Jack: Baisse-toi ! Quand je pense qu'on en est là par ta faute !

Ianto: ça va hein ! Tu n'allais tout de même pas le laisser dans cette situation, si ?
Jack: Non, bien sûr que non. Mais quand même. Si tu veux te faire repérer, autant aller te rendre tout de suite.
Ten : Messieurs, s'il vous plaît ! Un peu de calme. J'essaye de trouver le réglage idéal. Bon, si je veux réussir à désynchroniser l'appareil sans blesser l'enfant, je dois faire ça... Non, ça ne va pas marcher. Ou alors… Oui ! C'est ça. Je crois que… Ah ben non.
Jack: Doc ?
Ten : Mais si jamais je perturbe le flux xylithien, il va perdre la raison… et nous avec. Non, je ne peux vraiment pas faire ça. Et si j'arrivais à relier ces deux câbles comme ceci, peut-être que je…

Ianto: Doc ? !
Ten : … me prendrais une décharge. J'encaisse, mais y'a des limites. Alors, réglage 22, je le fais rentrer en résonnance et ça ne fait… rien. Mais c'est pas vrai ! Réfléchis on sang ! Il doit bien y avoir un moyen d'interrompre le processus ! Et je faisais…

Jack& Ianto: DOC ! ? !
Ten : Oui ?
Ianto: Il faudrait peut-être te dépêcher. La cérémonie va bientôt commencer et ça sera trop tard.
Ten : Oui, je sais. Mais ne me mettez pas la pression. Même si, je dois l'admettre, je suis bon quand je travaille sous pression, je suis même brillant.
Jack: Ah ouais ? Et bien brille un peu plus vite, on n'a plus beaucoup de temps.

Les trois hommes étaient accroupis derrière un mur, bien à l'abri de l'assistance qui était rassemblée autour d'un autel. Sur celui-ci, on pouvait voir le corps d'un enfant, allongé là, inconscient. Il avait l'air si petit, si fragile. Ianto regardait la scène, visiblement inquiet et ça ne semblait pas faire plaisir à Jack. Ils étaient arrivés sur cette planète quelques jours auparavant, par le plus grand des hasards, au gré des caprices du T.A.R.D.I.S. . Le grand prêtre, ou tout du moins, celui que l'on pouvait identifier comme tel, était en train de psalmodier des incantations en levant une sorte de sceptre au-dessus du corps sans défense.

Grand Prêtre : O grand Xandor, accepte cette âme en sacrifice, afin que le rite s'accomplisse et que la toute puissance de Youl éclate. Nous nous soumettons à ta volonté.

Dans un angle de la pièce, on pouvait voir l'assistant du religieux, si tant est que l'on puisse définir le Culte de Xandor comme étant une religion, se placer près d'un immense appareil qui était en train de vrombir. Il attendait un signe de la part de son supérieur pour activer la machine.
En rampant, le Docteur s'approcha au maximum de l'appareil et il pointa son tournevis sonique en direction du panneau qui se trouvait à l'arrière.

Ten : Réglage 42. Je n'ai pas souvent eu l'occasion de m'en servir mais je pense que là, c'est le seul qui puisse être adapté à la situation. Messieurs, tenez-vous prêts à faire diversion. Ça va faire des étincelles !

Quelques secondes plus tard, l'appareil se mit à fumer, puis des jets d'énergie s'échappèrent dans un vacarme assourdissant.

Ten : Maintenant !

D'un bond, Jack et Ianto s'élancèrent, dans la confusion la plus totale. Ianto se précipita sur l'enfant, défit ses liens et le prit dans ses bras tandis que le capitaine couvrait ses arrières, pointant son arme en direction de quiconque voulant essayer de s'interposer.

Grand Prêtre : NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON ! Vous ne pouvez pas prendre le Roax ! Vous n'avez pas le droit !

Le grand-prêtre tenta de se jeter sur Ianto mais un direct du gauche de Jack l'interrompit brutalement. Il se retrouva à terre, à moitié assommé.

Jack: Allez viens ! Faut pas traîner ici. Doc ? C'est bon ?
Ten : Perfectamundo ! Ils ne pourront plus rien faire de mal. J'ai mis l'installation définitivement hors d'état de nuire. Maintenant, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, je pense que nous pouvons retourner au T.A.R.D.I.S.
Jack: Avec joie ! De toute façon, je ne pense pas qu'ils vont vouloir nous garder pour le dîner. Ianto ?
Ianto: Je vous suis.

Les trois hommes s'enfuirent du temple en courant. La progression de Ianto était un peu plus délicate que pour les deux autres, il ne voulait pas blesser l'enfant qu'il portait dans les bras. Ils progressèrent aussi rapidement que possible dans le dédale des couloirs qui les séparaient du vaisseau du Docteur. Au loin, on pouvait entendre la clameur de leurs poursuivants s'élever.
Le Docteur ouvrait la route, son tournevis pointé vers l'avant afin de trouver le trajet optimal pour arriver à bon port au plus vite.

Jack: Doc ? Tu n'as pas un raccourci de disponible ? On va finir par se faire rattraper et ça risque de ne pas être beau. Je n'ai pas grand-chose à craindre, j'aimerais en dire autant pour vous deux.
Ten : Je peux toujours me régénérer, même si ça ne me ferait pas plus plaisir que ça. Je m'aime bien comme ça. Je ne suis vraiment pas pressé de changer. Quant à Ianto, tu sais bien que...
Jack: Je ne sais rien du tout ! On n'a pas encore eu l'occasion de se confronter à une blessure grave. Et sincèrement, je n'ai aucune envie d'essayer. Et puis qui me pourrait me faire un aussi délicieux café hein ?
Ianto: C'est tout à fait charmant ce que tu viens de dire Jack. Mais je préfèrerais que tu restes concentré. Aow ! Attention !

Un projectile siffla à l'oreille de Ianto, l'effleurant. La douleur commença fuser et il sentit quelque chose de visqueux couler le long de son cou.

Jack: Ianto, ça va ?
Ianto: Oui, ça va aller.
Jack: Tu es sûr ?
Ianto: Positif. Couvre plutôt nos arrières. Ils sont plus proches que je ne l'avais pensé.

Jack passa en dernière position et tira sur le groupe des poursuivants qui s'approchait dangereusement. Il fit mouche à plusieurs reprises.

Ten : J'espère que tu n'infliges aucune blessure mortelle. Tu sais ce que je pense des armes.
Jack: Je sais Doc. T'inquiète, je ne vise que les jambes. J'arrive pas à croire que je fasse ça.
Ten : Ah, ça y est, on arrive !

Le Docteur pointa son tournevis en direction de la porte de la boîte bleue et celle-ci s'ouvrit. Il s'engouffra dans le T.A.R.D.I.S., suivi de près par Ianto. Jack s'arrêta un instant avant de monter à son tour et tira une nouvelle fois. Il essayait de gagner un peu de temps supplémentaire en ralentissant la progression de la foule enragée.

Ianto: Jack ! Magne-toi !

Le capitaine visa une colonne providentielle qui s'effondra en travers du chemin, bloquant les fidèles, puis il entra dans le vaisseau dont la porte se referma immédiatement après. Le Docteur était déjà en train de s'affairer autour de la console. Il effectuait les derniers réglages. On pouvait entendre des coups rageurs contre la porte. Ianto la fixait du regard, inquiet.

Ten : Ne vous inquiétez pas, les troupes d'Hannibal n'ont pas pu entrer, ça n'est pas une bande d'hystériques religieux qui va y arriver. Allez, c'est parti !

Le Docteur abaissa le levier et la colonne de lumière s'anima. Jack déposa son arme et s'approcha de Ianto.

Jack: Il va bien ?
Ianto: Je ne sais pas. Il n'a pas bougé depuis tout à l'heure. Je sens à peine son pouls.
Ten : Emmène-le dans l'infirmerie.
Ianto: Elle se trouve où déjà ?
Ten : troisième pièce au fond à gauche après le couloir nord-est.
Ianto: OK.
Jack: Je t'accompagne.
Ten : je vous rejoins dès que j'aurai stabilisé la trajectoire. (Puis, se tournant vers la console) Tu ne vas pas faire des tiennes cette fois !

Tandis que le Docteur tapait sur le plan de commande avec son marteau, le petit, en caoutchouc, Ianto se dirigea vers l'infirmerie, l'enfant dans ses bras, Jack à sa suite.
Ils entrèrent dans la pièce qui s'alluma à leur arrivée. Le gallois s'approcha du lit d'examen et y déposa le corps frêle et inerte. Jack pris les électrodes posées sur l'appareil qui se trouvait sur la droite. Ianto retira la robe de cérémonie dont l'enfant était vêtu et il fixa les électrodes à l'aide du gel médical qu'il avait trouvé sur la desserte.

Ten : Un coup de main ?
Jack: Ah Doc ! Tu tombes bien. Je ne sais pas comment régler l'appareil. Surtout pour un youlien.
Ten : Leur biologie est assez semblable à celle des humains. Enfin, à ceci près que le cœur se situe à droite.

Le Docteur déplaça les électrodes de manière à les positionner correctement puis il effectua quelques réglages sur l'appareil. Quelques instants plus tard, on pouvait voir une courbe lumineuse se dessiner sur l'écran.

Ten : J'ai effectivement un pouls. Sa respiration est très faible, mais elle est là. Jack, tu peux ouvrir l'armoire qui se trouve là ? Tu y trouveras des flacons de nutriments universels. Cet enfant a besoin d'être réhydraté au plus vite, sinon, on aura fait tout ça pour rien.

Jack fouilla dans l'armoire et en sortit une poche en plastique contenant un liquide doré. Il suspendit la poche sur une potence et l'approcha du lit. Le Docteur désinfecta une aiguille qu'il fixa au fin tuyau qui en pendait. Il passa ensuite une compresse alcoolisée sur le bras de l'enfant et y enfonça l'aiguille.
Ianto caressait doucement les cheveux du garçonnet. Il avait l'air préoccupé. Jack s'approcha de lui et passa ses bras autour de sa taille.

Jack: Ne t'inquiète pas. Il va s'en sortir. Je suis sûr qu'il est costaud.
Ianto: Il a l'air si petit.
Jack: Tu devrais aller te reposer. Tu es épuisé.
Ianto: Vas-y toi. Je préfère rester encore un peu.
Jack: Comme tu voudras.

Jack savait que rien ne pourrait faire entendre raison à son amant. Il l'embrassa tendrement sur la joue et sortit de la pièce, accompagné du Docteur.
Ianto attrapa un siège et s'installa à côté de la tête du lit. Tout en continuant de caresser les cheveux de l'enfant, il se mit à chanter une berceuse galloise, une de celles que sa mère lui chantait quand il était petit. Il regardait la petite poitrine se soulever et s'abaisser doucement, c'était presque imperceptible.

Ianto: J'espère qu'il va survivre.

La pénombre de la pièce, conjuguée à la fatigue accumulée des derniers jours eurent raison de la vaillance du jeune homme qui finit par s'endormir, la tête posée à côté de celle du petit garçon.
Une pression sur son bras fit tressaillir Ianto. Il leva la tête et vit deux billes sombres le dévisager.

? – Monsieur ?

Avant même de lui répondre, Ianto se précipita sur le communicateur.

Ianto: Jaaaaaaaack ! Viens vite ! Il s'est réveillé !

Il retourna ensuite au chevet de l'enfant qui le regardait, légèrement effrayé.

Ianto: Tout va bien, ne t'inquiète pas. Tu me comprends ? Bien sûr que tu me comprends. On est dans le T.A.R.D.I.S.
? – Qui êtes-vous ?
Ianto: Un ami. Tu es hors de danger.

Ianto s'était remis à caresser la chevelure du garçonnet pour le rassurer. Le visage de l'enfant reprenait progressivement des couleurs et ses joues se teintèrent rapidement. Il essaya de se redresser.

Ianto: Attends, ne bouge pas. Je vais incliner le lit. Tu es encore très faible.
Jack: Alors ! Comment se porte notre petit malade ?
Ianto: Il a reprit connaissance. C'est déjà un bon signe non ? Docteur ?

Le gallifreyen était en train de vérifier les constantes. Il se tourna vers Ianto, un grand sourire affiché sur son visage.

Ten: Tout m'a l'air parfait. Tu nous as fait une belle frayeur mon bonhomme. Mais tu es tiré d'affaire maintenant.
Jack: Il avait quoi alors ?
Ten: Disons qu'il était sous l'effet d'une transe, une sorte d'état second propice au sacrifice qu'il devait subir. Nous devons le tenir éloigné de toute source youlienne maintenant. Sinon, il va retomber en transe et ça pourrait lui être fatal.

Ianto sursauta et regarda Jack.

Ianto: On ne peut pas laisser faire ça ! On doit s'occuper de lui !
Jack: On doit ? On doit ? ! ? Je te rappelle que c'est toi qui as voulu le sauver.
Ianto: Ok, il est sous ma responsabilité alors. Et je refuse de l'abandonner ! Et si tu ne veux pas, je m'en occuperai seul, ça ne me fait pas peur du tout.
Jack: Ouh là ! Du calme Jones ! Je n'ai jamais dit que je n'étais pas d'accord…
Ianto: Alors tu veux bien ?

Les yeux de Ianto commencèrent à s'embrumer. Jack lui caressa doucement la joue.

Jack: Oui, je veux bien gros bêta. J'espère que tu as conscience du fait que c'est beaucoup de responsabilités.
Ianto : Oui, je sais. J'ai pris tout le temps de la réflexion.
Jack: Bon, alors, si c'est comme ça. (Il se tourna vers l'enfant) Petit, tu viens de te trouver une nouvelle famille. Et ne fais pas trop attention au gros imbécile à côté de moi, il est très gentil aussi tu sais.
Ianto : Oï !

Le Docteur s'approcha des deux hommes et se mit entre eux, passant ses bras sur leurs épaules.

Ten: Merveilleux ! Je pense que des félicitations s'imposent ! Quelle belle famille : Jack, Ianto et… et comment au fait ?
Ianto: C'est vrai ça. On ne sait pas comment tu t'appelles.

Le petit garçon resta un instant silencieux. Il se demandait quoi penser au sujet de ce qui était en train de se passer. Mais les sourires qui s'affichaient à l'instant sur les visages des trois hommes qui se trouvaient face à lui finirent par le rassurer.

? – Uzboblakovatiraplak.
Jack: D'accooooooooord.

Ianto donna un coup de coude à Jack ce qui eut pour effet de faire éclater de rire le Docteur.

Ten: Je crois qu'on va opter pour une version courte si tu n'y vois pas d'inconvénient. Tu n'aurais pas un petit surnom ?

L'enfant secoua la tête négativement.

Ten: Je suis bon pour ça, les diminutifs, ça me connaît. Que dirais-tu de Bob ?
Bob : Bob ?
Ten: Oui, Bob.

Le garçonnet réfléchit quelques secondes puis il se mit à sourire à son tour.

Bob : ça me va.
Jack : Alors ça sera Bob.