Prête à tout

Prologue

Etre prête à tout. Une simple expression, et pourtant ...Combien de personnes peuvent se vanter d'avoir fait de cette expression, une partie de leur vie? Qui serait capable de franchir la limite entre raison et impulsion ? Faire abstraction de sa raison et laisser parler les pensées étouffantes de son cerveau ... Les pensées que nous redoutions de suivre. Les pensées qui nous laisse esclave de notre folie, esclave de notre désir. Mais surtout esclave d'une personne. Mais une fois que l'on redescend sur Terre, une fois que l'on revient à la raison ... Il ne nous reste plus rien. Nous ne sommes plus que l'ombre de nous-même, une coquille vide ayant vendue son âme au diable. Vendre son âme pour une personne qui aujourd'hui n'a qu'un seul désir ... Que vous quittez cette Académie et disparaissez de sa vie. Mais jamais, vous ne pourrez accéder à sa requête. Vous vous consumez dans votre angoisse et peur d'être séparée d'elle. La seule séparation qui marcherait ne peut pas être dite à voix haute mais c'est celle que vous avez décidé de choisir. Non pas par choix mais parce que vous êtes prête à tout pour que vous puissiez la laisser vivre sa propre vie, la laisser avancer telle qu'elle le souhaite : sans avoir peur de vous, sans avoir l'obligation de vous voir ... Parce que tout ce qu'elle souhaite c'est simplement oublier les évènements ... Et elle aussi est prête à tout pour cela. Alors Père, Mère, pardonnez-moi pour le mal que je vous ai fait, pour les espoirs que j'ai anéanti suite à ma folie. Mais il est mieux ainsi. Je resterais votre fille m'avez vous dit lors de votre dernière visite. Maintenant que vous connaissez toute la vérité, j'espère que vos propos ne changeront pas jusqu'à mon dernier souffle. Car malgré mes erreurs, vous avez toujours fait ce que je pouvais attendre de vous. Je vous remercie pour votre aide, votre soutien mais surtout pour votre amour. Je vous aime d'un amour profond et sincère, un amour certes différent de celui que j'associe à ma précieuse personne mais cet amour est tout aussi authentique.

Une jeune femme fixa son ordinateur, relisant le mail, elle cliqua sur un onglet et sélectionna l'option 'envoi différé'. Elle sourit légèrement lorsqu'elle valida sa demande. Elle éteignit son ordinateur et quitta la salle dans laquelle elle se trouvait. Elle rejoignit son appartement après plusieurs minutes de marche et s'installa confortablement dans son canapé. Elle fixa la nuit à travers la fenêtre.

- La remise des diplômes est pour demain. Après je serais libre de mes obligations, libre de faire ce que je désire.

Elle se leva et attrapa un objet se situant dans un tiroir. Elle le porta à ses lèvres et murmura doucement.

- J'espère juste que tu arrivera un jour à me pardonner pour ma folie ... Natsuki.

Fin du prologue


Chapitre 1

Une jeune femme fixait le ciel depuis plus d'une heure. Ce n'était pas réellement le ciel qu'elle fixait mais plutôt la lune en elle-même. Un jour de pleine lune. Cette lune qui avait, depuis plus d'un an, retrouvée sa couleur d'origine, sa solitude et surtout le sentiment qui lui était attribué : la plénitude. Un simple mot loin d'être anodin pour la jeune femme. Ce mot qui était à l'opposé de ce qu'elle ressentait. Dans ses plus jeunes années, elle se comparait souvent à la lune. Ou plutôt à une demi-lune : à moitié maître de ses sentiments, à moitié esclave de ceux-ci. Mais aujourd'hui, même un croissant de lune ne pouvait refléter ses sentiments. Pourquoi? Simplement parce qu'elle était vide ou tout au moins essayait de faire le vide complet dans son esprit. Les sentiments qui l'habitait n'était en rien ceux qui devaient être présent dans l'esprit d'une femme de dix-huit ans. Elle aurait dû ressentir la joie, l'apaisement ou au moins l'envie de vivre mais ce n'était pas le cas. Douleur, solitude et surtout culpabilité rongeaient chaque jour et chaque nuit la moindre parcelle de son corps. Elle ferma les yeux un instant essayant de chasser ses émotions mais en vain, ils représentaient ce qu'elle était. Elle sentit une chose douce sur ses épaules. Elle se retourna et vit une autre jeune femme à ses côtés.

- Il commence à faire un peu frais.

Ces paroles la ramenèrent plusieurs mois en arrière. Elle sentit son cœur s'alourdir mais essaya de garder son calme. Elle ne devait pas craquer. Pas encore une fois. Et surtout pas devant elle. Elle serra le bord de la couverture et murmura doucement, essayant sans doute de se convaincre elle-même.

- Je vais bien Mai.

Mai sourit tristement et souffla légèrement. Elle connaissait la vérité. Bien qu'elle avait essayé de laisser son amie se livrer par elle-même, ce jour n'était jamais arrivé. Bien au contraire, elle la voyait de plus en plus se refermer sur elle-même, devenir l'ombre de la jeune femme qu'elle avait appris à apprécier à sa juste valeur. Elle essaya encore une fois de résonner la jeune femme qui avait déjà reconcentré son regard vers le ciel.

- Natsuki ... Nous avons cours demain.

Natsuki ne répondit pas. Il n'y avait rien à dire là-dessus. Quelle importance d'aller en cours, de se construire un avenir. Son avenir était mort le jour même où elle avait entendu trois petits mots de la part d'une personne dont le visage ne lui revenait même plus en mémoire. Pourtant le jour, l'heure ainsi que le lieu, où avaient été prononcés ces mots, étaient encore inscrits dans sa mémoire. Elle revoyait la scène et sa vision devint trouble. Elle essuya les quelques larmes menaçant de couler et essaya de reprendre son ton rauque habituel.

- Tu peux aller dormir. Je vous rejoindrais Mikoto et toi, un peu plus tard.

Mai serra doucement la main de la jeune femme. Impuissante. Le seul mot qu'elle ressentait depuis plusieurs mois. Elle avait d'ailleurs cessé d'essayer de faire ou dire quelque chose. Les quelques larmes de Natsuki lui donna la force de murmurer les mots qu'elle aurait du lui dire depuis ce jour.

- Tu n'y es pour rien Natsuki ...

Natsuki se releva brusquement tout en faisant tomber la couverture à terre. Elle se dirigea elle-même vers le dortoir, les poings serrés. Bien sûr que si, elle y était pour quelque chose. Elle était la raison de cet acte. Une scène de son passé défila devant ses yeux lorsqu'elle ouvrit la porte du dortoir. Elle ne prit pas le temps de saluer Mikoto qui la regarda avec un air inquiet. Elle se plaça dans ses couvertures et ferma les yeux. Après plusieurs minutes, elle reconnut le son caractéristique de l'ouverture de la porte du dortoir et entendit un échange de quelques mots entre les deux jeunes femmes avec qui elle le partageait. Elle ne répondit pas à la salutation de Mai, feignant d'avoir enfin trouvé le sommeil. Au lieu de cela, elle attendit de distinguer de légers ronflements avant de se relever. Elle saisit sa veste et ressortit se placer là où elle était avant de se faire interrompre par son amie. Elle fixa de nouveau la lune tout en serrant un mouchoir dans sa main. Elle ferma les yeux et se remémora un souvenir. Un souvenir certes cher à son cœur mais tellement douloureux qu'elle ne put retenir davantage ses larmes.

Flash-back

- Un mouchoir ?

- Ara Natsuki n'est vraiment pas romantique ...

- Baka! Pourquoi je devrais l'être ... Et puis pourquoi tu me donnes ça hein! C'est même pas mon anniversaire. C'est moi qui devrais t'offrir quelque chose pour l'obtention de ton diplôme.

Natsuki sentit un léger baiser sur sa joue et distingua une émotion sombre dans le regard de son homologue.

- Je veux être toujours avec Natsuki. Ainsi avec ce présent, je serais toujours auprès de ma Natsuki.

- Shiz ...

- Même si Natsuki ne m'aime pas ... Natsuki doit accepter que mes sentiments à son égard sont bien réels.

- Ne dis pas ça.

- Que je t'aime ou que tu ne m'aimes pas ?

- Je ... Shizuru on peut parler d'autre chose?

Shizuru se contenta de hocher la tête et de murmurer doucement.

- Ne t'inquiète pas Natsuki ... Je ne te dérangerais plus avec mes sentiments inconvenants. Promet-moi juste de garder mon présent ... C'est important pour moi.

- Bien bien ... Ne sois pas si mélodramatique Shizuru ... Tu pars pour l'université mais tu restes ici à Fuuka alors on se verra ... Allez viens les autres nous attendent.

- Je dois régler quelques détails Natsuki. Salue les autres ex-Hime pour moi.

- Shizuru ...

- Elles ne m'ont pas pardonné. Aucune des Himes ne m'a pardonnée. Toi y compris ... Je suis un monstre après tout.

Natsuki se figea mais vit un voile de tristesse dans les yeux de son amie.

- Tu n'es pas ...

- Cela n'a plus d'importance Natsuki. Je dois y aller.

Shizuru s'avança vers Natsuki et la serra dans ses bras. Elle regarda sa précieuse personne et l'embrassa doucement sur les lèvres. Natsuki se contenta de fermer les yeux et sentit un mouvement de recul.

- Tu vois ? Je ne pense qu'à mes désirs et non aux tiens ... Je ne mérite pas une seconde chance dans ce monde.

- Shiz ...

- Promets-moi d'être heureuse et de te trouver une personne que tu aimes Natsuki ... Je serais heureuse de te savoir avec une personne qui t'es chère.

- Shizuru pourquoi ...

- Promets-le moi.

- Je promets. Mais ...

- Il est temps pour moi de te laisser Natsuki.

- On se voit ce soir?

Shizuru se retourna et sourit difficilement.

- N'oublie jamais que je t'aime Natsuki. Quoi qu'il arrive je suis la seule à avoir fait ce choix. Tu n'y es pour rien.

...

Une jeune femme se dirigea vers un appartement lorsqu'elle distingua plusieurs voitures de police et une ambulance. Elle se fraya un chemin mais se fit arrêter par un agent de police.

- Vous ne pouvez pas passer Mademoiselle.

- Mon amie habite ici ... Au numéro six.

Le jeune homme fixa Natsuki et posa une main sur l'épaule de Natsuki.

- Votre amie ?

- Oui Shizuru Fujino. Elle va bien ?

- Ecoutez-moi attentivement. Nous avons reçu un appel dans le secteur nous signalant une odeur forte et désagréable provenant de l'appartement de votre amie ... Nous avons pensé à du gaz mais ...

- Mais ? ... Que s'est-il passé?

- Il s'agissait d'une odeur plus caractéristique ... Du sang.

- Du sang mais ...

- Votre amie s'est ouverte les deux poignets en fin de matinée, début d'après-midi selon les estimations du légiste ... Vraisemblablement avec une arme blanche ... Je suis désolée pour votre perte.

- Légiste ?

- Votre amie s'est suicidée Mademoiselle. Nous sommes arrivés trop tard ... Elle était déjà morte.

Fin du flash-back.

Natsuki serra le mouchoir dans ses mains et fixa de nouveau le ciel.

- J'aurais du le comprendre ... Tout ceci est entièrement de ma faute.

Fin du chapitre 1