DISCLAIMER :je ne possède rien de cette fabuleuse saga…malheureusement.
N'hésitez-pas les reviews
Broken
Engourdie. Voilà comment je me sentais. Mentalement je vérifiai mon corps. J'avais l'air entière et pourtant quelque chose manquait. Je fronçai les sourcils. Une main froide, la sienne, se posa sur mon front.
« Tout va bien Bella »
Sa voix douce était anxieuse. Edward bougeait à peine ses longs doigts sur ma peau, et alors que je frissonnai, il s'éloigna.
« Tu dois boire ça, Bella. Tu te sentiras mieux »
Carlisle posa un verre sur mes lèvres. Je n'avais pas la force, ni l'envie d'ouvrir les yeux. Ca avait encore un goût horrible, mais je savais qu'ils me forceraient à le boire, quoi que j'eus dit.
« Comment tu te sens ? » Me demandait Carlisle, soucieux.
J'attendis un instant de retrouver ma voix et j'ouvris les yeux.
« C'est pas bon »
Ils sourirent, indulgents. Edward me prit la main. Il avait l'air…soulagé. J'en aurais pleuré.
« Laissez-la se reposer ! »
Rose.
La seule qui me soutenait. Celle qui avait aussi été trahie par sa famille. Je croisai son regard. Il était triste, rempli de douleur. On comptait ne faire qu'une contre les Cullen. Entre eux et mon bébé. Un enfant. J'avais encore du mal à réaliser que j'avais été enceinte. Du moins jusqu'à ce qu'Edward et les autres me prirent en traître et le tuèrent.
J'étouffai un sanglot. La famille entière l'entendis, comme toujours. Soudain tous étaient tournés vers moi.
« La douleur devrait bientôt passer » M'informa Carlisle.
« Je ne pense pas qu'on ait la même douleur en tête ! » Répliqua Rosalie, lançant un regard noir à Edward. Comme toujours il l'ignora et Emmett posa une main ferme sur son épaule. Nos regards se croisèrent encore.
« On va te laisser dormir » Déclara Edward, plus pour les autres que pour moi.
Je ne dis rien. Il n'y avait rien à dire. Tout le monde sorti, Edward était toujours à mes côtés, et je fermai les yeux. Au moins je n'avais pas à le voir.
Comment avais-je pu passer de l'amour inconditionnel à la haine profonde en quelques jours ? Ma réaction m'effrayait mais je ne voulais pas l'analyser. Après tout, je connaissais mes sentiments. La haine, la frustration, le désespoir.
Tout allait pourtant si bien, la lune de miel avait été un vrai conte de fée, même si nous avions connu des moments difficiles, en particulier Edward qui ne supportait pas la douleur et les blessures qu'il pouvait m'infliger en me touchant. Quelle ironie du sort qu'il s'agisse justement de lui qui m'ait blessée au plus profond de moi en refusant l'enfant, son enfant, que je portais ? Un rire amer m'échappa, et je savais qu'Edward l'avait mal interprété. Tellement persuadé que je voulais lui prouver une force que je ne possédais pas, il s'était convaincu que je ne voulais pas de cet enfant, tout comme lui. Mais que je le gardais pour ne pas être trop 'humaine'.
« Tu veux manger quelque chose ? Esme t'a préparé un repas »
Je sentis ses yeux ambrés sur moi, je sentis son amour pour moi. Et j'en étais malade.
« Non, merci »
« Tu dois manger pour retrouver des forces »
Et avant que je ne dise autre chose, comme toujours, Alice me portait un plateau repas. La vue me révulsa. Mon estomac fit des siennes à peine le plateau sur mes genoux.
Je rangeais mon linge dans l'immense dressing qu'Alice m'avait fait installer par ses frères alors que j'étais encore convalescente, et Edward choisissait un cd à mettre dans la chaîne hi-fi. C'était son rituel depuis notre retour. Avant de partir chasser, il nous installait un nid douillet. Du moins, aurais-je pu le voir ainsi, si ses chasses n'étaient pas les bienvenues. Je savais qu'alors j'aurai plusieurs heures seules dans notre chambre, sans avoir à le voir tourner autour de moi sans savoir comment m'aborder. Parce qu'une chose était sûre, je refusais qu'il me touche ou encore qu'il envahisse le peu d'espace privé que je pouvais avoir dans une maison pleine de vampires à l'affut de mes gestes.
Parce qu'ils y étaient tous, à l'affut. Mon moindre mouvement était surveillé, analysé. A croire qu'ils avaient peur de la réaction que j'allais avoir. Pourtant je faisais ma vie. J'allais voir Charlie, j'allais en ville, je ne m'inquiétais pas d'eux. 'Un drôle de couple', disaient les uns, 'pauvres enfants' disaient d'autres. Mais je n'en avais cure. Je voulais juste échapper un temps à tout cela.
« Rose et Esme restent ce week-end » La voix d'Edward me sortit de mes pensées.
J'hochai simplement la tête.
« Bella… »
Je me détournai. Comme à chaque fois qu'il commençait une phrase sur ce ton suppliant, et désarmé.
Je n'étais pas insensible. Je ne l'avais jamais été. Mais seulement je ne pouvais pas encore lui pardonner ce qu'il avait fait. Ni à lui, ni à moi, d'ailleurs. Parce qu'il n'était pas le seul à faire les frais de mon comportement. Je me haïssais pour être humaine, pour être si faible devant un homme, non, un dieu comme lui.
Je soufflai. Je sentis son regard inquiet sur moi.
Il refusait encore plus maintenant de me transformer. J'étais pourtant sûre que cela m'aiderait. J'aurais ainsi autre chose en tête que l'enfant que je pourrais porter encore s'il ne l'avait pas empêché.
Un léger bruit à la porte m'indiqua qu'Emmett venait chercher son frère. Il était bien le seul à respecter un espace nécessaire pour l'humanité que je dégageais toujours.
« J'arrive » Lança Edward en attrapant une veste sur l'étagère près de moi. Son bras frôla mon épaule gauche, je me forçai, comme toujours à ne pas réagir. Mais mon corps était toujours prêt à lui répondre. Je frissonnai de plaisir, et mon cœur s'emballait. Comme au début de notre relation.
« Essaie au moins de t'impatienter de me revoir » Murmura-t-il avant de s'éloigner.
Quand il fut en bas seulement, je détectai qu'il avait déposé un baiser léger sur ma nuque dégagée par mes cheveux en queue de cheval. Il était si rapide. Si fort. Si…parfait.
Je m'effondrai secouée de sanglots aussi étouffés que possible, le long de la porte, derrière moi. Un temps je n'entendis pas ce qui se passait autour de moi. Puis je réalisai que Rose attendait dans la chambre pour venir à mon chevet.
« Rose » Murmurai-je, en appelant au secours, j'en avais conscience.
Elle fut à mes côtés à l'instant, et me serrait dans ses bras avec douceur.
« Je suis désolée » Les larmes dans sa voix étaient perceptibles.
J'hochai la tête et essuyai mes joues d'un revers de main. Inspirant à fond, je compris ce que je devais faire. Ce qu'ils attendaient que je fasse de moi-même.
« Rose, je vais avoir besoin de toi » Commençai-je, bas.
« Tout ce que tu veux, Bella » Assura-t-elle, en m'aidant à me redresser.
Je regardai distinctement vers l'extérieur de la pièce, désignant le reste de la maison, et donc Esme. Rose hocha la tête et m'entraîna à sa suite dans les bois. Je n'avais plus besoin de fermer les yeux au moins.
« Que veux-tu ? » Elle me reposait au sol, délicatement.
J'hésitai un instant, était-ce vraiment ce que je voulais ? Comment allais-je m'y prendre ?
« Je dois partir »
Rose retint sa respiration à mon affirmation. Elle savait que je parlais de les quitter.
« Tu en es sûre ? »
Elle lut dans mon regard ma détermination.
« Ca ne sera pas du gâteau. Ils vont te poursuivre… »
« Il le faut. Nous souffrons tous. Toi, Emmett, Alice, Esme, et Edward et Jasper et Carlisle…moi. » Assurai-je.
Un silence s'installa. Seuls les oiseaux et les animaux sauvages à portée d'oreilles humaines le rompaient. Soudain, Rose hocha la tête, m'enlaça, et demanda
« Que veux-tu que je fasse ? »
Je réfléchissais. Je ne pouvais pas me permettre des adieux en bonne et due forme. Ils m'auraient retenue.
« Eloigne Esme de moi pendant quelques minutes. Une heure, peut-être. Et quand vous reviendrez, je serai partie sans un pli »
« Bella ! » S'affola-t-elle.
Je la coupai
« Ils m'en empêcheront, Rose. Edward ne le supporterait pas, il ferait tout, et cela nous blesserait encore plus. Je dois tout quitter, je dois reprendre une vie, me remettre du choc. Comprends-moi, nous le supporterons bien mieux ainsi, plutôt que de rester pour leur faire mes adieux. »
« Alice » Fut sa seule réponse.
« Je ne sais pas combien de temps je pars, je ne sais pas où, ni quand… » Je souris. Mes incertitudes ne pouvaient être que bénéfiques.
« Bella…Tu me...nous manqueras »
Elle m'enlaça une dernière fois, me prit sur son dos, et nous rentrâmes à la maison. Mon cœur se serra. C'était la dernière fois que je rentrais à la maison.
A peine de retour dans ma chambre, je fouillai les placards pour gagner un maximum de temps. En bas, Rose inventait un quelconque besoin pour faire sortir Esme.
Peu après, j'avais un sac de première nécessité, et de l'argent sur le siège arrière de la voiture d''après' qu'Edward m'avait offerte la veille. C'était une voiture neuve noire de je ne sais quelle marque, que Rose avait amélioré encore, alors que c'était largement suffisant pour moi. Enfin, aujourd'hui, cela m'arrangerait de pouvoir compter sur une voiture rapide. Parce que j'avais peu de temps avant que les Cullen ne refassent surface. Un dernier coup d'œil sur la maison, et j'accélérai pour quitter au plus vite les environs.
Le panneau de sortie de la ville de Forks me souhaita de revenir bientôt.
Au fond de moi, je savais que ça ne serait pas le cas.
