Bonjour à toutes et à tous !

Il faut que je vous demande un service. Je sais que ce n'est pas commun de présenter un texte comme je vais le faire, mais vraiment, c'est important.

Comme vous l'avez peut-être remarqué, c'est la première histoire que je poste sur cette plateforme. Mais je vous en supplie, ne considérez pas cette fic comme étant ma première, tout court. J'écris depuis des années maintenant, que ce soit des fictions originales, ou des fanfictions ou d'autres histoires. Alors donnez une chance à ce texte et faites comme si j'avais une liste longue comme mon bras d'histoires répertoriées sur FFnet. Merci d'avance pour ceux qui feront cet "effort" ;)

Pour en revenir au sujet principal, j'espère que cette fic vous plaira. Elle est en trois chapitres, tous de cette longueur et déjà écrits. Si je ne vous oublie pas, je les posterai tous les jeudis (parce que le jeudi, c'est funky). N'hésitez surtout, SURTOUT pas à me dire si quelque chose vous perturbe ou ne vous plait pas (ou vous plait...). Si j'écris depuis longtemps, c'est la première fois que je m'essaye au Sterek. J'espère ne pas avoir été maladroite. Je me suis relue des DIZAINES de fois pour en être sûre, mais on sait jamais. Donc voilà, je vous invite vivement à me laisser vos avis.

Sur ce, je vous laisse à votre lecture, on se retrouve plus bas. Enjoy !


Te faire plaisir

Chapitre 1

« Dans quelques jours, il redeviendra le Derek Hale d'avant et tout le monde sera content. Sauf Derek évidemment, il est jamais content... »

- C'est vrai ça... Quand c'est la dernière fois que je l'ai vu content pour quelque chose... ? marmonna Stiles.

Au départ, ça n'avait été qu'une idée comme ça, qui avait fusé dans son esprit comme des centaines de milliers d'autres. Sauf que celle-ci attira son attention. Stiles se souvenait très bien de la fois où la meute avait retrouvé Derek dans son corps d'adolescent. Pour être exact, le changement n'avait pas été que physique : son esprit avait aussi rajeuni. Heureusement d'ailleurs. Stiles n'osait pas imaginer l'humeur du loup s'il avait eu toute sa tête dans cette enveloppe charnelle. Des flashs du moment où ils s'étaient retrouvés chez Scott et de la discussion avec le père McCall qui avait suivie lui revinrent en tête. Miguel avait alors fait son grand retour. Cette pensée le fit rire, jusqu'à ce qu'il se souvienne de sa rencontre avec le cuir de son volant, la toute première fois où Derek avait été présenté en tant que cousin de sa famille. Son rire s'étouffa dans sa gorge et instinctivement, il passa une main sur son visage, histoire de vérifier que tout était en place.

Le fameux « Tu sais très bien pourquoi j'ai fait ça ! » tournait encore dans sa tête quand leur adorable professeur de chimie, digne du feu Mr Harris, prit la parole sans pour autant récupérer l'attention de son élève. Parce que oui, il était maintenant de notoriété publique que Stiles n'avait jamais ce genre de grandes réflexions au moment où il aurait fallu qu'il les ait. En l'occurrence, au lycée, ce n'était pas une bonne idée.

- Stilinski, une remarque à partager avec le reste de la classe ?

L'adolescent ne l'avait donc pas entendu et non pas s'excuser comme tout bon étudiant l'aurait fait, il pivota sur sa chaise, contorsionnant son buste comme lui seul savait le faire sans tomber -ou presque-.

- Scott, c'est quand la dernière fois que t'as vu Derek content ?

Mal à l'aise, le sus-cité Scott ne répondit pas et tenta, à grand fort d'œillades peu discrètes, de faire comprendre à son meilleur ami qu'il ferait mieux de se retourner.

- Quoi ? lui répondit-il, fort peu élégamment.

- Ce que Mr McCall essaie de vous faire comprendre Mr Stilinski, c'est que vous avez tout intérêt à vous expliquer sur l'absence totale de rapport entre vos interrogations et le sujet de mon cours.

Emporté dans son élan, Stiles faillit répondre qu'il n'y en avait aucun mais que ses réflexions n'en étaient pas moins intéressantes. Par chance -voire par miracle quand on connaissait bien Stiles-, il réussit à retenir les mots avant qu'ils ne franchissent ses lèvres et les remplaça par d'autres, plus corrects.

- Désolé... Mais vous savez, de la chimie organique aux capacités émotionnelles d'un de mes potes... ? Scott, on peut dire que Derek est notre pote ou... ?

Devant l'absence de réponse, l'hyperactif chassa la question d'un geste de la main et poursuivit.

- Bref ! De la chimie orga à Derek, il n'y a qu'un pas !

- Mon sens moral m'oblige à vous signifier que la plupart d'entre nous ne connaissons pas de Derek et qu'en plus, nous ne travaillons pas sur la chimie organique mais sur la biochimie des végétaux. Je préfère cependant ne pas continuer cette discussion avec vous... Vous me désespérez Mr Stilinski. Comme rarement un élève a réussi à le faire jusqu'à présent.

Un immense sourire étira les lèvres de l'hyperactif avant que le sujet ne soit clos et que le cours reprenne là où il s'était arrêté. Pas perturbé pour trois sous, Stiles continua de chercher la dernière fois où il avait vu Derek heureux de quelque chose sans pour autant parvenir à mettre le doigt sur une situation précise. Il fallait dire qu'ils ne passaient pas non plus la totalité de leur temps ensemble, mais leurs activités de meute nécessitaient tout de même des rencontres fréquentes. Pour autant, Stiles n'avait pas le souvenir qu'au cours de l'une d'elle, le loup ait sourit ou, au moins, se soit détendu. L'avis d'une personne extérieure était donc primordial à ce moment de l'enquête. Oui, ce qui n'était qu'une simple réflexion avait acquis le nouveau statut d'enquête.

A peine la sonnerie de fin des cours avait-elle retenti que l'humain sauta sur ses pieds, à côté de la table de Scott, ses affaires encore sur sa table et son sac à moitié ouvert.

- Alors ? T'as réfléchi à ma question ? C'est quand la dernière fois que t'as vu Derek content ? Y'a bien la fois où on s'est retrouvé au poste de police pour cette histoire avec le Kanima, mais il faisait semblant. Très mal, mais semblant quand même. Tu l'aurais vu ce jour-là Scott, tout sourire devant cette policière. Je te jure que si on m'avait dit qu'un jour, Derek Hale sourirait comme ça, j'y aurai pas cru. J'y crois toujours pas d'ailleurs. Mais BREF ! Là n'est pas la question.

Agitant ses bras en l'air, Stiles recentra le sujet de leur conversation -de son monologue- pendant que son meilleur ami achevait de ranger ses affaires.

- Tu veux vraiment que je réponde à cette question ? On s'en fout tu sais...

- Non on s'en fout pas ! C'est important ! Imagine toi ne jamais être content, hormis le fait que ce soit triste, c'est... Scientifiquement improbable. Derek a forcément du éprouver un sentiment positif qui se rapprocherait de la joie ces dernières années.

- Peut-être quand il était avec Jennifer ?

Un frisson de dégout remonta le long de l'échine de Stiles et ses mains chassèrent les images et souvenirs liés à cette information.

- Connaissant le bougre, je suis même pas sûr. Mis à part le fait que j'ai pas envie de m'appesantir sur ces souvenirs, je suis sûr qu'il a éprouvé une culpabilité quelconque à l'encontre d'une quelconque personne... Ou même de lui, on sait pas. Ce mec est fou...

- Vous êtes deux... Marmonna l'alpha.

- Je t'ai très bien entendu Scott ! Je suis pas un loup, mais je suis pas sourd non plus !

Scott étouffa un rire puis tapota l'épaule de son frère.

- Aller, oublie. Puis au pire, c'est pas une nouvelle si Derek n'est pas le plus jovial de nous tous.

- Certes... Mais attends... Quelque chose m'interpelle... Tu connais le mot « jovial » ?

La fin de sa phrase avait été criée de loin, parce qu'en tant qu'humain courageux, Stiles avait pris ses jambes à son cou.

La fin de la journée se passa sans que l'hyperactif n'embête à nouveau son frère avec ses interrogations. Pour autant, elles n'avaient pas quitté son cerveau, si bien qu'arrivé chez lui, il monta directement dans sa chambre, balança son sac contre un mur quelconque -« Stiles, doucement avec tes affaires ! » « Oui papa ! »- et s'installa face à son ordinateur. Ses doigts parcoururent le clavier sans qu'ils n'enfoncent de touches. Ce geste l'aidait à réfléchir. Son esprit tourbillonnait pour tenter de trouver un souvenir concernant l'ancien alpha. Ou même une bride de souvenir. N'importe quoi qui lui prouverait que Derek pouvait encore éprouver des sentiments positifs. Mais il avait beau retourner tous les moments qu'ils avaient passés en présence l'un de l'autre, rien ne ressortait. C'était comme si sa vie n'était qu'une succession d'évènements neutres ou, pire, tristes. Cette constatation le fit soupirer. Il bascula la tête en arrière sur le dossier de son siège et croisa ses doigts sur ses yeux.

- C'est pas possible... marmonna-t-il dans sa barbe.

Il devait en avoir le cœur net. D'une main, il saisit son téléphone, manqua de tomber de sa chaise et commença à taper un message. « Derek ! Question ! Au cours des trois ou quatre dernières années, t'as déjà... » Alors qu'il cherchait comment formuler au mieux sa question, l'absurdité de la chose le frappa. Le problème de ce plan était que si le loup recevait un message aussi peu intéressant, à son sens, et surtout aussi indiscret que celui qu'il s'apprêtait à envoyer, à coup sûr qu'il viendrait toquer à la fenêtre de l'humain pour lui arracher la gorge à coup de dents.

Il fallait donc absolument qu'il trouve un autre moyen d'éclairer sa lanterne. Il devait savoir si scientifiquement parlant, c'était possible. Certes, Derek était un loup-garou de naissance, mais Peter aussi et Stiles se souvenait très clairement de moments de joie du loup. Ou au moins, de détente. Le jour où il lui avait fait croire qu'il vivait dans une tanière au fin fond de la forêt de Beacon Hills, le sourire narquois qu'il avait eu en le traitant d'imbécile avait été suffisamment clair pour qu'on comprenne son état d'esprit.

L'hyperactif se redressa sur sa chaise et alluma son ordinateur. Ses recherches lui prirent une bonne partie de la nuit. De ce fait, il était plus de deux heures du matin quand, victorieux, il s'écria :

- Je le savais !

Avant de plaquer une main sur sa bouche et de tendre l'oreille. Aucun bruit de soupir exaspéré ou de draps qu'on pousse du lit avant de se lever. Il n'avait donc pas réveillé son père.

- J'en étais sûr ! A part qu'il soit malade, Derek ne peut pas ne pas éprouver de joie !

Stiles s'empêcha d'attraper son portable et d'appeler Scott pour lui faire part de sa découverte. Au lieu de ça, il se contenta de se lever de son siège, non sans manquer de le faire basculer, et d'entamer une petite danse de la joie, comme cette fois où il s'était rendu compte que la barrière de sorbier avait fonctionné.

Ses yeux se posèrent ensuite sur son réveil. En théorie, il aurait fallu qu'il aille se coucher. Sauf qu'excité comme il l'était, c'était comme demander à Liam, une nuit de pleine lune, de rester assis sagement pendant qu'on lui pokerait l'épaule à l'infini. Impossible donc. Pour autant, il fallait bien qu'il tente de dormir quelques heures, histoire d'être opérationnel le lendemain. Peu sûr de ça, il fila rapidement sous la douche, s'habilla pour la nuit et se glissa sous les couvertures. Ses jambes n'arrêtaient pas de bouger, alors que lui-même se tournait et se retournait sans cesse. Maintenant qu'il savait qu'on ne pouvait pas ne pas éprouver de sentiments positifs, il fallait qu'il comprenne pourquoi Derek n'était jamais content et qu'il essaye de voir si c'était encore possible d'au moins lui décrocher un sourire sincère. Pour ce qui était du premier point, ça n'était pas bien difficile : entre l'incendie de la maison Hale, Paige, les nombreuses trahisons qu'il avait essuyées et les diverses merdouilles qui leur tombaient dessus depuis que Peter avait eu la bonne idée de ramener sa bouille à Beacon Hills, il y avait de quoi perdre le sourire. Mais à ce point ? C'est sur cette idée que les yeux de l'hyperactif finirent par se clore complètement et qu'il rejoint les bras de Morphée.

L'enquête reprit le lendemain, à la cafétéria du lycée. Devant lui, à la place de son plateau repas, Stiles avait ouvert un cahier dans lequel il comptait noter toutes les idées qu'il pouvait avoir sur le sujet.

- Tu ne comptes pas manger ? Demanda Lydia, un sourcil haussé.

- Pas faim.

Sa main s'agita en l'air comme pour balayer la question. L'humain n'avait pas envie de manger, il n'avait pas le temps pour ces futilités. Au pire, il grignoterait quelque chose dans l'après-midi. Non, pour l'heure, il devait coucher par écrit ce qu'il avait en tête. Certainement qu'il y verrait encore plus clair. Munis d'un stylo, ses doigts commencèrent à s'activer sur le papier. D'abord, il écrivit sa phrase fétiche : si un élément est un incident, deux une coïncidence, trois, c'est une constante. Disons que pour son premier élément, c'était les dernières années passées avec Derek sans que celui-ci ne montre le moindre signe de contentement. Il lui fallait donc deux autres manifestations de cet état de fait pour que Stiles classe l'affaire dans la case « constante » et qu'il puisse ensuite travailler sur une solution. Partant de là, il se donna deux semaines pour tenter de voir l'ancien alpha sourire. Si jamais ça n'arrivait pas -naturellement-, alors ça voudrait dire que sa vie était décidemment trop triste pour que l'humain la laisse ainsi. Parce qu'il était gentil Stiles, foncièrement gentil. Et peut-être un peu fou aussi. Mettons que tout ça s'avère effectivement être une constante, alors ça voudrait dire que l'hyperactif allait devoir mettre en place un stratagème pour faire sourire le loup. Qui savait comment allait-il réagir face aux idées loufoques que pouvait avoir l'humain ? Surtout quand on connaissait la subtilité dont il pouvait faire preuve. Mais les choses n'en étaient pas encore là.

Le week-end suivant, Stiles mit en place sa mission d'observation, qu'il appliqua dès le lundi. La journée de cours se passa sans qu'il ne puisse recueillir d'informations. Et pour cause, puisque Derek n'était plus au lycée depuis longtemps. Ce n'était donc que le soir-même, lors d'une soirée de meute, que les choses commencèrent sérieusement. Les yeux fixés sur l'ancien alpha, l'humain tentait de déceler le moindre changement dans son attitude. Il décortiquait chaque mouvement, suivait chacun de ses regards, détaillait tous ses haussements de sourcils. Mais bientôt, la réunion finit sans qu'aucun élément ne vienne faire évoluer l'affaire. Il ne perdit pour autant pas espoir et garda cette ligne de conduite les jours d'après. Durant la première semaine, la meute ne se retrouva que trois ou quatre fois, ce qui ne laissa que peu d'occasions à l'humain pour récolter des indices.

Cependant, les choses évoluèrent à l'aube de la seconde semaine. Alors que, comme à son habitude, il zieutait Derek de très près, celui-ci se retourna vers lui et soupira avant de lui poser une question. Enfin... Une « question ».

- Quoi ? grogna-t-il.

Papillonnant des yeux comme si on venait de le sortir d'un rêve éveillé, Stiles mit quelques secondes à trouver ses mots.

- Quoi « quoi » ?

- Ca fait des jours que tu me regardes. Et ça me gonfle. Arrête.

- Je te regarde pas !

- Si tu le fais.

Cette dernière phrase n'avait pas été prononcée par Derek, mais par Lydia. Bien sûr qu'elle avait repéré son manège. C'était d'ailleurs curieux qu'elle n'ait rien dit avant. Mais passons.

L'humain se retrouvait dans une position inconfortable. En effet, toute la meute avait ses yeux braqués sur lui si bien qu'il commença à paniquer. Ses bras s'agitèrent alors qu'il se levait de sa chaise et que sa voix montait d'un ton.

- Okaaaaay ! C'est parce que... Parce que...

Son regard tomba sur Scott, son meilleur ami, son frère et il se fit implorant. Pitié qu'il comprenne qu'il avait besoin d'aide.

- C'est parce qu'il trouve que Derek ne sour...

- Non !

D'une poussée sur ses jambes, l'humain se retrouva à plaquer son loup-garou d'ami contre le sol, une main sur sa bouche et l'autre posée sur l'arrière de sa tête, histoire d'être sûr que plus aucun mot ne sorte de là.

- Tais-toi... dit-il les dents serrées et la voix basse, même si tous les loup-garoux de la pièce l'avait surement entendu.

Du coin de l'œil, il vit les sourcils particulièrement froncés de Derek. Bien. Ca risquait de devenir encore plus compliqué que ce qu'il l'avait imaginé. Maintenant que l'ancien alpha se doutait de quelque chose -il n'avait aucune idée de quoi, et bien heureusement pour Stiles-, il risquait d'être sur ses gardes. Enfin, plus que d'habitude. Un long soupir s'échappa d'entre les lèvres de l'humain avant qu'il ne tente un salto arrière pour se sortir de cette situation.

- C'est parce que j'ai cru voir que t'avais un grain de beauté dans la nuque et comme j'en avais jamais vu sur toi, j'voulais en avoir le cœur net. Parce que ce serait quand même bizarre que t'aies des grains de beauté. Ça voudrait dire que même les loup-garoux de naissance peuvent en avoir, et que du coup, vous pourriez aussi avoir des cancers de la peau, mais c'est pas logique parce que vous pouvez pas tomber mala...

Derek grogna pour le faire taire puis se passa une main sur le visage avant de lui jeter un regard qui voulait clairement dire « Tais-toi. »

- Oui. D'accord. Okay. Je me tais. Ca va !

Un léger geste de la main -qui ressemblait d'ailleurs à un « coucou »- vint ponctuer sa phrase avant que l'adolescent ne se décide à fermer définitivement sa bouche. Dans quel pétrin s'était-il fourré encore... ?

Les jours qui suivirent passèrent sans que Stiles ne puisse continuer son enquête. Avec un Derek qui lui grognait dessus à chaque fois que son regard se posait sur lui, il était plus que dangereux de tenter de l'observer. Puis même sans ça, déjà qu'en temps normal, le loup n'était pas spécialement disposé à faire preuve de bonne humeur, là que la situation était ce qu'elle était, ce n'était même plus la peine d'espérer voir un sourire naitre sur son visage de grand méchant loup.

Le dimanche soir, cloitré dans sa chambre, l'hyperactif décida de compter cette dernière semaine comme étant son troisième élément. Au pire, étant donné qu'il devait laisser l'affaire se tasser avant de passer à la suite de son plan, il pourrait considérer ce temps-là comme des preuves supplémentaires que la vie de l'ancien alpha était dénuée de tout sentiment positif. Bien sûr qu'il devait attendre avant de poursuivre. D'une part parce qu'il n'avait pas la moindre idée de comment il allait faire pour remettre un peu de joie dans cette vie morose, mais surtout parce que n'importe quelle tentative risquait de se solder par un plaquage en règle contre toute surface verticale à portée. Il s'imaginait sans peine s'approcher de Derek avec une crêpe -par exemple- débordante de miel -re par exemple- et lui sortir un magnifique « Cadeau ! ». La scène le fit rire, alors qu'il voyait la dite crêpe tomber au sol, tandis que son dos heurterait un mur et que les crocs de l'ancien alpha le menacerait. « Qu'est-ce que tu me veux ? » lui demanderait-il alors et Stiles ne saurait pas quoi lui répondre. « Mettre de la bonne humeur dans ta vie » ? « Faire en sorte que tu arrêtes d'être aussi triste qu'un pauvre caillou perdu au milieu d'une pelouse verdoyante » ? Tout ça n'avait aucun sens.

Cette constatation le déprima et un instant, le doute le prit aux tripes. Pourquoi faisait-il tout ça ? Derek avait toujours été quelqu'un de triste et même pire que ça. C'était comme si lui-même avait fini par s'y faire, s'y résoudre. Qu'il en était carrément arrivé à repousser toute représentation du bonheur, toute envie de se sortir de cet état perpétuellement en colère, de peur d'être à nouveau déçu. Mais à bien y réfléchir, non, Derek n'avait pas toujours était comme ça.

Alors que l'humain bougeait un peu sur sa chaise de bureau pour la faire tourner sur elle-même, lui avec, le souvenir d'une conversation avec Peter lui revint en tête. Pour il ne savait plus quelle raison, Cora et lui étaient allés le voir histoire d'en apprendre un peu plus sur le passé du loup. Il leur avait raconté qu'avant la mort de Paige, c'était un gamin comme pouvait l'être Scott. Sportif, dragueur, un peu con sur les bords : un ado relativement normal en soi. Mais le décès de son premier amour avait été la porte ouverte à sa chute vers ces émotions si sombres qui, aujourd'hui, faisait partie de son quotidien.

- Quelle vie de merde...

Ces mots n'avaient été qu'un murmure, dans l'ombre et le silence de ce dimanche soir. C'était certainement la première fois que Stiles réfléchissait réellement à qui était Derek Hale. Jamais auparavant il n'avait eu l'occasion ou même l'idée de se pencher sur la question. Pourtant, maintenant qu'il mettait les faits les uns derrière les autres, il s'en voulait. Derek était un membre de la meute, comme les autres, et jamais personne n'avait cherché à mieux le comprendre, prenant pour acquis sa mauvaise humeur et sa colère. Un soupir s'échappa d'entre ses lèvres quand il réalisa l'ampleur de la tâche qui se profilait. Mais il réussirait. Ou du moins, il essaierait jusqu'à que toutes ses idées -autant dire que le pauvre loup n'était pas au bout de ses surprises- aient échoué. Non pas parce que le défi était intéressant, ou en tout cas, pas uniquement pour cette raison. Il le ferait aussi parce qu'une meute, on s'en occupe comme d'une grande famille. Il fallait se soutenir les uns les autres.

Ce ne fut que quelques semaines plus tard que l'ambiance redevint ce qu'elle avait toujours été. Derek avait arrêté de garder un œil sur Stiles et, de ce fait, de lui montrer les dents quand celui-ci avait le malheur de poser ses yeux sur lui une seconde de trop. Lydia semblait avoir laissé tomber toute cette histoire. On ne pouvait pas dire qu'elle avait oublié, vu qu'elle n'oubliait jamais rien. Jamais. Mais l'humain s'en contenterait. De toute façon, il savait qu'en cas de galère, il pourrait compter sur la Banshee pour lui filer un coup de main. Toutes ces années à l'aduler servaient enfin à quelque chose, même si la finalité n'était plus la même qu'à l'époque. Leur amitié était plus forte que jamais.

Scott quant à lui, semblait avoir mis l'idée de son frère dans la case « obsession passagère » et ne lui posait plus de questions, ni ne faisait de remarques. Très bien. Quant à Kira, Malia et les autres, qui n'avaient jamais été directement concerné par le sujet, ils avaient sans doute totalement oublié l'incident.

La dernière partie de son plan pouvait donc commencer. Mais avant de se lancer tête baissée dans l'aventure, il fallait absolument que Stiles mette en place une feuille de route. Sur ce coup, il n'avait pas cent six chances de réussir. Un seul faux pas et ses efforts risquaient d'être réduits à néant. Derek était comme devenu psychologiquement allergique à la joie -comprenez que lui seul se mettait des barrières- et si jamais il se rendait compte que l'hyperactif tentait d'en insuffler un peu dans sa vie, sans doute que plus jamais il ne le laisserait s'approcher de lui. La peur pouvait faire faire de drôles de trucs aux gens, surtout quand les gens en question avaient déjà des tendances à tout envoyer en l'air quand les choses n'allaient pas.

Il devait donc commencer de manière subtile. Lui tenir une porte si l'occasion se présentait, essayer de moins le faire sortir de ses gonds, de moins parler pour ne rien dire, lui glisser un petit, tout petit compliment de temps en temps. Ca risquait d'être difficile pour l'humain, surtout quand on savait à quel point la subtilité et lui ne faisaient pas bon ménage. Mais il devait s'y tenir.

La première occasion se présenta quand, lors d'une réunion de meute chez Scott, alors qu'ils faisaient une pause, Liam et l'alpha revinrent de la cuisine, les bras chargés de biscuits apéritifs et de boissons sucrées. Leur cargaison arriva in extremis jusqu'à la table et tout le monde commença à se servir. Avec une discrétion qu'il avait tenté de travailler, Stiles jeta un bref coup d'œil à Derek. Celui-ci semblait vouloir rester en retrait, comme à son habitude. En même temps, l'humain le voyait mal se servir un verre de Coca et enfourner une bonne poignée de chips dans sa bouche. C'était une attitude que lui aurait pu avoir, pas l'ancien alpha. Cette pensée le fit sourire, juste après que ses yeux aient quitté le loup -discrétion oblige-. Une idée vint alors chatouiller son esprit. Aussitôt, il se releva de sur sa chaise et, la bouche à moitié pleine de biscuits salés, l'hyperactif parla.

- Room service de la boisson ! Qui veut quoi ?

D'un geste maladroit et non sans en faire tomber quelques unes, il tenta de ramener à lui toutes les bouteilles, histoire que personne ne le double dans son service. Scott demanda un Coca, suivit aussitôt de Liam et Malia qui levèrent la main pour signifier qu'ils en voulaient aussi.

- Lydia, tu veux quoi ? demanda-t-il alors qu'il remplissait les trois verres devant lui.

- Sers-moi un verre de ça, s'il te plait. Lui répondit-elle, en désignant une bouteille d'un truc bizarrement rose pale.

Alors qu'il distribuait les commandes aux différentes personnes présentes, son regard se posa le plus naturellement possible -du moins, il l'espérait- sur Derek. Une pointe de stress s'installa dans son ventre, mais en tant que membre d'une meute depuis des années maintenant, il tacha de maitriser son rythme cardiaque.

- Et toi, tu veux boire quoi ?

- Rien.

La mâchoire de l'hyperactif se serra d'agacement mais il se reprit bien vite. En silence, il inspira profondément pour se calmer.

- Fais pas ton rabat-joie et dis moi ce que je te sers. Sinon, je te fais avaler un verre d'eau tiède. De grès ou de force.

Les loups présents dans la salle ne purent s'empêcher de pouffer de rire.

- Toi ? Tu comptes me forcer à faire quoique ce soit ?

Le sourcil de l'ancien alpha remonta haut sur son front, sans pour autant que son expression faciale ne se détende.

- Bien sûr ! Je sais pas vraiment comment je pourrais m'y prendre, mais je suis sûr qu'avec un peu d'inventivité... !

Devant le silence pesant qui suivit le haussement d'épaule de Derek, Stiles lança ses bras en l'air, piétina le sol avant de soupirer lourdement. Aussi peu de bonne volonté, ça faisait presque peur. Il prit alors l'initiative de remplir un verre d'une boisson neutre, que 99% de la population aimaient -à savoir du Coca- et le lui tendit, un air de défi sur le visage. Il ne savait pas vraiment si c'était par politesse ou simplement pour ne pas avoir à subir un infini monologue sur combien d'énergie ce verre de coca avait demandé pour se retrouver là et qu'il devait y faire honneur en l'acceptant, mais la main du loup attrapa le gobelet. Stiles ne put empêcher un sourire, qu'il tenta de limiter, d'étirer ses lèvres. Il était loin, très loin d'avoir gagné la guerre, mais il avait bien mené cette première bataille.

Le soir même, alors que tout le monde était rentré chez lui, l'humain ne put empêcher un énième sourire de squatter son visage. Oh, en lui servant ce verre, il n'avait pas vraiment changé l'état d'esprit de l'ancien alpha, mais au moins, il ne l'avait pas aggravé. Et ça, c'était vraiment cool.

Les semaines suivantes, quelques verres furent de nouveau servis, ainsi que plusieurs assiettes de biscuits apéritifs et autres, mais malheureusement pour Stiles, il se vit à cours d'idées. Ou plutôt, disons qu'il arriva au bout de ses idées réalisables. Parce que se pointer chez Derek avec un énorme paquet rempli DVDs en tout genre n'était définitivement pas une bonne chose. Surtout que ça, c'était le genre de cadeaux qu'il se verrait bien recevoir et non offrir. Puis la tête de Derek risquait d'être épique mais pas forcément dans le sens comique du terme.

En réalité, la feuille de route qu'il avait mise en place plus tôt se résumait à quatre mots sur du papier « Y aller par étape ». Sauf que voilà, les dites étapes, il n'avait pas pris soin d'y penser à l'avance. Il se retrouvait donc le bec dans l'eau, à ne pas savoir comment avancer. C'est donc en tournant, tournant et tournant encore sur son siège, à nouveau cloitré dans sa chambre, que l'humain tenta de trouver une solution. Il continua ses pirouettes jusqu'à que la nausée pointe le bout de son nez sans pour autant que la lumière se fasse. De frustration, il sauta sur ses pieds avant de retomber aussitôt dans un gémissement qui traduisait parfaitement le fond de ses pensées. Marmonnant toujours, il se laissa tomber au sol, à genoux, avant de se rouler en boule sur son tapis, le front contre celui-ci et ses mains dans ses cheveux. Pourquoi arrivait-il toujours à trouver des idées sur tout et là que sa mission était de la plus haute importance, c'était le néant ? Même dans les pires situations, accompagnés des pires acolytes, il avait réussi à sortir quelque chose. Une fois, avec Peter, ils avaient trouvé pourquoi la meute d'alpha tenait prisonniers Cora et Boyd. Peter Hale, psychopathe de son état, avait quand même été son binôme le plus improbable. C'est en repensant à tout ça qu'une idée déboula dans sa tête. D'un coup, il se releva, les yeux ronds comme des billes avant de laisser retomber sa tête sur le sol.

- Oh non... Je sens que ça va mal finir...

Un nouveau gémissement s'échappa d'entre ses lèvres mais celui-ci n'avait rien à voir avec sa frustration précédente. Non, cette fois, il était plus l'expression du profond désespoir qui venait de s'insinuer en lui. Parce que certes, la fin justifiait les moyens, mais n'y avait-il pas des limites ? L'idée qu'il venait d'avoir ne pouvait pas être bonne, alors pourquoi plus les secondes passaient, plus celle-ci prenait forme ?

- Ca va mal finir... Répéta-t-il avant d'attraper son téléphone.

Il parcourut son répertoire jusqu'à arriver aux alentours de la lettre P. D'abord surpris d'avoir gardé ce numéro, Stiles sentit ensuite son cœur accélérer quand ses doigts appuyèrent sur l'icône 'appel'. Trois sonneries retentirent dans l'appareil avant qu'une voix débordant de cynisme ne se fasse entendre.

- Stiles. En voilà une bonne surprise ! Que me vaut l'immense honneur de ton appel ?

- Je sens comme une infinie ironie dans tes mots, mais j'ai... Comme qui dirait... Un service à te demander...

Stiles s'étouffa avant de poursuivre.

- Alors on va faire comme si j'avais rien remarqué, ok ?

- Toi ? Un service à me demander ? A moi ? Tu sais que je vais te demander quelque chose en échange ?

- Je me doute oui... Après tout, il est de notoriété publique que ton altruisme n'existe qu'à travers les profits que tu peux en tirer.

- Ouch... Touché.

L'humain entendit très distinctement le sourire qu'avait eu son interlocuteur, bien qu'un sourire n'ait, par nature, rien de sonore.

- Ok. Qu'est-ce que tu veux alors ? Lui demanda l'homme au bout du fil.

- Des renseignements sur...

- Ne vaudrait-il mieux pas qu'on se voit pour discuter de tout ça -et du bon vieux temps- autour d'un verre ? Après tous ces mois sans nouvelle, rien ne vaut une bonne discussion en face à face. Le coupa-t-il.

- ... Sérieusement ? Tu me crois assez fou pour me retrouver seul avec toi ?

- A prendre ou à laisser Mr Stilinski.

Les doigts de l'hyperactif se serrèrent sur son mobile tandis qu'un grognement montait dans sa gorge. Il n'avait pas le choix. Mais la situation valait-elle vraiment la peine qu'il prenne un tel risque ? Ne pouvait-il pas trouver ces informations ailleurs ? Non, définitivement pas. Puis, quand une image de Derek, souriant autant qu'il pouvait en être capable, s'imposa à lui, il soupira, dépité.

- Va pour le verre... Mais dans un endroit publique avec plein de monde autour.

- Si une poignée d'humains peut te rassurer... Mercredi prochain, vers 14h, au bar à côté de la gare ?

- Ca va, j'y serai...

Stiles n'attendit pas la réponse de son interlocuteur et raccrocha, sa main libre finissant de noter la date et le lieu du rendez-vous sur un bout de papier. Peut-être se répétait-il, mais vraiment, il sentait que toute cette histoire allait mal tourner. Pourquoi fallait-il toujours que ces idées l'amènent à prendre des décisions inconsidérées ? Parce qu'il était lui, bien sûr, et que sa logique n'était pas celle de tout le monde. Cela dit, cette même logique avait plusieurs fois mené la meute à réussir leurs diverses missions, alors peut-être qu'elle n'était pas si mauvaise après tout. De toute façon, il le saurait bientôt.


Voilà pour ce premier chapitre... Stress dans mon coeuuuuuuur ! A jeudi prochain !

PS : Joyeux anniversaire ma Junette de l'amourette !