Disclaimer : Aucun des personnages ne m'appartient.
Précision : Se passe après l'épisode 2 de la saison 4. Double slash : Vic/David et un léger Vic/Shane au début, de plus je retarde la prise de fonctions du capitaine Rawling. ATTENTION LANGAGE EXPLICITE ET PARFOIS VULGAIRE ! RATING M CE N'EST PAS POUR RIEN. Si vous connaissez la série, vous vous en doutez après tout.
Pour une fois, c'était un truand qui avait rendu service à la police de Farmington. Corbin Burrows, le chef d'un gang néo-nazi de seconde zone, était venu en personne pour dénoncer avec certitude un homme anciennement membre de son gang et qui avait rapidement déserté. Le gang de Burrows était plutôt du genre à opérer dans leur propre quartier et les hommes se faisaient arrêter pour des délits mineurs, ils ne s'en prenaient pas à tout le monde et laissaient même les personnes de couleurs tranquilles. Quand un dénommé Spencer Mardon demanda à les rejoindre, ils l'acceptèrent suite à un test pas plus difficile qu'un simple vol à main armé. Du jour au lendemain, Mardon avait demandé à passer à la vitesse supérieure, à savoir le meurtre haineux. Il visait autant les personnes handicapées que les gens de couleurs, il éprouvait aussi une haine sordide envers les enfants et cela ne s'arrêtait pas là. Ses opinions étaient trop radicales et hors de toute conviction du gang de Burrows qui ne révélait aucune prétention et n'avait jamais songé à franchir un tel cap. Ils étaient juste du genre à se croire supérieurs, des "grandes gueules innocentes" comme les appelaient les flics du coin. Dès lors de cette requête, Burrows et son bras droit Paxton le rejetèrent immédiatement tout en brûlant le tatouage du gang qu'il s'était fait sur le bras. De cette façon, s'il commettait un crime ou délit quelconque, jamais celui-ci ne serait relié à leur gang.
Vic et Rawling lui tendirent donc un piège au Hellfire, un bar malfamé où le suspect avait l'habitude de se rendre pour y trouver des gens aussi désireux que lui de "dominer la merde", comme ils disaient. Une expression ancrée en eux et aussi enfiellée que les tatouages qui ornaient sans honte leurs corps. Mardon sortit mais n'eut pas le temps d'arriver à sa voiture car Vic se jeta violemment sur lui, le plaquant - ou plutôt le précipitant - contre la carrosserie. Mardon ne prit pas la peine de se renseigner sur cet abus de force. Confirmant leurs doutes, le facho commença à rire et s'exalta de ses crimes qu'il énonça haut et fort un à un avant de recevoir une volée de coups de la part de celui qui était censé se contenir devant sa future nouvelle patronne. Chose ratée ! mais pourquoi Mardon avait-il avoué si facilement... cela restait un mystère.
Mardon n'avait pas été menotté à la table d'interrogatoire. Dutch était curieux de savoir si son comportement violent pouvait s'étendre sur les personnes qu'il ne qualifierait pas de "poids pour la race blanche" et seul Vic avait eu le cran de voir si le raciste passerait à l'action. De toute façon, ses mains étaient tout de même menottées entre elles.
Cela faisait presque une demi-heure que l'homme déblatérait sur des humains qu'il rabaissait fièrement et les poings de Vic le démangeaient, ils ne faisaient que trembler de façon de plus en plus visible. Si les choses continuaient ainsi, ce ne serait pas l'accusé qui allait attaquer le premier. Dutch tenta même de changer de sujet, voyant qu'il prenait trop de plaisir à énumérer les détails de ses meurtres.
- Vous savez inspecteur Mackey, les enfants comme ça sont un poids pour la famille mais surtout pour la société. Les adultes aussi d'ailleurs, handicapé mental ou moteur, c'est pareil et il faut y mettre un terme. Il y a des moyens radicaux, aussi rapides qu'une balle et ils peuvent même ne pas en souffrir.
Ce fut la goutte d'eau. Furibond, Vic y décela autant une attaque contre ses propres enfants que contre toute autre personne concernée partout ailleurs. Le visage de Bernard Grady lui revint en mémoire et la pensée que certains ne méritaient pas de vivre lui cogna l'esprit. Il envoya la table en travers de la pièce et propulsa Mardon hors de sa chaise, l'aplatissant au sol avant de le battre aussi fort que possible. Dutch, malgré sa volonté apparente, ne parvint pas à l'arrêter tout seul. Mardon ayant refusé de parler devant des "flics de couleurs", les autres étaient restés dans la salle d'observation et arrivèrent aussi vite que possible. Vic se serait volontiers arrêté après avoir attendu la mort du tueur si Aceveda, Claudette et Rawling n'étaient pas entrés en courant pour aider Wagenbach.
- VIC !
Le capitaine David Aceveda et Mackey s'étaient peu à peu rapprochés depuis l'arrestation de Ben Gilroy malgré leur violent accrochage devant tout le monde le jour de l'arrivée de Monica Rawling, l'estime de l'un ayant remonté pour l'autre. Ils prirent accidentellement quelques coups en voulant l'éloigner du criminel qui avait gravement changé de visage en quelques secondes mais ce ne fut pas cela qui les arrêta. Ils firent leur travail. En dépit de leur supériorité numérique, ils ne parvinrent pas à faire lâcher prise à leur collègue, ivre de rage tandis que Mardon perdait connaissance.
- Vic, il a son compte.
- Laissez tomber.
Vic ne se soucia pas le moins du monde de leur présence, se focalisant uniquement sur l'homme qu'il avait décidé de tuer à mains nues. Augmentant le risque de gagner un séjour à l'hôpital, le capitaine se glissa entre les deux parties et utilisa toute sa force pour faire reculer Mackey en l'avertissant une dernière fois.
- Calmez-vous, allez.
Rawling se glissa derrière Aceveda et tira le corps inconscient loin de Vic. Enragé et émotionnellement touché, presque en pleurs, Vic ne put se résoudre à garder l'image de ses enfants dans la tête sans faire quelque chose. Il se dégagea des bras qui le maintenaient, sortit à toute vitesse et prit la direction du parking tandis qu'essoufflée, Claudette dit :
- J'avais presque envie de le laisser tabasser ce salopard.
Remarque soutenue par ses collègues.
Il se rendit chez lui mais les protestations de Corrine résonnèrent lorsqu'il passa près d'elle à toute vitesse, elle voulut le mettre tout de suite dehors. Il ne l'écouta pas et se faufila de chambre en chambre, embrassant ses enfants les uns après les autres. Après s'être ancré dans la tête qu'ils étaient en sécurité, il respira un grand coup et partit sans un regard à Corrine qui n'en revenait toujours pas. Sur le chemin du retour, les questions inquiètes de sa femme lui résonnaient encore dans les oreilles.
Arrivé devant sa chambre d'hôtel, il aperçut Shane à côté de la porte.
- Je viens d'arriver mais en ne te voyant pas j'allais repartir, j'ai entendu parler de ce qu'il s'est passé au bercail. J'ai cru que tu t'étais endormi, ça va ?
Sans répondre, son ami s'avança et l'invita à entrer après avoir ouvert, lui proposant une bière au passage. Vic s'agitait sans interruption pour camoufler ses tremblements de peur et de haine mais Shane n'était pas dupe. Il n'allait pas bien, ses mains tremblaient encore.
- T'as été voir tes enfants, hein ?
Mackey but quelques gorgées rafraîchissantes avant de poser pour la première fois son regard sur Shane depuis leur entrée.
- Il fallait absolument que je les vois, ce type m'a complètement retourné.
- Ouai, on m'a dit ça. J'aurai moi aussi voulu qu'il crève mais bon... on n'est pas comme lui. Il faut parfois qu'on marche droit sans faire de vagues. Tu vas sans doute mettre du temps à oublier ce gars mais tu vas y arriver. Il te suffit de recommencer comme avant, d'accord ? Si tu veux, on peut aller tabasser quelques dealers ou racailles, ou encore s'envoyer des nanas qui traînent dans les bars, plaisanter entre nous...
- Non, j'ai vraiment la tête à rien ce soir, mon vieux.
Ils restèrent posés dans le calme de longues minutes à siroter quelques bières, se détendant au fur et à mesure des gorgées ingurgitées. Le sudiste jetait des regards en biais à son meilleur ami de temps en temps et observait son comportement de plus en plus serein. Shane finit par se rapprocher de Vic comme il le faisait à chaque fois qu'il voulait lui faire un commentaire déplacé sur quelqu'un d'autre et lui demanda :
- T'as déjà fait ça avec un mec, Vic ?
- Fait quoi ?
Shane parut gêné à l'extrême à l'idée de changer ses mots, surtout en voyant le regard insistant que lui jeta son ami.
- Pour résumer, tu t'es déjà fait un mec ?
Vic laissa apparaître sur son visage un air autant amusé qu'outré comme si la réponse aurait du être évidente pour le plus jeune.
- Non, bien sûr ! Pourquoi tu de me demandes ça ? Toi oui ?
Shane eut un petit rire et se gratta derrière la tête.
- Je ne veux pas te choquer mais je t'avouerai que ça m'a toujours tenté. C'est que de la baise après tout, ce sont juste les moyens qui changent. En plus je sais qu'une partie de jambes en l'air ça t'a toujours détendu, on en parle assez dans notre foyer et étant donné le mec que t'es, ta carrure et tout ça... je me suis toujours demandé si tu y allais doucement ou brutalement quand tu fais grimper une femme au rideau.
Vic qui avait essayé de boire cul sec pour oublier ses premières paroles, s'étouffa avec sa gorgée de bière et dut tousser et respirer autant qu'il put pendant que Shane s'avançait tout en lui tapant dans le dos en s'excusant.
- On n'en est jamais arrivés à rentrer autant dans les détails, Shane...
- Oui je sais mais...
D'un côté, Vic parut réfléchir après avoir retrouvé le sourire et Shane se sentit moins idiot, mais de l'autre il avait maintenant envie de lui en dire plus, ou plutôt de lui en montrer plus.
- Allez, viens !
Shane se précipita sur son visage et le fit prisonnier du sien, emprisonnant ses lèvres pour laisser sa langue danser brutalement avec la sienne mais Vic sépara leurs lèvres un instant.
- Wow... tu es sûr, Shane ? C'est nouveau pour nous, ça.
Le plus jeune se colla explicitement contre Vic pour que son érection rencontre la sienne et il n'y eut pas besoin d'autre réponse. Chacun avait besoin de se laisser aller et connaître une sensation nouvelle fut la solution momentanée pour eux. Vic le regarda de haut en bas et une lueur salace dans les yeux, le cogna contre le mur avec presque autant de brutalité qu'avec un suspect. Il ne se posa aucune question et ôta sa ceinture en toute rapidité ainsi que celle de son meilleur ami. Chacun était aussi avide que l'autre dans sa manière d'embrasser, de caresser, et ils ne demandaient qu'à passer à l'étape supérieure. Shane dégagea tous ses vêtements et libéra son envie qui entra vite en contact avec celle de Vic. Tout ce que Mackey désirait pour le moment était la chaleur d'un corps contre le sien et Shane, bien que très surpris par l'aplomb de Vic, avait aussi besoin de se laisser aller. Il laissa le costaud qu'était son ami l'embrasser ardemment, avidement quitte à être lourdement marqué le lendemain. Il l'encouragea à enlever sa veste de cuir avant de lui ôter son t-shirt lui-même. La peau de Mackey était brûlante, "peut-être à cause des nerfs" pensa Shane même s'il en douta en cet instant.
Plaqué debout contre le mur, Shane jura sous la douleur de la pénétration, une multitude de grossièretés lui écorchant la bouche alors que son ami violentait son anus par son membre brûlant. L'écrasant contre le mur, le faisant prisonnier de sa brutale envie, Vic déposa de vifs baisers dans le cou exposé et lécha la nuque transpirante de son meilleur ami. La dureté de l'acte finit par s'évader, laissant place à une tendresse naissante et appréciée des deux hommes qui continuèrent ainsi. Éjaculant dans le corps de son ami, Mackey se sentit mieux, bien que bizarre et chercha ensuite à compenser la douleur qu'il lui avait infligée. Il le retourna et après avoir savouré l'épuisement sur son visage, l'accompagna jusqu'au lit et prit son sexe en main avant de lui faire autant plaisir qu'il lui avait fait du mal. Les gémissements de Shane durèrent et durèrent encore jusqu'à ce qu'il ne sente la main de Vic être remplacé par ses lèvres. Se léchant les lèvres sous cet intense plaisir, il parvint à la jouissance et se libéra dans la cavité mouillée qui l'accueillait. Recrachant le liquide chaud à côté de lui, Vic se redressa à la hauteur de Shane, plaqué contre un oreiller, et l'embrassa encore une fois.
Leur nuit s'écoula de cette manière : brutale, longue et douloureuse pour finir plus douce et calme. Observant le plafond, Mackey parla d'une toute petite voix.
- Si un jour on m'avait dit que je me finirais par me taper un autre homme...
Shane rigola et ajouta :
- Et moi alors ! si on m'avait dit que je demanderais à mon meilleur ami de me la foutre, je ne l'aurai pas cru.
Vic haussa les sourcils en jetant un œil vers lui.
- Même dans ces moments-là, t'es toujours aussi romantique.
Éclatant de rire tous les deux, ils récupérèrent un instant jusqu'à ce que le cow-boy ne brise à nouveau le silence.
- Il faut dire que la bière, ça a aidé. Mais si tu veux, on n'en parlera plus à partir de demain.
- Je préférerai, oui.
- Ok !
Shane sourit et se prépara à plonger dans un bon sommeil, bien qu'avant de fermer les yeux il ajouta :
- De toute façon, je préfère ne pas trop m'approcher de toi étant donné les bleus et les suçons que je vais sûrement avoir. Il faudra que je leur dise que Mara était une vraie tigresse, ce soir.
Le rire provoqué chez son ami le prit également et ils s'endormirent le cœur plus léger et en pensant à d'autres choses.
ooOOoo
Les jours qui suivirent, les deux amis firent comme s'il ne s'était rien passé tel qu'ils en avaient convenu. Pour eux, la gêne n'était pas en cause mais plutôt la crédibilité au sein du district et du bercail. Par ailleurs, Shane était toujours marié et rien qu'une rumeur comme ça épancherait un énorme scandale familial. Ils avaient eu besoin de se lâcher, point final. Pourtant, Vic ne se sentait pas rassuré car le profiler du bercail avait un comportement étrange et lorsqu'il lui avait demandé si ça allait, Dutch s'était montré distant et distrait à la fois. "Je suis cuit" avait-il pensé.
- C'est le capitaine, il y a quelque chose qui cloche chez lui ! avoua t-il.
Grandement soulagé, Vic haussa brièvement les sourcils avant de répondre :
- Sans blague !
- Vic, depuis qu'il s'est rendu dans cette maison la dernière fois et qu'il a eu à se défendre contre ces deux gars, il n'est plus le même.
- J'ai remarqué, Dutch, mais qu'est-ce qu'on peut y faire ? Ça va peut-être lui passer... Après tout, il n'a pas l'habitude d'une bonne dose d'adrénaline notre bureaucrate de boss.
Vic n'avait pas pu s'empêcher de le casser rien qu'une fois mais pourtant le regretta immédiatement, se remémorant dans quel état il avait trouvé David ce jour-là. À ce moment, des éclats de voix se firent entendre et tous les agents sans exception levèrent les yeux vers la source du bruit, le bureau d'Aceveda. Aurora était apparemment venue lui parler et devait maintenant assumer l'humeur de son époux. Elle sortit en claquant la porte et tout le monde se remit à la tâche avant que leur chef n'en fasse autant. Dutch et Vic se sentirent tendus quand elle descendit les escaliers et vint se planter près d'eux. Vic fit comme si de rien n'était tout en perdant son regard dans un dossier qui n'était pas à lui, mais Dutch et sa franchise demeuraient en toute circonstance.
- Tout va bien entre vous et votre mari ?
Aurora, bien que frappée par sa spontanéité, ne lui en voulut pas. Après tout, ils n'auraient pas du se donner en spectacle tous les deux.
- Bien sûr, ce n'est pas moi le problème. Mon mari est une véritable poudrière en ce moment, je ne sais pas s'il est comme ça avec vous aussi mais moi je ne peux même plus m'en approcher sans qu'il explose.
Dutch fronça les sourcils et la questionna :
- Depuis quand, précisément ?
Irritée par ses propres réponses, elle consentit tout de même à garder une humeur neutre devant ces hommes qui ne méritaient pas une agression verbale.
- Un mois ou deux, je pense. Nous n'avons pas les mêmes horaires lui et moi, et on ne se voit pas autant qu'on le souhaiterait. Par contre il y a presque un mois, je l'ai vu rentrer dans la maison et il a été prendre une douche directement, on ne s'est pas parlés. C'est le premier jour où sa mauvaise humeur est devenue comme la quatrième personne de la maison.
Elle resta plantée quelques secondes, l'air éploré, avant de tourner les talons en direction de la sortie sans même les saluer.
Dutch réfléchit un instant.
- J'ai une théorie à vérifier.
Il sortit un carnet de note de son tiroir, croisa les jambes et se pencha en arrière comme à son habitude, laissant Mackey réfléchir seul au problème. Vic avait lui-même découvert le côté sombre d'Aceveda le jour où il avait perdu son sang-froid et tabassé Chaydez dans la salle d'interrogatoire. Pas qu'il ne commence à réellement l'aimer mais il avait eu l'impression de se voir lui-même à chacun de ses dérapages. Un jeune capitaine ne pouvait pas et surtout ne devait pas agir de la sorte, surtout un homme bien tel que lui. Jamais il ne lui dirait mais la ville avait besoin de lui. "Dutch a raison, il s'est passé un truc dans cette baraque. Il était trop évasif ce jour-là, j'aurai du insister en lui parlant" pensa Vic.
Perdu dans ses pensées, il entendit son collègue qui marmonnait et griffonnait sur le papier. Le ton changeant, il se demanda si Dutch parlait tout seul où s'il s'adressait à lui.
- Agressif avec tout le monde, homme ou femme, nerveux et distant avec sa propre femme également, je les ai observés par la fenêtre de son bureau. Il rentre très tard chez lui et ne la laisse pas le toucher, j'en mettrais ma main au feu.
- Ils se disputent, c'est limpide. Quand ça nous arrivait avec ma femme, on ne se touchait plus non plus. Aussi, il est sur son lieu de travail et il rentre tard parce qu'il travaille tard. Vous les espionnez au fait, mais vous êtes un voyeur...
- Non ! j'observe, Vic. C'est mon travail.
Vic garda pour lui le pétage de plombs de leur supérieur mais additionnant ça avec le reste, ses yeux lancèrent des éclairs. Dutch secoua la tête et s'approcha pour murmurer près de lui :
- Dernière chose, je l'ai vu aller aux toilettes et en ressortant, il a baissé la tête mais j'ai noté qu'il avait pleuré. En clair...
Appréhendant la réponse, Vic demanda :
- Il l'ont torturé ?
- Je le pense et étant donné son statut au bercail, certains gangs peuvent aller très loin pour prendre leur pied et humilier des flics. Ils n'avaient qu'à l'attacher et partir mais non, ils ont cherché à atteindre les extrémités. De par son comportement, quelque chose l'a traumatisé. Par ailleurs, une simple torture physique comme un passage à tabac ou une brûlure n'envoie généralement pas aux toilettes si vous voyez ce que je veux dire. Et si ce n'est sa blessure au front, il n'a rien de visible. Pour moi, il a subi quelque chose de plus... personnel.
- Personnel ? répéta Vic.
Dutch fut précis.
- Intime.
Dutch fut heurté rien que d'y penser. Cette fois, Vic s'énerva et donna un énorme coup dans le bureau, agaçant Dutch et s'attirant quelques regards. Heureusement pour eux que Claudette était partie se perdre dans les archives.
- Hé du calme ! c'est mon bureau, allez démolir votre foyer.
- Très loin, vous dites ? Non ! trop loin. S'il n'en parle à personne, il risque de faire une connerie. Il a un travail et une famille.
- Vic, il faut que cela vienne de lui. Vous ne pouvez pas forcer le dialogue comme ça, il risque de se renfermer encore plus ou pire encore... d'imploser. Il n'hésite pas à hurler sur sa femme ici même, c'est quand même un signe.
Mackey fut assommé d'avoir eu une conversation pareille. Malgré leur mésentente, même le capitaine ne méritait pas de subir de telles horreurs. Les deux hommes commençaient tout juste à s'apprécier. Vic laissa Dutch potasser encore un peu, celui-ci était un véritable génie dans sa branche. Quant à lui, il attendit que le bercail se vide un peu au fil du temps pour tenter une approche douce, au possible. En fin de soirée, il salua les membres de la Strike Team qui repartaient. Shane n'en finissait plus de parler de son mariage et Lem, malgré qu'il semblait préoccupé par son ulcère, partit avec Ronnie passer du bon temps pour oublier leurs ennuis actuels dont la liste était longue.
Vic vit une nouvelle fois Aurora venir et repartir bredouille du bureau de son mari après une énième mais plus courte dispute. Il chercha à la rattraper malgré sa démarche rapide mais celle-ci fut plus évasive cette fois. Malheureusement, il n'obtint pas les réponses qu'il souhaitaient et se dirigea aussi innocemment que possible vers le bureau où tout se passait. Il cogita avant d'entrer car Aceveda avait non seulement fermé les stores, ce qui n'était jamais arrivé, mais également éteint la lumière. Vic le devina facilement, connaissant le bercail comme sa propre maison. D'ordinaire, un léger faisceau lumineux serait passé par dessous la porte, étant donné la faible luminosité dans la pièce due au peu de personnel présent après vingt-trois heures. Quoi qu'il en soit, il frappa doucement et entra l'air de rien avant d'allumer la lumière en prenant un faux air surpris, trouvant ensuite son supérieur debout devant sa fenêtre à regarder les rares lumières extérieures.
- Ouf ! j'ai cru que j'allais interrompre quelque chose de gênant. Parce que dans le noir...
Le plus jeune ne se tourna pas mais soupira avant de le prier aussi poliment que possible de sortir.
- Capitaine, ce n'est pas pour mettre le feu aux poudres mais j'ai une vague idée de ce qui vous met dans cet état.
David fronça les sourcils et baissa de peu la tête, espérant que son silence ferait partir l'autre homme. Il n'en fut rien car il leva suffisamment les yeux pour voir le reflet de Vic dans la fenêtre, fermant la porte du bureau sans en sortir. Il ne comptait pas partir et semblait déterminé à lui faire cracher le morceau.
- Vous n'avez pas l'intention de me foutre la paix, hein ?
Cela sonna ironique et agressif en même temps et il se décida à faire face à son agent. Peut-être s'était-il aperçu de l'agressivité dans son regard car il en atténua l'aspect.
- Laissez-moi tranquille, Vic. Je ne suis pas d'humeur à me disputer avec vous.
- Ce n'est pas ce que je veux non plus mais capitaine... vous ne pouvez pas garder ça pour vous.
Sans doute Vic fut-il trop direct ce coup-là.
- Foutez le camp, Mackey. Je ne vois pas de quoi vous parlez ! ragea son supérieur, les yeux humides et fuyants.
Vic ne se laissa pas démoraliser, il savait qu'Aceveda n'était du genre à abandonner qu'après avoir obtenu ce qu'il veut en général, exactement comme lui. En cet instant, il souhaitait son départ mais Vic n'allait pas l'écouter. Il s'approcha aussi doucement que possible tout en restant sérieux et observant le regard du plus jeune à chacun de ses pas, et leurs soupçons à lui comme à Dutch furent révélés. David paniqua de plus en plus et lorsqu'il estima ne plus avoir d'espace personnel, il se décala violemment et se cogna contre le mur. Lorsqu'il réalisa qu'il était trop tard pour se reprendre et qu'il devait être découvert, ses jambes fléchirent et il se laissa tomber sur le sol, en larmes et envahi par le dégoût. Vic ne sut plus quoi faire, son but n'ayant pas été de le rabaisser. Il s'assit à ses côtés, ayant peur que son chef ne se sente amoindri par le fait qu'il se tenait debout près de lui dans un tel moment de fragilité.
- Pardon ! Vous savez, ce n'est pas à vous d'avoir honte de ce qu'il s'est passé. C'est à lui.
Les rares sons que l'autre homme ne put émettre provinrent de ses pleurs et Vic dut attendre quelques minutes avant que cela ne se dissipe.
- Est-ce que vous sauriez le forcer à parler, ce mec qui vous a fait ça ?
Il regarda le brun relever très légèrement les yeux et enfoncer sa tête dans ses bras. Le bercail avait vu passer des masses de violeurs en tous genres mais Vic restait toujours stupéfait par les différents comportements des personnes touchées. Pourtant, jamais encore il n'avait eu affaire à un homme en tant que victime d'abus sexuel.
- Pas sans le tuer après et de toute manière, ce fils de pute en est tellement fier qu'il n'y aurait qu'à lui demander tranquillement. J'ai déjà eu l'un d'eux, je pourrais me le faire en dehors du boulot.
Vic réalisa alors qu'il ne s'était pas entièrement planté pour le braquage du petit magasin, Aceveda ne se trouvait pas sur les lieux par hasard mais c'était pour une raison différente. Il recherchait déjà la vengeance et il l'avait partiellement obtenue.
- Capitaine, vous ne pouvez pas agir comme un criminel.
- Elle est bonne ! dixit celui qui contourne sans arrêt les règles. Essayez donc de m'en empêcher.
Aceveda posa un regard d'une noirceur extrême sur Mackey, bien que celui-ci avait l'habitude des regards menaçants.
- Si je dis ça, c'est pour vous.
Ils attendirent un peu jusqu'à ce qu'une certaine raideur ne se fasse sentir dans le dos de David et celui-ci se releva, suivi peu après par Vic. Supportant toutefois la présence de son agent, il lui jeta un léger regard, exactement le même que lorsque Vic lui avait tendu la vidéo de l'interrogatoire de Chaydez.
- Il m'a forcé à... je passe mon temps à cracher et à vomir. Penser à autre chose ne m'aide pas, ce gros dégueulasse m'a complètement souillé de l'intérieur.
David tourna la tête à l'opposé pour masquer d'inévitables larmes et s'appuya contre le mur à côté de la fenêtre pour ne pas retomber au sol. Vic lui posa délicatement une main sur l'épaule près du cou, souriant doucement en voyant que la tension provoquée par ce contact chez le plus jeune n'avait que peu durée.
- Qui d'autre est au courant ? demanda Vic.
David déglutit et expira doucement.
- Mon cousin Rigo, j'en ai parlé avec lui. Je n'en pouvais plus de garder ça pour moi, il fallait que ça sorte. Je n'ose même plus embrasser ma femme tellement j'ai peur qu'elle me rejette. Je lui ai dit aujourd'hui... et j'aurai mieux fait de la fermer. Contrairement à mon cousin, elle a réagi comme si c'était moi le responsable.
- Je n'en reviens pas, quelle égoïste ! s'indigna Vic.
Vic jeta un regard qui se voulait rassurant à son boss mais sans pouvoir retenir un léger brin de tristesse, puis il posa la main sur la sienne et la sentit trembler. Vic se surprit lui-même de pouvoir être aussi prévenant avec cet homme. Elle ignorait la situation actuelle du capitaine du bercail, mais Claudette l'avait prévenu de sa tendance à prendre la tangente si on l'approchait trop vite en ce moment. Aceveda prenait peur et fuyait à la moindre pensée de travers à l'encontre d'une personne mais bon, il était au courant mieux que personne, dorénavant.
- Vous vous sentez souillé, capitaine, mais vous ne l'êtes pas. Dutch dit qu'un simple contact physique vous écœure à cause de ce qui vous est arrivé mais selon moi il ne tient qu'à vous de claquer la porte à cette impression.
L'expression paniquée sur le visage du capitaine en dit long à Vic qui se maudit et préféra être direct.
- Dutch ? Vous lui avez... non mais c'est pas vrai !
- Veuillez calmer vos nerfs, je ne lui ai parlé de rien. C'est lui le profiler, souvenez-vous. C'est lui qui a engagé le débat et dans le meilleur des cas, il pense uniquement que vous avez été torturé. Ce qui j'avoue est improbable, connaissant sa perspicacité.
Le teint rougi et la respiration accélérée, le capitaine sortit de ses gonds et se rua hors de la pièce, Vic pestant sur sa franchise et se mettant en tête de le suivre jusque chez lui s'il le fallait. Il eut du mal à le suivre mais resta en retrait pour éviter qu'il ne se sente trop envahi. Aceveda venait de prendre le volant ce qui était une mauvaise idée dans un tel état émotionnel, donc Vic le suivit comme il l'avait décidé. Durant tout le trajet, Mackey avait klaxonné sur les voitures trop proches de celle qu'il suivait si elles s'approchaient trop d'elle. En effet, le capitaine semblait vouloir battre le record de vitesse et conduisait dangereusement. En arrivant devant chez lui, David ouvrit sa porte sans pour autant entrer, s'énervant encore plus à la vue de celui qui l'avait collé au train et commença à pester haut et fort contre lui.
- Mais calmez-vous David, regardez-vous ! vous allez faire peur à votre femme et votre fille et ce n'est pas ce que vous voulez, si ?
La respiration haletante, David s'arrêta net avant de claquer :
- Je suis on ne peut plus calme.
- Ah bon ? J'ai du mal entendre, là.
- Elles sont chez de la famille à Aurora par ma faute, c'est ce qu'elle est venue me dire au bureau la deuxième fois.
Vic leva les yeux au ciel.
- Vous êtes une belle tête de nœud, Aceveda ! ce n'est pas de votre faute alors arrêtez de dire ça. Vous n'avez pas choisi ce qui vous est arrivé.
Tandis qu'ils continuaient à hausser la voix en se demandant qui aurait le dernier mot, un voisin que le bruit avait alerté sortit sur sa pelouse et leur intima aussi poliment que possible de baisser d'un ton. Énervé, Aceveda voulut s'élancer sur lui pour se défouler mais Vic le rattrapa avec force et le poussa vers sa porte tout en s'excusant auprès du voisin qui accourut chez lui sans demander son reste. Vic se décida à entrer sans invitation chez celui qu'il estima prudent de ne pas laisser seul et qui venait de frapper dans son mur de salon.
- Regardez-moi, David.
Il réussit à l'immobiliser avant qu'il ne se décide à se casser le poignet, nerveux comme personne ne l'avait jamais été face à lui.
Vic lui posa doucement une main sur le visage une première fois et son capitaine la rejeta brusquement, tremblant comme s'il était nu en plein hiver. Il refit une tentative, voyant cette fois l'autre homme fermer les yeux. Il tenta de s'approcher le plus possible du Latino et nota une chose claire : ce n'était pas la faible distance entre eux qui mettait le plus le capitaine mal à l'aise mais plutôt sa main près de ses lèvres. Vic eut donc un mauvais flash sous les yeux qui lui donna quelques informations concernant le calvaire qu'avait du subir le capitaine de la police. Il en eut les larmes aux yeux un instant mais se ressaisit, un laisser-aller aux mêmes émotions n'aurait pas aidé l'autre homme.
- Jamais vous n'aurez à avoir peur de moi, capitaine. Je vais continuer mes conneries et vous me passerez des savons comme toujours.
Vic ne saisit pas du tout pourquoi les images et sensations de sa nuit torride avec Shane s'insinuèrent dans sa tête et son corps mais il ne s'en félicita pas vu les circonstances. David Aceveda était mentalement blessé et il n'avait pas le droit de confondre sa douleur avec un quelconque plaisir. Il eut tout de même envie de lui prouver à sa manière qu'il n'était en rien "sali" et Aceveda n'ayant toujours pas rouvert les yeux, Vic lui passa doucement le doigt sur le bord des lèvres pour lui caresser et posa chastement ses lèvres sur les siennes pour un doux baiser. En entendant David gémir de peur, il recula et lui commanda doucement d'ouvrir les yeux pour affronter la réalité. Ce que fit le plus jeune avec angoisse mais lorsque ce fut fait, il regarda partout autour de lui et finit par poser son regard sur Mackey.
- Cette chose me rattrape... ou vous m'avez... non ! je crois que j'ai eu une hallucination.
- Non David ! il n'y a que nous et je ne vous ai pas fait de mal, j'avais une main sur vous et je vous ai embrassé. C'est tout.
Le brun fronça les sourcils et inclina légèrement la tête comme s'il cherchait à s'en souvenir.
- J'ai... j'ai eu l'impression que ça se passait dans ma tête.
- C'est parce que c'est là-dedans vous cherchez à vous réfugier en ce moment.
Ses tremblements diminuèrent considérablement mais sa respiration s'accéléra quand Mackey s'approcha de lui à nouveau. Aceveda lui posa une main sur la poitrine pour le repousser doucement mais Vic la prit dans les siennes, l'amenant à ses lèvres.
- Voyez, je ne vous fais pas de mal.
Surprenant et encourageant, Vic sentit David lui poser une main non rassurée sur le visage. "Il doit chercher à revivre le moment de tout à l'heure à sa manière" pensa t-il. Puis David plongea son regard sombre et brisé dans celui de Vic, s'avançant avant de l'embrasser lui-même, lentement, avec hésitation. Mackey l'aida en lui répondant à son tour sans le bousculer et le laissa prendre les rênes une bonne minute, jusqu'à ce que les tremblements ne réapparaissent. Mettant moins de temps pour les atténuer, les deux hommes se rendirent compte d'avoir un peu dépassé les bornes concernant la frontière personnelle. Ils se reprirent et Vic recula en se consolant sur le fait qu'il n'aurait pas trouvé mieux pour lui remonter le moral.
- Est-ce que je vous ai fait du mal ?
- Non ! avoua David.
Vic lui sourit, lui caressa la joue et demanda :
- Vous allez pouvoir passer une nuit convenable ? Sinon...
- Oui merci.
Pour Vic, David avait répondu un peu trop vite. Peut-être n'était-ce pas la vérité mais son boss avait besoin de se retrouver seul un moment. Une nuit de sommeil lui ferait du bien alors ils se jetèrent un dernier regard - plus qu'étrange, ils le remarquèrent - avant que Vic ne passe la porte d'entrée. Il s'en voulut déjà d'être reparti mais se serait mal imaginé le surveiller toute la nuit et reprit donc la route jusqu'à l'hôtel tout en pensant à s'en rompre les neurones. David, quant à lui, avait voulu tout se sortir de la tête et n'avait trouvé qu'un seul remède pour y parvenir : l'alcool. Il commença donc à enchaîner les verres dans le but de chasser ses démons, les verres se transformant en gorgées et apaisant son esprit tourmenté. Il passa son temps à boire et finit par triturer son arme de service en fixant le canon avec sa tête qui tournait.
- J'ai oublié de prendre des affaires pour Sophia, je n'en ai pas pour longtemps.
Il sursauta, n'ayant même pas entendu la porte, et rangea son arme entre son buste et son pantalon. Le fait que sa femme arrive en pleine nuit sans même frapper ou prévenir ne le laissa pas indifférent même s'il était éveillé. Il s'énerva et claqua presque son verre sur la table. Recevant un regard plus que méchant de sa part, Aurora ne s'attarda pas à discuter avec lui et passa à l'essentiel.
- C'est à cette heure-ci que tu viens lui prendre des affaires ? grommela David.
L'alcool semblait donner un côté provocateur au capitaine.
- Et c'est à cette heure-ci que tu te saoules ? Tu t'enfonces, David.
Révolté, son mari se leva brusquement de sa chaise et se saisit de la bouteille qui était sa seule amie de la soirée. Nerveuse face à ce visage inconnu que portait son mari ce soir, Aurora voulut lui prendre la bouteille mais celui-ci dégagea son bras avec violence, lui faisant davantage prendre peur.
- Donne-la-moi.
Le capitaine se calma et s'approcha doucement d'elle pour tenter de l'embrasser, geste qu'elle esquiva. Souriant tristement, le visage masculin reprit assez vite un air agressif.
- Pour toi, c'est de ma faute. Ce le sera toujours.
- Non David ! mais regarde-toi... tu n'es pas toi-même en ce moment.
Elle sursauta lorsqu'il hurla :
- ET TU N'ARRANGES RIEN. C'est toi qui m'enfonce, Aurora.
Enragé, David brisa la bouteille contre le mur du salon et une panique totale s'empara de son épouse. Elle fit son possible pour rester à une grande distance de lui au cas où il tenterait de lever la main sur elle.
- Alors selon toi, je me suis juste contenté de lui faire plaisir ? Peut-être même que je me suis éclaté moi aussi... tu penses que je l'ai mérité ? C'est juste un unique désagrément dans notre mariage qui nous a mené à une thérapie conj...
- Chéri, ne déforme pas mes propos. J'ai dit...
- C'est ça, je déforme. Tu aurais fait quoi à ma place ? Tu sais ce que c'est que d'avoir une arme braquée sur la tempe et de ne pas trouver le courage de dire non ? Non, t'en sais rien. RIEN !
Hors de lui, il dégaina son arme et s'approcha d'Aurora avant de lui pointer son arme sur la tête. Celle-ci hurla de terreur :
- DAVID !
Son mari ne se contrôlait plus tant il avait ingurgité de whisky. Le regard insistant qu'il réserva en cet instant à Aurora l'effraya à un tel niveau qu'elle n'eut pas la force de se détourner de ses yeux emplis de douleur et de rancœur. Il plaqua brutalement ses lèvres sur les siennes en constatant son inactivité, puis lui ordonna :
- Baisse-toi.
Bouche bée et choquée, son épouse sembla espérer avoir compris de travers.
- Quoi ?
D'un ton glacial, il réitéra :
- J'ai dit baisse-toi, fous-toi à genoux.
Là, ses yeux s'agrandirent sous le choc.
- David !
Aurora leva doucement un bras vers son visage et essaya de le dissuader par tous les moyens mais rien n'y fit. Le plus doux des mots menait son mari à une colère noire et lorsqu'elle prétendit avoir compris ce qu'il avait traversé, il ne s'apaisa pas du tout bien au contraire et porta une main à sa ceinture. La seule chose qu'elle fut en mesure de faire ensuite fut de pleurer.
- Je t'en prie David, ne fais pas ça.
Tant embarrassée que terrorisée par ce revirement primaire dû au traumatisme de son époux, la chose qui l'inquiéta le plus sur le moment ne fut pas de voir l'homme qu'elle aimait lui ordonner de lui faire une fellation. C'était le fait qu'il le lui ordonne ivre avec son arme pointée sur sa tête.
- David, je suis désolée. Je sais que tu n'es pas responsable, personne ne peut vouloir ça...
- Tais-toi !
- C'est vrai que je l'ai mal pris alors que je n'étais pas à ta place.
Ses larmes s'accentuèrent et Aceveda finit par réaliser ce qu'il faisait au moment où il sentit le contact chaud des lèvres de sa femme sur son pénis. Il se recula brusquement et pleura à chaudes larmes, couvert de honte et se retournant pour se rhabiller. Aurora en profita pour se relever en douceur, toujours sous le choc. Elle s'approcha avec discernement à la vue de l'arme toujours dans sa main qui tremblait violemment.
- S'il te plait mon chéri, pose ton arme. David !
Elle voulut poser une main sur son épaule mais ne réussit qu'à l'énerver davantage et David quitta la maison en claquant la porte, son arme chargée avec lui malgré le risque de s'en servir par poussée de violence. Il entendit Aurora l'appeler sur le pas de la porte mais continua son chemin, préférant trouver un endroit où se calfeutrer avant de lui faire du mal. Quant à elle, prise de panique à l'idée de savoir son mari ivre se promenant en ville avec son arme à la main, hésita entre le poursuivre ou appeler la police. De préférence, un agent fiable en qui elle et surtout il pourrait avoir confiance. Un coup de feu retentit plus loin et sa peur s'intensifia car soit David avait tué quelqu'un, soit il avait retourné son arme contre lui. Elle rentra, courut jusqu'au téléphone et composa le numéro de la police.
- Allô ? Je veux parler à l'inspecteur Vic Mackey s'il vous plait, c'est urgent. D'accord, son numéro alors.
Elle chercha un stylo et sans trouver de papier, écrivit le numéro sur sa main avant de raccrocher. Elle composa ensuite le numéro de l'inspecteur tout en s'excusant intérieurement de le déranger à une heure aussi tardive puis pesta après être tombée sur la messagerie. Elle attendit quelques minutes puis retenta le coup, cet essai portant ses fruits.
- Inspecteur Mackey ?
- Le seul et l'unique.
- C'est Aurora Aceveda. Je m'excuse de vous déranger aussi tard mais je suis chez moi et je ne savais pas qui appeler d'autre. David ne côtoie pas grand monde, en ce moment.
- Ce n'est pas grave, je sortais justement de chez vous il n'y a pas si longtemps. Votre mari m'a tellement fichu le cafard que je n'en trouve pas le sommeil, là je suis en voiture. Il va bien ? Et qu'est-ce que vous faites chez vous ? Il m'a dit que vous alliez habiter ailleurs pendant quelques jours.
- Je venais prendre des vêtements pour la petite et je l'ai trouvé ivre dans le salon. On a commencé à se disputer alors j'ai essayé de m'en aller mais... il... bref il a disjoncté et il est sorti avec son arme. J'ai entendu un coup de feu dans le quartier il y a quelques minutes.
- Et merde ! J'arrive, je ferai un tour dans le quartier pour jeter un œil.
- Merci inspecteur.
Vic appuya sur le champignon. En réalité, il s'en faisait tellement pour Aceveda qu'il avait préféré rester à quelques pâtés de maisons de chez lui au cas où. Il se rendit à l'endroit indiqué mais eut beau farfouiller dans les moindres recoins, il ne trouva rien ni personne. Des poubelles, des cadavres de rats ou des chats errants, c'est tout ce à quoi il eut droit et il était sur le point de jeter l'éponge lorsqu'un fracas retentit. "Ça vient de plus loin" pensa t-il en sortant son arme. Il s'avança prudemment jusqu'à ce que s'éclaircissent dans son esprit les bruits aux alentours. Des voix, une bagarre... il accéléra en pensant juste tomber sur des racketteurs ou un dealer qui faisait son commerce de nuit.
- Oh mince alors !
Une bagarre, oui. Visiblement en ombres chinoises, celui qui avait le dessus frappait et frappait encore son adversaire qui donnait des coups tout aussi violents malgré sa position de faiblesse, allongé sur le béton. Vic voulut s'approcher pour les séparer tous les deux, quitte à leur casser la figure s'il le fallait mais entendit :
- T'en veux encore ?
David ! Il reconnut sa voix et courut vers lui au moment où il pointa son arme sur l'autre personne. Il le désarma facilement mais se rendit compte à quel point Aurora avait raison, il avait disjoncté. Effet de l'alcool oblige. Vic lui murmura un doux "pardonnez-moi, David" avant de le frapper de toutes ses forces pour l'assommer. Il vérifia l'état de santé de l'autre, à demi inconscient, et appela une ambulance en donnant les coordonnées de l'endroit avant de partir, portant David dans ses bras et prenant soin de récupérer son pistolet.
De retour chez le capitaine, il trouva Aurora assise sur un tabouret à s'inquiéter. Elle accourut en voyant dans quel état se trouvait son mari.
- Ce n'est pas vrai, dites-moi ce qu'il s'est passé.
- Restez tranquille, j'ai juste du l'assommer avant qu'il ne tue quelqu'un. Il se battait et il a sorti son arme alors je suis intervenu.
- Mon Dieu, David. Le coup de feu ne venait pas de lui alors ?
- Pas que je sache, peut-être même que s'en n'était pas un. Tout va bien, je vais l'allonger. Où est votre chambre ?
Il suivit volontiers Aurora jusqu'à ladite chambre et posa doucement son chef sur son lit, soulageant ses bras et se posta ensuite à l'entrée de la pièce. Il vit Aurora caresser le visage de David et l'embrasser avant de le recouvrir, décidant après cela de l'attendre dans le salon le temps qu'elle ne prenne soin de lui quelques minutes. Lorsqu'elle ressortit, elle n'eut pas l'air d'avoir changé d'avis pour le reste.
- Vous restez sur votre décision ? demanda Vic.
- Il ira mieux demain matin quand les effets auront disparu. Il n'évitera pas une migraine alors je lui ai préparé de quoi la soigner, mais oui je pars. Je reviendrai plus tard pour prendre des affaires pour ma fille, là je ne suis plus du tout d'humeur. J'étais juste passée par ici parce que je travaillais tard. J'espère juste qu'il ne sera pas comme ça la prochaine fois.
- J'y veillerai, je passerai le voir aussi souvent que possible et je le garderai à l'œil au bercail.
- Merci monsieur Mackey, je vous dois beaucoup.
Après avoir hésité, Vic insista.
- Pour l'instant, il ne risque pas de se réveiller mais je pense que votre présence lui ferait du bien à son réveil. Votre fille est avec de la famille alors...
- Je ne peux pas, je ne suis pas prête.
Vic analysa ses mots courts et définitifs.
- Vous n'avez vraiment plus confiance en lui ?
Aurora joignit ses mains, souffla dedans afin de les réchauffer et finit par éteindre la lumière, qu'elle jugea inutilement allumée étant donné que les lampadaires éclairaient suffisamment à travers les fenêtres.
- Non mais la confiance n'a rien à voir là-dedans. De toute façon vous êtes marié, vous savez que la confiance ça va dans les deux sens. Lui non plus ne me fait plus confiance, il n'est plus le même depuis ce jour. Évidemment, on n'a pas eu de rapports sexuels depuis que c'est arrivé et c'est normal. Aussi, j'ai surpris David plus d'une fois en train de se masturber ces derniers temps, et je préfère ne pas savoir à quoi il pense dans ces moments-là mais...
- Wow !
Vic lui coupa la parole avant de sourire, un peu gêné et rougissant. Une chance pour lui, ils étaient presque dans le noir.
- Je vous arrête tout de suite, il est encore mon capitaine et ce n'est pas du tout le genre de choses que j'ai envie d'entendre sur lui.
- Oui, pardon. Eh bien, je vous remercie encore, monsieur...
- Vic ! appelez-moi Vic.
- Merci Vic.
Après un sourire, ils se serrèrent la main et sortirent de la maison en direction de leurs voitures respectives.
- Au fait, ma chambre d'hôtel n'est pas loin. Je passerai le voir demain avant qu'il ne parte au commissariat. Ou plutôt tout à l'heure puisque le temps est passé trop vite.
Le remerciant une fois de plus, Aurora partit pour de bon et Vic aussi après avoir jeté un dernier regard sur la maison.
- Bonne nuit, capitaine ! souffla t-il.
ooOOoo
David se réveilla avec une douleur atroce dans le crâne qu'il s'était juré il y a bien longtemps ne jamais ravoir. Il se souvint avoir bu mais pour le reste... rien ne lui revint et encore moins les aspirines placées sur la commode en bois clair.
POV DAVID
Qu'est-ce que j'ai fait, hier ? C'est horrible, je m'étais promis de ne plus jamais boire comme un étudiant et je n'ai jamais été du genre prévoyant pour les migraines. Pfff... comme quoi je rate tout ce que je fais. Mais qu'est-ce que j'ai pu faire de ma soirée ? Vic, Aurora... je me souviens de leur avoir parlé mais pour dire quoi ? C'est pas vrai, je vais arrêter de réfléchir, ça aggrave cette foutue migraine.
FIN POV
Le capitaine aurait voulu rester couché mais le travail n'attendait pas. Comme le disaient les policiers, "les criminels ne prennent jamais de vacances". Il prit deux aspirines et ensuite alla prendre sa douche le temps que les effets - aussi minimes seraient-ils - apparaissent. Ces moments étaient agréables pour lui autrefois. Avec ou sans sa femme, il aimait sentir l'eau chaude couler sur lui, le caresser et le nettoyer de toute part. Désormais il n'y prenait plus le moindre plaisir. Sa nudité le faisait se considérer comme faible et il imaginait souvent le sperme de Lozano couler le long de son corps à la place de l'eau, provoquant un flot de larmes et des tremblements interminables. En plus de cela, il n'osait presque plus regarder son reflet dans le miroir sans avoir honte de lui.
Sortant enfin de cette cabine désormais "trop étroite et sale" selon lui, il s'appuya sur le rebord de la vasque et se laissa nager dans la buée chaude de la salle d'eau. Fermant les yeux pour penser à tout et à rien, l'idée de placer son arme sur sa tempe face au miroir s'imagea en lui mais repartit aussitôt, balayée par un visage : Vic. Cet inspecteur violent suspecté de corruption et qui passait son temps à le mettre en boule ne quittait plus ses pensées. Il pouvait le reconnaître, Vic avait été là pour lui alors qu'il ne l'aurait pas mérité. Ils étaient opposés, ne s'entendaient pratiquement pas et toutes leurs opinions divergeaient. Et pourtant il était là.
Resté trop longtemps à réfléchir, la buée s'était dissipée et quand il rouvrit les yeux, il sursauta face à son reflet dans le miroir. D'abord énervé, il se calma en réalisant que cela n'arrangerait en rien son mal de tête. Puis deux autres choses le frappèrent : un bleu sur sa tempe... et une érection. Se détestant tout à coup d'en avoir une en ayant pensé à Vic, il se consola en pensant au fait que plus grand chose n'arrivait à lui faire de l'effet ces derniers temps. D'ailleurs, ce moment où Vic l'avait embrassé lui revint, la sensation ressentie à ce moment-là également, et ça il avait aimé. Aimé être touché et embrassé par Vic, et aimé l'avoir embrassé ensuite. Il laissa quelques secondes sa main se promener sur sa verge dressée en pensant à ce moment mais il résista. Peut-être que cette attirance n'était qu'une passade pour lui et que son entrejambe allait se calmer. Il se vêtit comme à son habitude et chercha à penser à autre chose, décidant en même temps de perdre ses dernières minutes à rester allongé sur son lit au calme. Malheureusement, cette réaction inhabituelle dans son boxer ne diminua pas et le fit encore plus penser à son agent, s'accentuant au passage. Il chercha donc la vidéo qu'il avait volée au bercail, de par laquelle il avait découvert la première fois depuis ce jour avec Lozano qu'il pouvait encore ressentir de l'excitation, excepté le fait qu'il n'était pas fier de celle-ci. Pour le moment, il devait faire partir son érection sans quoi il ne mettrait pas un pied dehors. Il passa la vidéo dans le magnétoscope de sa chambre, l'obscurité lui assurant une atmosphère plus intime. Il se dégoûta dès l'instant où son doigt appuya sur la télécommande, d'autant plus qu'il n'arrivait toujours pas à se sortir Mackey de la tête. Les premières images étaient difficiles à regarder mais sa main entrant dans son sous-vêtement lui arracha cette culpabilité en un éclair. Une fois rallongé, il sortit son sexe de son boxer et son pantalon et commença à satisfaire son érection, cette vidéo étant plus que suffisante pour l'exciter davantage afin d'augmenter la vitesse de ses mouvements.
- Il y a quelqu'un ? David !
La voix calme mais malgré tout tonnante de Vic retentit dans la maison et David sursauta violemment avant d'éteindre la télévision et le magnétoscope, rajustant ses vêtements in extremis avant d'entendre des pas se rapprocher. Malgré sa frustration, il essaya d'adopter une posture indifférente et prit son verre dans ses mains avec la ferme intention de faire semblant de le reposer au moment où Vic pénétrerait dans la pièce, ce qui arriva vite.
- Alors capitaine, bien dormi ?
Reposant son verre comme il l'avait prévu, David soupira.
- Lâchez-moi la grappe, Mackey.
Vic s'avança quitte à l'entendre protester.
- Eh ben ! ça ne vous réussit pas, la gueule de bois.
- Qu'est-ce que vous faites ici ?
- Ah ça... je vous avais prévenu. Si vous n'aviez pas pris de cuite, vous vous en rappelleriez.
David commença nettement à perdre patience.
- Me rappeler de quoi ?
- Je suis là parce que j'ai décidé de garder un œil sur vous et parce que votre femme me l'a demandé aussi. Enfoncez-vous dans le crâne que ça ne m'enchante pas non plus à cette heure-ci. D'après elle, vous aviez un sérieux problème hier sauf qu'elle refuse de me dire quoi. Je ne suis pas un imbécile, vous savez ?
Le regard triste, David lui répondit :
- Je n'ai jamais dit ça.
- Alors dites-vous que je sais qu'il s'est passé quelque chose cette nuit. Je vous laisse en bon état, vous ne trouvez rien de mieux à faire que picoler...
- Arrêtez !
- ... ensuite votre femme m'appelle pour me dire que vous vous êtes disputés. J'ai vu votre état quand vous vous battiez avec ce gars, vous avez l'alcool mauvais. Agressif comme vous étiez, elle ne vous aurait pas provoqué volontairement. Vous avez fait quelque chose.
- Je vous ai dit d'arrêter.
- Vous ne vous êtes pas seulement disputés avec Aurora. Elle a dit quelque chose de travers ? Vous lui avez fait du mal ? C'est à propos de la famille ? Quoi ?
Ses questions comme ses commentaires avaient neutralisé toute chance de voir sa migraine disparaître et en plus de ça, la moitié lui revint en mémoire et David serra les poings.
- Je me suis battu. Oui, ça me revient.
Vic s'approcha de son lit et baissa la tête.
- Quand Aurora m'a téléphoné, elle m'a dit avoir entendu un coup de feu. Vous êtes sorti bourré et enragé avec votre flingue, espèce de maladroit. Au moins, le coup de feu ne venait pas de vous. Tout ça après vous être disputés, il fallait s'y attendre.
Aceveda s'emporta et se redressa, par ailleurs soulagé que son entrejambe ait perdu de l'ampleur.
- Ne faites pas comme si vous saviez ce que j'avais dans la tête. Je ne me souviens pas de tout mais ce type a voulu me racketter et ça c'est très net dans ma mémoire depuis que vous avez cherché à augmenter les remontrances à mon égard.
Vic s'assit près de lui et malgré le malaise que cela provoqua chez son supérieur, il tapota du doigt sur sa tempe.
- Je ne prétends pas savoir ce qui trotte là-dedans. Par contre, je sais parfaitement ce que vous faisiez avant que je n'arrive et c'est franchement malsain. Bordel David, vous cherchez les ennuis ?
- Je ne faisais rien, réfuta David.
- Ah oui ? Vous sentez bon, selon moi vous sortez de la douche et pourtant vous êtes collé dans le noir de votre chambre à moitié débraillé.
Après un léger rire, Vic profita d'un moment d'inattention pour éviter que leurs regards ne se croisent.
- Excusez-moi de vous le dire, mais j'ai aussi remarqué votre respiration irrégulière en entrant. Je suis un homme moi aussi alors ne me la faites pas.
De façon de plus en plus agressive, David articula lentement :
- Je ne faisais rien.
Pour de bon, son opiniâtreté eut raison de la patience de Vic qui se leva, se saisit de la télécommande et fit mine de vouloir allumer la télé, forçant Aceveda à se lever à toute vitesse. Vic se posta droit devant lui et s'accrocha à son regard pénétrant en relançant la télécommande sur le lit.
- Je sais parfaitement ce que vous regardiez, elle est censée se trouver dans les archives du bercail sauf qu'elle n'y est plus depuis un bout de temps. Si encore ça avait été un banal porno... mais non. Un cinglé abuse d'une femme dans cette vidéo, je vous rappelle. Et si vous vous mettez à vous branler devant ce genre de choses, je vous garantie que vous ne mettrez pas longtemps avant d'en arriver là.
Il avait conclu en pointant la télé du doigt et son capitaine le comprit parfaitement. David lui tourna le dos au moment où il sentit ses larmes lui échapper mais abandonna l'idée de perdre en autorité en cas de faiblesse et fit de nouveau face à son agent.
- Comment faire ? Je n'ai aucun autre moyen de me débarrasser de ça.
Il avait pointé un doigt sur son crâne, signifiant à Mackey qu'il parlait de ce qui lui était arrivé.
POV VIC
Il a honte comme toutes les personnes victimes de viol, j'aurai du plus m'y préparer. Si un homme ou même une femme traverse trop son espace personnel, il risque de perdre les pédales mais alors si c'est moi... il grillera son dernier fusible. Ou pas ! après tout, on a vécu des choses étranges tous les deux. Je dois quand même faire attention à ses réactions, il a peut-être développé une peur viscérale des hommes, qui sait ! Pourtant je suis le seul à avoir assez de couilles pour l'approcher et je suis aussi une des rares personnes à savoir pour lui. David, je suis le seul à pouvoir vous aider alors vous allez devoir me supporter longtemps.
FIN POV
À bout, le capitaine fondit en larmes et s'allongea sur son lit, le visage dans un oreiller face à un Vic impuissant. Jamais le plus corrompu des flics du district de Farmington n'aurait imaginé être confronté à un tel problème les mêlant lui et son supérieur, le pire étant qu'il commençait à s'attacher à David et pas d'une façon habituelle comme un policier face à son boss. Deux hommes que tout oppose rapprochés par un drame. Ce genre de chose pouvait arriver, évidemment, mais que cela leur arrive à eux aurait été inimaginable s'ils l'avaient su dans une autre vie.
Vic s'efforça de ne pas craquer devant une telle vue, lui qui sur le coup mourait d'envie de serrer David dans ses bras. L'Hispanique était en proie à la pire épreuve de sa vie et celle-ci le détruisait de l'intérieur. Mackey s'allongea tout doucement près de lui et passa doucement une main réconfortante de ses cheveux jusqu'à son dos, mais au bout d'un moment interminable de détresse, il sentit une larme couler sur le lit. Près d'un quart d'heure passa, de longues minutes durant lesquelles les sanglots et la tension de son chef s'insinuèrent en lui. D'énormes envies de meurtres envers Lozano lui masquèrent soudain la vue et il fronça les sourcils jusqu'à ce que le visage du gangster ne se couvre de sang, la tête fracassée. Hormis sa famille et son équipe, jamais un autre membre de l'entourage de Vic n'avait pu bénéficier de son côté surprotecteur et pourtant, cela ne le rebuta pas que ça tombe sur Aceveda. Ce jeune homme ambitieux et cherchant à faire le bien se retrouvait pris entre plusieurs feux sur un véritable champ de bataille, tel était Farmington. À vouloir bénir l'Enfer, il aurait fini par se brûler un jour. Vic avait énormément d'admiration pour lui, un jeune idéaliste redonnait toujours de l'espoir même pour une cause perdue.
Il lui caressa doucement le visage et déposa quelques baisers dans sa chevelure, constatant avec soulagement que ses pleurs s'atténuaient. Vic se sentit bien contre lui, il n'avait plus envie de bouger et même si tel aurait été le cas, David lui avait saisi la main depuis plusieurs minutes et la tenait fermement, comme s'il ne voulait pas le voir partir. Lorsqu'il sentit sa prise se desserrer, il vit David fermer les yeux au même moment et lui posa une main sur le front. De toute évidence, une abondance de larmes et une migraine ne donnaient rien de bon.
- Restez chez vous aujourd'hui, d'accord ? Vous avez passé une sale nuit, vous avez besoin de dormir encore un peu.
Il vit David rouvrir des yeux abîmés, rouges et suppliants. Pourtant il n'osa pas émettre un son tellement sa tête menaçait d'exploser mais Vic sut de suite qu'il ne souhaitait pas se retrouver seul. Cependant, il se voyait mal expliquer aux autres qu'il préférait se tenir blotti contre son capitaine en larmes, même si c'était vrai. En effet, Vic se sentait attiré par son supérieur, dorénavant il en était sûr. Ne pouvant manquer le boulot, il se décida néanmoins à tenir compagnie au plus jeune jusqu'à ce que celui-ci ne tombe dans les bras de Morphée. Chose faite, il ôta sa cravate mal attachée pour éviter qu'elle ne l'étrangle et il le recouvrit comme l'avait fait Aurora la veille. Il laissa de nouveau un verre d'eau avec des aspirines sur la commode qui seraient vite avalées à son réveil, et se retrouva à attarder son regard sur lui tout en ne voulant plus partir. Il s'approcha une dernière fois et déposa un baiser sur les lèvres du capitaine avant de chuchoter :
- Repose-toi bien, David.
ooOOoo
Tout juste arrivé au bercail, Vic fut assailli par la paperasse à rédiger et les descentes dans les repaires de gangs, suite à un gros tuyau sur le trafic d'héroïne. Il regretta le bon vieux temps où la Strike Team s'occupait de ça elle-même, ils agissaient en force mais ils étaient les meilleurs. Là, les Byz-Lats et les Arméniens avaient encore fait parler d'eux, recrutements chez des adolescents pour les uns et massacres avec pieds coupés pour les autres. Malgré l'efficacité diminuée des effectifs divers lors des interventions, ils étaient tous réunis excepté Lem, son ulcère l'avait cloué à un bureau le temps de guérir. Shane et les autres agents des Mœurs se trouvaient également présents, la prostitution étant une branche favorite des gangs latinos.
L'opération fut un succès chez les Latinos, les Arméniens furent en revanche plus prévoyants et masquèrent leurs traces. Les troupes rentrèrent au bercail après avoir fait la guerre aux gangs durant des heures et profitèrent de la cuisine au point de la ruiner en caféine. Vic se détendait avec Ronnie au foyer et plaisantait comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps.
- En plus on se l'était faite tous les deux, Shane et moi.
Lem entra au moment où ils éclataient de rire et cette petite scène le ramena en arrière. La Strike Team lui manquait, certes, mais cet ulcère était arrivé par sa faute. Il s'estima chanceux d'être encore vivant après tout ce qu'ils avaient vécu ensemble.
- Hé Lem, devine qui a repris contact avec Ronnie.
Souriant en imaginant la chose, il ne put toutefois que s'abstenir.
- Tu m'en demandes trop. Si c'est une ex, la liste est trop longue et ça me coupe l'envie de chercher.
- Bonnie ! s'éclata Vic.
Riant aux éclats, son ami se plia en deux.
- Ah ouai ! Bonnie et Ronnie, tu ne pouvais pas choisir mieux.
Ils rirent un long moment avant que l'arrivée de Shane, faisant la tête, ne casse l'ambiance. Ronnie écarquilla les yeux et lui jeta :
- T'en tires une tronche, j'espère que c'est pas contagieux.
- Moi aussi" râla le cow-boy. Lem, Aceveda veut te voir dans son bureau.
Son ami obtempéra tandis que Vic se demanda ce qu'il faisait là. "Peut-être qu'être au travail lui fait du bien, après tout il n'est pas seul ici" pensa t-il. Il continua de parler normalement avec Gardocki mais toutes ses pensées furent désormais orientées vers son supérieur. Il ne cessait de penser à lui et la fatigue commença à se faire sentir.
- Tu es déjà fatigué, vieux ?
- J'ai mal dormi cette nuit.
- Aaaaaah, je vois.
Vic rit.
- Non Ronnie, j'ai dormi seul alors te fais pas d'illusion.
Ils se mirent d'accord pour aller vider la cafetière de la cuisine s'il en restait et s'y rendirent illico. La pièce se trouva être vide pour leur plus grand bonheur mais une fois servis, Ronnie fut appelé par Dutch pour travailler sur le portrait-robot d'une personne soupçonnée de cambriolage et qu'il avait légèrement aperçue. Vic se retrouva donc seul à savourer son café, ce qui ne fut pas plus mal pour lui.
- Hé vieux, ça va ?
Raté pour son moment de calme.
- Te revoilà, tu ne fais plus la tête ? Tu n'es plus souvent là alors souris un peu.
Shane soupira alors que Vic lui tournait le dos pour se servir une troisième tasse.
- Je suis rarement au bercail depuis ma réaffectation aux Mœurs, Mara et Jackson m'épuisent à la maison... Encore heureux qu'il y en ait certains à qui on peut faire des blagues débiles mais en dehors, je m'ennui. Ici au moins, il y a Dutch pour les conneries ou sinon Aceveda pour les engueulades.
Vic stoppa son versement et fronça discrètement les sourcils, espérant que le sudiste tiendrait sa langue mal élevée.
- Depuis le temps que je n'avais plus vu sa face de Métèque, ça fait biz...
Shane se tut tout à coup car Vic, de dos, venait de frapper durement sur le plan de travail.
- J'en ai plein le cul de tes propos racistes, grandis un peu.
- Ok, relax ! c'était pas méchant.
Vic se retourna pour lui montrer la mauvaise humeur que son langage avait tendance à engendrer chez tout le monde. Ses yeux brillèrent tout à coup d'une légère pointe d'inquiétude et un toussotement féminin se fit entendre derrière Shane.
- Le "Métèque" a quelque chose à vous dire, Vendrell.
Aceveda venait d'entrer dans la cuisine suivi de Claudette qui partagea totalement cette pulsion qui le prit de sauter sur Shane et de le plaquer au mur, même si contrairement à lui elle se retint. Shane ne se défendit pas sachant qu'il l'avait mérité en ayant encore parlé de travers, puis il encaissa le coup qui lui fut asséné dans l'estomac. Vic voulut tout de même s'en mêler au cas où l'agent des Mœurs ne chercherait à répliquer, Shane étant une véritable allumette qu'il ne fallait pas gratter. De plus, les regards des autres s'amoncelaient. Claudette fonça à la porte pour mentir aux curieux en disant que Shane s'était étouffé en mangeant. Aceveda sentit la main de Mackey sur son épaule mais garda les yeux fixés sur le Cowboy du Sud, il posa doucement son poing serré sur sa mâchoire et ne l'ôta qu'après lui avoir énoncé la raison de sa venue.
- Votre futur capitaine Rawling demande à parler avec un inspecteur de la Brigade des Mœurs. Alors bougez-vous le cul, Vendrell.
Surpris par la tranquillité de David, Vic haussa les sourcils et baissa la tête pour cacher son sourire de satisfaction. Shane avait un grand besoin d'être remis à sa place de temps à autre.
- Oui monsieur, tout de suite.
Il dut attendre que David ne daigne enlever son bras pour le laisser filer et il passa à côté de Claudette qui lui envoya un sourire narquois avant d'aller chercher son déjeuner dans le réfrigérateur. Se trouvant sur leur lieu de travail, Vic ne sut pas tout de suite s'il devait adresser la parole à David et celui-ci ayant l'air d'aller mieux, peut-être avait-il totalement récupéré. Devait-il garder le ton informel de leurs précédentes conversations ? Il ne put cependant pas rester sans se renseigner sur son capitaine, étant toujours inquiet pour lui. Il chuchota :
- Ça va mieux ?
Non rassuré, David voulut surveiller Claudette mais par chance, son téléphone sonna à l'instant et la priva de son sandwich. Elle qui parlait aussi fort au téléphone qu'en général, David fut soulagé et se tourna vers l'autre homme. Il eut le réflexe de poser une main sur le col de Vic mais il cligna fort des yeux avant de se reprendre en répondant aimablement :
- Merci Vic.
Discrètement, il lui fit signe de le suivre jusqu'à l'angle de l'escalier menant à l'étage et ils s'éclipsèrent. Ils furent à peine arrivés que Vic posa sa main sur le front de David qui ferma les yeux.
- Vic, vous n'êtes pas ma mère.
- Vous ne m'en voudrez pas de vérifier, tout de même. Vous ne m'avez pas répondu, la tête va mieux ?
- Un mal de chien mais il fallait que je pense à autre chose.
Vic se sentit responsable de l'avoir laissé seul et allait s'excuser lorsque son chef lui intima de se taire.
- Vous êtes flic, Mackey. Votre place est ici et la mienne également.
Vic lui sourit mais rétorqua devant son air faussement sérieux :
- Sauf que vous aviez besoin de repos.
- Pas du tout, et puis... non oubliez.
- Que non ! j'oublie que dalle, David. Je ne suis pas du genre à oublier mais rassurez-vous, je sais ce que vous alliez dire.
Les lèvres nerveuses d'Aceveda bougèrent sans émettre le moindre son et Vic posa un doigt dessus.
- Vous avez peur de rester seul, c'est très clair pour moi.
De plus en plus agité et pensif, le capitaine sentit sa respiration s'empresser et se tourna en se couvrant la bouche pour s'empêcher de respirer trop fort. Tout à coup, deux puissants bras l'entourèrent dans le but d'alléger sa nervosité grandissante, bien que provoquant l'effet inverse les premières secondes. Un air désespéré attendrissant son expression, David tourna la tête vers lui et le questionna difficilement :
- Pourquoi je n'arrive plus à me passer de vous, Mackey ?
Contrarié par sa propre question sans doute, Aceveda se sentit trembler et ses doigts craquèrent.
- David, ne vous énervez pas. Regardez où nous sommes, restez tranquille.
Ils restèrent ainsi, Vic adossé au mur en tenant l'autre homme contre lui en attendant qu'il ne s'apaise. David prit l'initiative de se retourner et l'aîné l'y aida, leurs visages se retrouvant à quelques centimètres l'un de l'autre. David sentit le souffle de Vic sur ses lèvres et perdit le contrôle, scellant ses lèvres sur les siennes. Vic posa les mains sur son visage et accentua leur baiser jusqu'à ce qu'il ne sente son supérieur passer une main sous son maillot. Saisi par de gros frissons, il sentit la langue de David s'introduire entre ses lèvres jusqu'à ce qu'elle ne percute la sienne et ils sursautèrent tous les deux, Aceveda rougissant de s'être emporté de cette manière. Contrairement à ce qu'il semblait s'attendre suite à cela, Vic ne lui en voulut pas le moins du monde et lui sourit.
- C'est peut-être pour ça que vous n'arrivez plus à vous passer de moi.
Souriant tristement en haussant les sourcils, David se plaignit :
- Alors c'est quoi mon problème ?
L'inspecteur baissa la tête, la bouche ouverte, puis la releva avant d'avouer :
- Tout bonnement le même que le mien.
Devant son léger sourire, Vic l'embrassa à nouveau et le pria doucement d'arrêter de réfléchir et d'aller se reposer dans son bureau, Aceveda finissant par accepter. Il observa son boss partir jusqu'à son bureau et disparaître à l'intérieur, avant de reprendre contenance lorsque Shane apparut derrière lui.
- Vic, Claudette demande si tu peux interroger Lozano à sa place. Elle a une urgence et elle ne peut pas s'en charger.
"Lozano" pensa Vic, les nerfs à vif.
À suivre...
