Avis à tous ; c'est pourri jusqu'à la moelle et Gin en chanteur, c'du n'importe quoi (sauf pour les albums roses, ça je suis sûre qu'il le ferait ce vicieux).


Je m'présente, je m'appelle Gin

J'voudrais bien réussir ma vie, être aimé

Etre beau gagner de l'argent

Puis surtout être intelligent

Mais pour tout ça il faudrait que j'bosse à plein temps


Il travaillait sans cesse, potassait de vieux livres crasseux empruntés à la bibliothèque, rêvant de pouvoir un jour s'en acheter des neufs, il travaillait avec acharnement, de fines lunettes posées sur l'arête de son nez fin. Il soignait son apparence, coupant impeccablement ses cheveux fins et argentés, soignant la présentation, un grand sourire pour effrayer les foules, ses yeux insondables juste entrouverts pour lui donner un air fourbe -le grand méchant sexy excite toujours les filles.


J'suis chanteur, je chante pour mes copains

J'veux faire des tubes et que ça tourne bien, tourne bien

J'veux écrire une chanson dans le vent

Un air gai, chic et entraînant

Pour faire danser dans les soirées de Monsieur Durand


Il entraînait sa voix tous les soirs, une belle voix sombre et sensuelle. Sa voix était son plus bel instrument. Une fois par semaine, il faisait la tournée des karaokes pour récolter un peu de la gloire fugace que seule il était capable d'avoir pour le moment. Les lendemains de ces nuits exaltantes, c'était pour ses vieux amis qu'il chantait ; Sôsuke, Izuru, Rangiku. Et il travaillait, encore et encore, avec ces fines lunettes sur son nez fin, à créer des vers, assembler les mots, leur donner un sens, écrire un poème digne d'être chanté.


Et partout dans la rue

J'veux qu'on parle de moi

Que les filles soient nues

Qu'elles se jettent sur moi

Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent

Qu'elles s'arrachent ma vertu


Puis le succès vint. Il fut foudroyant, le laissant désemparé. Tout ça à cause d'un homme qui venait au karaoke, qui bossait dans une boîte de production musicale, et qui l'avait aimé. Et en quelques mois, des affiches publicitaires parcouraient les murs, toutes les jolies jeunes filles avaient son CD, les autres aussi. Il ne pouvait plus marcher dans la rue sans se faire agresser par des groupies à moitié dénudées. Certaines le menaçaient de se tuer si il ne les prenait pas, d'autres menaçaient de le tuer. Dans les lettres de fans, des photos à la limite de la pornographie étaient glissées.


Pour les anciennes de l'école

Devenir une idole

J'veux que toutes les nuits

Essoufflées dans leurs lits

Elles trompent leurs maris

Dans leurs rêves maudits


Rangiku ne le regardait plus comme avant ; ses joues se teintaient de carmin dès qu'il tournait son regard clair vers elle, et elle avait une façon de se cambrer en mettant la poitrine en avant, alanguie et le souffle court, qui était un appel au sexe. Mais Rangiku portait le nom d'Hisagi, et il lui était interdit de la toucher. Ce qui ne l'empêchait pas de le fixer avec cet air brûlant d'une fièvre qui ne s'apaise qu'en succombant au péché charnel. Ce comportement vint à d'autres femmes mariées, et pour certaines il ne résista pas. Cette femme médecin dont le mari était super baraqué, c'était sûrement un coup de folie, mais l'interdit était délicieux.


Puis après je f'rai des galas

Mon public se prosternera devant moi

Des concerts de cent mille personnes

Où même le tout-Paris s'étonne

Et se lève pour prolonger le combat


Il aimait, il adorait être applaudi, acclamé, par ceux qui se défiaient de lui autrefois. Le monde était à lui, tout le monde se prosternait à ses pieds et on lui déroulait un tapis de velours rouge aux pieds lorsqu'il daignait se promener parmi ses fidèles - non sans une bonne dizaine de gardes de corps musclés. C'était sa revanche, sur ce monde pourri, sur ceux qui l'avaient haï, sur lui-même de ne pas y avoir cru. Mais surtout, c'était grisant. Voir toute une foule résonner aux mêmes accords que soi, c'était magique, et il adorait cette complicité, cette folie, cette passion entre lui et son public.


Et partout dans la rue

J'veux qu'on parle de moi

Que les filles soient nues

Qu'elles se jettent sur moi

Qu'elles m'admirent, qu'elles me tuent

Qu'elles s'arrachent ma vertu


Et les années passèrent, et le succès était toujours là, toujours foudroyant, mais lui n'était plus désemparé, il avait l'habitude, il était rodé. Tout ça grâce à un seul homme, comme quoi tout dépend d'un unique moment. Les affiches publicitaires couvraient toujours les murs de la ville, les jolies filles possédaient toujours tous ses CDs et quelques objets publicitaires, et les autres aussi, bien évidemment. Si il sortait sans son armada de gardes du corps, il était bon pour le meurtre et le kidnapping, mais l'avantage était que toujours autant, et même plus, de femmes voulaient se mettre à nu pour lui - et par là j'entend lui faire sauvagement l'amour. Quelques jeunettes s'étaient sans doute déjà suicidées pour lui, mais ça, il n'en savait rien. Dans les lettres de fans, se trouvaient à présent, en plus de celles de femmes de vingt ans, des photos d'adolescentes et de femmes mûres, et il ne jetait que celles des mineures, gardant les autres dans d'énormes albums à la couverture d'un rose fané.


Puis quand j'en aurai assez

De rester leur idole

Je remont'rai sur scène

Comme dans les années folles

Je f'rai pleurer mes yeux

Je ferai mes adieux


J'abandonne la scène, a-t-il annoncé. Les cris et les sanglots bruyants ont résonné dans son crâne, le remplissant d'un étrange mélancolie. Il ferma les yeux pour ne plus voir tous ces visages hurlant à l'agonie, se força à pleurer, mais ses larmes avaient un goût amer. Il était tellement convainquant qu'il s'était convaincu lui-même, et son coeur était triste. Puis le public finit par se calmer, et ils ont entonné ensemble ses dernières chansons, dans une harmonie juste brisée par quelques toux, quelques soupirs, quelques hoquètements de douleur.


Et puis l'année d'après

Je recommencerai

Et puis l'année d'après

Je recommencerai

Je me prostituerai

Pour la postérité


Chaque année, il remontait, chaque année son public s'extasiait, chaque année il repartait, et ses larmes coulaient, mais toujours il revenait. Plus il sortait, plus il tournait, plus il partait, plus il gagnait, et surtout, plus il était connu. Il désirait juste rester dans le Panthéon des vrais artistes, mais il n'avait plus d'amis. Rangiku avait désiré garder sa belle et simple vie quand il lui avait demandé de choisir entre lui et son mari, Rangiku avait refusé de l'aimer. Izuru avait cessé de venir à ses représentations, avait simplement disparu. Sôsuke le haïssait, lui jalousait un succès que lui n'avait pas. Mais il était célèbre, alors tout allait bien ! Mais une pointe de tristesse perçait dans son coeur.


Les nouvelles de l'école

Diront que j'suis pédé

Que mes yeux puent l'alcool

Que j'fais bien d'arrêter

Brûleront mon auréole

Saliront mon passé


Puis, on commença à se demander quand est-ce qu'il arrêterait vraiment. On lui prêta des aventures qu'il n'avait pas eu, on lui prêta un passé d'adultère, un passé de proxénète, un passé sale et puant comme la boue d'une ferme. On scrutait ses yeux et ses bras, on posait des questions à ses anciens amis, à sa famille, à ses voisins ; il va bien ? Il n'est pas violent ? Il n'est pas étrange ? Il ne ramène pas d'hommes ? Il ne se pique pas ? Il ne boit pas ? Ses cheveux argentés furent traités de décoloration de voyou, ses yeux et son sourire d'expression de psychopathe. Plus personne ne voulait de lui, à part un noyau de fans purs et durs. Les journaux publiaient des immondices, des insanités sur sa vie sexuelle, sur ses yeux rouges et sa façon de marcher, et passaient des interviews de femmes déçues qu'il n'avait jamais vu.


Alors je serai vieux

Et je pourrai crever

Je me cherch'rai un Dieu

Pour tout me pardonner

J'veux mourir malheureux

Pour ne rien regretter

J'veux mourir malheureux


Il était devenu un homme triste et seul. Quelques albums sortirent encore mais en l'absence de notoriété - positive, s'entend - cela ne servit à rien. Oh ça oui, il était devenu bien triste, Gin. Disparu, l'agent, disparus, les gardes de corps, disparues, les jeunes filles déshabillées, celles qui se tueraient, celles qui le tueraient. Plus personne n'avait ses CDs, sauf quelques nostalgiques, et les lourds albums à la couverture terne remplis de photos de groupies nues et lascives avaient brûlé dans l'incendie de sa vie. Quand il sortait faire ses courses, seules quelques personnes se disaient l'avoir déjà vu. Il avait envie de tout arrêter, que tout finisse. Alors quand il rentra dans sa chambre miteuse et qu'il vit Sôsuke l'attendre, il ferma les yeux et sourit quand la balle lui traversa le corps.


Pourquoi je vis, pourquoi je meurs...

Pourquoi je crie, pourquoi je pleure...


J'avais l'intention de faire un gros délire mais c'est parti en live indépendamment de ma volonté toute-puissante...

Ah oui, et Bleach n'est pas à moi, sinon tout le monde baiserait, fumerait et se saoulerait.