... Quoi ? AILIC ? Qu'est-ce que c'est ? Enfin voilà, j'ai une fin en tête depuis le début pour cette fic. Est-ce que je l'écrirais ? Sans doute jamais, mais bon. Me revoilà, en espérant que cela plaise. Bonne lecture ! (excusez les fautes, j'ai du en oublier quelques unes mais je suis trop fatiguée pour relire encore une fois.)


Une silhouette oubliée dans une peinture idyllique, une âme asphyxiée dans un corps pathétique. Un regard froissé, longeant un horizon vide, bleu, un air silencieux. Sauf pour les notes, les quelques perles de musique qui effleuraient son esprit sans même se faire entendre. Autour de ce petit corps fragile, elles engloutissaient l'espace. Toute personne qui aurait eu la soudaine envie de s'approcher de ce lieu les aurait trouvées ravissantes, d'une délicatesse pointue, une écœurante berceuse charmant les êtres creux. La mélodie s'éparpillait au loin, pourtant, pour elle, ce n'était qu'une faible cantilène, vague broutille de sons qu'elle se lassait de faire. Elle s'usait de les jouer par souvenir de sa chaleureuse étreinte dans le temps. Encore et encore. L'habitude, la solitude. Un apaisement fictif. Une âme brisée, vide d'autrefois. Intérieur de marbre blanc.

Dedans logeait un cœur seul, dur, peinant à battre, qui avait appris à ne jamais rien ressentir sauf un certain dégoût pour ce qu'était les êtres humains. Pas assez intéressants, sans intérêt et surtout vides de sens. Ils étaient idiots pour la plupart, parfois monstrueux et insoutenables, dénués de lucidité. Alors, elle se trouvait isolée, sans une pointe de regret. Enfin, c'est ce qu'elle se forçait à croire pour ne pas se lamenter sans cesse sur sa condition. Elle n'y aurait décelé aucun remède, juste une douleur supplémentaire en réalisant la vie qu'elle menait. Cependant, dans ce cocon exilé, elle périssait peu à peu. C'est pour ça qu'elle s'obstruait le regard, s'illusionnait d'une meilleure existence tant qu'elle n'était pas proche de ces ordures. Elle se disait heureuse d'être en son unique et exquise compagnie, toujours un mystérieux sourire aux lèvres, un visage angélique vêtu d'yeux invisibles qui cachaient la façade de son être. Personne ne l'approchait. Cause de rumeurs, de peur, parfois intimidé par la personne secrète qu'elle semblait. Elle était à part. Évitée. Elle était différente. Éreintée. Cela sonne presque comme les compliments que l'on utilise dans les romans pour rendre le personnage principal encore plus intriguant et répugnant qu'il ne l'était déjà. Dans son cas, c'était une malédiction. Elle avait l'impression d'être née dans le mauvais monde. Sur la mauvaise planète.

Elle ne comprenait personne, et personne ne la comprenait. On disait qu'elle haïssait les autres, à force de la voir dans son coin. Calme et absente, abîmée par l'existence de son propre esprit. Alors ils ne cherchaient même plus à la côtoyer, et finalement elle se renfermait encore un peu plus dans ce cachot aux sombres lueurs. Elle était celle qui était muette, un crayon à la main, esquissant les décors qu'elle rencontrait. Assise lors des pauses dans les jardins, courbant les feuilles sur le papier, le bruit brute de la mine gribouillant dans ses oreilles couvrant ceux des cris de ses camarades qui s'amusaient à quelques pas de sa cachette, brouhaha détestable. Peut-être envieuse. Mais elle était seule. Une âme déchue, qui cherchait un appui sur cette Terre. Confinée entre les murs de son être, elle se demandait souvent si un jour elle rencontrerait quelqu'un comme elle, s'accrochant à l'espoir que lorsque cela arriverait ça ne serait plus qu'une mais deux à se battre contre le monde.

La brise glacée d'une fin du mois de mars l'enlaçait doucement, valsant l'odeur de l'achèvement d'une pluie antérieure tout autour d'elle. Ses paupières closes, ses mains tremblant tandis que le souffle sonore de son instrument continuait d'ensevelir l'atmosphère aux coups d'archet qu'elle produisait, en haut de son estrade. Soudainement, un jacassement parasite déroba son unique moment de paix. Une voix rauque. Moqueuse. Du moins, elle le paraissait, laissant sous-entendre un léger sarcasme sous le compliment.

"Joli morceau, chaton."

Ses yeux s'ouvrirent aussitôt, ramenée sur le sol ferme de force, lacérant la personne qui venait de prononcer ces mots par ses yeux. Elle ne l'avait pas entendu arriver. Mains dans les poches de son uniforme, les épaules carrées, un air hautain, désintéressé, presque désinvolte, et un sourire mesquin sur le bout de ses lèvres. Il passa ses phalanges dans ses cheveux comme pour se recoiffer, debout devant elle à quelques mètres seulement. Oh, le fameux Tenoh Haruka.

Elle inspira en coupant son regard, profitant de l'absence de sa vue pour les lever au ciel, agacée par ce minois aguicheur.

"Toujours en train de flatter toutes les filles que tu croises à ce que je vois." Une voix claire mais étranglée, elle desserra rapidement sa main droite encore crispée sur le bois de l'instrument. La demoiselle éloigna délicatement le violon de son petit menton jusqu'à qu'il pointe vers le bas. Elle le fixa du haut des quelques marches qu'elle avait grimpées. D'ici, elle le prenait de haut, et ça aurait presque pu la faire rire.

Vêtu de vert et de rouge, tout comme elle, il semblait à un sapin de noël. Un teint halé et un sourire colgate, accompagné de quelques mèches rebelles couleur cendre se baladant sur son large front. Les lèvres étirées, il se croyait parfait. Invincible. Plus haut que tout le monde. Insupportable. Bien sûr que je flatte toutes les filles, elles sont toutes à mes pieds de toute façon. La voix intérieure de la jeune femme imita la sienne sans retenu dans le creux de sa tête. Certes, il était beau, et doué dans tous ce qu'il entreprenait, soit en quelque sorte tous les sports que lui avait proposés l'école, et toutes autres activités qui requiert de la force et de l'endurance. Mais il n'était qu'un stupide idiot lui aussi, avec un égocentrisme si excessif et abondant que la violoniste ne rêvait que de le remettre à sa place. Ou bien de l'égorger, mais elle n'était pas sûre que cela était la bonne décision. Il n'était pas bien fort intelligent, enfin du moins il ne le montrait pas car il passait toujours très peu de temps sur ses devoirs et examens, se suffisant d'un score médiocre. Cependant il était un de ses camarades, lui aussi fréquentant l'école Mugen, soit un des meilleurs lycées du pays : il ne devait donc pas être si bête que ça.

"A vrai dire," Il devint une seconde dubitatif. "je ne te pensais pas aussi douée de tes doigts, Michiru."

Michiru se figea, sa peau blafarde tournant à l'écarlate au niveau de ses pommettes bombées. On prononçait rarement son prénom, et de plus il n'avait même pas pris la peine d'utiliser une honorifique. Une surprise en soit et aussi un désagréable sentiment d'irrespect à ses yeux, mélangé à l'insinuation malsaine d'une phrase innocente qu'il savait très bien mal placée.

Ils ne se connaissaient pas vraiment, Haruka et elle. Ils se croisaient dans les couloirs, et quand ils se parlaient c'était souvent en piques. Haruka était du genre à draguer toutes les jolies têtes qu'il voyait, et Michiru, elle, détestait qu'il la prenne pour une autre groupie ou quoique ce soit d'autre qu'il pensait qu'elle était. Il se croyait si fort d'ailleurs qu'elle était certaine qu'il souhaitait simplement montrer à tout le monde que LUI pourrait rentrer dans le cercle privé de Michiru et de tout ce qu'elle y cachait. Quel audace... Ridicule.

"Quoique, j'ai entendu dire que tu peignais aussi très bien. J'aimerais beaucoup voir ça." Il lâcha fermement. Il ne se semblait pas vraiment intéressé par son art, mais plus intrigué par les sois-disant talents qu'on lui attribuait. Une autre insulte que de douter de son savoir-faire et de ses œuvres. La jeune fille aux cheveux océan bouillonnait encore plus, la pointe de ses doigts lui brûlant si férocement qu'elle peinait à garder une tenue correcte. Cependant, aux abords, elle semblait presque complètement calme.

N'importe quelle autre personne aurait été flattée de sa présence. La plupart le trouve drôle, intéressant. Pas qu'il soit réellement populaire, mais il reste une personne assez appréciée, surtout par la gante féminine, et parfois même par certains garçons doutant de leur propre sexualité. Haruka était quelqu'un de charmeur, très sociable et assez extraverti. Il s'intégrait assez facilement partout, et pourtant il était lui aussi solitaire. Il aimait traîner de droite à gauche, n'en faisant qu'à sa tête de toute façon. C'était une illusion, à discuter avec tout le monde, on pensait le connaître, mais il n'était qu'une coquille cachant une multitude de pensées. Il n'avait pas d'ami fixe, du moins pas au lycée, mais il était dit qu'il avait une vie très mouvementée en dehors de ses études. D'autres rumeurs laissaient supposer qu'il était une femme, d'autres un homme, mais Michiru était plus dans l'optique de la seconde. Premièrement à cause de sa grande carrure. Puis il était ambitieux, téméraire et aussi intrépide. Comme le vent, fougueux et sans limite. Tête brûlée, et puis avec son côté coquet... Même si cela était injuste que de lui attribuer un genre pour des traits de caractère qui auraient pu très bien convenir aussi bien à un homme qu'à une femme. Néanmoins, cela était plus rare. Cependant, il avait des lignes assez douces, un visage peu marqué et des yeux d'une profondeur sans nom avec les cils qu'il possédait que parfois la lycéenne pouvait clairement voir d'où venait le doute.

"Mes oeuvres me sont toutes très personnelles. Je ne souhaite pas les montrer à qui que ce soit." Répliqua-t-elle en rangeant l'instrument dans son étui marin. La plupart de ses croquis étaient banals : on pouvait y observer des dessins de la nature, de silhouettes, parfois des bâtiments ou quelques paysages insipides, mais la plupart de ses peintures étaient sur un autre niveau. Chaque tableau était fait minutieusement pendant plusieurs journées voir semaines, rassemblant tout un tas de sentiments et surtout représentant les abysses provenant du fin fond de son imagination; de ses rêves et cauchemars. Une personne réellement intéressée par la beauté de l'art -et qui irait au musée régulièrement- aurait pu avoir la chance de discuter avec elle de quelques-uns de ses trésors. Mais Haruka ? Il était hors de question qu'il ai un aperçu, ou bien même un vulgaire coup d'œil de son travail.

Il s'approcha dangereusement d'elle, grimpant à son tour sur l'estrade devant une multitude de chaises vides, l'écho de sa voix flirtant avec le silence d'une bourrasque précipitée dans les arbres. "Quoi ? Tu as peur de me décevoir ? Tu ne devrais pas douter de toi chaton." Ses lèvres étaient à quelques centimètres de son visage, si près qu'elle aurait presque pu sentir son souffle. De son côté, il pouvait très facilement apprécier la couleur de ses yeux mais surtout la rage à l'intérieur qui brûla aussitôt tut.

"A t'entendre, j'ai plus l'impression que c'est toi qui doutes de moi. J'ai confiance en mes talents et je n'ai pas besoin de l'approbation de qui que ce soit pour que cela soit le cas, et encore moins de la tienne. Tenoh Haruka," L'appelant par son nom complet, embrasant sa langue. "si tu veux bien m'excuser j'ai d'autres choses bien plus intéressantes à faire que de bavarder avec toi." Alors qu'elle comptait s'en aller, elle rajouta. "Oh, et arrêtes de m'appeler chaton."

Michiru avait débité avec une telle rapidité qu'il était claire qu'elle était déjà à bout de nerfs. Si rapidement, c'était un record. Cependant, à part ce petit détail, rien ne laissait paraître sa colère fulminante. Elle avait été claire, nette, précise, presque courtoise, et elle était immobile, la tête relevée et les sourcils légèrement froncés. Rien d'alarmant, elle ne tremblait même plus. Aussitôt annoncé, la jeune violoniste se mit à marcher, esquivant Haruka et accélérant le pas en sautant les marches deux par deux pour s'en aller le plus vite possible. Le jeune ... Homme descendit à son tour, ralentissant au contraire le pas, un air étonné sur le visage, doublé d'un sourire agréablement surpris par le répondant de la jeune fille. Il n'avait pas prévu de la suivre, mais il monta la voix, pour être sûr de se faire entendre. "Alors je te trouverais un autre surnom, Michiru !"

... Sans honorifique. Encore.