paquet d'allumette. La pluie me casse les tympans et l'humidité glace mes os, nous n'avons pas mangé depuis deux jours mais cela m'importe peu. Il y a encore quelques temps, j'aurais violement protesté, mais je suis fatigué de tout ça. Il est laid, il vieillit, la douleur et les soucis obscurcissent ses traits mais je dois bien avouer que de ce côté-là il n'est pas le seul, j'ai parfois du mal à lorgner mon reflet. Je jette quelque chose contre le mur, machinalement.
La jarre est brisée, et je regarde couler un peu de sang sur mon bras, fasciné. Il se lève, hurle un peu, paniqué, son regard est remplit d'inquiétude à mon sujet et je ne peux réprimer un nouveau ricanement. Sa face m'amuse, il s'approche, me demande si tout va bien, je ris encore plus fort, démentiel. La pluie s'apaise un peu dehors mais l'air gelé vrille encore mes poumons, à moins que ce soit le surplus de tabac. Il veut laver ma plaie, je le repousse sauvagement, fixant les débris de porcelaine avec un intérêt croissant. La coupure n'est que superficielle. Sa mine hébétée est ridicule, j'ai encore envie de lui faire du mal comme ces derniers jours mais je me retiens, agacé de ce petit jeu au moins pour aujourd'hui. Je lèche ma peau, une saveur métallique sur ma langue, avant de fermer les yeux un instant. Comment en suis-je arrivé là ? Je suis fatigué de tout ceci, horriblement fatigué, en quelques mois j'ai l'impression d'avoir pris milles ans. Je veux y arriver de nouveau, je veux écrire, plus que tout, encore, l'âme calcinée.
