NB : Une nouvelle fiction qui se passe dans les années 50 ; Clarke est une jeune femme obstinée, dont les rêves de grandeur sont étouffés par son genre ; que peut-elle y faire ?... Comment changer son destin lorsque tout s'oppose à ses rêves ? Elle va rencontrer deux êtres qui vont changer sa vie (pour info : je suis fondamentalement Bellarke, mais qui sait... qui sait... 8D)

Si ça vous plaît, n'hésitez pas à me le faire savoir

1952.

Ajoutant une dernière touche à son maquillage, un peu de rouge à ses lèvres, Clarke jeta un coup d'œil satisfait à son reflet. L'ensemble était loin d'être désagréable à regarder et la jeune femme avait toujours su qu'elle portait bien son corps ; bien évidemment, elle gardait toujours sa jupe juste au-dessus de sa taille et le tout lui donnait sensiblement l'impression d'être une gamine mal grandie, mais son regard donnait un peu de fermeté à sa stature. L'illusion était complète.

La jeune femme finit par quitter sa chambre, au moment où le grincement d'une automobile se fit entendre à l'extérieur ; aussitôt, sa mère jaillit de la cuisine comme un pantin articulé et adressa un regard enamouré à sa grande fille :

« Clarke, ma foi, tu as suivi mes recommandations. »

Clarke descendit l'escalier et se pinça légèrement les joues pour leur donner de la couleur :

« Et bien, on n'a rien… sans rien, n'est-ce pas. »

Elle adressa un sourire vaguement sarcastique à sa mère, tendant les bras lorsque cette dernière lui donna son manteau :

« Tu vas voir, ça va être amusant. Ta première soirée. C'est un peu comme un bal des débutantes. De beaux jeunes hommes et des discussions à n'en plus finir, mais tu feras attention, n'est-ce pas ? »

« Bien sûr… Bien sûr… »

Les yeux baissés dans une attitude parfaitement filiale, Clarke achevait d'enfiler son manteau au moment où l'on sonna à la porte. Coupant sa mère qui allait probablement s'exclamer que ça devait être Raven, la jeune femme alla directement dans l'entrée et invita son amie à entrer Clarke colla aussitôt son index sur ses lèvres, poussant Raven à garder le silence :

« Bon, maman, on va y aller, hein. Je ne rentrerai pas trop tard, bien sûr. Pas d'alcool, bien sûr. Et encore moins de beaux garçons. Bonne soirée. » ajouta-t-elle à l'adresse de sa mère, avant de se faufiler à l'extérieur

Dès que la porte fut fermée, Raven gloussa légèrement :

« Qu'est-ce qui te terrifiait à ce point ? »

« C'est juste que… bah… si tu avais salué ma mère, on en aurait eu pour des heures. Elle t'aurait demandé comment ça se passait en cours et comment allaient tes parents, ta famille. Etc. Je pense qu'on a davantage le droit d'avoir des discussions intéressantes, plutôt que d'éternels préliminaires sans aucune saveur. »

La brune passa ses mains derrière sa tête, le temps de resserrer le nœud qui maintenait ses cheveux attachés, et se permit un sourire amusé :

« Alors, à charge de revanche, si je dois t'éviter un type barbant ? »

Clarke rit et referma plus étroitement son manteau sur son corps étroit :

« Si je reste avec Finn et toi toute la soirée, je ne risque pas de rencontrer grand monde ! »

« C'est pour ça qu'on a apporté une petite surprise pour pimenter notre soirée. » répondit Raven en sortant de son sac à main une petite flasque

La jeune blonde ne put s'empêcher de rire de nouveau en débouchant la bouteille ; alors que la saveur aigue du whisky brûlait sa gorge, Clarke leva les yeux vers le ciel sombre : le vent glacial la faisait larmoyer, mais elle aimait sentir l'air frais de la nuit contre sa peau. Puis, elle rendit sa flasque à Raven, qui prit à son tour une gorgée, et les deux jeunes filles coururent vers la voiture qui les attendait devant la maison des Griffin.


« Alors, Princesse, tu nous as fait attendre ? » lui lança Finn dès qu'elle fut rentrée dans l'engin

« Oh, si peu. Aurais-tu manqué de geler ? »

Clarke s'enfonça profondément dans les sièges en skaï, avant de s'accouder à la portière. Finn lui lança un coup d'œil taquin dans le rétroviseur et démarra :

« Tu ne devrais pas te moquer de moi. Je vous emmène à une super soirée. »

« Il disait aussi ça la dernière fois et ça a été d'un ennui morteeeeeeeel. » ironisa Raven, assise à côté de lui

« C'est normal. Bellamy n'était pas là. »

« Bellamy ? » demanda Clarke

« Ah, c'est un ami de la fac. Le type plutôt pas mal, souriant, carrément intelligent. Le genre swell as hell. »

« Tu ne nous le vends pas un peu trop bien, là ? » se moqua gentiment Raven

« Oh, moi, je dis juste que c'est un type bien. »

« Ecoute, on ne va pas en soirée pour les garçons, on y va surtout pour passer du temps entre filles. Tu ne sais même pas depuis combien de temps on ne s'est pas vu avec Clarke. Une éternité. Et puis, il y aura une fille chouette à cette soirée. Il faut que je te la présente, Clarke. Je l'ai rencontrée à l'université et je suis sûre que tu l'adoreras. »

La jeune blonde acquiesça vaguement, les yeux perdus dans la tourmente qui régnait à l'extérieur les petites maisons de la banlieue de Woodsland défilaient sous ses yeux et Clarke ne parvenait pas à se concentrer sur ce que ses amis racontaient. Le whisky commençait déjà à lui réchauffer délicieusement les entrailles, si bien qu'elle se sentait un peu somnolente. Finn et Raven étaient ses amis les plus proches, bien qu'elle se soit toujours montrée un peu distante avec le premier – sinon, ça n'aurait pas été convenable -, mais elle sentait parfois que la seconde lui échappait. Depuis qu'elle connaissait Raven, celle-ci avait toujours été frivole et enjouée ; et pourtant, depuis son départ à l'université, la brunette s'était montrée bien plus réservée que par le passé. Clarke, sans savoir si c'était elle-même qui mettait cette distance entre elles, se contentait d'accepter la situation. Mais pour une soirée, elle pouvait bien s'imaginer que Raven et elles étaient encore proches :

« Ça me ferait plaisir de la rencontrer. » finit-elle par dire, soufflant doucement sur la vitre pour faire de la buée

« Et Bellamy, tu voudrais le voir ? » reprit Finn

Clarke baissa les yeux.

Ses deux amis étaient ensemble depuis le lycée, autrement dit, une éternité. Et elle… Et elle… Elle se surprit à sourire timidement, car elle n'avait jamais eu l'occasion de s'exprimer sur sa situation. Pour l'instant, elle restait la célibataire. Potentiellement une menace pour les femmes fiancées, comme l'état Raven ; celle-ci pouvait très bien lui reprocher sa proximité avec son petit ami et dès lors, il n'y aurait plus rien à dire. Alors, mieux valait les laisser imaginer qu'ils pourraient l'appareiller avec le premier type venu. Plus facile.

« On verra. » marmonna-t-elle en collant sa joue contre la vitre glacée

Elle ferma les yeux quelques secondes, avant que Raven ne la sorte de sa léthargie :

« Et toi, tu n'as rien à me raconter ? »

« Et bien… Au Campus Est, ils ont de très bons professeurs et je… j'aime bien ce que j'étudie. »

« Tu fais quoi déjà ? » questionna Finn, en amorçant un virage sur les chapeaux de roue

« Allez quoi, tu as déjà oublié ? Je t'ai dit que Clarke était en études de droit. » répondit automatiquement Raven

Clarke surprit dans le rétroviseur l'expression sceptique de Finn et s'enfonça davantage dans son siège ; elle se demanda si le jeune homme n'allait pas lui lancer une réplique cinglante, mais il se contenta de reporter son regard sur la route :

« Ah ouais, ça doit être super intéressant. » commenta-t-il

« Ça l'est, vraiment. Je pense que je pourrai vraiment faire quelque chose d'intéressant dans ce domaine et… »

La voix rauque de Raven coupa celle de Clarke, alors qu'elle lui tendait de nouveau la flasque :

« Trêve de sujets ennuyants ! On n'est pas venu pour parler de tous ces trucs universitaires. Bois-moi ça, on arrive bientôt. »

Et Clarke prit la petite bouteille, son regard se perdant de nouveau à l'extérieur. Combien de fois lui avait-on répété de ne pas trop s'investir dans ses études ? Combien de fois lui avait-on coupé la parole quand elle s'apprêtait à exposer un sujet délicat ?... Alas.

Elle porta la flasque à ses lèvres et prit une nouvelle gorgée de whisky, fermant les yeux sous sa brûlure.


Le salon dans lequel on les fit entrer était plutôt coquet, décoré aux derniers goûts des grandes revues. Un téléviseur trônait fièrement en son centre et des jeunes hommes s'arrêtaient devant en commentant sa nouveauté, tout en sirotant un verre de punch maison. Lorsqu'on invita Clarke à retirer son manteau, elle ne put s'empêcher de dévisager tour à tour les invités de cette petite sauterie. Sur la plupart des visages masculins, ce même air fat et orgueilleux. Sur les traits féminins, du maquillage et des sourires taquins.

Clarke étouffa un soupir, avant de chercher Raven du regard. Cette dernière discutait avec une jeune femme aux longs cheveux noirs ; elle ne répondait visiblement pas aux questions de Raven, dont l'agitation s'intensifiait de minute en minute. Gênée, Clarke allai au buffet et se servit un verre de punch, perdant un instant son regard dans les méandres du liquide sirupeux. Quelques fruits ponctuaient sa surface.

« Clarke, viens par ici ! » cria Raven en l'apercevant

Louvoyant entre les invités, Clarke s'approcha d'elle et la brunette lui présenta son amie d'un large signe amical :

« Je te présente Lexa. Elle est dans ma licence d'histoire. »

« Euh, bonsoir ? » hasarda la blonde, les doigts crispés sur son verre

« Bonsoir. » répondit la jeune femme, lui adressant un sourire froid

« Comme vous êtes toutes les deux assez timides, je me suis dit que ça vous ferait un point commun. » reprit Raven, l'air extatique

« Réservée, nuance. »

La voix de Lexa était chaude et plus douce que ce qu'augurait son apparence, mais son regard restait parfaitement stoïque et Clarke se sentit vaguement impressionnée par sa prestance :

« Lexa va probablement sortir major de la promotion, au rythme où elle va. » rajouta Raven, non sans qu'une once de sarcasme ne se soit glissée dans sa réponse

« Tu comptes continuer tes études ? » demanda Clarke, portant le verre à ses lèvres

« Bien sûr. Il ne manquerait plus que je les arrête pour une raison futile. »

Raven fit mine de ne pas se sentir visée et haussa les épaules :

« Lexa, tu veux quelque chose à boire ? »

La jeune femme lui répondit par l'affirmative et Clarke laissa son regard vagabonder sur tous les participants de cette petite sauterie. Ses yeux s'arrêtèrent sur Finn, qui parlait avec un jeune homme, dont le visage constellé de tâches de rousseur s'illuminait souvent d'un sourire amusé :

« Et toi, que fais-tu ? »

La blonde sursauta, reportant son attention sur Lexa :

« Du droit. »

« C'est chouette. »

Toujours gênée, Clarke chercha mentalement une excuse pour s'écarter de la jeune femme qui ne semblait pas chercher la discussion plus que ça. Mais lorsqu'elle releva les yeux, elle s'aperçut que Lexa l'observait en silence, un fin sourire collé sur ses lèvres rouges :

« Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose sur le visage ? »

« Non, non, c'est juste que tu as l'air amusante… » répondit Lexa

Pour se donner une contenance, Clarke reprit un peu de punch :

« Ah… et bien… »

« Epargnons-nous les formules d'usage, veux-tu. Je m'ennuie un peu ici, ça te dirait d'aller sur le balcon ? »

En relevant les yeux de son gobelet, Clarke croisa le regard vert de Lexa.

Cette dernière avait l'air absolument sérieuse.