Assise confortablement dans l'un des sièges en cuir d'un spacieux avion estampillé Capsule Corporation, Bulma fixait les nuages d'un air distrait à travers le hublot. Elle repensait à tout ce qu'elle avait vécu ces derniers jours, à tous les dangers auxquels elle avait été confrontée, parfois même sans en être consciente, et à ses amis dont le nombre avait fortement diminué depuis quelques mois. Elle laissa son esprit divaguer entre tous ses souvenirs, absente de ce qui l'entourait. Mais une même question lui revenait toujours en tête.

« Bon sang… mais qu'est-ce qui m'a pris ? »

Elle tourna la tête vers le fond de l'avion, et aperçut au loin un homme aux cheveux noirs relevés au-dessus de sa tête, le regard sévère, les bras croisés sur la poitrine.

...

Vegeta était resté silencieux depuis qu'il était monté dans l'avion, le regard fixant un point dans le vide. Il repensait aux derniers évènements, qui s'étaient enchainés un peu trop vite à son goût. Freezer, qui avait détruit sa planète et son peuple, était mort de la main d'un Saiyen inférieur. Ce même Saiyen inférieur qui était par la suite devenu un Super Saiyen. L'annonce avait été amère pour lui. Comment était-ce possible ? Pourquoi n'était-ce pas lui, le Super Saiyen légendaire ? Il était pourtant le prince, appelé de par son sang à devenir plus puissant que n'importe quel autre Saiyen…

Et puis il y avait cette terrienne. Pourquoi lui avoir proposé, à lui, l'homme qui avait voulu détruire sa planète, de venir vivre chez elle. Vegeta n'arrivait pas vraiment à comprendre ce qui avait bien pu lui passer par la tête, mais n'ayant aucun autre endroit où aller sur cette terre et rien d'autre à faire qu'à attendre que l'on ressuscite Carot, il avait accepté, bien qu'une partie de lui se demandait encore pourquoi. Enfin, au moins là-bas il serait nourri et aurait un endroit fixe pour dormir, ce qui n'était peut-être pas si mal. Mais il fallait qu'il s'entraine. Il devait surpasser Carot, et devenir lui aussi un Super Saiyen.

Vegeta releva les yeux et vit alors que la terrienne aux cheveux bleus l'observait. Il la fixa quelques secondes avant qu'elle ne tourne la tête. Ses yeux se perdirent de nouveau alors qu'il se replongeait dans ses pensées.

...

Quelques heures après leur départ, l'avion arrivait en vue de le Capsule Corporation. Vegeta était resté silencieux durant tout le voyage, assis seul dans le fond. A l'avant, Bulma avait posé sa tête contre le hublot, fixant d'un air distrait les différents buildings qui défilaient. Elle commençait seulement à se rendre compte de ce qu'elle avait fait. Proposer à Vegeta de vivre chez elle n'était peut-être pas une si bonne idée que ça, mais c'était sans doute préférable à ce qu'il se promène librement et risque de tuer toute la population sur un coup de tête. Au moins ici elle pourrait peut-être limiter les dégâts.

« Mais ça ne sera sans doute pas facile de cohabiter avec lui… Enfin, on verra bien. »

...

Une chose était sûre, Bulma avait raison : la cohabitation ne fut pas facile.

Une vie trop tranquille ne convenait pas à Vegeta, il était donc évident que la vie sur Terre ne lui irait absolument pas. Certes, la maison de l'humaine était spacieuse, aussi il pouvait circuler sans trop de problèmes et éviter les éventuels gêneurs. Les parents de l'humaine par exemple, notamment sa mère qu'il trouvait extrêmement agaçante, plus même que l'humaine elle-même, ce qui était déjà un exploit en soit. Les Nameks, regroupés dans de petites habitations placées pour l'occasion dans le grand jardin, à l'abri des regards. Et puis la fameuse humaine, Bulma, qui semblait avoir toujours quelque chose à lui reprocher, et surtout savoir toujours où il se trouvait. Elle lui tombait dessus au détour d'un couloir, débarquait dans la cuisine pendant son repas, ou venait frapper à la porte de la salle d'entrainement qu'elle avait mis à sa disposition.

C'était d'ailleurs dans cette salle qu'il passait le plus clair de son temps. De toute façon, il n'avait pas grand chose à faire d'autre : Bulma lui avait interdit de sortir seul, de peur qu'il ne lui vienne à l'idée d'aller tuer des gens pour passer ses nerfs. Bien entendu, le prince Saiyen avait fait fi de cet interdit et était plusieurs fois sorti à la recherche d'une quelconque source de divertissement. Mais il dut bien vite se rendre à l'évidence, il n'y avait rien de vraiment divertissant sur cette planète, si ce n'est en éradiquer la population, alors après quelques sorties peu fructueuse, Vegeta se retrouva de nouveau à tourner en rond dans la grande demeure de la famille Brief. Puis un jour, alors qu'il dégustait tranquillement sa treizième assiette de bœuf en sauce, Bulma ouvrit la porte et entra en trombe dans la cuisine.

- Ah bah tu es là ! Ça doit bien faire une demi-heure que je te cherche.

- Bah j'étais là, lui répondit sèchement Vegeta.

- Pose-moi immédiatement cette fourchette, j'ai une surprise pour toi.

- … Une quoi ?

A peine avait-il fini sa phrase que Bulma lui attrapa le bras et l'attira vers la porte menant au jardin. Trop étonné pour réagir, Vegeta se laissa guider jusqu'à une grande bâtisse ronde sur laquelle le logo de la Capsule Corp. apparaissait.

- Tadaaaam ! Cria la jeune femme en écartant les bras devant son œuvre.

- Et c'est ?

- Une salle d'entrainement ! Mon père et moi y avons travaillé pendant un bon moment, alors ne la casse pas ! Il y a un système pour augmenter la gravité, comme celui que mon père avait installé dans le vaisseau de Sangoku. Alors, qu'est-ce qu'on dit ?

Vegeta resta stoïque devant le grand sourire de Bulma et se contenta d'avancer vers la porte. Ce qu'il vit en entrant lui coupa le souffle. La pièce était spacieuse, avec une grande table de commande sur le côté. Comment avaient-ils pu construire une telle salle sans qu'il ne s'en rende compte ? Et surtout, pourquoi lui avait-on construit une salle d'entrainement ?

- Ça va, c'est assez grand ? lui demanda Bulma en entrant à son tour dans la salle.

- Pourquoi ?

- Hum, en général, on dit « merci » quand on est content.

- Il ne s'agit pas de ça ! Lança le Saiyen, énervé. Pourquoi avoir fabriqué cette salle ?

- Pour ne plus te voir tourner toute la journée comme un lion en cage. Maintenant quand tu auras besoin de te défouler, je sais que tu viendras ici au lieu d'aller tuer quelques personnes au centre ville. En plus, tu n'arrêtes pas de répéter que tu veux devenir plus fort que Sangoku, au moins maintenant on ne t'entendra plus te plaindre.

Vegeta laissa son regard se promener dans chaque recoin de la pièce, avant de se tourner vers Bulma, qu'il toisa froidement de bas en haut.

- Et tu n'as pas peur qu'une fois devenu plus fort que votre cher Sangoku, il ne me prenne l'envie de tous vous tuer ?

Bulma fixa le Saiyen, abasourdie. Elle n'avait effectivement pas pensé qu'il était toujours le monstre qui voulait détruire la terre, et qu'inconsciemment, elle avait peut être donné à cet homme les armes nécessaires pour arriver à ses fins. Elle prit alors une grande inspiration en haussant les épaules.

- Disons que je prends le risque, finit-elle par répondre. Et comme on dit, « on ne mord pas la main qui nous nourri ».

Affichant un petit sourire malicieux, la jeune femme tourna les talons et se dirigea d'un pas vif vers la maison. Vegeta la regarda s'éloigner, puis referma la porte avant de s'approcher du tableau de commande de la gravité. S'il voulait surpasser Carot, il devait s'y mettre dès maintenant, chaque minute comptait à présent…