Disclaimer: Tout ce que vous reconnaissez appartient à J.K. Rowling. Le reste, c'est à moi!
S.V.P. faites des reviews! =)
ooOoo
PROLOGUE
12 septembre 1981
Dans le Daily Prophet, sa notice nécrologique était brève et peu évocatrice : Dorcas Meadowes, fille, sœur, tante, amie et conjointe adorée, morte à l'aube de ses 22 ans, assassinée dans l'exercice de ses fonctions par Vous-Savez-Qui lui-même. 3 décembre 1959 - 9 septembre 1981
Sirius pensa qu'il y avait bien plus à dire sur Dorcas Meadowes que ceci. D'une main rageuse, il froissa le journal qu'il lança dans le feu, des sanglots lui déchirant la poitrine. Lily déposa une main tremblante sur son épaule dans une tentative désespérée de réconfort, elle-même en proie à une douleur sans nom. James était silencieux, des larmes plein les yeux, le petit Harry endormi dans ses bras, inconscient du drame qui se jouait autour de lui.
Sirius avait raison. Dorcas méritait plus que ces quelques mots faiblards, il lui fallait son histoire à elle.
Voici donc l'histoire de Dorcas Meadowes, jeune Hufflepuff extraordinaire, marquée par le Destin et dont la vie avait été soufflée par Voldemort en personne.
ooOoo
CHAPITRE 1 - LA RETENUE
Hogwarts, 3e année, mai 1974.
La salle de classe de Métamorphose était plongée dans le silence à l'exception du grincement des plumes sur le parchemin. Le soleil de fin de journée perçait le vitrail et venait éclabousser de rouge, jaune et bleu les têtes penchées de certains élèves qui se trouvaient dans le triangle de lumière.
Depuis quelques minutes déjà, Sirius Black avait terminé l'examen et commençait à s'ennuyer ferme. Étouffant un bâillement, il jeta un coup d'œil du côté de James Potter qui fronçait les sourcils en lisant une question. Posant ses bras sur la table, Sirius y appuya le menton et se perdit dans le jeu de couleurs dans la chevelure de sa voisine assise devant lui. Dorcas Meadowes, c'était le nom de la jeune fille, avait elle aussi terminé l'examen et s'était mise à dessiner dans les marges en se triturant distraitement une mèche de cheveux.
« Pssst Meadowes! Pssst! »
Dorcas tentait d'ignorer Sirius, mais celui-ci ne semblait pas comprendre qu'elle ne voulait pas lui parler et continua de plus belle.
« Meadowes! Pssst! Tourne-toi, allez! »
Mais Dorcas restait obstinément tournée devant elle, chose que Sirius n'apprécia pas.
Il forma des petites boulettes de papier avec ses doigts et se mit en devoir de les faire pleuvoir sur elle avec sa baguette. Dorcas prit une profonde inspiration et enleva méthodiquement les morceaux de papier qui s'étaient pris dans ses cheveux, mais ne se détourna pas, au grand dam de Sirius. Sirius Black n'avait pas l'habitude de devoir travailler pour attirer l'attention d'une fille et ça le dérangeait.
« Tourne-toi Dorky! Psst! Allez! » Il passa sa plume derrière ses oreilles, pour seul résultat que Dorcas recouvrit ses oreilles de ses cheveux.
« Si c'était James, tu te retournerais hein? Dorcas aime James…ouhou! »
Levant sa main gauche au-dessus de son épaule, toujours sans retourner, Dorcas leva son majeur.
Assise à la table à gauche de lui, Lily Evans éclata de rire en voyant le geste que Dorcas venait de faire à Sirius, geste dont il ne comprenait pas le sens. Il regarda Lily, interrogateur.
« Elle vient de t'envoyer te faire foutre Black », expliqua Lily qui leva son pouce en guise de soutien à Dorcas qui venait de lui jeter un coup d'œil triomphant.
« Quoi? Mais c'est très rude ça Meadowes! » dit Sirius insulté. « Tu crois que c'est comme ça que James va s'intéresser à toi? » Il éclata de rire. « En fait, non, oublie ça, il ne s'intéressera jamais à toi Dorky! »
Pour Dorcas, c'en était trop. D'un geste brusque, elle se leva, faisant tomber sa chaise du même coup et se retourna enfin pour écraser son livre sur la tête de Sirius dans un fracas assourdissant.
« MLLE MEADOWES! » cria le professeur McGonagall. « Qu'est-ce qui vous prend? Quelle est cette façon d'agir? Dix points en moins pour Hufflepuff et une retenue pour vous ce samedi Mlle Meadowes. »
Sirius se tenait la tête en gémissant de douleur.
Se tournant vers lui, McGonagall lui demanda :
« Est-ce que ça va M. Black? »
« Oui professeur », répondit ce dernier avec un faible sourire.
« Parfait. Vous avez aussi une retenue M. Black et 5 points en moins pour Gryffindor. »
« Mais professeur! Meadowes m'a attaqué ce n'est pas juste! »
« Je suis certaine que vous avez tout fait pour pousser à bout Mlle Meadowes, M. Black. Samedi soir, 20h, à mon bureau. »
Elle lança un regard pointu à Sirius et à Dorcas : « Tous les deux. Ensemble. »
Le samedi suivant, durant la journée, des filles de sa maison, de Gryffindor et de Ravenclaw (qu'elle ne connaissait que de vue) étaient venues la voir pour lui dire à quel point elles la trouvaient chanceuse.
« Sirius Black! » soupira l'une d'entre elles. « Il paraît qu'il ne s'intéresse pas souvent à des filles. Qu'il est trèèèèèèès sélectif! »
« Il est si mystérieux… » dit une autre.
« …avec son petit air rebelle… »
« …ses cheveux longs… »
« Et avez-vous vu son tattoo? » ajouta une autre.
« Il a un tattoo? Ohhhh! »
« Il paraît que c'est un Gryffindor… »
Les filles soupirèrent en chœur. Dorcas doutait fort que Sirius Black ait un tattoo, mais elle s'abstint de tout commentaire.
« Tu vas passer la soirée avec lui! Chanceuse! » ajouta Megan qui était avec elle chez les Hufflepuff, mais en 4e année.
Elles soupirèrent. Encore. Dorcas eut un haut-le-cœur mental. Comment pouvaient-elles croire qu'elle était chanceuse de passer la soirée en retenue avec le gars qui rendait sa vie misérable depuis l'automne dernier?
« Vous êtes folles! » rétorqua Dorcas en virant les talons pour s'éloigner d'elles le plus vite qu'elle pouvait. Elle alla retrouver ses amies Lily Evans, Joan Smith et Zephira Waters avec qui elle avait rendez-vous près du Lac Noir.
En accélérant le pas pour les rejoindre, elle accorda une pensée aux filles qu'elle venait de quitter.
« Par Merlin! Je ne peux pas croire que je suis du même sexe qu'elles! » pensa-t-elle.
Dorcas appréciait beaucoup les garçons, c'était d'ailleurs pour cette raison qu'elle se retrouvait en retenue avec Sirius Black, se rappela-t-elle avec amertume. Pourquoi avait-elle eu la mauvaise idée de déclarer son intérêt à James Potter l'automne dernier? Qu'est-ce qui lui était passé par la tête au fait?
Rien, justement. Elle trouvait James mignon et gentil et elle avait tout bonnement décidé de lui demander de l'accompagner lors d'un week-end à Hogsmeade. Dorcas avait raisonnablement confiance en elle pour être capable d'essuyer un refus – ce qui était arrivé cette fois-là – mais depuis Sirius, qui était le meilleur ami de James, agissait comme si c'était la chose la plus ridicule au monde qu'elle ait pu prétendre attirer l'attention de James Potter. Il saisissait chaque occasion qui se présentait à lui pour se moquer d'elle et Dorcas avait fait de son mieux pour l'ignorer ces derniers mois, se disant qu'elle ne pouvait pas perdre son temps avec de tels enfantillages et qu'il finirait bien par se lasser, mais ce ne fût pas le cas. Cela faisait déjà six mois qu'il était sur son cas sans aucun espoir de le voir cesser ses agissements débiles.
Sans la consulter Lily, une de ses meilleures amies, avait décidé de parler à Sirius qui était dans la même maison qu'elle pour qu'il arrête, mais celui-ci avait balayé ses remontrances du revers de la main en disant qu'il ne savait pas de quoi elle parlait. Quand elle avait raconté ça à Dorcas, elle était encore rouge de colère et d'indignation. Celle-ci avait remercié Lily en lui disant qu'elle s'en occuperait elle-même. Elle n'avait juste pas encore trouvé comment…
Lily, Zephira et Joan étaient assises sur le bord du lac et jasaient avec animation à son arrivée. Elle leur raconta ce qui venait de se passer, sachant qu'elle trouverait des alliées dans ses amies. Celles-ci commentèrent avec force le comportement des filles que Dorcas avait croisées plus tôt, solidaires de leur amie.
« Je ne vois vraiment pas ce que les filles leur trouvent à ces deux-là », commenta Lily avec un dédain évident. Bien qu'étant dans la même maison qu'eux, elle ne se sentait aucune affinité envers eux. Sauf peut-être Remus qui était le plus gentil de tous et le plus raisonnable aussi.
Joan poussa une mèche de ses longs cheveux blonds frisés derrière une oreille, l'air nerveuse.
« Sirius est vraiment mignon et… »
Ses amies la regardèrent, horrifiées.
« Il n'est pas si méchant que ça! »
« Jo! » s'écria Zephira. « C'était le bon moment de te taire! Dorcas se fait harceler par lui depuis des mois. Tu ne peux pas dire un truc comme ça maintenant. »
Les joues de Joan devinrent tous rouges.
« Désolée Doe. Je n'ai pas réfléchi. » Elle avait la tête basse et Dorcas se sentit coupable d'avoir réagi ainsi au commentaire de son amie. Joan n'avait jamais caché son intérêt pour Sirius Black, même depuis qu'il s'acharnait sur elle-même.
« C'est correct Jo. » Elle regarda Lily et Zephira avant d'ajouter :
« Il est beau, c'est vrai, mais je dois avouer que j'ai un peu de difficulté à voir cet aspect de lui. »
Soulagée, Joan acquiesça et amena la conversation sur un autre sujet.
« Vous faites quoi ce soir Lily et Zef? »
Zephira dit qu'elle resterait probablement dans son dortoir à lire.
« J'ai promis à Sev de le rejoindre à la bibliothèque », dit Lily prudemment, sachant comment ses amies réagissaient à la mention de Severus. Cette fois-là ne fut pas différente des autres.
« Je ne comprends pas ton amitié pour Snivellus », dit Joan en exprimant tout haut la pensée de Zephira.
« C'est mon ami! » protesta Lily. « Il est drôle, intelligent et… »
« Lui et ses petits amis approuvent ce que Tu-Sais-Qui fait Lil. Tu ne peux pas l'oublier. »
Zephira et Joan partirent dans une diatribe contre Snape, évoquant tous ses défauts, même ceux qu'il ne possédait pas. Le visage de Lily commençait à chauffer et Dorcas, qui n'avait rien dit jusqu'alors, décida d'intervenir.
« Ça suffit! Lily a le droit de choisir qui elle veut pour ami. Si vous doutez de sa capacité à choisir ses amis, je vous rappelle que vous en faites partie. »
Son ton était sans appel. Joan et Zephira ne poussèrent pas le sujet plus loin, mais Dorcas et Lily pouvaient deviner qu'elles étaient froissées. À chaque fois qu'elle parlait de Severus, ça se terminait mal.
Quelques minutes plus tard, Zephira et Joan les quittèrent pour retourner à leur dortoir en prétextant un devoir non terminé.
Quand elles furent loin d'elles, Lily regarda Dorcas, l'air chagriné.
« Je sais que tu n'aimes pas Severus Do. Tu n'as pas besoin de faire semblant et de prendre ma défense. »
« Ce n'est pas ce que moi je pense ou je ressens qui est important Lil. C'est ce que toi tu penses et ressens. Severus est ton ami et je te supporte c'est tout. »
Lily lui serra la main affectueusement.
« Tu es une vraie bonne amie Do. »
Avec un clin d'œil, elle dit :
« Je sais! En plus, je dois ajouter que tu ne m'as jamais jugée d'avoir été intéressée brièvement à James Potter. »
Lily éclata de rire.
« Je crois que tu as eu maintes fois l'occasion de le regretter depuis! »
« Et comment! »
Elles profitèrent du reste de l'après-midi ensemble à rigoler puis rentrèrent bras-dessous bras-dessous lorsque vint le moment du repas du soir.
Le soir venu, Dorcas se rendit à sa retenue chez McGonagall en fulminant contre Sirius Black qui avait réussi à la pousser à bout. À vrai dire, elle n'était pas fière d'elle. Depuis que Sirius avait commencé à rire d'elle, Dorcas avait commencé à douter d'elle-même. Le regard qu'elle portait sur elle quand elle se voyait dans un miroir était plus critique. Ses grands yeux bruns qu'elle trouvait animés et vivants auparavant lui semblaient maintenant aussi peu expressifs que ceux d'une vache. Ses longs cheveux noirs ondulés lui apparaissaient sans vie, fades. Toutes les choses qu'elle appréciait chez elle avaient perdu de leur éclat. Elle se sentait grosse, dénuée d'intérêt, son nez était trop petit, elle avait trop de seins ou pas assez, selon les journées. Aucun vêtement ne lui allait bien et elle se disait que jamais aucun garçon ne s'intéresserait à elle. Elle se demandait d'ailleurs quelle folie l'avait prise de s'adresser à James Potter comme si elle avait une chance de l'intéresser.
Tout cela parce que Sirius Black avait entrepris de se moquer de son intérêt envers son meilleur ami. C'était injuste, inacceptable, mais Dorcas ne pouvait s'empêcher les sentiments qui l'habitaient depuis ce temps de l'affecter.
La porte du bureau du professeur McGonagall était entrouverte, mais Dorcas frappa tout de même avant d'entrer.
« Entrez. »McGonagall l'attendait, assise à son bureau, et l'accueillit en la fixant du regard par-dessus ses lunettes.
« Mlle Meadowes. Je vous remercie de votre ponctualité. »
Dorcas lui sourit, car malgré tout, elle aimait et respectait McGo – comme tout le monde l'appelait.
Debout devant son professeur, Dorcas attendit patiemment que cette dernière parle, mais comme elle restait muette, elle se décida à l'interroger.
« Quelle sera ma punition professeur? » lui demanda-t-elle en fouillant la pièce du regard à la recherche de ce qu'elle pourrait bien faire.
« Ne soyez pas si pressée Mlle Meadowes. Nous attendons M. Black. »
Comme si elle l'avait fait apparaître juste en disant son nom, Sirius surgit dans le cadre de porte, essoufflé et les cheveux ébouriffés par sa course dans les corridors.
« M. Black. Comme c'est gentil de vous joindre à nous enfin. »
Le regard sévère qu'elle porta sur lui le fit déglutir.
« Vous avez exactement 2 minutes de retard. Vous savez ce que cela veut dire? »
« Oui professeur. » Sirius jeta un regard en coin à Dorcas qui ne le regardait pas et semblait fascinée par quelque chose dans une des bibliothèques de McGo.
« Bien. Vous et Mlle Meadowes pourrez donc revenir les deux samedis suivants à la même heure. »
« QUOI?! » s'écria Dorcas. « Professeur! Ce n'est pas juste! J'étais à l'heure moi! »
« Mlle Meadowes », commença McGonagall. « Je comprends que vous n'êtes pas familière avec le concept de retenue, mais sachez que lorsque deux élèves agissent comme vous deux l'avez fait aujourd'hui », – elle jeta un regard appuyé à Sirius pour lui faire comprendre qu'elle n'était pas dupe et qu'elle était loin de le croire loin de tout blâme dans l'histoire –, « je m'attends à ce que vous travaillez en collaboration et que vous soyez solidaires l'un de l'autre. Peut-être n'en avez-vous pas conscience, mais ce n'est pas une époque pour de stupides rivalités. Il est primordial d'unir nos forces contre le mal qui sévit dans le monde des sorciers. Aujourd'hui, je m'attends de vous à ce que vous me faites un essai de 15 pouces en faveur de la collaboration et de la coopération entre maisons. Écrit de vos deux mains. »
Son ton était sans appel. Dorcas releva la tête fièrement, les yeux brillants de larmes contenues. Elle était punie injustement parce que Sirius avait fait d'elle son souffre-douleur. Elle pinça les lèvres pour s'empêcher de pleurer. Il ne serait pas dit qu'elle allait sortir de cette histoire la tête basse.
McGonagall les fit asseoir à un pupitre sur lequel trônaient deux plumes et des feuilles de parchemin puis, leur jetant un dernier regard, elle sortit et les laissa seuls dans la pièce.
Sirius tira la chaise de droite et y prit place, ses cheveux tombant devant ses yeux. Dorcas s'installa sur l'autre chaise, l'air très digne, mais avec zéro envie de lui parler. Après quelques minutes de silence, elle sentit qu'il l'observait subtilement.
N'en pouvant plus, elle se tourna vers lui.
« Pourquoi t'acharnes-tu sur moi comme ça? » explosa-t-elle avec passion. Toute la fureur qui l'habitait depuis des mois bouillonnait à la surface de son être, prête à se déverser sur Sirius.
Surpris, Sirius la regarda franchement, la bouche ouverte en une explication qui ne venait pas.
Il n'aurait su dire en vérité pourquoi. Il ne s'était jamais vraiment posé la question.
« Qu'est-ce que ça peut bien te faire que j'ai demandé à Potter de m'accompagner à Hogsmeade hein? »
Sirius haussa les épaules. Il se sentait bien idiot tout d'un coup, mais ne se sentait pas l'envie de s'excuser. Pas encore.
« Je ne te volerai pas ton petit ami, ne t'en fais pas! » lui dit-elle gracieusement mais avec un peu de mépris tout de même, car si ce qu'elle croyait était vrai, elle n'avait pas en subir les frais.
Sirius vira au rouge, insulté par son allusion.
« Quoi? Mais ce n'est pas ça du tout! »
« Ah non? Pourquoi alors tu te moques de moi depuis octobre Black hein? Je ne l'ai pas demandé en mariage que je sache! Il m'a dit non et pour moi c'était terminé, mais pas pour toi. Ce ne devait pas être la première fois qu'une fille s'intéresse à James non? Les filles vous tournent tout le temps autour! Pourquoi t'acharner sur moi? Qu'est-ce que je t'ai fait? Je suis si laide que ça? »
Pris de court, incapable de formuler une réponse cohérente, Sirius se mit à paniquer. Il ne s'était jamais arrêté au physique de Meadowes, mais en la regardant, il ne pouvait dire qu'il la trouvait laide, ni même ordinaire. Il se trouvait sur un terrain extrêmement glissant, peu habitué à être confronté à ses propres défaillances par des jeunes de son âge, encore moins une fille. Les filles voulaient attirer son attention, pas l'attaquer.
« Je suis un idiot Meadowes. Pardonne-moi », réussit-il à dire après quelques secondes à réfléchir intensément. « James est mon meilleur ami, presqu'un frère, et je t'ai vue comme une menace à notre amitié. Je ne sais pas pourquoi, c'est stupide, vraiment. »
Dorcas le regardait fixement, les bras croisés sur sa poitrine, l'air incertain.
« Tu…tu es une belle fille. Intelligente et articulée. » Voyant son expression incrédule, il se défendit : « Ce n'est pas moi qui le dis! Les autres… les autres gars le disent! »
Il ajouta après un moment de réflexion. « Je ne voulais pas qu'une fille vienne foutre le bordel chez les Maraudeurs ».
Il était sincère, mais Dorcas sentait que ce n'était pas tout.
« D'accord », dit-elle après un moment.
« D'accord? C'est tout? » Il avait le regard plein d'espoir. Subitement, le pardon de Dorcas Meadowes était la chose à laquelle il aspirait le plus.
« Non, bien sûr que ce n'est pas tout! Tu as vraiment agi comme un sale con Sirius Black! Sais-tu par quoi tu m'as fait passer ces derniers mois? En as-tu la moindre idée? » Elle criait, sortant toute la colère et la frustration qu'elle gardait en elle depuis octobre. « D'autres ont commencé à se moquer de moi parce que le sublime – elle dit ce mot en le crachant presque – Sirius Black le faisait! Je vis l'enfer à cause de toi! »
Non, il n'en avait pas la moindre idée. Il avait été stupide, idiot et n'avait pensé qu'à son propre intérêt. Il ne s'était pas rendu compte à quel point il avait pu la blesser.
« Je suis infiniment désolé. »
Elle pleurait désormais.
Il ne savait pas quoi lui dire d'autre. Ses larmes le déboussolaient totalement. Il était vraiment désolé, mais il se doutait bien que ça ne suffisait pas. Remus lui avait bien dit qu'il exagérait avec Dorcas, mais il ne l'avait pas écouté, croyant ses moqueries sans conséquence. Son impulsivité était parfois plus une ennemie qu'une amie, songea-t-il.
« C'est un grand manque de maturité de ta part Black », dit-elle brisant le silence qui menaçait de s'installer. « Si vous êtes vraiment amis, rien ne pourra vous séparer, surtout pas une fille! »
Elle fouillait dans sa cape pour trouver un mouchoir pour essuyer son nez qui menaçait de déborder. S'il fallait qu'elle morve devant lui en plus!
Il sortit un mouchoir en tissu de ses poches et lui tendit, l'air penaud. Dorcas le prit sans rien dire et tenta de s'éponger le nez le plus dignement possible.
« Tu as raison, je suis désolé Meadowes. Vraiment désolé. Vraiment vraiment vraiment vraiment désolé. » Il avait un air piteux et quand il regarda Dorcas, elle s'impatienta.
« Ne me fais pas ces yeux de chien battu! Ça ne marchera pas avec moi Black. »
« Tu me pardonnes? »
Elle était bien incapable de lui pardonner dans l'instant. La douleur et la colère qui s'étaient installées en elle depuis octobre étaient encore trop puissantes pour cela.
« Non. »
Il regrettait rarement ses gestes et ses paroles, mais quand il vit la souffrance dans les yeux de Dorcas, il souhaita pouvoir retourner dans le temps et s'empêcher de faire un idiot de lui et de causer tant de douleur.
« Je peux écrire l'essai pour nous deux si tu veux? » lui offrit-il, repentant.
Dorcas soupira et, prenant une profonde respiration, dit :
« Non. McGo nous a dit de le travailler ensemble et j'ai bien l'intention de le faire. Je crois bien d'ailleurs qu'elle savait ce qu'elle faisait quand elle nous a enfermés tous les deux ici. »
« Tu crois? » demanda Sirius en levant un sourcil interrogateur.
« J'en suis convaincue », dit Dorcas en empoignant une plume qu'elle trempa dans l'encrier posé devant eux.
De l'autre côté de la porte, Minerva McGonagall sourit de satisfaction. Elle s'éloigna, le sourire aux lèvres en se disant que ces deux élèves étaient sur la bonne voie. Elle se rappela avec regret que le Choixpeau avait hésité très longtemps avant de mettre Dorcas chez les Hufflepuff au lieu de Gryffindor. Elle aurait fait une bonne Gryffindor, pensa-t-elle en se rendant au bureau de Dumbledore.
ooOoo
En retournant à son dortoir ce soir-là, Dorcas sentait que le poids qu'elle avait sur les épaules depuis des mois commençait à partir. Dans la salle commune, elle décida de s'asseoir avec Josh, Meg et Cyril qui discutaient au coin du feu. Ils levèrent un regard surpris vers elle. Il y avait longtemps que Dorcas ne s'était assise avec eux. Ils l'accueillirent avec des sourires et Josh lui offrit un morceau de chocolatine qu'il avait dérobé quelques minutes plus tôt à la cuisine. Dorcas accepta avec joie et dégusta avec joie le pain au chocolat tout en discutant avec ses amis d'Hufflepuff.
Pour le Gryffindor, la soirée avait pris une différente tournure. Il avait honte de lui-même et, peu habitué à ce sentiment, ne savait pas trop quoi en penser. Quand il arriva dans la salle commune des Gryffindor, ses potes étaient déjà partis dans leur dortoir. Il monta les trouver, toujours aussi perturbé. Dès qu'il le vit, James sut que quelque chose n'allait pas avec son meilleur ami.
« Hé Sirius, qu'as-tu vieux? » Peter et Remus le regardaient maintenant, l'air curieux.
Il leur raconta la soirée qu'il avait passée avec Meadowes et ce qu'elle lui avait dit.
« C'est de la culpabilité que tu ressens », dit Remus en tentant tant bien que mal de ne pas avoir l'intonation de je-te-l'avais-bien-dit.
« Ça doit être nouveau pour toi », ajouta Peter.
« Nouveau? Je ne savais même pas que ce mot existait! » Ses copains éclatèrent de rire et il sentit la tension qui l'étreignait quelques secondes auparavant le quitter. James fit dériver la conversation vers un sujet moins lourd et lui dit qu'en son absence, ils avaient continué à travailler sur la carte des Maraudeurs. Sirius s'avança, prêt à découvrir les fruits de leur travail.
ooOoo
