Tu sais, Kokkuri, à ce moment là je n'ai pas respecté ce que tu m'as appris. La vérité, toujours dire la vérité. Et bien là, je ne l'ai pas fait.
Oui, j'ai menti.
Oh, mais tu c'est, ce n'est pas un gros mensonge. Ce n'est pas envers quelqu'un d'autre que toi. Ce n'est pas bien grave.
Même si cela t'as fait un peu mal.
On ne change pas si facilement. Alors je reste encore un peu renfermée, timide. Je ne vais pas dire tranquillement et avec un sourire aux lèvres ce que je pense vraiment.
Je suis une poupée pas totalement transformée en petite fille. Comme Pinocchio.
Mais ça ne veut pas dire non plus que je ne pense pas ce que tout le monde pense. J'ai juste plus de difficultés à le dire.
Alors quand tu as demandé ce que nous avions demandé au temple, pardon de t'avoir menti. La réponse que je t'ai donnée n'était pas ce que j'ai souhaité.
Parce que ce que je voulais vraiment, c'était que tu restes ici, avec moi, Inugami, Shigaraki. Que vous continuiez de vous battre à coups de balles et de poêles. Que tu continue de te transformer en renard tout pelucheux. Que tu continues de préparer de nouveaux plats pour me changer des nouilles instantanées. Que tes efforts restent vint mais que tu persistes.
Oui, j'ai menti. Mais je l'avoue maintenant. Ne me laisse pas !
S'il te plait, ne pars jamais !
« Kohina, je suis rentré ! »
Oups.
Un jeune homme à l'immaculée chevelure surmontée de deux petites oreilles de renard argentées venait de passer le pas de la pièce, les mains chargées de sac de provisions. Vite fait bien fait, l'interpellée venait de cacher le papier sur lequel était griffonné un texte dans sa poche, sans que les perçants yeux dorées ne remarque son petit manège. Alors que Kokkuri posait les affaires de courses dans la cuisine, la jeune fille y fouilla à l'intérieur pour y dénicher son péché mignon. Qu'elle ne trouva pas. Après avoir méticuleusement renversé les deux épais sacs en plastique, et qu'elle confirma bien l'absence de nouilles instantanées, elle tourna lentement son regard poupéesque et vert vers le renard. Ainsi fixé, il se retourna vers sa jeune protégée, vaguement surpris pour ce regard torve.
« Non, je n'ai pas pris de nouilles, il faudra que tu fasses sans. »
Retournant ainsi au rangement du bazar commis par Kohina, Kokkuri ne vit pas qu'elle sortit un papier de sa poche, ni qu'elle le déchira, le regard perdue dans le vide. Elle partit comme une âme en peine, abandonnant son protecteur.
Une fois que la pièce eu repris un temps soit peu d'ordre, le fantôme aux cheveux blanc aperçut des morceaux de papier au sol. Intrigué, il avait reconnus l'écriture de la propriétaire, il entreprit de replacer les bouts dans le bon ordre. Entreprise fastidieuse, puisque les papiers étaient petits, pour ne pas dire pas plus grand qu'un timbre poste pour les plus gros.
Une fois l'opération terminée (Kokkuri était quand même doué en puzzle) il avait reconstitué la lettre de Kohina. Il ne savait pas pourquoi elle avait écrit ça, mais à la simple lecture silencieuse des mots de la jeune fille, il se sentit… heureux. Il n'y avait pas d'autre mot pour décrire ce sentiment de félicité qui l'avait envahi. Quelques souvenirs heureux, d'une époque lointaine où quelqu'un lui avait dit ces mêmes mots lui revenaient en mémoires. Avec le plus grand naturel, il invoqua le feu du renard. Des flammes bleues brulèrent le papier en un tas de poussière, qu'il balaya rapidement. Un doux sourire s'était épanoui sur ses lèvres.
« Pour cette fois, je peux bien aller lui en chercher, de ces nouilles. »
Sa petite cloche tinta quand il tourna la tête vers le couloir où elle avait disparue.
« Ne t'en fais pas, je ne partirais pas. Pas tant que tu auras encore se fichu caractère renfermé. »
