Blabla de l'auteur : Bonjour chers lecteurs ! Voilà, je me mets à une nouvelle fic sur Hellsing, comme si je n'étais pas en plein concours blanc, nooon… Bref, c'est une fic spéciale alors je devais vous en parler un peu avant de vous lâcher dans la lecture de cette histoire.
C'est un UA sur Hellsing. Pas une schoolfic (patience, patience) pas un crossover avec Twilight, bref, un vrai UA. Tellement UA qu'Alucard n'est même pas un vampire. Je sais, vous allez crier au meurtre, à l'assassin, au viol, au vol… Mais ! Mais, mais, mais… Laissez-moi une chance. Vous aimez aimé mes OCs, laissez-vous tenter par mon UA. Je vous dis tout ça parce que moi non plus je ne suis pas très sûre de ce que je fais. Voilà le prologue, le premier chapitre est en cours d'écriture.
En fait, j'attend surtout vos reviews, vos avis, pour savoir si je continue ou pas, alors n'hésitez pas à me faire part de vos inquiétudes et de vos envies, je suis à votre écoute.
Rien ne m'appartient.
Merci d'avoir lu mon blabla, bonne lecture !
AO.
PROLOGUE : LondresParis.
«On dit adieu aux gens, pas aux lieux.» - Dune (Frank Herbert)
Integra regarda le soleil revenir sur le parc de sa propriété londonienne. Elle inspira un grand coup, ravalant les larmes, les gouttes de pluie et la rosée. Puis, elle se détourna de la fenêtre.
Le parquet protesta quand ses bottes le piétinèrent à nouveau, puis, le carrelage prit le relais, criant son arrivée à l'autre bout du manoir. Integra le quittait.
Tout essayait de la retenir, les murs qui attrapaient ses mains, courant sous ses doigts penseurs, les rideaux, s'accrochant à son épaule passante, les souvenirs... Les souvenirs...
Integra les revoyait tous. Ils jouaient devant ses yeux, l'aveuglant.
Deux enfants courant devant elle, menaçant de lui faire perdre l'équilibre. Alucard et elle, enfants.
I was five and you were six...
Quand tout allait encore bien, quand le seul souci qui traversait sa jeune vie était de ne pas se faire rattraper par le loup. Par Alucard. Après tout, est-ce que ça avait vraiment changé ?
Non, pas vraiment. Leur terrain de jeu était juste passé du manoir au monde entier.
La jeune femme soupira. Pourtant, elle n'avait pas eu une enfance facile. En termes génériques, on dirait : une mère qui n'avait jamais voulu ou pu voir sa fille, un père absent, même dans la mort, un oncle violent...
Une maison vide. Des murs, des tableaux, des tapis impersonnels et trop grands pour elle. Que comprend-t-on du vide quand on a douze ans ? Que comprend-t-on de la mort quand on a déjà du mal avec la vie ?
Integra suivit du regard les deux enfants.
- Touchée !
- Non, c'est pas vrai !
- Si ! C'est toi l'loup !
Jouer au loup avait toujours été leur jeu favori. Ils n'avaient jamais grandi.
- Miss ! Votre voiture est prête ! appela Walter.
L'illusion se dissout dans le vide, le néant. Après tout, ce manoir n'avait jamais été que du vide... La petite fille dans sa jupette d'écolière disparut en premier, puis vint le garçon avec ses cheveux dans la figure. Integra releva la tête.
Son majordome et père de substitution (le seul trop courageux pour ne pas rajouter du vide dans ce manoir) se tenait sur le pas de la porte, bien droit dans son costume réglementaire impeccable, les mains derrière le dos, son monocle posé sur son oeil. Il regardait la jeune femme pour ce qui semblait être la dernière fois.
Integra hocha la tête :
- Très bien. Je vais descendre.
Elle n'osa pas trop parler. Sa voix était trop incertaine. Une boule lui bloquait la gorge et ses glandes lacrymales étaient décidées à faire des siennes. Elle allait partir.
La jeune femme descendit un étage et se retrouva au rez de chaussée. Un adolescent passa devant elle. Elle le suivit des yeux. Il avait ses longs cheveux noirs dans sa figure et un sourire machiavélique. Il entra dans la cuisine où une jeune fille au visage envahis par des lunettes et l'intense concentration était en train de cuisiner. Il se pencha à son oreille avant de lui murmurer : «Bouh»
Elle sursauta, faisant sourire Integra. Toujours aussi cruche. Son visage devint d'un coup très rouge et elle tenta de faire comme si elle ne s'occupait pas de la cuisine, repoussant maladroitement la farine et la pâte.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- R-rien...
- Ah ? Dans la cuisine ?
Jouer au loup avait toujours été leur jeu favori. Ils grandissaient peu à peu. Ensemble.
- Miss, avez-vous encore quelque chose à rajouter dans la voiture ?
Integra quitta la cuisine, tournant le dos aux deux adolescents ridicules. Elle suivit Walter, enfonçant ses bottes dans le tapis du hall d'entrée. Son majordome l'attendait, là, sur le pas de la porte, la regardant avec inquiétude, les sourcils froncés sous son masque de bienséance. Masque qui n'était jamais tombé malgré leurs vingt ans de vie commune.
- Non, je pense que c'est bon, Walter, merci.
Sans un regard en arrière, la jeune femme passa aux côtés du majordome, tenant avec déférence son manteau sur son bras. Quand le Zéphyr d'une matinée pluvieuse anglaise vint caresser la peau de ses joues, elle frissonna, mais pas de froid. Walter préféra l'aider à mettre son manteau tout de même.
Un jeune homme vint à elle. Une jeune fille se tenait entre eux deux, son manteau sur ses épaules, ses clés en main, frissonnant dans le froid des nuits d'automnes londoniennes. Il souriait toujours. Avec ce sourire ravageur qui avait fait mouiller des dizaines de filles rien qu'à l'entente du nom d'Alucard.
- - Merci de m'avoir ramenée.
- Tu n'oublies rien ?
- Euhm, non, pourquoi ?
Ils jouaient toujours au loup. Ils faisaient semblant d'avoir grandi.
- La route est trempée, conduisez prudemment, miss, lui rappela Walter.
- Bien sûr.
Elle se retourna vers lui. Lui. Le manoir chauffé. La tentation de rester pour toujours chez soi. De tourner le dos à l'inconnu. De retirer son manteau et d'aller se rendormir dans son lit, dans son manoir. Dans cette bulle de vide. Elle résista.
Ils jouaient toujours au loup.
- Au revoir, Walter, fit-elle de la voix la plus nette qu'elle put.
- Revenez souvent, miss, lui répondit-il du tac au tac, comme toujours.
Les larmes se lisaient dans ses yeux. Ses ? Elle préférait ne pas y répondre.
Integra se tourna définitivement et descendit les marches du palier de l'imposant manoir. Ses bottes firent crier le gravier de douleur. Elle marcha jusqu'à la voiture et congédia le chauffeur qui venait de lui ouvrir la portière du conducteur. Elle conduisait. Elle maîtrisait sa voiture comme sa propre vie : avec une poigne de fer.
La jeune femme se retourna une dernière fois pour admirer la façade classique de son chez-elle. Home. Ses yeux tombèrent sur le mouchoir blanc que Walter tenait contre ses joues ridées pour ne pas avouer au ciel gris de Londres la peine qu'il partageait avec Integra. C'est toujours plus dur pour ceux qui restent derrière.
La jeune femme monta dans la voiture, s'attacha et fit vombrir le moteur de sa berline noire avant d'appuyer sur l'accélérateur. Les premiers kilomètres seraient les plus durs.
Le gravier crissa sous les roues de sa voiture, cette fois-ci.
Ils jouaient toujours au loup. Ils étaient juste censés avoir grandi.
La route défilait sous ses yeux alertes. Pour l'instant, le trafic était dégagé et aucun embouteillage n'était prévu pour la semaine. Integra avait tenu à partir tôt. La jeune femme se relaxa dans son siège et relâcha légèrement l'accélérateur, rétrogradant. Elle alluma sa radio et activa le mode CD pour écouter l'album Gray Oceans de Cocorosie en boucle. Le paysage défilait devant ses yeux : des manoirs dispersés comme des éclaircies, des bosquets épais, de grandes propriétés. Puis, un petit bourg, ancien cottage paysan rattaché aux châteaux forts des seigneurs anglais. Puis, la campagne à nouveau, les champs de blé à perte de vue, la longue route uniforme. Deux ou trois voitures. Les voix obsédantes de Cocorosie...
Une pancarte maladroite en carton transpercé de gouttes de pluie : Paris. Non. PARIS.
Integra freina brusquement et s'arrêta sur le bas côté juste avant la pancarte itinérante, mettant son clignotant. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait. Elle ne savait pas pourquoi elle faisait ça. Elle n'avait jamais vraiment été très sociable...
La pancarte fut abandonnée sur le bas côté, dans l'herbe trempée de larmes, de pluie et de rosée. L'instant d'après, une odeur de tabac froid envahit la cabine avant de sa voiture, en même temps qu'un jeune homme à peine plus âgé qu'elle. Il portait un simple sac à dos à peine rempli, un chapeau de cow-boy, une chemise ouverte, des rangers et un pantalon qui avait vu de meilleurs jours.
Il lui sourit. Pourquoi avait-elle fait ça ?
- Hey, jolie damoiselle, je suis bien tombé pour une fois... Je pourrais même vous payer le trajet avec mon corps si cela vous sied... Où m'emmenez-vous sur votre puissant destrier noir ? s'exclama le jeune homme, une cigarette éteinte à la bouche, un sourire charmeur au coin des lèvres.
- Paris, princesse.
Elle mit son clignotant et re-démarra, propulsant la voiture sur les routes à nouveau, direction Paris, laissant la pancarte en carton pourrir seule dans l'herbe mouillée.
Après quelques minutes de silence, le jeune homme sembla ne plus tenir en place :
- Et que va faire un brillant chevalier à Paris ?
- Enseigner.
- Enseigner ? Oh, j'ai envie de retourner à la fac, là ! Qu'enseigne-t-on ?
- Les lettres classiques. Vous avez un accent français, que faisiez-vous à Londres ? répliqua Integra.
- Manger des fishs and ships. Boire de la Guiness. Marcher çà et là.
- Pas de but précis ?
- Pourquoi en avoir ?
- ... Retour à Paris ?
- Une mignonnette m'y attend...
- Infidèle ?
- J'ai du mal à me fixer. Surtout quand on voit toutes les jeunes filles en fleurs que Dieu met sur mon chemin.
- Catholique en plus, fit Integra en levant les yeux au ciel. Le sexe est interdit avant le mariage...
- J'aime bien quand vous dîtes «sexe». Ça se voit que c'est pas naturel chez vous.
- Pourquoi ça le serait ?
- Le chevalier ne demande qu'un chaste baiser en retour de tous ses services ?
- Non, une cigarette.
- A vos ordres, mon sauveur.
Il saisit une autre cigarette de son paquet et la plaça entre ses lèvres avec sa cousine avant de l'allumer avec son zippo. Puis, il la lui plaça entre ses lèvres pour qu'elle ne se déconcentre pas. Elle tira dessus.
- Roulées. Les Français ont du goût, en fait, dut-elle admettre.
- Et les anglaises peuvent être coincées, dès fois, répliqua-t-il, en tirant sur sa propre cigarette. Trop fidèle peut-être ?
Integra ne put s'empêcher d'avoir un sourire à la fois amer et ironique.
- Oooh, ne dîtes rien, chevalier, je vois tout : vous êtes entièrement à un homme, l'homme de votre vie dans sa jolie redingote toute droite digne du Batman de Tim Burton qui est venu mander votre jolie main ferrée à votre père, ou votre amazone de mère. Après leur accord, il est reparti régler des affaires urgentes à Paris. Paris, autrement dit Sodome. Peu de temps après, un «inconnu qui vous veut du bien» vous envoie une lettre pour vous mettre en garde contre votre beau promis qui serait en train de mener une vie dissolue avec des filles de mauvaise vie à Paris. Folle d'inquiétude, de tristesse et de rage, vous enfilez un manteau, grimpez sur votre destrier et galopez à son secours depuis l'aube !
- Bien essayé, Madame de Staël, mais j'aurais eu du mal à faire toutes ces valises dans l'empressement.
- J'abandonne. Le romantisme ne marche pas avec les anglaises. Dîtes-moi.
- Je viens d'obtenir mon master. Je vais enseigner les lettres classiques à la Sorbonne, à Paris.
- Il n'y a pas de postes à Londres ?
- Si...
- Mais Paris...
- Je dois retrouver quelqu'un là-bas...
- Ah ! Je n'étais pas si loin de la vérité après tout !
Il jeta son mégot par la fenêtre et la dévora du regard. Elle était un peu mal à l'aise. Mais elle avait besoin de parler, de s'exprimer. De dire tout ce qu'elle n'avait jamais pu vraiment dire. Avouer à un inconnu ce qu'elle n'avait jamais pu s'avouer à elle-même. Elle entra dans le centre-ville de Londres.
- Il s'appelle Alucard et c'est mon ami d'enfance... On a grandi ensemble. Il a eu son master de littérature anglaise et il est parti. Je crois qu'il avait besoin d'une nouvelle vie, de nouveaux horizons. Enfin... Nous ne sommes pas véritablement ensemble.
- C'est une amourette de passage ?
- J'aimerai.
- Un long amour torturé digne de Goethe ?
- Tsk... Plutôt.
- Vous êtes du genre à courir après des chimères. Prof de langues mortes.
- Et vous ?
- Moi, je me contente de ce que je trouve.
- Bien sûr. C'est pour ça que vous arpentez l'Europe.
- Un point pour vous. Tenez, une autre cigarette.
Elle l'accepta.
- Ce n'était pas un reproche. Moi aussi j'erre direction Paris, déclara Integra.
- Paris, c'est l'endroit où vous tous les exilés.
- Alors, c'est parti pour Paris, murmura la jeune femme en appuyant sur l'accélérateur alors qu'ils quittaient la banlieue de Londres.
