À quelle heure te lèves-tu le matin ?

Huit heures.

Quel est ton petit-déjeuner préféré ?

Un bol de céréales à l'avoine avec un verre de jus d'orange.

À quelle heure t'entraînes-tu le mieux ?

En début d'après-midi, vers quatorze heures.

Et ça continuait comme ça pendant deux pages.

Assise dans un petit bureau avec les deux autres nouvelles recrues des Harpies de Holyhead qui feraient le camp d'entraînement avec elle cet été-là, Ginny remplissait assidûment un long formulaire qui l'interrogeait sur ses habitudes de vie. Toutes ses habitudes de vie, jusqu'à la longueur de ses douches et la fréquence à laquelle elle allait aux toilettes.

Au bout de près de trois-quarts d'heure, la jeune fille reposa sa plume. Les deux autres avaient également terminé, et elles profitèrent de ce petit moment en tête-à-tête pour faire plus ample connaissance.

Mais elles eurent à peine le temps de s'échanger leurs noms et leurs villes d'origine que Gwenog Jones ouvrit la porte du bureau et y entra comme une tornade.

— Vous avez fini de remplir les formulaires, les filles ? Bien, donnez-les-moi.

Ginny, Grace et Paige tendirent leurs feuilles à la capitaine. Celle-ci les posa l'une sur l'autre, fit bien attention à ce que leurs coins soient alignés, puis, sous les yeux ébahis des trois nouvelles joueuses, les déchira. D'abord en deux morceaux, puis en quatre, puis en huit, qu'elle laissa négligemment tomber sur le tapis.

— C'est ce qu'on veut qui arrive à vos vieilles habitudes, les filles, dit Gwenog d'une voix calme en s'appuyant sur le coin du bureau. On s'en fiche de comment vous viviez avant, de l'heure à laquelle vous vous leviez ou de ce que votre maman vous faisait pour petit-déjeuner. Maintenant, vous êtes des Harpies. Pour les trois prochains mois, vous vivrez comme on vous le dit, quand on vous le dit.

Les trois jeunes filles s'échangèrent un regard inquiet.

— Le réveil sonne à six heures et demie, à sept heures vous êtes dans la cafétéria, à huit heures sur le terrain. Onze heures et demie à une heure, c'est le déjeuner, puis deux heures de rencontre d'équipe. Quinze à dix-sept, de retour sur le terrain, et après, tout le monde dans la douche – quinze minutes chacune, les douches. Le dîner est servi à dix-huit heures, les soirées sont libres, le couvre-feu est à vingt-deux heures pile. Si j'en trouve une hors de son lit après le couvre-feu, elle passe la journée du lendemain à laver l'équipement. C'est compris ?

La capitaine toisa ses nouvelles joueuses d'un air sévère. Ginny avait le visage de quelques tons plus blanc que d'habitude, ses taches de rousseur ressortant visiblement. Grace avait l'air à deux poils d'être malade, et Paige semblait au bord des larmes.

Gwenog les laissa poireauter encore quelques secondes, puis décida qu'elles avaient assez souffert et leur adressa un grand sourire.

— Mais rien de tout ça ne s'applique le samedi, dit-elle. Venez, les filles, toute l'équipe vous attend au pub.