Bonjour bonjour ! Voici mon retour avec un petit BlaiseDaphnée tout en luxe et en dorure pendant la guerre dans un recueil de 3 OS centrée sur eux. Cet OS et le suivant je les avait déjà publié individuellement. Profitez.
Genre : Drama/Romance
Rating : K+
Résumé : Qu'est ce qu'on fout là dans cet hôtel minable alors qu'on pourrait être dans un cinq étoiles à siffler un grand cru ? L'impératrice avait laissée place à l'esclave et elle rampait dans les vapeurs de parfums, elle souillait le sol entourée de ses robes. Je sors, elle m'en aurait voulu si j'étais resté. Puis vint l'heure de notre décadence commune, notre jeu aux ombres. La gloire.
Disclaimer : je ne possède rien
Pairing : BlaiseDaphnée
De l'impérialisme et son contraire
La douleur. Une heure que je réfléchis au point commun des hommes, j'ai ma conclusion. La douleur. Daphnée est devant moi et pourtant nous ne souffrons pas de la même façon. Sa douleur est écarlate comme un amant qu'on a laissé au bord de la route, elle soufre comme une catin silencieuse. Son regard est fixé sur un point invisible et dans ma miséricorde je ne lui demande pas si ça va bien. Je m'en contrefous et je connais la réponse. « Rien n'ira plus jamais bien » d'un ton glacial sans m'accorder un regard. Les cadavres ont beau être morts, ils n'en restent pas moins des empreintes que rien ne délogera. Une vilaine marque sur son avant-bras, elle n'est plus libre Daphnée. Si ce n'est pas le sang qui s'est gravé sur sa peau, c'est la magie dans sa chair. Elle n'accorde pas un regard à la vermine qui colore son bras. Elle est dédaigneuse, elle est fière. Impérialiste même face à l'empereur. Ses doigts ne tressautent pas et je me demande quelquefois si elle respire. J'ai voulu l'arracher ma marque, j'ai voulu laisser mes dents et mes ongles sur cette laisse. Daphnée, elle, ne fait rien. Elle oublie minutieusement, elle nettoie devant sa mémoire alors qu'elle n'a jamais balayé devant sa porte. C'est si facile de penser, si léger d'être intimement soi. Je jette un coup d'œil à ma montre. Minuit moins le quart et les aiguilles bougent encore, que le temps passe vite alors que nous ne bougeons pas. Qu'est ce qu'on fout là dans cet hôtel minable alors qu'on pourrait être dans un cinq étoiles à siffler un grand cru, j'aurais même pu appeler Draco ou Astoria et Tracey. C'est Daphnée qu'aurait été contente, tiens, voir sa sœur son copain et une sang-de-bourbe débarquer dans sa petite bulle ça l'aurait bien fait ricaner. Mais là, c'est juste non. Comme je ne supporte plus ce silence qui n'en est pas un, je me lève et je marche. Ce n'est pas du tout ce que j'aimerais faire, je préférais plutôt attraper l'ainée Greengrass et la secouer. La secouer si fort qu'elle en tremblerait trop fort dans son petit corps. J'ai envie de voir la stupeur dans son regard puis ses hurlements et la manière à peine plus froide qu'elle aurait en commandant son cognac. Je m'arrête brusquement et me tourne vers l'oubliée, l'oublieuse, elle préfère.
— Prépares-toi, on nous attend.
C'est dingue l'effet que produit le désir sur une femme. J'ai à peine fini ma phrase qu'elle est déjà en quête d'une belle robe à enfiler. Elle déambule à la façon d'un ressort laissé trop longtemps plier. J'ai éparpillé les paillettes sous ses yeux et voilà que mademoiselle ne pense plus à rien. Frivole, imbécile, immature. Soudain elle se regarde dans la glace, le serpent lui saute au visage. Fébrile, mortelle, brisée. J'ai envie d'hurler, je vois Daphnée comme une souillon sur le sol et j'ai envie d'hurler. Elle chiffonne sa robe dans sa main et j'ai des envies de destruction. Ce n'est pas nous, tout ça. C'est la guerre, c'est notre camp qui réclame son dû. J'ai l'impression que l'impératrice s'est caché au profit de son esclave. Je laisse échapper un lieu et une heure, je ne sais même pas si elle m'entend, je sors et jure que jamais je ne reviendrais. Les démons ont tout brulé mais jamais ils n'auront ma peau. J'ai trop conscience du danger pour ça. Mon évidence à moi, le supplice de Daphnée au pied d'un absent. Je ne veux pas voir ça, elle m'en aurait voulu si j'étais resté.
En temps et en heure, nous voici. C'est le retour de notre décadence commune. Je jette un coup d'œil à ma partenaire de grande pompe. Elle est capricieuse, follement capricieuse. Précieuse et menteuse. Je ne vois que son sourire et ses yeux bien trop grands. Maquillage impeccable et chignon relevé. L'éloge de la gloire en sa personne. C'est horriblement vulgaire quand on voit avec mes yeux, les deux beaux foulards poudrés qui couvrent ses poignets. Venant d'elle, cela fait effet, on imagine mille beautés, illusions et nouveaux styles. On salue plusieurs personnes, des mondains inconnus. Aucun n'est impliqué dans la guerre. On n'ose pas sortir de chez soi quand la mort guette à votre fenêtre. Je vois Draco qui est accompagné d'Astoria. Les deux sœurs s'étreignent commentant à tour de rôle, leurs parfums. Je jette un regard entendu à Draco, il est marqué lui aussi, il a deviné qu'elle était signée. Drôle de dédicace, que celle du diable. Quand la musique commence, nous nous échangeons nos cavalières. Astoria dans mes bras, quelle sensation étrange. Elle va à la pêche aux nouvelles, je lui invente des matins agréables, des disputes mordantes, des éclats de rires à en faire vibrer les murs. Ce n'est pas du mensonge, simplement du recyclage. Astoria semble y croire, enfant chéri du peuple. Elle ne semble pas avoir peur de la guerre, logique, Astoria a été modelé à notre image. Elle vit au crochet d'un seigneur et sa sœur s'amuse à la grande dame. On naît invincible quand on a du sang de souverain. On évite simplement l'émeute mais je m'abstiens. C'est bien mieux comme ça. J'essaye de suivre Daphnée du bout de mes yeux mais elle m'échappe. Elle est gracile et se fond dans la foule. Je cherche ses traits, de ceux qu'on n'oublie pas, mais je ne la trouve pas. Je suis chagriné et ma reine est anonyme. Alors je lâche Astoria et vais me chercher à boire. Quand j'arrive au comptoir, je ne m'étonne pas. Bien sûr qu'elle serait là adossée, à boire, à boire. Sans s'arrêter et à me fixer. Son sourire nocif, je plonge la tête dans ma boisson. Ses yeux diaboliques, je relève la tête. Cette reine-là, j'aimerais bien qu'on la traine sur l'échafaud. Quel divertissement, cette haine décharnée. Celle-là ils ne pourront jamais l'enchainer.
La soirée s'achève et j'ai envie de gerber, elle aussi j'ai l'impression. Alors on s'en va, on rentre dans notre minuscule chambrée. Les tiroirs sont éparpillés, les bijoux jetés à terre. Le parfum vaporisé par-dessus la tête peine à s'échapper par la fenêtre ouverte. C'est son antre, son abime, son royaume. Je ricane pendant qu'elle se déshabille.
— Qu'est-ce qui te fait rire ?
— On dirait une chienne
Parole maladroite, elle se sent vexée. Elle drape dans son peignoir de soie toute sa dignité. Et je la rejoins. D'abord j'admire l'œuvre d'une insoumise. D'une bête errante qui marque son territoire à coup d'excès. Elle ne laisse aucune place à son maitre, elle envahit tout l'espace pour que l'envahisseur ne prenne aucune place. Alors ne reste que son corps, il l'a marqué. D'un serpent et d'un crâne. Je ricane pendant que nous jouons aux échecs, Daphnée s'intrigue.
— Tu es vraiment con ce soir Blaise, elle m'apostrophe.
— Parce que d'habitude je le suis faussement ? Je pensais à toi Daphnée, voilà tout.
C'est un trop grand tout, je pense. Son corps, son esprit. La vie qui l'habite alors que la guerre souille son âme encore emballée. « Jamais utilisé » marqué sur l'emballage. Je pensais à Daphnée parce que même quand son corps n'est plus à elle, il est à moi. Cela me fait rire, à m'en casser la voix. Comment un tyran peut-il penser qu'un vulgaire tatouage peut effacer l'odeur d'un corps, l'odeur de la royauté. C'est sa plus grande erreur à cet homme tout-puissant, marquer Daphnée. Quelle drôle d'idée, elle est tout son contraire. Elle ne veut pas dominer, elle veut régner. Elle veut être libre, luxueuse et indécente. Cette marque qu'elle a sur le poignet, c'est la dominance par la force. Chez nous, ça ne marche pas comme ça. Les sangs-purs ont le pouvoir dans leurs sangs et les rubis sur l'ongle. Il se dit sang-pur mais notre monde l'avoue menteur. Moi, je suis toujours les vainqueurs alors cette guerre se fera au côté de Daphnée où qu'elle aille. Du sang sous les ongles et des centaines de cadavres sous les yeux mais son parfum dans mes veines.
— Tu devrais constamment penser à moi, ne jamais t'arrêter, tu comprends ?
— Ton odeur m'enivre assez, elle infiltre mon sang beaucoup trop, je n'ai pas l'impression que tu saisisses le temps que je mets à me débarrasser de toi.
Ainsi nous nous résumons à ça. Des valeurs primaires, du sang et des odeurs. Nous sommes constamment grisés de nos frivolités. Nous dormons dans un lit de laine et de puces et illuminons le monde l'heure d'après. Je la regarde, elle réfléchit à son prochain coup, fera-t-elle tomber la tour ou le cavalier ? Elle élabore une stratégie et brusquement elle s'élance. Elle gagne. Son esprit se dépouille des tumultes de la journée. La paix cela sied bien à une impératrice.
Voilà le clap de fin ! Cela vous a t-il plut ? Les personnages aussi ? L'ambiance, je voulais absolument faire de Daphnée une conquérante qui se relève de tout, alors est je réussi ? En gros une petite review = un sourire !
By Lges
