Cette fic sera en deux chapitres seulement, et la suite arrive demain ;) L'histoire n'est pas slash, même si centré sur Merlin et Arthur. Joyeux Noël tout le monde!

C'est mon lit, merci beaucoup.

Même recroquevillé en une boule humaine serrée, Merlin ne semblait pas capable de s'arrêter de trembler. Il avait les yeux fermés et ses poings s'étaient crispés conte sa maigre couverture dans une tentative inconsciente -et vaine- d'augmenter un peu la chaleur de son lit, mais ça ne marchait pas du tout.

Néanmoins, il ne se réveillait pas.

Il avait fait frais la journée entière, voir franchement froid, le soir approchant, mais personne ne s'était attendu à ce que la nuit soit si glaciale.

Une faible lumière surgit de nulle part enveloppa soudain le corps de Merlin, et il se détendit légèrement.

De la chaleur. Il fait beaucoup trop froid ici, il faut de la chaleur.

La lumière glissa sous lui et le souleva. Ses yeux étaient toujours fermés et son souffle régulier lorsqu'il se mit à marcher, le plus naturellement du monde, guidé par sa magie. D'une manière ou d'une autre, elle lui évita de se cogner contre les quelques meubles de sa chambre, et il ouvrit son unique armoire à la recherche d'une couverture supplémentaire. Ses mains ne rencontrèrent que quelques vêtements et son livre de magie.

Il fait beaucoup trop froid. Il faut aller autre part.

Il resta planté quelques instants immobile, sa magie prenant un bref instant de réflexion, avant de tourner les talons et de quitter sa chambre. Profondément endormi, il ferma la porte des appartement de Gaius et s'aventura dans le château désert et sombre. Il traversa la cour, prit avec aisance les escaliers de service, traversa un long couloir dans toute sa longueur et, une fois arrivée devant une large porte de bois, la poussa silencieusement.

La pièce dans laquelle il rentra était déjà plus chaude que le reste du château. Un feu finissait de mourir dans la cheminée et la large porte se referma dans son dos avec un bruit satisfaisant, coupant toute arrivée d'air froid.

Connaissant l'endroit par coeur, ses pieds n'hésitèrent pas une seconde, et il fila tout droit dans le lit immense pour se glisser sous ses fourrures et couvertures épaisses. Merlin soupira de plaisir à la sensation immédiate de chaleur. La lumière qui l'entourait disparut, et il se laissa fondre dans le nid douillet qu'il s'était trouvé. C'était parfait.

Une chose molle et chaude lui heurta soudain le visage. Merlin gigota, grogna, et la lumière réapparut, révélant un autre corps dans le lit. Le prince était profondément endormi, allongé sur le ventre, son bras ayant bougé dans son sommeil pour cogner nonchalamment le visage de son serviteur. Il demeura immobile, et un ronflemment léger lui échappa.

Laisse moi dormir.

Merlin grimaça et chassa la main de son visage dans un grognement de protestation, puis se détendit de nouveau. Arthur bougea, dérangé par Merlin, et changea plusieurs fois de sens avant de balancer de nouveau son bras sur le nouveau venu.

« Aucun moyen pour que j'achète cette vache », marmonna Merlin, « arrêtez de me frapper, crétin... »

Il essaye de chasser le bras d'Arthur une nouvelle fois, mais le Prince semblait s'être installé confortablement. Merlin ouvrit à peine les yeux, dorés et flou dans l'obscurité, grogna de plus belle et poussa le prince avec irritation.

« J'ai dis pas moyen, laissez moi! »

Obéissant à l'ordre, Arthur se dégagea tout de suite. Merlin ferma de nouveau les paupières, et n'entendit pas la porte se refermer lorsqu'Arthur sortit.

ooooo

Il était encore tôt lorsque le prince se réveilla. Bien trop tôt, s'il se fiait à l'état de fatigue dans lequel il était encore. Quelque chose l'avait réveillé, il ne savait pas quoi, mais il grommela avec humeur et garda ses yeux résolument clos quoiqu'il en soit, essayant de replonger dans le sommeil. Ca devait être à cause du froid, songea t'il, sentant un courant d'air glacé. Merlin avait du laisser une fenêtre ouverte avant de partir, cet imbécile, et maintenant il faisait une température glaciale dans sa chambre. Il le reprocherait à Merlin. Plus tard, quand il serait réveillé pour de bon. Pour le moment, il voulait juste un peu de sommeil en plus, si son lit voulait bien redevenir un peu moins dur.

« Bon sang! » Il jura sans ouvrir les yeux, donnant un coup à son oreiller pour tenter de le rentre plus confortable.

Qu'est ce que c'était que cette chose, d'ailleurs? Ce n'était pas son oreiller, c'était juste un... un truc. Ca ne sentait pas mauvais mais ce n'était ni duveteux, ni agréable, et ce n'était de toute évidence pas son oreiller. Et bon sang, il faisait froid!

« Qu'est ce que c'est que ça...? » Il grogna, se décidant à ouvrir les yeux pour rechercher son vrai oreiller, celui qui était immense et moelleux.

Il n'était nulle part, et les sourcils d'Arthur se froncèrent de plus en plus tandis que son esprit se réveillait lentement. Scrutant autour de lui, il réalisa avec horreur qu'il n'était de toute évidence pas dans sa chambre.

C'était une chambre minuscule, mal rangée, avec un carreau de fenêtre cassé et un tas de vêtements, de petits marteaux et autres fouillis un peu partout autour de lui. Se sentant un peu perdu, Arthur se força à se remémorer le soirée précédente, tentant de trouver une explication logique quant à sa présence dans la chambre de Merlin. Il devait juste se concentrer un petit peu, parce qu'il était quasiment certain de s'être endormi dans son propre lit la veille, pas dans celui de Merlin, qu'il n'avait pas bu et n'avait, à sa connaissance, jamais été somnambule.

Non, la veille, ils avaient été en chasse, ils étaient revenus, lui avait diner avec son père et Morgana, ils avaient parlé de l'organisation des festivités de Noël pour le lendemain, après quoi il était revenu dans sa chambre, où Merlin l'avait aidé à prendre un bain avant de partir. Puis il s'était couché.

Dans son propre lit. Rien qui n'implique la chambre de Merlin à un moment ou un autre de son récapitulatif, donc: qu'est ce qu'il fichait là?

Priorités, intima le soldat en lui. Premièrement, il était toujours gelé, tremblant maintenant, et avait besoin de trouver quelque chose de plus chaud que la simple chemise qu'il portait à l'heure actuelle.

Poussant la couverture de côté, il se leva, résista virilement à l'envie de retourner directement dans le lit lorsque ses pieds nus touchèrent le sol glacé, et saisit la veste de Merlin, pendu proche de lui. Elle était trop étroite pour lui, mais c'était mieux que rien.

Maintenant deuxième point, toujours aussi problématique : qu'est ce qu'il faisait ici?

Et bien sûr Merlin n'était pas là pour lui expliquer quoique ce soit. Où était-il, d'ailleurs? On était au beau milieu de la nuit, il aurait dû être dans sa chambre, pas à vagabonder Dieu sait où!

Arthur resta un instant hésitant dans la chambre de son serviteur, se demandant quoi faire. Il n'était pas habitué à être là, dans les appartements de Merlin (ou dans le placard à balai de Merlin, pour utiliser un terme plus juste), et même si théoriquement l'endroit lui appartenait plus ou moins, comme tout le reste du château, il se sentait légèrement mal à l'aise. Comme si Gaius ou son apprenti allait débouler à n'importe quelle seconde pour lui demander une explication sur sa présence ici, qu'Arthur serait complètement incapable de donner.

Mais c'était son château, il était prince, il avait tout les droits d'être où il voulait quand il le voulait! Bien.

Il était sur le point de pousser la porte lorsque ses yeux accrochèrent son nom. Il tourna la tête et vérifia, immédiatement curieux. 'Arthur' était gravé sur une petit boite en bois posée sur la table, juste à côté d'un vieux livre immense et pourri. Il haussa les sourcils, prit la boîte et l'ouvrit sans un instant d'hésitation.

Un petit canif reposait à l'intérieur. Il n'avait strictement rien à voir avec la collection de poignards d'Arthur, étant de toute évidence beaucoup moins travaillé, mais possédait malgré tout un certain charme que le prince n'aurait pas pu expliquer.

Les armes de poings étaient assez chers, cependant, et Arthur n'était pas sûr combien celui ci avait pu coûter à Merlin. Une bonne partie de sa paye, sans doute. C'était un achat stupide, même si pour une raison ou pour une autre Arthur avait du mal à arrêter de fixer l'objet, glissant un doigt le long de la lame pour en tester l'aiguisement.

Ses pieds commençant à perdre toute notion de sensation à cause du froid le forcèrent néanmoins à s'arracher à son examen, et il empocha l'objet. Il le rendrait à Merlin le lendemain.

Arthur poussa la porte de la chambre et jeta un coup d'oeil là où Gaius dormait. Tout était encore sombre, et il pouvait entendre les ronflements légers du médecin de la cour. Il hésita, mais décida assez rapidement de ne pas le réveiller. Il ne savait pas trop ce qui s'était passé, mais il lui apparut qu'être trouvé dans la chambre de son serviteur au milieu de la nuit ne serait pas forcément une bonne idée. Il se faufila dans la pièce principale sans un bruit et la traversa, aussi silencieusement que s'il eut s'agit de la cave d'un monstre. Il était obligé de se conduire comme un gamin coupable, songea t'il avec mauvaise humeur, c'était ridicule. Ce qui ne l'empêcha pas de marcher sur la pointe des pieds jusqu'à être dehors et de refermer la porte derrière lui avec mille précautions.

Relâchant sa respiration, il s'éloigna ensuite rapidement et descendit en direction de la cour. Ses pieds nus étaient au supplice, et il courut, toute dignité mise de côté, jusqu'à ses appartements, sans croiser personne d'autre que les soldats faisant leur garde.

Tout ce qu'il voulait à l'instant présent était son lit, son énorme oreiller moelleux, ses couvertures et son feu de cheminé.

Enfin arrivé devant sa porte, il la poussa et rentra dans la pièce sombre et tiède. Bien. Maintenant il allait profiter du reste de la nuit pour prendre le repos qu'il méritait, et attendrait jusqu'au lendemain pour se soucier de ce qui s'était passé, au juste.

Il se débarrassa de la veste de Merlin et, étouffant un bâillement, se glissa avec contentement dans son lit.

Il y avait quelqu'un dans son lit.

Bondissant, Arthur chercha aussitôt son épée alors que l'intrus se réveillait.

« Quelle heure est-il...? C'est déjà le matin? » Demanda une voix endormie et confuse.

« Montrez-vous! » Ordonna Arthur, ayant trouvé son arme et la brandissant.

« Arthur? »

Les sourcils d'Arthur disparurent sous sa frange.

« Merlin? »

Qu'est ce que Merlin faisait dans son lit?

Non seulement lui-même s'était réveiller dans la chambre de son serviteur, mais son serviteur semblait visiblement s'être installé dans son lit. Qu'est ce que c'était que ce foutoir?

« Arthur qu'est ce qui se passe...? » Demanda Merlin, à qui la situation semblait échapper.

« J'allais te poser exactement la même question, Merlin. Qu'est ce que tu fais ici? »

« De toute évidence, j'étais en train de dormir, jusqu'à ce que vous me réveillez. Mais ne vous embêtez pas avec des excuses, vous savez que je n'ai pas tant que ça besoin de sommeil. »

« Merlin c'est ma chambre! »

Le serviteur resta silencieux quelques secondes, choqué ou incapable de comprendre le sens des mots d'Arthur.

« Quoi...? »

Arthur soupira et poussa le rideau de sa fenêtre, laissant passer la lumière blanche de la lune. Assis dans son lit, les cheveux en désordre, Merlin cligna des yeux et regarda autour de lui. Sa bouche s'ouvrit sans qu'aucun son n'en sorte, son visage épouvanté, et il trébucha aussitôt hors du lit.

« Je – Je suis désolé. Je ne sais pas ce que je fais ici, j'ai du... J'ai du être somnambule ou quelque chose, je ne sais pas, je suis désolé, Sir! »

« Et bien la prochaine fois que tu fais du somnambulisme, va donc autre part, » grommela Arthur, pas beaucoup plus à l'aise.

Merlin hocha la tête, rouge d'embarras.

« Retourne te coucher, Merlin. Tu devras être reposé pour demain. »

« Oui, bien sûr. Bonne nuit, Sir. »

Le prince attendit que son serviteur soit sorti et reposa son épée, avant de ramper de nouveau dans son lit. Il était encore chaud, et Arthur sentit la fatigue se rabattre sur lui à l'instant même où sa joue se reposa sur son oreiller. Il ferma les yeux. Il aurait pu ronronner s'il en avait été physiquement capable, et si ça n'eut pas été totalement inapproprié venant d'un chevalier. Son lit était un paradis, rien de moins.

Merlin devrait réparer sa fenêtre, il songea, déjà à moitié endormi. Il faisait beaucoup trop froid dans la chambre de son serviteur, il finirait malade.

Arthur sourit, profitant de son lit, avant de se rendormir.

ooooo

Merlin revint silencieusement dans sa chambre, prenant soin de ne pas réveiller son mentor lorsqu'il referma sa porte derrière lui. Il plongea ensuite directement sous son unique couverture, claquant déjà des dents, et la resserra sur lui. Seulement alors s'autorisa t-il à relâcher la pression.

Quel imbécile! Qu'est ce qui clochait chez lui? Il n'était même pas sûr de ce qui s'était passé! Il s'était endormi dans son lit, ça, il le savait, mais alors pourquoi diable s'était-il retrouvé...?

Le visage de Merlin fit quelque chose de compliqué.

Il se souvenait avoir rêvasser avant de s'endormir pour de bon. Le froid, déjà mordant dans le château, était pire que tout dans sa chambre à cause de la fenêtre cassée depuis la veille. Il avait penser vaguement au confort des appartements d'Arthur, certes, avait rêvé de la sensation des fourrures, d'accord, mais à aucun moment il ne s'était mis en tête d'aller y dormir vraiment!

Merlin donna un coup à son oreiller d'un geste automatique avant d'y reposer la tête. Il n'était plus vraiment fatigué, surtout inquiet, à vrai dire. C'était la première fois depuis longtemps qu'il faisait de la magie dans son sommeil, et ça, ce n'était pas bon. Du tout.

Et bon sang, ce n'était pas possible que cette pièce soit aussi gelée! Il pourrait y avoir de la neige dans son lit qu'il était à peu prêt certain qu'il ne sentirait pas la différence!

« A... A... Atcha! »

Oh Seigneur... Génial.