Bonjour et bienvenue sur ma deuxième fanfiction Thiam !
Je vous préviens à l'avance, elle prend en compte tous les éléments de la saison 6B, donc, méga spoilers à venir, notamment en ce qui concerne l'intrigue autour des chasseurs et de Liam et Theo ! (Comment ça, on s'en doutait ?)
Pour info :
- Teen Wolf ne m'appartient absolument pas. Hélas. Sinon, ce ne serait pas fini. *va pleurer dans un coin en hurlant c'est finiiiii pourquoiiiii*
- Je ne touche aucune rétribution pour l'écriture de cette fic' ! Oui, je sais, ça aussi, c'est dommage.
- Cette fic' est à moi, et uniquement à moi. En revanche, je m'inspire de scènes très précises de la série (owi owi la scène de l'ascenseur)
- Cette fic' est dédiée à chocobi6. J'ai commencé à l'écrire avant qu'on ne commence à discuter en MP sur le Thiam mais tu m'as inspirée, donc, cadeau. Parce que OUI on est d'accord que Theo a regardé les lèvres de Liam ! IL L'A FAIT JE L'AI VU !
- Et puisque je ne touche rien du tout en écrivant cette fic', laissez-moi au moins des reviews. Que ce soit pour complimenter ("wesh jaime tro ton truc la c kool" ça passe, promis xD ) ou pour critiquer, peu importe, mais un auteur n'existe qu'à travers ceux qui le lisent, alors... Prenez juste deux minutes ;)
Sur ce... ENJOY !
CHAQUE BAISER APPELLE UN AUTRE BAISER
(citation de Marcel Proust)
Partie I
Il suffit d'un baiser pour apprendre l'amour.
Max-Pol Fouchet
Premier baiser. La colère.
La première fois que Liam et Theo s'étaient embrassés… Liam s'en souvenait à la perfection, même s'il ne l'admettrait jamais à voix haute.
C'était arrivé au zoo, alors qu'ils tentaient d'appliquer son plan, un plan que Liam n'en revenait pas d'avoir un jour mis en œuvre. Il venait de se réveiller avec la sensation qu'un trente-tonnes s'était amusé à lui rouler dessus. Il se trouvait dans l'un des couloirs labyrinthiques du zoo, et il était transporté sur l'épaule de quelqu'un. Theo, réalisa-t-il en sentant son odeur, et en reconnaissant… il ne savait pas quoi au juste, peut-être la démarche, l'odeur, le grain de peau ou la tenue, mais quelque chose qui était du Theo pure souche, du Theo sans aucun doute possible.
− Qu'est-ce qui s'est passé ? grogna-t-il, groggy.
Theo s'arrêta et prit le temps de le descendre de son épaule pour le remettre sur pied. Ce n'était pas vraiment délicat, mais ce n'était pas brusque non plus.
− Tu as bien failli tuer un de tes petits camarades de classe, répondit tranquillement la chimère avec son éternel sourire en coin qui donnait à chaque fois à Liam une furieuse envie de le lui faire ravaler une bonne fois pour toutes. J'ai dû t'assommer.
Liam grogna de nouveau, le souvenir lui revenant petit à petit : Nolan, les chasseurs, le regard terrifié de l'autre garçon, son poing qui s'abattait sans arrêt sur le mur à côté de lui, et cette fureur dévorante, cette envie qu'enfin quelqu'un paye….
− Pourquoi tu m'as pas laissé en finir avec lui ? marmonna-t-il, mécontent.
Theo reprit sa marche, lui tournant le dos sans vergogne. Liam soupira, mais le suivit.
− Complètement contre-productif, répondit Theo avec une certaine arrogance. J'avais cru comprendre qu'on essayait de sortir vivants de cette guerre, pas de se faire tuer parce que les chasseurs ont une vendetta personnelle à accomplir.
− Ils se vengent déjà, fit remarquer Liam.
− Ils mènent leur propre combat pour survivre, c'est tout.
Liam serra les poings et s'arrêta net.
− Parce que tu es d'accord avec ce qu'ils font, maintenant ?
Theo se tourna vers lui de nouveau, exaspéré.
− Qu'est-ce que tu crois ? Que j'ai envie de mourir ? Bien sûr que non. Mais pour eux, leur combat est juste, et on ne résoudra pas le problème en tuant un misérable lycéen effrayé. On ne ferait que l'empirer.
Liam prit une inspiration furieuse, tentant de se calmer – en vain.
− Ah oui ? J'arrive pas à croire que tu dises ça.
Theo plissa les sourcils, à l'évidence contrarié.
− Je serais le premier à dire qu'éliminer la menace est le meilleur moyen de s'en sortir vivant, mais tu sais comme moi que ce serait la chose la plus stupide à faire – c'est ce qu'ils attendent. Et te transformer en meurtrier parce que tu as une vengeance à accomplir ou parce que tu as été passé à tabac dans la cour de récré est la pire des options.
− Alors on doit rester des victimes ?
La fureur montait en Liam, impossible à réfréner. Que Theo sache ce qui était arrivé à Brett et Lori, et qu'il sache ce que Nolan et Gabe lui avaient fait était insupportable. Comment osait-il… Et il ne faisait rien ! Rien ! Brett et Lori étaient morts, ils allaient tous mourir, et lui s'en fichait !
− Je suppose que c'est normal, après tout, grinça-t-il, en serrant les poings si forts que ses griffes s'enfoncèrent dans ses paumes. Tu t'en fiches que Brett et Lori soient morts, tu t'en fiches que tout le monde soit condamné, tu t'en fiches de tout ! La seule chose qui te soucie, c'est ta petite personne !
− Ah oui ? s'exclama Theo avec une grimace mauvaise. Explique-moi pourquoi je suis là, à te soutenir dans ton plan stupide, alors que je pourrais déjà avoir quitté Beacon Hills ?
Il avait raison, et ça ne faisait qu'énerver Liam plus encore. Il ne savait pas pourquoi, mais il en voulait à Theo. De l'avoir frappé pour attirer les chasseurs comme c'était prévu, de l'avoir suivi dans ce plan stupide, de l'avoir assommé, d'être si peu fiable, d'avoir raison, de vouloir peut-être rejoindre la meute, d'être égoïste, de se soucier d'eux.
− De toute façon, poursuivit Liam, tu nous trahiras dès que tu pourras. Dès que tu auras l'occasion de nous vendre pour avoir la vie sauve, tu le feras. Les gens ne changent pas, encore moins les gens comme toi.
Les yeux de Theo brillèrent de fureur. Liam sentait confusément qu'il l'avait blessé, et d'une certaine façon, ça lui faisait plaisir. Pourquoi serait-il le seul à souffrir, le seul à être coupable ? Et d'un autre côté, il se sentait plus répugnant encore d'accuser la seule personne qui tentait d'appliquer son plan et de l'aider.
− Tu dois te calmer, dit Theo de son ton le plus modéré. (Il devait prendre sur lui, c'était évident. Pourquoi prenait-il des pincettes avec lui ? Pourquoi ne se déchaînait-il pas ?) La colère t'empêche d'être efficace. Si ça continue comme ça, les chasseurs vont nous rattraper. Nous devons continuer.
− On évite bien le sujet, hein ? ricana le bêta.
Une infime partie de lui avait conscience que la colère lui faisait dire n'importe quoi, et qu'il n'avait aucune réelle raison d'être aussi furieux. Mais il refusait de l'écouter.
− Dégage ! hurla-t-il. Dégage ! Laisse-moi seul ! Je ne veux plus te voir ! Je veux juste les faire payer tous ! Tous !
Il s'élança, mais Theo le rattrapa de justesse, le ceinturant par-derrière et l'empêchant d'aller accomplir sa vengeance. Furieux, Liam se débattit, distribuant coups de pieds et coups de poing dans le vide, se tortillant dans tous les sens. Theo avait une mauvaise prise et fut contraint de le lâcher. Soudain, Theo était la cible parfaite pour évacuer toute cette colère. Liam le détestait de le retenir, d'essayer de le raisonner, de rester avec lui, et il lui envoya son poing en pleine figure. Le crac qu'émit le nez de la chimère en se cassant fut une intense satisfaction pour lui, de même que les yeux de Theo qui s'illuminèrent.
La chimère entreprit de lui attraper les bras, mais Liam le repoussa violemment, l'observant voler au loin, la figure pleine de sang. Theo se jeta sur lui presque immédiatement, en même temps que Liam le rattrapait. Liam envoya un coup de poing qui manqua Theo de justesse, détruisant un pan de mur à la place. Theo le poussa violemment contre le mur, Liam riposta d'un coup de pied. Le bêta agrippa sa veste, prêt à le déchiqueter de ses griffes. Theo lui attrapa les bras, et pendant quelques secondes, ils se contentèrent d'enchaîner les assauts contre l'autre et de se repousser brutalement l'un l'autre. Liam agrippa la gorge de Theo, Theo le souleva puis tenta de l'assommer. Ils luttèrent quelques secondes encore, se frappant mutuellement, leurs poings heurtant le torse de l'autre, leurs griffes éraflant leurs joues, Liam agrippant les cheveux de Theo et Theo relevant les mains de Liam au-dessus de sa tête; et soudain, Liam ne savait pas comment, ils se retrouvèrent à s'embrasser violemment.
Ils poursuivaient le combat, d'une certaine façon. Leurs langues s'affrontaient, chacune réclamant la dominance sur l'autre. Ils se repoussaient autant qu'ils se rapprochaient. Theo lui mordit la lèvre, et Liam tirait sur ses cheveux, inclinant sa tête à son bon vouloir. Les griffes de Theo lui rentraient dans le dos tandis qu'ils échangeaient un baiser sauvage.
Lorsqu'enfin ils se séparèrent, à bout de souffle, aucun d'eux n'avait réellement gagné. Liam était sonné par ce qui venait de se produire, et il voyait dans ses yeux que Theo était tout aussi désarçonné que lui. Mais la chimère, contrairement à lui, semblait avoir repris ses esprits. Son regard était plus fixe, plus résolu. Liam leva les mains, sans savoir exactement s'il devait l'affronter ou non, à présent, et ignorant s'il était toujours furieux…
Et soudain, ce fut le noir.
Tout se perdit ensuite dans un mélange sombre et coloré de coups échangés, de griffes et de crocs, de violence et de rage. Tout était flou, mais lorsque Liam se réveilla sur le siège passager de la voiture de Theo, il se doutait confusément que la même scène s'était reproduite, encore et encore. Il avait frappé Theo, Theo avait riposté, l'avait assommé, et chaque fois transporté plus loin, pour le sauver des chasseurs.
Il ne pouvait qu'être reconnaissant de ce que Theo avait fait pour lui. Mais il y avait ce baiser… bien sûr, il n'avait eu lieu que dans le feu de l'action, comme une attaque supplémentaire, un déchaînement de violence si intense qu'il avait pris les formes les plus agressives et les plus insidieuses à la fois. Ils s'étaient dévorés plus qu'ils ne s'étaient embrassés. Liam ne savait pas très bien ce qu'il ressentait à propos de ça, à part une gêne extrême.
Alors, il fit celui qui ne se souvenait de rien du tout.
De son côté, Theo ne souffla pas un mot non plus de ce qui était arrivé.
C'était comme si rien ne s'était passé.
Deuxième baiser. L'angoisse.
Liam était plus ou moins parvenu à oublier ce qui était arrivé au zoo. L'attitude tranquille de Theo, ce soir-là, dans la voiture, l'avait conduit à croire que ce n'était qu'une erreur commise dans le feu de l'action. Il n'arrivait pas bien à savoir lequel d'eux deux l'avait initié, mais ce n'était pas très important.
Bien vite, il avait eu autre chose à penser. Mason et Lydia s'étaient fait tirer dessus – en même temps que Melissa McCall et Rafael McCall – et Liam passait du temps avec Mason et Lydia à l'hôpital. Mason avait besoin de soutien, et Lydia était heureuse d'avoir quelqu'un qui accepte sans broncher de lui lire les magazines de mode.
Liam avait donc plus ou moins relégué le baiser échangé avec Theo tout au fond de son esprit. Il y repensait par moments, chaque fois qu'il pensait à Theo, mais préférait ne pas s'y attarder. Il ne savait pas ce qu'il était censé en penser, et, en fin de compte, c'était juste embarrassant. D'ailleurs, Theo lui-même n'en parlait pas – parce que ce n'était rien du tout.
Et puis il y eut cette fois au lycée.
Ça avait été une très longue journée. Liam avait passé Gabe à tabac pour découvrir l'identité du tireur qui avait fusillé la maison des McCall. Theo avait fait son apparition et l'avait dissuadé – Dieu savait comment – de tuer Gabe. Liam ignorait s'il lui en voulait ou s'il lui en était reconnaissant, cette fois encore. Un mélange absurde des deux, probablement. Gabe leur avait ensuite montré les corps mutilés de créatures surnaturelles, conservés dans un bac réfrigérant. Theo et Liam avaient ensuite appelé Scott et Malia pour leur montrer le résultat, après en être venus à l'atroce conclusion qu'Aaron recherchait sa deuxième moitié.
Les trois autres étaient partis, mais Theo et Liam étaient demeurés là, dans cette salle de physique, à tenter d'énumérer quelles étaient les options possibles pour retrouver la deuxième partie de l'Anuk-ite – et arrêter la première.
Liam ne savait pas exactement pourquoi, mais la présence de Theo était rassurante. Même s'ils établissaient une liste qui n'avait aucun sens et qui ne les aiderait certainement pas à vaincre la nouvelle créature meurtrière qui avait fait son apparition. Scott et Malia s'occupaient de recruter des alliés; eux, de l'Anuk-ite. Il était heureux de savoir qu'il n'était pas seul avec ces corps mutilés, avec cette créature qui rôdait, et avec ces propres remords qui le rongeaient.
− Dans un premier temps, répétait Theo, il va falloir qu'on trouve plus de renseignements sur l'Anuk-ite. Comment empêcher les deux parties de se réunir ? Comment le vaincre s'il est de nouveau complet ? Quelle est l'étendue de son pouvoir ?
− Deaton n'a pas été capable de nous fournir plus de détails, et pourtant, c'est lui le spécialiste, marmonna Liam, défait.
− Si j'ai bien compris, cette créature est la seule de son genre, répondit Theo. Ce serait logique qu'il ne sache pas grand-chose d'elle. On devrait plutôt se concentrer sur ce que nous savons de la Wild Hunt et des moyens dont elle disposait pour arrêter une créature de ce type.
Ce que disait Theo était frappé au coin du bon sens, mais Liam sentit tout de même sa bouche s'assécher.
− C'étaient des morts-vivants surnaturels et impossibles à tuer, répondit-il lentement. Souviens-toi comme on en a bavé pour tuer seulement une poignée d'entre eux !
Theo releva la tête, intrigué.
− Nous sommes des êtres surnaturels, sourit-il. La meute McCall est impossible à tuer. Et certains d'entre nous sont aussi revenus d'entre les morts. Je pense que nous avons nos chances.
Liam aurait peut-être été amusé par sa réponse si la situation avait été moins critique.
− Ils étaient toute une armée ! Des milliers, des millions peut-être ! Ils étaient capables d'effacer quelqu'un de la surface de la Terre, et ils avaient des Hell Hounds ! Nous, nous…
− Nous avons un Hell Hound aussi, répliqua Theo. Nous avons plusieurs loups-garous, une coyote-garou, des chimères, des armes à feu et une Banshee. Je dis que nous avons nos chances.
− Tu dis ça parce que tu en es convaincu ou parce que tu cherches à me rassurer ? rétorqua Liam, sa voix partant désagréablement dans les aigus.
Theo haussa les sourcils, amusé.
− Pourquoi est-ce que je chercherais à te rassurer ?
− Pour la même raison que tu m'as empêché de tuer Nolan et Gabe ?
Theo croisa les bras, arborant son éternel sourire en coin.
− Pense ce que tu veux.
− Nous n'avons aucune chance ! s'exclama Liam. Nous sommes trop peu nombreux et nous sommes trop faibles. Et même contre les chasseurs… nous n'avons rien, aucun allié, personne, et eux sont des dizaines, des centaines ! Ils en recrutent chaque jour un peu plus ! Pour vaincre l'Anuk-ite, il faudra déjà vaincre les chasseurs ! Et pour vaincre les chasseurs, il faudra déjà vaincre l'Anuk-ite !
Theo jeta un regard en coin au bac réfrigérant à l'autre bout de la pièce.
− Je savais bien que cette créature t'affectait aussi.
− Brett et Lori sont morts ! cria Liam. Tiang et Jierney sont portés disparus ! Tu as été kidnappé et torturé ! Plusieurs autres gens du lycée ont été massacrés par cette créature ! Explique-moi comment on peut s'en sortir ! On ne peut pas !
Ses mains tremblaient, agitées de violents soubresauts, et il frissonnait de tous ses membres. Il avait froid, et il peinait à respirer.
− Liam, calme-toi, ordonna Theo. Ce n'est pas toi qui parles. C'est cette créature qui t'affecte.
− Non ! Comment tu veux que je me calme ? haleta Liam. Alors qu'on risque tous d'y passer !
Theo le secoua légèrement, puis avec plus de force, le fixant droit dans les yeux.
− On va survivre, d'accord ? Ce ne sont que des chasseurs inexpérimentés et un monstre qui recherche son âme-sœur. On a survécu à la Bête du Gévaudan, aux Ghost Riders et à un loup-garou Nazi, il n'y a pas de raison que…
− Non ! s'exclama Liam, malgré sa poitrine douloureuse et les larmes qui dégoulinaient sur ses joues. Je ne veux pas qu'il y en ait d'autres qui meurent, et ils vont mourir ! Je ne veux pas, pas encore ! Je…
Il fut coupé par deux lèvres qui se posèrent sur les siennes. Il en fut si stupéfait, qu'il tarda à comprendre que c'étaient celles de Theo. Theo, en train de l'embrasser. C'était léger, fugitif, délicat, à peine une pression sur ses lèvres. Ce fut suffisant pour qu'il reste planté là, à débattre mentalement s'il devait répondre ou non à ce baiser, et à se demander pourquoi au juste Theo l'embrassait-il. Peut-être pas dans cet ordre. Ou peut-être que si, à la réflexion.
Ce fut très court. Theo s'éloigna à peine quelques secondes plus tard et le regarda avec un sourire satisfait, avant de retourner à sa liste. Son sourire ne le quittait pas.
− Que… Euh… pourquoi ? demanda Liam, au moins aussi ébahi par le baiser que par l'attitude nonchalante de Theo.
− Pour faire passer les crises de panique, il faut surprendre ceux qui en sont victimes, répondit tranquillement Theo. Généralement, on choisit un baiser ou une gifle. Connaissant ton passif avec les coups de poing, j'ai pensé qu'un baiser serait plus efficace, et moins dangereux pour moi. (Il adressa un clin d'œil à Liam qui le dévisageait, abasourdi.) De toute évidence, ça a marché.
Liam mit quelques instants avant de réaliser qu'en effet, il n'était plus du tout paniqué. Au contraire, il se sentait complètement assommé, et même un peu ramolli. Comme dans un rêve, il se rassit à côté de Theo et entreprit de compléter leur liste, tout en se sentant complètement vaseux.
C'était déjà la deuxième fois qu'ils s'embrassaient. Theo avait choisi de l'embrasser. Liam n'arrivait plus à prétendre qu'il n'était pas un peu perturbé.
Troisième baiser. La détresse.
La troisième fois fut une erreur. Une pure et simple erreur, rien de plus. Ils n'étaient motivés que par le désespoir et la peur, et dans ces circonstances-là, ils avaient eu besoin de chaleur humaine, de contact, de se sentir vivant, et il se trouvait qu'ils avaient été là au moment où l'autre en avait eu le plus besoin.
L'Anuk-ite est vraiment fort. C'était le texto que Liam avait reçu de Mason ce soir-là. Le Bêta n'avait pas tardé à lui envoyer un message paniqué en retour : Tu es blessé ? Il s'était écoulé quelques secondes avant que Mason ne réponde : Un peu, mais c'est OK. Theo m'a ramené chez moi. Et Scott et toi ? Vous avez trouvé quelque chose ?
Liam avait soupiré, se rappelant les images horribles. La détresse de Mrs. Finch en découvrant que sa fille était morte, et l'horreur de découvrir que non seulement ils le lui avaient annoncé sans délicatesse, mais qu'en plus il s'agissait de Quinn – cette fille gentille et effrayée qu'ils avaient rencontrée lors du siège du commissariat. Liam ne pouvait pas s'empêcher de se mettre des baffes mentales en y songeant. C'était évident. Ils recherchaient une créature ultra-puissante qui avait pris la forme d'un loup-garou. Comment avaient-ils pu ne pas penser à Quinn, une louve-garou qui avait miraculeusement survécu à une balle en pleine tête ?
Si ça n'avait été que ça, il aurait peut-être pu se remettre de cette soirée, mais non, il y avait eu le reste. Il se sentait fatigué, dépassé, et effrayé. Toute cette histoire prenait de trop grandes proportions.
Oui, on a trouvé. Longue histoire. Les choses se compliquent, répondit-il.
Tu veux passer la nuit chez moi ? proposa Mason. Toi, moi et Theo, on pourra faire un récapitulatif de ce qu'on sait.
C'était tout Mason, ça. Organisé et rationnel même en situation de crise – surtout en situation de crise. Il avait envie d'accepter. Il ne voulait pas être seul, pas ce soir. Il avait envie de parler de ce qu'il avait vu. Mais il y avait Theo. Et Liam avait mis un point d'honneur à éviter Theo depuis la dernière fois au lycée. Il y avait déjà assez de choses bizarres dans sa vie, il n'avait pas envie d'en rajouter une. Il ne comprenait pas pourquoi ces deux baisers avaient eu lieu, ce qui était agaçant, et ils avaient déjà trop de problèmes pour se concentrer sur un sujet aussi futile. Le mieux, c'était donc de cesser d'y penser – et tant pis pour la partie de lui qui avait voulu que Theo soit avec lui dans la bibliothèque du lycée, ou qui aurait aimé être avec lui dans les dédales des sous-sols de Beacon Hills parce que les plans foireux, c'était leur truc à eux, pas celui de Mason.
C'était frustrant.
Finalement, il accepta l'invitation. Ses parents n'étaient pas chez eux, et il avait l'impression que s'il restait seul… il ne savait pas ce qui arriverait, et il ne voulait surtout, surtout pas le savoir.
La jambe de Mason était légèrement abîmée. Theo avait été griffé par la créature. A part ça, ils allaient plutôt bien, si ce n'était qu'ils semblaient choqués. Liam leur raconta ce qu'il avait vu au lycée – Quinn et Aaron se retrouvant, s'embrassant, et luttant jusqu'à ce que l'Anuk-ite soit enfin reconstitué. Les deux autres l'écoutèrent en silence. Mason semblait horrifié. Theo avait les sourcils froncés, il semblait fatigué, mais néanmoins en train de réfléchir à toute allure au problème.
Corey arriva avant qu'ils en soient arrivés à la conclusion inévitable – qu'ils ne pouvaient pas gagner – et Mason s'éclipsa avec lui, dans l'intention de soigner sa jambe – ou, plus vraisemblablement, de gagner dix minutes à se peloter et se câliner, sachant que Mason avait déjà apporté tous les soins possibles à sa blessure. Ne restèrent donc plus que Liam et Theo, seuls, assis sur le canapé du salon des Hewitt, en silence.
Liam se sentait affreusement embarrassé. Qu'était-il supposé dire à quelqu'un qu'il avait déjà embrassé deux fois – quelqu'un qui l'avait embrassé une fois – alors qu'il n'y avait rien entre eux ? Mais Theo semblait simplement épuisé, et à mille lieues de songer à ce qu'il s'était passé. Ce qui était tant mieux, décida Liam. Il se sentait trop abattu pour réfléchir à un sujet aussi compliqué, et de toute façon, ces baisers n'étaient que des incidents isolés sans aucune signification.
− Il était si puissant que ça ? demanda le Bêta.
Theo acquiesça. Leurs yeux se croisèrent, et Liam y lut un désarroi qu'il n'avait jamais vu chez Theo. C'était presque ça, le plus effrayant dans l'affaire. Theo avait eu peur de la Bête; la Bête était un monstre invincible capable de tuer des centaines de personnes en quelques jours. Theo avait craint les Ghost Riders – il avait été impossible de réellement les vaincre. Theo redoutait l'Anuk-ite ? Liam le sentait très, très mal.
− Je suis censé être une chimère, commenta Theo. Je suis plus costaud qu'un loup-garou normal, et je n'ai réussi qu'à sauver ma propre vie. Je ne l'ai pas blessé. Il s'est empalé tout seul sur mes griffes – et ça l'a à peine affaibli.
Il semblait halluciné, comme confronté à quelque chose qu'il ne pouvait pas comprendre.
Liam se frotta le front. Son cœur se serrait.
− J'ai tenté de le combattre, ça n'a rien donné. J'ai juste… volé dans les airs. Et ce n'était que la partie non reconstituée. Lydia m'a dit… Apparemment, maintenant, rien que le regarder suffit pour mourir.
Un silence consterné accueillit ses propos.
Liam releva les yeux vers Theo et soutint son regard.
− Tu penses qu'on peut réussir à le battre, toi ?
− Sûrement… Il doit bien y avoir une faiblesse quelque part, répondit la chimère en réfléchissant. Toutes les créatures ont un point faible.
Même une créature que seule la Wild Hunt a été capable d'emprisonner ? Et même pas de retenir pour l'éternité ? songea Liam. Il n'avait pas besoin d'exprimer sa pensée à haute voix pour savoir que l'idée planait entre eux deux, insidieuse et désespérante.
Est-ce qu'ils étaient tous fichus ? Comment vaincre à la fois un monstre surpuissant et une armée de chasseurs fous de haine ? Il n'avait pas envie de mourir… il avait envie de revenir à cette période de sa vie où tout allait bien, où chaque jour qui passait n'était pas menacé par l'ombre d'une menace, où il n'avait pas un calendrier sur lequel il cochait les jours où il avait réussi à survivre, plutôt que les jours qui le séparaient des grandes vacances…
Il lisait la même détresse dans les yeux de Theo. La chimère cachait ses émotions, bien entendu, et un observateur lambda n'y aurait rien lu de spécial… Mais est-ce que Liam savait à présent décrypter Theo ? Ou est-ce que Theo s'ouvrait un peu à lui ? En tout cas, il sentait le même désespoir, le même désarroi que lui.
Soudain, Liam ressentit le besoin fulgurant et écrasant de ne plus se sentir seul. Il voulait quelqu'un avec lui, là, tout de suite – il voulait que Theo soit proche de lui. Il voulait ressentir sa chaleur, savoir qu'il respirait et que son cœur battait, qu'ils étaient bien vivants. Il avait l'impression que les bras de Theo autour de lui lui garantirait qu'il y aurait un avenir. Il en avait besoin. Maintenant.
Et voilà que ça arrivait. Il embrassait Theo pour de bon, à moins que ce ne soit Theo qui était en train de l'embrasser. Ils étaient serrés l'un contre l'autre, si près que leurs torses étaient collés l'un à l'autre. Liam sentait son cœur battre contre sa poitrine, c'était la plus délicieuse sensation au monde. Theo était chaud. Ses bras étaient confortables. Sa bouche était douce, sa langue lui envoyait des étincelles dans tout le corps – il se sentait enfin vivant.
C'était beau, c'était bon, ça ne devait jamais s'arrêter. Il en voulait plus, plus encore…
Et ils se séparèrent en sursaut, lorsqu'ils entendirent un verre tomber et se briser dans la cuisine à côté.
− Oh, non, marmonna la voix de Corey.
Liam ressentit une soudaine bouffée d'agacement envers le caméléon, avant de réaliser ce qu'il venait de faire. Il venait d'embrasser Theo. Encore. Il avait voulu ça – il avait aimé ça.
Theo lui renvoya un regard aussi abasourdi que le sien – lui aussi était à court de mots. Puis Corey revint dans la pièce, tous sourires, suivi de près par Mason, appuyé sur une béquille – et la vie revint à son cours normal. Ils dévorèrent des biscuits sans piper mot, regardèrent un programme quelconque à la télé sans vraiment le regarder, puis ils s'attelèrent à échafauder des plans pour résoudre les menaces qui leur pesaient sur les épaules. Theo agissait avec naturel. Liam aussi. Comme s'il ne s'était rien passé du tout.
Liam écoutait à peine ce qui se disait, son esprit était à des années-lumière de là. Il s'éclipsa rapidement, et rentra chez lui, confus.
Est-ce que c'était lui qui s'était jeté sur Theo ? Ou est-ce que c'était Theo qui l'avait embrassé ? Dans son souvenir, c'était plutôt comme si leurs lèvres s'étaient trouvées naturellement, sans hésitation. Avaient-ils eu envie de s'embrasser au même moment ?
Non, d'ailleurs, ce n'était qu'un besoin – parce qu'ils avaient besoin de réconfort et d'une présence, ils avaient besoin de se rassurer, et voilà, Theo avait été là où Liam avait eu le plus besoin d'oublier et d'espérer, et Liam avait été là au moment où Theo avait eu besoin, pour la première fois certainement, d'être rassuré et de ne pas se sentir seul… C'était tout, voilà… Les temps troublés amenait à des remèdes étranges, pas vrai ? Evidemment, c'était mal tombé que ce soit Theo… Encore que ça aurait été vraiment bizarre qu'il embrasse Mason, ou Corey, ou Scott, ou quelqu'un d'autre… C'était simplement qu'il se sentait seul et perdu, maintenant qu'il n'y avait pas Hayden…
Liam tenta d'oublier que Theo lui avait tout de même apporté l'oubli et le réconfort dont il avait besoin. Qu'il s'était senti en sécurité. Qu'il s'était senti bien. Que Theo avait réveillé tout un tas de sensations bizarres à l'intérieur de lui. Et, en fait, il ne devait pas non plus penser que c'était fichtrement agréable d'embrasser Theo.
Ses lèvres avaient un goût délicieux.
Mais ce n'était que ça - une mesure désespérée dans des temps désespérés… Theo avait été un outil pratique, aussi répugnant que cette méthode puisse paraître…
Donc, il valait mieux ne pas y penser. Toute autre sensation était parasite.
Quatrième baiser. La reconnaissance ? L'adrénaline ? L'encouragement ? L'inquiétude ? Le défi ? Autre chose ? (Nous vous recontacterons lorsque Liam aura réussi à trouver de quoi il s'agissait.)
Il n'arrêtait pas d'y penser.
Vraiment, il ne pouvait pas s'en empêcher.
Il chassait Theo de son esprit dès qu'il pouvait. Parfois c'était simple : après tout, ils avaient deux guerres sur les bras à gérer, et une menace constante qui pesaient sur leurs têtes. Et le reste du temps… c'était compliqué. Car bien sûr, il ne pouvait pas s'empêcher de songer à Theo, et de se demander s'il allait bien, s'il n'avait pas été attaqué.
Et parfois, Theo était là, en face de lui. Avec ses yeux bleus, ses cheveux châtain qui lui tombaient sur les yeux, son sourire narquois – que Liam avait parfois vu empreint de sincérité et de tranquille amusement, comme ce soir-là, dans la voiture, après qu'il l'ait assommé cinq fois au zoo.
Liam ne pouvait simplement pas s'empêcher de songer qu'ils s'étaient embrassés – trois fois, déjà – et que… c'était perturbant, quoi ! Même si ça n'était rien d'autre que des réflexes, tout de même, c'était dérangeant. Et c'était Theo, Theo Raeken. Et puis, c'était étrange. Et inexpliqué. Et inattendu, inconvenant, et tout un tas d'autres adjectifs qui faisaient que définitivement, cette situation dépassait Liam. Il détestait ça.
Il détestait aussi songer qu'il aurait aimé que quelqu'un soit là alors qu'il était seul dans l'hôpital, avec une armée de chasseurs prêts à mettre un terme à sa courte vie. Vraiment. C'était dur à admettre, mais il aurait aimé que quelqu'un soit là… Theo, par exemple… qui aurait eu une idée, ou qui l'aurait aidé à appliquer un énième plan stupide. La dernière fois, ils avaient tué des Ghost Riders dans cet hôpital. Ils n'auraient pas dû réussir et pourtant, ils l'avaient fait. Et puis, la chimère était puissante.
Et Theo était sans doute la personne, dans la meute, qui comprenait le mieux ce qu'il ressentait. Le seul qui avait réussi à le calmer.
Et soudain, Theo fut là. Au moment où Liam s'y attendait le moins. Une seconde auparavant, il courait vers l'ascenseur, tandis que Gabe armait son fusil, prêt à tirer et à l'abattre comme un vulgaire gibier. La seconde suivante, les portes s'ouvraient toutes grandes avec un « ting ! » caractéristique, des bras le saisissaient par-derrière – des bras costauds – et il était soulevé avec précipitation, planqué dans une cabine d'ascenseur, plaqué au mur par Theo qui le protégeait des balles.
Liam sentit son cœur faire un bond dans sa poitrine. Il était abasourdi. Il dévisagea Theo, à bout de souffle, éberlué.
− Qu'est-ce que tu fais là ?
Theo ôta son bonnet. Pourquoi portait-il un bonnet ? Liam ne savait pas, mais ça lui allait bien. Il préféra ne pas s'attarder là-dessus.
− Je me demandais justement la même chose, répondit Theo, un rien coupant, mais l'air tout aussi égaré que lui.
Liam voulait l'embrasser. Là, tout de suite, maintenant. C'était dévorant. Il ne savait pas pourquoi. Son sang courait à toute allure dans ses veines, son cœur battait à tout rompre, il était à bout de souffle et Theo venait de lui sauver la vie, encore. Theo était là. Il avait envie de quelque chose, il ne savait pas quoi. Les impacts de balles résonnaient contre la carcasse de métal de l'ascenseur. Liam avait terrifié. Il avait failli y passer.
Il ne pouvait que dévisager Theo, désarçonné. Pourquoi était-il là ?
Liam reprit ses esprits. Ce n'était pas le moment. C'était inapproprié, d'ailleurs. Theo n'était rien pour lui, rien du tout. D'accord, il embrassait bien. D'accord, c'était agréable. Mais ils avaient autre chose à faire – de plus important, cette fois – et de toute façon, c'était absurde. Non ?
Stupide. Stupide. Stupide !
Il valait mieux se concentrer. Un silence relatif régnait à l'étage. Les chasseurs étaient-ils partis ? Peu vraisemblable. Liam tendit l'oreille. Il les entendait se déplacer, armer leurs fusils avec un maximum de discrétion, qui n'était toutefois pas assez pour leurrer un loup-garou. D'un autre côté, peut-être qu'ils s'en fichaient pas mal que Theo et lui sachent qu'ils étaient là.
En parlant du loup, d'ailleurs…
− Ils sont toujours là ? demanda la chimère.
Liam acquiesça, incapable de détacher son regard de celui de Theo. Ils se dévisagèrent quelques instants. Liam ne savait pas quoi dire. C'était étrange. La situation entre eux était embarrassante au possible.
− Je ne mourrai pas pour toi, le prévint Theo.
Liam sentit son cœur louper un battement. Il voulait que Theo reste en vie. Mais est-ce que Theo se fichait pas mal qu'il vive ou qu'il meure, au final ?
− Moi non plus, répondit Liam avec détermination.
Très bien. Il s'en fichait de lui ? Liam aussi pouvait se moquer complètement du sort réservé à Theo.
Ils échangèrent un regard. Liam sentait son cœur battre dans sa poitrine. C'était douloureux. Il y avait quelque chose… quelque chose dans l'atmosphère entre eux. Il était incapable de le définir, mais c'était là. C'était lourd. C'était pesant.
Soudain, Liam le vit clairement. Theo quitta ses yeux du regard et – oui, Liam n'hallucinait pas. Theo louchait bel et bien sur ses lèvres. Son cœur fit un bond. Theo… Est-ce que Theo avait envie de l'embrasser ? Liam trouvait l'idée aussi gênante qu'excitante. Une partie de lui avait envie de hurler « vas-y, embrasse-moi ! Embrasse-moi, imbécile ! » L'autre partie… était perplexe.
Liam sentait ce quelque chose entre eux avec intensité.
Il préféra détourner les yeux, agacé. Il n'était pas attiré par Theo, non. Theo avait juste été là lorsqu'il en avait besoin ! Et oui, embrasser Theo était agréable. Parce que, bon, c'était Theo. Theo était objectivement sexy et séduisant.
Mais que Theo soit… attiré par lui en retour ? Non, impossible. Il devait se leurrer.
Tout l'agaçait, soudainement. Theo était si irritant, à la fin ! Il ne cessait de lui sauver la vie, mais il se fichait que Liam meure ! Il l'embrassait, et agissait comme si de rien n'était ! Il embrassait bien, et… rien que ça, c'était frustrant. Et maintenant, Liam regrettait d'avoir dit ce qu'il avait dit. Il se sentait énervé de se soucier de Theo, de ne pas avoir envie que Theo meure. Il n'avait pas envie de se préoccuper de lui. Il n'avait pas envie de vouloir avoir le moindre lien avec lui. Il ne le voulait pas, et il savait qu'il avait envie. Quelle prise de tête !
Theo était doué pour ça, tiens.
− Mais je me battrai avec toi, ajouta-t-il amèrement.
Il ne voulait pas mourir pour Theo. Il ne voulait pas que Theo meure non plus. Il voulait juste qu'ils vivent tous les deux. Il ne voulait pas que l'un meure pour l'autre – il voulait qu'ils combattent ensemble, du même côté.
Ils se dévisagèrent à nouveau. Theo prit une inspiration. Liam pouvait sentir son angoisse.
− D'accord, acquiesça Theo, comme s'il se résolvait mentalement à la question. Battons-nous, alors.
Et soudain, ce fut plus fort que Liam. En une seconde, il poussa Theo contre la paroi de l'ascenseur, saisissant son t-shirt au niveau des épaules, et plaquant ses lèvres sur les siennes.
Il pensait que la chimère allait le rejeter. Au contraire, Theo lui rendit son baiser avec énergie, appuyant ses mains sur ses hanches et l'enlaçant fermement. En soi, ça confirmait ce que Liam avait déjà cru percevoir. Theo avait bel et bien eu envie de l'embrasser. Et maintenant, c'était fait. Ils s'embrassaient. Encore.
Liam ne pouvait pas prétendre qu'il n'aimait pas ça.
La première fois avait été violente. La deuxième, il l'avait à peine sentie – trop éphémère, trop délicate. La troisième avait eu la force du désespoir. Celle-ci, c'était encore autre chose. Il y avait le feu de l'action, il y avait de l'inquiétude, il y avait autant de passion que de tendresse – une tendresse un peu sauvage, comme un cheval qu'on a du mal à maîtriser. C'était puissant et ça saisissait Liam aux tripes. Ça aurait pu durer une seconde, ou des années.
Ils se séparèrent, pantelants, les yeux dans les yeux. Pour une fois, il ne se sentait pas perdu. Il se sentait farouchement déterminé, et il lisait la même détermination dans les yeux de Theo. Comme si ce baiser impromptu leur avait redonné courage et confiance – en eux-mêmes comme en l'autre.
Mais ce n'était pas le moment.
− Bonne chance, dit-il à Theo.
Une partie de lui voulait dire : Survis.
Theo sourit. Il avait compris. Il dégaina griffes et crocs – Theo Raeken était de retour.
L'ascenseur s'ouvrit, et ils se jetèrent sur les chasseurs en rugissant.
Ce fut sûrement leur plus beau combat. Ils étaient synchronisés, parfaitement en phase l'un avec l'autre.
Liam ne manqua pas non plus les mains de Theo le poussant en avant lorsqu'un autre chasseur leur tira dessus par-derrière – comme pour le pousser plus loin, l'empêcher d'être atteint. Il ne manqua pas l'odeur de la souffrance de Theo lorsqu'une balle atteignit son épaule.
Il sentit l'inquiétude de Theo alors qu'il se battait contre Gabe. Quelque chose se produisait, indéniablement.
Quelque chose se produisait en lui. Lorsqu'il vit Theo soigner Gabe – un geste de compassion sincère, accompli avec délicatesse – il sentit quelque chose brûler en lui. Ou quelque chose qui fondait et se liquéfiait.
S'il n'y avait pas eu Melissa et Nolan, et Mason et Corey – si Gabe n'était pas mort – Liam était quasiment sûr qu'il se serait une fois de plus jeté sur Theo pour l'embrasser.
Il n'était pas certain de ce que ça voulait dire.
Cinquième baiser. Le soulagement.
Liam n'aurait jamais cru que finalement, il y en aurait un autre à peine quelques heures après ce quatrième baiser. En fait, il n'avait guère eu le temps d'y penser. Il y avait tant de choses à faire. Soigner les blessés – oui, même les chasseurs –, emporter les corps à la morgue, remettre l'hôpital en ordre, remercier Nolan et se réconcilier avec lui, féliciter Melissa et lui demander de ne jamais utiliser son taser sur lui, savourer avec Mason et Corey la simple sensation d'être vivants.
Et pourtant, ce baiser arriva. Theo et Liam se retrouvèrent au coin d'un couloir. Melissa venait d'ôter la balle de l'épaule de Theo.
− Est-ce que ça fait mal ? demanda Liam.
Il était si fatigué qu'il n'avait même plus la force de se sentir embarrassé. Il se tenait debout en face de Theo, et étrangement, il n'y avait aucune gêne, pour une fois. Il se sentait simplement bien. Soulagé. C'était naturel.
Theo secoua la tête.
− Ça va mieux. Même moi, je tire mieux que ça.
Liam ne put empêcher un gloussement de passer ses lèvres.
− Content que tu t'en sois tiré.
− Content de ne pas avoir eu à mourir pour sauver tes fesses, répondit Theo.
Liam sentait tout de même que, malgré tout son piquant, Theo était sincèrement heureux. Liam lui adressa un sourire, et il fut heureux lorsque Theo y répondit avec sincérité – pour une fois.
Son téléphone bipa.
− Ils ont remis le réseau ? demanda Theo, intrigué.
Liam lut son texto, et sentit l'allégresse l'envahir. Il releva la tête, un sourire immense aux lèvres.
− C'est… C'est Scott ! Tout le monde est vivant ! L'Anuk-ite a été détruit… La police et le FBI ont repris la ville en main… Les chasseurs ont tous été arrêtés… Monroe a pris la fuite. C'est fini. On a gagné.
Theo le contempla, ses yeux s'ouvrant aussi grands que sa bouche. Un sourire écarta ses lèvres. Un sourire incrédule. Un sourire de bonheur et de soulagement à l'état pur.
− On a gagné, répéta-t-il. Nous sommes tous en vie.
Liam laissa échapper un rire et ne put se retenir d'enlacer Theo de toutes ses forces, simplement heureux de la situation. C'était fini. Fini. Ils avaient survécu. Ils étaient sains et saufs. Jamais il n'aurait pensé qu'il aurait pu être si heureux un jour.
Ils riaient, simplement ravis d'être en vie, et ils s'embrassaient, riaient, et s'embrassaient encore. C'était flou et brouillon, c'était de simples baisers plaqués sur les lèvres de l'autre, guère plus, mais c'était suffisant, et c'était la meilleure chose au monde. Ils étaient enlacés et profitaient du simple bonheur d'être en vie.
Liam décida de ne pas se poser de questions. Il était heureux. Bêtement heureux.
A SUIVRE...
Je ne suis tout de même pas cruelle au point de vous laisser comme ça.
Oui, nos deux tourtereaux qui s'ignorent auront encore quelques autres baisers, et une suite à leurs aventures,
qui, du coup, aura lieu après la 6B.
A votre avis ? Que va-t-il se passer ? Quelles sont vos attentes ?
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