Hello !
Ça fait un an que je n'ai pas posté... Et je peux vous dire que ça passe extrêmement vite. Je suis désolée de n'avoir rien publié après Un invité chez les Weasley. J'ai été totalement dépassée par les événements de cette année (une année pourrie btw). Mais j'espère que 2018 sera plus propice à l'écriture :)
Toutefois, ces derniers mois j'ai été très occupé à écrire ce petit OS de Noël (qui n'est pas petit du tout ^^) tout doux tout mignon. En fait, le principe d'OS de Noël de l'an dernier m'avait bien plu. Écrire quelque chose de romantique et mignon et inspiré de l'ambiance des fêtes (et des films de Noël) m'avait mis du baume au cœur et avait eu l'air de vous plaire aussi. J'ai eu envie de me prêter à l'exercice une seconde fois.
Après Draco et Hermione l'an dernier, on change de couple, c'est Albus et Scorpius qui m'accompagnent pour fin 2017 ! :D
Et qu'est-ce que je les aime ces deux-là *aww*
Dire qu'il y a des années, la future génération ne m'inspirait absolument pas et si j'y réfléchissais vaguement, je voyais Rose et Scorpius ensemble (j'ai d'ailleurs écrit un OS avec eux)... Hahahaha j'en rigole encore. En vérité, je ne vois pas de meilleur couple qu'Albus et Scorpius because l'amour, l'amitié, et la mignonitude de ces deux-là est TOUT pour moi.
Même principe que l'an dernier : j'ai découpé ce long OS en plusieurs parties (quatre, cette fois) et vous aurez le droit à une partie par semaine jusqu'au Nouvel An (c'est un peu le calendrier de l'avent version FF :P). J'essaierai de mettre en ligne chaque samedi pour être plus précise !
Quelques petites mises en garde avant lecture :
- C'est un OS de Noël donc c'est romantique, cheesy et doux, comme les petits films à la télé.
- Harry Potter et l'enfant maudit n'est pas pris en compte, à part Albus à Serpentard.
- Chaque partie est plus longue que la précédente, on pourrait dire que cette partie 01 fait finalement office de "prologue", de mise en bouche.
ENJOY.
Bonne lecture à tous ! (je stresse un peu beaucoup mais chut)
BIENVENUE DANS LA FAMILLE, POTTER.
Chapitre 01 : Faites vos jeux.
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16 décembre.
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- Scorpius !
Plongé complètement dans son roman, le Serpentard releva soudain la tête, interloqué. Il fronça les sourcils sous les rires de ses camarades. De toute évidence, quelque chose s'était produit. Mais quoi exactement ?
Un coup d'œil interrogateur à son meilleur ami Albus ne lui apprit rien du tout : ce dernier était fort peu disposé à l'aider, étant tout aussi hilare que les autres. Traître.
- Quelqu'un peut m'éclairer ?
Pour son plus grand plaisir, sa question fit redoubler les rires de son entourage. Il grimaça en les regardant tous un à un. Qu'avait-il loupé de si amusant ? Juste au cas où une tache avait fait irruption sur son visage, il se frotta le nez. En son fort intérieur, le jeune homme les maudissait tous et se maudissait encore plus d'être toujours autant dans la lune. Un livre était toujours la meilleure compagnie qui soit à ses yeux et, pour être honnête, s'il venait à ces soirées, c'était toujours dans l'unique but de faire plaisir à Albus.
Eloïse, une Serdaigle qu'il connaissait depuis peu, eut pitié de lui et sourit gentiment.
- Le sortilège t'a désigné, c'est à ton tour d'entrer dans L'Armoire de l'Amour.
- Pardon ?
- L'Amoire de l'Amour, le jeu...
- Oui, je sais bien ce que c'est. Mais c'est hors de question. Qui a dit que je jouais, d'ailleurs ?
- Albus.
Il ne se fit pas prier pour fusiller du regard son ami, qui haussa les épaules sans paraître le moindre du monde embêté.
- Et depuis quand a-t-on changé de jeu ? demanda-t-il, suspicieux. Pour moi, vous jouiez encore à Action ou Vérité, ou je ne sais quoi, et je n'en faisais pas partie.
- Tu commençais à peine à lire quand Dylan a suggéré l'Armoire de l'Amour et quand Albus a décidé de t'intégrer.
- Personne pour me tenir au courant ? J'existe, pourtant.
Ou pas beaucoup, se dit-il. Il existait d'avantage dans les histoires qu'il lisait que dans leur groupe d'amis. Albus n'étant pas disposé à plaider sa cause, il se tourna vers Rose. La jeune Weasley lui adressa un air désolé... qui ne semblait au final pas désolé du tout. Sur qui pouvait-il finalement compter ?
- Allez, fit Albus en lui filant un coup de coude, ce n'est que six minutes. Et... tu y vas... avec moi ! Ce n'est pas comme si je sentais le troll, non ?
- Ah.
Scorpius se figea. A l'intérieur son coeur s'emballa dangereusement, menaçant de s'échapper de sa carcasse, et le jeune homme se retint de justesse de porter une main à sa poitrine. Il aurait pu effectivement tomber bien pire que sur Albus.
Mais le souci majeur était précisément qu'il y allait avec lui. Avec quelqu'un d'autre, l'affaire aurait été nettement plus facile.
Merlin et Salazar réunis.
Comment pourrait-il camoufler son béguin dans un jeu spécialement fait pour amplifier les sentiments ? Un jeu où, selon les connaisseurs, l'enchantement était rusé et cherchait à rapprocher coûte que coûte le couple désigné ? Comment pourrait-il rester confiné à l'intérieur à seulement quelques centimètres de ce Serpentard mal léché qu'il tenait pour meilleur ami sans se voir flancher pour de bon ?
- Cache mieux ta joie, taquina ce dernier. Je me sens un poil vexé, quand même.
- Allez, Scorpius ! encouragea une fille dont il n'arrivait pas à retenir le nom depuis quelques semaines.
Les autres hochèrent la tête.
- D'autres sont bien passés avant toi, tu sais !, dit Dylan.
- Ça ne dure que six minutes, rassura Eloïse.
Albus se leva et lui tendit une main encourageante pour l'aider. Il avait l'air enthousiaste, au moins. Scorpius n'avait pas la sensation d'être un gnome qui aurait préféré être échangé contre une jolie princesse.
- Comme Scorpius n'a pas l'air d'avoir suivi grand chose, je répète les règles pour lui, intervint Rose Weasley d'un ton espiègle. Personne n'est témoin de ce qui se passe dans L'Amoire de l'Amour, heureusement. Mais trois points à savoir : 1) Si l'un n'est pas consentant à toute tentative de l'autre, la porte s'ouvre immédiatement et avant les six minutes. 2) Si l'armoire sent un feeling réciproque, la porte s'ouvre doucement au bout du temps imparti et vous ferez de cette information ce que vous voulez ensuite. Et 3) Si le feeling n'est pas réciproque, vous êtes tous les deux complètements éjectés à la fin du chrono donc attention à vos fesses ! Nous, on tient les paris !
Malheur, pensa Malfoy en se levant à son tour. Dans tous les cas, il ne savait pas dans quel état il sortirait de cette armoire plus maléfique que romantique...
Depuis qu'il avait identifié avec précision ses sentiments amoureux pour Albus, il n'avait jamais pu deviner chez son ami un penchant similaire. Entre eux, il y avait une parfaite entente amicale, une complicité incroyable, et des souvenirs chargés d'aventures et de rires. De tout cela, il était certain. Mais il y avait des limites à ce qu'ils pouvaient partager, et Scorpius l'avait découvert bien assez tôt. Ils avaient toujours évité de parler d'amour, de relations amoureuses, de relations sans lendemain, de tout ce qui avait attrait de près ou de loin aux sentiments.
Et bien sûr, il ne s'était jamais mis en tête de lui avouer ce qu'il ressentait, de peur que les choses lui échappent et prennent un tournant regrettable. Il avait vu de nombreuses amitiés se briser face à cet obstacle. Des amitiés qu'il n'avait jamais soupçonné d'être rompues un jour. Or, l'amitié d'Albus était bien la seule qui comptait réellement et autour duquel son univers tournait littéralement. Le perdre était inenvisageable.
Les applaudissements et les commentaires des invités, auxquels répondit Albus avec humour, donnaient au jeune Serpentard l'envie de retourner comme si de rien n'était dans son dortoir.
Plus que quelques pas et six minutes, et il serait fixé.
L'espace d'une seconde, il préféra ne pas l'être pour une vie entière.
Il ne savait pas s'il préférait qu'il se passe quelque chose là-dedans, quelque chose qui le propulse au septième ciel et change littéralement leur relation. Alors que l'armoire se rapprochait et se faisait de plus en plus imposante, Scorpius réalisa qu'il n'était peut-être pas prêt. Pas tout de suite, pas si vite. Passer du fantasme à la réalité, si chance il y avait, ne serait-ce pas un choc ? Lui qui avait estimé sa chance inexistante avec Albus depuis si longtemps se vit douter.
En bon Serpentard qu'il était, les émotions n'étaient pas son fort et il les anticipait déjà.
Mais être éjecté au milieu de la pièce, ne serait-ce pas pire ?, se demanda-t-il soudain. Avec son cœur brisé dans les bras ?
Son souffle se coinça dans sa gorge ; Au moins, il était sûr de ne pas survivre à ce cas de figure. Valait mieux que ce soit réciproque, un tout petit peu, rien qu'un tout petit peu...
Il n'avait toujours pas fait demi-tour ou improvisé une excuse pour fuir la soirée. Il suivait bien Albus jusqu'à cette armoire de malheur. Pour le meilleur comme pour le pire. Parce que son inconscient, lui, était déterminé à savoir ce qu'il en était. Rien que pour savoir si les regards et les sourires d'Albus détenaient plus qu'il ne le pensait quand ils lui étaient adressés.
Quand, une fois devant les portes, son meilleur ami se retourna vers lui et lui adressa l'un de ces sourires qui faisaient vriller son corps entier... Scorpius espéra. Il espéra fort.
Ils montèrent dans L'Armoire de l'Amour, qui était finalement bien plus grande que dans l'imagination de Scorpius, et une fois enfermés à l'intérieur, il n'y eut plus que lui, Albus, un décompte effroyable des six minutes au plafond et une lumière tamisée venant des quatre coins du meuble.
Oubliés les camarades, la fête et l'heure avancée de la nuit. Le sortilège qui avait habillé le meuble était fait pour procurer l'intimité la plus propice au moindre rapprochement. C'était une bénédiction comme un calvaire.
Le jeune Malfoy n'eut jamais autant conscience de la présence de son ami près de lui et de ses lèvres dont il avait envie de s'emparer depuis voilà trois ans maintenant.
Il se serait damné éternellement pour avoir cette chance. Il donnerait tout pour goûter ces lèvres durant leurs six minutes et que pour ces lèvres le goûtent en retour, comme tant d'autres couples l'avaient fait avant eux dans cette armoire. Oh oui, il n'hésiterait pas une seule seconde à vendre son âme au diable pour cette chance-là.
- Et voilà. Six minutes en tête à tête, j'espère que tu n'es pas trop déçu.
- Je la vois tous les jours ta tête et je suis toujours ton ami. Ça veut dire ce que ça veut dire, non ?
- Est-ce que tu la vois vraiment, alors que tu es plongé dans tous tes livres ?
Albus leva un sourcil interrogateur en se passant une main dans ses cheveux et Scorpius eut envie de lui avouer que chaque héro attirant des romans qu'il lisait avait son visage. Alors oui, il le voyait partout, tout le temps. Même dans son sommeil.
- Bon. J'espère que tu ne regrettes pas d'être venu tout de même ? Je me sens un peu coupable de t'avoir traîné là...
- Tu me traînes toujours dans toutes tes soirées et je m'en suis toujours sorti. Mais tu me dois une ou deux bièraubeurres tout de même, comme d'habitude.
- Arg. Tu es dur. Je t'en dois au moins dix, ce mois-ci !
- Et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre. La prochaine sortie à Pré-au-Lard risque d'être une cuite comme on les aime !
- Et comme les aime beaucoup moins mon compte Gringotts...
Ils se sourirent. Tous les deux savaient que ni les Potter ni les Malfoy ne manquaient d'argent et que leur petit héritage conséquent ne souffrirait pas de leur rendez-vous mensuel aux Trois Balais.
- Bon, que faire maintenant ? lança Albus. Il reste plus de cinq minutes tout de même. Tiens, au fait, tu ne m'as pas dit ce que tu lisais en ce moment ? Toujours des dragons et des mondes imaginaires ?
- Toujours. Avec une héroïne qui te plairait, cette fois-ci.
Le ton de Scorpius n'avait pas changé et pourtant c'était l'un de ces habituels pics déguisés pour se renseigner sur les goûts de son ami. Ce dernier n'avait montré qu'une attirance vers la gente féminine à son grand dam, et chaque jour il espérait découvrir un espoir. Une étincelle. Quelque chose en sa faveur. Mais Albus ne mordait jamais à l'hameçon.
- Prête-le-moi une fois que tu l'auras terminé et je te dirais si c'est le cas !
Albus recula pour s'adosser à l'armoire mais poussa un cri de douleur et fit un bond en avant.
- Tout va bien ? s'affola Scorpius.
- Ouais, je crois, dit le Serpentard en regardant par-dessus son épaule. Merde, je ne vois rien. Je crois que j'ai une écharde dans le dos. Ça fait un mal de chien.
Scorpius soupira en levant les yeux au ciel et combla la distance entre eux. Vu la grimace de son ami, ce n'était pas une farce... et ce n'était malheureusement pas la première fois que Scorpius jouait les infirmiers.
- Effectivement, ta chemise a un trou.
- Oh non, tu te moques de moi ?
- Pas du tout. Juste ici, il y a une sacrée écharde.
Pour le taquiner, le blondinet passa son doigt sur la déchirure, évitant tout de même d'enfoncer d'avantage l'écharde dans son omoplate.
- Hé, non, ne joue pas avec ça ! Enlève-la-moi !
- Enlève d'abord ta chemise, oui. L'écharde est bien rentrée.
- Oui, ça je suis au courant qu'elle est rentrée. Je la sens très bien.
Ils échangèrent un regard.
- Ça sonnait moins tendancieux dans mon esprit, s'empourpra Albus.
Malgré lui, le sourire sur le visage de Scorpius s'agrandit. Son cœur, lui, n'en menait pas large, tambourinant de manière affolée dans sa cage thoracique. Venait-il vraiment de voir rougir Albus ? C'était bien la première fois.
- Enlève ta chemise, s'adoucit-il. Ou déboutonne au moins les premiers boutons. Je vais te l'enlever.
Face à la rougeur d'Albus qui s'intensifia, Scorpius se sentit obligé de préciser maladroitement :
- L'écharde, je parle. Pas... pas ta chemise, hein. Je sais que tu n'as pas besoin de mon aide pour ça. Enfin, je pense.
Merde, pourquoi avait-il dit ça ? Il se mordit les lèvres pour éviter de dire une bêtise de plus.
A sa grande surprise, son meilleur ami laissa échapper un petit rire et s'exécuta. Et ce fut comme si Albus lui jouait soudain un tour. Ce dernier avait le regard fixé sur ses chaussures et déboutonnait lentement –beaucoup trop lentement, les trois premiers boutons de sa chemise sous les yeux hypnotisés de Scorpius. Il aurait pu passer sa chemise rapidement et efficacement par-dessus sa tête, comme il le faisait le matin, mais non... Il le torturait. Il le torturait sciemment.
Le jeune Malfoy avait la gorge sèche. Et l'envie plus que jamais de se pencher vers lui pour l'embrasser. Ou s'occuper lui-même de sa chemise comme il l'avait suggéré.
- Ça suffira, l'arrêta-t-il.
Il prit une profonde bouffée d'air, histoire d'éclaircir ses idées, mais c'était franchement difficile quand son ami dégageait maintenant sensuellement son épaule alors qu'il n'y avait sincèrement rien de sensuel à enlever une maudite écharde. Il jura entre ses lèvres. Ce n'était pas possible, il devait se faire des films. Albus n'aurait jamais fait ça, du moins pas avec lui...
- Alors ? Tu vois quelque chose ?
Scorpius se ressaisit et acquiesça. Il avait bel et bien une sacrée écharde plantée dans la peau. Cette Armoire était décidément démoniaque, trancha-t-il.
Pour éviter de lui faire mal –mais également pour savourer l'espace d'un instant le contact avec sa peau, soyons honnête–, Scorpius laissa ses doigts glisser doucement jusqu'à l'intrus. Il saisit le petit morceau de bois entre son pouce et son index puis sans prévenir, il l'arracha d'un coup sec.
- Merde, aïe !, s'écria Albus les dents serrés. Fais-voir.
Scorpius revint face à lui et brandit l'écharde en question d'un air victorieux avant de réaliser la proximité dangereuse d'Albus. Son sourire se fana quelque peu. Penché sur son épaule et consciencieusement appliqué sur sa tâche, il n'avait pas un instant songé à son visage, si près. Et maintenant qu'ils étaient face à face, sa respiration se coupa.
- Ok, murmura Albus. Ce n'était vraiment pas un truc de bébé.
Maintenant que l'affaire était close, Scorpius laissa tomber l'écharde sans y faire plus ample attention. Il s'attendait à se voir reculer ensuite mais il resta là, comme bloqué à seulement quelques centimètres de son ami. Ses yeux verts étaient plongés dans les siens et son regard le maintenait littéralement immobile. Ses yeux avaient toujours été captivants et la lumière tamisée les rendait particulièrement attrayants. Et puis, il y avait autre chose. Scorpius baissa le regard sur ses lèvres. Ses fichues lèvres. Toutes proches.
Ses lèvres entrouvertes. Ses lèvres qui avait alimenté ses fantasmes. Ses lèvres dont le sourire taquin avait été troqué contre un souffle haché.
Le cœur de Malfoy manqua un battement et pour confirmer son intuition, il chercha de nouveau les yeux de son ami. Celui-ci ne le regardait plus, il était comme fasciné par les lèvres de Scorpius.
Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible.
Il devait rêver...
Scorpius déglutit, ferma les yeux une fraction de seconde, puis laissa son attention revenir vers la bouche d'Albus. Tous les signes étaient là. Les lèvres, le regard, les paroles qui manquaient, cette tension silencieuse qui les enveloppait et qui lui parcourait le corps...
Pourtant, le premier pas était terriblement terrifiant. Il n'était vraiment qu'à quelques centimètres et il était tétanisé à l'idée de s'être trompé sur toute la ligne et d'être rejeté. Par Albus, par-dessus tout. C'était l'humiliation qu'il ne voulait pas subir. Ô grand jamais.
Il était à deux doigts de paniquer. C'était la limite entre le fantasme et la réalité, là, juste sous ses yeux. Il n'y avait plus qu'une ligne fine et invisible qui séparait les deux. Avait-il le droit de croire son attirance réciproque ? Avait-il le droit de prendre les lèvres d'Albus entre les siennes, tout de suite, maintenant, dans cette foutue Armoire ? Tandis qu'il se posait ces questions, il revint au regard de son camarade, tentant d'y chercher une réponse, un encouragement, LA confirmation qu'il n'était pas en train d'halluciner.
L'intensité qu'il lut dans les yeux verts de son ami, toujours fixés sur sa bouche, déboussola Scorpius. Il ne pouvait rêver. C'était impossible. Tout cela était vrai. Rien n'était le fruit de son imagination.
Comme si Albus avait deviné la peur qui le clouait à sa place, il vint à sa rencontre. Prudemment. Il combla la distance d'une lenteur presque effarouchée, alors qu'il n'était pas le plus terrifié des deux.
Leurs lèvres se frôlèrent timidement, un effleurement craintif, doux, qui resta en suspens. Scorpius crut rêver cette seconde où leurs bouches papillonnèrent l'une contre l'autre. Un contact intime qui propulsait leurs lèvres plus près, toujours plus près. Toujours si loin. Le doute taraudait encore le jeune homme alors que tout était objectivement si clair.
Scorpius crut rêver de nouveau les secondes qui suivirent et qui se transformèrent en minutes.
Les yeux verts émeraude rencontrèrent finalement les siens et son cœur accéléra sa course. Une demande, une question, les mêmes questions qui s'étaient pressées dans son esprit il y a peu. Scorpius inspira difficilement, chaque respiration poussant leurs lèvres à se frôler, à flirter, encore et encore, jusqu'à ce que cette caresse devienne un supplice.
Albus ne fit aucune tentative d'humour pour désamorcer la bombe qu'était devenue la situation. Il n'esquissa aucun sourire moqueur ni ne revint pas sur cet instant en se reculant. Et Scorpius ferma les yeux, les pulsations de son cœur tambourinant jusque dans les extrémités de son corps, de ses oreilles à ses doigts. Il hésita une fraction de seconde puis se sentit pousser des ailes comme un griffon. Prêt. Je suis prêt.
Il franchit le frêle millimètre qui séparait leurs lèvres. Pour le meilleur comme pour le pire.
Et juste avant qu'Albus ne l'accueille, son soupir chaud lui caressa les lèvres. Un soupir de soulagement qu'il embrassa doucement. Sa bouche prit celle du jeune Potter avec tendresse, comme une supplique. Il ne fallut qu'une poignée de seconde à Albus pour réagir, pour laisser ses lèvres lui répondre avec chaleur. Était-ce bon signe ? Scorpius n'arrivait plus à penser clairement. Ses fantasmes étaient désormais réalité, et celle-ci était bien plus explosive qu'il ne l'aurait songé.
Ils se détachèrent légèrement. Malfoy peina à respirer, encore sonné. Il peina à ouvrir les yeux. A réfléchir. A resituer où il se trouvait. Il peina à supporter l'absence, le manque, que ce court baiser avait suscité maintenant qu'ils ne s'embrassaient plus. Il avait besoin de plus. Il voulait plus.
Des doigts aériens effleurèrent sa joue comme une plume. Puis la paume de la main épousa sa pommette, une main agréable et familière, et des lèvres revinrent nettement plus avides vers les siennes pour approfondir le moment précédent.
Quand il rouvrit les yeux, Albus l'observait attentivement, le dévorait du regard, et dut trouver ce qu'il cherchait sur son visage car le baiser changea. Ce dernier prit un goût plus vif. Scorpius poussa un gémissement inaudible quand son ami joua quelques notes sur sa lèvre inférieure à l'aide de ses dents avant de reprendre pleinement sa bouche. Il ne se sentit guère attraper la chemise de son ami pour réunir leurs deux corps, mais le fit pourtant presque brutalement –Son corps ne désirant que cela.
Potter l'entraîna plus loin. Ils heurtèrent l'opposé de l'armoire sans s'en formaliser. La main libre de Scorpius s'aventura dans les cheveux d'Albus tandis que la langue de ce dernier entama un tango torride avec la sienne.
Il était brûlant, il était fait de braise, il était cendre.
Il se consumait. Chaque gémissement lascif poussé par Albus et ricochant contre son palais, lui donnait envie de mourir de plaisir.
Scorpius laissa ses mains prendre le contrôle, annihilées de toute crainte. Elles plongèrent dans ses cheveux noirs de jais doux comme la soie, caressèrent, massèrent, tirèrent même pour qu'Albus ne s'éloigne jamais. Leurs souffles erratiques se cognaient l'un contre l'autre, entre deux danses. C'était devenu primitif, instinctif. Délicieusement érotique.
Albus explorait sa bouche de ses lèvres, de ses dents, de sa langue. Et ses doigts, eux, parcouraient fiévreusement son corps. Malfoy ne pouvait que s'accrocher à son ami, s'agripper pour ne pas perdre pieds, pour vérifier chaque seconde la véracité de l'instant. Ses mains quittèrent sa chevelure brune pour découvrir brièvement ses épaules et son torse. Elles ne s'arrêtèrent finalement que quand elles trouvèrent un chemin sous sa chemise.
La peau de son camarade était tout aussi chaude que la sienne. Et il songea que jamais, auparavant, il n'avait espéré une telle réciprocité.
Suivant son audace, Albus glissa également ses doigts sous ses vêtements et Scorpius bascula la tête en arrière. Ce n'était pourtant que des doigts, sur son dos, comme il en avait connu d'autres... Mais il était fébrile, c'était différent cette fois-ci. C'était passionné. Parce que ce n'était plus n'importe qui. Parce que c'était important. C'était tout.
Ses propres ongles se plantèrent dans la peau de son ami et il sentit le souffle de ce dernier balayer son oreille. Il fut persuadé de l'entendre jurer avant de rire contre son cou.
Scorpius en voulait toujours plus. Il voulait regagner ses lèvres, qui lui manquaient déjà de manière déraisonnable. Il voulait aventurer sa main sous la ceinture d'Albus, il voulait qu'Albus aventure sa main sous sa ceinture. Il voulait... il n'était plus certain s'il voulait être en lui, ou s'il voulait qu'Albus soit en lui. Chacune de ces deux alternatives lui plaisait et faisait battre son cœur un peu plus vite.
Il sentit le nez d'Albus se lover contre sa gorge et sa bouche tracer des effleurements furtifs et humides contre sa peau. Il ferma les yeux. Il n'entendait plus que leurs courtes respirations et son propre cœur qui semblait jouer de la batterie au fond de l'Armoire. Il serra instinctivement son ami contre lui et continua de découvrir chaque parcelle de son dos à l'aide de caresses; tout en dégustant la langue qui le titillait de la pomme d'Adam jusqu'au lobe de l'oreille.
Puis, il fit l'erreur de relever la tête vers le décompte et son sang ne fit qu'un tour.
Scorpius atterrit aussi vite qu'il eut décollé.
- 30 secondes, murmura-t-il en écartant Albus. Je crois qu'on ferait mieux d'être présentable.
Il avait oublié où il était l'espace de presque six minutes. Il avait voyagé très loin de la salle sur demande, très loin de leurs camarades qui attendaient de l'autre côté de l'armoire, qui conversaient sûrement, qui n'auraient d'yeux que pour l'ouverture des portes...
Salazar ! L'ouverture des portes... Il avait complètement oublié ça aussi. Ce petit détail qui dévoilerait au monde entier que quelque chose s'était produit dans cette armoire. Une étincelle, un baiser ou plus. Il avait oublié que chacun aurait l'imagination fertile et qu'ils seraient décortiqués pour le reste de la soirée. Il n'était pas prêt à les affronter.
Ses sentiments ne lui appartiendrait plus, à lui seul, et tout ce dont il avait envie et besoin était justement de les déguster sans témoin. Ce moment qu'il venait de vivre, il n'avait envie de le partager avec personne, excepté Albus. Il n'y avait pas songé avant d'entrer dans l'Armoire, obnubilé par l'idée que ce ne soit peut-être pas réciproque. Et maintenant, il était déçu... Déçu de revenir sur Terre.
- Tu as effectivement besoin de te rhabiller, souffla Albus.
Ce dernier passa un regard un amusé sur lui et Scorpius s'empressa de remettre correctement son pull.
- Ne fais pas le fier, tu es le plus débraillé de nous deux.
Avec ton torse à découvert..., songea Scorpius sans rater un miette du spectacle.
A observer son ami reprendre le contrôle de lui-même, il commença à cogiter, à réfléchir. Pouvait-il faire des blagues sur cet instant ? Comment Albus percevait-il les choses ? Comme un instant éphémère et sympa, drôle, ou comme quelque chose de plus sérieux ?
Il regarda son ami reboutonner sa chemise en un rapide mouvement –bien plus rapide que quand il l'avait ouverte. Puis jeta un coup d'œil sur le décompte. Dix secondes.
- Attends, murmura Albus. On dirait que tu sors du lit.
Il tendit une main vers lui et remit en place les mèches blondes de Scorpius, sans savoir un instant qu'il était bien le seul amant à avoir eu un jour le privilège de passer une main dans ses cheveux. Le jeune Malfoy rougit. En son fort intérieur, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il aurait effectivement préféré être dans un lit et continuer cette affaire loin des curieux.
Quand Albus s'éloigna, l'armoire choisit ce moment pour ouvrir ses portes au ralenti et le brouhaha de la pièce leur sauta aux oreilles.
C'était un dur retour à la réalité. Certains ouvraient de grands yeux en ronds de flanc face à la lenteur des portes, mais ce n'était pas les plus gênants. Non, les plus gênants aux yeux de Scorpius étaient ceux qui applaudissaient, sifflaient joyeusement comme pour les féliciter, ou ceux qu'il entendait vaguement marmonner quelque chose comme « je l'ai toujours su ! ».
Et puis il y avait Rose, aussi, avec son sourire grand jusqu'aux pommettes comme si Noël avait quelques semaines d'avance. Et il la maudit sur le champ.
Son souffle se coinça quelque part dans sa gorge alors qu'il trottait non loin d'Albus, qui lui souriait pour rejoindre sa place. Son ami était dans son élément, toujours sociable et affable, se démontant rarement face à l'embarras. Lui en revanche étouffait. Et en regardant leur groupe d'amis affalés confortablement sur les poufs multicolores de la pièce, Scorpius se ravisa.
- Je pense que je suis fatigué. Je vais rentrer, dit-il de manière à ce qu'Albus soit seul à l'entendre.
Son ami se retourna, une vraie surprise sur le visage.
- Ah ?
Scorpius hocha la tête. Les regards rivés sur lui, sur eux, firent qu'il avait déjà pris la direction de la porte. Il avait toujours détesté être au centre de l'attention et savait qu'il ne tenait pas de son père pour cette raison ; comment aurait-il pu survivre en étant une figure populaire de Poudlard ? Être décortiqué de cette manière lui filait les sueurs froides.
S'ils n'avaient pas été envoyé dans cette Armoire, si les gens n'avaient pas établi des paris sur leur compte pour s'amuser, les choses auraient été complètement différentes.
Albus lui attrapa le poignet pour qu'il se retourne.
- Attends deux minutes, je dis au revoir et je viens aussi.
Le jeune Malfoy observa les doigts sur la peau de son poignet. Ces doigts qui avaient caressé bien plus dans l'intimité de l'armoire. Des doigts qu'il désirait sur l'intégralité de sa peau.
Mais les chuchotements qu'il interceptait derrière Albus gâchaient tout.
- Ils nous scrutent et nous épluchent, Al. Je n'aime pas ça.
- Désolé. Je le savais, en plus. Je n'aurais peut-être pas du mettre ton nom dans le jeu... Désolé...
Son cœur s'arracha de sa poitrine à l'instant même où Albus enleva brusquement sa main et eut l'air terriblement gêné. Scorpius eut envie d'hurler. De s'excuser aussi. D'ajouter quelque chose, de le rassurer, de se rattraper. Il ne voulait pas qu'Albus pense qu'il ne voulait pas être vu avec lui, proche de lui. Il voulait lui dire que sa sexualité pouvait bien être publique, il s'en moquait. Non, ce qu'il méprisait, c'était le goût pour les ragots de leur groupe d'amis, c'était d'être le sujet des ragots pour une raison aussi importante que celle-ci : Eux, leur relation, ce qu'il s'était passé dans cette Armoire. Ce qu'il ressentait.
Scorpius essaya de croiser le regard de son meilleur ami, mais un « On peut savoir ce que vous vous dites, les amoureux ? » le fit soupirer.
- Tu peux encore t'amuser. Moi, je rentre. D'accord ?
Il n'eut pas l'intention de le dire aussi sèchement.
L'air abattu qu'affichait Albus lui donna envie de s'enterrer six pieds sous Terre. Il devait croire qu'il était le problème, ce qui n'était absolument pas le cas. Scorpius n'arrivait même pas à articuler quelque chose de compréhensible pour rectifier le tir. Son attention était beaucoup trop accaparé par les autres, qui attendaient fébrilement un débriefe et qui s'échangeaient quelques gallions sans même s'en cacher.
Certes, il était reconnaissant d'avoir été envoyé dans cette armoire magique avec son meilleur ami. Il était reconnaissant du souvenir frais qui lui laissait un goût de rêve sur les lèvres et qui lui donnait envie d'espérer encore, d'espérer vraiment. Mais ça ne rendait pas les commérages plus supportables. Il avait envie de lui dire que c'était lui, Albus, qui avait un goût de rêve.
- Ce n'est pas ce que je voulais... enfin comment je voulais le dire, c'est... Ils m'énervent.
- Ne t'inquiète pas, coupa Albus avec un petit sourire contrit. Je te ramènerai ton livre.
- Mais...
- Tout va bien, Scorpius. A demain !
Il était congédié. Albus se retourna vers leurs camarades et lança une plaisanterie pour désamorcer l'atmosphère.
Scorpius secoua la tête et sortit de la salle sur demande dans un état second. Il s'adossa contre le mur du couloir en jurant contre lui-même.
- Mais quel idiot je fais !
Pouvait-on être aussi stupide ?! Il avait eu tout, là, il y a encore quelques secondes. Il avait eu une chance et il avait peut-être tout gâché. Quel imbécile ! Tout simplement parce qu'être observé minutieusement par un public le rendait nerveux et parce qu'il n'aimait pas parader, il était peut-être passé à côté d'une occasion en or.
La tristesse dans le regard d'Albus, sa manière de ne pas insister –comme toujours, l'avait retourné. S'il avait eu la témérité des Gryffondors, il aurait fait demi-tour pour s'emparer de ses lèvres devant tout le monde.
Mais il n'était qu'un Serpentard un peu lâche, qui avait du mal avec le tourbillon de ses émotions et qui était persuadé que si Albus avait partagé un moment ses sentiments, alors il venait de tout perdre.
La nuit qu'il passa fut faite de regrets et de fantasmes qui le tinrent éveillé jusqu'au petit matin. Il n'avait pas arrêté de se rejouer la scène de l'Armoire, puis son scandale stupide. Et il n'avait cessé de jeter un coup d'œil au lit juxtaposé en se demandant également où se trouvait Albus et si celui-ci était parti pour l'éviter.
Quand son ami finit par tituber jusqu'à son lit à une heure extrêmement avancée et qu'il s'écroula dessus, Scorpius ne put s'empêcher de murmurer :
- Je suis désolé, Al.
Il observa son ami se battre avec ses couvertures et pousser un long soupir. Cependant, il n'avait pas cru être assez audible pour recevoir une réponse. Il sursauta quand la voix d'Albus, légèrement ivre, perça le silence.
- Je sais, tout va bien. Tu peux dormir tranquille, Scorpius.
Malfoy sourit. Un soulagement fugace et rassurant se propagea dans sa poitrine. Il n'était pas très doué pour communiquer, pour poser des mots clairs et précis sur ses pensées. Mais peut-être pouvait-il se dévoiler un petit peu plus sans pour autant briser leur précieuse amitié.
Cette nuit avait vraiment changé quelque chose. Ce fut un déclic. Ses lèvres sur les siennes avaient été une décharge électrique.
S'il avait ne serait-ce qu'une minime chance avec Albus, il avait envie de la saisir.
Il était prêt.
Et en effet, il profita d'un sommeil tranquille après cela.
Ahhhhh. J'avais oublié ce que c'était d'éditer un chapitre avant de le publier ! Il faut tellement de patience et je suis certaine (encore une fois) que beaucoup de fautes ont réussi à passer à travers les mailles du filet T_T
Et j'ai découvert que cette partie 1 était plus longue que ce que je pensais ^^
En tout cas, j'espère que vous avez aimé cette petite mise en bouche. Qu'en avez-vous pensé ? :)
On se retrouve la semaine prochaine pour la partie 2 ! Avec deux jeunes hommes qui tâtonnent timidement et des vacances de Noël qui commencent !
Je vous fais des bisous, à bientôt !
Slyth.
