Peux-tu déchirer les Ténèbres de mon cœur ?

AUTEUR : Petitchaton

GENRE : Romance, drame

PAIRING : Draco/Harry

RATTING : M pour scène sexuelle

DISCLAIMER : Tous les personnages ainsi que les lieux et les décors sont la propriété de l'écrivain JKR. Seule l'intrigue m'appartient.

RESUME : Pourquoi l'aime-t-il à ce point ? Au point de ne vivre que pour lui, que pour ses regards, que pour ses sourires, que pour ses insultes… Et surtout pourquoi le fait d'aimer Harry le transforme-t-il autant ?

AVERTISSEMENT : Cette histoire est un slash (relation entre personne du même sexe, dans le cas présent se sont deux hommes).

NOTE DE L'AUTEUR : Ceci est une mini fic en trois chapitres et est ma seconde histoire. Je m'excuse à l'avance pour toutes les fautes d'orthographes et autres que j'ai pu faire.

OooooooooO

Chapitre 1

Je te regarde, mais comme d'habitude, tu ne sembles pas m'apercevoir. Est-ce que j'existe seulement un peu pour toi ? Non, je ne crois pas avoir cette chance car je n'appartiens pas à ton monde. Toi, tu irradies le bonheur, la joie, la sincérité, l'intégrité, la bonté et tant d'autres choses. Moi, je suis ton opposé. Ton antithèse. Ta Némésis. Ton côté sombre. Nous représentons le Ying et le Yang. Le Bien et le Mal. La Lumière et l'Obscurité. L'Espoir et le Désespoir. L'Amour et la Haine. Le Bonheur et la Souffrance…

Je ne suis que ténèbres là où tu n'es que lumière. Je ne suis que douleur là où tu n'es que joie. Je n'ai à offrir aux autres que des larmes là où tu ne donnes que des sourires radieux. Les gens s'intéressent à moi pour la pureté de mon sang et pour ma fortune là où ils recherchent ta présence pour ton âme et l'espoir que tu sais faire éprouver à n'importe qui. Moi, depuis des années, je ne suis plus qu'un corps vide là où toi, tu brilles par ton cœur bon et généreux.

Chaque jour, on se croise et à chaque rencontre, on s'insulte tentant de se faire le plus de mal possible. Et pendant quelques minutes, je vis parce que tu me regardes. J'existe parce que tu me parles même si c'est pour salir mon nom. Pendant ces quelques instants que je te vole, je me sens heureux puisque tu t'intéresses à moi. Mais plus que tout quand tu me parles, j'ai l'impression de redevenir un être humain. Grâce à toi, je ne suis plus cet être froid et indifférent à tout. Grâce à toi, j'ai le droit à des moments de répit où au lieu d'être Malfoy, je suis simplement Draco.

Pourtant, je n'ose pas imaginer la réaction que tu aurais si tu apprenais mes véritables sentiments.

Si un beau matin, tu arrivais à percer mon masque pour plonger dans les profondeurs de mon âme tourmentée. Est-ce que toi, le si noble Gryffondor, tu pourrais te moquer de mon amour ? Je me le demande à chaque fois que je suis à deux doigts de tout avouer. Pourrais-tu continuer à me haïr en sachant que je t'aime à en mourir ? Oui, Harry, pourrais-tu m'en vouloir de cacher tout ça au plus profond de moi par peur ? Par crainte du ridicule mais surtout par crainte que tu me repousses ?

Pourtant, parfois, tu me donnes l'impression que je t'intéresse un peu car il m'arrive de sentir sur moi ton regard émeraude. Pourquoi m'observes-tu, Harry ? Et pourquoi rougis-tu si adorablement lorsque nos yeux se croisent alors que je te surprends en train de m'épier ? J'aimerais tellement te poser ces deux questions mais je n'ose pas parce que j'ai si peur. Dis-moi que tu comprends ma crainte, je t'en prie ! C'est la première fois de ma vie que je suis autant effrayé par quelque chose.

J'ai peur de te perdre définitivement si tu lisais dans mes yeux les émotions confuses qui agitent mon cœur. Oui, tu peux bien rire de ma bêtise car en vérité, j'appréhende le moment où je déposséderais une personne qui ne m'appartient même pas. Alors, comme tous les jours, je fais semblant de te haïr même si c'est de plus en plus dur. Comme tous les jours, je joue à la perfection mon rôle de Prince des Serpentards.

Mais mon cœur saigne et personne ne le remarque.

Cela fait des mois qu'il souffre d'une hémorragie que seul toi pourrais soigner. Mais tu ne sais pas tout ça. Car, s'il est vrai que la peur me paralyse, la honte joue aussi un rôle dans mon mutisme. La honte de trahir mon père à cause de toi. La honte d'être faible au point de t'aimer à en devenir fou. Comme d'habitude, je m'arrange pour quitter la Grande Salle en même temps que ton groupe d'amis.

Je veux juste te voir Harry, je te le jure ! Si je t'insulte, c'est parce que les autres sont là et que si je ne le fais pas, ils risquent de me poser des questions auxquelles je ne saurais pas répondre. S'il te plaît, ne durcit pas ton regard lorsque tu me croiseras ! Je t'en prie, ne prend pas cette expression de dégoût que tu arbores uniquement à ma vue. Car si tu fais ça, je crois que je ne survivrais pas un jour de plus en ayant l'impression que tu me méprises chaque minute davantage.

Je m'arrête à ta hauteur et je te vois serrer les dents avec une lueur déterminée dans tes grands yeux verts. La Belette et la Sang de Bourbe se postent autour de toi prêts à se battre contre mes amis. Un lourd silence s'installe et j'attends que tu prennes la parole. Mais tu restes muet et je comprends que tu souhaites que ce soit moi qui ouvre les hostilités. Pardonne-moi, Harry, de te parler si méchamment ! Excuse-moi d'être aussi fier et arrogant avec toi mais je n'ai pas le choix ! En fait, je n'ai jamais eu le choix.

«- Alors, Potty, tu te balades avec toute ta ménagerie ? Tu as trop peur de te promener seul dans les couloirs ? »

Pardon, Harry. Ce n'est pas ces mots-là que je voulais te dire. Au contraire, j'aurais préféré t'avouer que tu es le soleil de mes jours et que toi seul me donne l'espoir insensé de croire que je pourrais déchirer les ténèbres qui m'entourent. Je surprends dans tes yeux une lueur que je n'arrive pas à interpréter et je souffre déjà de l'insulte que je te sens sur le point de me lancer de ta voix remplie de colère et de haine.

« - Moi au moins Malfoy, j'ai des amis. Ce n'est pas comme toi qui a juste des chiens à tes ordres parce que leurs parents leur ont conseillé de traîner dans ton sillage. »

Tu sais même si je garde mon sourire ironique scotché aux lèvres, je peux quand même m'avouer que tu as fait fort cette fois si. Tu ne pouvais pas viser plus juste. En effet, je n'ai pas d'ami. Tu as raison. Ce ne sont que des élèves qui ont besoin de suivre un leader. Et je suis devenu leur meneur uniquement parce que je suis le plus rusé. Aucun d'entre eux ne serait dire si je suis heureux ou amer, si j'ai mal ou si je suis bien. Ils ne connaissent de moi que l'image que je veux bien montrer. Comme toi.

« - Sans doute. Mais moi au moins, je n'ai la mort de personne sur la conscience ! Ce qui est loin d'être ton cas. Trouves-tu encore le sommeil depuis la mort de ton chien ? »

Cette réplique, nous ne sommes pas nombreux à pouvoir la comprendre. Pour beaucoup, je dois parler de ton animal de compagnie et je les vois écarquiller les yeux cherchant à comprendre ce que cela vient faire dans notre dispute. Mais à la manière dont tu crispes tes mains, je sais que tu as très bien perçu le sous-entendu. Et comble de l'horreur, je vois une larme se former au coin de ta paupière droite.

Ne pleure pas, Harry !

Je n'en vaux pas la peine et mes paroles ne méritent pas d'être aussi importantes pour toi. C'est vrai que tu sembles manquer de sommeil depuis la mort de ton parrain et je me sens coupable de ça. Coupable de te regarder sombrer depuis un an sans réagir. Coupable de ma propre incompétence à ne pas pouvoir t'aider. Je suis trop fier pour faire le premier pas et te tendre la main. Alors, je te regarde couler et je souffre en silence me maudissant d'être ce que je suis.

Durant notre sixième, tu n'as été que l'ombre de toi-même et encore aujourd'hui, tu sembles avoir du mal à sourire pour rassurer tes amis. Si tu savais comme je te comprends à présent que moi aussi j'ai… Je ne veux pas penser à ça maintenant alors que tu es là, devant moi, serrant les dents comme si je venais de te frapper. Une foule s'est réunie autour de nous pour suivre notre altercation comme si c'était un match de Quidditch. Je les hais tous autant qu'ils sont pour leur curiosité maladive.

Ne peuvent-ils pas nous laisser tranquille ?

C'est bête mais je ne me suis jamais senti aussi proche et pourtant aussi éloigné de toi en même temps. Ma culpabilité est tellement lourde à porter que je sens mon dos se courber sous son poids. Qu'aurais-je pu bien faire pour empêcher la mort de ton parrain ? Rien. Pourtant, je souffre autant que toi de sa disparition parce que je te dis découragé, abattu et détruit par cet évènement. Vas-y. Fais-moi mal, Harry. Je le mérite amplement. Blesse-moi autant que je viens de le faire et parce que c'est toi, je te pardonnerais.

« - Je ne pensais pas que tu aurais le culot de me parler de lui ! Tu ne pourrais pas avoir la mort de quelqu'un sur la conscience Malfoy, puisque tu en es dépourvu ! Tu es un être abjecte, cruel, froid et sans cœur. En fait, tu es le portrait craché de ton idiot de père. »

Quelle tirade ! Tu peux être fier de toi. Chacun de tes mots a fait mouche me blessant aussi sûrement qu'un endoloris. Me comparer à mon père est très judicieux de ta part. As-tu seulement conscience de l'insulte que cela représente ? Je l'ai longtemps admiré avant d'avoir le courage d'ouvrir les yeux pour voir qu'il n'a jamais rien fait de remarquable dans sa vie.

Non, il a seulement su véhiculer la haine et le désespoir. Il a su uniquement détruire et salir. Il a simplement été capable de m'apprendre à être un héritier parfait à tous les points de vue. Il m'a regardé pour voir si j'étais un Malfoy à son image mais jamais, il ne m'a serré contre lui pour me dire qu'il m'aimait. J'ai honte de lui. Mais, en même temps, je n'ose pas me rebeller. Car, malgré tous ces défauts, c'est toujours mon père et il est tout ce qu'il me reste aujourd'hui.

« - Moi au moins, j'en ai un. Ce n'est pas comme toi qui apporte mort et désolation à tous ceux qui te connaissent. »

Ne me regarde pas avec autant de haine. Tu ne vois donc pas que je saigne autant que toi à chaque nouvelle insulte ? Tu ne remarques pas que je serre les dents moi aussi pour retenir mes larmes face à ta douleur ? J'ai tellement envie de te prendre dans mes bras pour te consoler. Pour te répéter inlassablement que tu n'y peux rien si le mauvais sort s'acharne sur toi et ceux que tu aimes. Mais tu vois, comme d'habitude, j'empêche mes bras de t'enlacer et je me mords les lèvres pour retenir mes paroles réconfortantes.

« - Je préfère encore être orphelin que d'avoir un père comme le tien dont j'aurais tellement honte que ce serait une insulte de porter son nom. Je ne te parle même pas de ta mère qui ne semble pas pouvoir supporter de te voir ! »

De nouveau, tes paroles sont extrêmement blessantes voire même plus cruelles que les miennes. Mais tu n'es sûrement pas au courant des derniers évènements qui ont bouleversés ma vie. Un lourd silence s'abat entre mes amis et les tiens qui jusqu'ici s'insultaient copieusement. J'entends vaguement l'exclamation choquée de MgConagall et le grognement méprisant de Rogue.

Je pourrais entrer dans une colère noire et te battre jusqu'à ce que je sente ton corps se briser sous mes doigts. Oui, je le pourrais certainement et ce type de réaction de ma part serait naturel. Mais je n'ai pas la force de le faire. Non, ce n'est pas vrai. Disons plutôt que je n'en ai plus la force. Je prends brutalement conscience que tout le monde me regarde attendant mon éclat de colère qui tarde à venir. D'une voix calme, Dumbledore te demande de te taire et je te vois ouvrir la bouche pour répliquer mais je te coupe dans ton élan.

« - Tu as raison, Potter. Ne me parle pas de ma mère. Quand au fait de savoir si elle me supportait ou non lorsque j'étais face à elle, je ne pourrais plus lui demander vu qu'elle est décédée il y a un mois. »

Je ne rajoute rien, trop abasourdi par ma réplique. Cela ne me ressemble pas de rester aussi calme après l'affront que tu viens de me faire. Mais parce que c'est toi, je passe l'éponge sur tes propos blessants. Tu vois, Harry, même si je souffre de ton indifférence, cette douleur si est mille fois plus grande encore. Je sens mon masque se craqueler tandis que les larmes me montent aux yeux.

Merlin, je pense que tu es le seul qui peut comprendre à quel point c'est dur de perdre un de ses parents. J'essaie de me concentrer sur les traits de ton visage pour ne pas éclater en sanglots mais c'est tellement dur de sauvegarder les apparences lorsque je repense elle. Je te vois écarquiller les yeux quand tu réalises la portée de tes paroles. Je lis dans tes émeraudes des regrets, de la compassion et de la compréhension.

J'aimerais tant me laisser aller devant toi pour que tu prennes conscience que je suis un être humain comme les autres. Un homme qui peut souffrir, qui peut pleurer, qui peut rire, qui peut aimer. Un adolescent comme toi qui a des problèmes, qui est parfois faible et qui a encore souvent l'envie d'être un enfant. Mais mon père ne me pardonnerait pas de ne pas avoir été un modèle de dignité face aux autres. Alors, je joue mon rôle jusqu'au bout. Même si pour l'instant, j'ai l'impression qu'on est en train d'arracher le cœur.

« - Je suis désolé pour toi…Je n'étais pas au courant… Sincères condoléances. »

Et ces mots, si banals lorsqu'ils venaient des autres, sont les plus beaux parce qu'ils sont de toi et surtout parce que tu as l'air sincèrement navré pour moi. Tu sembles sur le point de rajouter quelque chose mais tu refermes la bouche avant d'avoir parlé. Je sens qu'un lien invisible se crée entre nous car nous partageons la même peine. Nous portons la même croix sur nos épaules encore si frêles et si jeunes. Je finis par détourner mon regard du tien et je m'éloigne cachant mes larmes derrière mon indifférence feinte.

OooooooooO

Lorsque j'atteins la porte de ma chambre particulière, je me débarrasse de Crabbe et de Goyle d'un geste dédaigneux de la main et j'entre dans mon espace personnel. Ici, entre ces quatre murs, je ne suis plus Malfoy. Non, ici, je peux me permettre de laisser tomber le masque et je redeviens pour quelques heures, Draco. Un adolescent comme les autres qui vient de perdre sa mère et qui souffre de ce décès. Un adolescent comme les autres qui est tombé amoureux de la mauvaise personne.

Car tu ne m'aimeras jamais, j'en ai conscience, mais je ne peux pas m'empêcher d'espérer quand même. Espérer quoi, je ne le sais pas. Mais je sens l'espoir qui vit en moi attendant un jour d'être récompensé. Les larmes roulent sur mes joues depuis longtemps lorsque je prends conscience que je me suis mis à pleurer en pensant à elle, à nous, à toi et à mon amour impossible. En pensant à tout ce qu'on n'aurait pu être si seulement, j'avais été moins prétentieux lors de notre première rencontre.

Si tu avais rencontré ma mère avant la coupe du monde de Quidditch, tu ne l'aurais sûrement pas jugée comme tu l'as fait.

Elle était si belle avant…

Avant la maladie, la déchéance et la mort à la fin. Avant de n'être plus que cette petite chose informe sans cheveux, à la peau beaucoup trop pâle et aux regards déjà lointains, aux yeux déjà éteints. Elle était merveilleuse avant qu'une tumeur ne lui ronge le cerveau, détruisant tout ce qu'elle avait été. Démolissant son beau visage à coup de migraines interminables qui la faisaient afficher constamment un air méprisant pour elle masquer sa douleur.

Ma mère était trop fière, vois-tu, pour se plaindre. Non, elle préférait jouer la comédie et faire comme si tout allait bien lorsqu'elle était en société. De ce côté-là, je peux affirmer qu'elle possédait la même dignité que mon père. Elle avait cette grâce aristocrate qui fait que même dans les moments les plus durs, nous les nobles, nous faisons semblant jusqu'au bout. Parce que paraître est plus important que être. Mais je ne pense pas que tu puisses comprendre ce concept toi qui est si spontané, si vrai dans tes émotions.

Tu sais, il suffit que je ferme les yeux pour que je revoie son visage mangé par deux grands yeux d'un bleu intense. Il suffit que je me concentre quelques secondes pour que je sente son doux parfum de lavande. Et alors, elle semble se matérialiser devant moi me souriant tendrement tout en rejetant en arrière une de ses longues boucles blondes. Elle était mon univers, mon étoile, ma reine et ma vie. Je l'aimais si fort. Non, que dis-je ! Je l'aime si fort malgré qu'elle ne vive plus que dans ma mémoire.

C'est elle qui m'a élevé.

Je n'ai jamais eu de nourrice car ma mère a consacré sa vie à s'occuper de moi. J'étais le plus beau cadeau que mon père pouvait lui offrir. Je me sentais aimé quand ses yeux sur moi. Je me croyais important quand elle me murmurait des secrets que seuls, elle et moi, partagions. J'aimais la complicité qui existait entre nous. Je lui disais tout et elle était l'unique personne au courant de mon amour pour toi. En mourant, elle a emporté ce secret dans une tombe dont il ne sortira jamais. Car je ne trouverais jamais en moi la force de t'avouer ma douce faiblesse.

Un léger bruit me tire de mes souvenirs et je fronce les sourcils lorsque je comprends que le bruit en question provient de la porte de ma chambre. Je pense un instant ne pas répondre et faire comme si je n'étais pas là mais quelque chose m'oblige à aller ouvrir à l'importun qui ose me déranger. J'essuie du revers de ma manche mes yeux et je respire un grand coup pour reprendre contenance. J'ouvre alors ma porte, réfléchissant à la remarque acerbe que je vais lancer mais les mots meurent sur mes lèvres lorsque je me retrouve face à toi.

« - Potter ?! Qu'est-ce que tu fous ici dans la partie du château réservée aux Serpentards ? »

Je sens ton hésitation et je réprime un frisson de volupté quand tu te mordilles la lèvre inférieure cherchant visiblement par où commencer ton explication. D'un geste, je t'invite à entrer dans ma chambre et je me maudis intérieurement pour être si faible lorsque tu es près de moi. Malgré toute la peine que je ressentais quelques minutes avant ton arrivée, je ne peux pas m'empêcher d'être excité par ta présence et tu renforces inconsciemment mon désir en te laissant tomber négligemment sur mon lit.

« - Je suis venu m'excuser. Je n'étais pas au courant pour ta mère sinon je n'aurais jamais osé te parler d'elle ainsi. Tu avais raison lorsque tu m'as dit un jour que je me permettais de juger sans connaître et sans savoir. Je me limite à ce que mes yeux peuvent voir et je me trompe souvent sur le compte des autres à cause de ça. Dumbledore m'a raconté que ta mère était gravement malade depuis des années…J'ai du faire un gros effort pour ravaler ma fierté pour venir te demander pardon. »

Tu as parlé d'une traite sans reprendre ton souffle comme si tu craignais de ne pas arriver à tout me dire si tu t'arrêtais une seconde. Tes paroles me touchent mais je reste silencieux vu que je ne sais pas quoi répondre. Tu sais, c'est la première fois qu'une personne est aussi gentille avec moi et je suis perdu face à tant de bonté et de bienveillance. Surtout venant de ta part. Je sens les larmes poindre de nouveau sous mes paupières et pour une fois, je ne tente pas de sauver les apparences. Je me mets à sangloter et je n'ai pas honte parce que c'est à toi que je dévoile ma faiblesse.

« - Je te comprends, tu sais. Perdre un être cher est particulièrement douloureux…Bien plus en tout cas que recevoir un sort de torture. Mais tu verras, on finit toujours par s'en remettre…Parce qu'on est obligé de rester fort pour soi et pour les autres aussi. Je…Je sais que ce que je vais te dire va te sembler impossible pour l'instant mais…La vie continue… »

Tu quittes mon lit tout en disant ces mots pour te placer devant moi et, après une légère hésitation, tu déposes ta main sur mon épaule serrant à peine mais juste assez pour me donner l'illusion que tu es là pour moi. J'attends quelques secondes avant de poser ma main en tremblant au-dessus de la tienne enserrant discrètement tes doigts.

Je secoue ma tête négativement pour répondre à ton affirmation. Non, la vie ne continue pas après la mort d'une personne aimée ! Pour moi, le temps semble s'être arrêté lorsqu'elle a fermé ses yeux la veille de ma rentrée scolaire en septième année à Poudlard. La dernière chose qu'elle m'ait dite, était qu'elle regrettait de ne pas m'avoir vu debout sur l'estrade des diplômés. Elle aurait été si fière de moi…

« - Si tu verras, la vie continue indifférente à notre douleur et à nos larmes ! Tu apprendras à vivre sans elle et chaque jour qui s'achèvera, apaisera un peu plus ta peine. Son image finira par devenir floue et tes souvenirs perdront de leur précision. A la fin, tu ne te rappelleras que les moments heureux que tu auras partagés avec elle. Tu effaceras vos disputes et la colère que tu auras parfois ressentie à son égard. Et un matin, tu te lèveras et tu auras fait ton deuil sans même t'en rendre compte. »

Tes mots entrent en moi et m'apaisent. Mes sanglots sont moins violents même si les larmes continuent de rouler sur mes joues. Un de tes doigts frôlent la chair nue de mon cou et je frissonne de plus belle. Toi seul peux me donner l'impression que tout va s'arranger. Tu as un pouvoir si grand sur moi qu'il me fait peur parfois. Mais je me rassure en me disant que tu ne sais pas tout ça.

« - Non. Je ne peux pas l'oublier…Je ne veux pas l'oublier…As-tu réussi à tirer un trait sur ton parrain ? Je ne le pense pas alors que je te vois mourir un peu plus chaque jour sans que personne ne tente de te sauver. »

Tu baisses la tête comme vaincu par mes quelques phrases dites d'une voix que j'ai réussie à empêcher de trembler. Je te vois rougir sous mon accusation mais, brusquement, tu relèves les yeux pour les plonger dans les miens. Tu sembles déterminé à me convaincre du bien fondé de tes propos et de ton expérience évidente face à la mort.

« - Si, tu verras que j'ai raison ! Il m'a fallu beaucoup des temps pour faire mon deuil mais maintenant, il m'arrive de rire à nouveau… De m'amuser et d'oublier pendant des heures entières qu'il n'est plus de ce monde. Et tu feras pareille ! Parce que l'être humain est capable de s'adapter à tout même au silence et à l'absence d'une personne sans qui on ne pouvait pas imaginer la vie ! »

Tu as maintenant les larmes aux yeux et une d'entre elles finit par s'échapper pour aller s'échouer à la commissure de tes lèvres. Je suis attentivement du regard cette perle et je rêve d'être elle pour pouvoir connaître le goût et la douceur de ta peau. J'aimerais tant suivre le conseil que ma mère m'a donné avant de partir mais c'est si dur d'écouter son cœur au lieu de sa raison.

Ma tête me crie de m'enfuir loin de toi avant que tu n'achèves de détruire en moi tout ce en quoi je croyais avant de t'aimer. Mais mon cœur lui me supplie de me laisser aller à mes sentiments car, grâce à eux, je me sens enfin réellement vivant pour la première fois en 17 ans. Tu finis par retirer ta main de mon épaule comme brûlé par les braises ardentes de mes yeux et tu recules sans pour autant partir. Tu hésites une seconde avant de reprendre la parole d'une voix enrouée par tes sanglots retenus.

« - La vie est si courte que tu n'as pas le temps de t'attarder sur sa mort. Demain, il se pourrait que toi aussi tu disparaisses et c'est justement la fragilité de nos existences qui fait que nous sommes obligés de continuer à avancer malgré nos chaînes et nos douleurs passées. »

Ta voix se casse et je comprends que ces derniers mots t'étaient plus destinés plus qu'à moi. C'est vrai que ta vie est condamnée et la mienne aussi d'une certaine façon. Je n'ai pas le choix de la route que je veux parcourir. Je suis obligé de devenir un mangemort mais je ne le veux pas, Harry. Non, je ne désire pas me trouver face à toi sur un champ de bataille. Non, je ne veux plus jamais te blesser par mes paroles ou par mes actions. Mais toi, tu poursuis ton discours moralisateur et je sais que tu as raison.

« - Lorsqu'un de nos parents meurt, on comprend et on finit par accepter aussi grand que soit notre amour pour lui car c'est dans l'ordre naturel des choses. Mais aucun parent qui se respecte ne devrait avoir à enterrer son enfant…C'est tellement inhumain pour eux de devoir survivre à leur progéniture et leur douleur est tellement plus forte que la nôtre…Les plus vieux partent pour céder la place aux plus jeunes. C'est le cercle de la vie et il en a toujours était ainsi. »

Ton regard se fait lointain et je sais que tes pensées sont tournées vers Cédric et sa famille. Merlin seul sait à quel point je suis d'accord avec ce que tu viens dire. Même si je préfèrerais mourir au lieu de le reconnaître. Un enfant qui enterre sa mère, c'est le cycle de la vie. Et même si ça fait mal, on finit par s'habituer au silence et à l'absence de l'autre. Parce que c'est comme ça que les choses doivent se passer. Je ne suis pas bête. Je sais déjà tout ça et j'ai déjà commencé à faire mon deuil.

Mais un parent qui enterre son enfant, ce n'est pas admissible. Personne ne devrait voir mourir la chair de sa chair, le fruit de ses entrailles. Je déteste Voldemort parce qu'il a eu le culot de t'obliger à vivre cette expérience, parce qu'il t'a forcé à revenir seul et en vie alors que Diggory était mort. Oh, Harry ! Je me souviens si bien de ce jour là. Trop précisément pour que cela ne soit pas une preuve que déjà à la fin de notre quatrième, j'étais épris de toi sans même le savoir.

A l'époque, mes sentiments pour toi n'étaient encore à mes yeux que de la haine mêlée à une obsession malsaine que je tentais d'ignorer. Et tu étais réapparu tout à coup au milieu de la foule réunie pour voir quelle école gagnerait le Tournois Des Trois Sorciers. Je revois le sang couler le long de ton arcade sourcilière et je peux encore sentir ta peur et ta douleur tandis que tu tirais derrière toi le corps sans vie de Cédric. Et sans savoir pourquoi à l'époque, j'ai eu mal. Mal de te voir blessé. Mal de te voir trembler. Mal de te voir souffrir.

Il m'a fallu une année pour que je comprenne que j'étais amoureux et deux bons mois pour accepter l'idée que je ne pouvais pas lutter contre mes sentiments et que tu n'y étais pour rien. Harry, t'arrive-t-il de penser à moi de temps en temps ? Et dans tes pensées, est-ce que je suis un homme au lieu d'être un ennemi ? Je reporte mon attention sur toi. Tu es toujours face à moi te mordillant les lèvres nerveusement. A quoi réfléchis-tu ? Pourquoi sembles-tu à ce point perdu ? Est-ce moi qui te met dans cet état ?

Je l'espère tellement que ma gorge se serre à cette perspective.

Je ne sais pas pourquoi tout à coup, j'éprouve le besoin pressant de ressentir ta présence à mes côtés, de toucher ta peau et ton corps. J'essaye de réfréner cette envie mais tu me lances au même moment un regard rempli d'innocence et je sens mes barrières tomber. Avant que tu n'ais pu esquisser le moindre geste, tu te retrouves coincé entre mon corps et le mur. J'emprisonne ton menton entre mes doigts pour te forcer à lever la tête. Je me noie alors dans tes yeux verts assombris par la curiosité et par le désir, je crois aussi.

Je ne m'étais jamais rendu compte avant aujourd'hui de notre différence de taille. Ta tête arrive à peine à la hauteur de mes épaules et cela me plaît car tu sembles plus fragile ainsi. J'ai tellement envie de te protéger envers et contre tout. Même si cela doit me coûter la vie. Même si pour ça, il me faut sacrifier tout ce que je possède. Même si c'est vain puisque protéger ton corps ne me permettra pas pour autant d'obtenir ton cœur.

Me laisseras-tu t'aimer, Harry ?

Ou préféreras-tu me repousser alors que j'ai tant besoin de me sentir utile ? Car je suis si vide par moment que cela m'effraye d'être à ce point indifférent à tout. Rien ne m'amuse mais rien ne me dérange non plus. Je suis une espèce d'énigme que personne pour l'instant n'a pu résoudre. Mais peut être que tout le monde se moque de savoir ce que je peux bien être en réalité ? Et toi, voudrais-tu savoir qui je suis quand je ne me comporte pas comme un foutu Sang Pur prétentieux et capricieux ?

Ton souffle irrégulier vient caresser mon visage et mes lèvres. Et à cette caresse, je ne me retiens plus. J'incline la tête vers le bas et je dépose doucement ma bouche sur la tienne. Ce n'est qu'un simple effleurement et pourtant, il m'électrise les sens comme l'aurait fait la caresse la plus vicieuse. Ce que je ressens à cet instant, dépasse tout ce que j'ai pu imaginer pendant mes longues nuits solitaires sans toi.

Je ne suis pourtant plus vierge depuis bien longtemps et ma réputation de coureur de jupons n'est plus à faire. Oui, Harry, je suis sale. Je suis souillé par tous ces corps que j'ai serrés contre moi pour faire comme tout le monde ou pour trouver l'oubli pendant quelques minutes de plaisir où tout cesse d'exister à part mon corps soudé à celui d'un inconnu ou d'une inconnue. Et j'ai honte parce que toi, tu es si beau, si innocent, si confiant.

Quand j'ai réalisé et accepté mes sentiments pour toi, j'ai arrêté de prendre des partenaires juste pour une nuit parce que le seul spécimen qui m'intéresse à présent, c'est toi. Les corps des autres ne m'attirent plus parce que c'est toi que je veux et personne d'autre. Cela fait donc six mois que je n'ai pas posé mes mains sur quelqu'un d'autre que moi. Et lorsque je me caresse, c'est ton nom qui est au bord de mes lèvres et c'est toi que j'imagine dans mes rêves éveillés.

Ta bouche a un goût tout à fait délicieux. Un mélange de sucre et de candeur qui a tôt fait de me faire perdre la tête. Notre baiser nous ressemble : tremblant et maladroit surtout de ton côté. Je glisse ma langue entre mes lèvres entrouvertes pour caresser les tiennes et te demander ainsi l'entrée de ta bouche. Tu te laisses faire et Merlin, j'ai l'impression d'être presque au Paradis ! Tu es hésitant et malhabile mais j'adore ça et j'essaye de me convaincre que c'est la première fois que tu embrasses un autre garçon.

Peut être est-ce même juste la première fois que tu embrasses quelqu'un avec la langue ? Et l'idée de ton inexpérience me rempli de joie mais je sais que cela ne peut pas durer. Dans quelques minutes, quand tu réouvriras les yeux, tu réaliseras que tu as permis à ton pire ennemi de te toucher. Tu t'enfuiras alors en criant au scandale et à l'abus. Et tu auras raison car j'ai profité de ta faiblesse du moment pour te voler l'unique baiser que tu me donneras sans doute dans toute mon existence.

L'instant de la séparation arrive et je sens tes mains se plaquer sur mon torse pour me faire reculer. Tes yeux brillent mais je ne comprends pas l'éclat de tristesse qui les illumine. Tu te dégages de mon étreinte avec un regard blessé et tu ouvres la porte. Puis, tu te figes à l'entrée fixant le sol avec une expression de souffrance que je partage. Moi aussi, j'ai mal. Ta chaleur me manque déjà ainsi que le parfum de ta peau. Pourtant, malgré ma douleur, je te regarde faire sans réagir. Je pourrais tout t'avouer ou peut-être que je pourrais tenter de te retenir.

Mais cela ne servirait à rien.

On peut acheter beaucoup de choses dans ce monde. Je dirais même que tout se vend et que tout s'acquiert à part quelques rares exceptions. Et tu fais partie de ces rares exceptions. Par expérience, je peux affirmer qu'on peut obliger une personne à se soumettre et à obéir. On peut facilement forcer le respect d'autrui si l'on sait être convaincant. Et si l'on a beaucoup d'argent, on peut même acheter le silence ou l'âme d'un homme. Mais il est impossible de se procurer l'amour d'une personne.

Mon nom m'a attiré la dévotion des élèves de ma maison et un certain respect parmi les Gryffondors, les Poufsouffles et les Serdaigles. Mon argent m'a permis d'entrer dans l'équipe de Quidditch. Il m'a ouvert les portes de la réussite et m'a offert la place de Préfet en Chef que je convoitais. La pureté de mon sang m'a apporté la gloire et la renommée. Ma noblesse a fait que ma compagnie a été recherchée par les autres que ma bonne éducation charme.

Mais j'ai beau posséder tout ça, l'accès de ton cœur me reste quand même interdit. J'aurais beau t'offrir tous mes gallions, tu ne m'aimerais pas davantage pour autant. Tout l'or du monde ne peut pas obliger l'amour à venir habiter un cœur qui n'en éprouve pas à votre égard. C'est pour ça que je n'essaye pas de t'empêcher de partir. Ce n'est pas par manque d'envie ou de volonté, c'est juste parce que je n'ai pas les moyens de t'obliger à ressentir pour moi ne fut-ce qu'un peu de compassion.

Tu n'as toujours pas quitté ma chambre.

Tu restes figé sur le pas de la porte et je suis choqué lorsqu'une larme dévale ta joue pour s'échouer sur la moquette verte recouvrant le sol. Je remarque alors que tu trembles et que tu sembles être vraiment malade d'avoir échangé avec moi autre chose que de la haine. Et je suis blessé de savoir ça. Je détourne les yeux parce que j'ai mal et que je ne sais pas comment canaliser cette douleur. Ta voix s'élève soudain à peine plus haute que le murmure d'une brise matinale un beau jour d'été.

« - Désolé pour ce qui vient de se passer…Je…Ca ne se reproduira pas…Je te le jure. Ce n'était pas dans mes intentions. Au revoir, Malfoy. »

Ta voix est ferme quand tu me dis au revoir mais au début, elle tremblait de larmes contenues. Pourquoi t'excuses-tu alors que c'est moi qui t'ai embrassé de force ? Harry, cela voudrait-il dire que je t'attire et que tu penses que cela n'est pas réciproque ? Mais avant que je ne puisse t'interroger, tu es déjà parti en courant le rouge aux joues et les yeux rivés sur le sol par la honte…

OooooooooO

Voilà, le premier chapitre de la trilogie qui s'achève ! Alors, qu'en pensez-vous ? Pourquoi Harry part-il en s'excusant ? Draco a-t-il raison de croire que c'est parce que le Survivant partage ses sentiments en secret ? Vous le saurez en lisant la suite qui contiendra une explication entre Draco et Harry à propos du baisé échangé dans le chambre du Serpetard.

En attendant, j'espère que vous allez me laisser une petite review d'encouragement ! Je remercie tous ceux qui me lisent et me laissent un message ainsi que ceux qui lisent et qui ne me laissent pas de commentaires.

Kiss

Petitchaton