Comme promis, un OS en français sur Major Crimes. N'ayant pas écris depuis assez longtemps, c'est une histoire assez simple, sans réelle profondeur, mais c'était plus pour me décrasser un peu. Je travaille sur d'autres histoires un peu plus complexes.

J'espère que cela vous plaira néanmoins.

Merci à md1world pour l'avoir lu et donné son avis !

Je repasserais plus tard pour corriger les dernières fautes.

Lola.


L'impatient ne cogne qu'une fois

Sharon grogna. Sa main tâtonnant dans le noir, les yeux toujours fermés, elle finit par atteindre son téléphone portable qui ne cessait de vibrer et de sonner depuis plusieurs minutes. Elle ne prit pas la peine de vérifier l'heure la lune était encore haute dans le ciel, c'était certain.

— Allô, marmonna-t-elle, la voix encore brisée par le sommeil.

— Ah Capitaine ! chanta la voix gracieuse de Provenza. J'espère que je ne vous réveille pas.

Sharon se passa une main sur le visage et finit par s'asseoir sur son séant, les yeux embués mais ouverts.

— Je vous écoute Lieutenant, marmonna-t-elle après s'être discrètement raclée la gorge.

— Comme ma théorie implacable le dicte, l'alibi du mari ne colle pas, fit le Lieutenant avec un ton satisfait.

Sharon soupira, agacée. Voilà trois jours qu'ils enquêtaient sur le meurtre d'une jeune femme tombée du haut de son balcon, Alexandra Sean. L'assassin avait voulu faire croire au suicide mais le meurtre s'était imposé aux policiers à l'instant même où ils avaient découvert le corps. La gorge et les poignets de la victime portaient des bracelets rouges, la peau marquée par une forte pression — les mains d'un homme, à n'en pas douter. Le corps était allongé sur le dos, le bassin brisé et les jambes étrangement tordues.

Il y avait bien les antécédents psychiatriques de la jeune femme pour pouvoir supposer le suicide, mais vraiment, lorsque le Lieutenant Flynn lui avait tendu la lettre qui accompagnait le corps, un rictus sur les lèvres, Sharon avait failli rire. Si le tueur avait voulu faire croire au suicide, c'était vraiment raté. La lettre avait été écrite à la va-vite, ce n'était pas l'écriture de la victime et les quelques phrases étaient totalement absurdes. Le Département des Crimes Majeurs avaient alors débuté son enquête. On avait interrogé le frère, mais il avait un alibi valide et était bien trop secoué par la mort de sa sœur pour l'avoir tué les amis, mais ils étaient tous anéantis le reste de la famille, mais elle n'avait pas vu la jeune femme depuis des mois et avait expliqué que cette dernière avait coupé les ponts après avoir rencontré l'amour de sa vie.

Le Lieutenant Provenza avait alors prit plaisir à rappeler son vieux dicton : toujours le mari, toujours le mari, toujours le mari. Et cela tuait Sharon de devoir admettre qu'il n'avait pas forcément tords, ce coup-ci, puisque l'amour de sa vie en question était introuvable.

— Avant de me parler d'alibi valide ou non, dit-elle sèchement, il faudrait peut-être savoir est le mari.

— Aurais-je oublié de mentionner que le mari est dans notre salle d'interrogatoire à l'instant même ? ironisa le lieutenant.

Sharon leva les yeux au ciel, si haut qu'elle en eu mal à la tête.

— Il a voulu nous faire croire qu'il prenait une bière avec un ami, reprit le lieutenant presque sans attendre, mais…

— Ne vous donnez pas cette peine, Lieutenant, le coupa un peu froidement Sharon, je vous rejoins au poste.

— Oh. Et que nous vaut donc l'honneur de cette visite ?

— Auriez-vous oublié votre rang, lieutenant ? demanda Sharon en rejetant la couverture pour se lever. Après tout, vous n'aviez qu'à ne pas me réveiller.

Et elle raccrocha, coupant court au juron du lieutenant.

Sharon fit un tour discret dans la salle de bain, afin de ne pas réveiller Rusty, puis s'habilla le plus rapidement possible. Après avoir perdu plusieurs minutes à chercher son collant, elle décida d'enfiler un pantalon en toile noire et une veste grise sur sa chemise blanche. Elle négligea sa coiffure, son maquillage, et les plis de sa chemise mais au moins, elle arriva au poste avant que quatre heures ne sonnent. Attendre l'ascenseur fut terriblement long, mais la montée vers l'étage de sa division lui sembla durer une éternité. Lorsque les portes s'ouvrirent enfin, Sharon étouffa un bâillement et rejoignit les bureaux de son équipe. Elle dormait mal depuis des mois, à peu près toutes les personnes de sa vie courante semblaient vouloir lui compliquer l'existence et son corps entier était tendu à cause du stress, alors cette enquête avait intérêt à se terminer rapidement. Et bien.

Ce fut le « Capitaine ! » terriblement cynique du Lieutenant Provenza qui l'accueillit en premier. Sharon alla déposer son sac dans son bureau après avoir salué toute l'équipe — son arme étant dedans, mieux valait l'éloigner d'elle si Provenza était de bonne humeur.

— Vous avez une mine affreuse, commenta ce dernier lorsque Sharon les rejoignit dans la pièce.

— Vous avez déjà hébergé un adolescent au passé semblable à celui de Rusty ? se permit-elle de rétorquer sur le même ton. Bien, qu'avons-nous de nouveau ? demanda-t-elle sans attendre la réponse de Provenza.

– Leonard Sean, Lenny pour les intimes, mari d'Alexandra, fit le Lieutenant Flynn en lui tendant un dossier. Actuellement en train de dessouler dans notre salle d'interrogatoire. Drôle d'histoire.

Sharon leva un sourcil en jetant un regard par-dessus ses lunettes au Lieutenant. Elle n'aimait pas vraiment le sourire narquois qui barrait son visage.

— Nos agents ont appelés vers une heure du matin, continua-t-il sans perdre son sourire. Lenny essayait de rentrer chez lui.

Sharon haussa un deuxième sourcil.

— Ouais, ricana Flynn. Il a dû oublier que sa femme était morte. Ou alors ça ne le dérange pas tellement.

Flynn haussa les épaules.

— Nos agents l'ont amené ici, reprit-il. On a voulu l'interroger, mais il est trop soûl pour parler. Et puis il s'est mis à hurler qu'il ne parlerait pas sans son avocat…

— Et où l'avocat en question ? demanda Sharon en balayant le dossier du regard.

— Eh bien…

— Nous l'avons appelé, le coupa Provenza, mais hm… il nous a clairement fait comprendre qu'il n'était pas disponible.

— Pas disponible ? s'enquit Sharon, peu désireuse d'entendre la suite.

— Comment était-ce, Flynn ? fit Provenza en se mordant la joue pour ne pas rire.

— Euh… Je dors, foutez- moi la paix je crois, répondit son partenaire en croisant les bras sur sa poitrine. Vous ne devinerez jamais sur qui on est tombé, Capitaine.

Sharon posa le dossier sur le bureau le plus proche et se massa les tempes du bout des doigts.

— Jack, dit-elle simplement.

— Bingo, répondit Provenza en claquant des doigts.

— Bien, je vais m'occuper de notre suspect, reprit Sharon avec un soupir, et lui expliquer que son avocat n'est pas disponible. Qu'en est-il de son alibi ?

— Lenny buvait une bière avec son ami Leroy Vega, répondit Flynn.

— Et en quoi n'est-il pas valide ? fit Sharon – fallait-il qu'elle leur sorte les vers du nez maintenant ?

— Leroy Vega est en prison depuis trois mois pour agression à main armée, Madame, répondit poliment la détective Sykes. Et il n'est pas près de sortir.

Sharon leva les yeux au ciel. C'était presque trop simple. Un mari présumé alcoolique et agressif, un alibi invalide et une fausse lettre de suicide. Sa division n'aurait pas trop de mal à boucler ce Lenny sous les barreaux. Mais comment diable était-il le client de Jack Raydor ?

— Je vais discuter avec monsieur Sean, dit-elle en reprenant le dossier, un carnet et un stylo. Voir ce que je peux tirer de lui tant que Jack n'a pas dessoulé.

Son équipe accueillit sa déclaration avec un sourcil haussé. Comment savait-elle qu'il était soûl ? Facile, elle le connaissait bien. Sharon essuya leur question muette d'un geste las de la main et rejoignit la salle d'interrogatoire tandis que son équipe retrouvait Buzz. En entrant dans la pièce, une forte odeur d'alcool l'accueillit et elle fronça le nez. Ça commençait mal.

— Monsieur Sean, dit-elle en s'asseyant en face de l'homme, je suis le Capitaine Raydor. Je désire vous poser quelques simples questions.

Leonard Sean était grand et large d'épaule — facile pour lui de balancer une jeune femme du haut d'un balcon, nota Sharon. Il portait des vêtements sales et sombres, une barbe d'une semaine et d'énormes cernes sous ses yeux clairs.

— Je veux voir mon avocat, dit-il d'un ton bourru. Rien à foutre de qui vous êtes.

— Mon équipe a appelé votre avocat, répondit calmement Sharon, mais il n'est pas disponible pour le moment.

— Comment ça ? fit l'homme en fronçant des sourcils.

Sharon lança un regard discret vers la caméra caché. Elle savait que l'équipe entière devait sourire derrière leurs écrans.

— Il serait en train de dormir, répondit-elle très sérieusement.

— Ce fils de pute, cracha Lenny et Sharon haussa vaguement les sourcils. Posez vos foutues questions.

— Où étiez-vous le soir du meurtre de votre femme ? demanda-t-elle d'emblée.

— Putain mais vous êtes tous les mêmes ! s'énerva-t-il. Vous pensez vraiment que j'ai tué ma femme ?!

— Ce n'est que la procédure, monsieur, répondit calmement Sharon en faisant cliqueter son stylo.

— Dans un bar sur Motor Avenue avec un ami.

— Leroy Vega, c'est ça ?

Lenny hocha la tête. Sharon fit semblant de noter quelque chose sur le carnet. Elle allait le cuisiner un peu avant de lui faire cracher la vérité.

— A quelle heure êtes-vous rentrez chez vous ? demanda-t-elle.

— Pas du tout, marmonna l'homme en se grattant machinalement la joue. Alex et moi on s'était disputé alors je suis resté quelques jours chez Leroy.

— Hm hm, fit Sharon en notant à nouveau la fausse information. Etait-ce la dernière fois que vous avez vu votre femme ?

— Ouais, répondit l'autre.

— Et que faisiez-vous chez vous à une heure du matin ?

— Je cherchais des biscuits, ironisa-t-il. Qu'est-ce que vous croyez ? J'allais me mettre au pieu !

— Votre maison est une scène de crime, monsieur Sean, dit Sharon en haussant les sourcils.

— Savais pas. On m'a dit que c'était un suicide.

— Comment avez-vous appris la mort de votre femme ?

Sharon commençait à se lasser de tous ces mensonges.

— Leroy me l'a dit.

— Et vous n'avez pas cherché à en savoir plus ? A joindre votre belle famille ?

— Nan, répondit-il tout net. J'ai géré le deuil à ma manière.

Il haussa les épaules.

— En vous saoulant à mort ? demanda Sharon, peu convaincue.

— Qui vous êtes pour me juger ? s'énerva-t-il, tapant son point contre la table.

Il était temps de passer au plat de résistance, décida Sharon. Elle posa lentement le stylo sur la table et sourit poliment.

— Personne, bien entendu, dit-elle d'une voix douce. Monsieur Sean, je suis vraiment navré de devoir démentir une histoire aussi bien préparée, mais auriez-vous l'obligeance de me donner la vérité maintenant ?

Elle haussa les sourcils, le fixant froidement par-dessus ses lunettes. Lenny la joua surpris.

— Je viens de vous la donner, bordel !

Il se leva violemment et envoya sa chaise à l'autre bout de la pièce d'un coup de pied, faisant sursauter Sharon. Elle ne se dérida pas pour autant.

— Leroy Vega est en prison depuis trois mois, dit-elle froidement. Votre histoire ne tient pas debout, monsieur Sean. Vous avez dit vous être disputé avec votre femme ce soir-là, pourquoi ne devrait-on pas croire que vous ne l'avez pas tué dans votre colère ?

La tension vibrait dans l'air le regard froid et calculateur de Sharon soutenait celui, rageur et agressif, de Lenny.

— Remettez cette chaise à sa place, asseyez-vous et dites-moi la vérité, dit-elle sur un ton qui ne souffrait aucun refus.

Leonard Sean respirait avec force, comme s'il tentait de contrôler sa colère. Il fixait Sharon sans ciller.

— Je ne me répèterais pas, avertit sombrement Sharon.

Finalement, il se déplaça lentement et saisit la chaise par le dossier. Il sembla hésiter un instant. Sharon le fixa du coin des yeux. Puis, la prenant par surprise tant il fut rapide, l'homme coinça la chaise sous la poignée de la porte, bloquant l'entrée. En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, Sharon était debout. Mais elle n'eut pas le temps de reculer. Le poing du suspect l'atteignit à la tempe droite avec une telle force que ses oreilles sonnèrent et sa vision se troubla. Elle entra violemment en collision avec le mur et se maintint debout tant bien que mal. Sharon entendit vaguement des voix crier « Capitaine ! » et des poings cogner contre la porte. Dieu merci, elle n'avait pas son arme sur elle, ou Sean aurait eu le temps de s'en saisir.

Au-delà de la douleur, Sharon sentit la colère l'envahir. Cet homme avait vraiment mal choisi son moment. D'un coup d'épaule, elle se remit debout. Sean lançait déjà son bras vers elle, poing fermé. Mais cette fois, Sharon était prête. Elle évita gracieusement l'attaque du suspect et attrapa son bras. L'adrénaline, le stress de ces derniers jours et la colère lui donnèrent assez de force pour plier le bras de l'homme dans son dos, assez violemment pour le faire couiner de douleur. Il se débattit violemment, son pied cognant contre la jambe de Sharon, mais elle ne lâcha pas prise. Le déstabilisant d'un coup de pied bien placé, Sean bascula en avant, se cognant la tête sur la table. Sharon en profita pour se saisir de son autre bras pour le coincer dans son dos. Malgré les mouvements secs et violents de l'homme, Sharon le maintint en place et tira la chaise vers elle à l'aide de son pied, libérant l'entrée. La porte s'ouvrit à la volée.

Provenza, Flynn et Sanchez débarquèrent dans la pièce, arme en main, mais se stoppèrent en découvrant le tableau, surpris.

— Eh bien, ne restez pas planté là ! pesta Sharon et les foudroyant du regard.

Sanchez fut le premier à réagir. Il rangea son arme et attrapa des menottes. Sharon lui céda la place et le laissa menotter l'homme. Jurant à voix basse, Sanchez le redressa sèchement et le fit sortir de la pièce. Alors que les deux hommes disparaissaient dans le couloir, Sharon sentit ses jambes finalement l'abandonner et elle vacilla. Une main sur son coude et une autre sur sa hanche l'empêchèrent de s'écrouler.

— Vous avez besoin de soin, dit l'homme qui venait de la rattraper d'une voix blanche – Flynn.

— J'ai un… hm, une trousse de soin dans mon bureau, marmonna Sharon en posant une main sur sa tempe douloureuse, sans chercher à éviter le contact avec le corps du Lieutenant.

— Euh, je pensais plus à un hôpital, répondit Flynn.

— Hm non, hors de question.

Elle sentit un liquide chaud et poisseux contre ses doigts. L'ordure lui avait ouvert l'arcade sourcilière. Son tibia droit la brûlait également et sa lèvre inférieure avait dû s'ouvrir sous l'impact du poing. Bon. Elle avait connu pire. S'appuyant un peu plus sur l'épaule de Flynn, elle finit par se redresser.

— Merci, lieutenant, dit-elle en se décollant de lui.

— Vous êtes sûre que…

Mais Sharon était déjà sortie de la pièce, titubant dangereusement, une main sur le front. Le sourire d'Amy et l'air choqué des Lieutenants Tao et Provenza lui firent presque plaisir. Sharon rejoignit lentement son bureau.

— Capitaine vous… commença Flynn en tentant de la rattraper mais elle le fit taire d'un geste de la main, sans prendre la peine de se retourner.

Elle poussa la porte de son bureau et se laissa tomber sur sa chaise. Sa tête lui faisait un mal de chien. Non, en fait, tout son corps lui faisait un mal de chien. Elle ouvrit un tiroir et en sortit une trousse de soin et un miroir. Elle examina son reflet ses lunettes avaient dû tomber durant le combat, ses yeux étaient cernés de rouge, sa lèvre inférieure était effectivement ouverte et un mince filet de sang continuait de couler le long de son visage, imbibant sa chemise blanche. Avec un soupir, Sharon prit plusieurs compresses et tenta de stopper le sang. Une main maintenant la compresse contre sa tempe, elle se déchaussa de l'autre et croisa sa jambe douloureuse sur l'autre pour remonter son pantalon et examiner la blessure. Malgré le tissu – déchiré, soit dit en passant –, la botte avait joliment éraflée sa peau et des perles de sang recouvrait le bas de sa jambe. Elle attrapa maladroitement une deuxième compresse mais elle la fit tomber avant de pouvoir la poser sur sa jambe. Une main rattrapa le morceau de tissu in extremis.

Sharon releva la tête. Le Lieutenant Flynn se tenait accroupi à côté d'elle.

— Pas d'hôpital, j'ai compris, dit-il avec un sourire amical. Mais laissez-moi vous aider.

Après un moment d'hésitation, Sharon hocha timidement la tête. C'était laisser le Lieutenant l'aider ou passer une heure à tenter de panser ses blessures. Et elle n'était décidément pas en état pour débattre.

Flynn tira une chaise et s'installa à côté de Sharon. Il saisit la bouteille de désinfectant et en imbiba la compresse. Une odeur d'éthanol vint remplacer celle d'alcool et de cigarette qui s'était fiché dans le nez de Sharon. S'en était presque rafraîchissant.

— Ça va piquer, prévint Flynn.

Il ne lui laissa pas le temps de répliquer quoique ce soit et posa la compresse sur sa jambe douloureuse. Sharon gémit, se mordit la lèvre puis gémit à nouveau en décidant que mordre une lèvre ouverte n'était décidément pas une bonne idée. Elle inspira une longue goulée d'air, évitant le regard amusé et légèrement inquiet du lieutenant.

— Voilà, dit-il finalement en laissa la compresse ensanglantée tomber dans la poubelle, on ne peut pas faire plus pour ce bobo-là.

Sharon le fusilla du regard en laissant son pantalon tomber le long de sa jambe qu'elle étendit sous le bureau. Flynn lui lança un sourire radieux et narquois.

— Occupons-nous plutôt de celle-ci, dit-il en pointant sa tempe du doigt.

Elle le laissa retirer la compresse qu'elle avait maintenue jusque-là et Flynn siffla doucement.

— Ce n'est pas si terrible, souffla Sharon. L'arcade sourcilière saigne juste très facilement.

— Hm, marmonna le lieutenant, tout de même.

Il jeta la compresse pour en prendre une autre qu'il imbiba à nouveau de désinfectant, puis il se mit à nettoyer doucement la coupure. Une fois propre, elle ne s'avéra pas si importante. Flynn posa un pansement et lui tendis une petite serviette pour qu'elle puisse nettoyer son visage ensanglantée.

— Merci, lieutenant, dit Sharon avec un petit sourire, effaçant les dernières traces de sang – Leonard Sean lui devait une nouvelle chemise.

— Pas de soucis, répondit-il en s'enfonçant dans son fauteuil. Désolé de ne rien pouvoir faire pour cette lèvre, ajouta-t-il avec un rictus amusé.

Sharon ne retint pas un petit rire. Elle rangea la trousse et le miroir et se laissa tomber à son tour dans son fauteuil.

— Vous savez, vous nous avez fait un peu peur, Capitaine, avoua Flynn, coupant court au silence un peu embarrassé qui s'était installé.

— Hm…

Sharon ferma les yeux et laissa sa tête reposer contre le dossier. Migraine.

— Quoi, ce n'est pas parce que je passe la majeure partie de mon temps derrière un bureau que je ne sais pas me défendre, répliqua-t-elle avec un petit sourire.

— Eh biiiiiien… je crois qu'on a tous un peu négligé cette information.

— Je ne vais vous blâmer pour ça, répondit doucement Sharon. Je l'ai peut-être moi-même négligé.

— N'empêche, ajouta Flynn avec enthousiasme, c'était assez impressionnant. Je ne suis même pas sûr que Provenza aurait pu le maîtriser.

Sharon ouvrit les yeux et lui lança un regard amusé, les sourcils levés.

— Mmouais, peut-être pas le meilleur exemple, concéda le lieutenant. En parlant du loup…

Le Lieutenant Provenza entra dans le bureau avec un air content.

— Sanchez a attaché notre champion à une table, dit-il d'un ton réjoui. Même si on ne peut pas le coincer pour meurtre, on peut définitivement le mettre derrière les barreaux pour agression sur un agent !

— J'aurais préféré le coincer pour meurtre, marmonna Sharon en posant une main sur son front. J'imagine que nous n'avons plus qu'à attendre que Jack daigne nous ravir de sa présence.

Provenza marmonna quelque chose dans sa barbe et enfonça ses mains dans ses poches. Il se tortillait, mal à l'aise.

— Capitaine, hm… – il se racla la gorge – je suis désolé que vous ayez dû vivre ça et, hm, belle réaction.

Le Lieutenant évita le regard surpris mais heureux de Sharon. Ce jour n'était pas si mauvais, finalement.

— Ouah ! s'étonna Flynn en se levant. Un compliment, Louie ? Pour de vrai ? Vous devriez lui faire noter ça, Capitaine. Même moi je n'en entends jamais, alors…

— La ferme, Flynn, grogna Provenza.

Sharon fut tentée de rire mais se retint. Provenza tourna les talons et retourna à son bureau – pour hurler à Amy de rappeler le stupide avocat de l'autre abruti.

— Vous devriez rentrer chez vous, Capitaine, dit Flynn en tournant la tête vers elle.

— Oh non, c'est hors de question, répondit-elle – et ce fut à son tour de peindre un sourire narquois sur ses lèvres. Je ne pars pas d'ici tant que Jack n'est pas arrivé.

Flynn lui rendit son sourire.

— Reposez-vous un peu, dans ce cas, dit-il en haussant vaguement les épaules. Je vais demander à Buzz d'aller nous chercher un café. Je crois que nous en avons tous besoin, vous le plus.

Il s'apprêta à quitter la pièce mais Sharon l'arrêta.

— Andy, merci, vraiment, dit-elle simplement.

— Bahhh – et il essuya ses remerciements d'un geste évasif de la main avant de quitter son bureau.

Durant les quelques heures qui suivirent, Sharon s'endormie sur son siège, épuisée, jusqu'à ce que Julio ne la réveille il lui rendit ses lunettes, remplit à nouveau sa tasse de café et déposa un sachet de viennoiseries. Il la prévint également que le stupide avocat de l'autre abruti était en route. Sharon le remercia chaleureusement. La migraine était en stand-by depuis qu'elle avait avalé un cachet et manger ne lui ferait pas de mal. Andy finit par retourner s'asseoir en face d'elle, visiblement inquiet de son état – s'était à la fois irritant et gentil de sa part – et ils discutèrent calmement cela lui fit un peu oublier la douleur.

Finalement, sur les coups de sept heures du matin, Sharon vit Jack arriver comme une fleur dans les bureaux. Il salua sa division à sa manière habituelle – qui consistait à les traiter poliment de perdants – et demanda à voir son client. Sharon resta encore un moment dans son bureau, attendant la petite explication de Provenza de son côté, Flynn s'était levé et avait passé la tête par l'entrebâillement de la porte. De vrais gamins, songea Sharon.

— Avant de te laisser voir ton client, Jack, disait Provenza, un sourire planant sur ses lèvres, il vaudrait mieux que je te mette au courant des dernières nouveautés.

— Je peux très bien m'entretenir de ça avec mon client, lança spontanément l'avocat en s'avançant déjà vers la salle d'interrogatoire.

— Ah non, vois-tu, nous avons de nouvelles charges pour ton client.

Sharon vit Jack lever les yeux au ciel. Cela promettait d'être divertissant.

— Comme quoi ? demanda-t-il avec ennui.

— Agression sur un agent du LAPD, pour commencer, répondit Provenza en haussant les épaules, l'air de rien.

— Si vos agents ne savent pas se contrôler, Lieutenant, je n'y peux rien, rétorqua Jack. C'est de l'autodéfense.

— Pas vraiment, intervint Julio en s'approchant un peu. C'est votre client qui a engagé l'attaque.

— L'agent avait dû le chercher.

Il les ignora et reprit sa route.

— C'est plus compliquer que ça, Jack, dit Flynn depuis la porte du bureau de Sharon.

Jack se stoppa et s'en prendre la peine de se retourner, dit :

— Très bien, sur qui a-t-il tapé ?

— Moi, Jack.

L'homme se retourna lentement. Sharon se tenait dans l'embrasure de la porte ouverte, les bras croisées sur sa poitrine. Si elle tenait debout, son équilibre n'était pas encore parfait, entre le coup reçu sur la tête et sa jambe abîmée – elle ne le montrerait pas, cependant. A côté d'elle, le Lieutenant Flynn s'était légèrement reculé et se tenait prêt à rattraper Sharon à tout moment. Si elle en avait conscience, elle le cachait très bien.

Sharon avait vécu beaucoup de choses avec Jack. Vraiment. Mais le voir ainsi bouche bée, incapable de répliquer quoique ce soit, s'était une première. Et s'en était presque jouissif. Jack ouvrit la bouche, la referma, serra sa mallette entre ses doigts, dénoua légèrement le nœud de sa cravate, ouvrit à nouveau la bouche pour la refermer aussitôt.

— Tu devrais aller voir ton client, Jack, dit finalement Sharon. Je crois qu'il t'attend avec impatience.

Elle lui sourit. Il voulut parler.

— Viens me voir quand tu es prêt à passer un accord, le coupa-t-elle sans lui laisser le temps de dire quoique ce soit. Je serais dans mon bureau.

Et elle retourna s'asseoir sans regarder en arrière. Flynn souriait comme s'il s'apprêtait à déballer ses cadeaux de Noël, Julio, Mike et Amy avaient un air victorieux, et Provenza lança un regard au bureau de Sharon, emplis d'amusement et – serait-ce possible ? –, il semblait presque fier d'elle. C'était journée n'était pas si mauvaise, finalement.