NOTE DE L'AUTEUR

'Reflections of the Heart Challenge' est un challenge de la communauté Harvest Moon sur . L'idée c'est d'écrire des chapitres basés sur 25 sentiments donnés, en choisissant les personnages. C'est en anglais à la base, donc j'ai gardé le mot anglais et je met sa traduction entre parenthèses. J'ai aussi gardé les noms anglophones des personnages parce que je les préfère à leur version française. Autrement, il s'agit ici des personnages "secondaires" d'Animal Parade. Les vilalgeois, ceux que ton personnage ne peut pas épouser. Mais Molly (un des persos jouable) apparaîtra souvent, peut être même à chaque chapitre, je ne sais pas encore.


Kindness (gentillesse)

Craig

•••

Non seulement les temps sont durs, les récoltes pauvres, et la vente moindre, mais l'ainée est partie de la maison. En voyage soit disant. Et pas plus loin que l'autre jour Taylor s'est énervé pour il ne sait plus très bien quelle raison et n'est pas revenu depuis.

Maintenant, sa femme, Ruth, lui fait la gueule.

Elle reste là, derrière le comptoir du magasin, à se tordre les mains, anxieuse, en attendant qu'un client daigne arriver. La nouvelle fermière vient, de temps en temps, mais dépense peu. Tout le monde est dans la même misère.

Et lui? Le père de famille le plus pathétique qui soit: Craig.

Attablé, toute la journée à se lamenter un verre d'alcool à la main. Répétant en boucle que la Déesse les a abandonnés.

Il entend sa femme soupirer. Elle essaye d'être forte, mais reste sans nouvelle des ses enfants, doit tout gérer seule pendant que son époux se saoule, et que les revenus n'augmentent pas. Même elle ne pourra bientôt plus supporter tout ça.

Il sait que beaucoup de leurs problèmes sont de sa faute. Aucune bouteille n'arrive à lui faire oublier ça.

Quand le poids du remord devient trop lourd, Craig quitte la maison. Ruth ne dit rien, ne l'arrête pas. Elle doit être soulagée de le voir partir, il se dit.

Sa bouteille presque vide en main il marche en zigzagant sur un chemin de terre déjà pas droit. En plus il commence à faire nuit et l'homme se sent juste terriblement mal. Sa tête est si lourde que s'il tombait il n'aurait plus la force de se relever. Ses mains trembles, et ce qui devait arriver arriva: la bouteille lui glissa des doigts. Craig grogne en entendant le verre se briser.

Pourquoi tout va si mal? Qu'à-t-il fait pour énerver la Déesse? Maintenant même ses yeux le font souffrir et il se dit que la seule façon de stopper cette douleur serait de se les arracher. Et il était vraiment sur le point de le faire, ou en tout cas d'essayer quand une soudaine lumière lui fit pousser un cri de surprise et n'y tenant plus il s'effondra au sol.

« Oh, Déesse… Craig?! Est-ce que ça va? »

Avant de s'évanouir il reconnu la voix de Molly. C'est vrai, c'est vrai. La nouvelle fermière. Elle vient parfois au magasin. Sa voix. Il la connait de là. Mais son visage. Jamais vu.

Quand il reprit conscience il toussa par cinq fois et sa gorge lui serrait comme si quelqu'un l'étranglait, mais de l'intérieur. Il ne savait même pas d'où il sortait cette comparaison, et n'avait pas trop la foi d'y réfléchir tant sa tête le faisait souffrir. Ça, et tout son corps lui semblait engourdit.

Lorsqu'il ouvrit finalement les yeux il se sentit perdu. Face à lui une inconnue. À l'intérieur d'une maison et sous des couettes qu'il ne reconnaissait pas.

« Bonjour. »

Les lèvres d'où sortait la voix de Molly lui sourit. Bien, maintenant qu'il pouvait mettre un visage sur ce nom il se sentait légèrement mieux. Si légèrement.

Pour simple réponse il acquiesça.

« Je suis allée voir Ruth plus tôt. Elle sait que tu es ici. Est-ce que tu veux quelque chose? »

Craig essaya de répondre mais sa gorge était en feu et il lui fallu tant d'énergie pour simplement dire « de l'eau » qu'il n'essaya rien d'autre et attendit que la jeune fille lui amène un verre.

Par la Déesse! L'eau n'avait de goût qu'à de rares occasions et le plus souvent dans les cas où elle est extrêmement demandée, pour se révéler être le breuvage le plus exquis que l'homme puisse expérimenter.

La précieuse boisson terminée, il se sentit de nouveau misérable. Pourquoi devait-il se montrer aussi désespérant devant une fille toute fraiche et prête à aider le premier ivrogne qui passe près de sa ferme?

L'eau s'avéra être une mauvaise idée puisque dès qu'il fut à nouveau hydraté, ses yeux, rechargés, se remplirent de larmes.

Ça ne pouvait pas être pire.

Il essaya de cacher sa honte en couvrant son visage de ses mains et se mordit les lèvres pour s'empêcher de chialer comme un gamin. Molly ne dit rien. Il ne savait même pas si elle le regardait ou avait décidée de poser ses yeux autre part, par politesse ou par pitié.

Craig l'entendait juste tourner le verre qu'elle lui avait reprit dans ses mains. Un petit bruit métallique se répétait sur chaque bords du verre touché. Peut être portait-elle une bague. Il n'aurait su dire pourquoi ce détail le toucha tant, mais il ne pouvait ignorer ce cliquetis continu.

Quand il se calma Molly lui demanda de rester au lit encore un peu: il avait besoin de se reposer, selon elle.

Enfouissant sa tête dans l'oreiller de la demoiselle tandis que celle-ci repartait s'occuper de ses affaires, Craig essayait de comprendre, sans résultat, ce qui la poussait à agir ainsi. Pourquoi prendre soin d'un voisin pitoyable qu'on ne connait même pas? Il se rendormit pour quelques heures sur ces pensées.

Au second réveil dans la petite maison de la fermière il souffrait toujours, mais quelque chose avait changé. Il mit du temps à se rendre compte de quoi.

Sa femme était là, assise près de Molly, et toutes deux s'enquirent de son état. Il remarqua de la honte mais aussi du soulagement dans les yeux de Ruth. Ses sourcils était toujours froncés d'angoisse ces derniers temps, elle n'avait tout simplement aucun instant de répit pour ne s'inquiéter de rien et juste respirer.

Craig voulu changer ça. Pour de bon.

Il était doté de défauts terribles, et s'en rendait bien compte. Mais en cherchant bien il devrait pouvoir être capable de trouver assez de qualités pour aider sa famille et combler son couple. Il adressa un sourire à sa femme, tout en se demandant quand était la dernière fois où il lui avait tout simplement sourit.

Ruth lui tint le bras pendant qu'ils marchaient cote à cote, le plus proche possible l'un de l'autre, pour retourner à leur propre ferme.

Cette fois ci c'était décidé: il allait arrêter de se couler lui-même. Et faire quelque chose pour les siens. Pour les rendre heureux et chasser ces expressions contrariés de leurs visages.

Avec des efforts il espérait que tout retournerait dans l'ordre.