Titre : The Night Of

Genre : Romance, Mystère, Tragédie, Angoisse, Souffrance/Confort, Famille

Temporalité : milieu de la saison 5, dans le Royaume de Hadès

Résumé : Emma est la Sauveuse parce que fruit d'un véritable amour. Alors pourquoi le prince Neal ne connaîtra jamais un destin similaire...

Note de l'auteur : Bonjour tout le monde ! Je me présente, Tisiphone-Edge, et toute nouvelle dans le fandom de OUAT. J'ai toujours voulu écrire une fanfiction sur OUAT, univers incroyablement riche, et aujourd'hui, c'est chose faite ! L'histoire part d'une certaine théorie. Triste ? Glauque ? Cruelle ? A vous de choisir ;-)

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Des barreaux aux fenêtre, un lit métallique, une porte blindée, une cellule étroite. Et tout ça, sans compter ses poignets enchaînée aux montants du lit. Adossé contre le mur, elle essaya de tirer la chaine pour y détecter un maillon faible. Elle était relativement lâche, mais suffisamment résistante.

Snow White grogna. Son évasion promettait d'être compliquée...

Un grincement sourd retentit. Elle s'accroupit rapidement sur le lit et guetta la porte, prête à jouer des jambes au moindre danger. Un homme entra silencieusement dans la pièce, porta son index sur sa bouche et lui sourit. Snow se détendit à la vision du visage familier.

Il s'approcha d'elle, sortit un trousseau de clé et s'attaqua aux menottes de la jeune femme. Elle l'observa faire du coin de l'œil, puis se massa les poignets lorsqu'ils furent libérés. Il l'embrassa rapidement et lui fit signe de la suivre. Elle quitta le lit, mais n'effectua pas plus de mouvement. Ses yeux verts procédèrent à une analyse plus approfondie du nouvel arrivant. Et même s'il ne lui offrait plus que son dos pour étude, sa conclusion fut sans appel.

« Pourquoi tu m'as enlevée ? »

Il se figea, le dos voûté, puis se redressa lentement.

« Tu es plutôt perspicace aujourd'hui. » Il se tourna vers elle et ajouta : « Comment tu as compris ? »

Le ton moqueur la décida à contre- attaquer.

« N'y voit aucune offense mais, ton jeu d'acteur est mauvais. Et... »

Elle laissa sa phrase en suspens, un brin guillerette.

« Et...? » reprit James clairement amusé.

Elle s'arma d'un sourire hypocrite parfaitement maîtrisé, et répondit :

« Et David embrasse beaucoup mieux que toi ! »

Il perdit son sourire et Snow se mit sur ses gardes. Sa méthode d'évasion bien à elle : énerver son ravisseur jusqu'à ce qu'il baisse sa vigilance et l'assommer d'un geste sec. Une méthode qui s'était très souvent avérée payante par le passé. Seuls David et Rumplestiltskin y avaient fait exception. Un éclat de rire retentit dans la pièce et Snow comprit que James était en passe de lui aussi obtenir sa place sur le podium.

« Une petite question pour toi princesse : quand suis-je mort ?

— Je ne sais pas et je m'en fiche !

— Eh bien tu ne devrais pas, parce que si tu connaissais la réponse à cette question, tu ne te serais jamais aventuré à me comparer à mon frère, jamais. Crois-moi. »

Le regard de Snow se voila. Il savait quelque chose qu'elle ignorait et ça la mettait indéniablement en position d'infériorité.

« Tu es très belle les cheveux longs, princesse. »

Elle flancha, déstabilisée par la remarque.

« Mais entre nous, poursuit James en s'avançant d'un pas. Je crois que je te préfères comme ça. Les cheveux courts vont mieux à ton regard. »

Ce n'était pas l'aspect flatteur du compliment qui la troublait mais son contenu. Elle fit rapidement le calcul et la conclusion traversa ses lèvres roses.

« Tu m'as déjà rencontrée. »

Un sourire s'esquissa sur le visage du ravisseur.

« Il y a deux jours dans l'Underbrooke Diner, poursuivit Snow. Ce n'était pas la première fois qu'on se rencontrait. Parce que tu m'as déjà vue, à une époque où j'avais les cheveux longs. Mais je n'ai jamais eu les cheveux longs que dans la Forêt Enchantée. Donc tu m'as rencontrée dans la Forêt Enchantée.

— Touché princesse ! Je savais que tu étais du type intelligent ! »

Snow ignora le compliment et poursuivit sa réflexion. Elle savait où, mais avec toutes ces malédictions, demeurait une question en suspens :

« Quand ? »

Il agita son doigt devant elle.

« C'est là toute la question, princesse, lui rappela gentiment l'homme.

— Arrêtons les énigmes, tu veux ? Réponds-moi ! »

À quelle occasion l'avait-elle rencontré ? David lui avait parlé du combat contre Béhémoth et de la fin tragique de son jumeau. Alors leur première rencontre s'était forcément produite avant. Peut-être à leur adolescence ? Ou leur enfance ?

« Il y a un an. »

Snow émergea de ses pensées et fixa James.

« Notre première rencontre, c'était il y a un an, dans la Forêt enchanté. »

Il y a un an, dans la Forêt enchanté, ce qui la situait après le premier sort noir mais avant le deuxième.

« Ce n'est pas possible, constata logiquement Snow. Tu étais mort bien avant, et depuis longtemps.

— Je ne suis pas mort lors de mon combat contre Béhémoth. »

Elle se figea.

« Je suis mort 30 ans plus tard », précisa-t-il.

Elle l'observa de biais, incertaine. Si elle l'avait effectivement rencontré il y a un an, sans savoir à l'époque qu'il était encore vivant, alors elle aurait tout à fait pu le confondre avec...

« Oh mon Dieu ! »

Il sourit.

« Touché, coulé, princesse. »

...

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« Je suis mort il y a un an, dans la Forêt enchantée. Ce qui signifie que j'ai vécu suffisamment longtemps pour voir mon frère prendre mon identité et en jouir à son bon vouloir. Suffisamment longtemps pour vouloir me venger et en faire de même. »

Le visage de Snow se décomposa.

« Eh oui princesse, tu as rencontré David sous le nom de James, et tu m'as rencontré moi sous le nom de David. »

À cet instant, Snow White se sentit dépossédée de quelque chose de très précieux. De ses souvenirs. Oui, on les lui avait déjà enlevé. Oui, on lui en avait déjà implanté des faux. Mais jamais ne lui avait corrompus les bons. Jusqu'à aujourd'hui.

La battante en elle réagit. Un de ses souvenirs avec David n'en était pas un. Un loup dans la bergerie. Elle devait le retrouver. Et alors elle pourrait peut-être sauver les autres pans de sa mémoire du poison du doute. Les souvenirs se succédèrent dans sa tête. Des instants de bonheurs, de combats, de lutte et...

Juste pour cette fois, appelle-moi James.

Snow releva la tête et foudroya du regard James.

« Au début, ce n'était que de la curiosité, expliqua-t-il en lisant dans ses pensées. Je voulais connaître sa vie, son quotidien, son château, ses amis. Puis je t'ai vue dans cette chambre, dans cette nuisette et... Eh bien, disons que je ne suis qu'un homme. »

— Regarde-toi ! Comment ne pas succomber ? Tu es tellement belle !

Elle vomit le souvenir.

« Tu es de la pire espèce...Tu n'as aucun droit de te qualifier « d'homme » !

— Pas vraiment le genre de discours que tu as tenu cette nuit-là, fit remarquer James avec divertissement. Avec toutes ces caresses ardentes et ces "je t'aime" à profus-

— Ces mots étaient destinés à mon mari, coupa sèchement Snow. Pas toi. Je n'aime qu'un seul homme et il s'appelle David !

— Ce n'est pas pour David Nolan que tu as écarté les cuisses cette nuit-là. »

La gifla trancha l'air mais ne parvint pas à destination. James, fils du roi George, avait de très bons réflexes. Il attrapa la main en plein vol, s'empara de l'autre au passage, et les colla contre le mur. Il était maintenant à quelques millimètres d'elle, mais elle ne baissa pas le regard. Au contraire, elle l'affronta de tout son être.

Il esquissa un sourire, puis se pencha vers ses lèvres. Elle détourna son visage, ne lui offrant plus que sa joue et son cou. Amusé, il essaya l'autre côté. Elle réitéra l'action. Il éclata de rire. Puis son regard pétillant se voila lentement de désir.

« Tu es vraiment très belle, Snow... »

Elle lui adressa un regard mauvais. Il accrocha son regard et un sentiment malaisant remplit la belle. Il y avait de la sincérité dans son regard. Une forme de droiture qui le rapprochait énormément de David. Cette voix, ce visage, ce regard... c'était dérangeant. Elle tourna la tête, les yeux brillants de larmes. Son mari lui manquait.

James se pencha au creux de son oreille. Ses lèvres s'arrêtèrent à quelques millimètres de sa peau.

« Cette nuit-là, cette fameuse nuit, tu m'as dit quelque chose, exactement de la même manière que je suis en train de le faire. »

Snow se raidit.

« Un petit secret que tu m'as murmuré, à peine soufflé, mais qui m'a fait te faire l'amour encore et encore et encore... »

Il recula d'un pas et l'observa.

« La Meilleure nuit de ta vie, souligna James. C'est comme ça que tu l'as qualifiée. Cette nuit-là, notre nuit.

Snow serra les poings et chercha au plus profond d'elle-même une forme de sérénité. Puis elle braqua son regard sur celui si familier de James.

« Tu te trompes, dit-elle avec la condescendance qu'on utilise pour parler à un enfant ou à un dangereux psychopathe. Tu prends tout de travers. Parce que James, il arrive parfois que les femmes, simulent. Et avec toi, c'est ce que j'ai fait. »

De la fureur traversa le regard de son ravisseur et Snow profita de la brèche. Elle lui colla un coup dans les tibias et le poussa contre l'un des montants du lit. Il se prit la barre contre la tempe et jura. Le passage ainsi libéré, elle en profita pour se ruer vers la sortie. Mais arrivée à l'embrasure, elle s'arrêta. Son âme n'était pas en paix. Alors elle se retourna et jeta un dernier regard au frère de son époux.

« Ce qui s'est passé cette nuit-là ne signifiait rien. Tout ce que j'ai pu dire, ou faire, c'était pour mon mari et rien que pour lui. J'ai une famille avec lui. Et je l'aime plus que tout au monde. »

Long silence, puis un bref éclat.

« C'est très certainement vrai tout ça. Mais tu as une famille avec moi aussi maintenant. »

... Quoi ?

Il se releva en titubant, la main sur la tempe, la tête visiblement encore remplie d'étoile, et s'avancer.

« Ne t'approche pas ! cria-t-elle en reculant.

— Emma est votre fille, poursuivit James. Mais ce petit garçon que vous avez laissé à Storybrooke ? Non.

— Neal est mon fils ! hurla la mère. Je lui ai donné naissance !

— Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit. J'ai dit qu'il n'était pas le vôtre. Je n'ai rien dit quant à savoir s'il était le tien. »

L'assertion que l'homme lui soumettait était à ce point insoutenable que Snow ne put la traiter. James s'en chargea à sa place.

« Alors si David Nolan n'est pas le père de ce petit bonhomme, qui peut bien l'être ? »

La réaction de la mère releva du réflexe. Elle se jeta sur l'homme, prêt à l'étrangler et à lui arracher la langue. Il inversa avec facilité leur position, avec la grâce d'un matador maîtrisant un taureau, et la plaqua sur le lit. Il s'installa à califourchon sur elle.

« Je vais te tuer ! hurla la jeune femme en se débattant comme une furie. Je vais te tuer !

— Non tu ne le feras pas ! » rugit l'homme en réponse, en l'enfonçant un peu plus dans le lit.

Palette d'arguments s'ouvraient à lui. Du plus logique — à savoir qu'il était déjà mort — au plus sentimental — elle était dans le camp des gentils et les gentils ça ne tue pas.

Il choisit le plus douloureux.

« Parce que je suis le père de ton fils ! »

Silence totale dans la pièce. 1.., 2..,

« Non ! »

Elle hurla et le repoussa contre le mur. Il jura, elle rampa dans un coin de la pièce, et s'y réfugia en pleurs.

Elle était dévastée.